BIODIVERSITE ET STRATEGIES DE PECHE, EXEMPLE DES...
BIODIVERSITE ET STRATEGIES DE PECHE,
EXEMPLE DES PECHERIES ESTUARIENNES
DU SENEGAL
Par
T. BOUSSO1
l.- Chercheur au Centre de Recherches Océanographiques de Dakar-Thiaroye -
BP 2241 - Dakar (SSénégal).

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3
RESUME
Les implications de la biodiversité sur les pratiques
de pêche dans les milieux continentaux en général et
estuariens en particulier, sont relativement peu étudiées
au Sénégal. les connaissances accumulées sur la bio-
écologie des espèces et les modes d’exploitation utilisés
par les pêcheurs artisans permettent cependant d’en tirer
les grands traits.
Les estuaires du fleuve Sénégal, du Sine Saloum et
de la Casamance ont des systèmes d’alimentation en eau
différents. Les variations du régime pluviométrique et
l’évolution de la pluviométrie ces trois dernières
décennies (succession d’an.nées humides et d’années
particulièrement sèches) ont influencé fortement les
caractéristiques physico-chimiques de ces cours d’eau.
Les espèces de poissons ont développé des stratégies
adaptatives en réponse aux diverses contraintes, Pour
assurer leur croissance et leur développement dans ces
milieux. Pour exploiter au mieux cette ressource, les
pêcheurs adoptent des stratégies et tactiques de pêche
particulières (choix d’un engin adapté, association
d’engins, pêche saisonnières, migrations de pêche,
activités de substitution etc.. .).
Les prises actuelles de la pêche artisanale dans ces
trois complexes estuariens sont estimées à un peu plus
de 30.000 tonnes. Les tilapias dominent dans les
captures, faites surtout par les sennes de plage, dans le
fleuve Sénégal et en Casamance, tandis qu’au Sine
Saloum, la part la plus importante des captures est
assurée par Ethmalosa funbtiata capturée à l’ai.de des
filets maillants encerclants.
Après avoir fait le point des connaissances sur la
diversité biologique et les techniques de pêches
impliquées, des réflexions sont faites sur les stratégies
fondamentales et adaptatives.
Mots
clefs :
Sénégal,
estuaires,
poissons,
biodiversité, pêche.

4
1. INTRODUCTION
Les estuaires du fleuve Sénégal, du Sine Saloum et de la Casamance,
sont des milieux très contrastés. Depuis plus de deux décennies, de 1968 à
1986, ils sont soumis à une rude sécheresse (SAOS et al. 1984 ; DIOUF et
al. 1992). Le fonctionnement estuarien, fortement influencé par ce contexte
climatique, a fait l’objet d’autres attaques, celles de consruction de barrages
(Fleuve Sénégal et Casamance). L’écosystème a subi les contrecou.ps de ces
bouleversements et une modification sensible du nombre d’espèces et du
potentiel halieutique est enregistré (Diouf et al. 1992).
Ces modifications de la structure et de la composition de la faune
ichtyologique sont suivies par les pêcheurs. Dans chaque stade d’évolution
de I’ichtyofaune, les populations constituant la communauté de pêcheurs :
cubalbe (cubalo au singulier) et walo walo pour le fleuve Sénégal, nyominka
pour la ré ion naturelle du Sine Saloum et diola pour la Casarnance,
if
utilisent dif érentes stratégies de pêche dont. l’étude constitue un impératif.
Dans ces estuaires La pêche est pratiquée toute l’année avec divers
engins : sennes, filets maillants, lignes et hameçons, pièges, harpons et
divers engins et technique de pêche à main.
L’environnement et la bio-écologie des espèces pêchées ont des
implications sur ces modes de pêche. 11 nous a paru donc nécessaire de
présenter l’état du milieu et de la ressouce, enfin, nous avons abordé les
différentes stratégies impliquées par les variations saisonnières et cycliques
des facteurs qui entrent en jeu dans le système pêche.
2. CARACTERISTIQUES DES
PRINCIPAUX TYPES DE MILIEUX.
2.1. MILIEU PHYSIQUE
2.1.1. Les sustèrnes fluviaux
Les estuaires de la Sénégambie (fig. l), appartiennent à deux types de
systèmes fluviaux, les systèmes locaux et les systèmes sous-régionaux. Les
marées et courants de salinité constituent deux des autres facteurs qui
conditionnent le plus le régime de ces milieux estuariens. A l’inverse du
Saloum et de la Casamance, où la salinité va en croissant d’aval en amont et
où les phénomènes de marée exercent une influence prépondérante sur les
apports en eaux douces ( uand il existe), le gradient de salinité diminue de
l’aval vers l’amont dans leIleuve Sénégal (Diop, 1990).
- Les systèmes locaux comme la Casamance et le Sine Saloum
prennent leur source et coulent exclusivement au Sénégal. Les estuaires de
ces systèmes ont été les plus touch.és par le déficit pluviométrique. Les
apports d’eaux douces sont très faibles et l’évaporation aidant, l’eau de mer
se concentre dans ces mileux. On assiste alors à une augmentation
considérable de la salinité. C’est ainsi que des salinités de l’ordre de 1700/,
et lOOO/
ont été respectivement enregistrées en amont de la Casamance e?
du Sine ?$aloum en Juillet 1986 (DIOUF et al., 1991). Cette hyperhalinité
qu’est. la caractéristique environnementale principale de ces systèmes locaux

5
a eu des effets néfastes sur la mangrove, principale source d’enrechissement
trophique de ces écosystèmes (DIOUF, 1987; DIOUF et DIALLO, 1987).
- Les systèmes sous-régionaux comme le fleuve Sénégal et la Gambie.
L’estuaire de Gambie se trouvant presque entièrement hors du territoire
sénégalais ne sera pas traité ici.
Le fleuve Sénégal prend sa source en Guinée au Fouta Djalon dans
une
zone
relativement bien arrosée.
Le déficit pluviométrique,
comparativement à ce qui s’est passé au Sine Saloum et en Casamance, a eu
un effet moins important en ce qu.i concerne la salinité. Deux grands
barrages ont été construits sur le fleuve Sénégal : le barrage antisel de
Diama et le barrage de retenue de Manantali. Les ouvertures et fermetures
des barrages sont fréquentes et imprévisibles, ce qui occasionne de fortes
variations des conditions du milieu (CECCHI, 1992).
2.1.2. Mariuots et boZonc$
Au fleuve Sénégal, la vallée du Ferlo et la plupart des affluents
indiqués sur la carte (fig. 1) so,nt actuellement asséchés. Certains
aménagements envisagés actuellement voir même amorcés (canal du Cayor
entre autres...), permettent la remise en eau de ces rivières et marigots
aujourdhui disparus. La partie aval du fleuve Sénégal présente de nombreux
marigots plus ou moins importants: Lamsar, Djeuss, N’galam etc.,.
Le système hydrologique du Sine Saloum et de la Casamance
comportent des lacis de chenaux de marée (bolong), colonisés par la
mangt-ove. les grands bras (Saloum, Biomboss, Bandila pour le Sine Saloum
; Sougrougrou pour la Casamance) et ces nombreux bolong constituent avec
la mer! des régions caractérisées par des échanges et des contrastes très
marqués.
2.1.3. Les Lacs
Seul le bassin du fleuve Sénégal possède des lacs. Entre Dagana et
bakel, une trentaine de mares semi-permanentes ayant un intérêt
halieutique ont été recencées (ANONYME b). Dans le bief aval, le réseau
hydrographique du fleuve Sénégal présente deux dépressions importantes:
- le lac R’kiz sur la rive mauritanienne qui est une simple dépression
communiquant avec le fleuve par de multiples chenaux alimentés
progressivement suivant l’importance de la crue (DIOUF et BOUSSO, 1988).
- le lac de Guiers, sur la rive gauche, relié au Sénégal par la rivière de
la Tawey sur laquelle ont été construi,ts deux petits barra es. L’alimentation
en eau du lac de Guiers est assurée par la crue du fleuve f81 %), les apports
météorologiques (11 O/o) et les eaux de drainage des zones exploitées par la
compagnie sucrière sénégalaise (8 %) (COGELS et GAC, 1986).
l.- Bolong: ni rivière, ni marigot, les %oZong”’ (dénomination locale) sont des
chenaux souvent colonisés par la ma.ngrove et qui relient et interconnectent les
différents grands bras du fleuve. Ces grands bras et leurs bolong constituent
Z’ensemble du systéme hydrotogique du complexe estuarien.

6
2.1 A. Les plaines inondables
L’estuaire du fleuve Sénégal se distingue des deux autres par la
quasi-absence de mangrove et la présence de vastes plaines inondables. On
assiste actuellement à la réduction considérable des surfaces inondé s suite
à l’extension des aménagements hydro-agricoles. L’objectif de 1’OMVS 5 est de
remplacer les cultures de décrues du bassin du fleuve Sénégal par des
cultures irriguées.
2.2. MILIEU BIOLOGIQUE
2.2.1. Diversité spécifique: composition et variation spatio-temporelle
Il existe des variations importantes entre estuaires dans la richesse
totale des peuplements de poisson. On constate une diminution spatio-
temporelle de la richesse spécifique est en étroite corrélation avec la
variabilité climatique interannuelle et saisonnière des biotopes lorsque l’on
se trouve du sud au nord du Sénégal (DIOUF et al. 199 1).
Les études faites sur la bio-écologie des poissons de l’estuaire du Sine
Saloum, de la Casamance et du fleuve Sénégal permettent de classer les
espèces pêchées en quatre grandes catégories ALBARET (1987) pour la
casamance ; SEIIET (1983) et. DIOUF et al. (1991) pour le Sine Saloum .
Nous citons ici certaines espèces qui présentent un intérêt réel pour le
pêcheur, Il s’agit :
- d’espèces d’affmité estuarienne qui sont trouvées en permanence
dans le milieu: Gerres ne&, Plectorhynchus macrolepis, monodactylus
sebae, Chaetodipterus lippei et Arius spp;
- des espèces occasionnelles : Chloroscombrus chrysurus,
Brachdeuterus
auritus,
Pomadasys
jubelini,
Pseudotolithus
brachygnatus, P. senegalensis, Liza falcipinnis, L. grandisquamis,
Sphyraena guachancho, S. piscatorum et GaZoides decadactylus, et
accessoires : Dasyatis marguerita, Caranx hippos, Cheitodipterus
goreensis, Drepane africana, Ephippion guttifer:
- des formes marines qui ne pénètrent qu’exceptionnellement dans
l’estuaire (espèces accidentelles): Epinephelus aenus, Trichurus Zepturus,
Acanthurus monrovae,
Sphoeroides speng2er-i et Lagocephatus
Eaevigatus.
Les études qui ont suivi, ont permis d’inventorier d’autres espèces
dans le Sine Saloum (DIOUF, 1992). Les familles les mieux représentées sont
les Carangidae (9 espèces), les Mugilidae (7 espèces), les Scianidae (7
espèces), les Haemulidae (= Pomadasydae) (6 espèces), les Ariidae, les
Ephippidae, les Cichlidae, les Polynemidae, les Soleidae et les
Cynoglossidae (chacune 3 espèces).
Les espèces d’eaux douces sont surtout pêchées au fleuve Sénégal
(BOUSSO, 1992). selon les statistiques de la direction des Eaux et forêts, les
espèces les mieux pêchées sont représentées par les genres suivants :
TiZapia, Oreochromis, Hemichromis, Sarotherodon, Bgrus, Chrysichtys,
2.- Organisation de Mise en Valeur du Sénégal.

7
synodontis,
Hemisynodontis,
Labeo, Clarias, Hydrocynus, Alestes,
CZarotes,
Mormyrus,
Auchenoglanis,
Hyperopisus,
Citharinus,
Gnathonemus, Alestes, Schilbe, Heterotus, Malupterus, Gymnarchus et
Lutes.
Au state actuel des inventaires (DIOUF, 1992), le Sine Saloum (95
espèces) (DIOUF 199 1) paraît plus diversifié que l’estuaire voisin de la
Casamance (85 espèces) (ALBARET, 1987) et moins que le fleuve Sénégal
(111 espèces) (DIOUF et aL, 199 1).
3. PRESENTATION DES PECHERIES
La pêche artisanale estuarienne reste toujours dominée par une
activité continentale du fait de l’inadaptation des engins utilisés à la pêhe
hauturière. Cette pêche continentale est pratiquée soit en eau douce (cas du
fleuve Sénégal en amont du barrage de Diama), soit en eau saumâtre ou
h erhaline (fleuve Sénégal entre l’embouchure et le barrage de Diama, Sine
3
S oum et Casamance).
De l’embouchures à l’extrême amont, on compte de nombreuses
zones de pêche sur chacun des trois systèmes fluviaux (sources : rapports
annuelles des inspections régionales des pêches maritimes et des Eaux
Forêts et Chasses de Saint-Louis, Fatick, Kaolack et Ziguinchor) (Anonyme a
et b).
Les techniques de pêche utilisées sont multiples et variées allant de
la senne à la pêche à la main faite par les femmes et les enfants. Les engins
passifs sont plus nombreux car très adaptés à la capture des espèces qui se
déplacent en général sur les lits des estuaires, à la faveur des courants de
marée (DIAW, 1985 ; DIOUF et al. 1.99 1). Plusieurs types d’embarcations
sont rencontrés dans ces milieux. La diversité des espèces et des milieux
exploités explique la multiplicité des engins et des embarcations utilisés.
Pour certaines pêcheries, la distinction, pêche artisanale maritime et pêche
artisanale estuarienne ou continentale en eaux douces, est difficile à faire.
3.1. DESCFUF’TION DES ENGINS
La plupart des engins utilisés sont communs aux trois milieux avec
toutefois des adaptations locales. Nous tenterons au cours de cette
description de montrer la spécificité de chaque engin suivant les domaines et
modes d’utilisation, et les conséquences immédiates sur les différentes
stratégies de pêche développées en relation avec l’espèce ou le groupe
d’espèces cibles.
3.1.1. Les sennes de plaqe : mbal law
Ces engins peuvent être construits avec ou sans poche. De
nombreuses variantes existent: ils est possible d’avoir des mailles et des
types de montage différents (mailles de 10, 20 ou 25 mm montées
directement sur les ralingues ou enfilées en double). La technique de pêche
utilisée se résume en recherche de bancs de poissons, repérage,
encerclement et capture. Les sennes sont utilisées dans les fonds côtiers

8
(rnbal Zaw opane) (figure 21, ( goubofe) ; en eau profonde (diguea. Ces engins
non sélectifs et permettent la capture de plusieurs espèces en estuaire et en
eau douce. On peut les diviser en deux grands groupes : les sennes avec
poche et les sennes sans poche.
* Les sennes de rivaue sans poche
Deux types de sennes de cette nature sont rencontrés dans ces
milieux suivant leur origine ethnique :
- les sennes de rivage walo walo (goubol) mesurent jusqu’à 400 à 700
mètres de long, la chute atteint au maximum 10 à 15 mètres. L’équipe doit
être de 6 à 12 personnes pour les petits filets et de 12 à 20 personnes pour
les filets de 400 à 700 mètres. Ces engins sont surtout utilisés sur le fleuve
Sénégal en aval de Diama et en Casamance, dans la partie proche de la mer:
- les sennes de plage nyominkcr présentent deux variante,s3 le ma2 Zaw
opane et le diguet. Le premier, muni d’un petit filet “bisness
peut être
utilisé en toute saison, de jour comme de nuit que que soit l’état de la
4
marée. Les lieux de pêche privilégiés sont les “passes” . Le second ressemble
au premier mais est plus haut et moins long. Il est utilisé dans les eaux les
plus profondes du fleuve et des grands bolong du Sine Saloum.
D E T A I L S D E S RALINGUES
E T
-
A C C E S S O I R E S
-
--
Figure 2.- Senne de plage M’bcll law opa
* Les set-mes de rivage avec poche
Les sennes avec poche sont des engins de grande dimension surtout
utilisés en Casamance. On en trouvait deux à Diarna, dans le Bas-Delta du
fleuve Sénégal avant les événements sénégalo-mauritaniens survenus en
avril 1988. Ces sennes mesurent 700 à 800 m de long, la maille de la
“poche” dépasse rarement 10 à 12 mm alors que pour les ailes, la moyenne
est de 20 à 25 mm. Les sennes utilisées, il y a deux decennies, étaient sans
poche (REIZER, 1974). En Casamance, la longueur de ces engins peut varier
de 300 à 3000 mètres (CRODT, 1985). La poche, démesurément allongée, a
une maille de 25 mm. Ici, le petit filet “bisness” facilite la mise à terre du
poisson. Il peut être aussi utilisé comme vivier lorsque la prise, trop
abondante, est difficile à écouler dans l’immédiat.
3.- petit ftlet rectangulaire tendu aux deux extrémités par deux longues
perches qui servent à fermaer lefilet lors de la manoeuvre sur les passe.
4.- Chenal naturel étroit mais navigable entre deux bancs ou entre la terre et
un banc etc.

9
3.1.2. Les filets mciillants
Les filets maillants utilisés appartiennent à trois grandes catégories :
les filets maillants fures, les filets maillants dérivants et les filets maillants
encerclants. Les filets maillants fixes sont plus séléctifs quant au choix de
l’espèce et de la taille du poisson recherché.
* Les filets maillants t’es : mbal sër
* * filets maillants dormants (fisure 31
Ces filets sont des engins passifs posés dans le fleuve, dans les
bolong, marigots ou lac. Ils sont particulièrement nombreux et variés,
Sur le fleuve Sénégal, ils sont surtout localisés à Saint-Louis et dans
le lac de Guiers. C’est l’engin le plus répandu actuellement. On peut les
classer en deux grandes catégories selon qu’il pêchent en surface “sabel” ou
au fond “rat.&‘. La longueur de ces deux types d’engins excède rarement 10 à
8 mètres avec une chute de 4 à 5 mètres. L’équipage est composé de 2
pêcheurs. Alor qu’en amont du barrage de Diama, Ils permettent de capturer
des espèces d’eau douce En aval du barrage, ces engins permettent de
capturer des espèces estuariennes et des espèces marines qui pénètrent
dans l’estuaires.
Au Sine Saloum le filet maillant dormant à” poissons” mesure 110 m,
sa maille est de 50 mm. Les mailles 30, 40, 60, et 80 mm sont utilisées.
L’engin est souvent utilisé en association avec les lignes et les casiers. La
saison de pêche principale s’étend de décembre à juin.
En Casamance, la taille des filets dormants varie entre 50 m et 2 km
en fonction du nombre de nappes utilisées (DIAW, 1985). La maille quant à
elle, varie généralement entre 50 et 200 mm en fonction du type, mais aussi
de l’éventail d’espèce recherchées (Ariidae, Scianidae, Sphyraenidae,
lutjanuda.e, Polunemidae etc.. .).
D E T A I L S D E S RALINGUES
E T A C C E S S O I R S
Figure 3.- Filet maillant dormant à “poissons”
* * filets maillants encerclants (fiqure 4)
Ces engins sont conçus pour une utilisation stratégique c’est à dire
pour pêcher Ethmalosafimbriata. Ces engins peuvent être utilisés à des fins
tactiques lors u’on les utilise comme senne de lage ou comme filet droit
dérivant @lé é2é)
3 lorsque la profondeur est suf isante. Les filets maillants
P
encerclants réalisent l’essentiel des captures d’ethmaloses au Sine Saloum.
La longueur moyenne du filet est de 300 mètres, sa hauteur est de 6 mètres.
Ce filet peut être utilisé de deux manières différentes à l’intérieur des
bolongs : Deux pirogues motorisées sont utilisées avec un équipage de 5 à 8
personnes.

DETAILS DES
R A L I N G U E S
ET ACCESSOIRES
M I S E E N CEUYPE
-
-
Figure 4.-. Filet maillant encerclant : Saïma
* * filets maillants détivants (fisure 51
Ces filets sont utilisés en surface CféléféZé) pour pêcher les Mugilidae
et EthnzaZosa_fimkkata ou en eau profonde (yoZa0 pour pêcher des espèces de
fond les sphyraena spp. et les Arius spp.. Actuellement, il est peu utilisé au
fleuve Sénégal. Autrefois, il l’était en aval de Saint-Louis et très rarement
dans la vallée (REIZER, 1974).
M,SE E
N

CEUVRE
Figure 5.- : Filets maillants dérivants: a: féZé-féZé,
b: yolal
* * Autres enqins ,
* * * Enains retombants
Des éperviers avec anneau sont utilisés en masse dans le Bas Delta
du ileuve Sénégal. Dans les deux autres estuaires, Sine Saloum et
Casamance, des éperviers sans anneau sont utilisés (DIOUF et al., 1991).
Suivant l’espèce cible, on distingue quatre types d’éperviers :
l’épervier à mulet, l’épervier à ethmalose, l’epervier à tilapias, l’épervier à
trachinote.
* * * Enqins soulevés
Un engin typique, Le dialla est utilisé au Sine Saloum (BOUSSO,
1993). Ce filet a une forme circulaire avec une ralingue extérieure et une
ralingue centrale reliée par des fils de fermeture. L’engin a une ouverture de
2 m et le filet confectionné par les pêcheurs a une maille étirée de 60 mm.
L’espèce cible est le tilapia.

11
* * * Lianes et humecons:
. Les lianes
Presque chaque pêcheur possède une ligne (ligne de fond surtout).
Les lignes sont utilisées surtout en mixité avec les autres engins en
particulier avec les filets maillants dérivants ou avec les filets fixes. Les
espèces ciblées sont : Sphyraena spp., Epinephelus aenus, Zutjanus spp.,
Arius spp., Bagrrrs bayad, Lutes niloticus et Gymnarchus niloticus.
. Les palanares
Les palangres utilisées sont des palangres de fond dormantes et
appâtée ou non appâtées :
- palangre appâtée (armandigua) : cet engin est surtout utilisée au
Sine Saloum et en Casamance . Au fleuve Sénégal elle n’existe qu’en amont
de Boghé et sur le lac de Guers. Elle n’est utilisée que quand les eaux sont
chaudes et claires pour pêcher : Lates niloticus, Gymnarchus niloticus,
Bagrus bayad etc. au fleuve Sénégal et pour pêcher les Ariidae, Sphyraena
spp., Epinephelus spp.etc.. au Sine Saloum et en Casamance.
- palangre non appatée “dofinke” ; cet engin est typique de la vallée
du fleuve Sénégal). C’est une ligne dormante à hameçons multiples nus.11
n’est utilisé que sur les passages obligés de poissons. Cet engin est trè
rentable compte tenu de la modicité de son prix de revient. 11 permet de
capturer surtout les poissons à peau nue et à nage ondula.nte, tels CZarias
spp., Heterobranchus bidorsalis.
* * *Pi&es
Trois grandes catégories d’engins sont utilisées : les barrages et
palissades, les nasses et les casiers.
. Les barraaes et palissades
Le ippou ou sarape est utilise au Sine Saloum (fig.6a.) ; ju ang et
jûngaam sont employés en Casamance. Ces engins peuvent être ixes ou
P
mobiles. Ils sont utilisés en toute saison. Ils permettent de grosses prises, La
pêche est souvent collective et fait intervenir tout le village.
* Les nasses (fiaure 6b.J
Deux types denasses sont signalées les warande et les doumb. Les
warande sont des paniers-piège utilisés au Sine Saloum; Ils sont souvent
utilisé en mixité avec les ippou. Les doumb sont des engins introduits
récemment en Casamance avec l’arrivée des premiers pêcheurs maliens dans
cette vallée (DIOUF et al. 1991), (fig6b.).
. Les casiers
Autrefois, les casiers étaient surtout utilisés au fleuve Sénégal pour
pêcher les crabes (REIZER, 1974). Actuellement les casiers sont largement
utilisés au Sine Saloum et en Casamance. Le casier à seiche est un piège fxe
utilisé pour capturer les seiches. Il a une longueur de 1.20 m, une largeur de
0,80 m et 0,80 de haut. L’engin est placé sur des fonds de 7 à 8 mètres.

* * * Divers autres enqins et techniques de pêche
On rencontre aussi dans ces milieux des engins de pêche à lancer
(harpons et foenes), pêche à la main (cueillette), chaluts à crevettes etc...
3.1.2. Répartition des enains selon les unités de pêche
D’une manière générale, une unité de pêche artisanale est composée
d’un engin de pêche, d’une pirogue, d’un moyen de propulsion et d’un
équipage (ECOUTIN, 199 1). Dans le contexte estuarien, non seulement
l’unité de pêche peut être composée de plusieurs engins, pirogues et moyens
de déplacement, mais quelquefois, la pêche est pratiquée sans embarcation,
à pied et individuellement (pêche à main, à l’épervier, barrage etc...].
Du point de vue technique, l’engin de capture constitue la pièce
centrale du dispositif de pêche (DIAW, 1985 ; BOUSSO, 1993).
Cette typologie basée sur le résultat du croisement des différentes
composantes de l’unité de pêche (engin, embarcation, moyen de déplacement
et équipage), et des modes d’utilisation des engins, nous a permis de définir
une classification se résumant en cinq classes (fig. 7). Pour chaque classe
nous donnons la référence de la diagnose, la taille de l’engin :
- les classes 1 et II sont représentées par les petits engins;
- la classe II est composé de divers engins:
- les classes IV et V comportent les engins lourds.
Ensuite, ces classes sont subdivisées en quatre niveaux qui
correspondent à des degrés de détail. La référence de la diagnose
correspond:
- pour le niveau A, au moyen de déplacement utilisé, adoption ou non
d’embarcation et type d’embarcation:
- pour le niveau B, au mode d’utilisation de l’engin;
- pour le niveau C et D, à l’engin proprement dit.
Mais la description et la classification des engins de pêche doit
nécessairement tenir compte des cas de “mixité” u’on rencontre dans ces
milieux. Les techniques de pêche apparaissent % iversifiées de même les
associations d’engins.
(REIZER, 1974) et (BOUSSO, 1993) pour le Sine
saloum ; (DIAW, 1985) et (CORMIER SALEM, 1992) pour la Casamance. Ceci

s’explique si l’on tient compte de la diversité de la faune ichtyologique et des
faciés exploités. Cette diversité reflète aussi dans une certaine mesure le
degré d’évolution du milieu (savoir et savoir faire du pêcheur).

14
-Dialla
Killi
Warande
Bl{individuels--Cl { L'osa~
Classes
-
-
Calebasses
Mains
1
Petits engins
-Doumb
L
Pêche à pieds
cJapang
B2{collectif------Q-t
IPPou
Fungaam
B3{Eng. à "lancer"C$-{
II Petits engins
Pir. monoxyles'
B4W.
filtrants--Cd-{
Cg-{Encer.Dl-{ Saïma
B5{F.maillants -{
rF.D.P
Cg-{DOrm.-Dz--
III Engins divers
r0pane
I
QI s. de plage---C
Goubol
Autres Pir.
7-'iDiguel
B7{Autres eng.
IV Engin lourd
yolal
Pir.de mer n'gueth
St-Louisienne ou
Fibre de verre.
V
Engin lourd
{ Sennes tournantes
Pir. de mer n'gueth
et m'bandoire
St-Louisienne
A
B
C
D Niveaux
Figure 7.- Typologie liée aux techniques pratiquées.
l,- Abréviations : voir texte (in.4

15
4. DIVERSITES DES STRATEGIES D’EXPLOITATION
La stratégie d’une unité de pêche se définit comme l’ensemble des
tactiques mises en oeuvre par cette unité de pêche et les modalités de choix
de l’une d’entre elles en fonction des circonstances (LALOE et SAMBA, 1991).
Le pêcheur peut être occasionnel (pêche à la ligne, pêche à main, au
harpon, au ippou etc. ), semi-professionnel (pêche au filet maillant ou à la
palangre) ou professionnel (senneurs) selon la disponibilité de l’espèce et et
certains impératifs socio-culturels.
Mais cette dichotomie est trè artificielle. Ces pêcheurs ne constituent
as une communauté homogène. La majorité sont des agriculteurs surtout
fes pêcheurs occasionnels. Ces derniers exploitent souvent individuellement
ou collectivement les eaux internes de leur village au moyens de techniques
très simples suivant le comportement grégaire ou non des espèces cibles.
Leur activité de
êche est menée de manière conjoncturelle lorsque les
conditions sont avorables (accessibilité de la ressource) ou lorsque des
P
circonstances particulières l’exigent (évènement familiale ou social, travail
communautaire, pêche de subsistance, temps de pose pour les activités
agricoles etc.. .).
On constate en dernière analyse que c’est l’espèce ou le groupe
d’espèces qui détermine le type d’engin ainsi que les caractéristiques, la
taille de l’équipage, le type et le nombre d’embarcations à utiliser (Diaw,
1985). Le pêcheur artisan construit son engin fondamentalement en fonction
de l’espéce ou du groupe d’espèces cibles (stratégie fondamentale). Mais au
départ, l’unité de pêcheurs dispose de plusieurs métiers pour répondre à
toutes les éventualités (stratégies adaptatives) (LAE, 1992).
Plusieurs situations peuvent se présenter:
- utilisation d’ un seul engin de pêche,
- utilisation saisonnière de plusieurs engins de pêche,
- utilisation mixte des engins de pêche au cours du cycle annuel de
pêche. Le pêcheur utilisera simultanément ou alternativement plusieurs
engins pour s’adapter aux fluctuations d’abondance des stocks exploités.
Lorsque l’engin est mis au point, le pêcheur exploite la ressource
ichtyologique en se basant:
- soit sur l’influence de la variabilité prévisible de l’environnement et
effectue des migrations. Il se déplacera avec son engin habituel ou utilisera
d’autres engins pour exploiter la même ressource ou une ressource nouvelle;
- soit il exploite de manière opportuniste la ressource disponible en
développant sur place d’autres stratégies adaptatives. Suivant les niveaux de
variabilité de la ressource, il va adapter des techniques traditionnelles
habituellement utilisées en modifiant son mode de pêche ou certaines
caractéristiques de l’engin. Le pêcheur est même capable d’adopter des
techniques nouvelles (apports extérieurs) pour capturer plus efficacement
une espèce ou un groupe d’espèces jusque là peu exploitées avec les
anciennes techniques (introduction de nouveaux engins ou adoption de

16
technologies ou de tactiques nouvelles) (LALOE et SAMBA, 199 1.). Dans
certains cas, il va alterner la pêche avec des activités complémentaires
(activités agricoles au sens large, artisanat, commerce, transport, etc...).
4.1. STRATEGIES FONDAMENTALES
La présence moyenne des espèces et leur disponibilité vont irnpliquer
des stratégies de pêche particulières. Le pêcheur cubalo, walo walo,
nyominka ou diofa choisit de construire un engin adapté et efficace en
fonction de la taille et du comportement de l’espèce cible, présente dans les
zones de pêche proches de son environnement le plus immédiat.
La classification des unités de pêche est faites selon les tactiques
utilisées et les moyens mis en oeuvre (figure 7) Elle permet de grouper dans
cette première catégorie les techniques de pêche fondamentales utilisées par
les pêcheurs :
Classe 1 : engins utilisés à pi’ed : l’utilisation d’une embarcation
pour ces types de production est facultative souvent limitée au déplacement
vers les lieux de pêche. La pêche est faite dans les petits bolongs ou dans les
zones peu profondes. Cette classe est composée de deux sous-ensembles
selon les niveaux définis, les engins individuels et les engins collectifs :
- les engins individuels sont tous de petites dimensions et sont d’un
maniement facile. Ils sont au nombre de six: Dia& kiUi, warunde, osuc,
calebasse, pêche à main et doumb (nasse). Leur étude peut être fructueuse.
Il s’agît d’engins qui révèlent par leur présence, la spécificité écologique de
certains biotopes et la diversité des peuplements. Les espèces capturées sont
les suivantes : Cichlidae, Peneadae, petits Portunidae,
etits Pomadasysdae,
Mugilidae, Soleidae. Ethmalosa Jimbriata, Illisha a ricana, Polydactylus
s
quadn;filis etc.. .
- le ippou constitue le seul engin collectif de la classe. Le mode de
ca ture utilisé est typique. Comme les précédents, il apporte une
in ormation
P
bio-écologique. En effet, les fibres du ippou sont tissés si serrés
qu’il n’y a aucune séléctivité. Des poissons de toutes tailles appartenant à
des groupes systématiques différents sont retenus derrière le barrage. Mais
le ippou apporte des informations qui permettent d’expliquer l’organisation
sociale et économique des collectivités villageoises. La pêche est collective et
certains villages à l’intérieur des îles du Saloum l’utilisent encore lorsqu’on
veut réunir des fonds à l’occasion des fêtes religieuses ou lorsqu’on veut faire
face à des dépenses intéressantes pour le village : construction ou réparation
de mosquée par exemple.
Classe II : engins utilisés à bord de pirogue monoxyle : la pêche
est faite dans les grands ou petits bolong. La pirogue mono4 le est
d’utilisation facile dans ces milieux présentant de nombreux écuei s. Une
1
petite embarcation de ce type propulsée à la rame, suffit pour une sortie de
pêche. Cette classe comprend deux sous-ensembles selon les niveaux
définis:
- les engins à “lancer” sont composés de trois types: les harpons, les
lignes et. les éperviers. Ces engins sont tous utilisés à la main. Ils opèrent
tous dans les mêmes milieux bien que Les espèces ciblées ne soient pas
nécessairement les mêmes ; le harpon qui servait au Sine Saloum à chasser
le lamantin est aujourdhui utilisé maintenant surtout par les adolescents
pour la pêche sportive (VAN CHI BONNARDEL, 1973) ; Les lignes ciblent les

Sphyraena spp., Lutjanus spp.,
Sphyraena spp., Lutjanus spp.,EpinepFbelus

aenus, Polydactylus quadt-iilus,
Epinephelus aenus, Polydactylus quadt-iilus,
Rachycendron canadum, Trichurus
Rachucendron
lepturus, Echeneis naucrates
canadum, Trichurus lepturus, Echeneis naucrates alors que les
alors aue les
éperviers servent
éperviers servent à capturer les Mugilidae, les Cichlidae, les Pomodasysdae
capturer les Mugilidae, les Cichlidae, les Pomodaiysdae
et Ethmalosa_fimbriata;
et
- les engins filtrants (niveau B4) : ils sont composés de trois
:
les félé-fiélé à mulets (F.F.M.), les féle-féZé à ethmalose (F.F.E.) et les i?zts
9
fixes à crevettes (F.F.C.). Ces engins sont utilisés avec des pirogues
monoxyles. Ces engins sont très liés au domaine estuarien et exploitent tous
respectivement des groupes de même ordre systématique; Mugilidae,
Ethmulosa_fimbtiata
ou Penaeus notialis. ce type de ressource est présente
toute l’année et offre des revenus sûrs.
Classe III : engins utilisés avec d’autres pirogues : la
êche est
faite en mer et dans l’estuaire. Ces unités peuvent opèrer toute ‘année et
P
dans des milieux très différents. Cette catégories d’engins correspond au
groupe le plus diversifié. Cette variété de zones écologiques et cette grande
diversité des facteurs, leur permet d’exploiter une large gamme d’espèces et
un partage équilibré des ressources. Cette classe contribue le plus à la
stabilité du système pêche. Elle est représentée par :
- les filets maillants encerclants ; saïma (niveau Dl) : Cet engin cible
exclusivement Ethmalosa fimbriata qui est très lièe aux zones fluviales. La
pêche est saisonnière et la structure des unités de pêche est identique d’une
zone à l’autre à l’intérieur d’un même écosystème;
- les filets dormants à “poissons” (F.D.P.), à soles (F.D.S.), à raies
(F.D.R.) et à cymbium (F.D.C.), (niveau D2): ces unités exploitent surtout des
ressources démérsales au moyen d’engins calés sur le fond. Les espèces
capturées
sont: Sphyraenidae et Scianidea, Soleidea, Rhinobatidea,
Cymbium spp. Ces espèces sont “nobles” et la variation spatio-temporelle de
leur abondance ou de leur disponibilité expliquent certains comportements
du pêcheur (migration, changement de tactique ou de stratégie);
- les sennes de plage : opane, digue2 et les goubol (niveau Bd: Ces
unités de pêche sont très comparables par la nature des éléments qui les
composent. Elles sont utilisées deux embarcations de même taille, deux
moteurs hors-bord de 25 à 40 cv, un équipage de 20 à 30 personnes. Elles
exploitent toutes des espèces littorales et sont manoeuvrées du rivage. Les
poissons capturés appartiennent aux familles des Mugilidae, Sphyraenidae,
Scombridae, Cichlidae, Scianidae, Pol emidae, Soleidae et aux espèces
Polydactylus quadriilus, Drepane CI ricuna,
7
Caranx hippos, Ethmalosa
fzmbrlatu, Sphyraena spp. Arius spp., Sa.rdinella spp. ;
- les palangres, les dragues et les Casiers (niveau Cg): ces engins
exploitent tous des espèces démersales et sont utilisés avec une embarcation
dont l’équipage comprend généralement deux hommes. les espèces
capturées sont très recherchées les suivantes : Arius spp., Sphyraena spp.,
Epinephelus aenus, Peneaus notialis, cephalopodes.
Classe IV et V : engins lourds : les yolal et les sennes tournantes
représentent respectivement ces deux types d’unités de pêche qui sont bien
individualisées :
- les unités de pêche équipées de yolal sont caractéristiques. Elles
n’utilisent que des embarcations de type n’gueth ou des pirogues de même
dimension que les n’gueth (pirogues Saint-Louisiennes lourdes ou pirogues
améliorees en fibre de verre). La pirogue est toujours motorisée (moteur

18
hors-bord de 25 ou 40 cv): dans ces pirogues sont souvent embarquées des
glacières pour les unités qui effectuent des marées. Le caractère migrant de
ces unités, la taille des engins et la spécificité écologique des milieux
exploités (pêche saisonnière de nuit, en mer ou à l’entrée des grands bras
pour capturer barracudas ou mâchoirons), leur confèrent une autre
originalité. Les espèces ciblées sont les suivantes Sphyraena spp., Arius
spp., Scomberomorus tritor, Euthunnus alfeteratus :
- la spécificité des unités de serine tournante est liée d’une part à la
nature de la ressource ciblée (Sardinellu spp. et EthmalosaJGnbriatu) et à la
possibilité de capture de ces engins, mais surtout à la taille de l’engin, de
l’é uipage et des embarcations utilisées. Cette technique est la seule qui
uti ise la pirogue mbandoire au Sine Saloum (grosse barque de 20 mètres
7
pouvant transporter 20 à 30 tonnes de poissons). La pêche se fait
exclusivement en mer ou à l’embouchure des fleuves, à l’aide de deux
pirogues équipées de moteurs de 25 ou 40 cv et un équipage de 30
personnes. Ces unités sont donc fortement structurées et nécessitent un
investissement important. Les pecheurs qui l’utilisent sont surtout des
professionnels.
4.2. STRATEGIES ADAPTATIVES
L’exploitation
de la ressource halieutique est soumise à de
nombreuses contraintes. Ces contraintes sont liées soit à la variabilité du
milieu (contraintes écologiques), soit à l’environnement socio-économique ou
au facteur pêche (variabilités techniques affectant l’unité de pêche, échanges
d’informations relatives à l’efficacité des engins de pêche, difficultés
relationnelles pouvant affecter l’activité de l’équipe etc.. . (ECOUTIN, 1.99 1).
Le pêcheur évoluant dans un environnement changeant dont les
variations sont souvent imprévisibles, doit constamment ajuster sa méthode
de peche. Si l’espèce recherchée n’est pas disponible deux situations peuvent
se présenter selon les types de pêcheurs :
- le pêcheur occasionnel se tourrie vers l’agriculture qui constitue son
activité de base principale ;
- le pêcheur semi-professionnel et surtout le professionnel, peut
effectuer des migrations de pêche. Ces mouvements migratoires sont intra-
régionales, inter-régionales ou même internationales. Ce type de stratégie de
pêche implique la possession d’un matériel adapté, souvent lourd (exemple
des unités de pêche équipées de yolul ou de sennes tournantes). Cette
migration de pêche n’est pas toujours synonyme de pêche d’une même
espèce. Le pêcheur peut en changeant de base de pêche , changer de
technique et orienter son activité vers d’autres types de ressources.
- pour atténuer les risques, le pêcheur peut aussi superposer une
seconde stratégie de pêche à sa stratégie fondamentale. Il utilisera une autre
technique de pêche simples, ne nécessitant pas un gros investissement. Il
aura une unité de pêche mixte ou un engin mixte qui permettra de combiner
plusieurs opérations de pêche. Ainsi, le pêcheur peut travailler dans
plusieurs zones et exploiter plusieurs types de ressources.

19
4.2.2. Misrations de pêche
Les migrations de pêche revêtent plusieurs formes, Nous avons fait ici
la synthèses des éléments fournis par DIOUF et al. (1991) pour la vallée du
fleuve Sénégal ; VAN CHI BONNARDEL (1977) , CHABOUD et LALOE (1982)
et CHAUVEAU et LALOE (1985) pour la région naturelle du Sine Saloum ;
(CORMIER SALEM (1992) pour la région naturelle de Casamance.
* Miarations saisonnières internes
Ces migrations internes sont saisonières. Elles s’exercent non loin
des zones de pêche habituelles du pêcheur. Elles sont directement liées aux
déplacements du poisson.
Au fleuve Sénégal, la construction des barrages et les aménagements
hydro-agricoles ont accentué la complexité des déplacements de la faune
ichtyologique. Avant, on pouvait décomposer ces déplacements en séquences
simples (Reizer, 1974):
- des déplacements longitudinaux, en basse eaux, en relation avec la
salure et les seuils. Ces migrations anadromes étaient plus partuculièrement
liées à la recherche de certaines espèces (Mormoridae, Charcinidae,
Schilbeidae
et des individus de grandes taille de certaines espèces :
Citharinus spp., Distichodu spp., Labeo spp., Lates niloticus ;
- des déplacements en hautes eaux, entre le lit mineur et le lit majeur
: à l’arrivée de la crue, la majorité des poissons d’eau douce effectuent des
migrations latérales du lit mineur vers le lit majeur via les grands d.éfluents
permanents (surtout) et temporaires. l’or de la décrue, les poissons
effectuent une migration latérale de retour vers le lit mineur. En fin de crue,
vers novembre-décembre, les poissons d’eau douce sont présents dans la
totalité du cours. Actuellement les crues sont contrôlées et les pêcheurs
exploitent la ressource alternativement du côté aval ou amont des grands ou
petits barrages suivant les ouvertures et fermetures des écluses ou des
vannes.
La situation se présente autrelment dans les estuaires du Sine
Saloum et de la Casamance qui sont t.rès peu influencés par l’arrivée des
eaux douces de crue.
Au Sine Saloum, les migrations de pêche sont surtout liées à la plus
ou moins grande pénétration vers l’amont des espèces estuariennes. Avec la
saison des pluies provoquant la dessalure des eaux et la pénétrati.on sud-
nord des eaux chaudes atlantiques, il ya une pénétration plus accentuée de
ces mêmes espèces vers l’amont. Cette saison correspond à la période où il n’
y a presque plus de poissons pélagiques cotier (CRODT, 1985). Les pêcheurs
se rabattent plus à l’intérieur des eaux continentales pour capturer les
poissons de surface. Les espèces de fond très recherchées abondent dans
l’estuaire et dans les bolong ( sphyraena spp., Lutjanus spp., pseudotolithus
spp., etc...). Ces espèces font l’objet de pêche saisonnière au niveau des
campements saisonniers de
êche avec des filets maillants fixes ( filets
P
dormants à “poissons”) et des ilets dérivants de fond (yolal).
En Casamance, globalement la ressource est présente toute l’année.
La répartition spécifique varie cependant en fonction des saisons. En outre
les changements récents de l’environnement ont modifié le comportement
des espèces. d’après CORMIER SALEM ( 1992), les phénomènes de migration
sont encore mal connus des biologistes. Les migrations de certaines espèces

20
sont cependant bien connues des pêcheurs : ainsi à l’embouchure de la
Casamance, se succèdent dans l’année trois saisons de pêche une saison
des capitaines (Polydactyfus quudn~ilus) en janvier-février, la saison des
silures (Arius spp.) d’avril à mai-juin, celle des barracudas (Sphyraeana spp.)
de juin à début août. D’août à novembre, les prises de courbine
(Argyrosomus regius), capitaine, carpe blanche (Pomudasys jubelini) et
barracudas sont maximales. L’année s’achève avec la saison des carpes
rouges (Lutjanus agennes) en novembre-décembre. Les migrations de pêche
sont le fait de deux groupes de pêcheurs (DIOUF et al. 1991 : CORMIER
SALEM, 1992):
- les pêcheurs toucouZeur de crevettes de la moyenne Casamance, qui
se déplacent de plus en plus vers l’embouchure;
- les pêcheurs à la senne de plage qui se déplacent souvent à
l’intérieur de l’estuaire.
* hliqrcztions inter-réqionales
Ces migrations ont un caractère différent selon les années (variations
des cycles climatiques) et selon le milieu considéré (spécificités propres et
caractère des différents cycles de pêche et cycles agricoles).
Dans les eaux fluvio-maritimes du Sine Saloum, la faune s’appauvrit
en saison sèche. C’est en cette saison que les pêcheurs Nyominka et une
partie de leur famille émigrent massivement vers la Casamance et les autres
secteurs du littoral sénégalais (Petite cote, Joal et Mbour particulièrement).
Elles se situent essentiellement de Janvier à juin. Les départs commencent
vers la fin de novembre, après les récoltes (VAN CHI BONNARDEL, 1973). La
Casamance est un lieu privilégié pour les pêcheurs Nyominka. Pratiquant
initialement la pêche à l’épervier, ils se sont ensuite spécialises dans
l’utilisation de la petite senne de plage (opane). Saloulou est un lieu de
migration plus récent qui connaît une activité importante en hiverna e,
f
lorsque les pêcheurs de Ndangane viennent y pêcher les barracudas au fi et
maillant dérivant de font (yokzfl et aux filets dormants (LALOE et SAMBA
1991 ; DIOUF et al. 1991).
Les pêcheurs subalbé de la basse vallée du fleuve Sénégal sont partis en
Casamance dès les années 40 pour alimenter l’importante industrie de
fumage (Diouf et al. 199 1). Puis Avec les dernières années sécheresse, la
faune ichtyologique est devenue rare au fleuve Sénégal, ils ont ét.é suivis
dans leur migration par le Walo-Walo du Delta qui ont été à l’origine de
l’introduction de la grande senne de plage en Casamance (Diaw, 1985).
* Miqrations de pêche hors du Sénéqal
Elles ont pour cibles préférentielles, les pays limitrophes, la Gambie,
la Guinée Bissau et la Guinée Conakry. Pour les “migrants” elles sont le fait
des pêcheurs Saint-Louisiens, qui pêchent de plus en plus souvent en
Gambie, et en Guinée Bissau, lorsque la pêche sur leur lieu traditionnel
devient moins intéressante DIOUF et al., 1991). Certains pêcheurs
toucouleur installés auparavent en Casamance se retrouvent en Gambie, où
se développe de plus en plus la pêche crevettière.

21
4.2.2. Activités complémentaires
Les activités complémentaires à la pêche sont menées de manière
différente selon les milieux étudiés. Mais dans tous les trois cas, elles sont
liées à l’agriculture. La majorité des unités de pêche, parallèlement à leur
activité de pêche, se livrent à la culture des arachides et/ou des céréales (riz,
mil et sorgho).
L’interaction de ces différentes activités peut être comprise en
étudiant le caractère des différents cycles halieutiques et agricoles. L’étude
de l’évolution des grandes tendances dans chacune de ces régions naturelles
est faite à partir de la littérature existante développée par REIZER (1974),
CHABOUD et BEBE (1990) pour le fleuve Sénégal ; VAN CHI BONNARDEL
(1973), CHAUVE~U et LALOE (1985), CRODT (1985), CORMIER SALEM
(1992) pour le Sine Saloum et la Casamance).
Schématiquement, on peut caractériser les cycles halieutiques et
agricoles par trois saisons bien marquées au Sine Saloum (BOUSSO, 1991)
et en Casamance (CORMIER SALEM, 1992):
- une saison froide de décembre à mai pendant laquelle les pêcheurs
nyorninka capturent les ethmaloses avec les filet maillants encerclants
(saimu). Cette période correspond à la période creuse pour la pêche
artisanale sur la façade maritime et pour l’agriculture. En Casamance, à
partir de décembre, les femmes se consacrent à la cueillette des huître et à
la récolte du sel et les hommes à la pêche au barrage-palissade. Ils
effectuent de grandes campagnes de pêche jusqu’à l’embouchure de la
Casamance;
- une période de transition d’avril à juin qui correspond au Sine
Saloum et en Casamance à la pénétration des bancs d’ethmaloses dans
l’ensemble des fleuves et bolong. Les mâchoirons sont pêchés en grande
quantités pendant cette période avec des filets maillants dérivants de fond
(yolal) ou avec des palangres (arrncrndinyua) et dès les premières pluies, cette
espèce se raréfie. Les nyominka restés dans les îles préparent les semis et les
sols pour les cultures céréalières (mil et sor ho) qui démarrent dès
l’apparition des premières pluies et celle de l’aracfiide et du riz qui se font
lorsque ces premières pluies sont bien établies:
- une saison chaude, qui correspond à L’hivernage. Pendant cette
période, dans les îles du Saloum, tous les hommes sont cultivateurs et par
conséquent en cette saison, au moins pendant les gros travaux de culture,
ils font passer au second plan leurs activités de pêche. En Casamance,
l’hivernage n’est pas une saison plus
auvre que la saison sèche en
ressources halieutique. Pourtant, la pro CFuction connaît un fléchissement
durant cette saison. La pêche est une activité de saison morte agricole. En
hivernage, les pêcheurs retournent dans leur village d’origine pour les
travau.x des champs tandis qu’ils s’adonnent aux campagnes de pêche le
reste de l’année.
Le long de la vallée du fleuve Sénégal, le cycle saisonnier de l’activité
de pêche est actuellement beaucoup moins marqué. L’agriculture constitue
une priorité et la pêche n’est qu’une activité de subsistance. Dans l’estuaire,
l’activité la plus importante se situe pendant la période froide de décembre à
mars (pêche des ethmaloses et mulets). La saison des pluies correspond au
retour des pêcheurs migrants. Ce r’etour ne se traduit pas par un
accroissement de Yeffort” de pêche. Les pêcheurs pendant cette période
pratiquent l’agriculture (CHABOUD et KEBE, 1990). Il n’y a pas une réelle

22
concurrence. les pêcheurs
ratiquent la pêche individuelles avec des
P
éperviers, des filets maillants filets dormants à ” oissons”, filets dormants à
soles, filets maillants dérivants de surface à mu ets et à ethmaloses, chalut
P
et killi à crevettes, casiers à crabes, lignes à main etc.).
4.2.3. Les mkheurs ubiquistes
On trouve un nombre sans cesse diversifié de techniques de pêche.
Le pêcheur privilégie certains cas de mixité suivant la tradition ethnique,
l’environnement dans lequel il évolue (DIAW, 1985 ; CORMIER SALEM
,1992).
Le pêcheur spécialisé, organisé en unité de production, utilisera
simultanément ou alternativement plusieurs engins pour s’adapter aux
fluctuations d’abondance des stocks exploités.
* M&ités des unités de pêche
Au fleuve Sénégal, la mixité des unités de pêche a été étudiée par
(REIZER, 1974). L’auteur rapporte que le taux d’association des différents
engins chez un même pêcheur varie selon les régions et les engins: il s’élève
de l’aval vers l’amont, Haut-Delta 42,2 %, Lac de Guiers 44.7 %, Vallée 47,8
%. Le taux est minimal pour l’association senne/autres engins et maximal
pour l’association filet maillant dormant/filet maillant dérivant sur le fleuve
et filet maillant dormant/palangre sur le Guiers. Actuellement la situation
est inversée. Les engins sont moins diversifiés et le nombre d’unités de peche
mixtes est maximal dans l’estuaire et minimal dans la vallée. De
l’embouchure à saint-Louis, la mixité ligne et filet dormant à soles est plus
fréquente (BOUSSO, 1992).
Au Sine saloum, cet aspect très important a été étudié au cours des
recencements de 1990, 199 1 et 1992 (BOUSSO, 1993). Il apparaît qu’une
unité de pêche au Sine Saloum peut utiliser jusqu’à sept types d’engins
différents (tableau 1). 33 à 50 % des unités de pêche enquêtées au cours des
recencements pratiquaient la mixité. Le pêcheur dispose donc d’un éventail
de possibiltés et peut porter son choix sur un engin suivant les opportunités
qui se présentent à lui.
Diaw (1985) souligne l’importance de la mixité des pirogues en
Casamance. la même unité de pêche peut exploiter des barrages-palissades
et lancer l’épervier, pêcher avec le félé félé le jour et les filets à crevette la
nuit. Les unités de pêche à la senne de plage possèdent toutes des filets
maillants dérivants.

23
Tableau n’l : nombre d’engins recensés par unité de pêche au Sine Saloum
: N= effectif enquêté
-
mai.
nov.
f
N
%
N
518 60
706
251 30
287 128
282
66
7.7 72 6.9 73
22
2.1 11
11
2
0.2 1
0.1 0
0
0
0 0
0
+
0
0
0
---L 1
859 1GG 1046 100 108
3
* Mixités des encrins
Au cours d’un cycle annuel de pêche, d’une saison ou au cours
d’une même sortie, un même engin peut servir pour plusieurs opérations de
pêche,
Au Sine Saloum, le filet maillant encerclant est conçu our capturer
Ethmalosa j?mbriata. L’opération de pêche consiste à rechercFl er les bancs
dans les eaux cotières de surface. Après repérage, le poisson est capturé par
encerclement et maillage. Cependant, le même engin peut être utilisé de
deux autres manières différentes :
- pour capturer la même espèce dans les grands bras du fleuve et
dans les bolong ; le filet est alors attaché à la pirogue et dérive en surface du
fait du courant (comme unféléfé2é à ethmaloses).
- pour capturer les mugilidae et d’autres espèces ou groupes
d’espèces comme les Sphyraenidae, les Soleidae, les scombridae, les
Cichlidae, Polydactylus quadnilus, Drepane afi-icanu, Caranx hippos; dans
ce cas, l’engin est utilisé comme une sennes de plage “0 une”. 11 y a
recherche de banc. repérage, encerclement et capture : le ilet
P peut être
manoeuvré sur les passes avec le “bisness”.
CORMIER SALEM (1992) signale en Casamance, que le félé félé,
engin utilisé habituellement pour pêcher les mulets ou les ethmaloses, peut
être converti en filet maillant dérivant de fond (yolal), pour caturer
Sphyrcrena spp., Arius spp. Scomberomerus tritor, etc. Le yolal a son tour
peut se convertit en filet dormant de fond pour pêcher Lutjasus spp.,
Rachycendron canadum, Pseudolitus spp., Sphyraena spp. etc.

24
Un cas de mixités assez fréquente est encore pratiquée au Sine
Saloum avec les palangres (BOUSSO, 1993). Les pêcheurs nyominka
utilisent la palangre appâtée (ctrmandingua). L’engin est lesté avec du plomb
(15 kgJ pour capturer les Arius spp. Les poids du lest sont variables suivant
les saisons et les types de ressources ciblés. Pendant la saison sèche, les
pecheurs diminuent le plombage (10 kg) pour alléger la palangre et pour
pecher les, SphyraenG spp., Epinephelus aenus, Polydactylus quadriilus etc.;
pendant les premiers mois de l’hivernage, avant que les Arius ne se retirent
de l’estuaire, le plombage est remis à 15 kg.
CONCLUSION
Les études ont permis de mieux comprendre la complexité des
techniques de pêche utilisées par les pêcheurs artisans, pour exploiter les
ressouces estuariennes.
Les échanges mer-estuaire-fleuve, la diversité des espèces, l’existence
de saisons hydrologiques, et de biotopes particuliers dans les lacs, marigots,
bolongs, plaines d’inondation etc., ont conduit le pêcheur à utiliser
différentes stratégies et tactiques de pêche. Pour faire face à ces situations,
et exploiter au mieux la ressource, le pêcheur cubalo, walo walo, nyominka
et diola a construit des moyens de capture adaptés, sans cesse ameliorés.
A la limite, la distinction entre pêche artisanale maritime et pêche
artisanale en estuaire peut ne plus exister. Dans la réalité cette dichotomie
paraît très artificielle de même que les types de stratégies supposés,, Mais
nous avons cherché à simplifier les phénomènes.
Différentes décisions sont prises à l’échelle de groupe ou au niveau
individuel :
- décision de construire un seul engin pour une espèce ou pour un
groupe d’espèces cible ;
- diversification des techniques de pêche et des activités se traduisant
par le choix de plusieurs stratégies adaptatives : des migrations de pêche à
l’intérieur ou hors de la zone de pêche habituelle du pêcheur , des activités
complementaires, une ubiquité des unités de pêche et des engins :
- décision d’exploiter en groupe la même ressource en organisant des
campagnes de pêche ou en effectuant des pêches collectives etc.
Au sein même d’une stratégie, il existe de nombreuses variantes.
Certaines décisions du pêcheur sont difficiles à expliquer (secret, interdits,
lois du marché, savoir et savoir faire du pêcheur).

25
REFERENCES BIBLIOGWHIQUES
ALBARET, 1987.- Les peuplements ictyologiques de la Casamance en
période de sécheresse. Rev. Hvdrobiol. trot. 20 (3-4) : 279-289.
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