A P E R C U D E L A S I T U A T I O N D E L A...
A P E R C U D E L A S I T U A T I O N D E L A P E C H E
M A R I T I M E S E N E G A L A I S E ( D e c - 8 2 )
André FONTANA*
et
Jacques WEBER**
CENTRE
DE RECHERCHES OCEANOGRAPHIQUES DE DAKAR-TH~AROYE (~.R.~.D.T.)
*Biologiste des p êches et **Economiste de l'ORSTO!4 en poste au CRODT/ISRA

S O M M A I R E
Pages
1. LES RESSOURCES ET LEUR EXPLOITATION
4
1.1. Stocks pélagiques côtiers
5
1.2. Stocks démersaux côtiers
7
1.3. Stocks pélagiques hauturiers
9
1.4. Stocks démersaux profonds
11
1.5. Stocks estuariens
12
2. ANALYSES DES CONTRAINTES
1 6
2.1. La. pêche artisanale
17
2.1.1. La pirogue sénégalaise
17
2.1.2. La motorisation
18
2.1;3. La senne tournante et coulissante
18
2.1.4. La transformation artisanale
19
2.1.5. Djifère
19
2.1.6. Valorisation des produits de la pêche artisanale
20
a. Produits transformés
b. Mareyage
c . CAPAS
d. Conditions de débarquement et salubrité
22
2.1.7. Conclusion
23
2.2. La pêche industrielle
25
2.2.1. Etat de la flottille
25
2.2.2. Structures industrielles
26
2.2.3. Les débouchés à l’exportation
2 7
2 “2.4. Le cas “Senegal Seafood”
27
2.2.5. Conclusion
2 8
2.3. Contraintes générales du secteur pêche
29
2.3.1. Contrôle des captures
29
2.3.2. Contrôle des maillages
30
2,3.3. Réglementation des zones de pêche
31
2.3.4. Amenagement régional de l’exploitation
31
3. CONCLUSION GENERALE
33

CRODT - 2
Le Sénégal, de par sa position géographique privilégiée
et des conditions météorologiques particulières, possède des eaux mari-
times très riches en ressources halieutiques.
On estime qu'actuellement le potentiel exploitable, sans nuire
au renouvellement des stocks, est d'environ 500.000 tonnesian.
Les prélèvements effectués par les flottilles tant nationales
qu'étrangères dans le cadre des accords de pêche s'élevaient en 1981
à 281.000 tonnes soit un taux d'exploitation global de 56 2:.
On serait donc en droit d'attendre un développement rapide
de ce secteur d'activité.
En fait, il s'avère qu'on ne peut raisonner sur des chiffres
globaux de potentiels
ou de captures mais qu'obligation est d'envisager
séparément chaque grand type de stocks halieutiques.
En effet, chacun d'eux correspond à une entité soit géo-
graphique soit biologique bien nette et à chacun d'eux est souvent
lié un système d'exploitation particulier possédant ses propres
contraintes de développement.
Nous devons distinguer 5 grands types de stocks :
- les stocks pélagiques côtiers qui évoluent en pleine eau ou en
surface sur toute l'étendue du plateau continental.

CRODT - 3
- les stocks démersaux côtiers qui vivent sur ou près du fond
sur l’ensemble du plateau continental.
- les stocks pélagiques hauturiers qui évoluent essentiellement
en surfaceen dehors du plateau continental.
- les stocks démersaux profonds qui vivent sur le fond entre
200 et 1 000 mètres de profondeur.
- les stocks estuariens qui vivement à l’interface eau marine -
eau continentale.
,
Dans ce présent rapport seront analysés :
- dans une première partie, l’état actuel (exploitation-capture-
potentiel) des 5 grands stocks halieutiques avec un inventaire
des contraintes de développement.
‘- dans une deuxième partie, les contraintes auxquelles est soumis
le développement du secteur pêche.
N.B.
Les données chiffrées présentées dans ce document seront actualisées
-.
à décembre 1982 à compter de mars 1983.

CRODT - 4
PREMIERE
PARTIE
1. LES RESSOURCES ET LEUR EXPLOITATION.

CRODT - 5
1.1. STOCKS PELAGIQUES COTIERS.
-
-
1.1.1. Espèces concernées :
- Sardinelles
- Chinchards
- Maquereaux
- Petits thonidés côtiers
- Istiophoridés (voiliers, espadons)
1.1.2. Propriété de la ressource :
(- Sénégal
Sardinelles, chinchards
(- Mauritanie
maquereaux, petits thonidés
(- Guinée Bissau(dans une moindre mesure).
Istiophoridés
- Espèces migrant dans tout l'Atlantique.
1.1.3. Nationalité de l'exploitation :
Actuellement 100 % Sénégal
(Négociation en cours avec Nigéria)
1.1.4. Type d'exploitation et débarquements en 1981 (valeur CFA)
- Exploitation artisanale : 100.000 tonnes- (2.5 millards)
. Senne tournante coulissante
. Filet maillant encerclant
* Ligne
. Senne de plage.
- Exploitation industrielle :
. Sardiniers (15) 31.000 tonnes - (1.0 milliards)
Total général
131.000 tonnes - (3.5 milliards)

CRODT - 6
1
: .
1
.
5
.
c
Environ 300.000 tonnes/an.
1.1.6. Etat actuel des stocks :
- Quelques indices très localisés de surexploitation au niveau
de la Petite Côte mais dans l’ensemble, ces stocks restent très
largement sous exploités.
1.1.7. Contraintes de développement de l’exploitation de ces stocks :
- Une grande partie des stocks est située hors des zones tra-
ditionnelles de pêche des pirogues et des sardiniers. La création
de Seafood Sénégal est en cela intéressante, car elle met en oeuvre
des unités de pêche mieux adaptées à la capture de ces espèces.
- Les sardiniers opérant à partir de Dakar sont tous de
très vieux bateaux, de faible autonomie et faible capacité de cale.
- Problème de débouchés
pour ces espèces qui sont abondantes.
Nécessité donc d’organiser leur écoulement vers l’intérieur du pays
ou vers d’autres pays africains ou européens qui en sont demandeurs,
_ Ces espèces, migrant entre plusieurs pays, nécessité d’en
aménager leur exploitation au niveau régional.

- CRODT - 7
1.2. STOCKS DEMERSAUX COTIERS.
1.2.1. Espèces concernées :
- Poissans
: une quarantaine d'espèces de fond
actuellement commer-
cialisées (capitaines, soles, daurades,thiofs, rougets,
machoirons . . . etc).
- Crustacés : crevettes, crabes, langoustes.
- Mollusques : Céphalopodes (Seiches, calmars)
Gastéropodes
("Yet")
1.2.2. Propriété de la ressource :
Variable suivant les espèces, mais dans l'ensemble à 95 % propriété
du Sénégal.
1.2.3. Nationalité de l'exploitation :
Sénégal
France >
Italie
accord de pêche
Grèce
)
1.2.4. Type d'exploitation et débarquements 1981 (valeur)
Sénégal :
- Exploitation artisanale : 40.000 tonnes - (4.0 milliards)
. Filet maillant
. Ligne
. Casiers
- Exploitation semi-industrielle :
. Cordiers (23)
1.300 tonnes
- (0.4. milliards)

CRODT - 8
- Exploitation industrielle :
39.400 tonnes (5.8 milliards)
. Chalutiers (114)
Etranger :
Captures
- Chalutiers Français
- (20)
10.600 tonnes
Accord de pêche
- Chalutiers Italiens
- ( 8)
5.000 tonnes
Accord de pêche
- Chalutiers Grecs
- ( 6)
4.000 tonnes
11
l’
II
Total général
100.300 tonnes
1.2.5. Potentiel exploitable au Sénégal :
110 à 120.000 tonneslan.
1.2.6. Etat actuel des stocks :
Très variable suivant les espèces. On note cependant une
diminution des rendements des espèces cibles de forte valeur mar-
chande .
1.2.7. Contraintes de dévelonnement de l’exnloitation de ces stocks :
a/ Vétusté
de la flottille de chalutiers.
b/ Problème de réglementation d’une part des zones de pêche (inter-,
férence pêche artisanale - pêche industrielle) d’autre part des
maillages
utilisés par les chalutiers.
c/ Introduction de nouvelles techniques de pêche plus performantes
dans le secteur artisanal sous réserve d’amélioration préalable
de la commercialisation.
d/ Problème de stabilisation des prix au débarquement actuellement
dépendantsde l’inélasticité du système commercial en place.

CRODT - 9
1.3. STOCKS PELAGIQUES HAUTURIERS.
1.3.1. Espèces concernées :
- Thons (Albacore - Listao - Patudo)
1.3.2. Propriété de la ressource :
- Les thons migrent au niveau de tout l’Atlantique Sud.
1.3.3. Nationalité de l’exploitation dans les eaux sénégalaises
- Sénégal
- France
( Accord de pêche
‘1
Il
- Espagne
(
1.3.4. Type d’exploitation et captures 1981 (Valeur)
- Flottille basée à Dakar
. Thoniers sénégalais (4) et thoniers franc;ais (26)
Débarquement 10.400 tonnes (3.0 milliards)
- Flottille océanique travaillant dans le cadre des
accords de pêche.
Thoniers français et espagnol -Captures : 15.000 tonnes
Total général des captures
: 25.400 tonnes
dans les eaux sénégalaises
1.3.5. Potentiel exploitable au Sénégal :
Compte tenu du caractère migrant de la ressource, les pois-
sons ne sont présents que durant une saison dans les eaux séné-
galaises. Il est donc très difficile sinon impossible de fixer
un potentiel pour le Sénégal.
. . ./ . . .

CRODT - 10
1.3.6. Contrainte de développement de l’exploitation de ces stocks :
- La flottille dakaroise est très vétuste : nécessité
donc de la moderniser.
- Nécessité absolue de négocier des accords de p”eche avec
les pays voisins (notamment Mauritanie et Cap-Vert) pour per-
mettre aux bateaux de pêcher toute l’année.

CRC;T - 11
1.4. STOCKS DEMERSAUX PROFONDS ( 200 à 1 000 m)
1.4.1. Espèces concernées :
- Crevettes
- Poissons (sparidés - Merlus )
- Crabes profonds
1.4.2. Propriété de la ressource :
100 % Sénégal
1.4.3. Nationalité de l'exploitation :
Espagne (Accord de pêche)
1.4.4. Type d'exploitation :
Chalutiers (43) - Captures estimées :
15.000 tonnes
1.4.5. Potentiel exploitable au Sénégal :
Indéterminé - Etude d'évaluation en cours par le CRODT.
1.4.6. Contrainte de développement de l'exploitation de ces stocks :
Ces stocks constitués d'espèces de fortes valeurs mar-
chandessont depuis près de 20 ans exploités traditionnellement
par les flottilles espagnoles. Depuis 2 ans, des essais d'ex-
ploitation par des armateurs sénégalais ont été tentés, mais
tout développement national dans ce secteur et toute substitu-
tion de flottille se heurtera au problème du marché extérieur,

1.5. STOCKS ESTUARIENS (essentiellement Casamance)
1.5.1. Es@tes concernées :
__ __-------------
- Poissons (divers)
- Crevettes
- Huitres (Sine-Saloum)
1.5.2. Propriété de la ressource :
__- ----_----------------
- 100 % Sénégal
1.5.3. Nationalité de 1'exEloitation :
------------------- ------m-e
- Sénégal
1.5.4. Type d'exploitation : captures 81 (Valeur)
- -__--a- --e----s-
Exploitation artisanale :
Poissons 6.COO tonnes (0,5 milliards)
Crevettes (Casamance) 1 700 tonnes (1.2 milliard)
Huitre (Sine-Saloum, Casamance)
50.000 douzaines
(0,Ol miliiardj
1.5.5. Potentiel exploitable au Sénégal :
------------ ---------------- --
- Poissons : 10 à 20.000 tonnes
- Crevettes : Potentiel variable entre 800 et 1 700 tonnes
(Casamance)
suivant pluviométrie.
- Huitres
: Indéterminé mais non négligeable.
m.. /.
.
.

1.5.6. Contrainte de déve loppement de l’exp loitation de ces stocks :
- Mise en place de structure de pêche organisée et intro-
duction de nouveaux engins de pêche. Besoin d’étude considérable
tant biologique qu’économique.
- Respect des réglementations (maillage, zone de pêche)
- Problème de marché extérieur pour le développement de
l’ostréiculture.

CRODT - 14
:aptures réa-
Débarquement au Sénégal
.isées dans
Type de
es eaux séné-
Stock.
;alaises par
Secteur industriel
Secteur artisanal
TOTAL
les flottilles
--
itrangères
lans le cadre
Valeur
Valeur
Valeur
l’accord de
Tonnage
Bêche (ne dé-
lmilliard
Tonnage
Imilliard
Tonnage
:mil liard barquant pas
CFA)
CFA)
CFA)
.eur prise au
Znégal)
-
Stocks péla-
giques côtiers
31 .ooo
1.0
100.000
2.5
131 .ooo
3. 5
Stocks démer-
saux côtiers
51.300
7.2
42.000
4.0
91.300
11.2
9.000
Stocks pélagi-
ques hauturiers
10.400
3.0
10.400
3.0
15.000
Stocks démer-
saux profonds
15.000
Stocks estua-
riens
7.000
1.7
7.000
1.7
-
T O T A L
92!. 700
11.2
149.000
8.2
241.700
19.4
39 .cOO tonne:
Résultats généraux de la pêche dans les eaux sénégala .ses en 1981.
(Or gine C.R.O.D.T.)
Remarques : - Les débarquements ont représenté 241.700 tonnes
-
(38,3 % pour le secteur industriel)
(61,4 % pour le secteur artisanal )
- Les valeurs de ces débarquements ont représenté 19.4 milliards CFA
(58 % pour le secteur industriel)
(42 % pour le secteur artisanal )
- Les captures étrangères (non débarquées au Sénégal) ont représenté
13,9 % des captures totales effectuées dans les eaux sénégalaises.

QUELQUES IMDICATIONS POUR LA PECHE ARTISAiL'ALE
S.T. = Senne tournante ; F.M.E. = filet maillant encerclant ; S.P. = senne de plage ; M.L.F.D.C. = pirogue motorisée
pêchant à la ligne, au filet dormant ou au casier ; V.L.F.D. = voile pêchant 2 la ligne 0-u au filet dormant.
S.T.
F.M.E.
S.P.
M.L.F.D.C.
V.L.F.D.C.
TOTAUX
Nombre de pirogues
500
80
175
3 125
480
4 360
Personnel à bord
7 000
560
6 125
11 000
960
25 645
Quantités débarqués (tonnes)
80 000
5 600
7 500
38 648
3 952
135 700
Chiffre d'affaires (103FCFA)
1 500 000
130 000
612 500
4 200 000
155 000
6 597 500
Carburant (103 F CFA)
187 500
15 600
24 500
588 000
815 600
Valeur Ajoutée nette(103FCFA)
675 000
52 000
372 500
1 890 000
108 500
3 098 000
Estimation de la valeur ajoutée du mareyage : 2.540.000.000 F CFA.
Estimation de la V.A.N. de la transformation artisanale 2.450.000.000 F CFA
V.A.N. dégagée par la production + mareyage + transformation artisanale
11.588.000.000 F CFA.
NB.1 Les valeurs sont délibéremment estimées "à minima". Il n'est pas impossible qu'elles soient sous estimées
de l'ordre de 20 %, ce qui donnerait une V.A.N. totale de 13.900.000.000 F CFA.
NB.2 Ces chiffres ne concernent que la pêche MARITIMJZ,et excluent les estuaires, trop peu connus.

CRODT - 16
DEUXIEME PARTIE
2. ANALYSE DES CONTRAINTES.

CRODT - 17
‘! .l . LA PECHE ARTISANALE.
La pêche artisanale sénégalaise est très active, très dynamique et
possède une grande capacité d’adaptation à l’innovation. 140.000 tonnes
de poissons sont débarquées annuellement par 4 350 pirogues employant 27 000
pêc.heurs. 150 000 personnes (pêcheurs, commerçants, tranformatrices etc...)
tirent tout o.u partie de leurs revenus de la pêche artisanale.
Les trois faits marquants de ces vingt dernières années ont été la
consolidation du mouvement coopératif, la motorisation des pirogues et la
diffusion des sennes tournantes et coulissantes, qui se sont traduits par
une forte hausse de productivité. Il s’en est suivi des problèmes d’ecoule-
ment, résolus en partie seulement par un fantastique développement de la
transformation artisanale et une évolution beaucoup moins spectaculaire
du mareyage. Les problèmes restent nombreux, que tente en partie de résou-
dre le CAPAS (Centre d’Assistance 2 la Pêche Artisanale Sénégalaise).
2.1.1. La Pirogue sénégalaise :
-
La pirogue senégalaise est bien adaptée à son objet et très évolutive:
de 4 à plus de 20 m de longueur, et jusqu’à 25 tonnes de capacité de charge
avec le même mode de construction. Elle est économe en carburant : de 12 à
17 % du chiffre d’affaires selon les unités de pêche. Facile à entretenir,
elle peut encore être améliorée, sur le plan étanchéïté et par mise au point
de moyens de conservation du poisson à bord. Elle est susceptible d’utiliser
de nouveaux engins de pêche : casiers améliorés, palangres, etc...
Une autre amélioration sensible serait l’adaptation du moteur diesel in-board
sur les plus grosses embarcations.
Il ne faut pas tenter de remplacer la pirogue sénégalaise :
- il est faux de dire que “les pirogues déforestent le Sénégal” car il y a
moins de 150 arbres abattus chaque année, contre 15 000 par les forestiers,
et sans doute beaucoup plus pour la construction et le charbon de bois.
- Le bois est importé de Côte d’ivoire, donc en F.CFA et tout remplace-
ment par du plastique ou de la fibre de verre se ferait en devises.

CRODT - 18
- La pirogue sénégalaise correspond à une accumulation de savoir
technologique qu'il s'agit d'améliorer et non de faire disparaître.
2.1.2. La motorisation :
-
La motorisation peut être considérée comme totale a L'heure actuelle,
avec un taux de 90 %. Les 10 % restant ne sauraient être motorisées avec
profit : il s'agit de toutes petites pirogues ou de sennes de plage, ne
s'éloignant pas du rivage.
Depuis la création du SEPM, la distribution des moteurs est régulière
et on n'entend plus parler de délais importants de livraison.
Le problème des pièces détachées, beaucoup plus complexe en raison
de leur nombre et de la difficile gestion de stock qui en découle, est en
voie de solution.
Au total, le Centre d'Assistance à la Motorisation des pirogues
(CAMP) a accompli un remarquable travail.
2.1.3. L.a senne tournante et coulissante :
-
La senne tournante et coulissante a été diffusée à partir de 1972.
En 1977, on en comptait 110. Il y en a actuellement 250 en activité, soit
500 pirogues et près de 6 500 emplois à bord. Il s'en est suivi une hausse
considérable des captures de pélagiques,
que la commercialisation Locale
n'était pas apte à écouler. Deux faits ont permis tant bien que mal d'absor-
ber ce croît de production : le développement prodigieux de la transforma-
tion artisanale (donc les femmes) et la SOPESINE à Djifère.
Le développement de la senne tournante a eu des conséquences profondes
sur les structures de la propriété et de la main d'oeuvre. Le coût de l'investis-
sement (de L'ordre de 4,5 millions) explique que des non-pêcheurs aient
acquis des sennes et les aient confiées à des pêcheurs. Progressivement, la
proportion de non-pêcheurs propriétaires a diminuée, mais Leur nombre a
augmenté.
A Mbour, une senne sur trois appartient à un non-pêcheur, mareyeur
ou fonctionnaire ; à Joal, plus d'une senne sur deux appartient à un mareyeur.
A part Le capitaine, la senne fait appel à un personnel relativement
peu qu.alifié. La senne rémunère bien le propriétaire, assez mal Le marin
(de l'ordre de 15- 20 000 F CFA par mois, nourri). Actuellement, près de
deux tiers des équipages de senne tournante sont des jeunes agriculteurs

CRODT - 19
utilisant les temps morts agricoles pour s'embaucher. Par la suite, certains
quittent définitivement l'agriculture.
2.1.4. &t transformation artisanale du poisson :
La transformation artisanale s'est surtout développée à partir d'un
produit devenu dominant : le kétiakh, ou poisson braisé, qui utilise de
la sardinelle fraîche, tandis que se maintenait la gamme classique des pro-
duits : tambadiang, guedj, sali, métorah. Actuellement, la transformation
artisanale traite environ 60 000 tonnes de poissons, soit à peu près la
quantité écoulée en frais sur le marché intérieur par les mareyeurs (voir
tableaux en annexe). A Mbour et Joal, les femmes traitent environ 50 % de
la production.
2.1.5. Djifère :
.La SOPESINE a démarré ses activités à Djifère en 1977, pour fermer
ses portes en 1982. Elle a absorbé jusqu'à 30 000 tonnes de poissons en 1978,
entièrement produites par les pêcheurs artisans. A travers les marins, le
personnel de l'usine et leurs familles,
10 000 personnes environ étaient en
tout ou partie dépendantesde l'usine pour leur subsistance. La communauté de
Niodior fut le plus durement touchée, qui s'était équipée de 30 sennes tour-
nantes, représentant un investissement de près de 150 000 000 F CFA, ce qui
est considérable pour un village. A l'heure actuelle, ces unités de pêche se
vendent l'une après l'autre... Avec la fermeture de l'usine, on a vu augmenter
de 20 000 tonnes les captures débarquées à Mbour, Joal et Dakar, correspondant
à ce que Djifère absorbait en année moyenne. Le système commercial (mareyage)
n'ayant pas sensiblement évolué entre temps, ce croît de débarquement s'est
traduit par une baisse générale des prix des pélagiques cotiers. Ainsi peut-
on dire que le problème de Djifère concerne toute la pêche artisanale séné-
galaise.
Djifère est à notre sens le problème le plus urgent à résoudre dans
la pêche artisanale, Des solutions sont en cours d'exécution :
1") redémarrage temporaire de l'usine en avril-mai 1982/début de
campagne,
2') installation d’ici à décembre d'une importante unité de congélation
c.anadienne,
qui traitera le produit à destination du marché
intérieur et de l'exportation,

CRODT - *a
3’) rétrocession progressive de l’usine à l’union régionale de
cooperatives.
Il conviendrait de donner à toutes ces mesures la priorité qu’impli-
que le.ur urgence.
4”) à plus long terme est prévue la construction d’un port secondaire
‘3 Djifère. Ce port serait rentable, et sa construction devrait
être accélérée,
5’) rien ne sera possible sans eau, et il n’existe pas de forage
profond sur le site.
2.1.6. La Valorisation des produits de la pêche artisanale.
--1
a/ Produits transformés :
-
La commercialisation du poisson transformé n’est pas connue. Tout au
plus sait-on qu’elle irrigue tout le Sénégal et exporte les produits vers
les Pa:ys limitrophes mais aussi vers les pays lointains (Ghana, Côte d’ivoire,
Nigeria, Cameroun, Congo). Cela mériterait une étude approfondie débouchant
éventuellement sur des mesures de soutien.
b/ Mareyage :
La commercialisation en frais est assurée par les mareyeurs. Ceux-ci,
pour la plupart, sont issus du milieu rural et ont quitté leur lieu d’origine
par suite de la sécheresse, pour venir s’employer sur les plages. Sans accès
aux crédits z ils opèrent le plus souvent avec des matériels d’occasion fré-
quemment renouvellés. L’absence d’isolation thermique implique des taux de
glaçage de l’ordre de 100 % (1 kg de glace pour 1 kg de poisson). Elle im-
plique aussi de prendre des risques considérables si le mareyeur veut appro-
visionner les villes de l’intérieur : la moindre panne entraîne la perte de
la cargaison. L’état du matériel, les frais de main d’oeuvre, le taux de
glaçage et l-es risques encourus expliquent qu’avec des marges brutes de 150
à 200 x, les mareyeurs ne réalisent un bénéfice net moyen que de 15 à 20 %.

CR.ODT - 21
Tous ces facteurs expliquent aussi qu’un tiers de la production ar-
tisanale aille vers les usines de Dakar, représentant 40 % de leurs appro-
visionnements : les usines, bien qu’offrant prix assez bas représentent
un marché sûr et sans risques. Mais est-ce bien là ce que souhaitait le
gouvernement du Sénégal en modernisant la pêche artisanale, ou bien souhai-
tait-on fournir du poisson de qualité à prix abordable au consommateur séné-
galais ? (1)
Dans les structures actuelles, la transformation artisanale ayant
atteint ses limites de développement, tout gain de productivité se traduit
non par un meilleur approvisionnement du marché intérieur, mais par une augmen-
tation des livraisons aux usines et par une baisse des prix à la production.
C/ L e CAPAS :
Le CAPAS (Centre d’Assistance à la Pêche artisanale) est une tenta-
tive de répondre aux divers problèmes de la pêche artisanale avec l’aide
du CANADA.
Son volet “commercialisation” est en cours de réali.sation. Il s’agit
de construire des centres de mareyages qui sont gérés par les coopératives.
3 centres sont construits :Kayar, Joal, Rufisque. Le premier fonctionne depuis
1 an, et a acheté 632 tonnes, soit environ 4 % de la production, pour une
c.apacité de l’ordre de 3 500 tonneslan,
donc utilisation à 17 % des capacités
du centre. Joal n’a fonctionné que 6 mois et il est trop tôt pour en tirer
des conclusions, si ce n’est que les pêcheurs ne viennent pas livrer au centre.
Rufisque entrera en production en janvier 1983.
Le CAPAS est le seul espoir de régulariser la commercialisation du
poisson vers l’intérieur du pays. Ce projet n’a pas le droit d‘échouer, et
des mesures urgentes de réorganisation sont à envisager :
. étude du marché intérieur du poisson au Sénégal,
. formation accélérée et intensive des coopérateurs à la gestion :
on a trop souvent confondu “sensibilisation” et information
technique sur le projet pour ne pas susciter en milieu pêcheur
des attentes déraisonnables,
(1) Il convient de noter cependant que les usines étaient alimentées à près
de 100 % par la pêche artisanale dans les années 50. Les usiniers prônaient
la création de facilités pour la pêche piroguière contre des obligations
de quotas de livraisons aux usines.

CRODT - 22
éclaircissement des objectifs, qui demeurent flous,

. définition d’une stratégie commerciale d’ensemble, qui n’existe
pas >
. éclaircissement des rapports entre le CAPAS et les mareyeurs.
Les mareyeurs ont le sentiment que le CAPAS s’est monté contre eux,
et sontconfortés par l’image que la presse donne d’eux.
Il faut certes “moraliser” la profession, ce qui suppose de la
revaloriser :
- en permettant à ces mareyeurs de moderniser leurs équipements,
- en exigeant,contre fourniture de crédits, la signature d’un contrat
portant non sur des prix mais sur des marges, facilement contrôlables
car le CRODT dispose d’un suivi permanent des prix au débarquement.
Le CAPAS, à supposer qu’il soit totalement efficace, ne saurait
commercialiser plus de 10 % de la production de la pêche artisanale, ne
saurait donc éliminer que les mareyeurs les plus faibles, renforçant d’autant
ceux qui survivront : il faut y prendre garde !
Le Secrétariat d’Etat à la Pêche maritime, au fait de tous ces problèmes,
est en train d’y faire face avec détermination et efficacité.
d/ gonditions de débarquement et salubrité :
Les plages de débarquement du Sénégal sont sales, et sous équipées.
Elles servent de dépôt d’ordures, ne disposent pas de voirie(prises d’eau,
lumière, écoulement des eaux usées, nettoiement) ni d’infrastructures
(aires de lavage, stockage de glace).Cette absence d’infrastructures et de
voirie bloque le développement de la transformation artisanale et limite
les possibilités de mareyage : le produit doit être immédiatement évacué,
dans des conditions précaires de salubrité. Si les camions présents sont
pleins,ce qui estensuited&arqe doit être bradé à vil prix. Un équipement
minimal des points de débarquement serait de nature à régulariser les prix,
qui coanaisscnt actuellement des fluctuations pouvant aller jusqu’à 250
à 300 :Z au cours d’une seule journée.
Rn,outre pl.us de 20 % des pêcheurs séjournent “en campagne” dans
des habitats précaires, dépourvus de tout équipement collectif, en des lieux
comme Cayar, Hann, Mbour, Joal. Le problème des habitats saisonniers est
entièr’ement à penser. Cayar voit sa population passer de 5 000 à plus de
30 000 habitants pendant la saison de pêche...

CRODT - 23
2.1.7. Conclusion
a/ L'avenir de la pêche artisanale se trouve d'abord en aval de la produc-
-
tion :
- -
- L'amélioration de la commercialisation est la condition
"sine qua non ".
Ceci implique :
. l'amélioration de la qualité au débarquement, c'est-à-dire
la mise au point de méthodes de conservation du poisson à bord des
pirogues et au débarquement ; l'amélioration de la salubrité des plages.
+ l'efficacité du CAPAS, seule susceptible d'apporter une solu-
tion durable aux fluctuations de prix et à l'approvisionnement du marché
intérieur.
-l'encadrement du mareyage sous forme de crédits contractuels et
de formation.
- Si cette hypothèque de la commercialisation est levée, il est
de nouveau possible d'obtenir des gains de productivité qui soient ren-
tables, par la mise au point de nouvelles techniques de pêche (casiers
-
-
ameliorés, palangres, etc.).
- La construction de ports secondaires à Djifère et Kafountine (ou
Elinkine) de nature à permettre une déconcentration des activités de
pêche vers le Saloum et la Casamance, où les potentialités sont impor-
tantes. Mais notre opinion est qu'il faut :
retenir des hypothèses basses (éviter le surdimensionnement)
l
* concevoir des ports qui puissent être agrandis si la pêche se
développe.
. penser ces ports autant pour les pirogues que pour les bateaux
(avitaillement en pièces détachées, réparations,engins de pêche)
Redoubler les efforts de 1'Etat sur les produits de la transfor-
mation artisanale. Celle-ci n'est pas une activité marginale, mais bien
au contraire une activité essentielle au développement du secteur, et
merite la plus extrême attention. Or, elle est encore livrée à elle-même
(peut-être qu'il s'agit de femmes face à des administrations masculines
?>

CRODT - 24
- Enfin le milieu pêcheur est très faiblement scolarisé, ce qui
n’est pas un petit handicap pour sa transformation.
b/ Les besoins de recherches sont importants :
_
La pêche artisanale évolue sans cesse, et implique un suivi per-
manent, tant biologique qu’économique.
Sur le plan biologique, le CRODT a acquis une longue expérience
dans le domaine maritime et compte étendre son champ d’action aux zones
estuariennes (Casamance notamment).
Sur le plan économique, les prix sont suivis quotidiennement depuis
1980. Une étude détaillée des coûts de production, des revenus et du devenir
des aides de 1’Etat est en cours de dépouillement. Le besoin de recherche
le plus immédiat porte sur la connaissance du marché intérieur du poisson.

CRODT - 25
2.2. LA PECHE INDUSTRIELLE
La pêche industrielle sénégalaise était représentise fin 1981
par 156 unités (dont 114 chalutiers, 15 sardiniers, 4 thoniers et 23
cordiers).
D’autre part une vingtaine de chalutiers et 26 thoniers
français étaient basés à Dakar et y ont débarqué leurs prises en totalité.
Pour l’ensemble de cette flottille basée au Sénégal, les débar-
quements ont représenté 92 700 tonnes en 1981.
De plus,dans le cadre des accords de pêche, 70 navires étrangers
environ (chalutiers et thoniers CEE et Espagne) ont exploité les eaux sous
juridiction sénégalaise
et y ont capturé 39 000 tonnes de poissons et
crustacés.
L’ensemble des navires opérant dans les eaux sénégalaises emploie
environ 3 000 marins et on peut estimer à 10 - 12 000 le nombre total
d’emploisdégagésen mer et à terre par la pêche industrielle.
2.2.1. Etat de la flottille industrielle sénégalaise :
La moyenne d’âge des navires est de 20 ans environ. Il est donc
urgent de moderniser cette flottille qui dans peu d’années ne pourra plus
être opérationnelle ou plus compétitive. D’autre part, l’objectif du gouver-
nement porte sur une substitution progressive des flottilles étrangères par
une flottille nationale.
Un crédit maritime a donc été mis en place mais les conditions de
crédits sont telles qu’il est illusoire de penser pouvoir actuellement ren-
tabiliser un navire neuf. Une solution de remplacement avantageuse pourrait
être trouvée avec l’acquisition de bateaux d’occasion. Il en existe, au
niveau mondial, un vaste marché et le tout sera de trouver le meilleur com-
promis entre prix d’achat, coût d’entretien et efficacité de pêche de l’unité.
C’est, à notre sens, la seule solution raisonnable pour arriver à
moderniser la flottille actuelle et permettre aux armateurs sénégalais de
reprendre orogressivement la maîtrise de la pêche industrielle.

CRODT - 26
2.2.2. Structure industrielle et écoulement des produits de la pêche.
-
-
-
-_-_l_---
L’écoulement des produits de la pêche n’est pas sans poser de
problème, Les armateurs sont intégrés le plus souvent aux industries de
transformation, lesquelles disposent rarement de leur propre réseau de
vente
à l’étranger. Ou encore ces chaînes associent un étranger et un
sénégalais sur l’e sol national, l’étranger s’occupant seul de la vente
hors du Sénégal. Or il semble bien que le niveau des prix du poisson au
Sénégal soit fixé par le dernier maillon de la chaîne des prix, lequel
échappe a tout contrôle sénégalais.
La liste actuellement disponible des industries doit être réac-
tualisée. Cette activité industrielle parait d’autre part instable ;
des “investisseurs”
avec des fonds propres dérisoires s’installent avec
des appui.s bancaires, et disparaissent avec la même rapidité.
Les banques jouent un rôle peu évident, et qui mériterait une
étude sérieuse. Il apparaît que les fonds propres des industriels repré-
sentent 3 à 4 % non pas des investissements, mais du chiffre d’affaires
annuel. Les frais financiers représentent couramment 20 % du chiffre
d’affaires, les industriels travaillant sur découverts et finançant des
opérations à long terme à partir du crédit à court terme. Cette dernière
opération se comprend d’ailleurs aisément car les industriels sénégalais
ne disposent pas de fond de roulement important, et le poisson exporté
étant payé à 60 ou 90 jours, ils doivent escompter leurs traites.
Une étude sérieuse serait donc à entreprendre sur ces pratiques
financières et le rôle joué par les banques.
D’autre part, l’intégration existant entre armement et industrie
permet de jouer sur une répartition des bénéfices (ou déficitsjentre les
deux éléments du système. Cette répartition se fera en .fonction des oppor-
tunités, subventions,
mode d’imposition, facilité d’accès au crédit,
cours à l’exportation. Ceci rend très difficile l’appréciation séparée de
l’un ou l’autre élément : le fait que la flottille chalutière soit en
déficit chronique quand la sardinière est bénéficiaire ne fournit en soi
de renseignement ni sur l’un ni sur l’autre des deux types de pêche.

CRODT - 27
2.2.3. Les débouchés à l’exportation.
Les types de débouchés à l’exportation sont clairement exposés
dans le rapport annuel 1981 de la DOPM.
Cependant,l’exploitation d’un certain nombre d’espèces pour-
rait être intensifiée si les problèmes de marchés étaient résolus. La con-
naissance et la conquête des marchés supposent une information détaillée,
centralisée et suivie : ce travail pourrait être confié à une cellule décen-
tralisée du Commerce Extérieur fonctionnant dans le cadre des structures
SEPM, et assurant la fourniture de dossiers complets aux exportateurs po-
tentiels.
Les exportateurs sénégalais
se heurtent egalement à d’autres
difficultés. Dans le cas des conserveurs, obligation de passer par des
marques étrangères (comment faire la promotion de produits sénégalais
vendus sous la marque “Pompon Rouge” ou “Pêcheurs de France” ! ! ! ) , condi-
tionnemeut de qualité médiocre, qualité du produit pas toujours des meilleures,
absence des producteurs au niveau de la distribution...
Toutes ces difficultés qui sont dues souvent à un manque de
moyens financiers des industriels font qu’aucune planification de ce secteur
ne peut actuellement être faite.
2.2.4. Le cas “SEYEGAL SEAFOOD”
Ce projet de pêche ambitieux vient juste d’être créé avec
la participation du Danemark.
L’objectif de production de 100 000 tonnes est parfaitement
réaliste et réalisable car, comme on l’a vu précademment, les ressources
en pélagiques côtiers sont sous-exploitées. D’autre part, les bateaux de
Sénégal-Seafood exploiteront des zones et des fractions de stocks non
touchéespar la pêche artisanale et sardinière, d’où non-interférence entre
les différentes exploitations. De plus, Sénégal-Seafood serait intéressé
non seulement à La production mais également à la commercialisation de ces
produits sur les marchés extérieurs. Le Sénégal pourrait donc pour une
première fois maîtriser en grande partie toute la chaîne et en tirer des
profits importants.

CRODT - 28
2.2.5. Conclusion.
Comme on vient de le voir, les problèmes sont nombreux et
complexes. Toutefois, par dessus tout,il faut noter un manque crucial
d’études dans le domaine industriel, ces études devant permettre de
décortiquer l’ensemble des processus financiers et commerciaux, iden-
tifier précisement les intervenants sociaux et poser clairement les
questions-clés.
Ce n’est qu’à partir de là qu’on pourra trouver les
solutions aux grands problèmes de ce secteur qui,bien qu’apparement
dyn,amique,semble
dégager peu de marge et se contente de produire des
salaires.
Il y a ainsi confusion fréquente entre rentrée de devises
et valeur ajoutée (sur 37,5 milliards de devises à l’exportation en
1981, on peut estimer la valeur ajoutée à un maximum de 30 % ).

CRODT - 2g
2.3. WNTRAINTES GE;G%!&?S DU SECTXJR PECHE
-
Les ressources halieutiques, comme toutes ressources animales,
sont renouvelables.Les poissons ignorent d’autre part les frontières géogra-
phiques fixées par les hommes et migrent suivant les saisons dans des
eaux maritimes appartenant à différents pays.
Ces caractéristiques impliquent que :
- toute optimisation d’exploitation des stocks devra être le fruit
d’un aménagement rationneldes pêcheries basé sur un contrôle strict des
maillages, de l’effort de pêche, des captures, et des zones de pêche.
- pour les stocks migrants(notamment stocks pélagiques côtiers et
hauturiers), nécessité sera de raisonner au niveau régional.
2.3.1. Contrôle des captures
La maîtrise des captures effectuées par les différentes flot-
tilles basées et débarquant à Dakar ne pose pas de problèmes particuliers,
au contraire des navires travaillant dans le cadre des accords de pêche
et qui ne transitent pas par Dakar.
Bien que tenus de fournir au SEPM leurs déclarations de captures,
les armements étrangers concernés sous-estiment volontairement leurs
prises.
Ce qui pourrait passer pour une opération de “bonne guerre”
lèse en fait les intérêts du Sénégal dans la mesure où :
- les compensations .financières à verser au Sénégal par les
pays pêcheurs sont fonction de ces déclarations de captures.
- l’ensemble des prélèvements effectués par les différentes
flottilles est un des éléments indispensables au biologiste des pêches
pour déterminer les taux optima
d’exploitation et proposer les aména-
gements de pêcherie.

CRODT - 3O
Le Secrétariat d’Etat à la Pêche Maritime, conscient de ce
problème a donc mis en place en 1982 une nouvelle structure constituée
d’observateurs embarqués sur les navires étrangers dont le rôle est précisé-
ment de contrôler les captures, les engins et lieux de pêche de ces navires
et de transmettre au SEPM les informations qui sont ensuite validées, traitées
et analysées en relation avec le CRODT.
Pour des raisons évidentes, cette opération rencontre certaines
réticences des armements étrangers, C’est pourtant la seule solution pour
que le Sénégal puisse garder la maîtrise des captures effectuées dans ses
eaux.
2.3.2. Contrijle des maillages.
_-
Ce contrôle s’applique essentiellement à la pêche industrielle
chalutière et dans une moindre mesure à la pêche artisanale à la senne de
plage.
Les filets utilisés raclent le fond, capturant simultanément
tout un ensemble d’espèces et la seule sélection qui s’opère est une sélec-
tion de taille au niveau de la poche terminale : elle est alors fonction
uniquement de la dimension du maillage utilisé.
On comprend donc aisément
qu’utiliser un maillage trop petit
reviendra à capturer en grande partie des juvéniles. La conséquence en sera
un appauvrissement général et rapide des stocks, avec un risque de collapse
si l’effort de pêche devient trop important.
Il faut savoir qu’actuellement 40 à 60 % (suivant les types
de pêches) des prises des chalutiers sont rejetés à la mer, car constitués
d’espèces non encore commercialisables ou de poissons n’ayant pas encore
atteint leur taille commercialisable.
Seule une réglementation très stricte des maillages non seu-
lement permettrait d’éviter ce gâchis, mais aurait de plus l’avantage d’aug-
menter notablement au bout de quelques mois les captures actuelles.

CRODT - 31
2.3.3. Réglementation des zones de pêche.
D’après -les textes régissant la pêche au Sénégal
(Loi 76-89 du 2.7.76, Décret 76-835 - Decret 76-836), il ne devrait
théoriquement pas y avoir d’interférence
entres les pêches artisanales
et industrielles.
Or le manque de moyens de contrôle et de surveillance
fait qu’un grand nombre de chalutiers opérent maintenant dans des zones
três côtières réservées au secteur artisanal avec comme conséquence :
- une destruction importante des engins de pêche artisanaux
(coût estimé de ces pertes 100 millions CFA/an).
- un appauvrissement général des stocks, les chalutiers travaillant
avec un maillage
trop petit dans des zones de reproduction et nurseries.
Outre. le fait qu’il engendre de fréquents conflits
entre pêcheurs artisans et industriels, ce problème est grave pour la
conservation des ressources. Les interférences entre pêcheries sont
souvent à l’origine d’une diminution brutale et très nette de la bio-
masse disponible. L’exemple des pêcheries démersales camerounaises est là
pour confirmer ces craintes.
En 1983, le Secrétariat d’Etat à la Pêche Maritime avec
l’aide du Canada va mettre en place le programme “Protection et surveil-
lance des Pêches”. Ce programme sera doté de moyens de surveillance
importants (vedettes et avion) et bénéficiera de l’appui scientifique
du CRODT. Il est à espèrer que le contrôle de la réglementation puisse
être alors effectué d’une manière efficace.
2.3.4. Aménagement régional de l’exploitation des ressources
Du fait du caractère migrateur de nombreusesespèces,
l’exploitation des ressources doit souvent être envisagée sous un angle
régional.
Ceci sous-entend :
- un renforcement de la coopération scientifique avec les pays
concernés (elle existe déjà avec le Cap-Vert et la Mauritanie).

CRODT - 32
- des accords de pêche entre le Sénégal et ces pays (négocia-
tions en cours).
C’est une des conditions du développement de la pêche
industrielle sénégalaise et une garantie de la préservation et de
la conservation des ressources halieutiques régionales.

CRODT - 33
3. CONCLUSION.GENERALE
En 1981, les eaux sénégalaises ont fourni 281 000 tonnes de
poissons, sur un potentiel exploitable de 500 000 tonnes soit un taux
d'exploitation global de 56 %. On peut conclure que la ressource existe,
qui permettrait de développer encore la pêche au Sénégal.
La part débarquée au Sénégal est de 242 000 t, soit 86 %,
dont 93 000 tonnes par la pêche industrielle (49 X) et 149 000 par la
piZche artisanale (61 %> celle-ci restant donc nettement dominante en
volume.
La pêche et ses activités induites procurent tout ou partie
de leur revenu à environ 180 000 personnes dont 27 000 pêcheurs embar-
qués en pêche artisanale et 3 000 en pêche industrielle. Enfin, le
secteur de la pêche dégage environ 4 % de la P.I.B. du Sénégal.
La pêche sénégalaise est dynamique, mais repose, surtout pour
sa partie industrielle, sur des structures fragiles, et son développement
reste soumis à de nombreuses contraintes.
La flottille sénégalaise industrielle est vétuste et devrait
être renouvelée ; les investissements dans le secteur n'ont pas toujours
été soumis à des contrôles rigoureux ;
les objectifs assignés aux pro-
jets de développement ont souvent manqué de clarté.
Enfin, on s'est beaucoup plus soucié d'augmenter la produc-
tion que de valoriser celle qui existait, notamment pour la pêche arti-
sanale.Or, l'amélioration de la commercialisation, intérieure et à
l'exportation,
est la condition première de tout développement des pêches.
Quelques opérations prennent en compte ces problèmes et semblent porteuses
d'avenir, notamment le CAPAS pour l'intérieur, et b%HEGAL SEAFOOL) pour
l'exportation.
Le Secrétariat d'Etat à la Pêche Maritime, de création
ue-ente,n'a pas encore pu venir à bout de toutes les contraintes, mais
le bilan est extrêmement positif.

CPODT - 34
La poursuite de l’action entreprise par le Secrétariat
d”Etat à la Pêche Maritime exigerait que ses compétences soient
élargies à-l’ensemble des structures administratives liées à la mer
et que ses moyens soient accrus en conséquence.
Nous terminerons en soulignant le très grave manque d’études
approfondies sur le secteur de la pêche, du point de vue économique et
social. Cette lacune doit impérativement être comblée si le Gouvernement
veutdisposer des moyens d’orienter le devenir du secteur. Les relations
entre la riecherche et le Secrétar?at d’Etat à la Pêche Maritime sont en
tous points exemplaires ; elles peuvent et doivent être impérativement
accrues.