PISCICULTURE TRADITIONNELLE EN BASSE CAS-CE...
PISCICULTURE TRADITIONNELLE EN
BASSE CAS-CE (SENEGAL):
POTENTIALJTES ET PERSPECTIVES
p., hALLO
DE DEVELOPPEMENT.
A R C H I V E
C E N T R E D E R E C H E R C H E S OCÉANOSRAPHIQUES OE D A K A R - TIAROYE
No 187
+ I N S T I T U T SiNÉliAlAlS OE R E C H E R C H E S A G R I C O L E S *
1
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PISCICULTURE TRADITIONNELLE EN
BASSE CASAMANCE (SENEGAL):
POTENTIALITES ET PERSPECTIVES
DE DEVELOPPEMENT.
Par
Anis Diallo 1 et NGagne Mbao2
RESUME
La Basse Casamance est une zone traditionnelle de culture
du riz associee B un simple piegeage de poissons depuis des
génerations. Ce piegeage tend vers un élevage mais est
confronte B des problemes lies & l’aménagement des bassins, a la
nature des sols potentiellement sulfatés-acides et B l’action des

prédateurs (oiseaux). La commerchilisation, les coûts du
transport et Page relativement avancé des pisciculteurs sont
aussi des obstacles & son développement. Productions et
rendements moyens restent faibles (589 kg.ha-l.an-1) avec
cependant des possibilités d’amélioration par l’utilisation
d’espéces B performances piscicoles interessantes, des sources
locales de nourriture (son de riz, de mil et tourteaux d’arachide)
et de fertilisants organiques (lisiers de boeufs et de porcs).

l- Aquaculturiste CRODT/ISRA Laboratoire Boudody B.P. 427 Ziguinchor.
2- Professeur, charge de cours de pisciculture ~3 I’EATEF de Djibélor, BP. 05
Ziguinchor.

2
ABSTRACT
Rice culture is traditionally practiced in Basse Casamance
associated with a simple 5sh trap getting into rice-Belds. This
5shing trap has become a 5sh culture but knows some problems
linked to pond setting, neutralisation of potential acide-sulfated
soils sud birds predation. Commercial 5sh farming, transport
cost and the old age of farmers are also problems. Productions
and mean yields are steel weak (589 kg.ha-Ian-l) with
improving possibilities by the use of suitable species, available
agricultural by-products for feed (rice bran, millet bran and 05
cake) and inorganic fertilizers (pig or cattle manure).
SOMMAIRE
INTRODUCTION
l- lKET.HODOLOGIE
2- RESULTATS
2.1. Environnement physico-chimique
2.1.1. Temperature
2.1.2. SalinitC
2.2. Gestion hydraulique
2.3. Elevage
3- PECHE ET PRODUCTION
4- COMMERCIALISATION
5- PROBLEMES
6- POT’ENTIALITES ET PERSPECTIVES DE DEVELOPPEMENT
7- CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

3
INTRODUCTION
La Basse Casamance, situtfe au sud-ouest du StnCgal, peut-étre assfmilee a
l’actuelle r6gion administrative de Ziguinchor (fig. 1).
La culture de riz y est traditionnelle et s’accompagne d’un simple picgeage de
poissons devenu aujourd’hui un Clevage (DUJARRIC h LARE, 1980: CORMIBR SALEM,
1986 et DIALLG, 1990). Les proprictaires de bassins, plus paysans que pêcheurs, y
pêchent du poisson pour la consommation domestique.
L’elevage du poisson s’intcgre ainsi dans un ensemble hydro-agricole dont
l’activité Premiere est la culture du riz.
Avec deux dccennies de secheresse, l’écosystcme fluvio-marin casamançais a
connu de grandes modifications qui se traduisent par:
- la degradation de la mangrove (BADIANE, 1986);
- la dégradation et la sursalure des sols potentiellement sulfatés-acides (PAGES &

DEBENAY, 1987);
- l’augmentation de la salinite des eaux de surface et de la nappe phréatique
(PAGES & a., 1987)
- la diminution de la diversite des espcces tant animales que vcgetales de l’aval
vers l’amont de l’estuaire (ALBARET, 1987; BADIANE, 1986).
Pour s’adapter a ce nouveau contexte les Diolas principaux cultivateurs de riz,
ont réaménagé l’espace en construisant des zones tampons (bassins) entre les bolons
et les casiers rizicoles pour préserver ces derniers des eaux Sal&es (fig. 5). Ces bassins
ainsi amcnagcs sont a la base de la gestion hydraulique et servent a l’elevage du
poisson entre juillet et decembre.

Cette étude a pour objet, la compréhension du mode de gestion de l’ensemble du
systeme hydro-agricole,
de l’identification des contraintes, des possibilitcs
thcoriques, techniques et socio-économiques de dcveloppement de la pisciculture.
Nous examinerons les conditions du milieu (bassin), la gestion hydrologique, les
systcmes d’tlevage, la péche et la production, les problcmes et enfin les potentialités
et les perspectives de developpement de la pisciculture en Basse Casamance.
l- METHODOLOGIE
Seize bassins repartis dans 10 villages et 5 zones geo-historiques ont fait l’objet
d’un suivi pendant treize mois (janvier 1989, 1990) en collaboration avec leurs
proprittaires (tabl. 1).
Le suivi hydrologique a consiste en des mesures mensuelles de la tempbrature et
de la salinité. La gestion hydrologique faite par les paysans de même que les pêches et
récoltes ont éttf suivis dans la plupart des bassins. Lors des péches ou récoltes, une
&Valuation de la prise totale puis par espcce est faite. Deux Echantillons de 1 kg par
espêce sont prtlevcs, les individus comptes et pesés en vue de déterminer leur poids

moyen. La contenance de certains recipients utilisés lors des péches a étC contrôlée
afin d’estimer les poids des captures exprimés en nombre de bassines, seaux ou
paniers.


4
Z- RESULTATS
2- 1. ENVIRONNEMENT PHYSICO-CHIMIQUE.
II y a deux types de structures delevage, les bassins et les etangs (DIALLG,
1990).
Les bassins, amenagements en strie en aval des casiers rizicoles (fig. 5a et 5b),
ont pour fonction a la fois de freiner la remontée des eaux salées (protection des
casiers rizicoles) et d’elever du poisson. Les étangs permettent la rCcupCration future
de terres cultivables par le biais de lessivages progressifs (DIALLG, 1990) et sont aussi
utilisés pour la capture du poisson.

2-l-l. TEMPERATURE
Les températures ont varie entre 20 et 35’C avec des minima en décembre-
janvier (20-24’C) se situant a la fin des tlevages. ConsidCrtSe comme l’un des facteurs
les plus importants en Clevage de poissons, la température influe sur la croissance, la
reproduction et la survie (BALAlUN, 1988; fig. 2). Les tempbratures observees sont
assez blevées, 27,5’C en moyenne, donc favorables a une bonne croissance et
production de tilapias. Selon BALABIN 8~ a& 1979 et BALAIUN, 1988 entre Y5-20X,
on observe un arr& de croissance chez les tilapias alors qu’elle est trCs bonne entre

25-30X avec un QLO autour de 2,5.
On note des differences importantes entre les températures minimales (20-27’C)
et maximales (3035’C). Les plus faibles temperatures sont notees en decembre dans la
zone 2 proche de l’estuaire qui subit l’influence maritime. Les plus Blevees sont

notees en juillet/août dans des zones eloignées de la façade maritime et accentuees
par la faible profondeur des bassins (0,35 m) en moyenne au niveau de l’assiette.
Cependant, les karts de temptratures entre bassins d’une méme zone restent faibles

(tabL 2).
2-l-2. SALINITE
Selon la technique utilisée et la fonction regulatrice ou non des bassins,
l’tlevage se fait en eaux saurnattes (O<S%oc20) ou en eaux trCs salees (>35Wo). Ainsi
ces intervalles sont notes lors des Clevages (3~lO), (5-20) et (5-SO”/60) (DIALLG, 1990).
Parametre important, la salinitt! influe egalement sur la croissance, la reproduction et
la survie des poissons (BALABIN & a& 1979; fig. 3). Les fortes salinités observêes sont
dues B la fois B la perretration profonde des eaux marines et a l’évaporation
importante 1400 B 1727 mm/an (MABIUS, 1985 et PAGE8 et aJ., 1987). Les salirrites

les plus faibles sont notées entre août et octobre du fait de l’abondance des pluies en
août et septembre.

En effet, les eaux des bassins proches des casiers rizicoles sont moins salees du
fait du drainage et du ruissellement provenant de ces derniers. Plus les bassins sont
loin des casiers rizicoles plus ils subissent l’influence des bolons et plus la sallnite de
leurs eaux est forte surtout vers la fin des blevages.


5
2-2. GESTION HYDRAULIQUE
Dans ce systtme hydro-agricole, l’eau est consideree comme le facteur le plus
important pour la production de riz et sa gestion demande une maîtrise parfaite. La
principale source d’eau pour les cultures reste les eaux de pluie et de ruissellement.

Les orages et les tornades causent des dégats sur les cultures et les digues des
bassins. Pour y remedier des systemes de régulation automatiques sont mis en place
par les paysans.
l)- Le kaliut permet une vidange par pression en cas de fortes pluies et
fermeture par pression du courant de maree empéchant ainsi l’eau du bolon d’entrer
dans les bassins (fig. 4).

2)- Le yugnata ou ehugnat (tronc de rônier evidts) de trop plein permet
l’evacuation de l’excedent d’eau sans toutefois laisser echapper le poisson (photo 4;
fig. 5A). En effet, la circulation de l’eau se fait des casiers vers les bassins. De petites
ouvertures sont faites sur les diguettes des casiers a une hauteur desirte permettant
ainsi l’écoulement de l’excédent d’eau des casiers rizicoles.

Ces systèmes de rtgulation sont utilisés dans le Jembering, le nord Essulalu
pour le kaliut et dans le Blouf pour le yugnata Cependant, il y a toujours une
rbgulation manuelle (ouverture sur la digue) sous la surveillance du propriétaire
surtout dans les îles pauvres en palmeraie où on ne peut fabriquer de yugnata du fait
de l’interdiction de couper les arbres.

Cette régulation des eaux est a la base de l’interdtpendance entre casiers
rizicoles et bassins piscicoles d’oh cette intégration.
2-3. ELEVAGE
L?%evage est pratique en saison des pluies, en parallele avec la culture du riz.
Après lessivage des casiers rizicoles, les eaux de pluie et de ruissellement sont
stocktes dans les bassins. Vers la fin du mois de juillet, les bassins (moins salés que
les bolons) sont ouverts en periode de vives eaux. Les poissons, par le jeu du courant
de marée, entrent massivement dans les bassins où ils trouvent des conditions plus
favorables B leur croissance et leur reproduction.

L’admission du poisson n’est stoppée qu’a la veille de l’opération de repiquage
du riz vers mi-août en annee normale. Une fois les bassins fermes, le poisson n’est
exploite qu’apres la recolte du riz (décembre- janvier), ce qui fait un Clevage de 120 a

150 jours sans aucun contrôle interm&iiaire. On est en presence d’une technique de
production (grossissement), comme le decrit HUISMAN (X%6), où il n’y a aucun
controle sur le stock. Dans les Ctangs, I’elevage est rtduit d un simple piegeage car le
poisson est peche des la fermeture de la digue.

Les bassins piscicoles, de par leur mode de propriete (lignage en général), leur
conception, leur exploitation et leur utilité constituent un facteur de cohésion sociale
et ont un role socio-tconomique et technique (regulateurs face & la pejoration de
l’environnement) très important. Les etangs (systbmes de capture) sont en fait un
moyen de conquéte de nouvelles terres cultivables par le biais de lessivages lents mais
sûrs a moyen et long termes (BAMBARA, 1989 et DIALLO, 1990).

On assiste actuellement B des tentatives de fertilisation, d’alimentation et de
lutte contre les braconniers et les prédateurs afin de preserver les recoltes.

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3- PECHE ET PRODUCTION
La péche dans les bassins piscicoles se fait & l’aide d’une nasse Etolum, hunum
oufukurel en nervure de feuille de rônier composCe d’un grand panier oblong fermé
sur un cote. La partie ouverte comporte un petit panier tronconique dont la plus
petite ouverture tournee vers l’inttrieur empéche le poisson de sortir (photo 5). La
nasse est de taille variable et est utilisée selon les tailles ciblées.
La r&colte s’effectue par vidange complcte du bassin en periode de maree basse
et a lieu generalement après la moisson du riz. Des pêches occasionnelles pour la
preparation des repas sont faites lors de rencontres particulières (aide dans les
travaux des champs). Cette p8che dans les bassins tend B disparaître car les paysans
possedent bgalement des bassins dits ‘bassins Pi&ges” dans lesquels une pêche
quotidienne peut s’effectuer fi l’aide de barrage palissade lors du courant de marée
montante. Dans les étangs, la péche commence des la fermeture de la digue (DLALLO,
1990) et s’effectue durant les 15 premiers jours du mois lunaire a raison de 5 jours de
pêche par semaine. Des la pleine lune, toute péche est arrêtCe jusqu’a la prochaine
nouvelle lune.
Une tendance B la migration vers le bolon est notée en premier chez les gros
poissons (mulets et Tilupiu guineensis) qui sautent par dessus la digue. Ce phenoméne
est noté de fin octobre a novembre quand la salinité des eaux commence il augmenter
du fait de Wvaporation.
Le suivi de quelques bassins nous a montré que plus celui-ci est de taille
modeste, plus il est facile a gérer. Les meilleurs rendements sont observes dans des
bassins de surface comprise entre 500 et 2000 m2 (tabl. 2). Nous avons ainsi pour une
surface moyenne de 1938 m2, une production de 114 kg et un rendement de 589
kg.ha-L.an-1. Ce qui est sensiblement superieur a certains resultats obtenus en
rizipisciculture (200 B 300 kg) (SINGH et a& 1980) et 227 a 454 kg.ha-l.an-1 produit
dans les feddans de pisciculture traditionnelle en Egypte. Cependant, ce rendement
est en dessous du seuil de rendement en milieu non fertilise qui est de l’ordre de 696
kg.ha-L.an-1 (HELPHER â YOEL, 1981).
L’enrichissement des bassins est le fait des eaux riches en sels nutritifs
provenant des casiers rizicoles et du recyclage des fcces des poissonsz
2X.api.a gutneensis et Sarotherodon melanotheron heudelotii représentent plus de 90
% des rbcoltes. Lors de ces demiéres, des poids moyens individuels variant entre 91
et 250g sont observes (tabl. 3: photo 3). On a aussi observe des crevettes Penueus
notialls
de taille modale comprise entre 16 et 18 mm de longueur cephalothoracique,
des mulets (Mugil cephalus et Liza grandisquamis) de poids compris entre 300 et 506 g.
Ces poids sont observes durant les premiers :mois de pêche. Des juvéniles de poids
inferieurs a 30 g et des alevins sont captures a la fin de la récolte. Leur présence est le
fait de la reproductions de T. guineensis et S.m. heudetotii et autres especes durant la
période d’élevage.

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4- COMMERCIALISATION
Les tilapias sont vendus au prix de 100 F le kg lorsque le poids individuel est
inferieur a 200 g. Le T. guineensis de poids individuel superieur ou égal B 250 g est
vendu B 408 F le kg (tabl. 4). Les mugils sont vendus entre 250 et 300 F le kg; la
crevette 300 F le kg. Le petit poisson (juvénile) coûte 50 a 75 F le kg.

Pri?s du 1/5 des captures est autoconsomme et donne aux villageois. En fait, la
production est vendue pour une grande partie et le reste, échange (troc),
autoconsomme et donne. La vente et le troc représentent les 3/4 de la production et
les premiers marches restent les villages de production mémes, sauf dans les îles ou
les marches sont restreints (population inférieure a 100 habitants). Lors des pêches et
recoltes, nous avons pu noter que les habitants apprecient beaucoup les poissons
d’élevage qu’ils jugent plus gras et de meilleur goût que ceux des bolons.

5- PROBLEMES
Une tendance a la degradation de la pisciculture est notée entre 1984 et 1988.
Cependant, un regain d’inter& se fait de plus en plus sentir chez les paysans qui la
pratiquent. Ils prennent conscience que cette activité peut augmenter leurs revenus
et ameliorer leur consommation en protéines animales (qualitativement et

quantitativement). La pratique de deux B trois Elevages par an B Kartiak et Dianki
dans le Blouf en est l’illustration.

Cette amélioration sera facilitée par la resolution de quelques problèmes dans
l’elevage du poisson dont les plus saillants sont:
l)- L’amenalement des bassins
* La construction de digues plus larges et plus solides pour résister aux crues des
bolons et aux tornades est nbcessaire.
* L’aménagement de l’assiette des bassins qui, par endroit, n’a même pas 20 cm
de hauteur d’eau contrairement au bord des digues où un petit canal est creusé et qui
a 1 B 1,50m de profondeur. Cet ambnagement permettra le maintien de l’eau a une
hauteur moyenne de 50 a 70 cm ce qui diminuera la predation par les oiseaux et
l’exposition trop longue des poissons aux rayons solaires.

* La configuration des bassins fait qu’ils sont difficilement accessibles du fait de
l’etroitesse du passage pour y arriver (diguettes des casiers rizicoles fig. 5B).
2)- La neutralisation des sols. Les sols (sols de mangrove) sont acides ou
potentiellement sulfates-acides et/ou sursales. Ces caracttristiques font que ces sols
ont un pH faible, compris entre 3 et 4,5. Ces sols se distinguent par leur couleur jaune
pale (jarosite) et rougesEtre (sulfate ferrique).

A noter qu’un drainage excessif même naturel peut entraîner une acidification
de ces sols. L’extraction de sols (pour la construction et/ou réfection des digues)
potentiellement sulfates-acides, oxydes au contact de l’air et lessives par les eaux de
pluie produit de l’acide sulfurique qui est toxique pour le poisson. L’apport de chaux
ou de cendres de coquillages pour la neutrahsation du pH de ces sols serait btnCflque
pour la production de poissons.


8
3)- La orédation par les oiseaux (pélicans, hbrons, flamants roses, aigrettes,
etc...) pose un sérieux probleme aux paysans. La prbsence d’importantes colonies
d’oiseaux en aval comme en amont de Ziguinchor (GUILLGU & aJ., 1987) est une des
raisons qui font que dans les étangs, les paysans pCchent des la fermeture de la digue
pour ne pas laisser le poisson & la merci des oiseaux ramenant ainsi l’élevage a un
simple piegeage. En effet, l’éloignement des étangs (3 a 4 km) du village ne permet pas
une surveillance contre les predateurs et les braconniers.
4)- La commercialisation. Les marchés locaux villageois bien que
tres réduits
sont les premiers lieux d’ecoulement du poisson d’élevage. La concurrence du poisson
de mer dans les marches urbains fait que le poisson d’elevage y est rare. A cela,
s’ajoute le coût Elevé du transport qui est un obstacle aussi pour l’approvisionnement
de villages enclaves en poissons de qualite (marches non exploites). Les prix modestes
du poisson ne permettent pas une marge beneficiaire raisonnable en cas de transport
des recoltes sur les grands marchés de la région.
5)- L’exode rural. L’agrandissement des villes et la création de centres
touristiques dans la région ont favorise des mouvements de populations a la recherche
d’un travail plus lucratif et moins penible (chez les jeunes en particulier). Cet exode a
engendré un manque de main d’oeuvre indispensable pour la construction et la
refection des digues. On assiste ainsi au vieillissement des paysans pratiquant la
pisciculture avec une moyenne d’&ge de 50 ans.
6- POTENTIALITES ET PERSPECTIVES DE
DEVELOPPEMENT
La region naturelle de la Basse Casamance situee entre l’embouchure et
Ziguinchor (fig. 1) a une diversitt specifique comprise entre 35 et 62 esptces
(ALBABET, 1987). Elle est aussi une zone de salinités intermediaires et est riche en
nourriture (DIOUF et DIALLG,
1987). Les zones estuariennes sont souvent
productives,
ayant des sources abondantes d’approvisionnement en nutriments
comme phosphate et nitrate qui stimulent la production primaire (phytoplancton et
macrophytes) et etant riches en detritus organiques ferrigenes (SIMPSON & PIDINI,
1985). Parmi les especes dont les aptitudes piscicoles sont connues et qui pourraient
faire l’objet de tests, on peut citer: 2’. guineensis, S. m. heudelotii, M. cephatus, L.
fulcipinnis, II. fasciatus. 11 est a noter la presence potentielle de souches pures de
certaines especes (tilapias) qui est un atout trCs important B preserver.
La region de Ziguinchor a une production moyenne de 15000 tonnes de riz, 590
tonnes de mil, 4059 tonnes d’arachides: un cheptel de 57699 porcins et de 22150
bovins (Sources: Services rtfgionaux de l’Agriculture et de 1’Elevage de Ziguinchor). Les
disponibilites en sources locales de nourritures (sons de riz, de mil et tourteaux
d’arachide) et de fertilisants organiques (Mer de porcs, et de boeufs) sont assez
importantes et sont des atouts non negligeables pour I’amelioration de la production
piscicole. En effet, une fertilisation journalière au taux de 200 a 1000 kg.ha-I peut
augmenter la production de 500 a 4000 kg.ha-I.an-I sans apport de nourriture
supplementaire (DALMENDO, 1980). Alors que la nourriture en fonction de sa teneur
en proteine comble les besoins énergetiques et calorifiques du poisson et favorise
ainsi une bonne croissance. Une utilisation rationnelle et combinee de ces deux

9
intrants devrait avoir un effet beneflque sur la productivite des bassins et la
croissance du poisson.

Au prix de 29 frs le kg aupres des moulins et decortiqueurs, les sons de riz et de
mil utilises jusqu’au taux de conversion de 81 laissent l’élevage rentable pour les
paysans si l’on considere que 5 des 8 kg de son proviennent de leur propre moisson de
riz et/ou de mil.

La collecte des fertilisants organiques necessite un ramassage par le paysan
et/ou sa famille du fait de l’errance des animaux pendant une grande partie de
I’annCe.

7- CONCLUSION
L’élevage du poisson exercé depuis des generations en Basse Casamance a subi
de petites ameliorations; d’un simple piegeage, on est arrive a un tlevage artisanal a
l’heure actuelle. Cet elevage voit son importance grandir de plus en plus chez les
paysans. On assiste a des efforts de gestion qui consistent en une régulation des eaux,
une lutte contre les braconniers, les oiseaux predateurs, a des tentatives de
fertilisation des bassins et d’alimentation du poisson. L’existence de deux a trois
elevages par an a Kartiak et Dianki dans le BlOUf montre aussi l’importance croissante

que cette activite tend a prendre dans la cellule familiale voire villageoise.
L’utilisation judicieuse des sources locales de nourritures, de fertilisants
disponibles et une amelioration des techniques d’elevage devraient permettre une
augmentation de la production des bassins.

Le developpement progressif de la pisciculture devra &tre assuré dans un futur
proche par un approvisionnement régulier en alevins de poissons, une mdtrise
parfaite de la gestion de l’eau et des techniques de production. A cet effet,
I’amelioration de la station de Katakalouss pour une production d’alevins, la
reproduction de certaines esptces et des essais nutritionnels suivis d’une

amelioration des systemes d’blevage et une amelioration des performances piscicoles
de certaines especes seraient d’une importance capitale. Un accent particulier devrait
être mis sur l’elevage d’especes a valeurs marchandes interessantes (exploitation de
nouveaux marches) telles que r gUi/JSefISiS, M. Wph&i, P. flOtiS/iS et/ou P. I??OI?OdOII dont
les post-larves sont produites il Katakalouss et sur l’intégration culture du riz et
blevage du poisson (rizipisciculture) qui permet a la fois le maintien de l’elevage du
poisson dans un ensemble hydro-agricole et la rationalisation du temps de travail
(KBOO & TAN, 1980). Le système agriculture-pisciculture offre des opportunités

nouvelles aux paysans en augmentant leur revenu tire de la vente et du troc du
poisson d’une part et une amélioration de la qualite des repas d’autre part. En

d’autres termes, une amelioration des conditions socio-economiques des paysans. Ces
demieres devront faire l’objet d’une btude plus détaillée car la viabilité de la
pisciculture depend de ses aboutissants soc&Cconomiques.
Certes des potentialites existent en plus de la pratique traditionnelle, mais le
développement de cette activite doit passer par la résolution des problémes pré-cites,
l’amelioration et l’encouragement de la pratique traditionnelle qui, en plus de l’apport
en prottines animales, augmente de façon directe ou indirecte les revenus des
paysans. La mise en place de techniques de production performantes et d’espéces a


10
valeur commerciale devrait permettre de passer de la pisciculture de subsistance ii la
pisciculture commerciale en Basse Casamance.
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12
Tableau 1: Zones et villages d’étude.
A. Sambou
Moussa Diémé
L. Sadio
A. Dlatta

13
Tableau 2: Productions, rendements de quelques bassins et
intervalles de variations des paramètres mesurés
(de juillet 89 B janvier 90).
--
SA55INS SURFACES TEMP
SALI.
0.D pH iPrdt"s
Rdmts
ZONE'
m2
Oc
%o
mg/1
kg/ha/an
k
g
2450
O-30
3-5
4-10 8-9
108
440
2
2-2-3
2100
20-30 4-18
4-9 7-8
394
1876
3 3-2-2
1500
25-31
7-43
5-8 7-8
78
,520
4
4-2-l
1130
21-35 4-42
5-11 6-8
32
283
5 5-2-l
1650
26-30 17-34 3-13 7-10
75
455
5-2-2
1500
27-33 11-31
5-8 6-8
55
367
5-2-3
1500
25-32 9-32
7-13 5-8
47
,313
5-El
1740
26-33 2-17
6-10 7-8
88
,505
s-E2
1680
25-33 3-36
5-10 6-8
64
381
5-E3
540
25-32 15-17 5-10 7-8
46
852
6 6-2-l
5530
27-31
3-7
6-7 3-4
270
~488
Moyenne
1938
27,5
22,5
8
7,l
114
,589
8-24
6-10 6-7
1825
424
7-38
5-10 6-7
1994
'712
* Etan s dont l’exploitation est ramenke à un simple piégeage (pêche
dès la fermeture de la digue).

Tableau 3: Ponds moyens individuels observés pour Tifapia
guineensis et Sarotherocion melanot~eron.
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ESPECES
NOMBRE I.ND./KC;
1
POIDS MOY.jlND.
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:
7;guineensis
4
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250
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,
f
I Sdwlanothe.ron
6
167
i
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7
142
i
tt
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8
125
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1
1.10
II
11
I
91
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Tableau 4: Prix moyen du poisson en fonction de la krille
dans les villages pisclcoles.
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POIDS MOY,/lND.
PRIX AU KG
(9)
I
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S. melano theron
< 200
100
1
I

100
1
i
11
>2011
!
400
!
M. cephal us
,200
I
300
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P. not id is
: le tas de 300 à 400
I
309
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1 ij
II -
REGION DE
II
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DE
ZIGlJINCHnn
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I
Klll nA
+
1
\\
312
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9Wnona
Ziguinchor
\\
++t#++++++
u i t
ECHELLE
12 km
P
-4
LEGENDE :
F i g u r e 1: Situatiorn géadrephique d e la Eesse Casamance svec z o n e s 9éo-kistoriqees
e t
vil Iages piscicoles suivis en 1989.
Principeles villes
49
m Villeges p i s c i c o l e s s u i v i s
Station de crevett~culture
0
+ +.+ l i m i t e s r é g i e s d e ziguinckor
4:::, l i m i t e s zones gio-bistoriques

mossombrcus
ShllOr2US Ch,twoo
t
ronuolli
sporrmonl,
-------+
ttr
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flll!r
.- - - - -___
c
-
-
-
-
m
-
0
20
4 0
60 120
-
-
-
m
-
SALINlIE DE TOLERANCE (%,,)
tC -f+---A.+-.-,
croissance mais pas
1 C.rii;;;;;; et c o m p o r t e m e n t
c -+- .-w--.-L+
----.j
.3+-.-t -B....

-j
+- i n t e r v a l l e n a t u r e l - d l i m i t e s u p é r i e u r e
Figure. .3: Salinités de croissance de quelques tilapias et
T e m p é r a t u r e I°C)
45
15
25
35
intervalles au deld desquels croissance, ponte et
-F.igurL,j: iehpératures d e t&rkce, d e croissanceS
s u r v i e s o n t a f f e c t é e s . D’Après Balarin h H a t t o n ,
et
de reproduction de quelques tilapias en ailieu
1979; Wohlfart h Hulata, 1983 et 8alarin, 1983.
naturel. D’Après Balarin b Hatton, 1979;
Phillipart b Ruwet, 1982; Ealarin, 1993; Wohlfart
h Hulata, 1983.

brt..
F i g u r e 4 : Schima d oo syrtÈme d e regulstioe d e s e a u x : kaliut. Oapris Oiallo 1990a. ’
/
A
FtgureS:Configuretioe
des bassins et casiers rizicoles e kartiak. D’après Diallo 1990a,
/’
l
B
C o n f i g u r a t i o n d e s b a s s i n s e t c a s i e r s rizicoles. D ’ a p r è s M a r i e s 1985.

Photo 1: Vue sur la dégradation de la mangrove.
-

Photo 4: Vue d’un grand bassin avec yugnata de trop plei:n.

Photo 5: Engin de pêche: etolum.