3 GEOGRAPHIE DE L’ESTUAIRE DE LA CASAMANCE ...
1 3
GEOGRAPHIE DE L’ESTUAIRE DE LA CASAMANCE
E'.S. DIO"F'l), J. PAGI:S(2)et J..L. SAOS(3)
--
---
(1) Chercheur au Centre de Recherches Oceanographiques de Dakar-Thiaroye,
(ICY\\) , BP. 2241 - Dakar (Sénésal).
(21 Chercheur de L'ORSTOM en poste au Centre de Recherches O&ianographiques
de Dakar-Thiaroye (ISW), fw. 2241 - Dakar (Sénégal).
(3) Chc.rcheur au Centre ORSTOM, BP 1386, Dakar, Sénégal.

1 4
R E S U M E
La Casamance est un petit fleuve du sud du Sénégal
pourvu d’un vaste estuaire.
La partie aval est bordée de mangrove., alors qu’en
amont se localisent les roselières.
Actuellement,
à cause d’une sécheresse persistante,
la mangrove et les roselières sont en déclin.
En ce qui concerne les aspects
géologiques 9 les
principales phases de la formation de l’estuaire de la
Casamance ont eu lieu durant le quaternaire.
La largeur et I.a profondeur du fleuve diminuent de
l’aval vers l’amont.
Le climat est caractérisé par :
- une alternance d’une saison humide et d’une sai-
son sèche.
- une grande variation interannuelle de 3.a pl.uvio-
métrie s
A B S T R A C T
Casamance is a small river with a vast
estuary,
located in the south of Senegal.
Mangrove is present downstream, and upstream grow
Phragmites.
NO~, because of a persistant drought,both mangro-
ve and Phragmites decline.
Concerning the geological aspects, the main pha-
ses of the formation of Casamance es.tuary
took p l a c e
during the quaternary.
The width and t.he depth of the river decrease frcm
downstream to upstream.
The climate is characterized by :
-- an alternation of a wet and a dry season.
-- a great interannual variation of rainfall,

1 5
I N T R O D U C T I O N
La Casamance est un fleuve côtier situé au sud du Sénégal, coulant d’est
en ouest * L’estuaire a une longueur de 220 km,
Nous évoquerons ici :
- la géologie
- l’hydrographie,
- la bathymétrie,
- la sédimentologie,
- et enfin la climatologie.
1 . LA
G E O L O G I E
Au quaternaire, le Sénégal présente quatre grands golfes dont le plus mé-
ridional est celui de la Casamance (MICHEL, 1960); lors de la transgression
Xouakchotienne dont le maximum se situe vers 5 500 B.P., la mer s’étale sur une
laroeur de 75 km entre le
Diouloulou et la frontière de Guinée Bissau puis
$net re dans les vallées du fleuve et de ses divers affluents (Soungrougrou ,
Baïla, Bignona, Kamobeul...).
Cette transgression avait porté le niveau de la mer a plus d’un mètre
au-dessus du niveau actuel. Durant cette période, la sédimentation est essen-
tiellement marine. La mer a laissé des dépôts sableux qui forment des ter-
rasses et qui constituent parfois des îlots au milieu des alluvions plus ré-
centes.
Après le Nouakchottien un courant N S
de dérive littorale ferme le Golfe
de la Casamance vers 3900 -
3500 B.P. par une série de cordons littoraux.
Ces derniers auront pour effet de réduire les apports marins et de ralentir
l’évolution morphologique.
C’est vers 1500 B.P. que la Casamance prend sa forme actuelle (MARIUS,
1985).
L’histoire géologique de la Casamance a eu un impact important sur son
hydrographie (VIEILLEFON, 1977).
2 . L’ H Y D R O # G R A P H I E
La Casamance prend sa source dans les environs de Fafacourou (fig. 1)
situe à une cinquantaine de km au NE de Kolda où se réunissent de nombreux
petits marigots (SECK,
1955). Ces derniers s’assèchent en pleine s.sis0.n sèche.
Près de Kolda, le fleuve est encaissé dans des dépôts sableux et n’a
qu’une cinquantaine de mètres de large.
En aval de Diana-Malari,
la Casamance s’élargit petit à petit : 2 km
en amont de Séfa.
E:n aval d’Adéane le fleuve, large d’environ 4 km, se resserre près de
Ziguinchor (640 m au niveau du Pont Emile Badiane)avant de s’élargir encore
vers 1'emhnr~churc C)?I il pr>ut atteindre 8 km.

--

-.-

1
-i\\.
c

16

1 7
La partie occidentale de la Casamance présente un vaste reseau de "belons"
et un grand développement de la mangrove (BADIANE,
1984). Tout à fait en amont,
on observe des roselières. Mangroves et roselières sont en déclin du fait
de la sécheresse.
Le principal affluent de la Casamance est le Sounqrougrou.11 est également
formé par la réunion de plusieurs marigots qui prennent naissance dans la
région de la forêt de Pata. Comme la Casamance, sa pente est faible. Sa lar-
geur reste inférieure à celle de la Casamance,
cependant elle dépasse souvent
1 km dans sa portion médiane.
Signalons enfin l'existence d'une marée semi-diurne dont l'amplitude di-
minue de l'aval vers l'amont (BRUNET-MORET, 1970) : elle est de 169 cm à
l'embouchure et de 52 cm à Ziguinchor.
3 . LA
B A T H Y M E T R I E
On note la présence d'un chenal qui va de l'embouchure à Séfa. D'une
manière générale, la profondeur du chenal diminue de l'aval vers l'amont
(fig. 2) . La profondeur maximale est d'environ 20 m. A Adéane, le chenal
est interrompu par des hauts-fonds.
Par ailleurs, le chenal large dans la partie aval du fleuve (plus de
1500 m à Pointe Saint Georges) se rétrécit vers l'amont.
4 . LA
S E D I M E N T O L O G I E
De 1"embouchure à Adéane, on distingue trois grandes zones sédimentolo-
giques :
- De Djogue à Pointe Saint-Georges, le taux des lutites ((63 prnj est
souvent inférieur à 20 %. Les sables sont bien classés, présentant des courbes
de fréquence unimodales ; les grains,
en majorité émoussés et luisants, ont
un diamètre moyen de 0,250 mm. Dans cette zone une station située au niveau
de Karabane se singularise par le fait que le taux de lutites est supérieur
;i S6 %.
- Entre Pointe Saint Georges et Ziguinchor,
les sédiments sont plus hé-
térogènes. La granulométrie montre des courbes plurimodales. Là également
une station située au niveau de la bouée 13 présente un taux élevé de lutite.
- Dans la partie comprise entre Ziguinchor et Adéane, les éléments fins
dominent. Les sables et les graviers ne représentent plus que 1 à 15 %
du sédiment.
Les stations plus en amont présentent un sédiment entièrement anoxique
de vases molles,
D'une manière générale, la teneur en matière organique est assez Clevee
dans la mesure où elle dépasse 20 % dans certains cas; le taux de sedimen-
tation actuel paraît très faible.
5 . LE
C L I M A T
La Casamance a un climat de type tropical subguinéen caractPrisé par l'nl-
tcrnance d'une saison sèche et d'une saison humide.

.
,
I.
Fig. 2.- (D'après DEBENAY, 1984). Carte ie situatio:? et profils
bathymétriques.

1 9
- Pluviométrie et saison humide (fig. 3 et 4 b)
Jusqu’en 1968, la pluviométrie moyenne annuelle était d’environ 1500 mm.
Depuis, on note une tendance à la diminution avec des périodes de grande sé-
cheresse(l968, 1972, 1977, f980 et 1983).
En examinant les pluviométries moyennes annuelles, on constate une ten-
dance à la réduction des précipitations du sud au nord et d’ouest en est.
Habituellement,
la saison des pluies durait cinq mois (juin, juillet,
août, septembre et octobre). Mais ces deux dernières décennies, on note sur
l’ensemble de la région une contraction de l’hivernage qui ne dure plus; que
quatre voire trois mois certaines années.
- Les températures (fig. 4 a)
Les températures présentent des variations saisonnières d’amplitude rela-
tivement faible. On distingue :
- une saison fraîche (novembre à mars) qui subit l’influence des masses
d’air boréales. Durant cette période > les températures moyennes mensuelles
sont de l’ordre de 23-26°C.
- une saison chaude qui débute en mai avec l’installation de l’air austral
chaud. Les températures moyennes sont de l’ordre de 27-29°C.
- Les vents (fig. 5)
Les vents de secteur ouest sont dominants toute l’année. Cependant en
saison fraîche on note également des vents de secteur N-E,
Ces deux types de vent sont rarement forts et tombent souvent avant minuit,
Les seuls vents forts sont associés aux tornades et viennent du secteur S-E ou S.
I.1 semble que les vents soient plus forts en aval de Ziguinchor qu’en amont.
- L’évaporation (fig. 4 b)
L’évaporation.est souvent importante. Le maximum se situe en février (en-
viron 150 mm) et le minimum en juillet (de l’ordre de 50 mm). Ce parametre
joue un rôle important dans l’évolution actuelle des écosystèmesde la Casamance,
car il est responsable en grande partie de l’augmentation de la salinité du
fleuve pendant les périodes de déficit pluviométrique par concentration de
l’eau de mer.
En conclusion, nous soulignerons l’instabilité qui caractérise les éco-
systèmes de la Casamance. A l’heure actuelle, la Casamance est le théatre
d’importantes modifications et l’on ne sait pas dans quel sens elle va évoluer.
Une bonne connaissance du fonctionnement des écosystèmes est nécessaire pour
la mise en valeur et la gestion des ressources.

Fig. 3.- Pluviométrie a Ziguinchor de 1920 ?I 1984
Saison froide
Saison chaude
J F M A
4-j
.J A S OIN D
m m .
500
K L K
8.
ZCH
a
Fig. 5.- Régime moyen des vents
à Ziguinchor.
Fig. 4.- Variations de quelques paramètres
climatiques à Dakar, Kaolack et
Ziguinchor.

2 1
B I B L I O G R A P H I E
BADIANE (S.), 1984.- Contribution à l'étude de l'écosystème mangrove en
Basse Casamance. Mémoire de confirmation. Dakar, CNRF, 135 p.
BRUNET-MORET (Y.>, t970.- Etudes hydrologiques en Casamance. Rapport dClfi-
nitif. ORSTOM, Paris, 52 p. + 103 fig. h.t.
DEBENAY (J.P.), 1984.- Distribution écologique de la microfaune benthique
dans un milieu hyperhalin : les foraminifères du fleuve Casamance (Sénégal).
Dot. scient. Cent. Rech. Océanogr. Dakar-Thiaroye, 95 : 18 p.
MARI~S K.), 1985.- Mangroves du Sénégal et de la Gambie : écologie, pédologie,
géochimie, mise en valeur et aménagement. ORSTOM, Paris, 357 p*
MICHEL (P.), 1960.- Recherches géomorphologiques en Casamance et en Gambie
méridionale, BRGM, Dakar, 64 p.
SECK (A.), 1955.- La moyenne Casamance : étude de géographie physique.
Revue de Géographie alpine, Tome XLIII, Fascicule IV :707-755.
VIEILLEFON, 1977.- Les sols des tannes de Basse-Casamance. Mém. ORSTOM,
no 83, 29 p.

--...---.-A
----
--*I*I-
UIs.R”s.--III-~-.ly-_.“_.
._
.<.---__
--
2 2
D I S C U S S I O N
Après l'exposé, deux discussions s'engagent :
1). Importance des superficies des zones adjacentes aux eaux libres
(roselières, mangrove) qui feront prochainement l'objet d'études à partir de
photos aériennes et de scènes du satellite Spot.
2). Etat actuel des connaissances hydro-géologiques dans la région :
- évolution récente de la piézométrie et d<? la salinit6 des nappes,
problèmatique d'un traçage par radio-activité pour étudier les échanges
nappe - bolon.
Existence d'études piézomktriques en cours (Soungrougreu et amont
de la Casamance).
- problème de la salinisation accélérée des sols et des effets
cumulatifs. M. Le BRUSC fait état d'observations récentes d'écoulement
des nappes vers les terrasses alluviales sur le bolon de Koubalan.