2 5 7 CREVETTICULTURE EN CASAMANCE Bertrand...
2 5 7
CREVETTICULTURE EN CASAMANCE
Bertrand COUTEAUX*
--
-
1111 Chef du Projet, France Aquaculture Ziguinchor.

2 5 8
R E S U M E
Les crevettes péngides, en raison de leur cycle de
croissance court, d'un marché international demandeur,de
la stagnation des débarquements de la pêche au niveau
mondial depuis 1978, sont l'objet d'elevages dont le d@-
veloppement est devenu spectaculaire dans certaines J+I?*
ties du monde (Asie, Amérique du Sud).
Avec l'aide de France - Aquaculture,
filiale de
l'Ifremer, le Secrétariat d'Etat à Pa pêche et le Fond
d'aide et de Coopération français se sont proposés d'étlr
dier les conditions d'un développement de laczevetticul-
ture en Casamance.
En raison de certaines conditions originales (sali-
nité élevée en saison sèche, sols sulfatés
acides) un
test a été mis en place depuis 1983 pour sélectionner
des espèces, établir leurs conditions d'élevage,
leurs
performances zootechniques et économiques. Une présenta-
tion critique des résultats obtenus est proposee et les
objectifs à court terme sont définis
A.B ST RAC7:
Because of their Xife cycle, of a favorable
inter-
national market and of the stagnation of the world lan-
dings since 1978, shrimp culture is quickly
developing
in Asia and South America.
The "Secrétariat C1'Etat à la Pêche" and the
"Fond
d'Aide et de Coopération français" With the help of
France-Aquaculture,
a branch of IFREMER, have been
stu-
dying the possibility of shrimp-culture in Casamance.
Because of some original aspects
( high salinity,
sulfato-acid grounds) a test started in 1983
t-0 Select
species to assess their growing conditions,
their
zoo-
technical and economical possibilitles.
A critical ana-
lysis of the results is presented and the short-time
aims are indicated.

I N T R O D U C T I O N
La production mondiale annuelle de crevettes représente en 1985 environ
1 700 000 tonnes. Les débarquements des pêcheries stagnent depuis 1978. Les
crevettes pénéides sont l'objet d'un marché mondial porteur sur le plan des
prix. Le prix moyen international est de 7,8 $ le kg pour la crevette entiè-
re de poids 20 à 30 g (c'est-à-dire no 3 et 4 selon la classification locale).
Ce marché est déficitaire en quantité. D'ici 1990 on estime les besoins annuels
supplémentaires à 160 000 t et seule la crevetticulture est susceptible de
faire face à ce supplément de demande.
Ces perspectives intéressantes sont apparues dans les années 68-70, épo-
que à laquelle plusieurs équipes dans le monde commencent à développer la
recherche sur les élevages marins. Ainsi la crevette a été l'objet de nom-
breux travaux.
L'élevage de la crevette s'est développé dans le monde, dans la zone
intertropicale, la plus favorable, particulièrement en Asie du Sud-Est et en
Amérique du Sud. La production annuelle de crevette d'élevage représe.nte
100 000 tonnes en 1985. Ainsi certains pays, tels que l'Equateur, Con:naissent
un développement spectaculaire de la crevetticulture ; dans ce pays la produc-
tion annuelle des bassins a atteint 35 000 t en 10 ans et a très largement
dépassé la production par pêche.
Ce sont les zones de mangrove ou de tannes(l), semblables à celles de la
Casamance, qui sont utilisées pour faire 'des bassins dont la taille varie de
quelques milliers de mètres carrés (tambak d'Indonésie) à quelques hectares
(jusqu'à dix en Equateur).
Au début, seul le grossissement des crevettes a été pratiqué à partir
de la capture de juvéniles dans le milieu naturel.Avec le développement de
L'activité, il fut nécessaire de satisfaire une demande accrue des producteurs
en juvéniles autrement que par une augmentation aléatoire des prélévements
dans le milieu naturel dont les effets négatifs se faisaient déjà sentir sur
la pêche. Aussi de plus en plus le cycle de vie complet est obtenu en élevage.
La ponte des géniteurs est obtenue en écloserie par différents moyens (nourri-
ture spéciale, ablation d'un œil... ). Les larves sont élevées dans des bacs,
en milieu strictement contrôlé. A la sortie de l'écloserie, les post larves
sont placées dans des bassins dits de prégrossissement. Lorsqu'elles atteignent
:L,5 à 3g, les crevettes sont transferrées dans les bassins de grossissement.
En France le CNEXO, avec le Centre Océanologique du Pacifique, travaille
depuis 1970 sur les crevettes pénéides. La maîtrise de plus en plus complète
des différentes phases du cycle de l'élevage a permis le passage de la recher-
che au développement d'élevages commerciaux. Ainsi une filiale, FRANCE-AQUACUL-
TURE a été créée pour valoriser ce savoir faire,
en particulier dans les ter-
ritoires et départements français d'outre-mer et à l'étranger.
(1) Les tannes sont des zones exondables nues ou herbacées.

2 6 0
Cette sociéte a été choisie par je Secré':.<jriat d'Etat .il ?.a Peche mari-
time (Sénégal) et le Fond d'Aide et de Coopération (France) pour étudier les
possibilités de développer la crevetticulture :SU Sénégal.
1 .
A P T I T U D E S D E L A
CASAMANCE
L'Afrique de 1'Cuest et en particulier le Sénegal ont un certain nom-
bre de similitudes avec ces zones productrices a
- la latitude, intertropicale
- de grandes surfaces de complexe mangrovien
- une pêcherie de crevette traditionnelle.
La Casamance présente en outre un certain ncmbre d%touts
pour l'éle-
vage de la crevette :
- existence de grandes étendues rizicole: affectées pa't- la sécheresse,
pouvant être valorisées par l'aquaculture
- intérêt du développement d'une activite rémunératrice dans les zones
rurales où les cultures vivrieres, dominent,afin de freiner l'exode
- aptitude de riziculteurs régionaux à canstruire des endiguements et
à gérer l'eau.
Cependant certaines particularités différencient la Casamance des zones
habituelles d'élevage de la crevette :
- deux saisons sont marquées par des variations impclrtantes, de la tem-
pérature de l'eau, sous l'influence de l'upwellinq côtier, aet de la salini-
té, supérieure à celle de la mer en saison sèche
- des sols sulfatés acides dont le comportement dans les fonds de bas-
sin d'élevage est mal connu.
- l'absence de donnés sur l"élevage de ?', jli,; Lia~is
- inexistence d'élevage de crevette même Oartisanal. en Afrique de :L'ouest.
2 .
T E S T D' E L E V A G E
Il a donc eté décidé de faire un test pour :
- éviter à tout promoteur public ou prive dE: partir à l'aventure
- sélectionner des espèces, établir leursperformanceset leur sch&a
d'élevage
- établir les données économiques de l'élevage de 1:1 crevette en Casa-
mance.
Le test a débuté en 11983 avec un financement oc* 1.35 millions de F CFA. Cinq
personnes dont un assistant technique sont affectées 6 cette phase. Le site
est accessible (fig. 1) de qualité moyenne,
reprêsentatif de grandes surfaces
exploitables.
Six bassins de 2000 m2, deux de K!O m2, un petit laboratoire
et une station de pompage ont et6 construits. Des séries d'élevage sont fai-,
tes à partir de la capture de juvéniles dans le milieu naturel ou de l'envoi
de post larves de nos écloseries du Pacifique, de France et d'Asie. Les ré-
sultats prometteurs mais incomplets de cette phase ont encouragé les autori-
tés à continuer en rendant le projet plus operationnel et indépendant. Un
nouveau financement (157,5 MFCFA) a permis la construction d'une écloserie,
de 4 bassins de grossissement de un hectare chacun, d'un forage d'un bâtiment
d'astreinte et d'une unité de production d'électricite. Nous avons obtenu
l'aide d'un homologue sénégalais (vétérinaire) : d'un coopérant français V.S.N.
et avons recruté 4 personnes supplémentaires.

CAP ROXO
n Emplacement du leet
L ,,,.,,
. Y 1/l00000’
C~V,. I . G . M .
F I G . T.- Zone du test
I’IL, ‘i .- Vari;lt i o n s ,!~JJ l a températut.tj ct d e l a s a l i n i t é d a n s l e s b a s s i n s

1) 6 2
Le site choisi est représentatif, mais,
i.l ne fait pas de doute qu'il
aurait été aisé de choisir une zone plus favorable sur le plan de la salini-
té. Les bassins sont implantés sur des tannes en bordure d'un boLon (bolon
Katakalousse) bien renouvelé par la marée (1,50 m de marnage maximum). La
salinité y varie annuellement de 20 à 45%~ avec peu de différencsinteran-
nuelles.La température de l'eau varie de 20 à 32°C (cf. plans et courbes).
3 *
R E S U L T A T S
D U
T E S T
Sept espèces ont été testées : les deux espèces locales, penzeus notiia-
lis et P. kerathurus ainsi que cinq espèces é,t.rangères : P. japonicus, P.
indicus, P, vanamei, P. stylirostris, P. monodon (souche Ta:hiti et souche
Taiwan). Une tentative d'envoi de P. semisu~eatus
a partir du Koweit a
échoué. Le but était de disposer de deux especes intéressantes par saison.
Nous avons pensé que des espèces de Méditerranée, de Mer Rouge ou du Golfe
étaient adaptées aux salinités élevées et aux faibles températures et que
d'autres plus tropicales, de Malaisie, du Pacifique étaient adaptées aux
eaux chaudes dessalées.
Les espèces locales ont etë pêchées au poids moyen Vde 2 â 3 g pair un
petit chalut à
mai1l.e de 8 mm tracté par 2 hommes. Les zones de pêches,
situées de Ourong à Farabane, ont produit des rendements moyens de 100 à 500
individus par trait de 10 mn. Selon l'époque l.a proportion des espèces est
de 5 à 20 % de P. kerathwus, le reste en P. ,+9titi,6. Nous avons ainsi pêché
plus de 80 000 P. no;l;icdd et 20 000 P. keratkurus. Les espèces étrangères
nous ont été envoyées dans de petits cubitainers, remplis de 15 litres à 20
litres d'eau de mer et gonflés à I'oxygène. Les post larves y étaient iB des
densités de l'ordre de 500 pl par litre.
30 élevages ont été effectués avec
un aliment de qualite moyenne et identique pour toutes les espèces,
PENAEUS NOTIALIS
Nous avons réalisé 7 essais sur P. notialis. Des densités de 5 à 120
individus au m2 ont Elté pratiquées. P. notiaZ1r 'est une espèce à comportement
dominant en présence d'autres individus tel P, kerathurus. Sa survie et sa
croissance en captivité sont bonnes jusqu'à 10 g.
L'espèce a montré des possibilités en atteignant sur 15 jours à un mois
des croissances journalières de O,2 g et même Cl,3 g.
P. notialis est sensible à I'émersion et à la manipulation en période
chaude. Dans ces cas elle est souvent affectee par des crampes entrainant à
court terme la mort de l'individu. Au delà de 10 g dans tous les élevages
nous avons constate une augmentation de la mortalité et une disparition des
lots de tête. C'est en réalite la manifestation spectaculaire d'une maladie
dont laquasikotalité des individus sont porteurs. L'analyse a montré :La
présence de microsporidies du thélahania ;
les manifestations extérieures
caractéristiques sont l'apparition de trainées blanchâtres et opaques sur le
dos puis sur l'abdomen, une anomalie de la pigmentation devenant éparse et
plus forte, des carapaces molles ; il a donc été décidé d'abandonner cette
espèce en attendant de pouvoir fabriquer des juvéniles indemnes de germes en
écloserie. La maturation des mâles se fait facilement ; les femelles sont gé-
néralement fécondées, Nous n'avons pas observé de femelles matures, mais n'a-
vons pas pratiqué L'épédonculation.
A faible densité il est aisé d'obtenir des femelles de 100 5~~

r 0
\\

I

2 6 4
PENAEUS KERATffURUS
Trois élevages de P. kerathwus ont été f,aits. Le premier à ,partir d'ani-
maux reçus de Méditerranée et ensemencés à la ;k-juin, .Le deuxième à partir
d'animaux pêchés dans le milieu naturel début juin,
le troisième à partir de
pontssnaturelles de géniteurs captifs (mi-décembre-mi-janvier).
En outre une croissance d'animaux introduits accidentellement dans un
bassin par les arriviies d'eau a été constatée(2.5 g en 3,:s mIois à ,partir de
post larves pour des animaux non nourris). Les survies ont été médiocres en
hivernage en raison des températures trop élevPes pour cette espèce. La tolé-
rance à la salinité est bonne.. Les croissances maxima
observées ont été de
0,17 g par jour. On trouve des femelles matures et fécondées dès le poids de
12 g. Il est nécessaire de disposer de juvéniles au plus tard à la mi-novem-
bre afin de profiter des basses températures, D'au'tre part i?. kemthurus né-
cessite une alimentation plus protéique que celle que nous avons apportée.
PENAEUS JAPON’I CUS
Cette crevette de grande qualité est affectée par les fortes temptkatu-
res. Pour des raisons techniques (saisons d'ecloserie en France), nous n'avons
pas disposé de juvénilesen saison sèche.
US :ieux 'élevages effectués en hiver-
nage ont été bons au prégrossissement puis décevants au niveau du grossisse-
ment, avec des survies très médiocres ; ceci nst du aux températures é:Levées
et à un aliment à trop faible teneur en protéine.
Comme P. kerathmus, P. japonicus , adaptée au faibles ,températures et
aux fortes salinités, doit être ensemencée en novembre. Nous avons élevé P.
J@apCVZicuS jusqu'à 20 g et obtenu des géniteuxs de 90 g*
PENAEUS IND’ICUS
C'est une des espèces les plus faciles a Glever, Son seul inconvénient
est en général un ralentissement de la croissance au-del& de 13-15 g. En gros-
sissement en Casamance nous n'avons pu faire que deux essais pour une question
de disponibilité en juvéniles, Les lots ne dépassent pas le poids moyen de
15 g. Les survies, notamment en hivernage, sont bonnes (70 %) (prégrossisse-
ment et grossissement). On obtient pour cette espèce des croissances journa-
lières de 0,l g par jour.
Les rendements sur le site sont faibles en raisons de densités insuffi-
santes (5 par m2). Les géniteurs faciles à obtenir pondent naturelleme:nt.
Nous avons eu des rec:rutements naturels dans Les bassins.
PE NAEUS VANAME 7
Deux prégrossissements et deux grossissements ont: été effectués à partir
de deux lots envoyés de France. Le premier lot a été reçu fin septembre 1984,
le deuxième fin novembre 1984.
Il y a une très bonne survie au prégrossissement (98 %) avec un bon indi-
ce de conversion (0,88). En grossissement, le comportement à la salinité est
bon. On a obtenu des croissances de 0,l g par jour,de:s rendement de l,3 ton-
nes/ha/an avec un indice de conversion de 2,3. LE?S survies sont bonnes avec
des taux de 60 et 95 %. Les problèmes rencontres pendant ces élevages sont
essentiellement des problèmes dus à l'aliment:at-.ion (quantité et qual,i.t,o) et
à des densités insuffisances.

Une nette amélioration des résultats peut être obtenue en jcuant sur
ces facteurs. Des maturations, fécondations et pontes surviennent naturelle-
ment. Cette espèce intermédiaire ressemblant à P. duortnwx est une candidate
sérieuse à l'élevage. Elle est cependant très sensible aux températures éle-
vées.
I'ENAEUS MOEJOPON
C'est de loin l'espèce la plus perfcrmante particulièrement en hivernage.
Nous avons atteint des rendements nets de 4,5 tonnes avec des indices de
C:onvers:ion de 1,7 et des taux de survie
au grossissement de 97 00 : nous pen-
sons pouvoir améliorer ces résultats en augmentant les densités de 12 à 20
animaux par m2. Cette espèce, si elle est prégrossie avant la mi-juillet,
permettra d'obtenir des animaux de 20 à 30 g vers le mois de décembre.
PENAEUS STYLZROSTRIS
Un seul élevage destiné à prëparer des géniteurs a été fait à partir de
700 postlarves reçues de Nouvelle Calédonie en juillet 85. Cette quantité
insuffisante sur le plan densité n'a pas permis d'obtenir des performances
en terme de rendement ; mais la survie excellente (100 % à faible densité),
La bonne croissance (0,2 g par jour) et le bon comportement aux fortes salini-
tés
laissent augurer de bons résultats pour les deux saisons. Ces animaux ma-
turent aisément et nous avons eu des pontes naturelles.
4,
P R O B L E M E S
R E N C O N T R E S
Les problèmes rencontrés ont eu des conséquences importantes sur les
résultats et ne pouvaient pas être résolus pendant les deux premières années
car le budget était volontairement limité. L'existence de solutions est la
raison de notre optimisme, car elles apporteront toutes une amélioration
des performances d'élevage.
Les saisons très marquées par la salinité et la température exigent des
ensemencements de bassin à des périodes strictes. les écloseries de France-
Aquaculture dans le monde, déjà très sollicitées et parfois elles aussi ré-
glées sur les saisons, n'ont pas toujours pu fournir la qualité et La quanti-
té de juvéniles nécessaires aux périodes les plus favorables.
Les envois que nous avons obtenus,parfois du bout du monde, et sur des
duréesde 72 h sont déjà les envois les plus longs jamais réalisés. C'est la
raison pour laquelle certains élevages se sont faits à des densités quelque-
fois trop faibles ou à une période peu favorable. De ce fait nous avons des
résultats insuffisants en saison sGche.
Les sols sulfatés acides ont des effets négatifs au niveau du Lessivage
des digues et de la minéralisation de la matière organique sur les fonds de
bassins,, Nos premiers bassins étaient trop petits et pas assez profonds.
Nous avons eu des problèmes de concurrence nutritionnelle avec la proli-
fération de poissons(type tilapie). Ainsi sur un grossissement de f, irh-iicus
ROUS avons pêché une biomasse de 171 kg dont 120 kg de tilapies et 51 kg de
crevettes. L'indice de conversion alimentaire était de 1,3 en général mais
de 4,s pour les crevettes.

2 6 6
Ceci peut Gtre évité en séparant les phases de prégrossissement et gros-
sissement et en filtrant l'eau d'arrivée pendant les 15 a 30 premiers jours
de chaque phase sur des filtes de 1 et 0,5 mm,. Si le traitement des eaux à la
roténone permet d'éliminer certains poissons (gobiidés, gerréidés) il est
inefficace sur les tilapies.
Le facteur le plus limitant rencontré est celui de :L'aliment ; pour débu-
ter le test, nous avons travaillé avec un granu1B de composition moyenne
importé de France. Les conséquences en ont éte :
- une conservation délicate et parfois trop longue affectant la qualité
de l'aliment : la fraîcheur, notamment des vitamines et des lipides, est pri-
mordiale dans ce type d'élevage : nous avons dû déplorer parfois l'appari-
tion de moisissures ou de parasites sur les aliments
- des ruptures de stock dûes aux difficultes de dédouanement et de trans-
port - l'inadaptation d'une formule moyenne aux exigences des différentes
espèces.
5 .
L E S
AME L I ORAT I ONS
L'extension en cours du test a pour but d'améliorer ces différents points.
Une écloserie a été construite. Elle devra résoudre les problèmes de fournitu-
re de juvéniles aux dates souhaitées, en quantité et qualité requises. Cette
écloserie vient d'entrer en fonctionnement il y a tout juste un mois et a déjà
produit ses 100 000 premières post larves.
Au niveau de l'amélioration des sols,
nous pratiquons un lavage des bas-
sins puis un amendement calcique (chaux traditionnelle 0,5 à 1 t/ha, phospha-
tes tricalciques de Xaïba 0,5 t/ha), Des engrais complets N.P.K. sont parfois
utilisés pour favoriser le démarage des blooms planctoniques. Avec les quatre
nouveaux bassins plus grands et plus profonds
(un ha et 1,20 m d'eau) l'inf-
luence des digues sera réduite, le comportement de la masse d'eau plus homogè-
ne, l'équilibre des fonds meilleur et la gestion de l'eau plus facile.
Nous négocions actuellement avec un provendier pour fabriquer l'aliment
à Dakar. Deux formules devraient être utilisées, une 2~ 25-30 % de protéines
convenant à P. vanamh et P. ?lotiaZis, une à 35-40 Y de protéines convenant
à P. monodon, P. stylirostris et P. indicus. Les granulés seront faits par la
voie sèche (type poulet) récemment adaptée pour les crevettes et moins coiîteu-
se ; ceci devrait nous permettre d'être assurés d'une qualité et de quantités
suffisantes.
Il faut cependant s'attendre à une période de rodage. Nous dispo-
serons d'autre part d'un élément fondamental pour
l'apprdciation de la renta-
bilité des élevages, le coût du granulé.
La dotation au projet d'un forage et de nouveaux bassins va permettre une
gestion plus souple et rationnelle des élevages ; lesanciens bassins seront
utilisés pour la stabulation des géniteurs et le prégrossissement. Cette phase
pourra être légèrement décalée grace à l'appoint d'eau douce en saison sèche.
On utilisera les grands bassins pour le grossissement. La séparation des pha-
ses de prégrossissement et de grossissement permettra de mieux ajuster les
densités à chaque période.

6 *
O B J E C T I F S A
C O U R T
T E R M E
Nous nous apprêtons à faire des grossissements dans les nouveaux bassins
pendant la période favorable à partir de la mi-juillet.
Il faut donc d'ici là que l'écloserie fournisse les 406 000 post: larves
nécessaires. Ces grossissements d'hivernage devront confirmer les résultats
ob.tenus sur 1'. nmzotion.
Une fois ces ensemencements realisés, nous devrons préparer des géniteurs
de t‘. uarm1ei, f'. kerathurus e t PS ;.;tÿliro~;t.ris pour disposer de post: larves
vers le mois de novembre et réaliser cette fois quatre essais complets de
saison sèche.
Nous disposerons alors des deLtlières données manquantes pour proposer
,des schémas d'élevage assortis de performances (rendement, indice de conver-
sion et poids moyen à la pêche) s Il restera par la suite à essayer d'étaler
les périodes de récoltes.
tJn inventaire des sites favorables à la crevetticulture devra être effec-
tue; de même, une étude de faisabilité technico-économique adaptée à un de
ces sites favorables extrapolera les résultats moyens obtenus et répetés sur
Le test : elle sera mise ensuite à La disposition des opérateurs économiques.
Il reste que tout ceci est parfois une course contre le temps ou les
difficultés principales sont l'insuffisance de cadres, la lenteur de la mise
en place des financements (notre société préfinance) et l'importance souvent
prépondérante de la logistique au dt;triment de la biologie (l'ensemble des
travaux de la station, à l'exceptioii des bassins,a été réalisé par le person-
nel) .
A titre d'information, signaloirs qu'il existe au niveau régional deux
projets de fermes de crevettes en Gambie
: l'un, norvégien,correspond à une
phase pilote de 100 ha projetée poux fin 1986, extensible à 750 ha en 1988 ;
'autre,germano-gambien
--
assisté par France-Aquaculture,est au stade de l'etu-
de de faisabilité d'une ferme de lO(; hectares.
C 0 N (' l U S 1. 0 N
Il n'y a a priori aucureraisorr pour que l'Afrique de l'Ouest ne puisse
pas elle aussi développer des élevages de crevettes ; nous nous efforçons de
montrer cette opportunité. Nous esp$rons que le test de Casamance, bien que
limité par ses moyens pourra induire une véritable activite économique, ce
qui est sa raison d'être. Une fois que les résultats biotechniques seront ju-
gés suffisants, il restera à inciter ies candidats par la mise en place de
mesures techniques (soutien, formati,In, disponibilité en aliment, et en post
Larves) et économiques (fiscalité) o

2 6 8
D I S C U S S I O N
B. DIAW.-
Que1. est le coût de crevettes produites en aquaculture ?
COUTEAUX .-
Le coût des crevettes produites au niveau du projet ne peut
servir de référence car il a fallu résoudre de nombreux pro-
blèmes méthodologiques, tester sept espléces... Pour estimer
le coflt commercial un test de faisabilité devra êtxe réalisé.
Le coQt dépendra de la surface des installations (le tout
relatif auqmente quand la surface diminue) du coût de l'ali-
ment produit à Dakar, de la qua.lit. de cet aliment, du type
d'exploitation a.O
TOURE . --
Sur quel type de sol ont été creusés les bassins ? tannes (qui
sont acides) ou mangroves après défrichement 3
COUTEAUX.-
Il aurait Bté préférable de défricher la mangrove mais le man-
que de temps n'a pas permis d'opter pour cette solution. Pour
pallier l'acidité des sols, ils ont été amendés.
PANDARB.-
D'autres especes.que P. notia& sont-elles parasitées ?
COUTEAUX.-
Nous n'avons pas remarqué de pct~~asitismf? cher: les autres espè-
ces pour le moment.
M. DIALLO.-
D'où viennent les géniteurs ?
couTEAux.-
Ils sont sélectionnés parmi les wevettes "provenant des post
larves importées.
DURAND.-
N'y a-t-il pas un risque de contamination du milieu naturel par
des espèces importées 3
COUTBAUX.-
Ce risque existe car des pontes .snt lieu en bassin. Mais pour
qu'il y ait un effet sensible dans le milieu naturel il fau-
drait qu'il y ait une grande masse d'ciaufs libérés,, ce qui est
susceptible de se produiresi 1 'aquaculture prend un grand dé-
veloppement.
BADIANB.-
Quelles sont les répercussions du projet. sur le monde paysan ?
COUTEAUX.-
Pour le moment le projet se limite 2~ l'tstude d'un test mais une
phase (d'étude du développement de fermes et de bassins artisa-
naux est prévue ultérieurement.
GNING.-
Les crevettes d'élevage ne risquent-elles pas de concurrencer
les crevettes pêchées en Casamance z'
couTEAux.-
Le marché étant insuffisamment approvisionne,; le risque de con-
currence est inexistant.