Les mortalités accidentelles d'animaux marins sur les côtes du Sénégal : cas de l'hécatombe survenu depuis le 17 décembre 1989 dans le bras de mer "le Sine".Contribution à la recherche des cause et des mesures conservatoires et préventives
INSTITUTSENEGALAIS DE
RECHERCHESAGRICOLES
ETUDES ET DOCUMENTS
LES MORTALITES
ACCIDENTELLES
D’ANIMAUX .VtARINS SUR
LES COTES DU SENEGAL :
CAS DE L’HECATOMBE
SURVENUE DEPUIS
LE 17 DECEMBRE 1989
DANS LE BRAS DE MER
“ LE SINE”
CONTRIBUTION A LA RECHERCHE
DES CAUSES ET DES MESURES
CONSERVATOIRES ET PREVENTIVES
Moussa BAKHAYOKHO
ISSN
0850-8798
Vol 3
N” 2
1990

ISRA
Institut Sénégalais de Recherches Agricoles
Rue Thiong x Valmy
BP. 3120
DAKAR, Sénbgal
m
2124251226628
Telex - 61117 SC
Document réalisé par
la Direction de Recherches sur les Productions Halieutiques
Centre de Recherches Océanographiques
BP. 2241
Dakar, Sénégal
m
34.05.34 / 34.05.36
MoussaBAKHAYOKHO
Chercheur, coordonnateur&
programme
des recherches sur les pêches artknales
ISRA / CRODT
0 c ISRA, 1990
Conception
et R&&ation
UNIVAL-ISRA

ISRA - Etudes et Documents - Vol. 3 - n” 2 - 1990
LES MORTALITES
ACCIDENTELLES
D’ANIMAUX
MARINS
SUR LES COTES DU SENEGAL
:
CAS DE L’HECATOMBE
SURVENUE
DEPUIS
LE 17 DECEMBRE
1989
DANS LE BRAS DE MER”LE
SINE”
CONTRIBUTION
A LA RECHERCHE
DES CAUSES
ET DES MESURES CONSERVATOIRES
ET PREVENTIVES
Moussa BAhXAYOKHO
Chercheur
ISRA,
coordonnateur
du programme
des recherches
sur les p&hes
artisanales
,
CRODT,
B.P 2241
- Dakar
- Sbnégal
INTRODUCTION
De fortes mortalites d’animaux marins sont souvent observées en milieu ouvert, comme
en mer, de par le monde. Sur les côtes du Senégal, elles peuvent être d’origine biologique.
C’est le cas lors d’explosions de Dinoflagellés provoquant les eaux rouges bien connues des
pêcheurs et des scientifiques ou lors dela reproduction aprb la ponte chez certaines espèces
comme la seiche (2). Elles peuvent aussi être d’origine biochimique en rapport avec un manque
d’oxygène comme CAVERIVIERE et TOURE (1989) en ont fait l’hypothèse sur les mérous
morts au cours de la saison chaude de 1987.
Dans les milieux relativement moins ouverts ou même fermes comme les rivières et les
étangs, les mortalités massives sont encore plus frequentes. Dans les rivières européennes
par exemple, de trbs nombreux cas d’empoisonnements chimiques suivis dune mortalité
massive de la faune aquatique sont signalés.
Chez nous au Senégal, on observe que depuis le 17 décembre 1989, toute la faune marine
visible à l’oeil nu meurt dans le bras de mer “Le Sine” (fig. 1).
A la demande du Ministère charge des Ressources Animales, le CRODT a envoyé une
mission sur les’lieux les 22 et 23 décembre 1989.
La prksente étude rapporte les faits observes et les résultats des recherches entreprises.
Elle debouche sur une cause probable du phenomène et suggere des mesures conservatoires
et preventives permettant de limiter ses’condquences nefastes sur la faune marine et sur
la sante humaine.

2
LE CONTEXTE DU PHENOMENE
Les fortes mortalids ont eu lieu en aval du Sine, au niveau de la ville de Fatick. Ce bras
de mer débouche sur le Saloum, qui se dttache de la mer a Sangomar.
Le Saloum et le Sine se séparent à quelques milles marins de Foundiougne, a Falouk.
Le premier se dirige ensuite vers Gandiaye, atteint Sasar, traverse Lyndiane pour aller
constituer les marais salans de Kaolack. Quant au second, il suit également un trajet tres
sinueux qui le porte a Fayako, Niamediarokh et enfin a Fatick où ses eaux viennent mourir
dans les “TANNES” après le pont sur lequel passe la route nationale N* 1 (fig.1).
La largeur du Sine n’excède pas 100 m et sa profondeur est inferieure à 2 m. Le fond
est trbs vaseux.
La dynamique des eaux est très li6e a ces trajets sinueux et aux cycles des marees.
On rencontre dans le “Sine” une faune compos6e d’esp&ces sédentaires fixées dans la vase
(coquillages et autres gastéropodes) et d’espèces migratrices contituées,entreautres, de mulets,
de carpes, d’ethmaloses et de crevettes .
Fatick est la capitale de la région qui porte son nom. Elle attire toutes les populations
des îles et des terres de l’intérieur. Plusieurs services y ont été créés pour promouvoir, entre
autres, la pêche, l’agriculture et l’elcvage ou pour lutter contre la contrebande.
Les pêcheurs habitent les différents villages situés le long des effluents. Ils utilisent
l’épervier, le filet dormant et le filet dérivant pour capturer les carpes ou tilapies, les mulets,
les ethmaloses et les crevettes, de jour ou de nuit. Les produits sont destinés à l’autocon-
sommation, au mareyage pratiqué avec des charrettes et à la transformation sous forme de
poissons séchés ou “tambadiang” commercialisés dans les marchés permanents ou hebdo-
madaires de la région.
Les~ agriculteurs encadrés par les inspections regionales de l’agriculture, de la protection
des végétaux et du service semencier, cultivent le mil ou l’arachide mais pratiquent de plus
en plus également le maraîchage.
Quant aux pasteurs, ils effectuent un élevage extensif qui approvisionne les abattoirs de
Fatick où les cuirs et peaux sont produits, traites et commercialids. A côté de ces abattoirs,
dans une des anses formées par le Sine, le centre des guérisseurs abrite les pratiquants de
la medecine traditionnelle.
Enfin, Fatick est situ6e au carrefour de la route nationale N* 1 et du Sine. C’est une ville
très affectée par les trafiquants en provenance de la Gambie qui utilisent le Sine pour évacuer
leurs marchandises à l’intérieur du pays.
LES FAITS OBSERVES
Arrivée a Fatick le 22 decembre 1989, la mission s’est rendue a l’inspection régionale
des pêches où elle a pris connaissance du contenu des documents élaborés sur les mortaMes.
Celles-ci ont été signaltes par la police le dimanche 17 d&embre 1989 au matin a partir
de renseignements donnés par les populations qui ramassaient beaucoup de poissons locaux
de toutes esp&ces et de toutes tailles, morts sur les bords du Sine.

3

4
La policé a trouvé dans l’eau, a la hauteur des abattoirs, une boîte sans bouchon d’une
capacité de 5 litres, contenant un fond de liquide blanchâtre, de forte odeur. L’étiquette portait
la denomination ENDOSULFAN en gros caractères avec un mode d’emploi (2 a 6 litres par
hectare), une concentration (350 g/l) et la mention. “Poison”. L’origine (Polychimie,
Km 2,7 route de Rufisque) est également indiquée. Les renseignements fournis par la police
révèlent que plusieurs boîtes de cette nature ont été signalées dans l’eau par les guérisseurs
du centre des thérapeutes traditionnels.
A partir de ces données, l’hypothèse d’un empoisonnement de la faune par ce produit
a étC émise. Les poissons ramassés ont été alors saisis et calcinés. La pêche tout le long
du Sine a étC interdite bien que cette disposition soit difficilement contrôlable par les services
compétents dépourvus de moyens.
Nous avons ensuite effectue des observations sur 3 km de plage pour identifier les esp&ces
victimes, évaluer l’ampleur du phenomene et obtenir tout renseignement susceptible d’aider
à en connaître la cause.
Des enquêtes ont été menées auprès des populations à Fatick, a Keur Alfa sur la route
nationale, à Gandiaye, au village de Sasar, à Sibassor et au marché a poissons de Kaolack.
Des entretiens ont eu lieu Cgalement avec les services des pêches de Fatick, de Gandiaye
et de Kaolack ainsi qu’avec la police de Fatick et les agents de l’agriculture de Gandiaye.
Avec l’appui des agents du service régional des p&hes de Fatick, des prélévements d’eau
de surface et de fond ainsi que de poissons morts ou mourants ont Cd effectues au niveau
de 6 stations choisies le long du Sine en fonction de leur accessibilitt :
+ station 1 : à 5 km de Foundiougne à Niamediarokh.
+ station 2 : B 5 km de Fatick.
+ station 3 : a 3 km de Fatick, derrière le centre des guérisseurs traditionnels.
+ station 4 : à la hauteur du,centre des guérisseurs traditionnels.
+ station 5 : à la hauteur des abattoirs de Fatick.
+ station 6 : en amont du pont sur lequel passe la route nationale N* 1.
Par ailleurs. un prélbvement du liquide contenu dans la boîte ramassée par la police a
éte fait et porté, avec les échantillons de poissons ramassés, au laboratoire de toxicologie
de la Faculte de Medecine et de Pharmacie de Dakar pour confirmation de la prt%ence
d’endosulfan.
Enfin, les comportements de quelques individus encore vivants ont Cte observes dans l’eau.
Toute cette faune morte ou agonisante Ctait rejetée sur les rives par les vagues. Elle était
mangée par les hérons, les martins pêcheurs et autres oiseaux piscivores qui, devantl’abondance
de la nourriture, se limitaient finalement a prélever uniquement les yeux. A ce jour, aucune
conséquence négative n’a Cte observée sur ces pr&lateurs. Nous avons néanmoins suggéré
qu’un suivi soit assuré a ce niveau,

5
RESULTATS
IDENTlFlCATlON DU PRODUIT DE LA BOITE RAMASSEE
Le departement de toxicologie de la Faculté de Medecine et de Pharmacie de Dakar a
pu confirmer l’identité du produit contenu dans la boîte ramassée par la police. 11 s’agissait
bien d’endosulfan.
IDENTIFICATION DES ESPECES AFFECTEES
Toute la faune marine visible à l’œil nu est affectée : les mulets, les carpes, l’ethmalose,
les demi-becs, les crevettes blanches. Des colt%ptères et des araign&es ont aussi Cte affectés.
Presque toutes les catégories de tailles présentes sont trouvées :
+ mulets de 5 à 35 cm
+ carpesde2à20cm
+ ethmalose de 2 a 7 cm
+ crevettes de 5 a 12 cm
+ demi-becs de 10 a 15 cm.
REPARTITION DES CADAVRES (tableaul)
Aucune espèce morte n’a été observée à la station- 1 de Niamediarokh, et quelques rares
carpes ont Cte vues au-delà du pont de Fatick.
L’abondance des cadavres est plus Clcvée de la station 3 à la station 5, puis elle décroît
vers la station 6. C’est a la station 5 que l’on enregistre les plus fortes densités de cadavres
et cela, quelle que soit l’espèce. C’est à ce niveau seulement d’ailleurs que nous avons rencontré
des crevettes et des demi-becs.
Il est a noter que les densites de cadavres observees aux stations 4 et 5, bien qu’elevées,
sont sous-estimées car elles ne tiennent pas compte des mulets et des carpes de grandes tailles
qui ont Cté ramassés par les populations .
Tableau l.- Nombre de cadavres par rectangle de 60 cm sur 50 cm observks par station
Toutes
carpes
ethm
mulets
crevettes Demi-becs Coleoptère
especes
Station 1
0
0
0
0
0
0
0
Station 2
Traces de mulets et de carpes
Station 3
31
31
1
0
0
0
0
Station4
63
59
3
0
0
0
1
Station 5
329
248
76
0
1
2
2
Station 6
Traces de carpes et de mulets

6
PRESENTATION DES CADAVRES
La grande majorite des poissons morts de plus de 2 cm de longueur (donc consommables
par les oiseaux prédateurs) avaient soit les deux orbites vides, soit uniquement celle Sit&e
sur le côté expose au soleil. Les plus fortes proportions d’individus conservant leurs globes
oculaires ont étt observées aux stations 5 et 6, soit près des lieux d’habitation ou des chemins
très passants.
SYMPTOMES OBSERVES SUR DES POISSONS VIVANTS
Certains mulets etaient facilement capturés et extraits de I’eau sans agitation comme c’est
le cas normalement.
Des carpes tournaient en rond par bonds saccades pendant quelques secondes, pour ensuite
couler à pic au fond de l’eau.
D’autres fuyaient très lentement à notre approche. II n’y avait aucune difficulté a les capturer
en cas de besoin.
L’autopsie des cadavres ne révèle comme signe pathologique que les yeux exorbitb.
DISCUSSIONS
Les faits observes et les premiers resuhats obtenus permettent d’envisager l’hypothèse
d’un empoisonnement par l’endosulfan comme trés vraissemblable.
En effet, le phénomène semble être localisé entre Fatick et Niamediarokh. Toute la faune
meurt quelle que soit l’espèce ou la taille.
La présence d’une boîte d’endosulfan dosé à 350 gJl a été observée et plusieurs autres
signalées. Les cadavres sont plus nombreux sur les lieux où la boîte d’endosulfan aeté ramassée
et où les autres auraient été signalées. La densité de cadavres décroît progressivement a partir
de cette zone.
Il s’avère que l’endosulfan est hautement toxique pour les poissons (5 ; 1). NDIAYE (1988)
rapporte à ce propos l’exemple du “déversement accidentel d’endosulfan dans les eaux du
Rhin en 1969 et qui a causé la mort d’une bonne partie de la faune ichtyologique de ce fleuve.
SAUVEGRAIN (1981) indique aussi que “chez les poissons, certains organocklorés sont
despoisonsviolents. On a pourtant misplusieurs annéesd s’apercevoir que chez cesvertébres,
des doses trèsfaibles d’organochlorés non mortelles d premiére vue, conduisent à la longue
d un empoisonnement par concentration progressive dans les organes riches en lipides ;
les œufs et les alevins sont les premières victimes de cette intoxication chronique”.
Les doses lethales sont faibles, de l’ordre de 0,Ol p.g/l selon NDIAYE (1988) qui note
que “des concentrations déndosuljan de 0,7pgll au maximumfirent à l’origine des mortalités
importantes survenues dans le Rhin, en 1969, à la suite de la chute d’un bidon tandis que
des teneurs de 0,l à 5 Ill ont été relevées aux Etats-Unis lors de mortalités de poissons
(8)“.
C’est dire que 5 1 d’endosulfan à 350 gJl déversés dans 175 milliards de litres d’eau de
mer suffisent pour provoquer l’hécatombe constatée.

7
L’endosulfan est en effet un organochlore du groupe des cyclodiènes (C, H, Cl, 0, S).
Il est neurotoxique, se transmet par contact et agit au niveau du système nerveux central
et périphérique en provoquant des tremblements du corps avec une hyperexcitabilité con-
duisant a des convulsions suivies dune ataxie (perte de mo.uvements) et dune paralysie totale
avec mydriase (dilatation de la pupille). Ces symptômes sont bien décrits par TOBIAS et
al. (1946). Ils correspondent a ceux que nous avons observes sur les carpes et les mulets.
Par ailleurs, les mortalités Ctaient très fortes la nuit du samedi a dimanche. Elles ont ensuite
baisse progressivement comme si l’effet mortel devenait de moins en moins marque. Cela
aurait éd le cas s’il s’agissait de l’endosulfan qui se diluerait au fil du temps avec l’alternance
des marees et se deposerait rapidement au fond du fait de sa forte densité (1,745) comme
l’ont fait remarquer LANGER et al. 1946. Ces auteurs ont en effet observé que l’endosulfan
est absorbe rapidement dans la boue (où il reste actif) faisant passer sa teneur dans l’eau
de 30,9 a 0.01 uLg/l en quatre jours.
Tout porte donc à croire’que nous sommes en présence dune intoxication par ce produit
qui serait contenu dans la boîte ramassée et peut être même dans d’autres boîtes.
L’empoisonnement par l’endosulfan est rendu plus probable encore par la forte progression
dans l’utilisation de ce produit (dosant 350 gfl) au StnCgal depuis 1985 :
+
300 litres en 1985/86
+ 2 880 litres en 1986/87
+ 9 800 litres en 1987/88.
Les risques d’accidents sont donc devenus plus grands.
Il y aura lieu de confirmer cette forte présomption par le dosage de la teneur en endosulfan
des échantillons d’eau préleves et par la détermination des concentrations de ce produit dans
les extraits de poissons récoltés sur les lieux du sinistre ; ces donn&s étant par lasuitecomparees
aux doses lethales pour les poissons.
Dans l’hypothèse que l’endosulfan serait donc a l’origine des faits observés, il y aurait
lieu de s’assurer que les poissons morts sont retirés du circuit de distribution du poisson frais.
Des dispositions ont déjà Cte prises dans ce sens. Il faudrait en faire autant pour le poisson
transformt ou “tambadiang” reconnaissable aux orbites vides des individus.
Par ailleurs, il y aurait lieu de rechercher d’éventuelles autres boîtes au fond de l’eau,
car l’endosulfan est plus dense que l’eau (1,745 a 20 “C), pratiquement insoluble dans l’eau
a 20°C, corrosif au fer et stable? la lumière, autant de caractkres qui en plus de sa rémanente
au sol de 2 mois à2 ans, en font un produit trbs dangereux au fond de ce bras de mer. Cebndant,
le gradient de densité! de cadavres observé par rapport a l’endroit où la boîte d’endosulfan
a Cte trouvée tend à montrer qu’il n’existerait pas d’autres boîtes ouvertes ailleurs .
Pour recupérer d’éventuelles boîtes fermees qui seraient immergées, un draguage des fonds
serait probablement envisageable pour parer à une liberration lente et progressive du poison
et-a ses éventuels effets sur la chaîne alimentaire au sommet duquel se trouve l’homme.
Les services charges de la protection de l’environnement doivent être saisis pour une action
d’envergure et concerttk a la mesure du danger potentiel.

8
.
Une autre question est celle relative a l’origine de cette boîte (ou de ces boîtes) d’endosulfan.
Chercherait-on à s’en debarrasser en les jetant à l’eau ou seraient-elles tombees accidentel-
lement au cours d’un transport par pirogue effectue par des trafiquants.
Il reste que l’endosulfan est utilisé normalement comme insecticide et comme acaricide
dans le traitement des arbres fruitiers et des cultures maraîchères. Un détournement de son
’ utilisation pourrait parfois être fait pour la pêche (le poisson intoxiqué Ctant facile à capturer)
ainsi que pour le traitement des glossines et des parasites des peaux et des cuirs.
CONCLUSION
Les fortes mortalités du genre de ce que l’on a observé à Fatick sur le Sine sont rares
au Sénégal, de par leur ampleur, leur intensité et leur localisation spatio-temporelle. II semble
s’agir d’un empoisonnement de la faune par l’endosulfan.
Les effets imm6diats ont et.6 dramatiques. Mais dans cette hypothèse et s’il existait encore
de ce produit au fond du Sine, ce qui est fort probable, les conséquences seraient encore
plus catastrophiques car ce produit se fixe et reste longtemps actif dans la boue, est hautement
toxique pour les poissons et crustacés (notamment ceux qui vivent au fond comme les carpes
et les crevettes) et, de part son accumulation dans les graisses, peut atteindre l’homme par
le biais de la chaîne alimentaire. Il y a lieu de rappeler que la DL,, de l’endosulfan chez
l’homme est de 50 a 500 mg/kg de poids vif par voie orale soit une cuillerée à caf6 ou
25 g pour une personne de 70 kg (7). Ajoutons à cela les effets cancérigènes et mutagènes
observés par YADAV et al. (1982).
Le phenoméne survenu sur le Sine nécessite donc une attention particulière et requiert
la participation de tous ceux qui pourraient contribuer à en apprécier la portée et réduire
les condquences fâcheuses et imprevisibles. Peut être qu’une commission nationale devrait
être vite créée pour prendre en charge ce problème.
Larecherche d’éventuelles boîtes d’endosulfan non encore identifiées qui resteraient encore
dans la zone sembble aussi prioritaire.
Pour l’avenir enfin, compte tenu du danger réel que présentent les organochlores, il pourrait
être envisagé de leur phéferer des produits plus facilement biodégradables comme les Or-
ganophosphorés.

9
BIBLIOGRAPHIE
ANONYME...- Effets toxicologiques de polluants de l’eau et conséquences sur
les reseaux trophiques. Sec. Gal. Ht. Comit. Env., Cont. nQ 74-82, 28 p. rapp.
1975-1976.
BAKHAYOKHO
(M.), 1980.- Biologie et pêche des céphalopodes sur les côtes
du Sénégal. Thèse doctorat. Université de Brest (France) nQ 122.
CAVBRIVIERE (A.) et TOURE (D.), 1989.- Les mortalites de mérous sur les
côtes du Sénégal en 1987 (sous presse).
LANGER (P.), PULVER (R.), MONTIGEL (C.), WIESMANN (R.), and WILD
(H.).-Comm. InsectRodentControlOSRDInsectControlCeigyCo.,Basel,
1946.
NDIAYE (C.G.), 1988.- Etude des insecticides organochlorés. L’exemple dc
l’endosulfan. ThCse nQ 80. Universite de Dakar.
SAUVEGRAIN (P.).- Les pesticides organochlorés et autres : les micropolluants
organiques dans les eaux superficicllcs continentales. Association française pour
l’ctude des eaux : centre national de documentation et d’information sur l’eau -
Rapport np 2 p 31 - Paris - 1981.
SPENCER.- Guide tochcm in trop protect 254 - 1982.
TRAM (R.E.).- Quality critcria for watcr. Castlc Housc Publ., 256 pages - 1979.
YADAV AS et al.- Tcsting of endosulfan and fcnitrothion for genotoxicity
in
saccharomyccs cercvisiae. mutat. Res. 105 (6) : 403-7 - 1982.