CENTRE DE RECHERCHXS OCEANOGRAPHIQ~S de ...
CENTRE DE RECHERCHXS OCEANOGRAPHIQ~S
de
DAKAR-THIAROYE:
REPRODTJC~IOJJ ET CYCLE BIOLOGIQUE DE SARDINELLA AURITA (Ce et TT.)
DES COTES SENEGALAISES
T. BOELY, Ch.ClT.AiWAGNAT & F. CONAMl
Océanographes-biologistes de 1'ORSTO&l
DAKAR-TRIAROY
AOUT 1969
D,S.P No&
I

Les observations effectuées en 1968 sur l'ich-
thyoplancton, les concentrations de poissons pélagiques
et les mises à terre au port de Dakar permettent d'es-
quisser le cycle biologique de Sardinella aurita (C, et V.)
sur les c&tes sénégalaises et de situer les périodes et
lieux de reproduction de cette espèce.
MlZTHODOLOGIE
Six .campagnes d'hydrologie, d'ichthyoplacctonc-
logie et d'échosondage furent effeotuées à l'aide d'un
sardinier de I 6 mètres. La campagne "Jean Charcot" (28,7
au 5.8.1968) p ermit de faire des observations complémen-
taires jusqu'à la latitude du Cap Blanc en Mauritanis, De
plus, des sorties supplémentaires en saison froide, uni-
quement consacrées à la détection des poissons pélagiques
au sud de la Presqu'île du Cap Vert, servirent à délimiter
les zones de concentrations de ces poissons.
Les données hydrologiques sont recueillies selon
les méthodes classiques 5 l'aide de bouteilles et de
thermomètres à renversement sur neuf radiales qui couvrent
le plateau continental sénégambien. Ces observations font
l'objet d'une publication séparée, en préparation (Obscrva-
tions Océanographiques Exécut$es en 1968 - D,S,P - No 19).
La détection des bancs de poissons pélagiques se
faisait à l'aide d'un sondeur SIMR4D de type BASDIC. 11
fonctionnait sans interruption au cours des sorties, tou-
jours en position verticale , sur la même gamme (0 à 150 m)
et avec une puissance de détection identique, afin de pou-
voir comparer les diverses échotraces. Les enregistrements,
effectués sur papier sec, étaient ensuite dépouillés à
tarre et les observations reportées sur carte.
Les récoltes de plancton furent exécutées lors
des stations hydrologiques avec un filet conique d'un mètre
de diamêtre d'ouverture, de quatre mètres de long et avec
. a. / . . .

---T-P
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-3-
RZPARTITION DES LARVES DE SARDINELLA AURIYA
SUR LZS COTES DU SENEGAL EN 1968
-
MARS
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-7-
Ainsi à partir des captures de larves, on paut mettre en
évidence deux périodes de reproduction chez cette espèce,
l'une en fin de saison froide, l'autre en fin de saison
chaude. La reproduction intéresse l'ensemble du plateau
continental sénégalais et, à la fin de la saison froide,
semble être consécutive à l'arrivée rapide d'eaux plus
chaudes sur celui-ci.
Lors de la campagne du "Jean Charcot" (carte
ci-contre), on a rencontré des larves de "Sardinella
daurita" jusqu'au del.à
u Cap Blanc et ceci confirme
l'hypothèse d'une reproduction qui se propage vers le
nord au fur et à mesure du réchauffement des eaux, La
présence de larves tr&s au large de la Mauritanie est
probablement à attribuer à la dérive canarienne.
En fin de saison chaude (Novembre), les larves
de Sardinella aurita étaient absentes des zones les plus
côtières au sud de la Presqu'île du Cap Vert, alors
qu'au large leur densit6 était très forte.
ZONES DE CONCENTRATION
Les campagnes de detection ont permis de consta:
I
ter: qu!en dehors des petits fonds où se trouvent en Ferma-
nence de jeunes poissons pélagiques, deux zones de con-
centration existent on saison froide, de ,-janvier à mai, :
I1uns de WBoro .â St Louis et qui se prolonge Ifraisembla-
blement plus au nord, l'autre Sud, à partir de la Pres-
qu'île du Cap Vert. Certains indices font penser qu’une
troisième peut exister au sud du fleuve Casamance.
Faute de moyens de capture appropriés, il ne fut
pas possïblc d'étudier les concentrations de la côte nord.
Par contre, celles situées au sud du Cap Vert furent inten-
sivement exploitées en 1908 par les sardiniers dakarois et
ceci nous a permis d'identifier les espèces qui s'y trou-
vaient et de connaftrc leurs caractéristiques biologiques.
Dans cette zone, des poissons pélagiques adultes,
de grande taille (27 à 40 cm longueur fourche) sont concen-
trés dans une étroite bande, allant du Cap Vert à la Gambie
et des fonds de 70 m aux accores du plateau continental.
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Les bancs compris en général dans les soixante premiers
mètres sont disperses et proches de la surface la nuit,
denses et plus profonds de jour. Très souvent mixtes,
ils groupent quatre espèces en proportions très variables t
Sardinella aurita, Caranx
, Scomber colias, et
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Trachurus &xsentiellement 2. -tr~ZJI-Néanmo~rs
Sardinella aurita pr6domine nettement dans las captures,
-
-
11 faut cependant noter que les maquereaux (Scomber coliaa)
n'entrent que pour une très faible part dans les prises,
malgré leur abondance à cette époque de l'année.
Les sardinelles rondes dont la taille est com-
prise entre 26 cm et 32 cm (L.F), entrent dans une période
de nutrition active pendant près de trois mois, cssentiel-
lement aux dépens de Copépodes ce qui entraîne une forte
augmkntation individuelle de poids et la constitution de
réserves adipeuses abondantes. C'est aussi une periode de
maturation sexuelle importante. Le poids et le ,vcIume des
gonades peuvent tripler: parfois même quadrupler.
dans
Ces poisson s se trouvent!une zone de calme rela-
tif, en dehors de la circulaticn générale nord-sud des eaux
superficielles qui passe à l'extérieur du plateau continental,
Leur extension à l'intkieur de celui-ci est limitée par une
langue dfeaux froides, sorte de barrière thermique, qui se
développe depuis la baie de Gorée à partir d'un upwelling
côtier important consécutif à l'établissement des alizés
I
(carte ci-contre .
Avec le réchauffement des eaux en fin de saison
froide, qui procède à. la fois du large et du sud, on assiste
à l'envahissement du plateau continental par ces sardinelles
adultes. En même temps, des individus plus jeunes apparais-
sent et les diverses classes d'âge se mélangent jusqu'en
juin. Parallèlement, ce réchauffement très rapide des eaux
déclenche la reproduction,
L'arrivée des eaux tropicalos chaudes semble être
la cause de la disparition massik de "Sardinella aurita" et
I-w
de son remplacement par "Sardinella eba? Dès 101~~ l'on ne
-
-
retrouve plus aucune sardine ronde adulte de grande -taille
jusque fin décembre où quelques individus isolés commencent
à apparaître.
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- 10 -
11 n'a pas été possible e:l 1968 de suivre le .
devenir de ces concentrations de sardinelles adultes et
de savoir si nous aSSisliOnS un ph&cJmhe dl éc~.atemellt
des bancs et de dispersion après la reproduction ou 5
une migration, Néanmoins les recherrhe:; et les o‘bserva-
tions effectuées aussi 'bien auprès dos chalutiers que
des navires de recherches qui travaillent dans la région
depuis une dizaine d'années tendent à montrer que ces
poissons se déplacent vers le nord avco le front des
eaux chaudes au moins jusqu'à la ln%itude adu Cap Blanc.
En 1969, au cours de sortles régulieres sur
les côtes mauritaniennes, nous avons pu constater la
présence de plus en plus au nord des concentrations de
poissons pélagiques. En juillet, une campagne fut entre-
prise jusqu'au delà du Cap Blanc en utilisant différents
moyens de capture. Les premières sardinelles ,stlultes
furent rencontrées par 20*30 de latitude nord & la limite
du front alors que le gros de la pêche s'effectuait :par
22' de latitude nord, en bordure de l'-lpwelling maurita-
nien.
A partir de la saison chaude, l'nbse:gce quasi-
permanente de moyens navigants n'a pas permis de faire
d'observations régulières. 11 semble que les concentra-
tions de poissons pélagiques soient côtières, peu abon-
dantes au nord de la Presqu'île du Cap Vert sauf en fa-
ce du fleuve Sénégal., bien plus abondantes sur le Petite
Côte du Sénégal,,
"SardinelIa curita" réapparaît dès octobre, en
fin de saison chaude, d-ans les apports des sardiniers
dakarois. Etant donné que leur secteur do pêche à cette
époque est très restreint, il n'est pas possible de dé-
terminer des zones de concentrations. 11 semble cependant
qu'il ait des poissons pélagiques sur tout le plateau
continental au sud de la Presqu'île du Cap Vert (carte
ci-contre).
Ainsi à partir de septembre jusque fin décembre,
nous sommes en présence de reproducteurs qui vivent dans
des eaux comprises antre 24*C et 26*C. On n'a pas encore

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observé en cette période d'udulws de t;31.ILl.c superieurt
à 25 cm (L.F), 11 se peut que ces sardimCt3.es soient
d'origine plus méridionale et, .:)ioa que :Le problème
n'ait pu encore être aborde, ce.t~taLns :indices, notam-
ment la structure des écailles, wnblent indiqua:: que
pendant la saison chaude 9 les s::lrd.incs rondes prBsen-
tes au sud du Cap Vert diffèrent; ii{: cel:Les qui s'y
trouvent en saison froide.
LYCLE DE SARDIRTELLA ALIBITA
-w
Dans 1 ' état actuel do nos co.Y?jliiiL:!;‘~nce:;,
nous proposons donc le schéma suivant :
En Saison froide
-
Des sardinelles adu. tri::;; ainsi quo des chin-
chards et des maquereaux de gra~:clo taille sont con-
centrés de janvier a. avril aux ~C:C:L. _
-rrc,s tiu l>~~îtcnll c o n -
,.
tinental. . C' est une période: <Je :nutritio:l ir!t?nse et do
mutura-tion sexuelle,
Avec le &chauffement 3.8:: eau:r, celles-ci
envahissent le plateau contine:ltzl et ;.l);'r~:I. 1 Xcmont
les processus de reproducticn st:: dGclcnchents En
même temps, do:: jeunes appa~-,ir:;:;c;ni; 0% 2 t or1 r.ts;;if:te
jusque fin juin à un mélange dwt di.ffe:rc:-1.i
'x.
t,. > cl~nss~c
d'age dans les apports.
Alors que les adultes pzraisseyï; si d&placcr
c
vers 1(3 nord jusqu'au Cap Blanc :ivc:c 1 ' arrivee des
eaux tropical es chaudes, les 1r::~v~s sont ent:raînér:s
vers In côte .ct les jeunes SC? C!iT.TiLl O~~~>~~l~ &Yl:tlS 1 t?S
eaux catières pendant une nnnée., Cc:ti.x-ci pou-vont s' en-
foncer en profondeur en saison c:haudc commr: le montrent
les captures effectuees par las ch::luti.e:?i: 33vi~tiquas
au sud SO Dakar en septembre-oc tnbrc sur dos fonds do
60 à 80 mètres0

- 13 -
En saison chaude
Sardinella aurita disparaît à peu près complè-
tement dès le début de la saison chaude et est remplacée
par Sardinella eba. Elle réapparaîtra cependant en ootobre
jusque fin décembre dans les eaux de la Petite Côte du
Sénégal.
C'est à oe moment que se produit la seconde
reproduction. Elle semble être le fait de reproducteurs
de taille plus petite qui peuvent être soit de jeunes
individus du stock precédent restés dans la region en
profondeur, soit des individus d'un stock plus sud, qui
suivent le balancement des eaux chaudes tropicales.
CONCLUSION
11 existe sur les côtes sénégalaises, qui
voient d'importantes concentrations de poissons pelagiques
côtiers au-dessus du plateau continental, deux
ériodes de
reproduction chez "Sardinella aurita" (C. et V. P , l'une en
fin de saison froide, l'autre en fin de saison chaude.
Ce ph&om&ne joint & d'autres indices, en parti-
culier à une structure différente des écailles entre les
sardinelles de saison froide et celle de saison chaude,
tend à montrer que nous pouvons être en présence de deux
populations, liées au balancement de deux masses d'eaux
bien distinetes,,ce qui entraîne des déplacements importants
pour l'espace.
Ceci confirmerait les observations des chercheurs
soviétiques, qui ont constat6 que deux régions, caractéri-
sant peut-être deux stocks distincts, voient des concentra-
tions importantes de Sardinolla aurita : la région de
Conakry-Freetown et la région du Cap Vert à la Gambie.
1969
AOUT
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