,f-)( (fJ(J\(-‘$s/l . Documents...
,f-)( (fJ(J\\(-‘$s/l
.
Documents Scientifiques
SSN OtEO- 1602
du Centre de Recherches Océanographiques
de Dakar - Thiaroye
Pêches et politiques sur les pêches
dans les archives de l’Afrique
Occidentale Française
(1906-1946)
par Marc PAVE
DOCUMENTS
CIENTIFIQUES
CENTRE DE RECHERCHES OCEANOGRAPHIQUES DE DAKAR - THIAROYE
I _.-.-.~“^_^__.---_-~ -.--
.~
--1 N” 147
._“- -_ .I _.._-. ----II--.-~.
-
-
* INSTITUT SENEGALAIS DE RECHERCHES AGRICOLES *
Décembre 1997

Intrd4&n.. ,.< _. ., . . . ..<............ ..<..., .<. ~..l. . . . . ..-..- ..~ .<
..J
r . .I.. ‘Aut des rdwx*he.s sur l’histoire de la pêche en Afrique de l’Ouest & uu S&&d
.T
I I 1-a pèche d’Afrique de l’Ouest, un thkme relativement oublié dans fes recherches en
sciences de l’homme et de la. société ,.
,.
J .Z Les travaux qui font exceptions..
. .
.
1.2, 1 Avant les amkes 1970. _, . .
.
_. . .
1.2.2 Depuis les années 1970
<. . . .
_.
? .3 @est ions autour des pècheries actuelles
.>. .r
13.1 Cequivaencoredesoi .....I..
.~
<.
‘.
.,,
132 .et les questions en suspens
. . . . . .,. .
.
?. Prckn tution cïcs sources utilisées et du travail rrcwmpli
I 1 Présentation des Archives de I’AOF _. ,, __. ._ _. ._
? 3 Les sources utiliskes et la présentation du travail ._ ._ _.
2 3 De la critique des sources : quelle fiabilité ? . . . . . .
3. P&hes et pditiques sur les ptkhes : hypothèseA; e t éiréments &Histoire
3 I L’avènement d’une technostructure des pêches
. .
1; 7 Perceptions administratives et scientifiques; : I’Eternel retour du Blême ?
3 2 1 Les limites de la (C ressource » quelle réalité *? quelles conséquences ‘)
3 2.3 Déja, la Protection de la Nature est une préoccupation . . . .,
32.3 Des pècheurs africaïns aux mentalités « traditionnelles )) et H archtiiques v Y’
3 2.9 Prioriré à la pkhe industrielle er oubli de la p6che piroguière. _.
3.2 5 L’utilité des sciences et des techniques dans les Colonies..
3.2.6 Conclusion la « mise en valeur sans mémoire )). ._.
.7 3 Quels moyens pour quels effets ‘>
.,
“.
,,; .; 1 La SIGP (Societé industrielle de fil gande p&hej, ou I’Adniinisiration comme
J< béquille )) d’une entreprise privée défaillante __._ _. ._ .__ .__
.
3 ..3,2 Les primes ti la pêche maritime métropolitaine. . . I
.
J
+ .3.3 Les pèches en Mauritanie : des types de préoccupations promis à un avenil
durable.. _.
. _. . . . _.
. . _.. .
. . . _. _.
.;.
3 3.4 La Vission Thomas de 1923
une intervention de scientifique _. _.
3 3.5 Q.EIs sont les effets de la mission de $4. Conti en Guinée (‘IC)+I- I QJ6) ?
Cindusion
,
. .
. . .
Remerciements
. .
t
.
IJihliogruph ic
.
. . . .
ll..... . ..>.
.<
.dnncixe : Chronologie
: q
.._
._
.<_,
.,.
.,
.‘.,,
. . .< ,<.

3
Introduction
Le recensement et /‘étude des documents d’archives consacrés à la pkhe dans l”‘ex.-
\\OF a‘mscri\\ent forcément et avant tout dans la continuation des travaux de .l -P Chauveau
~3 tr’a~Vaus de soloiologie historique traitent des pêches maritimes afi-icaines à plusieurs kchclle~~
i Sénégal, Afrique de l’Ouest, 4friyuej (C’H:IUVE:41.!, 1983, I984. 1985, 1986 198S, 1%3?
r:H ALVE,4L et SAMB.4, 1989). Ils remontent parfois jusqu’aux premiers témoignage+..
curopeens (XV” ,ièclej, mais demeurent centrés sur le YX” siècle (période coloniale puis de:;
indépendances). Ces travaux ont modifié la perception que l’on pouvait avoir de :a p&3x
,,èn&alaise ou at‘ricaine. Ils nous donnent les principales évolutions du secteur d’actit/itk mat
t;onnucs aupard\\,,mt. ti savoir en particulier l’essor $obal de la pêche piroguière maritime danse
le dernier demi-Gèclew à l’insu des (( développeurs u
Pour nous, il s’est dès 1013 agi d!:
:omplcter ces Iravaux en accentuant la dimen,sion historique, c‘est-&-dire en replaçant
*&&tion des pkhes dans I-Histoire générale, à savoir. pour la période qui nous int&esw,
dans l’histoire de la Colonisation.
Lotre wavail a consiste à dépouiller ystématiquement les documents qui ligurent dans
les dossiers de la sous-skie (( Pêche )) faisan! partie des Archives adminktratives de l‘AOF. VI
IIOLLS Ii mitant a la période qui retenait notre ;lttention (c 1906 - c. 196) ; wus avons’ ktabli 111’1
inventkre et des tableaux qui pourraient sen ir pour toute investigation ukrieure concernant IÛ
pèche, dans les Archives de I’Mrique occidentale française (Pavé, 1997 a et I9cI17 h) 1’ nfin. ce5
lignes constituent notre synthèse finale.
Tout cela n’est pas allé sans chois préalables, les uns, thematiques, les autres. d’ordlc
chronologique. Tout d’abord. nous avons émoulu aaiter de toutes les pêches. qu’eks soient
wntinentales ttlcuves et rivières, lagunes, estuaires) ou maritimes, de la pêche africaine arrsG
hien que de celle d’origine européenne. A ce propos, nous considérons comme inadéquat Ie
terme d’(c artisanal 1~ utilist- encore aujourd’hui pour désigner la pêche africaine faite if bord dc
pirogws , nous preférons l’expression de (2 pêche piroguière ». plus eNacte Dans ta période
qui nws concerzle, les pkheries d’origine métropolitaine (à savoir surtout celles venues de
Franc et d’Espagne) sont elles-aussi artisanales et, inversement, certaines (( unités de
production » maritimes africaines (pirogue seule, groupe de pirogues) ont des dimensions et
une productivité qui s‘apparenteraient ti celle de la pêche dite « semi-industrielle 1) Le terme
anglak de .s~~~ui/-sc~tri~~ ~fî.vheries est lui-aussi impropre a traduire cette rtialité. ILa :‘raie
diff&ence entre les pèches européennes er africaines demeure dans le type d~embarcatir~n
utilisé’.
Notre démarche, qui replace l’histoire des pêches dans l’histoire colonigale, n’a pourtant
pas fait débwer notre étude autour de 18W. année de la fondation de !-Afrique occidentale
ii-ançaise. mais en 19Oh il ne s’agit évidemment pas du début de l’histoire des p&he>,., mais de
l’annee où 1’ Administration du Groupe est mise en place et organistie sous la supervision du
<kwzerneur géneral Roume et surtout du moment oti le Gouvernement génëral se ~xkxwpe
dos pèches, puisqu’il fonde une mission permanente dévolue au zoologiste Abel C3-wel
(CRI’L’EI.., 0 90X). L’année terminale, 19-W. correspond à la mise er; place de nw\\~ek:s
\\olr C’tlABOUD ct C’HARLES-DOMINIQUE (IWI) pour la discussion sur les termes. ,qui. ~~HI& lwr ks
.wxtri ZI sujet dc la pfchs i-n .Afr~que dc I’Ch~csl depuis les anntics IWI est lout ;wssi valable pour !a prcmicrc
moitre dc ec Sri&
TT on pourrait proposer une dEfinition plus g.?nCrale dc In pêche piroguiCrc. con~rnc
I’znscmblc des x!i\\ itCs Yi‘c\\ploitarion halicutiqws fond& sur des iniliali\\cs locales. cl r~pownt sur J;s
lisrmcs d’orgamsatlon cconomtquc poursuivant dc? buts nwltiplcs, parmi lesquels In rcproductron soci~lc tir I;I
&fr&encc de la pkhe rndustricolle) et la recherche dc gains monétaires k) (p. 12 1).

4
-nstitutions en Métropole. dom. entre autres., ta fondation de l’Union franCaise . autour de ICW)
;‘&irrnent de nouvelles options : thématique &nérale devenue dominante de l’industr-lalisatie~~
.ks colonies r~li~RSEIL.L,E, 1984). et. en matkre de pèche, petite volont& d’équiper les
p&heurs pirog,krs maritimes qui est manifeste lors de la Conférence de 1948 tenue ti Dakx
~C;OLiVERNFMENT GENERAL DE L’AOF, 1948). Nous avons tenu compte7 dans notx
invent;~ire, des (rxes) documents postérieurs a notre p&-iode d’étude figurant dans les dossier<
que nous avons consultés.
Nous ne faisons pas ici l’histoire (q [otale N de la pêche en AOF, histoire qui n’a, pas
encore éte faite ti ce jour et que nous avons esquissée dans une contribution preckdenrt: ( P.4VII
et Cl--tARLES-DOI\\IIlNIC)I.JE,
1995), à la suite des travaux de J -P Chauveau et aussi de 1:’
P&sier (PELISSIER, 1089, 1995). II s’asi! pour nous de mettre en évidence les décisions ct
processus de dkcisions administratifs qui concernent directement la pêche dans I;I période
lOWl940. Le détail des .4rchives nous montre bien les reprksentations. les hiérarchies. les
interrogations et les décisions ti l’œuvre, ainsi que. parfois. les effets de celles-là sur k secreu~
Nous en faisons ici la synthèse
Lt, second objectif. nous avons voulu réaliser deux instruments de travail utilisables pti,l
d’autres : un imentaire des thèmes et des documents présents dans les dossiers, aink que des
tableaux de synthèse thématiques qui recensent les informations disponibles (DO~. ! ttt
DO~. 2’). Fous en donnons ci-dessous quelques modes d’utilisations possibles Par ailleurs tics
(C modes d’emplois )) plus détaillés figurent en asant-propos de ces deux rrwaus
Une question lé$time, liée à la préoccupation plus genérale d e I’effkacite dtts
recherches pour le Développement, est la wivante en quoi faire un historique sur I;I période
i 906- 1946 à partir d’archkes nous donne-t-il des informations supplémentairec. sur Itts
pêcheries c’rc.frwl/ti.~ ? II ne sufit pas de rzppcler en général les effets importants et durables de
la Colonisation sur les jeunes 0ations africaines. mais il importe aussi de préciser que I3 période
19l%- 1946 voit naître. s’affkmer et parfoi communiquer. dans les colonies., des institutions
scientitiques c:t administratives (ou politiques) - ces groupes sont constitues. en quelci!ue sot-k
par les ancètres des (( développeurs » actuels (CH4UVEAU et SAMBA, 1989), que l’on peut
appeler les « tnetteurs en valeurs ». Mais jusqu’à quel point y a-t-il., en quelque sorte. relatirw
de parenté ? Plus yénéralement, nous voulons comprendre la politique dite de 2, mise c’n
~~aicur N en précisant les modes de relations entre administratifs (politiques) et scientifiques,
dans le dom&w des pêches , d’où l’importance, la valeur des documents consuk aux
kx+iLes qui restituent le détail des correspwdances entre ces deux milieux, et de ceLIs-ci awc
un troisieme Ier groupes économiques m&ropolitains - ou parfois originaires d’autres pa\\:F
d’Europe - concernés par la pêche (chambres de commerce. petites et grandes compagnies de
pèches, commerçants. .)
Uous verrons d’abord le « contexte scientifique )), à savoir I’historique des recherches
cicri concernent la pèche dans l’.rif?ique de f’Ouesl Française puis tkmcophone. et qlui peuvwt
sertir- à I’historicn de la période coloniale nous présenterons ensuite nos trabaur d%tventairct
et de synthèse des Archives, pour. en&\\, montrer ce qu’il en ressort concern,int noft’e
probkmatiqu~: quelles titaient. dans la période 1W6- 1946 (dont nous rappelons les moments.-
cles dans une chronologie figurant en annexe), les rapports de pouvoirs, les motivations, et Il:s
etfèts des politiques en matiére de pêches, dans le contexte colonial ?
Iloc 1
PAVE. i 997 a cd T)oc. 2 : PAVE. 1997 b

5
1. L’état des recherches sur l’histoire de la pêche en Afrique de
VOuest et au Sénégal

La cane page 6 nous rappelle la localisation des territoires qui const’ltuent ‘I’4friclw
;ï)ccidentale Frani;aise sachant cependant que les tiontiéres entre colonies du groupe or71 &a-(::
.nodi&es â plxskurs reprises. En particulier , la Haute-Volta (capitale Ouagadougou] n’eGsw
jas entre 1933 et 1947. tlais surtout, les villes indiquées correspondent aux principaur Iiewi
I’act.ivités de pèche et de commercialisation tels qu’ils ressortent des archives.
1.7 La pêche d’Afrique de I’Ouest, un thème relativement oublié dans ies
recherches en sciences de l’homme et de Ira société
CC~ oubli G relatif f) (puisque quelques travaux font cependant exceptions) tient a wols
grandes raisons en premier lieu, d’une manière g,énérale, les pêcheurs ne jouent pa:j de r6lr
tondamental dan> I’Histoire des sociétés, sauf dans quelques pays ou rkzions trés localisées Dc
plus, la problematique de la (4 sécurité alimentaire )) dans le Développement du Tier; Monde
est tout entière axee sur l’agriculture et I”élevage _ enfin. des disciplines comme
I’oceanogaphie et I’halieutique sont centrées sur i:e qu’elles nomment t( les fluctuations de !a
ressource )F, à savoir, donc. la biologie et l’évaluation des populations de poissons-
Nous Ile serons donc pas surpris que de nombreux ouvrages d’histoire de l’Afrique
(sous la colcksation), ou plus particulier-emenr- d’histoire de l’Ouest africarn, bnégligerll
totalement la pèche ou ne lui accordent qu’un petit nombre de lignes (ALMEIDA-TC)POR.
II 993.
ALMEIDA-TOPOR e t
LAKR( KJM, 1994, B A R R Y . , 1988. COQLZRY-
\\~IDROVITCH, 1992 a et b: COQUERY-VIDROVIT’CH et MON@T, 1992, M’BCK.O1..0.
1985, MEYER CI ul., 199 1, OM.ER-COOPER ef ~1./., 1986. THOBIE c,t tri , 1990).
Nous remarquerons enfin que I’intérct pour l’histoire des pêches africaines est entraix:,
en dehors de la communauté des chercheurs en sciences de l’homme et de la societé.. d’une
part par le Inythe persistant. des C< sociétés sans Histoire » et d‘autre part par certaines
conceptions - et parfois une certaine mémoire tcourte - concernant le développement des
pèches, sur iesquelles nous reviendrons. La tendance hélas persistante. en matière de
!C dé\\eloppemenr de la p&he i) (surtout maritime) en Afrique francophone est de reduire ‘a
question à des données bio-écologiques qui montrent, paraît-il, que les « limitel, de la :xzx?urc’c
haiieutique » sont atteintes ou en voie de I‘ètre en Afrique de l’Ouest . discours au:;si ancien
que nos archives. alors que dans le même temps la pèche maritime dans son ensemble a au
moins décuplé les quantités capturées (CHABOUD et (‘HARLES-DQMINIQI FI. I9Cbl)
Quoiqu’ii en soit, des travaux scientiGques ont concerné l’activité de pèche. et ce depuis
les débuts de 1’ (( Occupation effective » (années 1890)

figure 1 .- f ,‘Afrique de l’Ouest coloniale (début du XX’ siècle - C-I des ann&s 1050 1

7
f.2 Les travaux qui fan t exceptions
Fous Gwns ici quelques remarques et rappelons des réfkrences. sans pretendre pour
aurant a l’exhaustivité. mais plutôt pour degaser des noms et des tendances (le iwteur SI”
I eporwa ti notre bibliographie pour l’ensemble des références principales). La \\ kritable r~lxw~:
se situe dans les années 1070, et c’est pour cela que nous distinguerons deux périodes. 1‘1.m~
;Ivant. [‘autre apr& le milieu des années 107(?
1 2 1 Avant les années 1970
.4\\*ant les travaux scientifiques proprement dits. nous avons une connaissance dc I:I
,&he africaine anterieure à l’occupation effectik e grâce à des récits OU des tem~?ignaye~.
~wu‘res de marins, d’explorateurs, de missionnaires’. La première mission scientifiqw
.l’impurtance denue de la métropole et qui concerne In pêche est celle de Grwel en 1 WI!.-
19Clh , la recherche coloniale sur la pèche est menée par les membres du lzaboratoire des
productions wloniales d”wigine animale c pj es le h/luséum )t et qui dépend en partie de I’Ecok
pratique des Hautes Etudes ; Gruvel en est ir responsable jusqu’à la fin des ann&s 1 QW. tout
:II poursuivant. ses cycles de mission ; J. Thomas et Th Monod font des missions dans la. mème
ptkiode et, bien qu’aucun n‘ait de formatlon prléalable en sciences de I’Homme, ils xws
donnent parfois des &ments sur la pèche africaine de leur époque .4pres IW. dtt~
anthropologues
;omme G Balandier et P Mercier (BL\\L,4NDIER et MERCIF,R. 1911) *IZ
font remarquei par des travaux localisés à certaines. régions (pêche des Lkbou au S6ne:;a.l)
Des rapports d’administrateurs coloniaux, !Comme nous le verrons, pewent el>alement
donner des precisions sur les pècheries africaines, aussi bien que sur les tenta.rives
d‘implantations de pêcheries métropolitaines- ou sur les conflits entre pècheurs (autour de
Poil-Ltienne. par exemple). Aprks les independances, dans les pays dot& d’utx tàqadt
maritime surtwt~ des fonctionnaires des jeuries Etats sont à l’origine de rapports parGis utiles
La science post-coloniale n’est pas en reste avec, entre autres, les travaux de
gkgraphes comme R. Bonnardel (NGLJYEWVAN-CHI BONNARDEL, 1%:‘) pour la pèche
au Sénégal.
D’une maniere gcnérale: les publications sur la pèche sont des monoyraphiw, et ont
donc pour avantage de donner des précisions, pour un lieu et une epoque précise. mais ont du
coup tour inconvénient de ne pas synthétiser les connaissances sur une surface @ogaphique
très \\xste. Et surtout l’historicitl de la pèche est rarement prise en compte
II semble bien que l’étude des pkhes soit finalement laissée aux océanographes ~,XI
zoologistes, qui s’intéressent plus aux poissons qu‘aux pêcheurs.

1.2.2 Depuis les années 1970
La rupture viendra dans le courant des anmies 1970, avec I’entree en lice de xrouvelle~;
disciplines des sciences de l’homme et de la société’. Les recherches sont polarisées. commc~
dans la p&iode antérieure. sur Ie Sénégal- la Cote-d’ivoire et le Delta Central du Ni$er. ma;:%
clans di-s organismes Ëtoff%, fiançais, natiorlaux ou plut-i-nationaux : centres de 1”ORSTC)hl.
CYerrt re de recherche oceanographique de Dakar-Thiaroye (CRODT), Centre de Rt:cherchti
i,c.c;ar?o~:taphiqIle d’Abidjan. Qn va faire aussi désormais la sociologie historique. I’e~onomic..
i‘histoire technique et l’anthropologie des pêches, voire la modélisation Un géographçs commt:
P Pelissier participe a ces nouvelles interrogations. (PELISSIER, 1989. 1995) I-a p&che dit<:
,irti:janalc \\.oit son rOle réevalué, mais I’historiqut: global des pêches en i\\frique dc I’Oue~r
-1^cst pas encore envisage. Nous allons voir i’utilité d’une approche historique du secteur. en
‘ien avec les pecheries actuelles.
7.3 Questions autour des pêcheries actuelles
Il II~ s’agit pas simplement de remarquer que. comme toute discipline scientifiqw.
“Histoire nou:; en apprend plus sur G les objets qu”elle étudie k>. L.es structures et les vjrc?ced&
se pouvoirs et de décisions, les valeurs et les conceptions du présent ont des points communs
avec ceux du passé, qui attirent ici notre attention. Mais aussi, nous pouvons nous interroger
sur certains lieus communs qui ont cours actuellement sur les p6ches en Afrique de I%nest WI
sur la t;ituatioli de la << ressource halieutique 2). Certaines idées auraient tendance a aller de SOI.
alors que justement des traiaw historiques peuvent en ouvrir la discussion Et.. de plw;.
contribuer ti certains debats actuels en sciences de l’homme et de la wciété. Nous verrons ces
deux aspects successivement.
? .3.1 Ce qui va encore de soi...
L)es wnstats défavorables sont fréquemment établis à propos des pêches actuellw
d’Afrique de I’Quest, les uns à propos de I;I pèche dite artisanale (piroguiére)., d’autres sur la
p6çhe industrielle maritime, d’autres encore wr les torts que toutes deux commettraient.
[,a pêche piroguiere serait victime de son + archaïsme )), du « poids de ‘;es traditions :? _
par cxernple, ~~:oncernant les pècheurs maritimes Gnégalais t( C‘e milieu par trop conservatetrr
ciloIt s;e rendre à l’évidence qu’on ne vit plus “auy temps de papa” et qu’il fiwt s’adapter rin
pI.ogres ))- C( Nos pêcheurs sont encore très réticents quant aux progrès ». u P&he artisanale
le poids de la tradition )ii’ , tes conséquences ert seraient plurielles : manque d’arjdace. de
productivité, de <( modernisation )) et refus par les pêcheurs de suivre les c,onsignes ou It::,
indications venues de la Recherche ou d’lwitutions diverses (nationales ou internationales)
Certains lui reprochent par ailleurs de se *soumettre a une forme d’économie de traite?.. au
profit d’exportateurs etrangers qui accapareraient la production au d&rimexlt de la
consommation locale.

9
La pèche industrielle, impliquée sowent dans les échanges internationaux. es1 accuset:
de nc profiter qu’a I”Etranger , elle ne prendrait pas de précautions dans ses activités.
&oiwsant sans discernement pour la ressource les zones et les dates de pêche, air-w que le’;
engins utilisés. en gaspillant une bonne partie de sa production (rejets).
Enfin. recherche et institutions du développement s’inquiètent en permanence de
- C( epuisement des ressources halieutiques b, devenu menaçant à cause de la + surexploitation
Ics stocks iJ litie ~3. une absence de (( gestion rationnelle >), dont tous les types de peche seraient
;>lu:i CU moins responsables, un peu panout dans le Monde. A propos des ressources
galieuliques : *( i xs ressources renouvelables; sont d’autant plus fragiles que leur exploitatiorl
rst plus wuteruc Mieux utiliser aujourd’hui est nécessaire pour assurer demain la pérwnité ck
l’exploitation u (tIJR\\I et ROY) 1991, p. 8 i Nous nous sommes G naturellement » demandes
k quand dataient ces preocçupations, de quels groupes elles étaient issues. atin de ~~érifier %;i
CetTe mprévoyance d”hier qui aurait préccdé les soucis de « gestion ratknnelle pour u II
dkeloppement durable )) d’au.jourd’hui (puiique (( nous y sommes )1. Wes limitec; sont atteintey)
est valable historiquemenn
Tous ces propos ont comme point commun de s’inscrire dans 1’ f( eternel présent ):*
le
passe ” oublié ou transformé puisque pas étudié - est constamment « reconstruit 1, par les
cr acteurs )) qtii interviennent dans les activités de pèche (professionnels eu\\.-même’;,
C< dé\\:eloppeurs 1, o u
,c( décideurs B,
chercheurs et
m e m b r e s d’C)rganisations nor.-
gouvernementales). Troi:! raisons à cela
ti)ut d’abord. I?mpératif reconnu rrnanimwnent dr
(i développement b) est souvent doublé d’un sentiment d‘urgence, avec des considération:;,
sowerrt mèlées, de type hio-écologique ou scjcio-économique ; c’est ce sentiment-là qlui pousse
a &,aluer des situations, parf&s à prévoir l‘avenir, mais très peu à étudier l’évolution passee
des problemes du developpement. De plus. la rhétorique du développement est tenue par des
personws appartenant à des groupes (politiques 01.1 scientifiques, nationaux ou plurin;U%~nau~: 1
qui doivent souvent legitimer leurs raisons d’exktence ; le passe rkent sera donc remodelé
d’une certaine manière. tout en sachant cependant que ces groupes n’ont jamais tout a fait
raison ni tout à fait tort. Enfin, la recherchs (( halieutique )) sur la pêche a peut-&re du mal a
faire émerger des paradigmes satisfaisants*.
La mise en perspective historique peut participer à la critique de propos de\\cnus
parfois <! idée:; rruc;ues :k) ; surtout dès lors qu’on s’intéresse à des documents administratifs, qui
eux-mtkies concernent le politique, I’économique ou le scientifique, Les articu!lations entre ces
trois ‘plieres d’intluences ou de gouvernement sont elles-mêmes problématiques, pour raisor~s
d’ u éternel présent )) et. pafik de légitimaiions mutuelles qui orientent le discours.
1.3.2 . . et les questions en suspens
D-autres questions sont considérties actuellement comme suscitant des debats
prometteurs sur le secteur de la pêche africaine (PAVE et CHARLES.-DOMINIQ~.!EI t 99i)
- L’ancienneté de la péche maritime Hfricaine (C”HAUVEALi. l 986, 1 WI _ PF l.,lSSI ER..
i 989, 1995) ,
- Le rythme, les modalités, la difrùsion de l’innovation technique ~(C’HAEWC.‘D rt
~:H~~L.ES-DO’MINl~~~l~~,
139 1. CHARLkS-DOMIN QUE, 1993) ;
_ tir ~.wtnplc. pour qualitkr I’actkilL de pêche. Is.: Axchcur intértxk dispose cn dcfïniti\\c &nr loc~bulairc
IlmiiC.
;IU définitions nwltiples : &k=~ de pêche. rwmm::. gestion ralionnelle. pkheric : nu na&nu
!;~~rpt!che.
suresploitalion. 6%

- Les migt atiuns des pèc.heurs ; de quand datent-elles 7 selon quelles prwpwtiorls ‘T’ fw1A i
queiics raisons ‘? iCt-IAUVEAI.;, 1991, DIAW et HAAKONSEN, 1993) :
” Les taisons de ia vitalité de la pèche maritime et iagunaire et des ditTicuh& de 3:1
L)èche fluviale, importantes dans une problématique de développement q
,_ L’histoire des politiques sur la pèche, leur lien avec l’histoire générait: , I’articuiatior~
~c’ec la Recherche et les intérèts économiques. ce qlui est l’objet de notre synthèse
2. Présentation des sources utilisées et du travail accompli
2.7 Présenfatkw des Archives de I’AOF
?t part quelques dossiers H sensibles +, les Archives de l’administration de l’AOF Sor?t
resréec, a Dakar aprés I%i8 ; les actuelles sIrchil:es du Sénégal regoupent les 4rc:hi\\,es C~:I
Gouvernemem $nérai dr I’AOF, mais aussi celles des administrations fiançaises arr S6négal
akant et pendant I”AOF (gou\\,,ernement de I;I Colonie du Sénégal). et une partie des Archi\\w
du Sénégal indépendant.
l.es répertoires thématiques ont été ccrits depuis les années 1920, et surtout depuis les
années 1060. Cependant. pour le fonds f( Pêche )) des .4rchives du Gou\\,ernement gén&ai.,
l’invwtaire n’dttt’int pas i.me précision sufis;mte pour qui souhaiterait mener des investigations
serr6es. D’où notre inventaire qui recense tcfus les documents figurant dans les dossiers I a 8
(44 1 refèrences). ou qui. de manière moins détaillée, répertorie les thèmes abordés (dwiers 1 1
a 16)
Quoiqu’il en soit., toute utilisation de documents des Archives de I’AOF’ dc;rait &rt:
pricétléc par la consultation de deux ouvrages de S. M’Baye, actuel directeur des Archives C~:I
Sénégal (M’BAYE, 1 C)~(I. IC)(I 1). Ces deus instruments de travail sont indispensables
2.2 Les sources ufïhées et la présentation du travail
1Jne remarque préalable nous n”acons pas utilisé ici les Rapports anweis du ServiLx:
de I’Eievage de I’AOI’, ni les Archives de la Colonie du Sénégal, ni les quelques I( rapporrs
periodiques Y) qui, chacun à leur niveau de la hiérarchie administrative. traite,nt de la pèche 1
ceci M gris a dejà étr3 fàit par J.-P. Chauk eau. Seule l’étude des dossiers de la sous-secti<w
<( @CIte v nous permettait de comprendre le détail des prises de décisions, en nous montrant ltx
débats. rétlexions, rapports de forces, hiérarchies à i’oxvre.
Les dossiers font partie de la section des Archives consacrée aux q< AtTaires agicoles bi
(R), dans La sous-section K pêche » (4). l.,;r série (( 4R » de cette sous-section comprend 73
dossit:rs. dont 2 sont manquants (9 et 10) , C:e sont les dossiers I à 8 et I t à 16 qui concernent
notre période, donc 14 dossiers au total La thématique indiquée dans le catalogue des
-4rchives consacré à la section H R » est en gos valable, mais insuffisante.
Notre premier trajfaii a donc consiste à faire la chronologie des documents disponibtes
dans ces dossiers, cc qui a été totaiement accompli pour les dossiers i à 8 Nous ac’ow precisli-,
pour- chaque document, le dossier dont il est extrait, son type (lettre, câblogramme .] son
numtiro éventuel (pour les documents administratifs, et. parfois, pour le courrier envcyé depuis
le laboratoire de A. Gnivei). son destinateur et :son destinataire (le (( Gouverneur ;~énéral 11,
sans autre pwcixion. désigne celui de l’AOF ). ainsi que les sujets abordés Chaque drcumern I
un numéro de référence. uxiie pour l’emploi des tableaux de synthése. L’inventaire par

1 I
Jucumznt est whaustif, à l’exception de qwlques bordereaux, et lorsqu’un même documen:,
\\:SI r&petti dans plusieurs dossiers, nous ne renvoyons qu’à un seul des dossiers où il figure
i3our les dossiers I I a 16, nous avons fait une liste des thèmes abordés par chacun d’eux, dont
sans aller jusqu‘à la précision du document.
Pareillement, nous ne précisons pas. pour les derniers dossiers. les thèmes +Ii sont
,tbordes par tres peu de docunlents, lorsque PS documents figurent dkjà dans un autw do-s&
,,lui traite plus largement le thème. Nous sommes donc menés à préciser”, voire corriger-. It:
catalogue de la serie 3 R.
lotre deuxieme actibite a consiste a classer les informations figurant dans lez
documents, sous formes de résumés ou de crtations. dans 1 1 tableaux thématiques, dont coit:i
Ies intitulés :
1 Calendriers de pêche ;
2 Conservation des produits de la pêche ;
3 Consommation :
4 Femmes dans la pêche ;
5 Interventionnisme en matière de pkhe ;
6 Lieux et circuits de vente (incluant I’AEF. le Togo et I’Atkique de l’Ouest no11
française)‘” ;
7. Lieux et ports de pèche ;
8. Origines des pkheurs I
9. Techniques utilisées ;
10 Tendances générales observées ;
I I Espèces Pêch&es et prix.
Clans chaque tableau sont précis&\\ les annees des documents, lec refërenccs qz~;
reportent a I’k, entaire des documents ou au répertoire des thèmes. ainsi que les Cok~nits
concernkes : !( ;IOF )) désigne l’ensemble du g,roupe et « AFR )) les pays d’!2ftique ‘4
I’e!<ceytion de 1’40F Nos tableaux sont. nrwmalement. exhaustifs. Tous les types de pêche:‘.
nous l’avons dir, son1 concernks ; nous y avons inclus les pêches aux mollusques et aus
crusta& , l’ensemble des informations S~I~ le sel (production. commercialisation. Msaticwt
pour la conservalion et pour ia consommation) figure dans les tableaus 3. 3 es. 1 l Toutes 1~s
p&:her.ies europeennes dans les eaux de !‘.4OF so’nt mentionnées. ainsi que la pêche française
dan5 les eaux du Rio de Ot-o icofonie espagnole) qui est indispensable à connaître pour toutes
les questions concernant les p&hes dans les eaux mauritaniennes.
Nous a\\ ans gardé la plus grande neutra.lite possible dans le recensement des
infi~rmations. soilhaitant les restituer dans Iwr cohérence. Nous avons d’silleurs ti-écluemment
tinil: des citations. Nous avons alors gardé dans la mesure du possible les orthographes de
1 ‘époque’ ’
Nos tableaus thematiyucs doivent bien siir être consultés en les (( recoupao~t ;) p31
exemple, une recherche sur la pêche ai 1;1 crevette en Guinée au début des anr@es 19~

12
akces&erait dt: wnsulter pas moins de 5 tableaux (tous les documents concernes d&enr de
!933),
- dans ie 2. nous apprenons que les crevettes sont parfois skchées au soleil. mais :ILIC.
dans le Cercle de Bol&, elles ne sont pas conservées (donc consommées fraîches) .
- le tableau 3 nous informe que la consommation locale absorbe tout ce qui est pkhé
ICS wzuettes sont consommées tant6t fraîche%, tant& séchées ; deux recettes sont possibles
en
poudres avec du riz ou en boulettes avec des arachides ;
- les crevettes sont pêchées par des femmes, nous apprend le tableau 3 ; dans le wrc’k
de Boké, elles pkhent a marée basse, utilisant un petit filet et un bâton ;
- selon le tableau 7, le commerce de la crevette est, dans le cercle de Bokc,
exclusivement local _
- les crecettes ii-aiches (t.ableau I 1) sont vendues en général de 1 SO f’ à 2 t’ le: I\\,k CC:~
jec’hees de I f à 1 SO f Ee kg ; il y a « beaucoup de crevettes (sanfoui) )) sur les ctites du Cercle
~3, Boké ; le prix de wnte aw~ Européens est de 1 f les NO grammes environ. sachanr que, t‘rl
;aison séche, Z ’a 3 kg de crevettes sont ramenées quotidiennement auY Européens de Boke
II resterast, comme il se doit. à vérifier par d’autres sources la validité de toutes ces
rniOrmations. L’avantage de notre travail systématique est qu’il permel d’aller rapidement
chercher tout :ypr d’information et, le cas khéant, de retrouver plus vite les doc\\Iments utiki;
aux. Atchi~ges. Mais bien Gr il demeure nkessaire de garder un regard critique SUT nos sour‘~e~
2.3 De la critique des sources : quelle fiabili’té ?
Chaque point de vue est bien sûr particulier. et le personnel administratif et scientifique
fi-ançak rie voit pas tout, tout en restant rétif aux explications approfondies kksi, comme ?WUJ~
le ÿerrons. on N expliquera )) souvent les méthodes et les engins de pèche afrkak par 3~s
pesanteurs de (( mentalités >) (ou, à l’inverse, par de I’ingkniosité indigène).
Surtout, I’Administration coloniale. de même que la Recherche et les groupes de
pressions ~cononiiques. ne conqoivent pas forcément de continuité a leur rétlexion fou i2 leurs
actes il est arriié fréquemment, lors de narre dépouillement, que nous puissions survre awc
facilite une rétlexion et une procédure sur WI sujet ou un problème donné, sans que l’on sache
CC l-kalement H quelles sont les décisions prises ou ses conséquences concrktes Parfois. la
mème question o;e repose quelques années plus tard (( naturellement H, sans que 0’0, sache i:e
+ïl s-est passé entre-temps. Il en va ainsi pour la Mission ‘Thomas C 1933 j qui suscite, lors ate
sa préparatior el de son déroulement, de nombreuses correspondances : mais,. uns fcis celle,-C*i
accomplie, nous n‘en connaissons pas les effèts concrets (nous en reparlerons)
Par aiileurs, les données numériques que nous avons recueillies sont A manier wec
precaution. Elles ne nous donnent pas de vision exhaustive des fluctuations des prix et des thrx
commerciaux C’ependant. ce sont. surtout les tendances qui sont signifieati\\*es, plus que ‘ies
*ti.aleurs 4~ exac:te;i )). D”une mani&-e générale” les Archives de la sous-section (e p&zhe H ne nws
donnent qu’une lue partielle de la réalité des pêches. Mais elles demeurent indispensables pour
wmprendre comment se dérok la politique coloniale, et la place qui y est faite attx chercheurs
t”! au.4 pêcheurs (européens plutot) ; ce sont toutes ces institutions qui sont I’objei de notre
ktude hisroriclue C’est pourquoi nous commencerons l’exposé des éléments décwvertr par
une présentation des structures.

3. Pkhes et politiques sur les pêches : hypothèses et éléments
#Histoire

3. f L’avènement d’une technostructufe des pêches
Le terrine de (( rechnostructure 1) a &é utilisé par J K. Galbraith qui prxke 6.q 1. i:
système industriel est inewicablement lié à YEtat 11 n’échappe à personne que., de bien
iài;ons, la grande entreprise moderne est un bras de I’Etat, et celui-ci, dans les cirwnstanccç
importantes. e<~l lui-même un instrument du système industriel »“. Dans les èlites dirigeantes
Jes pays (( dtkeloppks P contemporains, trn trouve plusieurs groupes constitutr k d’imc
;echnostructurc : dirigeants politiques et hauts fonctionnaires, une partie des chercheurs ef des
wperts ainsi que les dirigeants économiques et, parfois, des dirigeants syndicaux’.’ De plus, les
tilites scientifiques et administratives trouvent une partie de leur légitimite sur le rôk qu’ek~
jouent dans l’konomie, en aidant. au lancement de nouvelles activités, industrielles ou wxs
C’ompc+sition et legitimité des technostructures contemporaines ont des p&nts
communs avet: ta technostructure coloniale en AOF. ce que nous allons préciser clans k
dornaine de la péche. kous allons voir les organisations. les objectifs des groupes en pr&nce
(politico-admi~listratif scientifique, économique), ainsi que les rapports de pouvoit-s entre ew
La figure pag 19 nous montre cc‘s groupes dans les processus de décisions qui
concernent la pèche ; tous ces groupes figurent à un moment ou B un autre dans nos archives
Pour les pkheurs africains. nous avons mis en évidence leur inexistence dans les prwessus de
dkision ; les +.xiques fois ou ils ne sont pas négligés. ils sont O/~~~~~S et non pas .wj&+ des
politiques.
Nous n’avons meme pas trouvé trace, a leur sujet, du discours participarif utilik
pourtant par I’Administration dans d’autres secteurs, tel l’agriculture (C)-IAL~Tÿ’E,41~, I c>O.I! 1 .
cela ec;t sans doute dU d”une part au caractere peu important de la pêche dans l‘ensemble de
I’et;onomie (politique) coloniale. et d’autre part à l’idée répandue alors que les pkheurs
forment des groupes a part (DO~. 1, p M-55). En revanche, l e s pècheurs d’orisille
métropolitaine sollicitent fréquemment, comme nous le verrons. une Xdministratic\\n qui est
sensible à leurs demandes d’interventions.
Dans notre schéma, nous avons distingué les trois (( parties prenantes I) aux d&:ision:;
en premier lieu, le pouvoir politique et administratif. avec. de haut en bas, le pouvoir centratl.
qua vote et fait esécure~ des lois qui parfois s’appliquent aux Colonies. et qui. en prirwpe,
itnpulse la politique coloniale (Ministère des Colonies) :

Groupes et Institutions concernés par la pêche en AOF
Conseil des Ministres
Mini stère des Col onies
Comitéd’Etudes Historiques
Directions techniques
et Scientifiques de l’AOF
(dont : Direction des Affaires Economiques
-puis IFAN ap 1936.
Sociétés de Géographie,
Diverses Sociétés de Pensée.
OSTP ap 1919
ORSC ap 1943-1944
(dont : Congrès des Pêches
et Iudustries Maritimes,
Congrès Internationaux du Froid.. .)
Expositions Colo&*s
Gouverneur général*
/
-b
f
Groupes de pression
économiques
(métropolitains. européens)
Directions techniques
- sociétés de pêche
et de transformation
dont : Direction des Finances et Comptabilité
- artisans
Direction des Douanes, Direction des Travaux Publics
direction
;
des Affaires (puis des Services) Economique!
\\
/
n
/
Lieutenant-Gouverneur,
puis Gouverneur, de Colonie**
Conseil Privé
ou Conseil d’Administration
*Haut Commissaire de l’Afrique Fkutçaise
(1940-1942) puis Haut Commissaire de la
République en AOF ( 1945 1946)
** sauf la circonscription de
Dakar
et d&wdances
1 Commandant de Cercle 1
Institutions modifiées
1
I
1
I
à partir de 1940
Chef de Subdivision I

~IC~~I~ s\\w~s 1111s en éwdence 1a fonction dr Gouverneur général, ainsi que l’~~(jrnjtl~srrat~o~
diril;earrte de I’AW. chargée de le conseiller et de faire appliquer ses décisions
enlin. nws
;Lions bit figurer les kheions inférieurs. dusqu’à la subdivision. On remarquera que la
Circonscription de (( Dakar et dépendances x (qui inclut Gorée et Rufisque) est drrigee par un
administrateur particulier et que, d’une maniere générale, les échelons inférieurs a:~
Qiowernement genéral intervicrnnent bien moins dans la politique en matière de pèche que !e
(kwwnement gk$ra1 lwrnème~ se chargeant d’appliquer, de conseiller ott d’informer (ce +Ii
explique néanmoins Iwr mention). Durant les dernières années de notre +riode. c(:s
mstitutions sont modifkes au sommet : I’AOF reste du côté du régime de Vichy S~usqu’a la fin
i W2. et son administration dépend désormais d-un secrétariat d’Etat soumis au 4~ Chef de
\\“Etat français )). alors que les assemblées léyislatives françaises n’existent plus De la fin I MI!
a t 940, I’Administration depend du Comité Franc;ais de Libération Nationale, instalk à Alger.
puis du Gouvernement provisoire de la Ripublique française, à partir de I’éte 1’)44 . ‘i-annw
1916 toit la (, restauration H en France d’institutions légales et représentati\\:es, sous f’tykk
d’une nouvelle Constitution. On parle desormais d‘ (( IJnion française )). pcwr désigner
I’ensentble forme par la hlktropole et ses colonies , un 0 Haut-Conseil » et une I< Asswnhl~e de
l’Union française », à \\.ocation consultative sont inst.aurés. 38 députés et ~14 :;énateurs
rcpresentent les èlecteurs des Colonies. Les collèges électoraux sont cependant restrein1.s.
lorsque ne persiste pas !e double collège. Enfin. les Gouverneurs généraux sont désormais
assistés d’un Grand Conseil (consultatif). AU total, il n’est pas sûr du tout que l- ‘< esprit )b des
inktutions coloniales soit alors fondamentalement modifié (BENOIST, 1982).
Seconde partie prenante, le monde de la Recherche, avec les instituts, organismes et
({. wciCtés de pensée H qui s’intéressent aux colonies (BONNECrIL, 1991. GIRARDET, 1972 I
Nous al’ons réservé une case particulière au Muskum, auquel appartiennent les scientifiques
spircialistes des questions de p&he ou de biologie marinei4.
Enfin, leb groupes de pressions économiques désignent les Chambres de commerce. les
armateurs, parfois les pêcheurs artisans, tous d’origine française. On peut également y inclure
les amateurs ct @heurs artisans canariens qui pêchent dans les eaux de Mauritanie. Iorsqu’ils
se manifestent à 1’.4dministration (en 1942- 1943, par exemple).
Ces ti*oi-, groupes correspondent entre eux. les quelques chercheurs ~:oncernes
s”efforc;ant par& de conseiller I’Administration et les Compagnies de pèche réitérant des
demandes d’interventions qui leur soient favorables (nous y reviendrons) De plus, les uns et
les autres se rencontrent lors de Congrès internationaux, nombreux dans l’Entre-deum-Ciuerrc:iy,
et lors des E:ip~)sitions volorriales, fréquemment doublées de conférences et de congrès k.e
pIus assidu est sans aucun doute Abel Gt-u~ el, qui se tient jusqu’à la fin des ankes t 9.3~ à !a
confluence dc tous ces milieux, sans oublier pour autant la direction de son iaboratoirc “ia
~xrriere et ses knctions multiples sont exemplaires pour comprendre la H technostrwture des
pè&es H. Remarquons d’ailleurs que Gruvei peut jouer un tel rôle parce que la technostructure
ne concerne pas un nombre élevé de personnes _ de plus. la plupart des fonctions
administrciti~,.~s liue nous avons mentionnées ne sont évidemment pas centrées sur la #che. qui
ne concerne de manière permanente qu’une partie des Directions économiques succ<:ssi\\~es du
Xlinistère dei Colonies et du Gouvernement général. De plus, la pèche n’est pas une
pt-tioccupation majeure des (( sociétés de pensée )) : elle est importante surtout pour le
laboratoire fonde par ~2. Gru~,el, chercheur dont nous devons faire la présentation

En 1902, Gruvel est maitre de Conférence à Bordeaux aprés avoir soutenu ame these dc
,:oologie sur les Cirripedcs (BONNEIIIL, lQ91, ~OC. l ) C-est en 1905-1906 qu’il accomplit
~IIW mission en AUrique de l’Ouest afin de determiner les zones marines les plus poiswnneuscs
et d’etudier la pêche locale Le Gouverneur général Roume; qui organise alors 1’ Atiministra-tjorl
de 1’,40F, lui confie une mission permanente sur les pêcheries en AOF (GRI WL IWk
1913) En 1912, il dirige le laboratoire des pêches coloniales « près le )p Muséum II est. ;i
par:[ir de 1920. le premier occupant de la Chaire des peches et productions animales d’origine
;oloniale , les rapports annuels du laboratoire pour les années 1920 et le debur dcc armees
19.30 temoignem d’une a&*&: dense. en matiére de recherche comme d’enseiynement
I uayu’en i 940, il représente le Gouvernement général de I’AOF aux I~‘ongès des pèchc~
maritimes en France (un tous les ans ou tous les deux ans) ; durant les années lc~.iO. i? Y*
:.eprésente meme l’ensemble des administrations coloniales ; il est défegué permanent du
Gotivernemenr yenéral de I’AOF à l’Institut international du Froid (et donc participe it tous 111s
(‘ongres internationau\\ du Froid), il est conseiller technique au Ministére des Colonie~.
secrétaire géneral du Comité d’études et cI.action des pêches et chasses coloniales ;:t I“lnstit~;.rt
colonial frayais (a partir de 1926) membre du CAAC (Comité d’ktron agricole
colonisatrice) et, aprés 1925, de (( Colonies-Sciences H ; il est secrétaire général du Comite
pour la protection de la faune et de la flore coloniales (à partir de 1927). Son activité, le firit
voyyer dans le monde entier. et lui permet d’entretenir une correspondance frequunte CWIX
tous les Gouverneurs généraux de I’AOF.
Il est aussi à l’origine de nombreux projets, certains parfois renforces par des c wulaires
du Ministre deï Colonies. qui reprennent païfois mot pour mot ses propositions Sa
preoccupatiorr permanente est l’amelioration des installations de pèche à Port-Etienne (le char\\
du site a dépendu un peu de lui), en faveur surtout de la Société industrielle de la g-ande peche
(SIGP), à partir de 1920 II émet aussi d’autres projets
_ en ]$13”
I-e la transformation industrielle des huiles de poissons sur place.,
- de 1922 à 1925. la peche aux requins et la transformation des peaux,
- en 1923, la préparation des vessies natatoires pour une transformation industrielle.
_ de 1923 à 1927, la formation en France de moniteurs ou aides techniques des peches
indigènes, pus d’un seul technicien qui formerait quatre moniteurs. puis d’un sewice dcss
peches par colonie (à l‘image des services agricoles),
- en 103 1. l’envoi de quelques pêcheurs africains en stage à Port-Etienne,
_. en 193h- 1938. l’introduction de salmonidés et de cyprinidés dans les cours d’eaux de
Guinee et de Côte-d’Iv,oire qui permettrait d’en faire la pisciculture.
En 19.X Gruvel a déja soixante-six ans, ce qui peut contribuer a illustrer le constat de
%( gerontocratie de la recherche française dans l’Entre-deux-Guerres ti (BONIKEIK 19?l 1. tl
dccéde en 194 1. et, en 1945, Théodore Monod lui succède à la Chaire qu’il occupait
Si une seule personne peut jouer un tel rôle, c’est d’une part. nous l’avons dit, en raisi?n
du faible nombre d’adn7illistrate~lrs directement concernés par la pêche”
Vais surtout. d’autre part, les Institutions administratives de I’AOF se pretent bien à la
cotrcentra.tion des pouvoirs, ce qui peut nous permettre d’établir, à leur sujet, un parallt:le avec

3es institutions de la France d-Ancien Régime’” : concentration - en dernier ressort - d<* tc.wh BCS
pcttivoirs aux mains du souverain, puisque le Gouverneur général est « dépositaire des pou~G?.
(ie la Republique o (armée, police, justice, fiscalité, exkution des lois. initiative Id’arrètPr), iii t-w
dépend ni de I‘ekction. ni des rangs subalternes de son administration (il n‘est responsable ~LX
devant ie Ministre des (‘oionies) : il est donc r( absolu 1). au sens originel du terme. & wvoir wn
pas qu’il puisse tout, mais plutôt qu’il n’a aucun lien de dépendance a\\-ec ses subordonnés ‘il!
;~lec la population. La répartition des exécutants en conseils (privé etc.) caracterisair déjà les
ilauts-fonctionnaires du Roi, ou le pouvoir dans les (( vieilles colonies ». Cette concentration
des powoirs se retr0uL.e ensuite à tous les cchelons subalternes de I’.&dministration Enfin. k
pouvoir colonial dispose de pouvoirs issus de l’Ancien Régime (travail fcw& imp0t do
dapitation., ). D‘une maniere gtSn&ale, la République s’arrête aux frontières de la hlélropok
(‘es prmclpes de Goul*ernement expliquent comment un certain personnel politicct-
;Idrllinistratif(airlji que militaire) peut conjuguer outre-mer Nationalisme err falreur de la France
et détachement plus ou moins marqué avec les mœurs politiques de la hlétropole _ le cas 1~
plus cekbre serait, hors de I’:WF, celui de Lyautey’7
Nous pouvons sans doute Iàire rw
hypothke, a partir de5 modes de fonctionnement de 1”Administration coloniale. et aussi du
personnel qui y est attiré: a propos de l’attitude de cette administration après la Defaite de mai-
juin i 9311 le ralliement a la France Libre ne concerne que les (( poussières d’E3npire :: proch:~s
en yeneral de colonies ou dominions britanniques importants, ainsi que 1’4EF. :lui bascule wus
l‘impulsion d.un seul Gouverneur de Colonies (F. Ebouk au ‘Tchad) ; e!I revanche. 1~s
prctectorats du Maroc et de la. Tunisie, l‘Algérie, les colonies d’Indochine. dt: Madagascar.
ainsi que l’AOF et les territoires du Levant sous mandat sont fidéles au régime de ‘c’ichy 1.e
noweau régime (( de tàit 9’ apparaît peut-être, en matière coloniale, comme mit solution de
continuité avec les pratiques passées, alors que le réyime précédent, celui cle la Troisiéme
république, n’est pas soutenu.
Nous remarquerons enfin la possibilité qu’ont de coexister, d-une part l’idéal de
modernisation as ec l’aide de la science, et d’autre part l’autoritarisme et l’arbitraire en tnatié,re
politique. Une partie du haut personnel de Vichy est d’ailleurs connue pour se? velkrtk
mo5dernisatricesl qu’elles s’appliquent à la France métropolitaine ou aux Colonies”
Bret: dans la periode 19(116-l 946. la aechnostructure des pêches nait et awroi: son 1. r^tle
~‘1: ses effectit’s, en lien avec ie développement de la technostructure coloniak en général.
Chercheurs, administrateurs et groupes économiques des pêches sont déjà en relations Mais il
reste a connailre les motivations et les effets des politiques menées sur les pêches
” NOUS rcprwons les analyses de J. Frcmigacci (FREMICACCI. 1992)
” iklon J. klarscili~ (MARSEILLE. 1081. p. 3411
a Ic modernisme de Vichy puise donc ses r;tcwci clans! la
pcnsCc df’unc Clitc .ldminic\\tr:tt~vc qui ;I su profiter da circonstances esccptionn&s de la gucrrt: pour tibrmçh~r.
ai Aroite liaison xix Ics mificus d’affaires comwis 3 l’industrialisation Ides Coloniçsl. un pl;m ‘qui twcni I:l

trame dc cc qui aurait pu 6tre une politique coloniale ambiticusc U.

3.2 Perceptions administratives et scientifiques : /‘Eternel retour du Même ?
3.2 1 Les limites de la « ressource 1) : quelle réalité ? quelles conséquences ‘?
La prcoccupation est ancienne : ainsi, en 1922, un administrateur propose-r-4
d’interdire la pèche a la crevette d’août à ocrobre dans les eaux mauritaniennes
t. wte p&k.~
Ci lieu a la saison de la reproduction de juillet à novembre ; des quantités considelables d’reuk
:$ont ainsi exposes et détruits I de plus, c’est l’époque de la mue, la mortalité est plus grande
&~II~ les tiviers, la chaieur l’augmente encore [. .y] 11 est bon d’ajouter qu’il serait diffkile ~clt
Goùteux d’assurer la surveillance et l’exécution d’une telle mesure ( .) La crevette ne qSe trou\\ c
pas en quantité appréciable, le chalut en ramène quelques-unes de très grosse taille ( 15 ;I
20 cm). la serine rarement )) (Do:. 1, p. 14 B 5). On parle donc déjà des etfèts de la pèche SIH
ies ,juv&iles, des tluctuatîons des quantités pèchées, et de I’utilisa.tion des engins de piche Par
ailleurs. on volt d&jà coexister des discours pluriels : l’administrateur propose une mesure pour
ajoute] aussitot qu’elle est inapplicable, et, la meme année. un autre administratew afYirme qrir
:C les réserves de la mer sont inépuisables et extrèmement Vari&es 1) (Dot. 1. p. 70)
En 1924. nous iisons, sur la pèche fluviale africaine en AOF, que, N pour la capture, rl
[le pècheur africainj emploie des engins meurtriers qui détruisent inutilement et sans protit
pour personne plus de poissons qu’ils ne permettent d’en récolter » ID~. 1 > p OS$
L”eupression ” cic
_
engin meurtrier N est encore utilisée de nos jours. alors mème qu’un meurtrs
dkigne 1’ i< action de I ucr volontairement un être humain P’~‘. L.‘utilisation h-pet-bolique d’w
terme doit retenir notre attention : s’agit-il en l’occurrence de stigmatiser un goupt’ humain I 1~s
utilisateurs d’engins dit meurtriers) qui exerceraient indirectement leur action nefaste contre
d’autres (çew. qui prennent pI.us de précautions pour pècher, ceux qui consomment du
poisson) ‘? Or. tout engin de p&he ne vise-t-il pas à capturer des proies. forcément tkes dans
l’affaire ‘! Ne :,‘agirait-il pas plut3 de trouver des arggments favorables pour vel? ain< groupes
de pkheurs comre d’autres ‘? En l’occurrence pour promouvoir une pèche ~nétr~)p(~1itain~~ ‘?
Nous apprenons par ta suite que l’année 1925 n’a rien donné de neuf en ce qui
concerne la p&he en AOF : (( bien que pratiquée avec plus ou moins d’activité sur toute
I’etendue du littoral. sur les rives des fleuves et dans les layunes, elle reste une richesse dont
toutes les ressources ne sont pas connues et encore moins exploitées )I (Dot. 1 p 65);
C’ette année-l& on s’inquiète : ci II semble. qu’après une exploitation peut-être un peu
intensiw. le nombre des Langoustes royales de la côte mauritanienne commence a diminua
serGblement. Ii n’était pas possible, malheureusement. de réglementer la pèche des langoustes
rwvales sur le:; Ci)tes de Mauritanie, puisqu’en territoire espagnol )). \\u que la langouste royale
est pkhée dans les eaux du Rio de Oro (Dnc. 1. 1-7. 73) ; là encore, un constat à la formulaticw
iwertaine et aux prew es fragiles débouche wr une mesure inapplicable.
.4u Skegal. C< L’abondance du poisson tant dans les kleuves que sur ‘ies Gtes,
compart’e au&. besoins quotidiens, n’avait pas conduit ti une réglementation étroite de la pèche
et par suite il n‘avait pas paru utile dans ces conditions, d’interdire le droit de pêche aus
rwires étrangers [. ..] D‘une ma.nière générale la quantité de poisson pèché au Sénegal a ~B(IS
que triplé depuis ces der~nières années en ce qui concerne le poisson livre à l’étai frais et it en
GSI de mème au moins en ce qui concerne le poisson séché [ .,] Bien que l‘on ne saurait. en
deduire que Ics iluantités de poissons ainsi capturés puissent avoir une influence sur 1,~ richwse
poissonneuse de nos eaux il convient cependant de remarquer que depuis ces trois dernikes
’ ’ Le Petit Robert.

19
mnées, et celle CII cours en paniculier, le poisson semble s‘ètre éloigné de la. Ujte kr 4111 lu
trouve moins abondant » (DO~ l, p. 70).
En 1933. il se dit à propos de la pèche lagunaire que (( l’industrie de la +he est
i>artiwlieremerlt actke dans le Bas-Dahomey )b ; cependant. il serait impossible d.~~~~~l?le?~t~~~
les rendements sous peitw d’épuisement de In ressource (Dot. 1~ p 70) Le lecteur nc :Sait dw~
pas s’il doit se réjouir pour aujourd’hui ou s’inquiéter pour demain.
En 193 I _ Gruvel atirme que « la raréfaction de plus en plus grande des poissons de
Iond sur les cijtes d’Europe \\‘a certainement. dans un délai très court, favoriser l’essor de ;a
grande pèche industrielle \\ers les rivages de nos colonies les plus rapprochees et. en pwticul~~.
k Maroc et I’.Urique occidentale française 1) ce qui rendrait nécessaire de créer ;i Porr-Etienne
c un port de pèche vraiment digne de ce nom 1) (Dot. 1, p. 29).
En 1945, « Des techniciens ont déclaré que les pêcheries de la côte mauritanienrte
poulaient fournir par an 120 000 tonnes de poisson, sans que pour cela on ait ;t craindre 1137
epuisement dtrs fonds. Or, si nous sommes actuellement très loin de cc chif’fie il n’est P;IS
impossible qu’il soit cluelque jour atteint et dépasse (exemple de la pèche sur les bancs de Ter?<
1Leuve) >) (Doc. 1~ p, 70) Or. on sait par ailleurs que les captures ont atteint 55 1 000 tonnes en
i -89 dans les eaux mauritaniennes (CHABOUD et CHARLES-DOMINlOl.iE. 190 I )
De mankre récurrente retiennent des prkoccupations similaires lors des cwfiits de
péchc dans la haie du I évrier (dans toute la période) que nous détaillerons plus loin
Deja, doty deux discours sont menés de front : d’une part celui des promesses de la
Inise en valeur des eaus (par les pècheries mitropolitaines), et d’autre part celui dr: la limite des
russources haiieutiques. La contradiction est évitée en reportant ?a responsabilité de p&hes
jugées excessives sur /es Africains (dans les lagunes du Dahomey ou de la C&te=d’I\\~oire. pal
exemple) ou sur les aulrrs pkheurs européens (dans la ba.ie du Lévrier) : par- ailleurv, I~)II
s‘aperçoit yuc les arguments Ko-éeologiqueP servent 1 préconiser un .vkr/rj QWO dementi par les
t:ik;s
pendant qu’on s’inquiète pour les ressources. la pèche africaine accroît de beawoup ses
prises
Les inquietudes de 1’Administration se traduisent par un ensemble de mesures
- en l(IO-I* deux décrets réglementenr la pèche sur le fleuve Sénégal ;
- en 1 OOT., un arr&& réglemente la pêche au filet en AOF ;
- en 19 i 1, puis en 1925, deux décrets réglementent la p&he G la baleine dans les
Colonies franqaises :
- en lQ4, un arrèté interdit l’utilisation d”explosif. de drogues ou de poissons pour ia
pèche en AO): ;
- en 193 I, un décret er un arr&é genéral (JO de I’AOF no 1397 du 6 juin) rntcrrdiscnt
.< l’emploi de filets trainants dans la baie du Lévrier [
] attendu que l’usase des tilets trainants
enrraine la destruction des kayères et le bouleversement des fonds où alevins et adultes
cherchent nourriture et abri )) ; l’amende pelbt atteindre 1 200 F et doubler en cas de r~c:~di~~~. le
bateau est saisi. la pëche illicile vendue par I’Administration et les filets détruits (DO~ 1,
p. 28)
Certaines réglementations concernent uniquement les pêcheurs africains :
= cn l’>l?. un arr& impose un permis de pèche dans les lagunes du Dahome> )
- en 10 i 5 et 1 Cl 1 Q- deux décrets réglementent la pêche des étrangrs dans les lagunes de
(‘Ote-d’ksoire.

On peut bien sk s‘interroger sur I’efIicacité rkelie de toutes ces mesures (en :nettant a
part celles qui -;‘appiiquent dans les eaux de la baie du Lévrier. et sur lesquelles nws
wiendror~s) ; mks. selor? nous, l’essentiel serait plutôt de se demander si les prt-occupatiow
sont en accord a”~ec les faits : les limites de la ressource, quelle réalité. quelle consequence ‘)
Surtout
a quel nibeau d’échelle nous situons-nous, dans l’espace et dans le temps ? El sembk
que plus les pêcher-ies augmentent leur production, plus l‘on s’inquiète SUI’ l’avenir de ‘,I
ressource : mais cette augmentation même - dés lors qu’elle est forte et durable -’ rl’est-elle pas
rei éiatrice de potentiels réels, et contradictoire avec les jugements approximatifs et
~~hhtr/itzmr.~ sur l‘avenir des populations de p~i~~on~. dans les mers. les fleuves, les Isgunes: et
les estuaires ”
3.2.2 Déjà, la Protection de la Nature est une préoccupation
Gruvel fait un petit bilan de ses activités en la matière ( 1925 1930)
0 Le Ministre des Colonies nous alait prie de réunir une Commission reslreintc c.le
naturalistes compétents pour ktudier, d’une façon complète. les mesures qu‘il convir&rait cie
prendre pour assurer la protection de la faune sauvage de nos Colonies dont de nombreuses
espèces intéressantes sont en voie de disparition, pour créer des parcs nationaux de résen-es-
etc
Cette Commission de six membres ct un secr&aire. après cinq skances successives. a
présenté au Ministre des suggestions concrètes .4u lieu de se dissoudre. purement et
simplement, le klinistrr: a autorisé, sous son Haul Patronage, sa transformation en un (‘O~/C~
ttut’iomd ~rwîtuttivri (?( )w ki httec‘licm cis Iir f*i-rtme c*nk~~inl~. analogue à ceu!, qk: I euisrent
aux Etats-Lhis, c‘n Angleterre, en Hollande. en Belgique, etc. [. .] Une importante rkunion çiui
a eu lieu en octobre dermer, à Paris, sous notre Présidence. et à laquelle assistaient les d&gutis
de i‘.hgieterre. de la Bel~iciue et de la Hollande. a décidé la crtiation d’ut, ~‘~~~~u/~;
ttttln.ttc,lioilclI,.tii(~tt(l/. en la publication semestrielle d’un Bulletin qui? moyennant un ~:erst:ment :Je
I 000 F. minimum. par nation représentée. ferait connaître à tous les Comites affiliés les
travaux poursukis dans les différentes réunions Nous espérons beaucoup de cc+ Comites
nationaux 1) (Dot. 1. p 25).
En 1919,. le Comité devient : « Comité pour la protection de la faune et de la tlore
wlonialeî 0, tot on crée I’CjfJ”tcv i.k I~o~titncttîtrtit~ti çv JtR cwrrdulir~tt (sic) pmt* !u I Frcwc*iic~tt
itttl’t.ttcUic/tt~r~t,
JC hr .VAIIK ; I( Les relations du comité français avec les comiks belgs,
hollandais. anglais et américains ont continué de la façon la plus cordiale. tendant sers un but
umque : la protection de la Nature » (Dot 1. p. 25).
On voit donc que l’idee de protection de la nature existe dès les ann&s 1921.) dans ici
\\trands pays !ndustrialist;s occidentaux”“. Fn 1931 se tient d’ailleurs à Paris Im 6~ Congres
c
international pour la protectioti de la Nature v (DO~. 1, p, 30).
Ainsi, on peut dès lors s’interroger wr un lieu commun de mise dans les pmbiicatiat~s
halieutiques : (( récemment )). ti la vue des cas de suresploitation, on serait dwenu plus
ra.tionrrei et responsable, alors q-L* « aupara\\.ant D.. l’insouciance régnait- en Afrique de I’(hxt
ou ailleurs.
Par eytempie (les termes en italique sont soulignés par nous) :

21
- (< .%nsi, 64%~ 1~w.s yrru 1~4 y44estioiJ C/L~ / ‘iJkp44i.dGlilk &.s rcp.s.Y~~44f*cc~.s
5 ‘l’st j wxk [k
zexte sous-entend une prise de conscience récente] le désir de les gërer s-es1 traduit pw
;*emergençe d-une demande sociale dans une proximitk particulière avec la recherche du fait tic
~‘impliçation des chercheurs dans les instances de gestion e t d’amt-nagement e t d.arrs ia
definition même des mesures de gestion »‘?
_ (( Nous bi\\ons dans LJI? monde aux ressources finies et dont nous percevoils de ~!US CII
p1U.j les limites. 1.~3 w ~sourw.~- Jimi44cs 0rJt lmgtmp.~ C;~C; i~oir.vitJ&&s. / w4t--c?J’c 1 [xv /e t A(i;f.i
01~ X/;;J*lt'i4,t: ci ,q;r ~+C+IL~ ik3 O~I+~S, LY~JJ~~~ J4J1 pot~~rrfiel iJ4c~pi.whïc Source OJe promew3 21
de richesses, l’océan ,i de tout temps éte sollicitë et l’homme lui a demandé de twjoul-s
pwduire plus Aujourd”hui la mer donne beaucoup, énormément de richesses qui font vi.Lre, WI
parfois survivre les populations humaines [. ] Les ressources renouvelables sont d’autant plius
fragiles que letir exploitation est plus soutenue. Mieux utiliser aujourd’hur est nëcessaire pw.n-
assurer demain la përennite de l’exploitation o (CL!RY et ROY 199 1. p. 8)
Dès 1948, Th. Monod formule une préoccupation durable dans les trois, mondes
constitutifs (Recherche. administrations, acteurs économiques) de la. puis des rechnoutructures
des péehe:s, acant et après les indépendances africaines” : « Quelle est l’importanrie des stocks
disponibles er par conséquent quelle est. et) fonction de celle-ci, la quantité optimum powant
&re enle& &J stock par la pêche sans menacer le potentiel de croissance de ce demie;: ‘) )t”
A ce qu’il paraissait, en 1938, toujours (les mots en italique sont soulignés par nous) :
Ainsi, tout naturellement, les uns et les autres se sont dirigés vers la Cote Frannçaise Lie
l’A.f~ique Occidentale . depuis longtemps en eflet les chalutiers français et espagwls. les
langoustiers bretons connaissent et fréquentent les parages de la baie du L&:rier ef du l3anç
d’kguin donr les richesses ichtyologiques sont réputées (. .]
Bien d‘autres questions vous seront soumises rbhc~atior4 rpt ~lI’4ifc’CtJr~Ji tkii p’?c’h~wr .x
@~~nn.s,
pJ~Mcf4~~f~

cltj
ior
~fnïw Jmrrirw cotrfre 4m r2-p14~ith-4iio44 i44ttvMw ut
ilkciorihlfrlk. . . ti ?j.
Or donc. les deux conditions nécessaires pour I’émergnce du paradigme de la
rwource limitée sont réunies au moins depuis les débuts de ce siècle : d’une pan. l’inquib”tude
pour la surexploitation de la ressource es d’autre part la t olonté de protection de la natuix

22
+&NS rn&~re que la litterature haiieutique considère que cette inquiétude et cette ~.oic~nw sont
4 rkentes 0. illais cette notion de limite appliquke aux ressources halicutiqu~es est
;)roblematique pmrsque les ambiguïtés sont nombreuses : de quelles espèces parie-r.Uon ” En
quels lieux ? :I quels moments ” Les estimations de limites suscitent des criy d”alarmes.. q:.ii
d’ailleurs n’ernpèchent pas l’augmentation des quantités pèchées. On ef’fèctue donc des révisionu
permanentes a la hausse des &:aluations de stocks. Or, comment peut-on tenir ~/~/~,ilb/~~~i~;~t~~
WI
discours alarmiste al(.ws que dans le même temps, tes captures ~/N’I&~ continuent
rranquillement d’augmenter ? N’y a-t-il pas contradiction dans les faits 3
A la \\tie de cette succession de constats identiques. et démenti-, par les évoiutioni;
ulterieures. nous pouvons faire deux hypothèses :
1. La preoccupation pour les limites des stocks de poissons permet parfois ~ES
i-hercheurs et aux administrateurs de I’epoque coloniale d’établir leur utilité (nous t
reviendrons).
2. Les inquitl‘tudes pour l’épuisement des ressources créent un o lanya,g,e commun B
entre toutes les parties prenantes de la pêche, chacune pouvant l’utiliser contre tes autreh 1.~
iwstat d’kpuisement a comme commodités qu’il est facile à formuler et qu’il est ;iifEcile i
wntirmer ou mfirmer. II peut donc servir des lors qu’il y a divergences OU conflits en matiére
de y&&. En quelque sorte, il est le champ de confrontation des intérêts divergents Nous GI
reparlerons plus loin dans le cas de la pêche dans la baie du Lévrier.
Dans toutes ces questions, la pêche africaine est oubliée, puisqu’elle est euterieure ;UJY
desseins de I’economie politique coloniale.
3.2.3 Des pêcheurs africains aux mentalités « traditionnelles » et
« archaïques » 3
Tous 3m une vision rapide des pkheries africaines ; une fois reconnu son retard
t cchrtique (embarcations, engins de pêche, modes de conservation du poisson). CXI considkre
que les mentalites des pëcheuw africains sont les responsables de l’état de fait Ou bir:n” moins
frkquemment, on reconnaît I”ingéniosité des engins de pêche africains, et la receptivité des
pkheurs aux propos des scientifiques. Qu\\el tient les deux discours (GRLWEI, 1906, 19~~.
I OIJ. Doç. 1). Chercheurs et administrateurs manifestent parfois leur volmtè d’unir une
politique favorable aux Africains : la pëche concourrait à I’améiioration de la situation
alimentaire des ,4fricains, ou, dit autrement par Gruvel, aiderait à l’accroissement du C( capiral
hutnain 3). voire du (C cheptel humain de nos colonies » (DO~. 1, p, 23)‘“. ce qui motib’c !a
Mission Thomas de 1X.?- 1924 : durant les années 1920. les Administrateurs ont de:; jébat> un
peu ardus : faut-il Q persuader H les Africains de l’excellence des procédés français ou d’abord
leur CC donner l’exemple G (à savoir finalement créer de nouvelles entreprises frangaises de
p&:he) ” Comment former les pêcheurs ‘? Faut-ii, comme le propose Gnrvel, pwndre l’afraire
au sérieux et envoyer des « stagiaires 1) issus de la profession en France 3 Ou doit-un i;‘sn
,grder, de peur des conséquences ultérieures qu‘aurait ce « dépaysement H mal \\ et-tu *’ (lu
en~zore, les pécheurs sont-ils trop ombrageux., marginaux. tkmant des groupes ti par-t dans les
sociétes africaines 3

23
Concernant le ci débat ,) sur les méthodes de formations des pêcheurs. un Litrutenanr-
;gwverneur du Dahomey le c,onsidère inutile, affirmant qu’il s’agirait plut63 pour Ii5
:onctionnaires des pèches de se faire former par les pêcheurs (DO~.. 1 I p. 27 1.
Ces imerrogations peuvent persister. avec toutes leurs contradictions. pursque ICS
pëcheries africaines ne sont qu’un détail dans la politique coloniale en matière de p”;che <I:ii
elle-même compte peu dans l’ensemble du dispositif colonial. Enfin. les ambiguités des ‘prop(++
,orlt permanentes : optimisme et pessimisme. racisme et antiracisme, mtipris et id&lisatiom.
idéalistne et c)nistne coexistent dès lors que l’on parle des Africains.
3.24 Priorité à la pêche industrielle et oubli de ila pêche piroguière
l.‘idke est que. dans le cadre de la (( mise en valeur des Colonies franqakes a)‘-.
I’cxploitation des eaux, +‘elTes soient continentales ou maritimes, doit être menw par des
moyens, modernes \\.ertus forcément de la Métropole. ‘4 l’archaïsme, à i’irrationalite des
pkheries africaines. s‘opposent la rationalité et I’etTicacité des pêcheries métropolrtaines il
importe donc de favoriser au ma.Cm.m~ leur installation. et nous verrons les mesures prises par
i’.4dministration de 1’.40F”.
Mais, au-dela des conceptions, nous rappellerons que l’une des raisons d’ktre de la
colonisation est qu’elle doit rapporter au d‘olonisateur Et, comme nous allons le vvir. les
xcicntifiqu.es euu-mèmes ont parfaitement conscience d‘être inclus dans une ewnomie
politique, sans jamais la remettre en cause.
32.5 L’utilité des sciences et des techniques dans les Colonies
Nous nous attachons ici au point de iue des scientifiques, en particulier @ce aux ecrtts
de Gruvel et de Thoma,s qui figurent dans lea ‘4rchives
Les objectifs atTic.h& sont simples ti formuler. mais très ambitieux. puis+i’:Es
wncernent finalement tous les types de pèches, et l’amont comme l-aval du secteur- On peut
les résumer en trois points, d’importance croissante :
1. améliorer la production et les procédés de conservation (4 indigènes b) ,t!in
d’ankliorer Lt situation démographique des populations locales. facteur de puissance. a
plusieurs points de vue, pour la Métropole”’ _
2, accroitre la production de pêcheries venues de la Métropole. donc k nombre de
pril:heurs métropolitains, afin de limiter les importations de l’Etranger et d’atnortir le?,, crk du
secteur, tout en faisant attention à la faune aquatique ;
3 enfin, accroitw et améliorer les proclzdés de transformation des dcchcts et des
produits secondaires, pour conquérir des marchks à l’exportation.
Le scientifique aura dès lors pour fonction d’indiquer au politique comment réaliser au
n1ieu.x tous ces objectrfk il aura même tendance à justifier toutes ses activités de c~herchtws
par les: effets concrets qu’elles peuvent avoir. Par exemple. l’ouwage collectif IÊIIINC tk5
C ‘(.r/otltc~.s.l’izarc;cn.sr.s, preparé durant les années 1927-1930 est fait ;C de façon ,Z [
] i:,ermel tre.

s’il y a lieu, u:le cxploltation méthodique [de la Faune des Colonies franq:aisei] bas&: SUI des
donnees scientifiques certaines » (DO~. I. p. 26). En 1932, nous apprenons q’île dcw
ingk~icurs, sortis récemment de Centrale-Paris et de Polytechnique veulent creer une pècherie
sur le lac Tchad. clui serait ti (( installer et exploiter par des moyens rationnels Y, (DO~
1* p :C:‘$
Les Archives que nous awns consultées ne donnent pas de nouvelles de l’initiative
ks perceptions et aspirations scientifiques sont sans doute influencées par ce iiw
commun qui [rabet-se I’histoirc de la pensée coloniale d’une mise en valeur voulue (t enfin »
raiionnelle et intensive. en opposition ou en rupture avec le (( mercantilisme )) censé designer la
politique coloniale d’hier avec Eaquelle il faut rompre pour de bon (SARRALT Ici3.3)
I .es ecttws, ou pluti\\t la non-réalisation des ob-jectifs prescrits, sont illterpretes
diUëremment selon qu”il s’agisse des Africains ou des Métropolitains. Pour IL”S v indig;&es +t,
aucun tra\\.ail d‘evaluarion n’est accompli ti l’issue des Missions scientifiques ; ~11 ne connaît
pas les etTek de la klission Thomas de 1923. On évoque en @néraI I’arrkktion des
populations de pkheurs pour expliquer les khecs (avec des termes parfois d’un rare méprk.}.
tout en afirmanr parallèlement la relative facilité qu’il 1’ aurait à être eficace, à I‘a\\:cnir Iawc
des tertnes élogicus sur les pêcheurs et les administrateurs) Gruvel mêle fréqueminent les deux
re&res de consideration Quant à I’intér& manifesté pour les pêcheries et les industries !Je
transformation d’origine m&tropolitaine, il est sans doute contradictoire avec un titat dte fait
ce
sont des pêcheries artisanales 1 isant à faire un minimum de dépenses qui s‘installent,, et non pas
les pêcheries les plus (( modernes )).
Nous n‘obsen.ons pas dans noue période d’inflexions fortes du discours des
Gentiiiques Et face auN échecs constatés, ceux-ci considèrent en définitive qu‘il importe
d‘aççroitre I’&‘ort de recherche et, le cas échéant, l’effort de formation des; pr-ofkssionnek
h’fais les scientifiques ne sont pas maîtres des politiques globales que. de twtes tkçons. ils
acceptent. et dont ils se désintéressent. sauf lorsqu’elles concernent leur domaine le cadre
colonial va de soi.
?J~US pouvons reprendre la classification de Bonneuil (BONNEIJIL,~ 199 I ), iiui etablit
les differentes cotations que chercheurs (et administrateurs coloniaux) donneni GUY travali\\i
scientifiques :
1 <( we vraie Science pour l’Empire H, ou I’occasion, enlin. de faire une Gcnce de
haut nkeau, ce qui, selon Bonneuil, concerne Gt-uvel entre autres chercheurs :
7 (( la i;ciencc ,*pplicluke par la technostructure impériale ». pensent. surtout. ks
a(rronoines
2
*
3. G la bonne vieik science dans les Colonies H, pense-t-on par exemple au ILl~wum :
3. G seulement la science productive dans les Colonies »
01,. er* J-occurrence, les scientifiques du Muséum qui s’intkessent à la pk91t: r‘ele\\w~t
sans doute de toutes ces catégories, pas forcément contradictoires entre elles
3.2.6 Conclusion : la « mise en valeur sans mémoire »
Yous a\\ ans \\ii successivement les questions où se révèlent les perceptions des
Administrateurs et dea scientitiques : impératif de protection de la Nature et entre autres de la
faune aquatique conjtiyue a\\ec une mise en valeur tous azimuts du secteur dtx In plèche VII
.4OF. mais SOUS réserve qu’elle soit l’œwre de métropolitains (pêche et transi0rmafion dos
prlJduits de la mer, au nom d’impératifs commerciaux) ; oubli de la pêche piroguièrti a-fricaine,
tnalyrt; quelqi.le\\ missions scientifiques motivées par l‘amélioration de la situation alimentarre

2 5
des Africams. Dans tous les cas, chercheurs aussi bien qu’administrateurs se désintér~:ssent de
21 connaissance du passe et n’envisagent pas l’avenir _ la politique se fa.it dans un (( éternel
;srejetll )) puisque d’une part les questions d’importance ne sont jamais posées (la Iégitirnite de
la colonisation et des rapports de pouvoirs ~a de soi), et d’autre part, I’imper-atif colonial dc
mise en valeur pousse non pas a s’inscrire dans la durée, mais à favoriser- au coup par coup. 11:s
metropolitains Sans passk, ni perspectives a long terme, les débats de la technostrl.Is:tlIre dc.:s
p&hes n’fivoluent guère de 1906 à 1946. Si bien qu’on peut réellement parler de u mise WI
&.wr~ sans memoire xi, qui doit retrouver et reconstruire Ea réalité à chaque pro.jet, ou A chaque
probléme qui se pose.
11 nous reste ti 1 oir les effèts réels de la politique coloniale, ce qui 1 a nous permettre dtc
pr&Ser les liens de I’Administratinn et de la Recherche avec les acteurs &zonomiqtre.s d’wi$ne
m&ropolitaine.
3.3 Quels moyens pour quels effets ?
3.3.7 La SGP (Société indusfriek de la grande pêche), ou I’Adminisfrafion
comme « béquibe B d’une entreprise privée défai/lanfe

En 19f6- 1906, le GOUL erneur génkral Roume en appelle aux compétences d” k Grw el
entre autres pour déterminer si les témoignages affh-mant l’abondance de poissons dans 1~s
eaux de la baie du Le\\,rier et du banc d’ Arguin sont fondés. Gruvel répond par la positi\\,t* CI
encourage a la construction d’un port, qui verrait son importance stratégique doublée d’une
activittt économique consequente (pêche) (GRUVEL, 1906 a et b, 1908, 19 13). lin 19 I0-
19 1 I ~ alors que les travaux de construction du port ont déjti commencé, des pècheurs bretons
viennent s’installer. Seuls les pkheurs à la langouste royale échappent à une faillite ra.pidtr et
demeurent durant toute la période (CHAUVEAU, 1989).
,+-ès la C‘onféretlce impériale de 19 i 7 et le (< plan Sarraut N d’équipemenr dus) colonies
t 102 I ), l’heure est, au moins en paroles, ti la mise en valeur des Colonies. Entre aut.res, *;)II
pense à améliorer tous les équipements de Port-Etienne”’ ‘- approvisionnement ~:II em.
agrandissement du port
-. En 1919- 1920. la Société industrielle de la grande pêche est cr&e
i Port-Etienne. La Soci&é déclare alors uw flotte composée de 3 chah~tier-s. 2 dundee?,. i
wélette et 9 lanches ; en 1915, ne sont mentionnées que la goélette et les lanches. Mais la
3SlGP mène de front plusieurs stratégies p&he avec ses propres navires (la main-d’~;euvre est
WIS doute composée de Maures ou de Senégalais), rnais aussi location d’embarcations ~JY
d‘anariens (4:; en 1935) ou achat aux mêmes Canariens de leur pèche (en leur fcw’nissant
pal-f& le,5 filcts~ 1-a production est transformée sur place (séchase ou salase) puis e-:poriw.
semble-t-il, vers la France ou d’autres colonies africaines (Colonies du Sud de 1’.4OF, ,\\EF,
Afrique belge).
La pluralité des fournasseurs en poissons témoiyne non pas de la vitalitk de !a sociére,
mais bien plut& de ses hésitations, de ses difficultés Et cela explique les demande<, rcpétees
d”interventior:s ! linanciéres) en sa faveur. Dès la fin f 920. le Commandant de C’crcle de Port-
Eltienne s’alarme de la situation de la SIGP, desorganisée et en retard de paiements C’csr au
r-rrlime moment que la SIGP demande des subventions, en échange de divers services qu-elte
pourrait acquitter k Port-Etienne. En 1923- Thomas rapporte <( une certaine négligence
apportée par la Sociétti au point de vue de la préparation. de l’emballage. de la rCgul.arité dans

26
les eqkdition5 )>
La rnètme dntiée, la SKGP propose. contre subventions. de recevoir en
I~oncession lec wvice~ de Port-Etienne I es negociations avec le Gouvernement général
&~ent deux ans ,_ la question remonte jusqu*au Ministère des Colonies et au Corweil d’F.tat ~,tt
Cirrrvel donne son avis. favorable à la SIGP. Légalement. toute concession S~I le domaine
pu&, atkme le Conseil d’Etat, est soumise à une délibération législative Fk~lement. le 7~ 3
decembre 1924, une societé est créée (la SEIPE) qui a en cowession l’exploitation du port CL
des services publics de Port-Etienne. Un inspecteur des colonies ecrit C( Je ne discuterai pas la
Iègalite de cette procédure, mais il est évident que la SIGP à laquelle il n’était pas possible
d‘a+ccorder immediatement les secours nécessaires. les reçoit néanmoins par l’intermediaire de
la SEPE )# (DO~ 1, p 3 I ) La subvention atteindrait 250 000 F par an, pour un total ck
depenses estimé a 1 900 000 F (sur une duree indéterminée,I. En 1926 (( La SIGP ne vit que
<xrdce
.z
a l’administration locale )) (DO~. 1.. p. 25). Le rapport, consacré à Port-Eknne. est
CIIL oye au Goucwneur genéral, avec demande d’observations écrites, le cas échéant. R.éponw
le rapport <( ne swleve de ma part aucune obsewation )s. En 1937, le Gouverneur yénéral ecrit
au Lieutenant-gouverneur de Mauritanie dans une lettre de rang u confidentiel jj7’ (( il !, aurait
beaucoup à dire sur la faCon dont il [M Bruno] etablit le bilan de In SEPE, toujwr~ a.\\w II~
deficit sufiisant pour justifier la subvention annuelle de 400 000 (en chiflres ronds:) que verse le
Gouvernement genérat [ .] Par ailleurs, j’aimerais connaître votre sentiment sur l’inter& qrue
represente. pour la colome de la Mauritanie. la presence dans la Baie du Levrier de la SEPEI et
de la SIGP H. En 1946. La SIGP est toujours en ac.tivité.
Nous constatons, a la vue des çhitli-es des exportations dont nous dtsposons, que la
SIGP ne joue: pas un role majeur dans les flux commerciaux des produits de la peche. !
compris lorsqu’ils sont internes à l’Afrique 45 t de poisson séché ou salé en 10 19. 27 t t cn
1920, 127 t en i 92 1, 51-1 t en 3922, 700 t en 1923, 867 t en 1923. 790 t en 1925.~ 755 t en
1926. .367 t en 1927 (ainsi que 2 t de vessies natatoires transformées. à desttnation de la
France), .345 t en 193 1. .5-I 1 t en 1926. A titre de comparaison, la seule p&he canarienne dans
les eaux mauritaniennes est de 6 000 t à 7 000 t au début des années 1920, de .5 355 t de
combine lors d’une seule campagne en 19%3- 1927, de .J 600 t de poissons en 1936, s:t 6 000 t
en 1942 (DO~. 1. p. 4 l-5 1 ), soit entre 1 500 et 2 000 t environ de poisson sec par an dans la
periode 0n assure tantot que les produits transformés par !a SIGP sont mal ;rpprécies par les
Africains. tantôt, à l’inverse. qu’ils rencontrent beaucoup de succès.
On petit enfin h’interroser sur l’ampleur des travaux efktues à Port-Etienne, puisque
IC projet cle construction d’un c< *irai )) port de peche demeure jusqu’à la fin de notre @-iode
Quoiqu’iil en soit. la SIGP est en genéral (i couverte )). que ce soit par (~TU\\ el ou par
I‘>,dministration . les quelques propos sceptiques que nous avons relevés n’ont pas de
wnw$uence. La societe a des stratégies plurielles et a court terme- et il resterait à pri:cirer ie
montant total des subventions qu’elle a reques. Nous aurions ainsi un cas de l:( nationalisatian
des pertes et privatisation des profits H, puisque rien n’est demande en echange à I;I S1GP. à
part d’exister. et donc de prouver à la Métropole qu’administrateurs et scientifiques participent
convenablement à la mise en valeur des colonies, et que des opportunités cxistenr pour ies
im,estisseurs La SIGP utilise d’ailleurs ce dernier argument à plusieurs reprises, comne lc t&t
aussi les quelques petits entrepreneurs de la peçhe venus s’installer en ACW

2 7
3.3.2 Les primes à la pêche maritime métropolitaine
(‘iny rcglementations figurent h ce sujet dans tes Archives. II s’agit en premier lieu
d‘une loi datee de 191 i (appliquée en AOF par un décret) qui accorde deç primes à I$I grande
p&he fàite par des Fraljçais, en second lieu d’un arrêté du 25 septembre I926. prorndgué ckw
~a C”irconscription de Dakar et Dkpendances. qui prévoir (( des primes auy chalutiers armtis a I;I
p&he )) 00 000 F aprtis fa première année de pêche, 40 000 F aprés la dewième et 20 CNN F ;i
[“issue de la troisième. Le troisième texte est un arrête de 1936 relatif à des (( primes sur ?a
p&zhe au chalut it pour des navires immatriculés à Dakar. sous réserves que les dew tiers de
i’&luipage soiem français - ou des Colonies -. que l‘état-major soit français. et que la p&&
soi1 débarquee à Dakar Knsuite. un arrêté du &XIwmeUr général. daté dl:1 7 juin 1940 pr&wit
des primes pour les bateaux de pêche français. ajustées en partie sur les quantités annuelle-s
I endues (selon des prix fixés par 1’ Administration) Enfin- un décret du 5 juin 1944 esr +! relalîf
au>. garanties accordées aux arrnateurs de chalutiers de grande pêche t>.
J.-P. Chauveau a etabli que les efforts de YAdministration attirent de petits pêchewn
bretons dans les années I905-1913, particulièrement en 191 1. 1913 et 1913 (CH,AIJVF:41 ‘_
1989). Ceux-ci pocheni; dans les eaux de filauritanie et du Rio de Oro hIais, si l’on met ti part
les peçheurs à la langouste. qui étendent leurs activités après 1918 et sont toujours en ,activité
en 1946 (leur nombre varie autour de 200, pour une vingtaine d’embarcations). les pècheries
bretonnes s’effondrent des 19 I 3, surtout par manque de débouchés sur place OU en France
Dans 1 ‘Entre-deus-guerres. la pèche métropolitaine est faiblement représentée en .4OF
Cependant, nous rernarquons que l’arrêté de 1926 est pris là précisément oi~ une société de
pli:c:he française existe (i< Pescada », puis <d Pêcheries Bouisset 1). puis (( Anciennes pêcheries
Bouisset >))- c’est-à-dire à Dakar. Peu après la promulgation de l’arrêté. 1. Buuîsset demande
une subvention, ce qui pro\\.oque un débat juridique dans les service5 du Gowernement
@néraI , le Gouterneur général tranche en faveur de J Bouisset. II ret;oit dèz. lors I!40 F pal
journée de peche. Deux ans plus tard, nouvelle demande : percevoir plus de primes kfn
comptabilisani un nombre sup&ieur de journées de pêche. J. Bouisset motive sa rt:qucte par les
dit?ïcultés en tous genres qu’il rencontre, et par le rôle que sa société jouerait pour attirer les
imestisseurs et i’avoriser. à terme, l’essor de pêches industrielles en AOF !,a Direction des
AtTaires économiques lui semble favorable. et la (( rallonge v est probablement accordée ; no~.~
n‘avons pas retrouvé la décision finale dans les Archiles, mais nous avons appris par ailleurs
que 60 000 F sont prévus annuellement pour les (( primes à la pêche au chalut )) dan:< te budget
de la Circonscription de Dakar. Or, comme Bouisset est le seul concerné. il peut percevoir ies
primes pour 250 jours de pêche. en supposanl que la prime soit toujours de 2-W F par jout
4
par-tir de 193 :, nous n’abons plus de mention des pêcheries de J Bouissct, II semblt: que sitn
wreprise ait surtout consisté à acheter du poisson pêché par les autochtones (entre :?CI et IN
pécheurs, dit-on en 1925) et à le faire sécher ensuite.
Pendant I’Entre-deux-guerres, nous avons en outre deux mentions de pichet-les
metropolitaines
_ en 1929, mit f( pèche aux requins )> à Dakar. En réalité. il s’agit de soutes petiles
wheries artisanales installées à Dakar WI aux environs qui s’approk isiorment totalement
aupres des pêcheurs africains (CHAUVEAI ‘> 19891, ti savoir successivement la s&chcrie de 11.
Bouchet de 1923 à 1927. celle de M. « Bisar » vers 1927, et celle de M. Levaillant 2) partir- de
193?-II
- en 1”-)35-1930, ce dernier, qui vient d’acquérir un remorqueur transforme en chalutier.
demande au Gouvernement général de modifier I’arreté de 1926 en sa faveur 0 c’est en

28
i CI;~ qu’est pfis un arr& qui octroie des primes à la peche pour les chalutiers inmau-icultts a
Dakar- alors queJustement, le chalutier de M Levaillant est le seul dans ce cas (CfIACII~‘E ;II !.
1989).
Par ailleurs, nolis ne savons pas quelle est la réalitë de ces tentatives d’itnplantatiorts de
p2cheries en Cote d’l\\oire et de sécheries en Guinée dont on parle dans les ann&s 1 TO.
Les dcrssiers d‘archives donnent moins d’informations pour les annQes 1930- 1 (Hi?
I)‘crpr& J.-P. Chauveau, les annees de guerre relancent les pecheries européenne:,, à savoir cn
i*caIite surtout lea usines de tlcritement, approvisionnées de fait par les pêcheurs africains I a
conjoncture est t&orable, puisqu’il faut ravitailler la Métropole (1940-I W2. t:t a partir de !a
mi-1W-I) et participer ;i l’effort de guerre genéral (jusqu’en juin 1930 et en 19-I:?- 1915) C*e*t
a partir de 1948 que les pècheries européennes s’effondrent à nouveau
Enfin. les rares essais d’implantations de @cher-ies continentales echouent tws
rapidement que ce soit en 1 SI3 l- 1932 sur le Delta Central du Niger ou en 19112 sur le I;:I~
Tchad. Ces initiatives ont pourtant bénéfici@ d’un accueil favorable de 1’Administration.
Un voit donc que d’une manière générale, l-Administration cEuvre beaucoup puas
atnirel ou maintenir une pecherie métropolitaine en AOF De fait (sauf en Mauritanie), ce sont
uniquement des petits pècheuss, de petites sociétés qui s’installent pour quelques antlées, puis
s‘arrètent faute de débouchés, alors mente que I’Administration les subventionne et leur assure
toutes facilités. On décw\\,re même l’intéressante coïncidence entre les requètes des wci&& )je
pécheb et la promulgation des réglernentatir~ns. qui font un peu figure de sur-mesure. Et ‘le
toutes les i‘açons, les textes sont contournés si besoin est. Dans tous les cas, il s’agit, comme
pour la SIGP. de nationalisation des pertes et de privatisation des profits
On pourrait mettre le doigt sur une contradiction apparente entre les rtiglementations
prises en Mauritanie qui iisent ti limiter la pêche, et celles prises dans les autres colonies i,Iu
groupe qui pont dans le sens de l’accroissement. On interdit la pèche au chalut dans la baie c,lu
LL’vrier alors qu’on l’encourage à Dakar. Wous avons déja mis en évidence Ie manque de
wntinuitti dar;s I’éconttmie politique coloniale en matiére de pêche. et les bricolages iuridiques
auxquels elle donne lieu On remarque d”ailleurs que l’idée de protection de la faune marine,
argument tant manie dans le cas des pêches de Port-Etienne. est oubliée. Nous allons soir pe’t41
Ics conflits de péche à Port-E5enne comment 1’Administration pratique le bricolage juridique
ou autre, tout en voulant (< prot6ger » la pêche des métropolitains.
3.3.3 Les pêches en Mauritanie des types de préoccupations promis à un
avenir durable
La pèche dans ies eaus de la baie du Lévrier est mentionnée dans la Convention franco-
e:,pagnole de l?(?O, qui fixe la frontière entre les colonies de Mauritanie et du Rio dc CIro
les
~wx des deux colonies sont ouvertes aus pêcheurs des deux nationalités. Les I;wgwstiers
bretons pffchent dans les eaux du Rio de C)ro depuis 1905, tandis que d’autres Bretons pêchent
dans les eau?. de la baie du L6vrier, ainsi que. surtout. des pêcheurs canariens (~rspagwls.
donc) Du coté français comme du côté espagnol, nous avons de petits artisans. ainsi que de
pius grandes compagnies (Soei&é Industrielle de la Grande Pêche ti partir de i 920, du &é
fmnqais). E;n outre, d’autres pêcheurs européens sont parfois intéresses par les eaw
renommées de la baie du Levrier (Norvégiens en I X4- 1926, Anglais en ! 9;0- Italiens en
lmj-1938) : 1’.dctivite de pPche est importante pour les Canariens (faire Vi\\re l’archipel)
comme pour les Frangeais (peche à la langouste royale. et illustration de la <( mise L‘II caleur- Q
avec Port-Etienne) er surtout il n’existe ni chez les Français, ni chez les Carrariens de

29
;.~yl,en~entatiols i)u de 6 wutumes )) permettant l’organisation conjointe du sect6:u1’ EZntk. a
partir du Second conflit mondial. les autorités coloniales mentionnent la pkhe des
\\kwitaniens (lmraguenj TOUS les ingédients sont donc là pour susciter des conflits rie Péché
‘Liais. la encore, des cluestions telles que les débouchés de la production, les prix de 1 ente- I) I.
pour I’ddknini~tration, la pertinence d’entrerenir la SIGP et Port-Etienne. sont occultées au
profit de considerations bio-écologiques (ou de police des pkhes) :
- en 1 CI 1 M- 19 19, 1’ Administration s’inquiète de la destruction des juvéniles dc poisson
par les engins de pèche des Canariens ;
- en 1922. à propos de « la pêche au rivage. à la senne » : t( cette pèche pratiquée SI.U
les plages de sables l.wcure parfois de tktes quantités de mulets et de Jupes EXe est
pratiquée a\\-ec des engins canariens à mailles petites (dans la poche) et dëtruit beaucoup trop
tic fretins et dc jeunes (/krrir?r.. ,‘+kwm, ,%vJ,w, etc. 9~ II faudrait ou utiliser ce déchef (pcrw !a
Iàbricarion du nuoc-niai-r;. du g.iano, ou de tout autre produit), ou n’utiliser que des mailles
plus larges )> (Dix. 1. p. 63) ;
- en 1 Wi- 1920.. 1’ Administration envisage de réglementer la taille des filers et d+.zi;
mailles, les calendriers de pèche et la police des pêches I elle pense même interdire toutes les
pkhes titrangxes dans les eaux de Mauritanie. et, pour ce faire. ek envisage dc promulguer
en AOF une loi de 1888. Le hlinistère des Colonies l‘y incite, et ura décret présidentiel imprw
la promuiC,ation
Cependant. vu les complications internationales qui s‘ewkrraient. Ie
Ministere rappelle que la décision vise juste à limiter la pêche aux ct;tacésl’ et que. de toutes
faqons, la promulgation par arkté du Gow~erneur général est indispensable. Ce que celui.~ci
s‘abstient de faire ;
- en 193 se posent quelques problèmes de police des pèches Gruvcl écrit
if la
question cle la pkche dans la Baie du Lécrier et sur les C&es de Mauritanie voisine<, ptwra 6t CT
rc$ee d’un commun accord entre le Gouvernement français et le Gouvernement espagwl et .x
dans les meilleures conclitions pour les deux nations. (<‘ne police spéciale devra &re installée a
PcwtXtienne afin d’éviter les rixes et les a.oIs qui ne cessent de s’y commettre pendant la
periodc d’activite. Nous pensons qu’il sera possible, aussi, de prendre. d-un commun accotd.
les dispositions kcessaires pour éviter les attaques et dissidents dans la presqu’llc du CI~
Blanc Actuel!ement les pêcheries sont souvent menacées 5 il confient d’apporter de ?‘ordrt’ ct
de la sécurité dans cette région H (DO~. 1, p. 27) ;
- en 1,930- 193 i . on s~inquiéte des pèches anglaise et espagnole (chalutage, utilisation
de u tilets trainants ))i ., cela débouche sur un décret d’interdiction de la pèche au u îïlet
trainant ti dans la baie dkc Lévrier qui affk-me sa motivation de protection de I;I faune el: de ses
habitats Le décret reçoit peut-être le soutien du Gouvernement espagnol :
- en 103.;. les Ekpagnols interrompent momentanément toutes les pêches au Rio dc Càro
a cause de l’évasion. apprend-on. de (( détenus politiques » ;
- en 1031, un navire espagnol pèche illicitement au chalut dans la baie du 1 .évrier .
^ de 19311 A 103i3, des chalutiers italiens viennent p&her dans la baie dw 1. wrier. OU
bien xheten! directement leur production ti des Canariens (ils remcwquent lez dun&es
.;,anaricns $N+JC w les plage< où les pêcheurs utilisent les serines:‘) , certains patrons de p&he

30
;anarienr, protestent par le biais d‘une pétition au Commandant de Cercle de la bak du L.e\\ rie!
La kiarine nationale intervient. mais avec des instructions modérées en matière de délits de
ptkhe 11 s’agirait donc plutôt d’une brève apparition a vocation dissuasi\\.e. dans un contev:e
de montee gérkrale des tensions internationales (entre autres, l’Espagne eht en guerw civile et
l”ltalie fait la guerre à I-Ethiopie).
E-n 194.07 que ce soit avant ou aprtis la Défaite, on étudie l’idée de limiler au maximum
I;i pèche titrang&e non-espagnole dans la baie du tévrier, On apprend aussi qu”un deeret
espagnol )’ interdit désormais la pêche par ses ressortissants.
C-est en 1933 qut! les Archives mentionnent pour la premikre fois la pêche de:, Maul-eb.
lors de contlit 5 a\\.ec le, Canariens qui pêchent à la senne de plage : 3 chalutages ill&yawc II:~I
navire françak, un autre, canarien) sont réprimandés. et on note quelques rixes; entre pëçheurs
français et espagnols. (‘ezi tout en sachant que les Administrateurs ont du mal à taire les parts
de la rumeur et de la réalité, On va jusqu’a envisager l’interdiction partielle sinon totale de la
p&:he espagntile De plus, des armateurs canariens prennent le parti de 1’~~dnritli!;trati(~n
tianqaisu conrre les délit3 de Izhalutape. L’annee suivante. cinq incidents enire pi’eheurs
canariens sont recensés, ainsi que plusieurs délits de chalutage. Les armateurs incrimines dans
ces délits demandent à la SIGP d’agir en leur faveur et le Consulat d’Espagne à Kabat
inttx~ient. F’inalement. les amendes sont allégées, mais les autres peines prétues sont
appliquées
Enfin, aulour de la fin de la guerre, les délits de chalutages fi-an<,ais s<+iilt moins
c;~Gxment punis, A la diflërence de ceux des Canariens. II s’agit alors de ne pas entraver le
w, itaillement de la Metropolc f I s’agit aussi d’envisager l’avenir des pêcheries dans les eaux
de Mauritanie, arnsi que de Port-Etienne. Lin rapport (( trés secret » d’avril 1945 consldere qw
(( tout sera fonction de la réalisation ou non d’un port de pêche à Port-Etienne: )) Il. s‘asira
alors de con&uer (( développement du port de Port-Elienne et proiection de la pêche
f’ranc;aise ,I, pk-être contradictoires dans les termes, puisque le port ne pourrait que profiter
dt: la commercialisation des productions étrangères Le questionnement se déplace alors ,( le
bcul resultat que l’on puisse essayer d’atteindre par une réglementation internationale est
d.kviter la destruction des fonds 1). Et la proposition finale du rapport laisse reveur quant a
son. actualitk dès lors qu’<,n parle de conflits de p&he. entre pêcheurs dc n;l.tionalit&
différentes ou pas”
H I!n projet etabli par un technicien a ce sujet disait ceci :
- Les grandes lignes de la réglementation seront établies par une commission ~:otnposee
de spkcialisteh français et espagnols. Cette commission continuera à se reunir p~rindiquemenr
C”I pourra être elargk par la suite, jusqu’à comprendre des représentants de foutes ‘ks
nationalités intéressées :
- tes <aux interessées seront découpées sur la carte en zones libres de +che, CV
r+&er-\\.cs, en cantonnements soit saisonniers. soit annuels. soit poly-annuels et les cartes de ces
zotles ceront publiées ~)ar i’orsanisme charge de l’administration de la pêche au pc~rt czntral qui
wait Port-Etienne. Dans chacune de ces zones, on fixerait la liste des engins à prohiber .
- le porr ne serait ouvert qu’aux armements qui accepteraient de SC soumettre ;t la
nouvelle réglementation.

II arrivera ainsi fatakment que des conventions interviennent avec les pa!‘s rutéxessés.
~O~IIII~L’ il en a eté avec l’Espagne, conventions délimitant les droits des étrangers et des
i9ationaus en matière de pêche, les zones réservées au pavillon français ou au pavillcln
tispagnol. celles sur lesquelles les pays signataires jouiraient d’un régime de t:r~veur. et II,:,<
conditions dans lesquelles les etrangers pourraient utiliser le port 1)
Vieilles préoccupations. donc que 1’aménagemeDt des pêcheries de Port-Etienne t.qui
demeure de pair avec la thématique croissante, à partir des années 1q30, de I”indusrriailisatic?n
des colonies;‘). 1~s pêches tkmgères dans les eaux mauritaniennes, les eng,ins utili& etc Ilai\\
S~IIOU~. on cuit bien comment de véritables problèmes socio-économiques (l’importance de
I ‘acti\\ ite de I9êche dans l’économie. la concurrence internationale) sont n9otkés par dos
corrsiderations bicwkotogique~ (,ne pas détruire les fonds, protéger la faune), et débouchent en
fait sur des solutions (proposées par une commission) qui consistent en la délimitation dc zo11cs
&.z pkhes et in réglementations sur les engins et les périodes de pêche
On se ct9ntentera
d-emettre l’hypothèse que tous ces pro-iets de réglementations sont. en dernier w~sort des
délimitations de
parts de marchés.
Peu acant la Premk-e Guerre mondiale, un administrateur affkmait, à propos de ia crise
wdinike bretonne de son temps, qu’elle (( n’est en réalité qu’une crise économique très grlt’ae
dur: â cc 1àit que là ou i‘VO familles pourraient vivre honorablement, il faut que 8Oti 011 l t’l(NÏ
trouvent leur existence, 11 n-y a pas pénurie de poisson sur la cote, il y a surtout plethore de
p6cheurs. C‘ec;t la p6che \\ers le large ou au loin, la pêche coloniale qui seule peut apporter II~
~enkde ekace H cette lamentable situation O On trouvait donc dès le début de rlotre périol:.te
une interrogation en termes d’économie et de société..
On peut aussi se demander quelle est l’ampleur rëelle des contlits de pêche dérxits pour
la Mauritanie. dans toute notre période. et pourquoi 1’4dministratic9n de l’~IOF fait preu? e
d’wlant d’h&,italions pour légiférer globalement. Situation complexe, sans doute (dimension
itlternatioazale et nombreux intérêts parfois divergents). insuffisance quantitative du personnel
tkxes~aire, et politique a courte 7ue de la {< mise en valeur », sans doute. Mais dort aussi entrer
L”U lige de ccimpte la possibilitë que le .~/crfr, CYIW avantage en définitive la pêche fi+ançaise. en
laissant les mains librex à la SIGP et en maintenant la pêche à la langouste roylc dans, les eatlx
espagnoles
Dans l’affaire, les oubliés sont les Africains, malgré les mentic9ns de la pêche des
1 rnraguen en Mauritanie.
3.3.4 La Mission Thomas de 1923 : une intervention de scientifique
011 l’a dit l’un des objectifs posés pour une politique des pèches est ct‘ar9réliorw la
SI tuation alimentaire dt:s Xfi-icairls et, pour cela, il importe d’améliorer les procédés de capture
et de transformation du poisson pêché par les locaux. Très peu de moyens sont cependant
engag&, ut 1~s tentatwes de l’unique mission scientifique conséquente allant dan!; ce ~19s
relèvent plut& de l’improvisation. La Mission concerne plusieurs types de ~&A:S
maritinw
ou estuariennes tGuin&). en cours d’eau (Haut-Niger. en Guinée et au Soudan), ,1 ‘I’h~m;is.
jweparateur dans le laboratoire de Gruvel est soutenu et conseillé par celui-k.

32
II s*agiiair d’encourager l’utilisation de la set-me sur le Niger (les Somonu utkwawrt
&y la setme; mais pas les Bozo), de fournir les pêcheurs des cotes de Guinee en filets et en
pirogues. l.a 2onserva1ion se ferait en plaçant les poissons sur des claies, c.zt cn ks salwt
ieg~remerrt, afin d’kcirer les risques de maladies. Enfin, il faudrait acheter aux pêchewp
~~uelclues procauits secondaires nécessaires à la transformation industrielle.. et encourager
commerçants et militaires a se fiwrnir auprès d’eux en poisson salé. ‘Tout cela ne V:I pas ianq
ambiguités Thomas propose &Jssi d’introduire en Guinée le poisson salé de la SIGP, i:t
surtout il hésite sur la manière de généraliser les procedés de pêche et de consc~arion qu‘il
preconise. II semble qu’il s’en remette aux plus klairés des Commandants de (‘erçle et dc‘s
dignitaires locaw. C‘est aussi dans ces années-là que Gruvel émet I’idee de former
régukrement des pkheurs autochtones. Et Thomas, parfois. reconnajt la qualite et 1’efficacirti
des enyins de pèche Iwau~
‘une manière générale, Gwel comme Thomas conç&ent ctc
mitllicrc essentiekmen~ technique les interventions possibles sur les pèches africaines
La missiot~ n‘est pas suivie par une É;valuation réelle de ses effets. Nous ne savonfi; prs
quelle est l’ampleur du succès des nouveaus modes de conservation du poissot, inlroduits pour
la premikre fois (peut-étre), ni quels sont les effets des encouragements à utiliser de wuwat.iL:
filets. ni enfin si ia mission a eu d’autres conséquences. Lorsque Gruvel propose de wnauveler
ce type de mission, il se heurte à l’indifférence de I’Administration : (4 il semble que
IXdministration s-en désintéresse complètement ti. Sans doute parce que la question est
marginale dant; la politique des pêches, axee sur l’incitation à la pèche metropolitarne
3.3.5 Quels sont les effets de la mission de A. Conti en Guinée (1944--1946) 3
En 1925. on parle de l’essor des pêcheries maritimes en Guinée, qui serait wtout le fuir
de migrants (Sénégalais, et surtout Sierra-Léonais). II resterait à connaître les tendances je
cette pkhe dans notre période. Mais au moins retient-elle l‘attention, vu qu’elle attire les dti~
seules missions scientifiques d’importance dans notre période (missiow, de Gruvel mises a
part), a savoir celle de T’homas en 1923, et celle d’A. Conti en 1944-1946
:A. Conti dépend de l’Office scientifique et technique des pêches’” En septembw I-43,
elle est etr\\oJée à Dakar et en Guinée par le gouvernement d’Alger afin de u poursuiwe Ia
mission de recherche et de documentation concernant les pèches dont elle a été chaigée tb lin
juin i945. le Gouverneur g%k~l la charge d’organiser en Guinée une (( coopérrtti\\:c indigène
Je pèche et de préparation du poisson t-inné » Par ailleurs, A. Conti est chargie de liyn-cr- if
C‘c:lnakry 27 magnétos, dont l’utilisation - à une exception près - n’est pas précis&
Les dossiers que nous avons étudiés ne nous donnent pas d’informations sur ies
consequerIces de cette mission. et les ouvrages consultés non phrs (CORMER-S;iZLEkl.
1994.1 > a-t-il eu organisation d’une ou de plusieurs coopératives ? Comment ont-elles
t’.wztionné ? I.es magnétos ont-ils servi à mener des expériences de motorisations de pirogue5 “7
Si c-etait le cas, ia moiorisatitrn des piroyucs de Guinée aurait débute avant la motcrtkation au
Senegal,”
Quoiqu’il en soit, nous voyons en quoi les Archives peucent nous permetrre
d-ameliorer nos infornlations SUI” les pêches et les politiques sur les p&hes, dans notre périolie.
oil même apres

Conclusion
Nous av~ms d-abord mis en évidence les lacunes sur l’histoire des pkhes et des
politiques sur les pèches en AOF des travalrx ont été accomplis. mais la synthese matIque Or-,
ses Archives administratik es du Gouvernement général de I’AOF sont des sources imrw-tanw~
iwtr Ies cluesticbns dans ce domaine. Nous avons pensé nécessaire de mener un trasail
<ksl.ématique d’inventaire et de recensement des informations afin de créer’ des rwtik
;w::lmodes facilit~lnt les recherches. Ce travail pourrait être poursuivi pour les riocunlcnf s dc la
periode I W6- 1958. en retenant que la recherche coloniale est alors plus &oftëe et sIructuwe
qu‘aupara~i ant. et que I,t technostructure implique alors, dans son ensemble. plus de pcrs~mwt‘!~
Rotre problematique, ax&e sur les structures et l’exercice du pouvoir ~II matïCx-c de
péche nous a permis de constater l’anciennete d’une technostructure qui tiit communiquer U-I
permanence des ktdnrinistrateurs Cou « décideurs H, dit-on aujourd’hui. à savoir des hommes qui
font de la politique). des chercheurs et des acteurs économiques. Anciennes aussi.. IS
préoccupations bio-&ologiqucs conjuguées ;ivec l’idéal modernisateur (au nom de la x mise CII
~2leur 0 à l’époque coloniale) Enfin, l’on constate que cette technostructure se fait Ii: soutiw
I ~SO~U et permanent de quelques intérêts économiques (les pkheurs métropolitains. et surtout
la SIGP de Port-Etienne) et qu’elle pratique le bricolage juridique. On l’aura remarqk, les
kxhivcs laissent posées certaines questions. dont la résolution supposerait de faire: ;Ippel à
d’autres sources
D’une mnni&e gen&ale? lorsqu’un problème se pose dans la pèche de notre période, il
ri*est pas du ti 1’ i< insuffisance de communications » des uns avec les autres (bien XI contraiwf
Il rr‘c~t pas CL non plus 11 l’inusable « épuisement de la ressource » qui serait lui-même dC a la
suresploitatiorl WI u mal-exploitation » par les @heurs. européens ou africains. I.CS pkhes
ont bien plus a i,oir, dans la compréhension qu’on peut en avoir, avec une bien r&.:lle &xnomic
poiitiyue et a de bien \\-oncrètes dynamiques sociales qu’avec des limites de rewwce< I
toujours floues et toujours rectifiées à la hausse - ou qu’avec le degré d’intelligence dth pècheur
européen ou africain.
Tandk que les moyens du Gouvernement général se sont perdus dims la pkhe
metropolitaine, les pticheries ouest-africaines ont partout été en hausse, cette tendaxe
persistant jusqu‘ti aujourd’hui au moins dans les pèches maritimes.

Remerciements
Cc ira\\atl n’a ctc possible que gr&x à I’a~dc. aux souliens. aus suggestions. ;~LIS wgards critlIqucs C~C
plusieurs personrtcs que je tiens à remercier viYcnient.
J ‘a cxprinw. à propos d’une aulre publicatton. nia rcconnaissüncc cnvcrs Maistcur Saliou M’ Ua! LY.
D1raxur des arzhi\\cs du Séncgal. qui a rendu aussi ce travail possible, ainsi qu’cmcrs MotvGcur N.Di;t! c
Qu ‘ils rccoi\\cttl ti nouveau mes remerciements.
J’aa cu des discussions nombreuses et cnrrchwm~es ~!CC de nombreux chcrchcurs dc disciplrnes
diIl’~rctt~cs. Xttts~. Vessicurs C’harlrs Bcckcr. Jean Le Fur CI CU! Vidy de I’ORSTOM onl-il> Eclairé de leur\\
~omp&cncci ccrtams aspc~ls de mon tra\\xil. VonGxr Jacqucc Weber. directcar du laborvlozre ( iRFF2 ;lu
(‘IF.AD. 3 port& un regard crtliquc ci constructif sur mes résullltts. Monsieur Alassatte Sambx çhcrchcur dc
I‘ISR!\\ au C:ROI)T m’a fait de nombreuses remarques et m‘a donné des conscils qui m’onl pcwiiç dc rendre
plu!, pertinents des passaga de mon Irxtil. 4 tous. ,jc leur usprime tna gratitude.
Illctnsicttr Jean-Ptcrrc Chauvcau fut sans nul doute le pr&xrscur. II m’a dontx les Cl&net~& csscnticals
cpr IN ottt pcrmii dc, d6marrer &ficitecment. Et la Içcturc dc ses lrawx étai1 incontournable sut Uri ici sttjet. .1~
lui -;ais gré dc m’aoir fait ~onfiancc.
Monsieur Kmntattucl CharOes-Dontiniquc m’a accueilli. ;I suivi et encadr6 mon traail m’,t adc dans
Ics momcn~s diffictlcs de ia r&.tlkation ct surtottt tn-a apportti le bén&tce de ses ~;onn:~iss;mc~~ d dc ws
,onqx~cnc~s. C’est ~\\CC émolion ct amitié que jc hi hisse cctk Iracc de mott passage it lX.tk~tr JC gag’: C/LIC
ttous aurons à l‘avenir l‘ocxasiott dc prolonger Lraztus et discussions.
Enfin. JC IUIS it aoul~gner I‘;tccucil du cctarc ORSTQM dc Dakar ct ti rcmcrcier Mottsicur Philtppc
i%Iathicu. Dtrcctcur du ccntrc. ainsi yur l’accueil du CRODT. pour lequel je tiens a renrcrcicr Mon:;t,~ur Diafirra
Tout-c. Dircctcur du cettirc. ainsi que Monsieur Taib Diouf D’une manière g&tëralc. l’en\\ u+onncmr:n~
w~xttttiquc CI tcchntquc piurtdtsciplinairc dc I‘ORSTOM cl du CRODT nc pewent que faorixr II~I tr;txtrl dc
rechcrchcs. surtout lorsqu‘!l s’agit d‘y faire ses premières armes.

3 5
Bibliographie




39
Annexe : Chronologie
( 189~; : Création de l’Afrique cwidentale fiançaise (capitale Saint-Louisj)
( 1901 : Creation du Laboratoire colonial <( près le Skséum H)
(1902 : Dakar. capitale de I’AOF)
1906 : Début de Ea construction de Port-Etienne (hlauritanie) - Rôle de A. Gru-\\rel Fondation
de la Mission permanente des pêcheries en AOF
Exposition coloniale de Marseille
191. I : Creation de l‘Association des scientifiques coloniaux
1914 : Début de la Première guerre mondiale
19 1.7 : Conférence coloniale
19118 : Fin de !a Premiere guerre mondiale
Congrès d’agriculture coloniale
1919 : Le Togo et le Cameroun sont sous mandats franc;ais et anglais
1920 : Pretnier projet global d’organisation des sciences coloniales
Chaire des-pêches et des productions animales coloniales au Muséum (:Y Gruvei 1
1921 : (( Plan Sarraut )a d’équipement des Colonies
Fondation de l’Académie des sciences coloniales
1922 : Seconde exposition coloniale de Marseille
1923 : Mission Thomas en Guinée et au Soudan
1926 : Création de (t Colonies-sciences H
19.3 1 : Premiers ctTets de la ct ise économique mondiale dans les colonies françaises
Exposition coloniale de Vincennes et Congrès des recherches scientifique:; colontales
19.35 : Conférence impériale
1936-1938 : (keation et installation de l’Institut français d’Afi-ique Noire
Association des chercheurs scientifiques coloniaux
1939 : Début de la Seconde guerre mondiale
i!UO-1942 : ;I~res la Débite. le Gouvernement de l’,AOF est du côte de \\“ich\\
1942 : Dkbarquement allie en Afrique du Nord ; I’AOF rejoint la France libre
1943- 1944 : Creation de I’Oft’rce de la recherche scientifique coloniale
1944 : Conférence de Brazzaville
1945 : Fin de la Seconde suerre mondiale
Th. hlonod occupe la Chaire des pèches coloniales
1946 : Nouvelles institutions françaises ; creation de 1’ H Union fiançaise )!