LE DEVELOPPEMENT HISTORIQUE DE LA PECHE EN MER A...
LE DEVELOPPEMENT HISTORIQUE DE LA PECHE EN MER A SAINT-LOUIS :
PREMIERES HYPOTHESES
RAPPORT DE LA MISSION EFFECTUEE DU 22 AU 25 DECEMBRE 1981
PAR
JEAN-PI ERRE CHAUVEAU
RAPPORT INTERNE
N" 139

Par
J.P,
CHAUVE AU
Cette mission de prise de contact avec le milieu des pêcheurs,de
Safnt-Louis - résidant dams le “quartier” tout h fait sp&ifit$,tant
historiquement que socialement, de Guet Ndar (1) - a permis de’situer
quelques élements pour comprendre la mise en place et le développement
de la pêche maritime dans cette région. Ce3 informations ne constituent
évidemment que des repères provisoires. Ellesont l’intEret de montrer
l’étroite imbrication entre l’histoire du peuplement de‘la région, les
transformations éconoiJi.ques et sociales du pays, les innovations tech-
nologiques de Pa pêche, voire lPCvalution des conditions écologiques,
Elles permettent également de les rapprocher des résultats de recherches
antérieures (voir bibliographie sélective) et de préciser ainsi le
caractère global des déterminations qui pèsent sur cette activité secto-
rielle.
1 .
L E C O N T E X T E
H I S T O R I Q U E D E L A
R E G I O N B E
S A I N T - L O U I S
L’histoire économique et politiqu e de la région est marquée par les
Fonctions d’échanges entre le commerce européen et le commerce intérieur
(1) La surpopul-‘ifin de ce’ quartier a conduit les, autorités municipales
à susciter, un tfanefert
de la population vers le nord de la Langue
de Barbarie,vers le quartier septentrioal de,N’dar Toute. On constate
qu’en réalité les “déguerpis” se rendent dans leur nouvel habitat pour y
dormir mais que les principales activit& journalières ramènent la plus
grande partie de la poI.ulation à Guet Ndar. Le quartier canserve donc
sa spécificité de !*Ville de pêcheursgs, avec ses lieux de rencontre
fréquentés apkks les débarquements, oii s’échangent les informations
professionnelles et sociales.

qui se sont dével$pé.es dès le XVeme siècle. Le ,peup’lsment africain de
cette rggion (le Toubé = Tube) ssinscrit dans les relations entre la
présence européenne(essenmlement française à partir du XVIIème
siècle ) 9 les hégémonies concurrentes dc.:s royaumes du kJalo et du Rayor,
les pressions des Maures. En bref, depuis fort: longtemps, le fleuve
était un enjeu économique importan,+ du dispositif c,ommercial unissant
la côte, le Sahara et le soudan occidental (vair bi’bliographie) ,,
Jusqu’au tout début du XIXème siècle, la traite esclavagiste est
l*élément-clé de l’organisation ,politico-économique, à côte du commerce
de la gomme arabique,Bela cire et do divers produits de luxe. Les
tentatives de colonisation agricole des français (coton, sucre de cann-,
tabac, indigo),au cours du XVIIème et surtout du ~XVIIISne siècle furent
très secondaires et, d’ailleurs, échouèrent car elles ne présentaient
guère d’intérêt du point de vue des populations. Les Smtivités de
transit maritime (escale de traite, transport fluvial, importation
dle mil de l’intérieur pour subvenir aux besoins de la population de
Saint-Louis et de Gorge) l’emportaient sur les activitds de production,
S<aint-Louis sc est donc développée dans une ambiance d’gchanges et
d’ouverture vers lPextérieur. Les activitfs de transit et le passage
d’e la mer au fleuve des navires sont aussi 2 l’origine du developpement
de futurs points de débarquement de pêche (’ C!ndiole,, Tassiniztr;, . .)
La fin de la traite esclavagiste côtière marque dans la première
moiti6 du XIXP,ne siêcle une reconversion des activités régionales. Les
activités de transformation anciennes so maiqticnnent ou se développent
(salines, fours ‘à chaux tirée des amas coquili’iers, e .) tandis que s.e.
d.@veloppe
l’exportation de productions primaires pondéreuses au
détriment des articles de luxe q,ui con$ituaient l’essentiel du commerce
“tradi.tionn.el” ., La culture de l’arachide prend son essor dans la deux%-
me moitié du XIXême siècle - antérieurement donc à l’occupation,coloninic
effec.tive.
,
La construction du.chemin de fer :.S~~intlLouis-D3kar~1885) modèle
définitivement 1 *économie sur’ la. base dc la traite arachid’ière.
C’est precis6mant au cours du XIXème siècle, dans cette période.
de transformations économiques de 1’6conomie scnégambienne, que semblent
intervenir de profondes modifications en natière de pêche.
2 .
I N N O V A T I O N S T E C H N I Q U E S
P R E C O L Q N I A L E S
(.
:
a .- Déja, ‘ant&ieurement au XIXème siècle, les escales de traite
distribuêes au long du fleuve Slnégal
avaien.t attiré des communautés
de pêcheurs fluviaux (tioubalbé - cubalbe appartenant 3 l’ensemble tou-
couleur = tukulor) et formant avec les o<mmun.autés d’agricul&urs, de
guerriers, de marabouts et dl&leveurs peulh (=n~llo) des. groupements
symbiotiques se reproduisant à partir des C.chanies difects dc productiona
complgmentaires(2). Au cours du XIXzme siècle., ‘les Echanges dans le bac-fi-u.-z
‘.
(2) Cette organisat’ian par spécial i ~0, ions cnmpl&cntaircs étant ewore
générale vers 1950. c’f les travaux d’wthrop~)logi;: historiq,uc de Je+?
SCHMITZ (ORSTOM), qui nous a fournA &a informations,,

et le delta - .o&c@rai.ent des pêcheurs wolof .- semblèrent susciter des
&Changes différBs - et non plus par ‘?troc” direct-approvisionnant les
narchi$ .des escales. Des pêcheurs fluviaux du Niger (les Somono) venai.cEt
mGme dans 1% région de Saint-Louis et vendaient leur prohetion sur le
marché de la,ville au début du XXème siècle et probablement avant
(GRWEL 1
9
0
8
)
.
Jusqu ‘,alers9 la peche dans le delta, en rivisre et en marigf,t Btsit
la source essentielle, sinon quasi exclasive,de 1% production. Ce n’est
que três progressivement, et semble t-il essentiellement dans la deuxième
moiti: du XIXCue si&le que les pêcheurs s,e tournèrent vers la mer. C’est
ce que les inf&mations recueillies à Guet Kdar suggèrent(3).
Xl apparatt en effet que les sept “uaisons” qui sont à lsorigine
de Guet Ndar se sont établies, d’après la profondeur des généalogies
recueillies, au tournant du XVIIIème et XIXème si8cle (4). Ils venaient
du village d’Adya, situé sur la berge mauritanienne du Sénégal, à une
vingtaine de kilomi3tres en amont de Saint-Louis(5). Dans leur village
d’origine, les familles se livraient 2 la p&he au harpon (kadyi) et au
filet (law) tresse en “paillei’ (kheref) . (Il s’agit 18 de techniques
insPirër&r,ectement d
basse par des agricultieurs si?denta+sés).
La ‘pirogue en bois mon
avait remp,lacG alors,, depuis bien, longt,-nps
la pirog,ue en “pailleif (galu kheref) construite 5’ 1 ‘origine, (que, 1 ‘on
retrouvé encore dans le lac Tchad, par exemple : [MONOD : 19?8) ; sans
cloute es.t ce là une technique typique de 1 a pêche dans les ‘grands lacs,
oii le bois Stait rare : J.eb lacs 9~ irrppixt avec là val&. du fleuve
ont d’ailleurs été des centres importants de concentration et de dis-
persion de pepulations 9 où GAt vraisemblablement transite les Lebou,Q=LebuY
--.’
et les Séri%e (=Serer) actuels).
:
(3) Nos contacts furent établis grâca à la collaboration d’Adrame FALL.
technicien de la section socio-économie. Nqe principaux,informatears
furent MM. Dyawar FALL, dit Ni%mE,, 2t Adama NDIAYE. L e premier, a$
d’un peu plus de 40 ans, est un pêcheur en activité qui .,s ‘appr.êt%it. a
partir 3 Kayar pour la campagne. Le second est un. ancien p’êcheur, âgê
de 53 ans, qui a dû interrompre ses activitzés à. la suite d’une B
maladie. Pêcheur rgputB il détient une forte connaissance de l’histoire
et des généalogies des familles. Depuis sn( maladie,,il s’adonne Ct ‘13
peinture décorative des phrogues.
(4) Nous estimons a une trentaine d’années en moyenne l@écart d’Z$e entre;
deux gén&ations.
Ces maisons (keur = k$?) étaie@ les suivantes : dans
le quartier !=gokh) de Lodo
celles d<??ar Togo DiBye et de Babnkar Guèyc
B Pondo-khole -‘celles de Masen B%al% Umanèye, de hun Sarr: A& ?iaw et de
Ma Fall Marr ; à Dack celles de Mutofa Sarr et de Mun DiZye.Dibi Gor.
La fondation de ses maisons ‘correspond B un nouvel essor tiommerciztl des
comptoirs et de l$population saint-louisiens à la fin du :XVIII?+mg siEc1::.
(CAMARA 1968),
(5) Il sPagit vraisemblablement au village d’Ady, fondé par des Gage qui,
après un certain temps dvexil au Fouts A la’ suite d’un conflit interne zu
XIIIème ou XIVZme si&le, r+.zourn~rent dans le Waalo. Par la suite, Ady
fut détruit et “les Gaye suivirent la langue de. Barbarie (Guet Ndnr) et
vinrent se fixer ?i Teyem {Guet Ndar actuel) en face de l’fle qui devi.en:!r?
plus tard 1’Ile Saint-Louis (Ndar) ‘s(Amadou W&de in MONTEIL 1966) * Le
quartier de Guet Wdar n’a?par&ît ‘r:ar les cPrtea qu.~. nous ~VO~S YJU consult::r
qu’au début du XIXème siècle, nlor5 que la factorerie française de l”tlc
Ssint-Louis
fut fondée au milieu du XVIIème siècle,

b- Les principales innovations techniques qui nous furent Dresenté.ea
spontanément, dans l’histoire pr+coloniale de la pêche, sont9 chronolo-
giquement; 9 llusage de’ la Jigne de fond avec hame$on et le passage de la
pirogue..& .vo,ile triangulaire ,a la pirogue 2 voile carrée. Le premier 3
utiiiser/‘1~ ligne avec h+uneçon en os (pwor u yakh) fut Mun Sarr Aram Diaw
-*mm-
s--m
(le fondateur d’une des ‘maisons” du quartier de Pondo khole) e Cela
date donc du tout début du XIXke si?cle. Il fut suivi bientôt par
dP autres ‘pêcheurs (dont certains des fondateurs des 1?remi-ères “maisons’F
de Guet Ndar) .: Lp originalité’ dé“l’%novation, d.‘a rbs les informateurs 9
tenait plus B l’utilisation’ de l’hameçan m!-~ 08 dqu’ $ la ligne elle-m&:- n
Elle’ fut pratiquée d’abord dans le fleuve ,avant de l’i?tre en mer et
c’est le fils’de “l’inventeur”, Ma Sarr- Fa,g&ye (?4a Sarr Fagey) qui en
vulgarisa. l’usage., Progressivement le fer se substitua Zt l’os : les
hameçons étaient alors abondamment inport& par Ses Européens et ce
nFest qu’au cours de la seconde guerre mondiale que des forgerons 1OCaUX
en.fabriqGrent pour pallier la rupture d*approvisionnement due 3 la
g u e r r e ,
La deuxième innovation-clé qui nous fut pr6sentée est le passage
de la voile triangulaire a la voi1.e carré. D’apr2s la profondeur de
la généalogie de cet autre “inventeur” que fut Nasem Koudé DiSye (Massem
Kude Diey), cela datera’it du dGbut de la seconde moitié du XIXème
si.ècle. (11 est paradoxal 9 et c’est un *int qui méritera un complgment
d’information, que’ce ‘soit ce passagti d’une forme dc voile à une autre
qui nous ait été signalé comme innovatien importante et non l’adoption
de la voile elle-même) D Il est possible que le. voile carrêe (la seule
existante au. dêbut du XX$me sikle~ kit prcsenté ~ES avantages rela-
tif S % la navigation en mer CV
Il apparaît clairement que cette sér,ie d’innovation (ligne R
hameçon, voile carrée) est corrÉ’lative au passage do :La pêche de
fleuve 2 la pêche en mer 2 un moment.où 1.3 traite des esclaves
tend à disparartre et où se développe une “petite production marchande”
destinée 2 1 f .i.p:rt.wian (coton, sucre de cmne et tabm dans le Walo ;
gomme arabique dont la production croît tout au long de la premi&re
moitié du XIXème siècle ; enfin développement de l’arachide). La pêche
en mer,géngralisée était en effet incompatible avec Ifinsécurité engendrée
sur la côte par la traite de,s esclaves (soit du fait des tr-yitants
africains côtiers, soit du fait des traitants européens qui ne négli-
-:c*:,i.i:ylt
pas la capture pure et ‘simple d’indivi.dus rencont2181 sur la
(6) Le fer était pourtant connu puisque 21 Adya des forgerons (Teug=TO&
fabriquaient les harpons de pêche. D’a&is les informateurs, il ntexi&nit
pas de c2st~~ au se,in des migrants venus d’Ady?. C9 est après leur arrivfe
dans la région de Siint-Louis qu 9p’ils ont connu Cet:te diff8rence”. Auparu-
vant pêcheurs (mbd) et’ forgèiona *‘étaient parentsgr~ En réalité, les pêehzurz
semblaient fabr%iüër eux-marnes lPessentKcl de kur matériel.
(7) Toujours d’apres la généalogie de Ma&em ICoud6 Diioye, la voile trian-
gulaire étaient utilisée vers le milieu du XVIIZème siécle, donc a Adya,
avant l’émigration vers Saint-Louis. L’odo$t:ion de la voile carrée se
situe’ :& un moment d’exptinsion ddmogrnphique- dé 1.2 ville, notamment par la
création d”un “village de liberté” pour les c.aTtifs, à l’origine’du’ qwztier
de Ndar Tout$ (CAMARA 196& D&l; le debut’ & XVIIème s’i&le, cependant,
des nazi.gatews europcen s no’taieat l’usage d-c grgemants complex&.‘sur ‘la
petite Gôte et en Gambie : voile ‘et humiiers ‘en natte ou en toile ; certains
“canots” ont trois voiles* l’une au dessus: de 13autre (de MOUS 1973).
:
.,.

Ciite et marne d’inten&diaires de commerce). D’autre part, la p&che en
mer* par les risques plus grands encourus que dans la pêche pluviale
ou en estuaire, nkessitait en retour un profit escompté plus grand,
rendu possible par une atténuation de l’autosubsistance et un dGvelop-
pement de la “petite production marchande”. (C’est % dire lri production,
dans-le cadre des unités domestiques, en vue de la commercialisation).
M.snifestP-ment, ‘ces transformations ~“néce~ssaires’? w sont d&eloppées
t6t dans le XIXème sikle dans la region du -Delta (beaucoup plus
tardivement en amont du fleuve SénQgal). Enfin, ces innovations cor-
respondent à des phases d’expansion ii-conomique et démographique de la
ville (fin XVI1IIème siècle, milieu du XIXSne), donc à une.demande
alimentaire accrue. Il est possible que la pêchz fluviale se soit avérée
insuffisante, ou encore que les droits de pêche dans le fleuve’ qui ont
pu exister alors’ aient constitub un frein a l’expansion de oette
activité dans le delta (voir LECA 1934, sur l’appropriation des zones
de pêche et l’organisation des campagnes fluviales).
3 .
INNOVATT O N S
T E O/N 1 Q U E S
P 0-S T E R.1 1 U’P. E S
A LA
c 0 L 3 NISA T I O N
Le développement de la pêche maritime s’est accompagné ultérieurement
d’autrea innovations techniques, apras que la chemin de fer Saint-Louis
Datir (1885) et la présence coloniale aient suscité de nouveaux débouch?s
pour la production. C’est principalement après la seconde guerre mondial+-
que ces innovations intervinrent.
%!6l&ent entraînant semble avoir été l’adaptation de motrsurs GOTiW
aux pirogues par J. ARNOUX B Saint-Louis entre 1950 et 1952. D’apr;Ss les
informations recueillies auprès des pêcheurs, le moteur se diffusa apr?s
que quatre d’entre eux l’aient expérimenté ?i leur compte, et après
modification de la “caisse B machine” (prévue en fer y:?r MWWX’ mais 2
laquelle les pêcheurs substituèrent une boîte en bois). Parallèlement,
les pêcheurs abandonnent les “pirogues cousues” au profit des “pirogues
clouées”‘. Les premikes correspondent à la technique la plus ancienne
de confection des bordés (voir par exemple, au Cameroun MONOD 1928) :
les planches sont ajustées bord à bord et véritablement cousues l’une
B l*autre avant d’être calfatEes (description dans LECA 1934). Ce
type de pirogue est désigné simplement par le terme gril u bentenye
(benten e étant le fromager creu& formant le fond de 1s pirogue). Les
‘“pytoRues clouSes” (gai u mbul selon LEGA 1934, gal u lie selon le
terme que,3’on nous a donné) ont leurs bordés cloués sur leur partie
longitudinale superposée. A l’époque où écrit ‘LEGA (1932) les deux
techniques semblent ‘également utilisées. Noo informateurs font remonter
aux années 1950 l’abandon progressif Bes “pirogues cousues” (définitif
vers 1958). Plus souples, elles étaient peut-être trop sensibles aux
vibrations du moteur ,.(a vérifier).
I:i:“-
La .fin des ann&s ‘1950 est marquée Sgalemenf; selon nos infarmateuw
par l’utklisation de filets dormants d’un nouveau type (mbal rop) en
remplacement des ,filets dormants uti,lisBs Egalement dan& le fleuve’(mba1 :s t2 p *
,
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-----.
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‘iv’.’
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--
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__I”v-
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---Y,-.i
,.
Les infornations sur CG filet nbn:l roy s::nt W coapléter y il semble qu”il
,ne puisse $tre confondu -2vec le mbal rok, petit filet secondant la seww
- - - -
d- plage(o) o
;
>
A .p.xtir d e ,.1958-P959, e t j~sqzq à 1’ i~ntroductio~n de le seriné tournw.:;‘:
o.oulfssante, c?zst .l.e :moteur lui-même qui. fait l’obj,zt cies nricripales
: .modifiiFstions : su&titution des Evinrudc. aux grenib:rs Golot ct surtout i
’ scilm .3cs pêcheurs .’ une plus grande fanil.iaritG des utilisateurs sw:c les
,3oteur’s: ! “on comprend ,l,ew moteurs et les p,annc-2s diminuent”‘, En 1966-196i.
touj0.nz.s selon nos .infornateurs E se diffuse la pose (du r?otcrur sur 1’ @zron
orri$.re :creusé G Cette technique vient des L~bou (Lebu) de SounbGdioune ql.:i.
-1’ auraitint .smpruntG ..aux &teaux d’z plais.wce observsblzs à Dakar : c e t t e
7odification perr\\et B une seule persoanê de fnire fo.wtionner le moteur
et de gouverner la nirogue. Elle .n’est ecoendant prsticnble que sur les
pirogues de petite taille ; sur les nutrvs; i. ‘hélice du moteur :Serait nlnc6 .
trop .haut pour être efficace.
4-
H Y P O T H E S E S
G E N E R A L E S
s u R 1.l E
:D E V E L I) P P E M E N T
DE
L A PECHE M A R I T I M E
A
S A. 1 ?J T ‘= L 0 U I S
Terminons ce compte-rendu succinct Dar quelques considérations plus
q&nérales sur les cadres socio-ê. conomiqucs du développement de la pêche
en mer. Elles concernent le contexte historique gW!ral de ce phiinomene <a)
et ses implications ‘du point de vue .des swiCt& concernées (b) i.
a) Nous avons avan& trois facteurs historiques determinants dans
le développement de la peche en mer. L’un est “Wgatif” : la fin dc
lPinsécurité relative qui regnait stir la ccite au. XVII,, XVIIIême et au
dP,but du XIXème siècle du fait d.e la pr6pand6ranct? de la traite des
esclaves, Les deux autres sont htroitement li$s entre &x
: l e develop-
fiement dsune
production primaire exportable et de “ports dé commerce”
assurant une exportation rG@i&e d’une. part ; d’autre part at,corréla--
tivement lYexpansion démographique de ces ports da traite et, probablenept
d’un peuplement
c ô t i e r p l u s impbrtant (9). I l serble q u e ~~14;
(8) Au début du siècle, aucun. filet rr”?Stai.ent utilisé en mer à Guet ?zr
(CRUVEL 1908). En 1932, LRCA (1934) ne signale en mer que‘ î-he 3 la
ligne alors GI, dans le fièuve il note cinq ty*es de filet. En 1348,
CADEHAT (1948) note que les filets maill2nts .sont utilisés dans le fleuv-,
à l’exceptioh des .filets a langoustes, ‘$ti:, en 1955, indique que les filets
ne s0nt utiiis& que pour la .pêche en mer, ‘Yers 1963, CAMARA (1968) écriii
que ‘“1% principal er&in de 1~ pêÇhe en ~s;c-.r est la ligne de fondse
.
‘,
(9) L’accroissement du. peuplenent cûtier notamment zu XIXPme siècle, est
dû à pluSieu.re causes : accroissement du trafic commercial sur des produ.its
primaires pondbrcwr ; abolition de l’esclavage dans les zones côti&es con-
trôlées par les Français s troubles socio-politiques de 1’ intérieur d&zr3i::&
à la f&& par la résistancè tin~i~coloniale, les luttes d’influentes cntrr-
les dif@rents r&y&mes e t le ti contradictions sociales internes dont
1’ isl&itiatGn constitué la mani$estation :>rivil6gi.<ie’. On notera qti’à pertir
de la fin du. XVIII&e siècle, la sociGt;i cGti.$re des Lebu organise au con-
traire son autonomie contre la domination des soyaune
de 1 ‘intérieur (‘?‘&Y,.
publique lébou” de 1790) a

3 24
facteurs aient “lib&é”’ une connaissance technologique déja en partie acp*
q&.se tiu XVIIème siècle, notamment en ce qui concerne le gréement des pire.-
gues (de MOUES 1973). C’est donc moins l’innovation technique qui constir..:.3
la clb du dtieloppement des activités maritimes que l’existence des candi--
tions sociales et Economiques de sa mise en pratique.
On pourrait peut-être ajouter à ces facteurs historiques, dans la
rggion de Saint-Louis, la. transformation des conditions &ologiques, A
Tartir du XVII ème siècle en effet, on constate la r8gression puis la dis?a-
rhtion des activités de cueillette de coquillages (Arca senilis “paines ‘-D
hhor r Ostrea
= huitres) à la suite du colmatage des r6gions maré-
--gasar
euses et de 1 appauvrissement du réseau hydrographique et lagunaire
(JOIRE 1947 ; MICHEL 1973). Or cette activiti5 Etait auparavant importante
du point de vue alimentaire mais bgalement économique et politique
Avec les transformations écologiques de la Grande Côte, l’alimentation
bas& sur les coquillages deviendra une ,;nrticularitC dti la .Petite-Côte
et des rivières du sud, Cette disparition a pu jouer dans le sens du
développement de la psche en mer.
h) La pêche maritime a donc progressivement pris le pas sur la
cueillette des coquillages et la pêche de fleuve dans des conditions
historiques et économiques pri%ises. Mais il.semble que la pêche maritime
ait suscité une spécialisation bien plus importante que les activitbs
nntSrieures et ait donc entrafné une transformation rndicc1.a de l’orga-
nisation interne de la production*
Les traditions les plus anciennes font rG.fGrence à la pêche comme
activitg caractéristique de cette partie du pays wolof. L’histoire du
fondateur du Nalo, puis de laempire jolof,aux XIIème-XIII2me siècles,
relate son paslage dnns le village de pêcheurs de Menguégne (Mengeny),
prês de Sàint--Louis ou
sur le lac de Cui:zr oii il résolut des conflits
que posait sans cesse le partage du poisson (MONTEIL 1966). Sa descrip-
tion légendaire insiste sur sa relation avec l’él&zent aquatique
(MONTEIL 1966, COLVIN 1981). Mais il s’agit toujours dt! pêche fluviale.
Xl en est de même de lPorganisation politique la plus ancienne. Ainsi
ia fonction de chef des pêcheurs : NtG (MONTEIL 1968) OU Mont&e (.IOIHE 1 %Y)
la cérémonie d’ouverture de la p8chë&r le fleuve appelee Sarah ou’ Sohcr
par LECA (1934) ou encore l’association de pêche collective dysgo sur
le fleuve (LECA 1934) o
Avec l’apparition puis la généralisation de la pêche a la ligne en
mer, cette activité semble avoir emprunté certaines formes icstitutionnel-
les de la pêche fluviale (-ainsi la cérémonie d’ouverture de la campagne
3 Saint-Louis? non pratiquée rég~likement,
d&rite par LECA ; 1934). Mais
&a pêche maritime n’implique pas autant que la pêche fluviale la territoris-
lisation des eaux exploitées ni la possibilite d’une organisation collec-
tive du travail comparable (LECA 1934 ; sur l’organisation ‘de la pêche
sur le fleuve? voir les travaux da J. SCWtiITZ). II est possible que les
conditions économiques du développement de la pêche maritime ait favoris6
une organisation du travail plus autonome 3 1’Qgard des activitgs tradi-
tionnellement complémentaires de la pêche fluviale : agriculture &idemment;
nais aussi, pratiquges essentiellement pour 1%~ femmes, l’exploitation des
salines naturelles et la teinture a l’indigo, par exemple.
(10) La récolte des coquillage et la fabrication du seldonnaient lieu a?;
versement de “coutumesî’ au dame1 ou à la linguère du Kayor et au brack du
Nxlo. V o i r e n p a r t i c u l i e r . JOIRE 1 9 4 7 .

La spécialisation de plus en plus exclusive., ou .: si l’on veut.. la :Y ..
fcssionnalisnticn des pêcheurs en rW3.' et de lF:lJr,P aidtzs familiaux pi-ut
s’expliquer ;)ar. r;iusieurs raisons convergentes e D’abord le déclin de
1’ intérêt économique de cert.aines activés ,ty.~dit.ionne’lles : concurrènce s.l:r
sel europ&n ou .des teintures industriel123 0 Q~uisemient des salines
naturelles 0 Inversementi intérêt croi33Xkt, en ternes I?i? revenu, de la
gêche et de la trnnsf’ornation. du poisson, B ;lartir du moment où se
d6veloppent lrz3 noy:ns de communication et le rAseau ,Je distribution. XXI<~*~.
imp5rtuncc‘ croissante 4es +gratiûns de travail, saisonniGres ou qunsi-
;iermanentes (11) a On’ éimstate cainsi une spécialisation croissante de la
$&e Vis-Fi-vis de f9~&-i~ulture de Caint--L:!xLis C 13 C3tf2 5err'rl en ;iaSsI’ Z
yir l a situ<tkun int&‘r,&liaire d u pays lebl.l’, selon le cwactère plus ou
nains saisonnier de la $che d?n3 ce3 diff?rents -oints de la CEG et la3
yossibilit& d ’ .wtivit& de substitaticn. L:i.nsi, ms entretiens avec des
pkheurs guet ndariens sugg6rent que les ~:êchou:rs en activit6 apres la
seconde guerre nondialti cultivaient égalwcnt riz i mil, pastèque; alors
qu’actuellement la sp&ialisntion halieutioue de3 m&tes tranches ;J’âq,c
est quasiment exclusive 3 Cuf2t BJdar.
Matons cependant que la situation np dst jameis wquise une fois pwr
touta Au sud de Saint-Louis, par ex<wQle
:i Candinlt? e t Moît, l e marai-
l
chage et les cocotcraies occupent à plein temns la majeure ynrtie de la
r?opulnti,on ; ccr t ains p&heurs sont aussi 5 In tiite d.‘exyloitations
agricoles. De même a Cayar, en :,ays lebu, r:t plus encore c3. Pass baye, o;i,
la concurrence pêche/ j ardinage serait trè.3 nnrquk (Vh,?‘! CHI-BONNARDEL
1981(12). La sptkiafisation d e s activites salon 1.:; Ec::xe iX 1’Qe ?CUt
constituer une solution ); 10 concurrence :!E?S activiti$s. Mais cette
spécialisation est trop dénendonte de facteurs soc.islo.giques globaux
(urbanisation, transformation des .raDyorts 4onestiauesi înne 3 une
mai.n d’ oeuvre r~mun5r6e > constitution dtun secteur .
-‘i(:noitalistj.que (1 3)“deLls
le secteur de la peche artisylnale) rour qu’on YuXsse titablir des projec-
tions sur la base de la saule .‘.:dynamique intert.e”“O des sociét6s de
pêcheurs (dont on a vu d’aifiëurs .que la sl?éci~.l.isat:i.c?n dans In pêche
maritime est elle-même un produit historitiue) ‘r
Il semble toutefois probable que%’ d.an:s les Iconîlitions actuelles
l’un des facteurs d6terminants du d&eloy:wmtnt: id;? la pêche maritime,
qui fut aussi :I l’origine :ïe ‘son &mer3ence, E-1st sm inedrCt économique
rapport’é 3 l’intk6t des activités de substitution possibles (maraî-
chage par exemple) et c2ux contrnintes pesant sur la rwroduction de la
uain d’oeuvr:n
mobilisable [familiale ou exthiwre nu groupe domestic:!: \\
Il s’agit l?i cl9 hynotheses @néra.les Cl ‘i~rientation qui devront êtrt
testées’ par In com~arnison do 1 ‘&rolution sscio-historique des princip.3.:l .:
r6gions de pêche (st plus largelent yar fa situation des diffkentes
societés côtikes de 1”Afrique de l’Ouest). ~llcs constituent la base in.:! :,
pensable pour affine r’ 1 ‘analyse. au niveau de 1 ‘cganisation “micro-sucio 1. .
giqué”’ de 1~ production où interviennent do r?ani2lre plus spkifiques 1~s
“cotiportements culturels”’ des differents ::rnwes o
--...
(ll.)D&j.a.en
1907, GRUVEL notait que la moiti*‘: do la centaine de pirop;u~r
de Ruf isque était saint-louisienw.
(Ii) Il serait necessaire de mener une enqui3ta syst6matique sur la conc:: -‘=
rence/complémetitnritk entre pêche, agriculture ;?t: .nnraîchagc,
(13) Où intervient 1 “appropriation de moyen3 dc lrcduction par des non - ;-
ducteurs directs sons que toutefois lPac.c?ç 2 1.2 xoductim e t 2 l a r&:zz~
tition du produit soit uniquement déterniS par cotte appropriation,
(Comme dans le cas du modsle par du ca~>i.t.Aisme industriel).

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