Revue Sénégalaise des Recherches Agricoles et...
Revue Sénégalaise des Recherches Agricoles et Halieutiques - Vol. 2 - np 2 - 1989
ANTITRANSPIRANTS VEGETAUX
DE TYPE REGULATEUR STOMATIQUE
PREMIER RESULTATS DE L’EXPERIMENTATION
CONDUITE A THIENABA (Sénégal) EN 1987 - 1988
SUR ANACARDIER ET TAMARIN-IER
Michel CAZET
Ingénieur de Recherches CTFTICIRAD
en poste d I’ISRA
Direction des Recherches sur les Productions Forestières
RESUME
Dans le cadre de la lutte contre la sécheresse, une nouvelle expérimentation a étk mise
en place à Thiénaba (Sénégal) en 1987, sur deux espèces fruitières de plein champ : Anacar-
dium occidental (anacardier) et Tamarindus indicu (tamarinier). L’objectif principal de cette
expérience était de vérifier que, sur ces deux espbces, l’efficience de l’eau d’arrosage pouvait
être améliorée en utilisant de l’acide usnique, autrement dit, l’emploi de l’acide usnique pouvait
permettre une économie de l’eau utilisk en arrosage de saison sèche.
Mots Ckb : AntitranspiranrJ Arbres fruitiers/Acide usniquel Anacardierl Tamarinier/
Effîcience de l’eau/ Sénégal
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SUMMARY
TO contribute to the fight against the drought, a new experiment was initiated in
Thienaba (Senegal) in 1987 on two species of fruit trees : Western Anacardium (anacardier) and
Tamarindus indice (tamarinier). The principal objective of this experiment is to verify that
savings in water cari be made if usnic acid is used when watering these two species of trees
during the rainy season.
Key words : Antiperspiration/Fruittrees/UsnicAcid/Anacardier/Tamarinier/Water
efficiencyl Senegal
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INTRODUCTION
Pour améliorer la résistance des plantes à la sécheresse, le Museum d’Histoire Natu-
relle de Paris mbne, depuis plusieurs annees, des recherches sur les antitranspimts véghaux
du type régulateur stomatique. Apres la phase de laboratoire, des expérimentations en vraie
grandeur ont étC conduites dans différents pays de l’Afrique sahélienne dans le cadre d’un
programme financé par l’Agence de Cooperation Culturelle et Technique (ACCT).
Ces expériences ont débuté en 1982 au Burkina-Faso, sur des cultures de maïs et de
sorgho. Elles ont été poursuivies, à partir de 1984, au Niger, au Mali, au SCnégal et en
Mauritanie, sur une dizaine d’espèces forestières sahéliennes et soudaniennes. L’antitrans-
pirant retenu etait l’acide usnique utilisé, soit sous forme d’usnate d’ammonium seul ou
avec un support, soit sous forme libre mélangée avec du terreau. Pour ces expériences,
l’acide usnique était incorpore au sol avant semis ou au moment de la plantation.
Une synthèse des résultats a fait l’objet d’un ouvrage intitulé “Recherches et appli-
cations dans le domaine des antitranspirants stomatiques” paru en 1986 aux éditions
ACCT dans la collection “Réseaux : Lutte contre la sécheresse”.
Il ressort que l’influence de l’antitranspirant varie selon les espèces, mais que globa-
lement “il augmente, comme cela est sa fonction, l’effïcience de l’eau, ce qui se traduit
par une augmentation de la production de biomasse à l’hectare” (1).
Concernant l’emploi de l’acide usnique comme regulateur stomatique .en sylviculture,
l’auteur concluait que, “si l’acide usnique réduit la transpiration de 30 %, son emploi est
tout à fait justifié lorsqu’il s’agit de plantations arrosées, car le transport de l’eau coûte
toujours extrêmement cher”. Dès lors, son emploi est doubIement justifié en zone sahé-
lienne où l’eau n’est disponible qu’en quantité souvent très limitee.
C’est dans cette optique qu’un essai a été mis en place à Thiénaba en 1987, sur deux
espèces fruitières de plein champ : Anacardium occidentale (anacardier) et Tamarindu
indica (tamarinier). L’objectif principal de cet essai était de verifier que, sur ces deux
espèces, l’efficience de l’eau d’arrosage pouvait être amelio& en utilisant de l’acide us-
nique, autrement dit que l’emploi de l’acide usnique pouvait permettre une economie de
l’eau en arrosage de saison sèche.
Cette experimentation a fait l’objet d’un premier compte-rendu (3). L’analyse des re-
sultats, qui portait d’une part sur les taux de reprise et la croissance des arbres a trois mois
et d’autre part sur le rendement de la culture intercalaire de mil, n’avait pas fait ressortir
d’influente de l’acide usnique placé au fond du trou de plantation sur ces divers parametres.
L’arrosage d’appoint ayant débuté en novembre 1987, il était necessaire d’attendre la fin
de la saison &che pour v&ifier que l’utilisation de l’acide usnique permettait effecti-
vement une Cconomie de l’eau d’arrosage.
58
MATERIEL ET METHODES
Le dispositif en place (annexe îb)
L’expérimentation de 1987 comprend, en fait, deux sous-essais :
l sous-essai no 1 : sur anacardier
l sous-essai no 2 : sur tamarinier.
Pour chaque espèce, quatre traitements étaient testés :
l TO :
Témoin absolu (sans amitranspirant et sans arrosage d’appoint)
l Tl :
Amitranspirant mis en place au fond du trou de plantation (1 g d’acide
usnique par trou)
l T2 :
Antitranspirant en solution dans 100 litres d’eau apport& 6 fois pendant
la saison sèche
* T3 : Arrosage avec 150 litres d’eau pure apportés 6 fois aux mêmes dates
qu’en T2.
Au niveau de chaque sous-essai, ces quatres traitements sont randomisés dans un dis-
positif en blocs complets à 6 répétitions. La parcelle élémentaire est un pla-ccau carré de
16 arbres ; les arbres étant plantés avec un écartement dc 4 m x 4 m. Chaque sous-essai
comprend donc 24 parcelles Clcmentaircs
de 16 arbres, soit 384 arbres occupant une supcr-
ficie de 6 144 m2.
Les conditions d’expbrience
Pluviom&rie
A ThiQaba, 522 mm de pluie ont Cte enrcgistrcs
entre le 12 juillet ct le 5 octobre.
Cette quantité d’eau est supérieure d’environ 20 % à celle relevée depuis 1970 (An-
nexe la).
P6dologie
Des analyses de sols effectuées au centre, Il ressort cssenticllement :
l une nette acidification des sols : pH < 5
l une faible teneur en élcments fins (argile + limon) < 10 % dans I’cssai ana-
cardier, < 7 % dans l’essai tamarinier ;
l une grande pauvreté en maticre organique, phosphore et bases Cchangcablcs :
l teneur en carbone < 1,8 ‘/,’
l teneur en phosphore total < 0,13 ‘/‘O
l teneur en bases Çchangeables
< 1,3 meq/lOO g
Il s’agit donc de sols très filtrants, à faible réserve en eau. Des mesures d’humidite
ncutronique effectuées
à proximité des tubes d’arrosage ont montré qu’un apport de 25 litres
d’eau provoquait un bulbe d’humcctation atteignant 150 m dc profondeur
dans l’essai ana-
cardicr et 2,OO m de profondeur
dans l’essai tamarinier. Ces sols, trés sableux, facilitent
en revanche la pénctration racinairc. Rappelons qu’à l’âge de 4 mois, le systcme racinaire
atteignait en moyenne 1,30 m dc profondeur
pour les deux espkes.
59
Acide usnique et arrosage
Dans cette expbrience, I’acide usnique a 6tC apporté sous forme d’usnate de potassium
soluble dans l’eau :
dans le traitement Tl : l’antitranspirant avait été mélangé a la couche infé-
rieure de rebouchage au moment de la plantation ;
dans le traitement T2 : l’arrosage a été effectué avec de l’eau additionnée
d’acide usnique à raison de 100 litres d’eau et 1 g d’acide usnique par arbre. Cet
apport d’eau a été réalisé 6 fois aux dates suivantes :
l ler arrosage
du 19 au 23 novembre
1987
l 2ème arrosage
du 21 au 23 décembre
1987
l 3ème arrosage
du 03 au 06 février
1988
a 4ème arrosage
du 18 au 23 mars
1988
l 5Cmc arrosage
du 05 au 09 mai
1988
l 6ème arrosage
du 16 au 20 juin
1988
Les deux premiers arrosages ont donc éte effectues à 1 mois d’intervalle, alors que
les suivants sont separes par des periodes d’environ un mois ct demi. L’allongement de
la période d’arrosage avait pour but d’étaler les 6 apports d’eau pendant toute la saison
sèche. A noter qu’en 1988, la saison des pluies ne s’est r6ellemcnt installée que le 30
juillet, seuls 9,7 mm étant tombés à cette date ;
Rappelons que, pour ces deux derniers traitements, l’eau d’arrosage était, non pas
versée au pied des arbres, mais dans une tubulure en PVC placée au moment de la plan-
tation, selon le schéma de la figure 1.
dans le traitement T3 : l’arrosage était effectue aux mêmes dates qu’en
l2, a raison de 3 arrosoirs de 85 litres d’eau par plant et par arrosage.
La dissolution de l’acide usnique dans l’eau d’arrosage était effectuke dans des bassins
de lm3. A chaque arrosage, chaque plant rcccvait deux arrosoirs de 8,5 litres, soit 17 litres
d’eau additionnes de 1,6 g d’acide usnique.
Analyses statistiques
Chaque sous-essai a 6té analyse comme un dispositif en blocs complets randomisés à
un seul facteur au moyen du logiciel STAT ITCF sur microordinateur IBM PC XT. Les
variables mcsurees au niveau de chaque parcelle sont les suivantes :
l SI (%)
: taux de survie a 1 an
l Hl (cm) : hauteur moyenne des arbres du placeau
l Dl (mm) : diametre moyen des arbres du placeau (diametre au collet mesure avec
un pied à coulisse au l/lOe de mm).
60
Figure 1 : Schkma de plantation
tubePVC
-
6 1
pour chaque pamAle, les variables supplementaires suivantes Ont été cakuk?eS :
l SHl
: écart-type sur la hauteur
* CVHl :
SHl/Hl
= coefficient de variation sur la hauteur
@ SD1
: écart-type sur le diamètre
l CVDl :
SDl/Dl : coefficient de variation sur le diamètre
l TSl :
transformée angulaire du taux de survie aprks “correction” des taux
de 100 % par le procédé de BARLETT.
L’analyse a porte sur les variables Sl, TS 1, Hl et Dl. Pour l’essai anacardier, cette
analyse a été effectuée sur le dispositif complet et sur celui obtenu apres élimination de
la répétition no 4 considéree comme aberrante.
En effet, dans cette répétition, les valeurs de Hl et Dl obtenues dans le témoin TO
sont supérieures aux valeurs obtenues dans le traitement T3 où les plants avaient reçu
150 litres d’eau supplémentaires pendant la saison sèche.
Pour chacune des variables analyskes, seront notes :
l l’effet bloc ;
l l’effet traitement ;
l le coefficient de variation résiduel ;
l la puissance a priori de l’essai au seuil de 10 % pour un écart relatif
dx/x=lO% ;
l la puissance a posteriori de l’essai au seuil de 10 %.
RESULTATS - DISCUSSIONS
Analyse de l’essai “antltranspirant sur anacardler”
Taux de survie (Tab. 1 et 2)
Le taux de survie moyen observé à 11 mois est de 97.7 %, ce qui montre la très bonne
adaptation de l’espèce aux conditions de Thiénaba, du moins lorsque la pluviométrie est
bonne et le désherbage correctement réalisé. Les taux moyens observes sur les différents
traitements étaient les suivants :
TO : TCmoin absolu
Sl = 97,9 %
Tl : Acide usnique 21 la plantation
Sl = 95,8 % (- 2,2 %)
T2 : Acide usnique dans 100 litres d’eau
SI = 96,9 % (- 1 % )
T3 : Arrosage avec 150 litres d’eau pure Sl = 100 % (+ 2,2 %)
Les écarts par rapport au témoin sont très faibles. Compte tenu de la faible puissance
de l’essai, ces écarts avaient peu de chance d’être significatifs. Toutefois, I’acide aurait un
très léger effet négatif sur la résistance à la sécheresse, effet qui serait compense par
l ’ a r r o s a g e .
62
Tableau 1 -Essai antitransparant surAnacardiumoccidenfa/e. Plantations du 28
juillet 1987 - Mensurations du 22 juin 1988. Valeurs obtenues sur des piaceaux
de 16 arbres. (Station de THIENABA)
Tableau 2 - Analyse de l’effet des traitements sur les taux de survie à 1 an
Traitements
et paramètres de l'analyse
TO =Témoin absolu
-.
Il =Acide usnique à la plantation (lg/arbre)
95,80
78,20
T2 =Acide usnique en solution + arrosage 16 I/arbre/mois
96.90
79,30
T3 =Arrosage seulement à 24l/arbre/mois
100,00
h , , .,.,I . I
. .
,-.
82,70
rrooaollIte aes ecarts ~71Iocs" IX1
50,oo
49,20
Probabilité des écarts "traitements"
1 a h*
.- -A
,-~.c~:-.-~1 -I- II I
I .I
LuerricienLae variauon aes res1uus
i
4,ou
0, IV
-
Vuissance a priori de l'essai pour nX/X = l()%et ~10%
1 88,OO
74,00
Puissance a postériori de l'essai au seuil de 10 %
Ih
'- 3L
'",OO
3 l,oo
N.B.:
Les valeurs de TS 1 sont obtenues par transformation angulaire des taux de survie S 1 (TS 1 = 100 e k
(S l/lOO) 1/2 après avoir remplacé les taux de 100 % par (100 (n - 1/4) /n) %, n étant le nombre d’arbres
du placeau, soit 16 (procédé de BARLETT).
63
Croissance en hauteur (Tab. 3 et 4)
A l’âge de 11 mois, les plants avaient une hauteur moyenne de 6’7,3 cm. Les moyen-
nes par traitement observées après élimination de la 4ème répétition font apparaître des
différences de 3 à 21 % par rapport au témoin TO :
TO : Témoin absolu
Hl = 63,l cm
Tl : Acide usnique a la plantation
Hl = 659 cm (+ 3 %)
T2 : Acide usnique + arrosage (100 1) Hl = 70,3 cm (+ 10 %)
T3 : Arrosage (150 Varbre)
Hl = 77,l cm (+ 21 %)
L’analyse de variante fait ressortir que seul le traitement T3 a une hauteur signifi-
cativement supérieure à celle du témoin TO. Bien que les traitements T2 et T3 ne soient
pas significativement différents, la différence relative de 10 % observée entre ces deux
traitements n’en reste pas moins grande.
Les coefficients de variation sur les hauteurs à 1 an sont importants (CVH = 29 %)
et dénotent une forte variabilité du milieu et/ou du matériel végétal. On notera toutefois
que lYca.rt-type sur les hauteurs est à peu prés constant pour Tl, T2 et T3 (183 à 18,8),
mais qu’il est plus important pour TO (SH = 22,8). Il semblerait donc que I’adjonction de
l’acide usnique et/ou l’arrosage ait un effet homogénèisant sur la hauteur.
Croissance en diam&re (Tab. 5 et 6)
Le diamètre moyen au collet relevé sur l’ensemble de l’essai est de 24,6 mm, Les moyen-
nes par traitement font apparaître des écarts par rapport au témoin qui sont du même ordre
de grandeur que sur les hauteurs :
TO : Temoin absolu
Dl = 22,7 mm
Tl : Acide usnique à la plantation
Dl = 23,5 mm (+ 4 %)
T2 : Acide usnique + arrosage (100 1) Dl = 254 mm (+ 12. %)
T3 : Arrosage à 150 Varbre
Dl = 27,9 mm (+ 23 %)
Là encore, seul le traitement T3 est significativement différent du témoin TO et on
notera une différence d’environ 10 % entre T2 et T3 qui reste importante.
Le coefficient de variation moyen observé sur le diamètre est de 19 %. Comme sur
les hauteurs, on notera le rôle homogCneisant de l’acide usnique et./ou de l’arrosage sur
la croissance en diamètre.
Conclusion de l’essai “Antitranspirant sur Anacardier”
Pas plus l’amitranspirant que l’arrosage n’ont eu d’influente notable sur le taux de
survie d’Anacardium occidentale. Ce taux, toujours supcrieur a 95,8 %, montre la
bonne adaptation de cette espèce aux conditions de Thiénaba, au moins en 1987.
L’action de l’acide usnique et/ou de l’arrosage est identique sur la croissance en hauteur
et la croissance en diamètre, ce qui laisse supposer une bonne corrélation entre ces deux
caractères. L’acide usnique aurait un effet relativement modeste sur la croissance de cette
espéce qui serait, en revanche, plus sensible a l’arrosage comme en témoigne I’écart d’en-
viron 10 % entre les traitements T2 et T3.
6 4
Tableau 3 - Essai antitranspirant sur Anacardium occidentale. Plantations du 28
juillet 1987 - Mensurations du 22 juin 1988. Valeurs obtenues sur des
placeaux
de 16 arbres. (Station de THIENABA)
Tableau 4 - Analyse de l’effet des traitements sur la hauteur a 1 an
rnitements et prram&res de l’analyse
1 Hl (cm) 1 Hl*(cm)
TO = Thoin absolu
64,lO
63,!LJO
Tl = Acide usnique h la plantation (lghrbre)
64~
65.90
T2 = Acide urnioue a rnlutim +
16 Ilarhrehnoir
fl7 f3-l
7fl7n
Hl* = valeurs obtenues apr5.s élimination de la r&?tition 4 Cjugée aberrante puisque TO > ‘ES)
65
Tableau 5 - Essai antitranspirant sur Anacardium occidentale. Plantations du 28
juillet 1987 - Mensurations du 22 juin 1988. Valeurs obtenues sur des piaceaux
de 16 arbres. (Station de THIENABA)
Tableau 6 - Analyse de l’effet des traitements sur le diam&re au collet à 1 an
variation des rhidus
%
83
1.60
Puissance a priori de l’essai pour Ax/x = lO%et
a =10%
%
,
4 2
4 0
Puissance a posthiori de I’essai s.u seuil de 10 %
%
!N
9 4
Dl* = valeurs obtenues après élimination de la répétition 4 (jugée aberrante puisque TO > T3)
6 6
Pour cette espèce dont le rapport poids sec de tige/poids sec de racines est supérieur
à 3 à l’âge de 3 mois, il apparaît donc que l’effet arrosage est prépondérant devant l’effet
antitranspirant.
Analyse de l’essai “antitranspirant sur Tamarinier”
Taux de survie (Tab. 7 et 8)
Pour l’ensemble de l’essai “Antitranspirant sur Tamarinier”, le taux de survie moyen
émit de 953 % à 11 mois. Les taux moyens observés sur les 4 traitements étaient les
suivants :
TO : Témoin absolu
Sl = 94,8 %
Tl : Acide usnique à la plantation
Sl = 92,3 % (- 25 %)
T2 : Acide usnique dans 100 litres d’eau
Sl = 94,8 % (+ 0 % )
T3 : Arrosage avec 150 litres d’eau pure
Sl = 99 %
(+ 4,2 %)
LB encore, les écarts par rapport au témoin sont faibles et non significatifs. On notera
nkanmoins une grande similitude avec l’essai “antitranspirant sur Anacardier”, à savoir un
tres léger effet négatif de l’antitranspirant (- 2 %) compensé par l’arrosage.
Croissance en hauteur (Tab. 9 et 10)
La hauteur moyenne atteinte a 11 mois était de 49 cm avec toutefois des différences
importantes entre les traitements :
TO : Témoin absolu
Hl = 40,5
Tl : Acide usnique à la plantation
Hl = 425 (+ 5 %)
T2 : Acide usnique dans 100 litres d’eau
Hl = 55,5 (+ 37 %)
T3 : Arrosage avec 150 litres d’eau pure
Hl = 57,5 (+ 42 %)
De l’analyse de ces résultats, on peut tirer les conclusions suivantes :
0 l’acide usnique, à raison de 1 g/arbre, placé au moment de la plantation, n’amé-
liore que de 5 % la croissance en hauteur à 11 mois. Si la faible puissance de
l’essai (33 % pour un écart relatif de 10 %) ne permet pas de considérer cet
écart comme significatif, cette différence confirme le léger effet améliorant de
l’acide usnique ;
8 l’arrosage en saison sèche avec 100 litres d’eau additionnés de 1 g d’acide us-
nique par arbre améliore tres significativement la croissance en hauteur
(+ 37 % par rapport au témoin TO, + 31 % par rapport au traitement Tl) ;
0 l’arrosage en saison sèche avec 150 litres d’eau par arbre (sans acide usnique)
améliore la croissance en hauteur de 42 % ;
0 l’écart entre T2 et T3 est inférieur à 4 % et non significatif.
Ainsi, avec Tamarinier, un arrosage avec 100 litres d’eau additionnes d’acide usnique
entraîne un gain de croissance en hauteur de 37 % à 11 mois, inférieur de 12 % seulement
au gain de croissance produit par un arrosage de 150 litres d’eau pure.
67
Tableau 7 - Essai antitransplrant sur Tamarindusindica. Plantations du 28 juillet
1987 - Mensurations du 21 juin 1988. Valeurs obtenues sur des placeaux de 16
arbres.
(Station de THIENABA)
t
Ttl
R6
1 81,201
64,301
81,20
Moyennes
1 94.80 1
-
1 92,70
Tableau 8 - Analyse de l’effet des traitements sur le taux de survie a 1 an
Traitements et oaramï?tres de I’analvse
TU = Témoin absolu
[ 94,801
77,401
N.B.
Les valeurs de TSl sont obtenues par transformation angulaire des taux de survie
(TSl = 100 arc s~(Sl/lOO) 1/2 apr&s avoirremplac6 le taux de 100 % par (100 (n-1/4)/n) %, nktant le
nombre d’arbres du placeau, soit n = 16 (procéde. de BARLETT).
68
Tableau 9 - Essai antitranspirant sur Tamarindus indica. Plantations du 28 juillet
1987 - Mensurations du 21 juin 1988. Valeurs obtenues sur des
placeaux de 16
arbres. (Station de THIENABA)
Tableau 10 - Analyse de l’effet des traitements sur la hauteur & 1 an
6 9
Croissance en ciiambtre (Tab. 11 et 12)
A l’âge de 11 mois, le diamètre moyen atteint par les plants sur l’ensemble de l’essai
était de 9,3 mm. Les diamètres moyens observés sur les quatre traitements étaient les
suivants :
TO : Témoin absolu
Dl = 7,0 mm
Tl : Acide usnique à la plantation
Dl = 8,O mm (+ 14 %)
T2 : Acide usnique dans 100 litres d’eau
Dl = 11,0 mm (+ 57 %)
T3 : Arrosage avec 150 litres d’eau pure
Dl = 11,3 mm (+ 61 %)
L’influence des traitements sur la croissance en diamètre confirme les constatations
faites sur les hauteurs :
0 l’acide usnique placé dans le trou de plantation (Tl) améliore de 14 % la crois-
sance sur le diamètre. Là encore, la faible puissance de l’essai (27 % pour un
écart relatif de 10 %) n’a pas permis de faire ressortir une différence signifi-
cative entre ces deux traitements. Néanmoins, l’influence de l’acide usnique sur
la croissance en diamètre est loin d’être négligeable ;
8 l’arrosage de chaque arbre avec 100 litres d’eau additionnés de 1 g d’acide us-
nique provoque une amélioration de la croissance en diamètre hautement signifi-
cative (+ 51 % par rapport au témoin et + 38 % par rapport au traitement
TU ;
8 l’arrosage des arbres avec 150 litres d’eau pure a entraîné une augmentation de
la croissance en diamètre de 61 % par rapport au témoin ;
0 la différence entre le diamètre moyen du traitement T2 et celui du traitement
T3 est inférieure à 3 % et non significative.
Ainsi, et mieux encore que cela avait Cte observé avec la croissance en hauteur, la crois-
sance en diamètre obtenue avec un arrosage à 150 litres est du même ordre de grandeur
(a 3 % près) que la croissance obtenue avec un arrosage réalisé avec 1/3 d’eau en moins
et addition d’acide usnique.
Conclusion de l’essai “Antitranspirant sur Tamarinier”
Concernant la résistance à la sécheresse, les observations vont dans le même sens que
celles qui avaient été faites sur l’anacardier, a savoir un trbs léger effet négatif de l’antitrans-
pirant sur le taux de survie à 1 an compensé par l’arrosage. Par contre, pour le tamarinier,
l’influence très bCn6fique de l’antitranspirant apparaît cette fois très nettement. Appliqué
au moment de la plantation, il ameliore de 6 % la croissance en hauteur et de 14 % la
croissance en diarrktre. Additionné à l’eau d’arrosage a la dose de 100 litres par arbre,
il entraîne des gains de croissance qui sont du même ordre de grandeur que ceux qu’on
obtient avec un arrosage a l’eau pure a la dose de 150 litres par arbre, soit avec T2
(+ 37 % sur la hauteur et + 57 % sur le diamètre) et avec T3 (+ 42 % sur la hauteur
et + 61 % sur le diamètre).
Autrement dit, les gains de croissance observés dans T3 ne sont jamais supérieurs a
4 % a ceux qu’on relève dans T2, alors qu’on a utilisé 50 % d’eau en plus.
70
Tableau 11 - Essai antitranspirant sur Tamarindus Indica. Plantations du 28
juillet 1987 - Mensurations du 21 juin 1988. Valeurs obtenues sur des placeaux
de 16 arbres. (Station de THIENABA)
l
T O
I
l
n
2
Rbitiliont
1
Dl 1
SD ] CVD 1
D, 1
SD
1.3 zl
CVD
D l
R l
I
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l.SOl
0,371
6.6Ol 16
0
10.30
p2
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5,701
1,701
o,%l
5,501
0241
SS0
2,OOj
0.24,
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1201
0.101
6,001
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0.231
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0,201
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2,801
0251
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0,271
15,OQ~
2,201
0.~1
10,9Ql
3.31
0,211
10,701
2,
3.601
0,341
12,7r
4,lOT
0.321
lO,41
0.29
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031
8.001
2.21
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11.00~
2.601
0.241
11.31
3,001
0,261
9.31
0.26
Tableau 12 - Analyse de l’effet des traitements sur le diambtre à collet h 1 an
71
Avec lc tamarinier, espèce dont le rapport poids sec des tiges/poids sec des racines
était inférieur à l’unite à l’âge de 3 mois, l’utilisation de l’acide usnique permet donc d’écono-
miser environ le tiers de l’eau utilisée pour l’arrosage de saison sèche.
CONCLUSION SUR L’EFFET ANTITRANSPIRANT 1987
En 1986, l’influence de l’acide usnique, associé ou non à un support humique et/ou
à un hydrorétenteur, avait été testée à la Station de Thiénaba sur des semis et des jeunes
plantations de Faidherbia albidu. L’analyse des résultats avait montre que l’acide usnique
avait un effet plutôt défavorable sur le taux de reprise mais un effet bénéfique sur la crois-
sance juvénile (2). Ces résultats sont confirmés dans l’expérience de 1987, avec toutefois
des différences de reponses selon l’espke :
a - sur Anacardium occidentale
L’effet négatif de l’acide usnique sur :le taux de survie, s’il existe, ne dépasserait guère
2 % et il serait compensé par l’arrosage. Avec cette espèce, dont la biomasse aérienne est
environ trois fois la biomasse racinaire à 3 mois, l’acide usnique semble avoir un effet
relativement faible sur la croissance (+ 3 % sur la hauteur, + 4 % sur le diamètre). Aussi,
dissous dans l’eau d’arrosage, son effet améliorant est masqué par l’effet ,de l’arrosage. La
réponse de l’anacardier a un arrosage d’appoint semble en effet plus proportionnelle à la
quantité d’eau apportée en saison sèche. Ainsi, avec une dose de 100 litres d’eau additionnés
d’acide usnique, l’amélioration de la croissance à 1 an est de + 10 % sur la hauteur et
+ 12 % sur le diamètre, tandis qu’avec une dose de 150 litres sans acide usnique, le gain
de croissance est pratiquement doublé avec + 21 % sur la hauteur et + 23 % sur le diamètre.
Compte tenu de la surface foliaire très importante développk par l’anacardier, il est
donc probable que la dose d’acide usnique employce (1 g par arbre) était insuffisante pour
avoir un effet significatif sur sa croissance.
b - sur Tamarindus indica
L’effet légèrement dépressif de l’acide usnique sur la résistance semble confirmer, tout
en restant très modeste (- 2 %) et donc pratiquement négligeable. Par contre, avec cette
espèce dont la biomasse racinaire à 3 mois est supcrieure à la biomasse aérienne, l’acide
usnique favorise très nettement la croissance.
Utilise seul, l’acide usnique améliore de 6 % la croissance en hauteur et de 14 % la
croissance en diamètre, soit une amclioration de la biomassc aérienne qui dépasse pro-
bablement 30 %. Utilisé en solution dans l’eau d’arrosage, on aboutit à des gains de crois-
sance de 37 % sur la hauteur et 57 % sur Ic diametre. Ces gains de croissance sont compa-
rables à ceux qu’on obtient en augmentant la dose d’arrosage de 50 % sans addition d’acide
usnique (+ 42 % sur la hauteur, + 61 % sur le diamctre).
Autrement dit, l’utilisation de l’acide usnique en solution dans l’eau d’arrosage permet
d’économiser environ le tiers de la dose d’eau pour un gain de croissance comparable.
Ainsi, cette expkience en vrai grandeur confîrmc les resultats obtenus en laboratoire :
en conditions de déficit hydrique, l’acide usniquc, cn rcduisant d’environ 30 % la transpi-
ration, améliore l’efficience dc I’cau disponible, ce qui SC traduit par une augmentation de
72
la biomasse produite sur une même surface. L’emploi de l’acide usnique trouve toute sa
justification*dans le cas de plantation qui n6cessit.e un arrosage de saison skche, comme
c’est le cas en arboriculture fruitière.
Dans toute la zone sahélo-soudanienne, et notamment dans le bassin arachidier séné-
galais, les paysans sont tous demandeurs de vergers fruitiers (agrumes, manguiers et goya-
viers en particulier). Toutes ces espkes ne pouvent être implantées qu’au prix d’un arrosage
de saison sèche pendant les 2 ou 3 premieres ann6es de végétation. Mais les quantités d’eau
disponibles et le temps nt%essaire pour l’exhaure et le transport de cette eau font que, très
souvent, cet arrosage de saison si?che est le facteur limitant l’extension de ces vergers.
L’acide usnique, en permettant d’économiser 1/3 de l’eau d’arrosage, serait en mesure
de favoriser le développement de l’arboriculture fruitière qui pourrait apporter un complé-
ment appréciable au niveau de l’alimentation et du revenu des populations rurales. Compte
tenu de la variation des réponses des differentes espkes perennes a l’emploi de l’acide
usnique, des expt%iences complémentaires devraient donc être poursuivies sur des espèces
fruitières d’intérêt national.
En tous cas, les r6sultat.s obtenus en 1988 à Thiénaba sur le tamarinier nous conduisent
à I’optimisme. +
73
BIBLIOGRAPHIE
1 CARBONNIER, J. et air., 1986 - Recherches et applications dans le domaine des
antitranspirants stomatiques - ACCT - Collection “Réseaux Lutte contre la secheresse.
2 CAZET, M., 1986 - Antitranspirants végétaux de type régulateur stomatique - Ex-
périmentation au Sénégal en 1986 sur Faidherbia albidu - Compte rendu des résul-
tats obtenus en octobre 1986 - DRPF-ISRA/ACCT - 25 pages + annexes.
3 CAZET, M., 1987 - Antitranspirants végétaux de type régulateur stomatique - Ex-
périmentation au Sénégal en 1987 sur Anacardier et Tamarinier - Compte-rendu de
l’expérimentation 1987 - DRPF-ISRPJACCT - 9 pages + annexes.
4 GOUET, J.P. et PHILLIPEAU, G., 1986 - Comment interpréter les résultats dune
analyse de variante ? STAT - ITCF.
5 PHILLIPEAU, G., 1984 - Puissance d’une expérience - ITCF
6 SNEDECOR, G.N. et COCHRAN, W.E., 1984 - Méthodes statistiques ACTA.
74
LISTE DES TABLEAUX
l a
Carte du SENEGAL (isohyètes et situation de la station)
lb
Schéma de l’essai
2
Anacardier : Tableau des taux de survie à 11 mois et analyse de variante
3
Anacardier : Tableau des hauteurs, écarts-types, coefficient de variation sur les
hauteurs et analyse de variante
Anacardier : Tableau des diamètres, écarts-types, coefficient de variation sur
les diamètres et analyse de variante
Tamarinier : Tableau des taux de survie 21 11 mois et analyse de variante
Tamarinier : Tableau des hauteurs, &arts-types, coefficient de variation sur les
hauteurs et analyse de variante
Tamarinier : Tableau des diamètres, écarts-types, coefficient de variation sur
les diamétres et analyse de variante
Planches photographiques.
75
Annexe la
Carte du glissement des isohyètes (mm) au Sénégal
entre les périodes 1951-1967 (--)a& 1968-1985
(------).Bituation
des stations et points d’appui
0
16’
c
e
A
:l .
N
l * l .
150
D
AT
L
14”
A
NT
I
Q
-~__---,.--------------~-l~
Ziguinchor (BaYotb)
:
u
130
E
.+++*****+.*..* . . . . . . . l .+.**,-;*
:
.* .+
+*.*t,.,.
,
t
:
l ...**
+*
. . . . . . . ...-...2
GUINEE BISSA U
f
REP. GUINEE
@ P&U d’appui
0 Station8
76
Annexe 1 b
INSTITUT SENEGALAIS DE RECHERCHES AGRICOLES
DIRECTION DES RECHERCHES SUR
LES PRODUCTIONS PORESTIERRS
STATION DE THIENABA
Echelle : 1 / 1000
E s s a i s antitrans
Sclerocarya
1986 et 1 9 8r;
birrea
LEGENDE
(1987)
Essals antltranspirants
Faidherbia albida
1986
7..- ~IlIl~,~. ..-0 0 3
Exp. A : ANTlTRANSPIRANT SEUL
Exp. B : ANTIPRANSPIRANT +
I I Parkia biRl&ma
DANS LE TROU DE PLANTATION
(1987)
2 3
Exp. C : AN-l’ITRANSPIRANi + WDRORETENTEUR
DANS DEUX PUITS LATERAUX
TRA- 1 : Support lunique seul (2 liwa pu mou)
+k
TRAKEMENl- 0 : Thoin (saur produit)
TRA- 2 : Acide urniqus seul (13 S par mm)
TRAITEMENT 3 : Acide usnique + ruppn humiqw (Tl + TZ)
EssaIs antltranspirants semis
Faidhcrbia albîda
1 9 8 6
TRAITEMENT 1 : Acide &iqwa(l,5 pi A 30 M de pmfondour
TRMTEh,ENl. 2 : Ad& usnique SO m (0.75 8) et en surface + 0,75 6
TRAD’EMENT 3 : Acide usaiqua CI surfsœ (1.5 g)
Essals antltranspirants sur Anacardler et Tamarlnler
1987
TRAlTEMEW 0 : Tdmoin (sans produit. sana
sana mosage dhppoinr)
TRA- 1 :
TRA-
Acide
Acide urniqw
ulniqw (1
(1 g) p) 160 cm
160 cm de de profondeur. WI* mnp
1~0sw.e
Adansmia digitata
TRAlTEMENT 2 : Arrosage d&mi~ (6
d’appoint
loir 17 Ii&
limes)
TRAlTEMENT 3 : Arros~~e d’appoint (6 fois 25 lims
litres + acide unique cn solution)
(10) : Profil p6dologique P 10
_
.._-...
x
Essai t-P 339mhiénaba (Sénégal) - 1987 : Anacardium occidentale à 14 mois et culture
intercalaire de niébé (photo : M. CAZET)
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J
ESsai no 339ïFhi6naba (SAnégal) - 1987 : Tamarindus indica & 14 mois et culture
intercalaire de niébé (photo : M. CAZET)
78
ANTITRANSPIRANTS VEGETAUX
DE TYPE REGULATEUR STOMATIQUE
PREMIER RESULTATS DE L’EXPERIMENTATION
CONDUITE A THIENABA (Sénégal) EN 1987 - 1988
SUR ANACARDIER ET TAMARIN-IER
Michel CAZET
Ingénieur de Recherches CTFTICIRAD
en poste d I’ISRA
Direction des Recherches sur les Productions Forestières
RESUME
Dans le cadre de la lutte contre la sécheresse, une nouvelle expérimentation a étk mise
en place à Thiénaba (Sénégal) en 1987, sur deux espèces fruitières de plein champ : Anacar-
dium occidental (anacardier) et Tamarindus indicu (tamarinier). L’objectif principal de cette
expérience était de vérifier que, sur ces deux espbces, l’efficience de l’eau d’arrosage pouvait
être améliorée en utilisant de l’acide usnique, autrement dit, l’emploi de l’acide usnique pouvait
permettre une économie de l’eau utilisk en arrosage de saison sèche.
Mots Ckb : AntitranspiranrJ Arbres fruitiers/Acide usniquel Anacardierl Tamarinier/
Effîcience de l’eau/ Sénégal
56
SUMMARY
TO contribute to the fight against the drought, a new experiment was initiated in
Thienaba (Senegal) in 1987 on two species of fruit trees : Western Anacardium (anacardier) and
Tamarindus indice (tamarinier). The principal objective of this experiment is to verify that
savings in water cari be made if usnic acid is used when watering these two species of trees
during the rainy season.
Key words : Antiperspiration/Fruittrees/UsnicAcid/Anacardier/Tamarinier/Water
efficiencyl Senegal
57
INTRODUCTION
Pour améliorer la résistance des plantes à la sécheresse, le Museum d’Histoire Natu-
relle de Paris mbne, depuis plusieurs annees, des recherches sur les antitranspimts véghaux
du type régulateur stomatique. Apres la phase de laboratoire, des expérimentations en vraie
grandeur ont étC conduites dans différents pays de l’Afrique sahélienne dans le cadre d’un
programme financé par l’Agence de Cooperation Culturelle et Technique (ACCT).
Ces expériences ont débuté en 1982 au Burkina-Faso, sur des cultures de maïs et de
sorgho. Elles ont été poursuivies, à partir de 1984, au Niger, au Mali, au SCnégal et en
Mauritanie, sur une dizaine d’espèces forestières sahéliennes et soudaniennes. L’antitrans-
pirant retenu etait l’acide usnique utilisé, soit sous forme d’usnate d’ammonium seul ou
avec un support, soit sous forme libre mélangée avec du terreau. Pour ces expériences,
l’acide usnique était incorpore au sol avant semis ou au moment de la plantation.
Une synthèse des résultats a fait l’objet d’un ouvrage intitulé “Recherches et appli-
cations dans le domaine des antitranspirants stomatiques” paru en 1986 aux éditions
ACCT dans la collection “Réseaux : Lutte contre la sécheresse”.
Il ressort que l’influence de l’antitranspirant varie selon les espèces, mais que globa-
lement “il augmente, comme cela est sa fonction, l’effïcience de l’eau, ce qui se traduit
par une augmentation de la production de biomasse à l’hectare” (1).
Concernant l’emploi de l’acide usnique comme regulateur stomatique .en sylviculture,
l’auteur concluait que, “si l’acide usnique réduit la transpiration de 30 %, son emploi est
tout à fait justifié lorsqu’il s’agit de plantations arrosées, car le transport de l’eau coûte
toujours extrêmement cher”. Dès lors, son emploi est doubIement justifié en zone sahé-
lienne où l’eau n’est disponible qu’en quantité souvent très limitee.
C’est dans cette optique qu’un essai a été mis en place à Thiénaba en 1987, sur deux
espèces fruitières de plein champ : Anacardium occidentale (anacardier) et Tamarindu
indica (tamarinier). L’objectif principal de cet essai était de verifier que, sur ces deux
espèces, l’efficience de l’eau d’arrosage pouvait être amelio& en utilisant de l’acide us-
nique, autrement dit que l’emploi de l’acide usnique pouvait permettre une economie de
l’eau en arrosage de saison sèche.
Cette experimentation a fait l’objet d’un premier compte-rendu (3). L’analyse des re-
sultats, qui portait d’une part sur les taux de reprise et la croissance des arbres a trois mois
et d’autre part sur le rendement de la culture intercalaire de mil, n’avait pas fait ressortir
d’influente de l’acide usnique placé au fond du trou de plantation sur ces divers parametres.
L’arrosage d’appoint ayant débuté en novembre 1987, il était necessaire d’attendre la fin
de la saison &che pour v&ifier que l’utilisation de l’acide usnique permettait effecti-
vement une Cconomie de l’eau d’arrosage.
58
MATERIEL ET METHODES
Le dispositif en place (annexe îb)
L’expérimentation de 1987 comprend, en fait, deux sous-essais :
l sous-essai no 1 : sur anacardier
l sous-essai no 2 : sur tamarinier.
Pour chaque espèce, quatre traitements étaient testés :
l TO :
Témoin absolu (sans amitranspirant et sans arrosage d’appoint)
l Tl :
Amitranspirant mis en place au fond du trou de plantation (1 g d’acide
usnique par trou)
l T2 :
Antitranspirant en solution dans 100 litres d’eau apport& 6 fois pendant
la saison sèche
* T3 : Arrosage avec 150 litres d’eau pure apportés 6 fois aux mêmes dates
qu’en T2.
Au niveau de chaque sous-essai, ces quatres traitements sont randomisés dans un dis-
positif en blocs complets à 6 répétitions. La parcelle élémentaire est un pla-ccau carré de
16 arbres ; les arbres étant plantés avec un écartement dc 4 m x 4 m. Chaque sous-essai
comprend donc 24 parcelles Clcmentaircs
de 16 arbres, soit 384 arbres occupant une supcr-
ficie de 6 144 m2.
Les conditions d’expbrience
Pluviom&rie
A ThiQaba, 522 mm de pluie ont Cte enrcgistrcs
entre le 12 juillet ct le 5 octobre.
Cette quantité d’eau est supérieure d’environ 20 % à celle relevée depuis 1970 (An-
nexe la).
P6dologie
Des analyses de sols effectuées au centre, Il ressort cssenticllement :
l une nette acidification des sols : pH < 5
l une faible teneur en élcments fins (argile + limon) < 10 % dans I’cssai ana-
cardier, < 7 % dans l’essai tamarinier ;
l une grande pauvreté en maticre organique, phosphore et bases Cchangcablcs :
l teneur en carbone < 1,8 ‘/,’
l teneur en phosphore total < 0,13 ‘/‘O
l teneur en bases Çchangeables
< 1,3 meq/lOO g
Il s’agit donc de sols très filtrants, à faible réserve en eau. Des mesures d’humidite
ncutronique effectuées
à proximité des tubes d’arrosage ont montré qu’un apport de 25 litres
d’eau provoquait un bulbe d’humcctation atteignant 150 m dc profondeur
dans l’essai ana-
cardicr et 2,OO m de profondeur
dans l’essai tamarinier. Ces sols, trés sableux, facilitent
en revanche la pénctration racinairc. Rappelons qu’à l’âge de 4 mois, le systcme racinaire
atteignait en moyenne 1,30 m dc profondeur
pour les deux espkes.
59
Acide usnique et arrosage
Dans cette expbrience, I’acide usnique a 6tC apporté sous forme d’usnate de potassium
soluble dans l’eau :
dans le traitement Tl : l’antitranspirant avait été mélangé a la couche infé-
rieure de rebouchage au moment de la plantation ;
dans le traitement T2 : l’arrosage a été effectué avec de l’eau additionnée
d’acide usnique à raison de 100 litres d’eau et 1 g d’acide usnique par arbre. Cet
apport d’eau a été réalisé 6 fois aux dates suivantes :
l ler arrosage
du 19 au 23 novembre
1987
l 2ème arrosage
du 21 au 23 décembre
1987
l 3ème arrosage
du 03 au 06 février
1988
a 4ème arrosage
du 18 au 23 mars
1988
l 5Cmc arrosage
du 05 au 09 mai
1988
l 6ème arrosage
du 16 au 20 juin
1988
Les deux premiers arrosages ont donc éte effectues à 1 mois d’intervalle, alors que
les suivants sont separes par des periodes d’environ un mois ct demi. L’allongement de
la période d’arrosage avait pour but d’étaler les 6 apports d’eau pendant toute la saison
sèche. A noter qu’en 1988, la saison des pluies ne s’est r6ellemcnt installée que le 30
juillet, seuls 9,7 mm étant tombés à cette date ;
Rappelons que, pour ces deux derniers traitements, l’eau d’arrosage était, non pas
versée au pied des arbres, mais dans une tubulure en PVC placée au moment de la plan-
tation, selon le schéma de la figure 1.
dans le traitement T3 : l’arrosage était effectue aux mêmes dates qu’en
l2, a raison de 3 arrosoirs de 85 litres d’eau par plant et par arrosage.
La dissolution de l’acide usnique dans l’eau d’arrosage était effectuke dans des bassins
de lm3. A chaque arrosage, chaque plant rcccvait deux arrosoirs de 8,5 litres, soit 17 litres
d’eau additionnes de 1,6 g d’acide usnique.
Analyses statistiques
Chaque sous-essai a 6té analyse comme un dispositif en blocs complets randomisés à
un seul facteur au moyen du logiciel STAT ITCF sur microordinateur IBM PC XT. Les
variables mcsurees au niveau de chaque parcelle sont les suivantes :
l SI (%)
: taux de survie a 1 an
l Hl (cm) : hauteur moyenne des arbres du placeau
l Dl (mm) : diametre moyen des arbres du placeau (diametre au collet mesure avec
un pied à coulisse au l/lOe de mm).
60
Figure 1 : Schkma de plantation
tubePVC
-
6 1
pour chaque pamAle, les variables supplementaires suivantes Ont été cakuk?eS :
l SHl
: écart-type sur la hauteur
* CVHl :
SHl/Hl
= coefficient de variation sur la hauteur
@ SD1
: écart-type sur le diamètre
l CVDl :
SDl/Dl : coefficient de variation sur le diamètre
l TSl :
transformée angulaire du taux de survie aprks “correction” des taux
de 100 % par le procédé de BARLETT.
L’analyse a porte sur les variables Sl, TS 1, Hl et Dl. Pour l’essai anacardier, cette
analyse a été effectuée sur le dispositif complet et sur celui obtenu apres élimination de
la répétition no 4 considéree comme aberrante.
En effet, dans cette répétition, les valeurs de Hl et Dl obtenues dans le témoin TO
sont supérieures aux valeurs obtenues dans le traitement T3 où les plants avaient reçu
150 litres d’eau supplémentaires pendant la saison sèche.
Pour chacune des variables analyskes, seront notes :
l l’effet bloc ;
l l’effet traitement ;
l le coefficient de variation résiduel ;
l la puissance a priori de l’essai au seuil de 10 % pour un écart relatif
dx/x=lO% ;
l la puissance a posteriori de l’essai au seuil de 10 %.
RESULTATS - DISCUSSIONS
Analyse de l’essai “antltranspirant sur anacardler”
Taux de survie (Tab. 1 et 2)
Le taux de survie moyen observé à 11 mois est de 97.7 %, ce qui montre la très bonne
adaptation de l’espèce aux conditions de Thiénaba, du moins lorsque la pluviométrie est
bonne et le désherbage correctement réalisé. Les taux moyens observes sur les différents
traitements étaient les suivants :
TO : TCmoin absolu
Sl = 97,9 %
Tl : Acide usnique 21 la plantation
Sl = 95,8 % (- 2,2 %)
T2 : Acide usnique dans 100 litres d’eau
SI = 96,9 % (- 1 % )
T3 : Arrosage avec 150 litres d’eau pure Sl = 100 % (+ 2,2 %)
Les écarts par rapport au témoin sont très faibles. Compte tenu de la faible puissance
de l’essai, ces écarts avaient peu de chance d’être significatifs. Toutefois, I’acide aurait un
très léger effet négatif sur la résistance à la sécheresse, effet qui serait compense par
l ’ a r r o s a g e .
62
Tableau 1 -Essai antitransparant surAnacardiumoccidenfa/e. Plantations du 28
juillet 1987 - Mensurations du 22 juin 1988. Valeurs obtenues sur des piaceaux
de 16 arbres. (Station de THIENABA)
Tableau 2 - Analyse de l’effet des traitements sur les taux de survie à 1 an
Traitements
et paramètres de l'analyse
TO =Témoin absolu
-.
Il =Acide usnique à la plantation (lg/arbre)
95,80
78,20
T2 =Acide usnique en solution + arrosage 16 I/arbre/mois
96.90
79,30
T3 =Arrosage seulement à 24l/arbre/mois
100,00
h , , .,.,I . I
. .
,-.
82,70
rrooaollIte aes ecarts ~71Iocs" IX1
50,oo
49,20
Probabilité des écarts "traitements"
1 a h*
.- -A
,-~.c~:-.-~1 -I- II I
I .I
LuerricienLae variauon aes res1uus
i
4,ou
0, IV
-
Vuissance a priori de l'essai pour nX/X = l()%et ~10%
1 88,OO
74,00
Puissance a postériori de l'essai au seuil de 10 %
Ih
'- 3L
'",OO
3 l,oo
N.B.:
Les valeurs de TS 1 sont obtenues par transformation angulaire des taux de survie S 1 (TS 1 = 100 e k
(S l/lOO) 1/2 après avoir remplacé les taux de 100 % par (100 (n - 1/4) /n) %, n étant le nombre d’arbres
du placeau, soit 16 (procédé de BARLETT).
63
Croissance en hauteur (Tab. 3 et 4)
A l’âge de 11 mois, les plants avaient une hauteur moyenne de 6’7,3 cm. Les moyen-
nes par traitement observées après élimination de la 4ème répétition font apparaître des
différences de 3 à 21 % par rapport au témoin TO :
TO : Témoin absolu
Hl = 63,l cm
Tl : Acide usnique a la plantation
Hl = 659 cm (+ 3 %)
T2 : Acide usnique + arrosage (100 1) Hl = 70,3 cm (+ 10 %)
T3 : Arrosage (150 Varbre)
Hl = 77,l cm (+ 21 %)
L’analyse de variante fait ressortir que seul le traitement T3 a une hauteur signifi-
cativement supérieure à celle du témoin TO. Bien que les traitements T2 et T3 ne soient
pas significativement différents, la différence relative de 10 % observée entre ces deux
traitements n’en reste pas moins grande.
Les coefficients de variation sur les hauteurs à 1 an sont importants (CVH = 29 %)
et dénotent une forte variabilité du milieu et/ou du matériel végétal. On notera toutefois
que lYca.rt-type sur les hauteurs est à peu prés constant pour Tl, T2 et T3 (183 à 18,8),
mais qu’il est plus important pour TO (SH = 22,8). Il semblerait donc que I’adjonction de
l’acide usnique et/ou l’arrosage ait un effet homogénèisant sur la hauteur.
Croissance en diam&re (Tab. 5 et 6)
Le diamètre moyen au collet relevé sur l’ensemble de l’essai est de 24,6 mm, Les moyen-
nes par traitement font apparaître des écarts par rapport au témoin qui sont du même ordre
de grandeur que sur les hauteurs :
TO : Temoin absolu
Dl = 22,7 mm
Tl : Acide usnique à la plantation
Dl = 23,5 mm (+ 4 %)
T2 : Acide usnique + arrosage (100 1) Dl = 254 mm (+ 12. %)
T3 : Arrosage à 150 Varbre
Dl = 27,9 mm (+ 23 %)
Là encore, seul le traitement T3 est significativement différent du témoin TO et on
notera une différence d’environ 10 % entre T2 et T3 qui reste importante.
Le coefficient de variation moyen observé sur le diamètre est de 19 %. Comme sur
les hauteurs, on notera le rôle homogCneisant de l’acide usnique et./ou de l’arrosage sur
la croissance en diamètre.
Conclusion de l’essai “Antitranspirant sur Anacardier”
Pas plus l’amitranspirant que l’arrosage n’ont eu d’influente notable sur le taux de
survie d’Anacardium occidentale. Ce taux, toujours supcrieur a 95,8 %, montre la
bonne adaptation de cette espèce aux conditions de Thiénaba, au moins en 1987.
L’action de l’acide usnique et/ou de l’arrosage est identique sur la croissance en hauteur
et la croissance en diamètre, ce qui laisse supposer une bonne corrélation entre ces deux
caractères. L’acide usnique aurait un effet relativement modeste sur la croissance de cette
espéce qui serait, en revanche, plus sensible a l’arrosage comme en témoigne I’écart d’en-
viron 10 % entre les traitements T2 et T3.
6 4
Tableau 3 - Essai antitranspirant sur Anacardium occidentale. Plantations du 28
juillet 1987 - Mensurations du 22 juin 1988. Valeurs obtenues sur des
placeaux
de 16 arbres. (Station de THIENABA)
Tableau 4 - Analyse de l’effet des traitements sur la hauteur a 1 an
rnitements et prram&res de l’analyse
1 Hl (cm) 1 Hl*(cm)
TO = Thoin absolu
64,lO
63,!LJO
Tl = Acide usnique h la plantation (lghrbre)
64~
65.90
T2 = Acide urnioue a rnlutim +
16 Ilarhrehnoir
fl7 f3-l
7fl7n
Hl* = valeurs obtenues apr5.s élimination de la r&?tition 4 Cjugée aberrante puisque TO > ‘ES)
65
Tableau 5 - Essai antitranspirant sur Anacardium occidentale. Plantations du 28
juillet 1987 - Mensurations du 22 juin 1988. Valeurs obtenues sur des piaceaux
de 16 arbres. (Station de THIENABA)
Tableau 6 - Analyse de l’effet des traitements sur le diam&re au collet à 1 an
variation des rhidus
%
83
1.60
Puissance a priori de l’essai pour Ax/x = lO%et
a =10%
%
,
4 2
4 0
Puissance a posthiori de I’essai s.u seuil de 10 %
%
!N
9 4
Dl* = valeurs obtenues après élimination de la répétition 4 (jugée aberrante puisque TO > T3)
6 6
Pour cette espèce dont le rapport poids sec de tige/poids sec de racines est supérieur
à 3 à l’âge de 3 mois, il apparaît donc que l’effet arrosage est prépondérant devant l’effet
antitranspirant.
Analyse de l’essai “antitranspirant sur Tamarinier”
Taux de survie (Tab. 7 et 8)
Pour l’ensemble de l’essai “Antitranspirant sur Tamarinier”, le taux de survie moyen
émit de 953 % à 11 mois. Les taux moyens observés sur les 4 traitements étaient les
suivants :
TO : Témoin absolu
Sl = 94,8 %
Tl : Acide usnique à la plantation
Sl = 92,3 % (- 25 %)
T2 : Acide usnique dans 100 litres d’eau
Sl = 94,8 % (+ 0 % )
T3 : Arrosage avec 150 litres d’eau pure
Sl = 99 %
(+ 4,2 %)
LB encore, les écarts par rapport au témoin sont faibles et non significatifs. On notera
nkanmoins une grande similitude avec l’essai “antitranspirant sur Anacardier”, à savoir un
tres léger effet négatif de l’antitranspirant (- 2 %) compensé par l’arrosage.
Croissance en hauteur (Tab. 9 et 10)
La hauteur moyenne atteinte a 11 mois était de 49 cm avec toutefois des différences
importantes entre les traitements :
TO : Témoin absolu
Hl = 40,5
Tl : Acide usnique à la plantation
Hl = 425 (+ 5 %)
T2 : Acide usnique dans 100 litres d’eau
Hl = 55,5 (+ 37 %)
T3 : Arrosage avec 150 litres d’eau pure
Hl = 57,5 (+ 42 %)
De l’analyse de ces résultats, on peut tirer les conclusions suivantes :
0 l’acide usnique, à raison de 1 g/arbre, placé au moment de la plantation, n’amé-
liore que de 5 % la croissance en hauteur à 11 mois. Si la faible puissance de
l’essai (33 % pour un écart relatif de 10 %) ne permet pas de considérer cet
écart comme significatif, cette différence confirme le léger effet améliorant de
l’acide usnique ;
8 l’arrosage en saison sèche avec 100 litres d’eau additionnés de 1 g d’acide us-
nique par arbre améliore tres significativement la croissance en hauteur
(+ 37 % par rapport au témoin TO, + 31 % par rapport au traitement Tl) ;
0 l’arrosage en saison sèche avec 150 litres d’eau par arbre (sans acide usnique)
améliore la croissance en hauteur de 42 % ;
0 l’écart entre T2 et T3 est inférieur à 4 % et non significatif.
Ainsi, avec Tamarinier, un arrosage avec 100 litres d’eau additionnes d’acide usnique
entraîne un gain de croissance en hauteur de 37 % à 11 mois, inférieur de 12 % seulement
au gain de croissance produit par un arrosage de 150 litres d’eau pure.
67
Tableau 7 - Essai antitransplrant sur Tamarindusindica. Plantations du 28 juillet
1987 - Mensurations du 21 juin 1988. Valeurs obtenues sur des placeaux de 16
arbres.
(Station de THIENABA)
t
Ttl
R6
1 81,201
64,301
81,20
Moyennes
1 94.80 1
-
1 92,70
Tableau 8 - Analyse de l’effet des traitements sur le taux de survie a 1 an
Traitements et oaramï?tres de I’analvse
TU = Témoin absolu
[ 94,801
77,401
N.B.
Les valeurs de TSl sont obtenues par transformation angulaire des taux de survie
(TSl = 100 arc s~(Sl/lOO) 1/2 apr&s avoirremplac6 le taux de 100 % par (100 (n-1/4)/n) %, nktant le
nombre d’arbres du placeau, soit n = 16 (procéde. de BARLETT).
68
Tableau 9 - Essai antitranspirant sur Tamarindus indica. Plantations du 28 juillet
1987 - Mensurations du 21 juin 1988. Valeurs obtenues sur des
placeaux de 16
arbres. (Station de THIENABA)
Tableau 10 - Analyse de l’effet des traitements sur la hauteur & 1 an
6 9
Croissance en ciiambtre (Tab. 11 et 12)
A l’âge de 11 mois, le diamètre moyen atteint par les plants sur l’ensemble de l’essai
était de 9,3 mm. Les diamètres moyens observés sur les quatre traitements étaient les
suivants :
TO : Témoin absolu
Dl = 7,0 mm
Tl : Acide usnique à la plantation
Dl = 8,O mm (+ 14 %)
T2 : Acide usnique dans 100 litres d’eau
Dl = 11,0 mm (+ 57 %)
T3 : Arrosage avec 150 litres d’eau pure
Dl = 11,3 mm (+ 61 %)
L’influence des traitements sur la croissance en diamètre confirme les constatations
faites sur les hauteurs :
0 l’acide usnique placé dans le trou de plantation (Tl) améliore de 14 % la crois-
sance sur le diamètre. Là encore, la faible puissance de l’essai (27 % pour un
écart relatif de 10 %) n’a pas permis de faire ressortir une différence signifi-
cative entre ces deux traitements. Néanmoins, l’influence de l’acide usnique sur
la croissance en diamètre est loin d’être négligeable ;
8 l’arrosage de chaque arbre avec 100 litres d’eau additionnés de 1 g d’acide us-
nique provoque une amélioration de la croissance en diamètre hautement signifi-
cative (+ 51 % par rapport au témoin et + 38 % par rapport au traitement
TU ;
8 l’arrosage des arbres avec 150 litres d’eau pure a entraîné une augmentation de
la croissance en diamètre de 61 % par rapport au témoin ;
0 la différence entre le diamètre moyen du traitement T2 et celui du traitement
T3 est inférieure à 3 % et non significative.
Ainsi, et mieux encore que cela avait Cte observé avec la croissance en hauteur, la crois-
sance en diamètre obtenue avec un arrosage à 150 litres est du même ordre de grandeur
(a 3 % près) que la croissance obtenue avec un arrosage réalisé avec 1/3 d’eau en moins
et addition d’acide usnique.
Conclusion de l’essai “Antitranspirant sur Tamarinier”
Concernant la résistance à la sécheresse, les observations vont dans le même sens que
celles qui avaient été faites sur l’anacardier, a savoir un trbs léger effet négatif de l’antitrans-
pirant sur le taux de survie à 1 an compensé par l’arrosage. Par contre, pour le tamarinier,
l’influence très bCn6fique de l’antitranspirant apparaît cette fois très nettement. Appliqué
au moment de la plantation, il ameliore de 6 % la croissance en hauteur et de 14 % la
croissance en diarrktre. Additionné à l’eau d’arrosage a la dose de 100 litres par arbre,
il entraîne des gains de croissance qui sont du même ordre de grandeur que ceux qu’on
obtient avec un arrosage a l’eau pure a la dose de 150 litres par arbre, soit avec T2
(+ 37 % sur la hauteur et + 57 % sur le diamètre) et avec T3 (+ 42 % sur la hauteur
et + 61 % sur le diamètre).
Autrement dit, les gains de croissance observés dans T3 ne sont jamais supérieurs a
4 % a ceux qu’on relève dans T2, alors qu’on a utilisé 50 % d’eau en plus.
70
Tableau 11 - Essai antitranspirant sur Tamarindus Indica. Plantations du 28
juillet 1987 - Mensurations du 21 juin 1988. Valeurs obtenues sur des placeaux
de 16 arbres. (Station de THIENABA)
l
T O
I
l
n
2
Rbitiliont
1
Dl 1
SD ] CVD 1
D, 1
SD
1.3 zl
CVD
D l
R l
I
4.901
l.SOl
0,371
6.6Ol 16
0
10.30
p2
1
5,701
1,701
o,%l
5,501
0241
SS0
2,OOj
0.24,
01
1201
0.101
6,001
1.7
0,281
9,fA
330
01
1.901
0.231
10,WI
2,7
0,271
Il,60
2.301
0,201
11,2[
llJO/
2,801
0251
9,101
251
0,271
15,OQ~
2,201
0.~1
10,9Ql
3.31
0,211
10,701
2,
3.601
0,341
12,7r
4,lOT
0.321
lO,41
0.29
9.001
1.901
031
8.001
2.21
025l
11.00~
2.601
0.241
11.31
3,001
0,261
9.31
0.26
Tableau 12 - Analyse de l’effet des traitements sur le diambtre à collet h 1 an
71
Avec lc tamarinier, espèce dont le rapport poids sec des tiges/poids sec des racines
était inférieur à l’unite à l’âge de 3 mois, l’utilisation de l’acide usnique permet donc d’écono-
miser environ le tiers de l’eau utilisée pour l’arrosage de saison sèche.
CONCLUSION SUR L’EFFET ANTITRANSPIRANT 1987
En 1986, l’influence de l’acide usnique, associé ou non à un support humique et/ou
à un hydrorétenteur, avait été testée à la Station de Thiénaba sur des semis et des jeunes
plantations de Faidherbia albidu. L’analyse des résultats avait montre que l’acide usnique
avait un effet plutôt défavorable sur le taux de reprise mais un effet bénéfique sur la crois-
sance juvénile (2). Ces résultats sont confirmés dans l’expérience de 1987, avec toutefois
des différences de reponses selon l’espke :
a - sur Anacardium occidentale
L’effet négatif de l’acide usnique sur :le taux de survie, s’il existe, ne dépasserait guère
2 % et il serait compensé par l’arrosage. Avec cette espèce, dont la biomasse aérienne est
environ trois fois la biomasse racinaire à 3 mois, l’acide usnique semble avoir un effet
relativement faible sur la croissance (+ 3 % sur la hauteur, + 4 % sur le diamètre). Aussi,
dissous dans l’eau d’arrosage, son effet améliorant est masqué par l’effet ,de l’arrosage. La
réponse de l’anacardier a un arrosage d’appoint semble en effet plus proportionnelle à la
quantité d’eau apportée en saison sèche. Ainsi, avec une dose de 100 litres d’eau additionnés
d’acide usnique, l’amélioration de la croissance à 1 an est de + 10 % sur la hauteur et
+ 12 % sur le diamètre, tandis qu’avec une dose de 150 litres sans acide usnique, le gain
de croissance est pratiquement doublé avec + 21 % sur la hauteur et + 23 % sur le diamètre.
Compte tenu de la surface foliaire très importante développk par l’anacardier, il est
donc probable que la dose d’acide usnique employce (1 g par arbre) était insuffisante pour
avoir un effet significatif sur sa croissance.
b - sur Tamarindus indica
L’effet légèrement dépressif de l’acide usnique sur la résistance semble confirmer, tout
en restant très modeste (- 2 %) et donc pratiquement négligeable. Par contre, avec cette
espèce dont la biomasse racinaire à 3 mois est supcrieure à la biomasse aérienne, l’acide
usnique favorise très nettement la croissance.
Utilise seul, l’acide usnique améliore de 6 % la croissance en hauteur et de 14 % la
croissance en diamètre, soit une amclioration de la biomassc aérienne qui dépasse pro-
bablement 30 %. Utilisé en solution dans l’eau d’arrosage, on aboutit à des gains de crois-
sance de 37 % sur la hauteur et 57 % sur Ic diametre. Ces gains de croissance sont compa-
rables à ceux qu’on obtient en augmentant la dose d’arrosage de 50 % sans addition d’acide
usnique (+ 42 % sur la hauteur, + 61 % sur le diamctre).
Autrement dit, l’utilisation de l’acide usnique en solution dans l’eau d’arrosage permet
d’économiser environ le tiers de la dose d’eau pour un gain de croissance comparable.
Ainsi, cette expkience en vrai grandeur confîrmc les resultats obtenus en laboratoire :
en conditions de déficit hydrique, l’acide usniquc, cn rcduisant d’environ 30 % la transpi-
ration, améliore l’efficience dc I’cau disponible, ce qui SC traduit par une augmentation de
72
la biomasse produite sur une même surface. L’emploi de l’acide usnique trouve toute sa
justification*dans le cas de plantation qui n6cessit.e un arrosage de saison skche, comme
c’est le cas en arboriculture fruitière.
Dans toute la zone sahélo-soudanienne, et notamment dans le bassin arachidier séné-
galais, les paysans sont tous demandeurs de vergers fruitiers (agrumes, manguiers et goya-
viers en particulier). Toutes ces espkes ne pouvent être implantées qu’au prix d’un arrosage
de saison sèche pendant les 2 ou 3 premieres ann6es de végétation. Mais les quantités d’eau
disponibles et le temps nt%essaire pour l’exhaure et le transport de cette eau font que, très
souvent, cet arrosage de saison si?che est le facteur limitant l’extension de ces vergers.
L’acide usnique, en permettant d’économiser 1/3 de l’eau d’arrosage, serait en mesure
de favoriser le développement de l’arboriculture fruitière qui pourrait apporter un complé-
ment appréciable au niveau de l’alimentation et du revenu des populations rurales. Compte
tenu de la variation des réponses des differentes espkes perennes a l’emploi de l’acide
usnique, des expt%iences complémentaires devraient donc être poursuivies sur des espèces
fruitières d’intérêt national.
En tous cas, les r6sultat.s obtenus en 1988 à Thiénaba sur le tamarinier nous conduisent
à I’optimisme. +
73
BIBLIOGRAPHIE
1 CARBONNIER, J. et air., 1986 - Recherches et applications dans le domaine des
antitranspirants stomatiques - ACCT - Collection “Réseaux Lutte contre la secheresse.
2 CAZET, M., 1986 - Antitranspirants végétaux de type régulateur stomatique - Ex-
périmentation au Sénégal en 1986 sur Faidherbia albidu - Compte rendu des résul-
tats obtenus en octobre 1986 - DRPF-ISRA/ACCT - 25 pages + annexes.
3 CAZET, M., 1987 - Antitranspirants végétaux de type régulateur stomatique - Ex-
périmentation au Sénégal en 1987 sur Anacardier et Tamarinier - Compte-rendu de
l’expérimentation 1987 - DRPF-ISRPJACCT - 9 pages + annexes.
4 GOUET, J.P. et PHILLIPEAU, G., 1986 - Comment interpréter les résultats dune
analyse de variante ? STAT - ITCF.
5 PHILLIPEAU, G., 1984 - Puissance d’une expérience - ITCF
6 SNEDECOR, G.N. et COCHRAN, W.E., 1984 - Méthodes statistiques ACTA.
74
LISTE DES TABLEAUX
l a
Carte du SENEGAL (isohyètes et situation de la station)
lb
Schéma de l’essai
2
Anacardier : Tableau des taux de survie à 11 mois et analyse de variante
3
Anacardier : Tableau des hauteurs, écarts-types, coefficient de variation sur les
hauteurs et analyse de variante
Anacardier : Tableau des diamètres, écarts-types, coefficient de variation sur
les diamètres et analyse de variante
Tamarinier : Tableau des taux de survie 21 11 mois et analyse de variante
Tamarinier : Tableau des hauteurs, &arts-types, coefficient de variation sur les
hauteurs et analyse de variante
Tamarinier : Tableau des diamètres, écarts-types, coefficient de variation sur
les diamétres et analyse de variante
Planches photographiques.
75
Annexe la
Carte du glissement des isohyètes (mm) au Sénégal
entre les périodes 1951-1967 (--)a& 1968-1985
(------).Bituation
des stations et points d’appui
0
16’
c
e
A
:l .
N
l * l .
150
D
AT
L
14”
A
NT
I
Q
-~__---,.--------------~-l~
Ziguinchor (BaYotb)
:
u
130
E
.+++*****+.*..* . . . . . . . l .+.**,-;*
:
.* .+
+*.*t,.,.
,
t
:
l ...**
+*
. . . . . . . ...-...2
GUINEE BISSA U
f
REP. GUINEE
@ P&U d’appui
0 Station8
76
Annexe 1 b
INSTITUT SENEGALAIS DE RECHERCHES AGRICOLES
DIRECTION DES RECHERCHES SUR
LES PRODUCTIONS PORESTIERRS
STATION DE THIENABA
Echelle : 1 / 1000
E s s a i s antitrans
Sclerocarya
1986 et 1 9 8r;
birrea
LEGENDE
(1987)
Essals antltranspirants
Faidherbia albida
1986
7..- ~IlIl~,~. ..-0 0 3
Exp. A : ANTlTRANSPIRANT SEUL
Exp. B : ANTIPRANSPIRANT +
I I Parkia biRl&ma
DANS LE TROU DE PLANTATION
(1987)
2 3
Exp. C : AN-l’ITRANSPIRANi + WDRORETENTEUR
DANS DEUX PUITS LATERAUX
TRA- 1 : Support lunique seul (2 liwa pu mou)
+k
TRAKEMENl- 0 : Thoin (saur produit)
TRA- 2 : Acide urniqus seul (13 S par mm)
TRAITEMENT 3 : Acide usnique + ruppn humiqw (Tl + TZ)
EssaIs antltranspirants semis
Faidhcrbia albîda
1 9 8 6
TRAITEMENT 1 : Acide &iqwa(l,5 pi A 30 M de pmfondour
TRMTEh,ENl. 2 : Ad& usnique SO m (0.75 8) et en surface + 0,75 6
TRAD’EMENT 3 : Acide usaiqua CI surfsœ (1.5 g)
Essals antltranspirants sur Anacardler et Tamarlnler
1987
TRAlTEMEW 0 : Tdmoin (sans produit. sana
sana mosage dhppoinr)
TRA- 1 :
TRA-
Acide
Acide urniqw
ulniqw (1
(1 g) p) 160 cm
160 cm de de profondeur. WI* mnp
1~0sw.e
Adansmia digitata
TRAlTEMENT 2 : Arrosage d&mi~ (6
d’appoint
loir 17 Ii&
limes)
TRAlTEMENT 3 : Arros~~e d’appoint (6 fois 25 lims
litres + acide unique cn solution)
(10) : Profil p6dologique P 10
_
.._-...
x
Essai t-P 339mhiénaba (Sénégal) - 1987 : Anacardium occidentale à 14 mois et culture
intercalaire de niébé (photo : M. CAZET)
-
._
,.- -.., .--. .,_-_ ..“_“.
-“,.. ,_-.. ..-._ ..-. ..“-.
__.,
J
ESsai no 339ïFhi6naba (SAnégal) - 1987 : Tamarindus indica & 14 mois et culture
intercalaire de niébé (photo : M. CAZET)
78