V A R I A B I L I T É D E S R E N D E M E N T S E...
V A R I A B I L I T É D E S R E N D E M E N T S E N A L B A C O R E (THUNNUS ALBACARES)
E T L I S T A 0 (KATSUWUNUS PELAMIS) E N R E L A T I O N A V E C L E S A N O M A L I E S
INTERANNUELLES DE LA TEMPÉRATURE DE SURFACE
(/‘!OTE P R É L I M I N A I R E )
P&
P . CAYRÉ ct Ce. ROY
t@bmgm.ph~ d e L’ORSTOM, en &xwtian a u Centrte d e Rechmch~
ucé~0gt.&-iquti de Mk~~-~kCah~yc-, BP 2241, DAKAR (SENEGAL)
R E S U M E
Les relations entre la variabilité inter-annuelle de
la température de surface et les rendements en albacore
(Thunnus aZbaeares) et listao (Katswonus pe&zmis) de la
flottille FISM (France, Côte d'ivoire, Sénégal et Maroc )
opérant dans l'Atlantique tropical Est sont étudiés
ici.
Deux strates spatio-temporelles ont été retenues (Sénégal
et Côte d'ivoire),
toutes deux caractérisées par le déve-
loppement saisonnier d'un upwelling et d'une période de
pêche intensive. On montre que la distribution des PUE de
yellowfin,en fonction des anomalies de température de sur-
face, de 1969 à 1981, est aléatoire , exceptée pour
les
fortes anomalies thermiques qui semblent toujours se tra-
duire par une baisse sensible des PUE.Une interprétation,
basée sur l'impact de l'environnement sur le comportement
et la capturabilité de l'albacore est proposée.
A B S T R A C T
This paper gives an analysis of the relationship bet-
ween inter-annual sea surface temperature variability
and
the yellowfin (Thunnus albctcares) and skipjack (Kat,su.Jonus
pelamis) yield ( CPUE 1 for the FISM fleet ( France, Ivory
Coast, Senegal and Morocco) operating in the eastern
tro-
pical Atlantic. Two time-area strata have been used ( Se-
negal and Ivory Coast) both characterized by the seasonnal
occurence of an upwelling and an intensive fishing period.
It is shown that the yellowfin CPUE distribution as a func-
tion of sea surface temperature anomalies , from
1969 to
1981, is random, except for strong thermal anomalies which
always seem to cause significant decrease in the G?UE. An
interprétation based on the behaviour and the catchability
of the yellowfin is proposed.

4 2
1 .
I N T R O D U C T I O N
Si de nombreux auteurs se sont intéressés aux relations existant entre
la température de surface et les prises ou les rendements des flottilles
thonières dans les trois océans (BLACKBURN, 1965 , GALLARDO et LE GUEN,
1972 ; STRETTA, 1977 ; BAGES et FONTENEAU, 1979 ; SHARF,, 1983 ; EVANS et al.
-
-
1980 ; SUND-et yl., 1981 ; STRETTA et SLEFOUKA, 1983), les relations entre
la variabilité Inter-annuelle du champ thermique de surface et les rendements
de ces pêcheries ont été à ce jour peu étudikes.
Dans le Pacifique, des phénomènes tels que "El Nino" ont montré l'im-
portance de l'impact de la variabilité inter--annuelle de l'océan sur la bio-
masse (SHARP et CSIRKE, 1983). En Atlantique,, à l'inverse du Pacifique, l'am-
plitude de la variabilité inter-annuelle est faible comparée à celle de la
variabilité saisonnière ; néanmoins elle peut atteindre une amplitude signi-
ficative (1 à 2 degré Celcius), notamment dans les zones d'upwelling : à
l'équateur, devant la Côte d"Ivoire et le long du littoral sénégalo-maurita-
nien (MERLE, 1980, SERVAIN et al., 1985)
-
-
La répartition spatio-temporelle des captures de thons dans l'Atlantique
tropical est soumise à d'importantes variations saisonnières. Les fortes
concentrations de thons observées devant la Côte d'ivoire, devant le Cap
Lopez ou à l'équateur apparaissent à une époque de l'année ou la production
biologique,
sous l'action d'un upwelling côtier ou océanique, est maximale.
MENDELSSOHN et ROY (1983) ont montré que l'évolution spatio-temporelle des
captures d'albacore et de listao dans l'Atlantique tropical-Est était forte-
ment corrélée à la propagation de l'upwelling le long des côtes du Golfe de
Guinée. Devant le littoral sénégalo-mauritanitan,
de fortes concentrations de
thons, exploitées principalement par des senneurs, apparaissent de La mi-
mars au mois de juin, période pendant laquelle: l'upwelling côtier tend à se
résorber. Ces régions dans lesquelles une par-r. importante des captures des
flottilles thonières opérant en Atlantique tropical est réalisée correspon-
dent également à des zones oil la production biologique est intense et où la
variabilité thermique inter-annuelle est importante. Sur les figures 1 et 2,

4 3
quelques exemples de la distribution saisonnière des prises d’albacore et de
lista0 sont présentés ;
il apparait clairement sur ces figures que la distri-
bution spatiale des captures est fortement liée à des entités océanographiques
saisonnières : upwelling ivoiro-ghanéen devant le Cap des Trois Pointes
(3eme trimestre)et upwelling sénégalo-mauritanien (2ème trimestre) devant la
partie occidentale de l’Afrique de l’Ouest. Il nous est apparu intéressant de
comparer dans ces deux zones (fig. 3) et à des périodes de pêche intensive
(zone “Sénégal” : du mois de mars au mois de juin inclus, zone “Côte d’ivoire”:
du mois de juillet à la mi-octobre), la variabilité inter-annuelle de la
température de surface avec l’évolution des rendements (PUE) en albacore et
en listao de la flottille de senneurs FISM (France, Côte d’ivoire, Maroc,
Sénégal), de 1969 à 1981.
2 .
D O N N E E S
2.1. DONNEES PHYSIQUES
Les données de température de surface proviennent du fichier d’observa-
tions météorologiques des bateaux marchands archivé par le National Climatic
Center (ASHVILLE, USA). Une copie de ce fichier, validé et moyenné par carrés
de deux degrés de côté sur tout l’Atlantique tropical, de 1964 à 1979 nous
a été aimablement fournie par J. SERVAIN et J. PICAUT. Une description dé-
taillée de la validation de ces données est faite dans SERVAIN et al. (1985).
-
-
Les données d’anomalies de température de surface, disponibles par carrés de
2 degrés de côté et par mois, ont été extraites de ce fichier et moyennées
pour les deux zones de la figure 3.Ce fichier s’arrêtant en 1979, les ano-
malies de température de surface pour 1980 et 1981 ont été calculées direc-
tement à partir du fichier d’observations météorologiques de la Météorologie
Nationale française. A partir de ces deux séRIes mensuelles, les données
couvrant la saison de pêche (mi-mars à fin juin pour la zone “Sénégal”,
juillet à mi-octobre pour la zone “Côte d’ivoire”) ont été extraites et
moyennées pour aboutir à deux séries d’anomalies (une valeur par an) décri-
vant la variabilité thermique inter-annuelle de la zone “Sénégal” et de la
zone %Ôte dt Ivoire”, pendant la saison de pêche intensive et ceci de 1969 à
1981 (fig. 4).
2 ..2. DONNEE~ DE PECHE (PRISES ET EFFORTS) ET CALCUL DES RENDEMENTS (PUE)
Nous avons retenu comme données de base pour le calcul des rendements,
les captures (albacore et listao) et les efforts de pêche de la flottille
thonière FISM de 1969 à 1981. Cette flottille dont les données sont bien
collectées depuis 1969, a toujours été l’une des plus actives pour la pêche
au thon dans l’Atlantique oriental ; son aire de pêche recouvre une partie
significative de l’aire de répartition géographique des deux espèces
albacore et listao, ce qui explique que ce soient les seuls rendements (PUE)
de cette flottille qui ont servi par le passé, dans les travaux de l’ICCAT,
comme indice d’abondance pour l’évaluation des stocks des deux espèces. Les
prises par unité d’effort sont calculées chaque année, dans chacune des deux
strates spatio-temporelles retenues (fig. 3), après standardisation des
efforts des différentes catégories de senneurs en unité “grand senneur”
selon la méthode décrite à de multiples reprises (FONTENEAU et SOISSON,
1974 ; FONTENEAU, 1978). L'unité d'effort retenue est le temps réellement
passi; par les bateaux à rechercher activement albacore ou listao, temps

4 4
exprimé en jours de pêche ( 12 heures par jour:! ; les périodes d’ immobilisation
des bateaux (pannes, opération de sennage, cales pleines, etc.....) et les
heures nocturnes sont donc exclues de cet effort.
3 .
V A R I A B I L I T E
1 N T E R A N N IJ E: L L E
D E S
A N O M A L I E S D E
T E M P E R A T U R E
DE
S U R F A C E E T
D E S
R E N D E M E N T S
(PUE)
3.1. VARIABILITE THERMIQUE
La variabilité de la température de surface est utilisée ici comme un
indicateur du niveau de la production biologique. Dans une zone d’upwelling,
on peut admettre en première approximation, que le développement de la bio-
masse est fonction de l’intensité des remontées d’eaux froides. Une anomalie
thermique négative sera la signe d’une intensification des mouvements verti-
caux et donc l’indice d’un accroissement relatif de la production.
La zone “Sénégal”, située au nord de l’équateur météorologique, est
placée sous l’influence de la variabilité climatique de l’hémisphère boral.
La variabilité inter-annuelle de la température de surface, de 1969 à 1981
( f i g . 4), est importante. L’amplitude des anomalies thermiques peut attein-
dre 2 degrés Celcius. La variabilité thermique inter-annuelle, très contras-
tée de 1969 à 1976, s’est atténuée de 1977 à ‘1981. Aux fortes anomalies posi-
tives de 1969 et 1970 (réchauffement précoce après I’upwelling) , a succédé
une période plutôt froide en 1971 et 1972. 1973 fut une année particulière-
ment anormale sur tout l’Atlantique tropical!, caractérisée par une très forte
anomalie positive. Après 1974, 1975 et 1976, années froides, la variabilité
inter-annuelle est faible ; la période 1977-1981 fut Plut:ôt chaude, e.xcepté
1980 ou l’anomalie thermique est légérement negative.
La variabilité thermique inter-annuelle de la zone *Côte d’Ivoirëdiffère
en de nombreux points de celle de la zone ‘Senégal”. Bien que située au nord
de l’équateur géographique, le littoral ivoiro-ghanéen est placé sous 1’ in-
fluence du régime hydro-climatique de l’hémisphère austral. L’amplitude des
anomalies inter-annuelles de la température club surface est plus faible que
dans la zone “Sénégal” et ne dépasse pas, en, valeur absolue, 1 degré Celcius
(fig. 4). Au cours de la période 1969-1981, t:r.ois événenien.ts climatiques
majeurs, caractérisés par une amplitude de l’anomalie thermique supérieure
en valeur absolue à 0.5 degré Celcius, ont affecté l’évolution de la varia-
bilité inter-annuelle de la température de surface dans la zone ivoiro-gha-
néenne :
- en 1973, l’anomalie thermique est positive et atteint la valeur maximale
(+ 0.9 degré Celcius) observée de 1969 à 1981 ; comme pour la zone “Sénégal”,
ce fut une année chaude caractérisée’par un très faible upwelling.
- en 1976, les upwellings côtiers et équatoriaux sont particulièrement
intenses, l’anomalie thermique dans la strate “Côte d.‘Ivoire” est négative
(-0.8 degré Celcius) ; c’est la plus forte anomalie négative rencontrée dans
cette strate de 1969 à 1981.
- en 1979, l’anomalie est positive et attei..rit 0.6 degré Celcius.
On peut également noter que au cours des saisons de pêche de 1975 et
1975, l’anomalie thermique ne dépasse pas 0.2 degré C:elcius alors que pour
la strate “Sdnégal” , c’est au cours de cette l”c!riodct que sont enregistrées
les plus fortes anomalies négatives.

4 5
3.2. VARIABILITE DES RENDEMENTS (PUE)
Les rendements (ou prises par unité d’effort) et leurs variations obser-
vables dans les deux strates spatio-temporelles considérées (strate “Sénégal”:
fig. 5 et strate “Côte d’ivoire” : fig. 6) seront interprétés ici comme des
indicateurs des variations de l’abondance apparente locale des deux espèces
(albacore et listao) ; par l’adjectif ‘apparente” nous voulons souligner que
les PUE ne traduiront qu’imparfaitement les variations d’abondance réelle,
mais seront essentiellement des indicateurs des variations de la capturabi-
lité des deux espèces dans chacune des deux strates considérées au cours
des différentes années (1969 à 1981).
L’examen des figures 5 et 6, révèle que les variations de PUE des
deux espèces sont souvent divergentes : strate ‘Sénégal” (fig. 5) années
1969 à 1975, strate “Côte d’ivoire”
(fig. 6) années 1969 à 1972 et 1979 à
1981. On peut considérer que au cours de la période étudiéé, les pêcheurs
ont toujours recherché très activement l’albacore dont la valeur marchande
est très supérieure à celle du listao. En revanche, l’effort de pêche effec-
tif déployé à capturer du listao est difficile à apprécier en raison de
l’intéret économique moindre et très variable de cette espèce. Selon les
années , les conditions du marché et le déroulement des campagnes de pêche,
le listao sera donc capturé ou évité au profit de l’albacore. Pour ces raisons,
nous avons préféré ne retenir dans notre analyse que les variations de PUE
concernant l’albacore, espèce pour laquelle l’effort de pêche des senneurs,
de 1969 à 1981; peut être globalement considéré comme un effort de pêche
effectif, ce qui ne pourrait pas être le cas pour le listao.
4 .
C O M P A R A I S O N D E L A
V A R I A B I L I T E
D E S
A N O M A L I E S D E
T E M P E R A T U R E
DE
S U R F A C E E T
D E S
P U E
Un examen rapide des figures 7-A et 7-B révèle des différences fondamen-
tales entre les deux strates “Sénégal” et “Côte d’ivoire”, que l’on considère
la variabilité inter-annuelle des PUE ou celle des anomalies de température
de surface.
Dans la strate “Sénégal”, les PUE varient de façon relativement modérée
(de 1.3. à 8.3) en comparaison des variations de PUE observables dans la
strate “Côte d’ivoire” (de 0.2 à 11.3). A l’inverse, l’amplitude de la varia-
bilité des anomalies de température de surface est beaucoup plus grande dans
la zone “Sénégal” (de +2.0 à -1.6 degré Celcius) que dans la zone “Côte
d’ivoire” (de +0.9 à -0.8 degré Celcius).
L’examen conjoint de la variation des PUE annuelles et des anomalies de
température de surface au cours des années 1969 à 1981 dans la seule strate
“Sénégal” (fig. 7-A et 8-A), révèle une absence de corrélation et une distri-
bution aléatoire de ces deux paramètres l’un par rapport à l’autre. Ainsi à
de fortes anomalies positives de température de surface (années 1969, 1970
et 1973),
on observe aussi bien de fortes PUE (années 1969) que de faibles
PUE (années 1970 et 1973) ; de la même manière aux fortes anomalies négatives
de 1974 et 1975, anomalies indicatrices d’un accroissement relatif de la
productivité, ne correspondent que des PUE en albacore très moyennes, voisines
de celles observables au cours d’années
présentant des anomalies positives
(1977 et 1981>, qui sont à l’inverse indicatrice d’une productivité plutôt
faible.

4 6
La saison de pêche se situe dans la zone
"Sénégal" pendant la période
durant laquelle l'upwelling se résorbe
; l'anomalie thermique calculée pen-
dant cette période n'est donc peut être pas représentative de l'intensité de
l'upwelling qui est maximum en janvier-février.
Nous avons donc voulu vérifier
si les rendements observés de la mi-mars à la fin juin étaient mieux corrélés
à l'anomalie de température observée au cours des mois de janvier à mars (fig.
9-A et 9-B), période pendant laquelle l'upwelling atteint son intensité maxi-
male. Sur la figure 9-B, on constate que la distribution des PUE en fonction
des anomalies de température, mises à part les années 1969 et 1971, n'est
plus aléatoire mais peut être assimilé à une distribution parabolique.
Pour la zone "Côte d'ivoire", (fig. 7-B et 8-B), nous avons remarqué
au paragraphe 3.1 que trois événements majeurs avaient affecté la variabilité
thermique dans cette zone en 1973, 1976 et 1979. Pour ces trois années, on
observe également (fig. 7-B) des baisses sensibles des rendements et cela
quelque soit la nature de l'anomalie (positive en 1973 et 1979, fortement
négative en 1976). On remarquera aussi qu'une forte variabilité des PIJE
apparait de 1969 à 1971, en 1977 et de 1980 à 1981, sans que l'on observe
d'anomalie thermique particulièrement marquée.
5 .
D I S C U S S J O N
5.1. STRATE "SENEGAL"
Les figures 7-A et 8-A, décrites au paragraphe précédent, montrent que
la distribution des PUE, en fonction des anoma.lies de température, est
aléatoire. Cela laisse supposer qu'il n'y a pas de relation, dans la ,zone
"Sénégal", entre les rendements en albacore et la variabilité thermique ren-
contrée dans la zone de pêche et mesurée pendant la saison de pêche (mi-
mars à fin juin). En revanche, la distribution des PUE en fonction des ano-
malies thermiques mesurées pendant la période durant laquelle l'upwelling
est maximum (janvier à mars) semble indiquer que la PUE répond de manière
négative à toute anomalie thermique quelque soit son signe (fig. 9-A et 9-B).
5.2. ZONE "COTE D'IVOIRE"
Pour les faibles anomalies thermique (inférieure à 0.4 degré Celcius),
la distribution des PUE est aléatoire, En revanche, on observe à nouveau,
comme dans la zone "Sénégal", une chute sensible des PUE (en 1973, 1976 et
1979) pour les fortes anomalies thermiques (fig. 7-B et 8-B). Dans la même
zone et au cours de la même période,
CURY et ROY (1985) ont montré que les
rendements des petits pélagiques côtiers étaient proportionnels à l'inten-
sité de l'upwelling (fig. lO>, qu'ils ont également estimee à l'aide des
anomalies de température de surface.
La PUE exceptionnellement forte (11.34 t/jour) relevée en 1977, est
à mettre en relation avec les fortes PUE observees cette année là, sur l'en-
semble du stock d'albacore de l'Atlantique tr,crpical-Est (ICCAT, 1985).

4 7
5.3. ESSAIS D’INTERPRETATION ET LIMITE DES RESULTATS
Dans les deux strates étudiées ici, on constate que les rendements
répondent de manière négative à toute anomalie thermique importante, qu’elle
soit positive ou négative. Cette observation va à l’encontre de la these
genéralement admise et appliquée avec un certain succès sur différentes espè-
ccs de petits pélagiques côtiers (FREON, 1984 ; CURY et ROY, 1985 ; BINET,
1982), thèse selon laquelle une augmentation locale de la production se
traduirait par un accroissement des rendements (PUE). Cependant nous souli-
gnerons à nouveau que les rendements (PUE) traduisent ici plus des variations
de la capturabilité que des variations d’abondance réelle locale. Pour: la
strate “Côte d’ivoire”,
si l’extension vers le large de notre zone d’étude
avait été limitée à la bordure côtière ou les masses d’eaux upwellées n’ont
pas encore subie de mélange avec des masses d’eaux océaniques plus chaudes,
la faible PUE observée en 1976 aurait pu s’expliquer par un environnement
impropre à la présence de l’albacore (température trop faible) ; mais la
zone d’étude retenue s’étendant jusqu’à 2 degrés de lattitude Nord, elle
depasse donc largement le domaine strictement côtier.
On peut tenter d’expliquer la baisse surprenante des rendements (PUE)
correspondant aux fortes anomalies thermqiues négatives (pourtant indica-
trices d’une forte productivité) par une modification du comportement des
albacores. Ainsi, une forte production dans une zone donnée pourrait se
traduire par une nourriture abondante et dispensée sur toute la zone, cette
forte disponibilité de la nourriture entraînerait une diminution de la taille
des bancs et une sur-dispersion de ceux-ci dans la zone.
Cette hypothèse reste cependant à vérifier en étendant ce type d’étude
à d’autres strates et sur de plus longues séries de données. L’incorporation
d’un maximum de données de pêche (flottille espagnole) permettrait de mieux
asseoir cette hypothèse. Les données relatives à la taille des bancs exploi-
tés (calées des senneurs), qui ne sont disponibles que depuis 1977, permet-
tront probablement de vérifier cette hypothèse dans l’avenir.
6 .
C O N C L U S I O N
Contrairement à ce que l’on pouvait attendre, il n’est pas apparu
de corrélation simple entre les rendements (PUE) en albacore dans L’Atlan-
tique tropical-Est et la variabilité inter-annuelle de la température de
surface, considérée ici comme un indicateur de la production biologique dans
les deux zones d’upwelling étudiées. Il semblerait que toute anomalie ther-
mique importante, positive ou négative, affecte négativement les rendements
(PUE). Si l’on peut logiquement expliquer une baisse des PUE quand la pro-
duction dans la zone est faible (anomalie thermique positive), par contre
la chute des rendements observée quand la productivité est forte (anomalie
thermique négative) ne semble pouvoir s’expliquer que par une modification
du comportement de l’espèce et de son processus de regroupement en bancs.

4 8
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Figure 3.- : Zones et périodes correspondante:.: retenues (A : Zone "S6n6c-a11',
B : Zone "Côte d'ivoire") pour les comparaisons-- entre p.u.e. 6-t anomalie de
température de surface (SST).
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Anomalie de température de Surfdce (en po "C)
Figure 9 (A et B).- : Anomalies de tempGrntl,rc de surface observées du
ler janvier au 71 mars des annces 1969 à I?V1 dans la zone "S@ni?gal" et
rendements (p.u.e.) en albacore r@alisGs dcir~s la même zone aux mêmes années
mais pendant la période allant du 15 marc; ,312
30 juin par la flottille de
senneurs FISM, selon deux expressions qraph:.ques (A et B) differentcs.

PUE
(tonnes/24 Heures)
-40
-gj
-20
4.0
0
10
20
30
60
Anamalie detempér&.ve de surke (en vo Oc)
Figure 1().- : Anomalies de température de surface et rendements en petits
pélagiques (Sardinella spp. , B~u~?~~~,c~cJ~A~~?Y’!I.c: ,ruî+/:h.S etc. . . ) observe:; dans
la pécherie de I.a zone ivoiro-qhanPenne de 1966 à 1979. (D'après CX!RY et
ROY, 1985).