LA PÊCHE PIROGUIÈRE DANS L’ÉCONOMIE ...

LA PÊCHE PIROGUIÈRE DANS L’ÉCONOMIE
POLITIQUE GE L'AFRIQUE DE L'OUEST : LES FORMATIONS SOCIALE:”
ET LES SYSTÈMES DE PRODXTION DANS L’HISTOIRE
Maritem Chim&ce DIAW ")
CUNTRlilLJTION AU 45" CONGRES DES AMERICANISTES
HlGuTA 1 - 7 JUILLET 1985
(1; Sociologue du Ebreau d'Analyses ';-.
l;-;cw-économiques de ?'INSTITUT SENE-
*GALAIS DE RECHERCHES AGRICOLES (BAf+?I 'lc
l.~RA) affecté au CENTRE DE RECHERCHES
OCEANOGRAPHIQUES DE: DAKAR-THIAKOYC (CKODT).

S O M M A I RL
i. UNE INTRODUCTION ACTUELLE OU QUELLE STRATEGIE POUR LE DEVELOPPEMENT DES
PECHES ?
2. LA PECHEPIROGLIERE DANS LA PREHISTOIRE ET DANS L'ECONOMIE POLITIQIJE UU
iYIOYLN AGE
2.1. La pêche en Afrique dans la prëhistoire
2.2. Les Etats du Soudan Occidental au Moyen-Age
2.3. Les Etats du Golfe de Guinée
2.4. Les pêcheurs dans les processus de formation ethnique et sociale,
dans l'économie et la politique du Moyen-Age
2.5, Le peuplement des côtes et le dëveloppement de la pêche et de
l'économie maritimes
2,6, Technologie et guerre : quelques formes et paradoxes des rapports
entre la pêche et le pouvoirs politique à la fin du Moyen-Age.
3. LA FIN D'UNE EPOQUE
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES

1. U N E
I N T R O D U C T I O N
A C T U E L L E O U
Q U E L L E
S T R A T E G I E
P O U R L E
D E V E L O P P E M E N T
D E S
P E C H E S ?
La crise de production et d'alimentation qui frappe les pays de l'Ouest-,
ALricain ainsi que le déséquilibre de leurs balances commerciales et de paie-
ment ont mis en avant la nécessité d'une valorisation endogène de leur Z,E.E.
et de leurs eaux intérieures par le développement des activités de peche.
Mais les discours sur "l'or bleu", solution "miracle", à la fois sour-
ce de protéine et de devises, tendent a occulter la nature des choix straté-
giques à l'origine des politiques et de l'allocation des ressources en direc-
tion des pecheries artisanales et industrielles.
Les travaux des chercheurs du CRODT ont montré que d'une manière généra-
le, ces stratégies sont déterminées en grande partie, "par l'assimilation
abusive entre richesses nationales et exportations ; par la croyance en une
efficacité supérieure des formes industrielles de pêche ; par une réduction
h?tive de la pêche artisanale à ses seuls effets sociaux" (WEBER, FGNTANA,
1983). A l'échelle de 1"Afrique de l'Ouest, cette dernière est victime d'un
"grand design bias" général en faveur des structures industrielles de pêche
et reçoit une part des investissements publics dans le secteur qui, .jusqu'en
1980, s'échelonne entre 6,? 7; et 32 4, dans le meilleur cas (DIAW, 7983 ;
UIOURY, 1984). Les échecs de nombreux projets dans le secteur ("CHARTER PAR-
TY" au Ghana, expériences coopératives au Bénin, projet "Prêts et crédits'"
en Sierra Léone, première génération de coopératives et projet "'cordiers"
au Sénégal...) montrent toutes les implications de la méconnaissance, de la
sociologie et de l'histoire des pecheries dites artisanales. Le triple déca-
lage entre la Vie (cad. la pratique même de la pêche), la Recherche (le sys-
teme d'information nécessaire à la prise de décision) et le "Développement"
(sphere de Pouvoir et de décision) a une responsabilité importante dans ces
situations ; la distance entre le premier et le dernier termes de cette trip-
ple contradiction etant, à l'évidence, la plus grande et surtout, la plus
lourde de conséquence.
Confronté à des difficultés multiples (insuffisance de pièces détachées
et de moteurs, difficultés d'accès au crédit, empiètement des unités incus-
trielles sur les zones du plateau continental réservées à la pêche artisa-
nale, pertes de filets, déséquilibre dans 1~ répartition des :‘essources pu.
bliques.. .) la pêche piroguière a pourtant fait la preuve de sa capacité

extraordinaire de resistance aux tentatives qui depuis la fin du siec'le der-
nier envisagent de la remplacer par des moyens industriels de grande enver-
gure (tiRUVEL, 1908 :, Conférence de la pêche maritime, 1948 ; DIAWB 1983),
Capable de "renouvellement" (motorisation, "appropriation'" des formes tech-
nologiques adaptables a son génie), elle démontre même la superior*i?e de son
efficience sociale et economique (WEBER, FONTANA, 1983)(I).
---
Le présent article, qui ne prétend pas faire l'économie de l'ensemble
de cette problèmatique, a pour objet de lui donner sa dimension historique
par une approche comparative du passe pré-colonial des pêcheurs piroguiers
de l'Ouest Africain. Ce papier n'e:,t:. donc pas neutre. Il part de la convic-
tion que la definition de stratégies pertinentes pour le développement de
la pêche en Afrique passe par la compréhension de son histoire (2). Il se
positionne en faveur des communautés de pêcheurs improprement réduites à
un caractère prétenduement "traditionnel" et met en exergue leur dynamis-
me et leur génie propre. Il cherche, par sa démarche comparative, et le
caractère "provoquant" de sa forme, 2 faire avancer les termes d'un débat
essentiel au devenir des sociétës impliquées.
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(1) Cette double efficience est démontrée dans le cas sénegalais, par sa
supériorité sur la pêche industrielle : au plan des investissemsnts (70 5,
de fonds propres contre 4 à 5 (0 pour la pêche industrielle) , des projets
(50 à /o OS
contre 3 à 7 %) ; de 1~ création de richesse (60 % en pêche
artisanale contre moins de 30 % en pêche industrielle) de l'emploi (2/ OOD
marins contre 2 700) ; de l'utilisation des ressources et des captures (pê-
che artisanale plus sélective ; moins de 5 ?l de rejets contre 45 7, pour :a
pêche industrielle). De surcroît la pêche artisanale qui assure les 2/3
des débarquements s'assure 40 % des exportations des usines en équivalent
f'rais et est la source quasi-exclusive d'approvisionnement en poisson PLI
marche sénegalais (WEBER, FONTANA, Ibid.).
(2, Cette tâche qui n'a pas été rëaiisee par les historiens (DIAW, lYi;3),
est aujourd'hui prise en cnarge (nef..essitë oblige) par de:, sociolo~;ues et,
ce; anthropologues travaillant a i 'lictielle de pays ou de SO:;, rlgions
t CiGiVi.Ai.i, i,+82 : ‘!tRDEAl.lX, 1981 *, i"LTYA, 1911 ; I-IENDRIX, 1983 ; CiIAW: lYt;5.

2. LA
P E C H E
P I R O G U I E R E
D A N S L A
P R E H I S T O I R E
E T
D A N S 1 ' E C 0 ?l 0 M I F
P O L I T I Q U E D E L ' O U E S T
A!RICAIN
3.1, LA PECHE EN AFRiQUE DANS LA PREHISTOIRE
Ges fossiles datant de cette époque ont @té ainsi attribués ti des com-
munautés vivant 4e la pêche et installkes aux oords du lac Mobutu & lshan-
yo ainsi qu'aux abords des lacs Rudolph et Nukuru (CLARK, 1970). C!e telles
communautés sont également présentes dans les lagunes de Cote d"Ivoire
depuis, probablement, l'âge de pierre [STRIDE & IFEKA, 19!1).
Durant la pciriode de l'optimum climatique qui va du ,3ème au 3ème mil-
‘iénaires, le Sahara bénéficie d'un environnement idéal grâce auquel il
sert de centre expérimental à la révolution néolithique et à l'invention
de l'agriculture (SURET-CANAL, 1966). A cette époque où le lac Tchaa cou-
vre U fois sa presente surface, les lacs du Sahara centra? et austral abri-
tent des sociétés de pêcheurs dont l'activité essentielle est la chasse à
l'hippopotame ou au crocodile à bord d'embarcations de roseau tressé simi-
laires 4 celles de l'Egypte pré-dynastique. Les peintures rupestres décou-
vertes en plein désert en 1960 et qui décrivent ces scènes montrent égale-
ment que le harpon en est l'outil principal. La ligne et l'hameçon sont
itgalement utilisÉ:s pour la pêche au poisson (CLARK, 1970 ; HEYERDAHL, 1980).
Dans la vallëe du Nil, la situation est grossièrement la même et en
? 000 B.C. des communautés nubiennes des environs de Khartoum se spéciali-
sent dans la chasse, la pêche et la confection de poteries (VAN SERTIMA,
19i76). L'assèchement progressif du Sahara à partir du 3&me millénaire t?
pour effet de renforcer l'importance de la vallee du Nil où des popula:ions
sahariennes ëmigrent en masse. Devenue un centre d'élaboration et d'expé-
rimentation de fcormes technologiques de plus en plus diversifiées, elle
est le creuset d'une civilisation en expansion qui développe en même temps
ses techniques de pêche et sa technologie de la navigation
Aux environs
de 2 000 B.C., le narporr, la ligne, la palangre, les nasses et filets di-
vers sont partie intégrante des outil- utilisés par les pêcheurs egyptiens
(ANSON, 1975 ; HENDKIX, 1983). Parallèlement, la construction et le rdffi-

,
nement du fameux navire de papyrus pernreL, pour la premiere fc*s -laiiL 1 'bis-
toire de l'humanité, l'avénement de la navigation maritime et, des la Isème
dynastie, la traversée probable de 1 "Atlantique par des Africains (VAN SER-
TIMA, 1976).
3.2, CES GRANDS ETATS DU SOUDAN OCCIDENTAL AU MOYEN-AGE
Le Ghana et le Tekrur, nes tout; deux dans la vallée du fleuve Sénéga?
sont les premiers parmi ces empires, Ghana? de loin le plus important, a
au 9éme siècle, une position qui lui assure le contrôle des mines d'or du
Haut Sénégal et des routes du commerce transaharien. Cette position lui
est arrachée par l'empire Malinké naissant qui, entre les 12ème et 14 ème
siècles, étend sa domination a. l'espace soudanais s'étendant de la boucle
du Niger à la côte gambienne et tient sous sa dépendance, la presque to-
talite des côtes senégambiennes et guinéennes. Avec la décadence du Mali
au 15ème-16éme siècle, le centre de gravité politique du Soudan occidental
s.e déplace de nouveau vers l'est et vers l'aval du Joliba (Niger) j travers
l'avenement de l'empire Songhaï' encore plus puissant et plus étendu que son
/-
preaecesseur.
Contemporair du Mali, du Songhaï où émergeant a la suite de leur dispa-
rition définitive a la fin du 16ème siècle, d'autres Etats, bien que d"impor-
tance moindre, ort également marque 1"évolution de la région. Parmi ceux-ci,
les plus significatifs sont les Etats Mossi de la vallée de la Haute Volta
qui réussissent a préserver leur indépendance tout au long du Moyen-Age, les
Etat-cités Hausa de la confluence Niger-Bénue (13ème-16ème siècle et après)
I_-
ainsi ;lue les royaumes Bambara du Macina (Segu) et du Kaarta (17ème-18ème
siéclej a En Sënégambie, les Etats Wolof, Sereer, Tukulër et celui du Nyomi
---.-
(14ème-I9ème siècle) se développent pour l'essentiel dans les vallées du
Senegai et de !a Gambie et dans l'a ire politique séparant les deux vallées.
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salilr: i 0 ,
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Kaabunke fondé par des Mancinyuc-,
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a II I 2 6 me - 1 3 e ni e i .:t?cle et qui atteint son appoge entre

les 16ème et 18ème siècle, étend si3 domination a l'ensemb'le de 'd'espace po-
litique englobant la Guinée Bissau, !a Casamance et la rive sud de, la Gam-
bie.
A travers la constîtution, le dëveloppement et le démantèlement de
chacune de ces entités politiques, c" est toute la physionomie sociale et
démographique de la sous-région qui est façonnée au cours des siècles et
les sociétés de pêcheurs sont partse prenankde ce processus) comme nos le
verrons. L'importance vitale des axes fluviaux - et donc des populations
qui leur sont liées - en constitue !a meilleure illustration, admirablement
exprimée, au demeurant, par SMITH (1970).
'"Xt has been said that "mountcLLns divide and rivez-s ,mlte" ad the
history of the Niger bears out the latter part of this statement.
In the west sudanese empires of Mali and Songhai, it was the Niger
which enabled remote provinces to be brought under control and admi-

nistered, which gave access to markets and whose banks provided si-.
tes for the main towns. Songhoï notably, was able (as Mali had not
been) to extend its power beyond the Sotuba rapids to the Southwesr-
and as far $2~ Boussa to the Southeast. “C’est au fleuve que ces tar-
ritoires doivent leur cohésior. politique et économique", writes ty-
mowski. !l'hi.à conc.Zusion car! Calso be applied to states further dowi3
the river, su& as Nupe... "
2.3. LES ETATS DJ GOLFE DE GUINEE
Bénin et Oye sont les premiëres entités politiques a s'imposer dans
le golfe du Bénir a aartir du 14ème siècle. A son apogéc~.15ème-16ème si&
cle), 1'Etat Bini contrôle toute la côte occidentale du Nigëria actuel
jusqu'à Lagos et échange des ambassadeurs avec le Portugal, A peu près à
la même époque, ?e royaume Yoruba d"Oyo constitue déjà un puissant Etat de

l'hinterland qui atteint son expansion maximale au 18ème siècle. Bloqué au
Nord par le Puissant Etat Hausa de Nupe, Uyo etend son empire vers le sdd
en s'assurant le controle direct dr ia zone forestière ainsi que du '"corri-
dor Egbaao" s'étendant sur 200 mi Lit?\\ jusqu'au poste côtier de Badagri.
S'appuyant sur l'efqicacité exceptionnelle de sa cavalerie, Oyo police des
zones etendues et impose un tribut- et' droits, péages et taxes diverses d
des Etats tels que celui d'Abomey par exemple, Au 18ème siècle il dispose
d'un levier essentiel dans la Traite Atlantique à laquelle il participe
d'ailleurs directement, par le L)ia<s des ports de commerce dahoméens tels
que Ouidan et Porto NOV~.
Dahomey n'étab-lit son autorite en tant qu'Etat qu'aux 17ème et 38ème
siècles, lorsque les Fon actualisent leur hégémonie sur les autres groupes
Adja et leurs territoires. Il reste cependant littéralement tenu en laisse
par Oyo à qui il doit payer un tribut annuel de "40 hommes, 40 femmes, 40
fusils, 400 chargements de cauris et de corral" (STRIDE & IFEKA, 1971).
3ahomey ne s'affranchit de la tutelle d'Oyo qu'au 19ème siècle pour devenir
l'une des puissances militaires lec plus remarquables de l'Ouest Africain.
A l'ouest, deux entités, bien établies à partir du 18ème siècle domi-
nent l'histoire du Ghana, du Togo et de la Côte d’ivoire actuels. Issus
du groupe Akan, Ashanti et Fanti sont unit: par la loi, la coutume, la reli-
gion et un double système de lignage de ï à 8 clans matrilinéaires et de
8 à 9 clans patrilinéaires. En 1629, les Etats Akan représentent 28 des
34 Etats essaimant le sud du Ghana actuel (ADU BOAHEN, 1965 ; STRIDE: &
IFEKA, 1971). Un siëcle plus tard en 1750, la confédération Ashanti et
"'titiion Fanti, opposés par une rivalitë farouche, ont réalisé la partition
politique de la "Gold Coast" et tiennent en respect Anglais et Hollandais.
L'Etat Ashanti, ':e plus puissant des deux, finira par incorporer Fanti
dans un empire qui controlera briévement la totalité de la "côte de l'or".
Dans le Delta du Niger, les premiers Etat-cités sont créés au début
du 16ème siècle & travers plus de 28 000 km de mangrove, de marais et de
rivières dans le sud du Nigéria actuei, En 1500, Warri, créé par les Itsi-
reki dans le Delta occidental est et. reste sous l'influence politique et
culturelle du Bénin. Dans le Delta central par contre, les Etat-cités de
Bonni, Nembe, Kalabari fondés par les Ijo sont autonomes, de même que
l'Etat-cité de Old Calabar fondé /.)a!
les tfik, une branche Ibibio qui quit-
te la forêt au l/ème siècle pour s'installer dans les criques de la riviè-
:e Calabar dans le Delta oriental

Du fait du cloisonnement et de la dissémination héritée de leurs con-
ditions naturelles, les peuples de pêcheurs et de marchands du Delta ne
,rréent pas d'Etats centralisés mais établissent plutôt une myriade d'éta-
blissements et de villages, eux-mêmes regroupés autour d'une Etat-cité
lzontrolant des territoires définis lui tenant lieu d'empire commercial".
,1.4., LES PECHEURS DANS LE PROCESSUS DE FORMATION ETHNIQUE ET SOCIALE:,
DANS L'ECONOMIE II' LA POLITIQUE DU r4OYEN-AGE
(1) Par formations sociales nous entendons des sociétés globales dont la
base economi que est constituée par une combinaison complexe de modes de
production. Dans les formations soc-lales tributaires, la rlus grande par-
tie du surplus produit par la société est confisquée par I‘Etat par le
biais du tribut imposé aux modes de production (lignager, domestique, pe-
tit marchand...) dominés. "Le tribut, c'est l'unité rente-impôt et un le-
vier d'une puissance extraordinaire" écrit FOSSAERT (1977). En Afrique
de l'ouest, ces formations sociales sont également des formations marchan-
des dal-s lesquelles le transfert (et non la génération) du surplus d'une
sociéte et une autre est rendu possible par les circuits d'échange et de
commerce de longue distance dont l'importance est décisive dans le d.yna-
misme des sociétés (voir aussi AMIN, 1976 ; COQUERY-VlDROVIl~Cti, 1976 ;
DIEN(;, 1978). Dans le golfe du Bénin et dans le Delta du Niger, les for-
mations marchande,et trii-utaires connaissert une dérive esclavagiste qui
au 17ème-ltrëme siecle, modifie profondément les rapports de production et
d échange dominants dans ces sociétés.

Dans le Soudan Occidental : troi:< groupes de pêcheurs - les Bozo, les
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-~
Sorko et les Somono - dominent 1"histoire régionale de la pêche au Moyen
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~-
Age, malgrë le rôle important joue pap d'autres groupes dans l'économie
politique des Etats,
Les Etats Hausa de Nupe et de tiehl sont ainsi réputés à l'époque pour
fa qualité de leurs pêcheurs et de leurs chantiers navals I A Nupe, les Kve-
-A--
dye f centrés au niveau de la confluence Niger-Kaduna et ayant établi leurs
- -
villages de pêche et de commerce 'le long de la vallée du fleuve, consti-
tuent même un des deux principaux groupes ethniques du pays (STRIDE & IFE-
KA, 1971).
Le rôle de :a caste des pêcheurs Subalbë (1) dans 1'Almamya du Futa
Tore est également bien connu des historiens de la Sénégambie. Installés
t proximité immédiate des cours d"eaux, sur les rives du moyen fleuve Séné-
gal et du marigot de Due, les pêcheurs Suba'lbe constituent la caste infé-
rieure de l'ordre des hommes libres irimbe) ; se livrant ëgalement à l'agri-
culture sur les berges fluviales inondees përiodiquement, Tes pêcheurs Su-
-
balbe sont les maitres suprêmes de l'ëlëment liquide dont ils monopolisent
-
-
les secrets les plus terrifiants. Occasionnellement concurrencés par la cas-
te des ceddo (chasseursj et l'ordre des maccudo (esclaves) dont la pêche
constitue une activité occasionnelle, 'les Subalbe ont des chefs (tëen, far-
ba,jaaltaabe) qui sont maîtres des zones de pêche au même titre que le "jcw
leydi" est maître des terres. Ceux-ci perçoivent des droits de pêche - Kamn-
gal - sur le poisson frais et transformé et sont les médiateurs privilégiés
des rapports entre la caste des pecheurs et 1'Etat (WANE, 1959 ; DIAGNE.
1967).
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--._- ---. ~II--.---------.-_-_
(1) Subalbe I pluriel de cubalo.

Sur la rive occidentale du Delta du Niger, les Bozo qui y sont pré-,
sents depuis le premier millénaire, sont probablement les premiers habitants
du Delta intérieur de même que la peche serait la plus ancienne activité
productive de cette ipartie - la plus fertile - du Niger. Entre le 9ème siè-
cle et le 12ème siëcle, le Delta intérieur enregistre la double poussëe mi-
gratoire d'agriculteurs Soninke et Bambara venant respectivement de l'Est,
et du Sud-Est et qui réalisent la colonisation agricole des rives du Niger.
Rapidement, la pêche et l'agriculture révèlent leur complémentarite et les
Bozo, spécialisés dans la première echangent leur surplus productif contre
- -
des produits agricoles, Cette spécialisation halieutique des Bozo est ren-
forcée dans l'empire Malinke alors naissant où ils s'organisent en caste
endogame.
A peu près à la même époque (et peut-être avant), une histoire simi-
laire est en cours sur la rive orientale de la boucle du Niger. Entre le
5ème et le llème siècle, les pêcheurs nomades Sorko engagés dans un long
mouvement migratoire en direction du Nord-Ouest, remontent le cours du Ni-
ger et fondent sur ses rives de nombreuses colonies parmi lesquelles Kukia
et Gao qui deviendront plus tard des capitales de l'empire Songhaï, Dans
leur progression, ils vont jusqu'au lac Debo sur la rive occidentale ou ils
entrent en collision avec les Bozo qui mettent un terme à leur avancée.
Entretemps, tirant profit de leur nombre et de leur grande mobilité, les
Sorko ont déjà établi leur autorite sur les Da (ou Do) qui exploitaient
-
-
-
le Niger avant eux, ainsi que sur les agriculteurs Goromba, Gurmanche et
Gabibi. Au fil des temps, ils assimilent progressivement ces groupes jusqu'à
-
-
ce qu'émerge une entité nouvelle - le peuple Songhaï - dont ils sont le no-
yau et l'élément dynamique (CISSOKHO, 1966, 1975 ; STRIDE & IFEKA, 1971. ;
T’YMObiSKI , 1970) ; les pêcheurs Sorko préserveront cette position ainsi que
-.
leur hégémonie sur la rive orientale de la boucle du Niger jusqu'au 13 ème
siècle approximativement, Entre le 13ème et le 14ème siècle, l'ensemble
des rapports démographiques et politiques pré-existants sont remis en cau-
se 3 2 la suite de l'elargissement de la base économique de l'agriculture
et des luttes menées par les cultivateurs, ainsi que par l'arrivée de bandes
guerrières venues du Nord-Est. Ces changements se font au détriment des
pi!cheurs Sorko qui sont transformés en un groupe subalterne dans l'entite
Songhaï, tout comme les Bozo (et plus tard, les Somono), dans l'espace po-
litique mandingue
-
-
-
On sait peu de choses des Somono avant le 18ème siècle. Selon ROBERTS
(‘981) y "le terme Somono signifie pêcheur ou plus exactement piroguier. En
-~

tant que tel, il \\est l'expression d'une activité tandis que celui de Bozo
fait référence à Jn groupe ethnique". Cette interprétation est partagée par
TYMOWSKI qui pense que les Somono n'apparaissent que tardivement dans l'empi-
re du lrlali au moment où les pêcheurs Bozo n'arrivent plus d satisfaire adé-
quatement la demande en produits halieutiques devenue de plus en plus impor-
tante du fait de la population agricole en expansion. Recrutant dans tous
les groupes ethniques (Bambara, Soninké, Songhaï Mossi, Bobo, Peulh), un
-' "- -...., -r_- -
nouveau groupe social professionalisé se forme ainsi progressivement et fi-
n-itpar se transformer en caste. Ce n"est ainsi que bien après la disparition
de l'empire Malinke - dans le cadre du royaume Bambara de Segu - que les
Somono raffinent leurs qualités professionelles et développent leurs rapports
-.-
les plus sophistiques avec 1'Etat.
A l'image des premières formes de l'Etat, l'histoire de la pêche dans
le Soudan occidental constitue un des premiers "moments" de cette activité
dans le Moyen-Age ouest-africain. Durant cette période la pêche continenta-
le est la source quasi-exclusive de production et constitue la source essen-
tielle qui alimente le commerce du poisson. Dès le 12ème siècle, ce dernier
est - selon IDRISSI ‘- séché et salé (MAUNY, 1961). Les pêcheurs Sorko et
Bezo, qui salent, sèchent et aussi fument leur poisson, sont les pourvoyeurs
- -
de toute la régior, s'étendant des oasis sahariens du Nord à la forêt dans
le sud (CISSOKHO, 1975).
Alors que l'océan Atlantique demeure pour l'essentiel un "cul de sac",
fermé à la navigation et peu exploite, les pêcheurs fluviaux du Soudan occi-
dental ont une position irremplaçcable qui explique leurs rapports privilé-
giés avec 1'Etat.
Le tribut est le premier niveau où ces rapports d'interdépendance se
manifestent, A l'instar des autres couches du peuple, les pêcheurs du Sou-
dan s'acquittent de celui-ci par l'entremise d'impôts, de taxes et de ren-
tes qui servent essentiellement a l'entretien de la machine d'Etat et de
l'aristocratie guerrière. Dans l'empire Songhaï, les Sorko fournissent le
poisson, les pirogues et les équipages exigés par l'appareil administratif
et militaire. Selon TYMOWSKI (1971), le tribut annuel en poisson est de 1
à 10 sacs de poisson séché selon les possibilités de chaque pêcheur Sorko.
-
-
De même, les impôts des Bozo sont payés en poisson et en service de trans-
po4 aux gouvernements locaux du Mali. Les Bozo fournissent également l'her-
be nécessaire à 1'~limentation des chevaux et, plus tard, sous les Askia
du Songhaï, ils off:*-nt a ces dernier.. des pirogues et même des jeunes
enfants destinés à leur servir de domestiques (ROBERTS, 1981 ; TYMOWSKI,
19;71).

.i 3
Les rapports liant les pecheurs à 1'Etat ne sont cependant pas unila-
teraux. ROBERTS (Ibid.) fait m&me état d'un "contrat social" régissant les
relations des Somono avec le royaume de Segu ; selon lui :
-
-
"The Somonç were actually inserted in the process of. reproduciny
the for-m and cconomic expression of the State, The State in tum,
recognized the Somono's importance and fostered then through

special recruitment and priviledge".
ues souverains de Segu, les pecneurs Somono reçoivent ainsi la srotec-
- - -
Lion exceptionnelle, le droit exclusif de navigation et de pêche dans le
Joliba ainsi que des esclaves. En retour, ils leurs payent un impôt spécial
en cauris et en nature sous la forme de poisson. Ils assurent également le
transport civil ainsi que la circulation de l'information, du matériel et
des troupes. Ce sont également les Somono qui construisent et réparent les
murs du palais roya 7 et ceux d'autres places fortes de 1'Etat.
"Thus, the State sponsored the expansion of a group of fishermezj who,
in turn, provided goods and services crucial to the rontinued abili-
ty of the State to make war,.. The State inserted itsef in the Somo-
iro mode of production.., 1) through renewal of the social relations
of production and 2) through the extraction of a portion of trie
social product" (ROBERTS, Ibid).

Cependant, malgré son intégration aux mécanismes de l'économie tri-
bdtaire dominante dans les sociétés du Soudan occidental, le mode de produc-
tion dans la pêche piroguière reste pour l'essentiel un mode lignager ou
domestique marqué par 1"importance des rapports de réciprocité et le poids
de la famille (au sens lignager) dans les circuits de production et d"écnan-
ge c Chez les BOZO, toutes les prises (qu"elles aient été effectuées indivi-
duellement ou collectivement) sont systématiquement remises au chef de ligna-
ge sous l'autorit duquel sont placées les fonctions essentielles de la vie
économique et sociale du lignage. C'est lui qui décide en principe, après
soustraction de la part destinée à la consommation de la communauté domesti-
que > des portions du surproduit destinées à être vendues, échangées ou uti-
lisées pour le paiement de l'impiit (TYMOWSKI, 1971).
Ce mode d'organisation et les rapports sociaux qui lui sont lies, est
valable dans ses grandes lignes pour les pêcheurs de l'ensemble de la sous-
region.
Sur la "Gold Coast"': l'origine de la pêche est l'objet d'une certaine
-.._-_----_l_l
confusion dans la littérature à cause probablement du r61e déterminant qu'y
jouent les pêcheut.s
Fanti depuis lc I.8ème siècle. C'est a,insi que LAWSOV
.-
(1971) attribue a ces derniers la paternité de l'introduction de la pêche
d a n s l a réainn.

1 4
"1t seems to be generally believed that the craft of fishing was intro-
duced into Fante country first... Sometime in the middle of the
eghteenth century. Fante seem to have been responsible for the spread
of knowledge a2s ski11 of fishing to other parts of the toast and, in
many places, fishermen relate that the industry started whcn Fante
canoes firts landed on the beach".
Cette opinion, apparemment inspirée par certaines traditions orales
et par l'assimilation de la pêche à ses formes maritimes et q2i est parta-
gie par un historien de 3 a Gold Coasi: tel que BKUWN (in Ci-RISTENSEN, 1977),
a le defaut d'ignorer toute la phase continentale de développement de la
pêche dans cette région et le rôle qu'y jcuent les peuples pré-Akan autant
-
d'ailleurs, en Cote ci’Ivoire que sur la Gold Coast.
Bien avant le 18ètne siècle qui correspond à la période où Ashanti et
Fanti se partagent le Ghana actuel, la pêche était en effet, largement pra-
-_-
tiquée par les peuples qui les ont précédés dans la région. Celle-ci est
même antérieure aux premiers contacts du 15ème siècle avec les Européens.
En 1400, le poisson est, avec le sel et des articles vestimentaires, un
des produits provenant, de la Gold Coast à être activement intégrë au commer-
ce transaharien, de meme d'ailleurs que des produits forestiers telsque la
kola et la poudre d'or ainsi que des esclaves. A cette époque, les deux rou-
tes transahariennes les plus importantes ont trois branches qui réalisent
la jonction entre les gros marchés du Mali d'une part et du pays Hausa
d'autre part, avec les terminii côtiers de Elmina, Cape Coast et Accra (ADU
BOAHEN, 1975 ; STRIDE & IFEKA, 1971), Mieux les données de l'archéologie
riwelent que depuis l'âge de fer et probablement même depuis l'âge de pier-
re, des communautes de pêche sont établies en petits hameaux au bord des
lagunes de Côte d'ivoire (STRIDE & IFEKA, Ibid), Ceci est c,onfirmé par
VERDEAUX (1981) qui montre que bien avant l'arrivée des vagues Akan, Alla-
~ _
dian et Kru (venant de l'ouest) au 17ème siècle une civilisation originale,
- - -
fcndée sur la complementarité de la pêche, de l'agriculture et du travail
du fer était déjà développée dans les lagunes de Côte d'ivoire.
Ce n'est donc que bien après l'arrivee et l'implantation en [ote d'ivoire des nou-
veaux inrnigrants "forestiers" , que prend place le phénomène classique de fusion/
assimilation à l'issue duquel de nouvelles entités ethniques et culturelles
émergent dans les lagunes.Dans le processus, ces groupes d'immigrants pour-
tant considérés comme "l'élément dynamique" parmi les peuples lagunaires,
se convertissent non seulement à la pêche mais adoptent de surcroît des
traits socio-culturels distincts tel:. que le système de classes d'âge que
l'on ne trouve "ni dans la sociéto Akan, ni dans la société Kru" (VERDEAljX,
- - -
ibid.).

A la même époque, dans le sud du Ghana, le phénomène est le meme. Des
groupes lagunaires tels que les Guan y subissent la double pression des mi-
grants Ga-Adangbe-et Ewe tienant de l'est et des migrants Akan (dont les Fan-
- -
tii venant du Nord-Ouest. Les Guan subissent alors un processus d'assimila-
--'
tion quise poursuit Idepuis et qui, comme ailleurs, n'est pas unilatéral car
c'est au contact avec ces premiers habitants des lagunes que les immigrants

se convertissent à. la pêche. Un groupe comme celui des Ga-Adangbe va même
au-delà et incorpore les Dieux de la pêche Guan dans sa propre religion.
Est-il besoin d'ajouter au demeurant, que le fait que selon FYFE
(1965)
les groupes Akan étaient à la recherche de poisson et de sel lorsqu'il éta-
blirent leurs premiers contacts avec les Guan et les Ga-Adangbe, constitue
une preuve supplémentaire de l'antériorité de la pêche chez les peuples la-

gunaires du sud du Ghana.
On ne trouve nulle part dans les lagunes de la Côte d'ivoire et de la
Gold Coast, le type de rapport quasi-symbiotique liant les Etats soudanais
à leurs clans ou castes de pêcheurs, car la morcellisation et le cloisonne-
ment qui y règnent ne favorisent pas un contrôle du type de celui exercé par

les grands empires sur les peuples qu'ils administrent. Tout comme au Soudan
cependant le mode d'exploitation des pêcheries, qui met en rapport diverses
catégories d'acteurs sociaux (villages, clans, lignages, individus), est fon-
damentalement déterminé par les règles de fonctionnement des lignages, Ce
sont ceux-ci et quelquefois leurs segments ou les villages qu'ils composent,
qui, fabriquent et utilisent les moyens collectifs de production et détermi-
nent les règles de répartition du produit. Alors que les engins individuels
sont marginaux et leur produit surtout destine à l'autoconsommation, les

engins collectifs sont au centre de la production et leur produit alimente
le trésor du lignage ou du segment de lignage (VERDEAUX, 1981 ; GERLOTTO
ex al,, 1980).
Jusqu’ au 17ème siècle) les systèmes de production-circulation,
fondés sur la complémentarité de la pêche, de l'agriculture, de la produc-
t-ion de sel et du travail du fer, sont centrés autour des :Zones lagunaires

et orientés vers l'hinterland "contrairement à la période suivante qui ver-
ra les réseaux se restructurer en fonction du commerce de traite" (VERDEAUX,
1981 ;
LEWIS, 1977).
Au Dahomey : la densité du réseau hydrographique et l'étendue des zo-
nes marécageuses créent, comme en Côte d'ivoire, des conditions idéales pour
la pêche et les communications. Deux groupes lagunaires apparaissent comme
les acteurs principaux de l'histoire regionale de la pêche, Il s'agit des

Pedah et des Pla, considérés comme des sous-groupes Adja au même titre d'dil-
-
-
leurs que les Fon, les Aizo et les Gun - les "hommes de l'eau" selon l'appel-
lation de BOURGOIGNIt: (1972).
-.-
Les pêcheurs Pedah, appelés également 'popo" par les Portugais, sont
-
-
tenus pour avoir été les premiers habitants de la région. Cette opinion
occulte une fois de plus l'antériorité de la présence de chasseurs-pêcheurs
Aghe qui y seraient encore considérés aujourd'hui comme les véritables mai-
tres du sol.
Au 15ème siècle, les pêcheurs Pedah occupent toute l'aire géographique
-
-
correspondant au pourtour du lac Ahémé et ont établi leur capitale à Sahe.
Ils fondent plus tard le poste côtier de Ouidah dont le rôle se révè;era
crucial dans le développement de la traite Atlantique sur les côtes du Da-
homey. Selon des sources diverses mentionnées par PLIYA (1981), les Pla
- -
auraient suivi le même trajet originel que les Pedah et ne prennent une rou-
.*-
te distincte qu'à partir du lac Aheme. Ils suivent alors le cours de la ri-
vière Mano, atteignent leur zone d'habitation actuelle dans les lagunes du
littoral et vont ,jusqu'à la frontière moderne séparant le Ghana du Togo.
A partir du 17ème siècle, l'avènement du royaume d' Abomey perturbe pro-
fondément la vie de ces pêcheurs, Au siècle suivant le royaume Fon qui rea-
lise sa conquête de 1'Etat rival d'Allada (1724) et détruiê la capitale Pe-
dah (1727), achève de réaliser son contrôle politique de la région par la
prise de Ouidah eL des autres villes côtières, ce qui le met en contact di-
rect avec les marchands d'esclaves européens (PLIYA, Ibid.). A la fin du
siècle, malgré une brève période de refus de ce commerce (destruction de
plusiews ports de traite), l'économie du pays est déjà profondément façon-
née par celui-ci.
La conjonction de ces deux facteurs - la conquête de tous les Etats
ACja et le développement de la traite "négrière" dans l'espace social et
pclitique dahoméer, a un impact extraordinaire sur les populations de pê-
cheurs. Celles-ci constanrnent razziées sont repoussées de plus en plus pro-
fondément à l'intérieur des zones marécageuses du continent. La destruction
de Sahe et la prise de Ouidah sont les premiers évènements à provoquer de
tels mouvements, Les populations Pedah prennent massivement la fuite à bord
-
-
de pirogues où elles ont entassé leurs "vodun" (fétiches) et leurs biens.
A l'intérieur des zones lagunaires et marécageuses, elles rencontrent d'au-
tres groupes victimes des raids de l'armée Fon comme les Pla et les coasseurs-
- -
agriculteurs Rïzo d'c!llada qui viennent s'installer ;Q bord du lac Aheme où

ils créent des établissements qui se transforment finalement en vi'llage àe
pêcheurs-agriculteurs (PLIYA, 1981)* Cette situation durera jusqu'au 19ème
siëcle, période où rneme l'arrêt de la traite atlantique des esclaves n'empê-
che que les peuples des lagunes, continuent à être pourchassés afin d'ali-

menter la main d'wvre servile nëcessaire à l'économie de plantation dans
laquelle l'huile de Ipalme remplace les homnes comme objet de traite (KTL-
KENNY, 1981). Pendant toute cette periode, aucun endroit n'échappe réelle-

ment au contrôle d'Abomey. Des colonies de familles Fon sont systématlque-
ment implantées dans les territoires conquis et des collecteurs d'impôts
sont envoyés à travers la lagune* Dans les îlots et villages où ces popula-
tions s'interpénètrent, la production du sel, l'exploitation des palmiers

et la pêche sont les axes même de la vie économique de tous les groupes y
compris les Fon. Cette population hetérogène du complexe lagunaire c6tier
et de l'intérieur reste toutefois incapable de constituer une entité poli-
tique structurée. Les rapports de production ne sont pas fondamentalement
différents de ce que l'on trouve ailleurs, comme en Côte d'ivoire et dans
les Rivières du%d(Sënegal)oùl:'espace halieutiqut! et la production sont gérés selon
des modalités qui mettent en avant la propriété collective de la ressource

et le caractère lignager des rapports sociaux (PLIYA, 1981 ; VERDEAUX, 1981 ;
DIAW, 1985).
2.5. LE PEUPLEMENT DES COTES ET LE DEVELOPPEMENT DE LA PECHE ET DE L'ECONO-
MXE MARITIMES
Le peuplement de la côte Ouest-africaine est en effet, ancien, Nous
avons déjà vu ce qu'il en est en ce qui concerne les zones côtières et ia-
gunaires jouxtant le Golfe de Guinée. Sur le littoral ouest atlantique

(de la Mauritanie au Libéria), ce peuplement est le produit de la disiuca-
tion ininterrompue, a partir peut-être du 3ème siècle, de populations ve-

nant de l'intérieur du continent. Au 12ème siècle les Sherbro sont présents
en Sierra Léone de meme que les Bul?om qui y sont le groupe ethnique domi-
a-
nant (RODNEY, 1970 ; STRIDE & IFEKA, 1971). A la même époque, les Baga ont
quitté les montagnes du Futa Jalon pour leur région d'habitation actuelle
en Guinée tandis que les Sereer de la vallée du Sénégal ont atteint la Pe-
tite Côte au nord de la Gambie. Le Futa Jalon est une zone de transit impor-
tante a cette époque et c'est également a travers lui que passent les Susu
au 13ème siècle, après leur défaite face aux Malinke. Dans les "'riviêres
du sud", dans la zone correspondant à la Casamance, la Guinée Bissau et la
Guinée Conakry, les premiers habitants connus sont les groupes sub-guinéens
"refoulés" - du littoral : les Baynunk, Balant, Joola, Papel, Bijago, Beafa-
-
-
da, culturellement et linguistiquement liés. Au llême siècle, des groupes
--
mande, déjà présents en Sénégambie au 8ème siècle, infiltrent pacifiquement
-
-
la région et créent l'entité Kaabunke un ou deux siècles plus tard (BROOKS,
1!381 ; MANE, 1979 ; GRAVAND, 1984 ; DIAW, 1985). Les commerçants mandingue -
dyula - jouent également un rôle dynamisateur dans les réseaux de commerce
guinéens et sub-guinéens tandis que, plus au sud, d'autres groupes Mande com-
me les Val et les Kane, ayant quitté la vallée du Niger en quête de sel,
- -
s'atablzent au Nigéria et en Sierra Léone (RODNEY, 1970),
Lorsque les premiers explorateurs portugais arrivent au 15ème siècle,
de nombreux groupes sont ainsi présents sur la côte. Parmi ceux-ci, certains
pratiquent la pêche, mais le font essentiellement à l'intérieur des niches
relativement protégées (estuaires,"bolons", lagunes, rivières) jouxtant la
côte. C'est le cas par exemple des paysans-pêcheurs joola qui, dans les ri-
vières du sud développent des techniques de pêche élaborées mais conçues
uniquement en fonction d'un milieu estuarien régulé par les balancements de
marée et les phases dl2 crue et décrue (DIAW, 1985). C'est le cas également
des Bi jago plus i~1 sud ainsi que des @g? cr~Itiinee~&s Bulom et &s hyolliinka des Iles
- -
.~
du Salum (Sénégambie), issus de la jonction mande-sereer airx lZème-14ème
siècle et dont l'économie reste largement continentale jusqu'au 19ème siècle
(CHAUVEAU-LALOE, 198:i ; DIAW, 1983).
Il y a lieu de noter toutefois qu'à l'abri des baies et des parties
les plus protégées du littoral sénégambien et du Rio Cesto en Sierra Léone,
la pêche et le transport maritime sont pratiqués "jusqu'à 2 à 3 lieux des
côtes" par certaines populations de ces régions qui les allient a la domi-
nante continentale de leurs activités (FERNANDES, 1938). Plus au nord, les
pêcheurs Imrague;) (Azenegue) se font remarquer par le caractère rudi:;:~?ntai-
re de leur technologie de pêche au riluit>t. dans les eaux maur; taniennes (DIA\\~,
19?3). ßien qu’apPIIt-ernnlent d é c e n t r é e ziat- ra»»nrt ;~!IX (Tt-;*rirfc 2~0~

1 9
du commerce transaharien, l'économie côtière qui se caract@rise par la di-
versité et la complémentarité de ses activités productives, est cependant

très liée à cette époque, aux circuits commerciaux dominants.
Dans cette partie de l'ouest-africain des peuples tels que les Joola,
les Balant et les Baynunk développent des techniques sophistiquées de con-
-
-
quête de la mangrove et se distinguent par une production rizicole qui ali-
mente toute la région et par la qualité de leur technique d'élevage. En
Sierra Léone, les Bullom échangent leur poisson et leur sel contre des pro-
-
-
duits agricoles (surtout du riz) et de l'or comme en témoigne PEREIRA, tan-
d+s que, selon FERNANDES, les habitants du Rio Grande vont jusqu"en pays

Mandingue pour y echanger leur sel contre de l'or.
Probablement le premier minéra t à être exploité commercialement en
Afrique de l'Ouest (BROOKS, 1981), le sel est collecté à partir des feuit-
les de mangrove quand il n'est pas produit par évaporation de 1 ‘eau de mer
ou extrait de sols imprégnés de sel, par percolation, comme cela se fait
encore aujourd'hui dans l'estuaire casamançais. L'importance du sel dans
le commerce de cette époque est fort bien décrite par le regretté W. RODNEY:
"The ability of salt to generate trade and to attract people over
amazing distances is well known. The Senegal was involved in the
great trade nets of the Sudanic empires by virtue of the salt
obtainable at dulil at the mouth of the Senegal River. Though this
was not the case of the Upper Guinea Coast, salt was nevertheless

the most important item fostering contact between the littoral and
the hinterland. The gaga... on the Pongo... were particularly impor-
tant salt producers. It was noted in the later half of the 17th

Century that every year, three caravans of Djalonke (the inhabitants
of the Futa Djalon), set out for the Coast principally in search oi

Salt. One went North to the Senegal, one to the Gambia and a third
to the Pongo".
Dans le Nyomi également, jusqu'au 18ème siècle,
"l'his trade gave power and authority to the mandika king of Barra
at tt2e Gamb1.a estuary, since he had a fleet of canoes employed in
ferrying sait up the river" (Ibid.).

Aux 17ème et 18ème siècles le développement du commerce de traite crée
un nouveau pôle d'échanges qui attire sur la côte, les groupes (Fanti-, -?r
Kru
qLebu, Guet-Ndarierl etc...)
ui vont plus tard réaliser leur hégémonie sur
la pêche maritime,
Il faut attendre le 17ème siècle en effet, pour voir les Lebu venir
s'installer dap; le Cap-Vert et sur la Petite Côte en Sénégambie et créer,
1~ siècle suivant: leur fédération théocratique. Ce n'est également qu'au
II-;èmc siècle que le village de pêche de Guet Ndar est créé à Saint-Louis!,


à t'embouchure du fleuve Sénégal, par des immigrants waalo-waalo et SuGalbe
venant de la vallée 'du fleuve (CHAUVEAU, 1932). Il en est de même des pê-
cheurs Kru du Liberia et de Côte d'ivoire qui n'apparaissent dans la litté-
rature qu'au 18ème siècle à cause de leurs "qualités de marins" qui leur
valent d'être fréquemment mentionnes. En Sierra Léone, les Temne qui sont
encore un groupe continental au lï'ème siècle n'atteignent l'estuaire de la
Sierra Léone qu'à la fin de ce siècle en coupant littéralement les Bullom
en deux (RODNEY, 1970), Plus bas, dans le Golfe de Guinée, 1'Etat Fanti est
encore dans la première moitié du 17ème siècle, un Etat de l'intérieur qui
ne contrôle que trois postes côtiers et dont la capitale est dans 'l'hinter-
land, La société Fanti ne prend donc forme en tant que société côtière que
.--
dans la seconde moiti'é de ce siècle à travers la transplantation d'établis-
sement Fanti de l'intérieur sur la côte et par l'occupation progressive de
villages pré-ex i stants. C'est là notamment,le cas du poste côtier d" Anoma-
bu créé par les Guan et qui est le plus important centre de traite cotier
- -
aux environs de 1690 et celui de Cape Coast (ou Oguaa), établissement Efutu
.-
à l'origine et 9ui, à partir de L662, commence à recevoir L(n influx impor-
tant de populations Fanti. A la fin du 17ème siècle, l'occupation par les
-
-
Fanti de l'aire centrale du sud du Ghana est "un fait accompli" (LEWIS,1977 ;
-
-
BOAHEN, 1965).
D'une manière générale, sur toute la côte, de la Sénegambie au golfe
du Bénin, l'implantation de ces nouvelles colonies maritimes est concomitan-
te avec l'exacerbation des contradictions et le développement des échanges
liés à l'économie côtière, Les Etats du Waalo et du Kayor au Sénégal tout
comme Oyo et Dahomey d'une part, Ashanti et Fanti d'autre part dans le gol-
fe de Guinée sont engagés dans une compétition dont l'enjeu est le contrôle
des importants revenus dérivés de la traite. La pêche est réglementée pour
les marchands européens dont les forts et les navires de plus en plus nom-
breux doivent payer des rentes et des taxes diverses aux Etats sous le con-
trôle desquels se trouve la côte. De plus en plus, l'or, ilivoire, les escla-
ves, sont vendus en contrepartie de fusils, de poudre, d'articles textiles
et de luxe. La nature et la forme des échanges sont elles-mêmes modifiées.
En Sénégambie les communautés côtières commencent par assumer le rôle fon-
da%ental d'intermédiaire en fournissant des produits agricoles et d'autres
produits locaux aux Européens et du sel, du poisson séché et des coquillages
à I'hinterland. Avec le développement de la traite esclavagiste, la produc-
tion côtière cesse d'Ê!tre complémentaire et celle de l'intérieur et Z:st de-
veloppee essentiellement au profit des habitants des ports européens et de

‘,
,
Î
leur périphérie immediate (CHAUVEAU, 1982). Dans les lagunes de Côte d'Ivoi--
re, la production de sel, de produits vivriers et de poisson perd le rôle
central qu'elle avait jusque là tandis que l'extraction du fer et le travail
de la forge disparaissent à cause surtout de l'importation de lingots, de
barres de fer, de fusils, d'outils et d'objets manufacturés venant d'Eure-
pe (VERDEAUX, 1981). "Le monde éclate", puis se restructure autour de prin-
cipes nouveaux auxquels s'adaptent "ensemble des populations de la région.

La distinction entre pêcheurs maritimes et pêcheurs continentaux
s'accentue en mer, les techniques de passage de la barre sont de plus en
plus mattrisées autant sur les côtes du Sénégal que de la Gold Coast. Les
techniques européennes de navigation tel que l'usage de gréements complexes
sur les pirogues monoxyles sont développées par les communautés (Guet-Nda-
riennes, Lebu, Fanti

:,..*) qui sont désormais à l'avant-garde de la pêche
maritime. BARBOT, qui realise son dernier voyage sur la Gold Coast en 1682,
est impressionné par les prouesses des pêcheurs Fanti de Mina, Axim et Win-

neba qui passent la barre, bravent les tempêtes et transportent leurs mar-
chandises tout le long de la côte "as far as Angola"(l). A Mina, il témoi-
gne de sorties en mer engageant ?OD à 800 pirogues en même temps (voir

SMITH, 1970), De tels propos sont confirmés par BOSMAN qui fait état des
pecheurs Fanti, qui, "par milliers" assurent le commerce dans les eaux du
Gnana actuel de Axim à Accra (voir CHRISTENSEN, 1977).
Par contre, comme cela se passe ailleurs sur le littoral, ce dynamis-
me des pêcheurs maritimes Fanti, contraste avec l'attitude des populations
cfitières qui au sud et au nord du Ghana actuel, évitent généralement la mer.
Les pêcheurs de l'ancien Dahomey qui selon DE SURGY ne seraient "ni de
grands pêcheurs, oi de grands marins" ne s'aventurent guère dans ce milieu

qu‘ils n'exploitent que rarement (PLIYA, 1981).
SMITH (1970) rappelle à ce propos qu'entre le poste dahoméen de
Ouidah et Lagos dans le Bénin historique, les navires européens sont obli-
ges, pour réaliser leur commerce avec les peuples de la région, d'engager
des équipages Fantj de la Gold Coast et de les transporter avec leurs piro-
gues afin qu'ils puissent faire la navette entre les navires de commerce et

la côte. La situation est bien campée par ADAMS qui raconte que pour faire
du commerce dans le Golfe du Bénin, il est nécessaire à cette époque d‘avoir :
.---_
---
---,--~ I-
-.-
--.-.-. -
(1) Angola pourrait avoir été confondu avec Loango au Congo dans le langa-
ge de l'époque (SMITH, Ibid.),

r.
1
i*
"One or two canoes and a set of canoe-men ; both of these are to be
obtained at Cap Coast... The canoe-men,
in num.bex twenty-one xeceive
mostly wages and subsistence during the time they are employed. The
surf on this Line of the Coast bzing heavy and the navires never
passing it, eithex fox the purpose of fishing or txade, and boats
being at a11 tïmes unavailable for the purpose of communicating with
the shore, renders a canoe anci canoe-men of the above description
indispensable" (SMITH, Ibid),
Il existe differentes interprétations possibles de la distinction
ainsi etablie entre pêcheurs maritimes et non-maritimes (SMITH, 1970 ;
DIAW, 1983, 1985). 11 est clair en tout cas qu'il y a plus qu'une simple
coïncidence entre la densité exceptionnelle des réseaux hydrographiques
des rivières du sud, des lagunes de Côte d'ivoire et du Dahomey ainsi que
dti Delta du Niger, et le repli à l'intérieur de ces niches écologiques
particulièrement favorables à la pêche, de populations côtières telles que

les Joola, les Pla, les Pedah, les groupes lagunaires ou deltaïques de
- -
Cote d' Ivoire et du Nigéria actuel. Par contre les groupes qui s'engagent
a fond et se spécialisent dans l'économie maritime sont des groupes nouveaux,
"non inhibés" que leur statut de migrant force à une reconversion quelcon-
que et dont l'arrivée sur la côte est concommitante avec les évènements qui
imposent le développement de la navigation et de la pêche comme une "néces-
site historique".
2.6. TECHNOLOGIE ET GUERRE : QUELQUES FORMES ET PARADOXES DES RAPPORTS ENTRES
LA PECHE ET LE POUVOIR POLITIQUE A LA FIN DU MOYEN-AGE

Le jondemerti même du pouvoLt d’E2u.t.
Les techniques de pêche qui sont développées par les sociétés préco-
loniales sont extrémement variées et ne saur::-ient être entièrement invento-
riées et décrites dans ce .texte. Ces techniques, qui ont été pour la plupart,


elaborées et testées dans les eaux continentales avant d'être utilisées
(pour certaines) en !mer, correspondent, malgré de nombreuses spécificités
-
locales, à un certain nombre de modeles théoriques fondés sur des princi-
pes de fonctionnement similaires, C'est le cas en particulier des engins
fixes tels que les barrages, les pallissades et les pièges, faits en ma-
tières végétales (fibres, nervures et branches de rônier, de palmier etc...)

et dont l'efficacité est déterminée par un milieu (bolon, marigots, estuai-
res, fleuves) soumis au balancement de marées et abritant des migrations
importantes d'espèces euryhalines, estuariennes ou d'eaux saumâtres. Sous

ces appellelations différentes, ce sont ainsi des engins souvent identi-
ques que l'on retrouve dans les lagunes de Côte d’Ivoire et du Dahomey,
dans le delta du Niger (GRUVEL,
1908, 1913; DIAW, 1985). Dans la vallée du
Niger, de telles techniques sont également largement utilisées par les pê-
cheurs Bozo au moment des migrations latérales des espèces de poisson dans
les périodes de crue et de décrue (voir
DIAW, 1983).
Dans la totalité des aires qui viennent d'être citées, des engins aux
principes actifs tels que les épuisettes, le harpon, l'arc et la flèche, la
ligne, sont également utilisés. La plupart servent à pêcher le poisson et
éventuellement la crevette (epuisettes) tandis que le harpon - en bois, en

fer, à manche déboitable ou non - n"est utilisé que pour les plus grosses
espèces de poisson et la chasse aux caïmans, à l'hippopotame ou au larnentin
(GRUVEL ; DIAW, Ibid. ; TYMOWSKI, 1971). Tandis que la pêche à mains nues
ou à l'aide de substanc6 stupéfiantes est pratiquée sur la côte comme a
l'intérieur du continent, l'usage de la nasse et du filet est également
généralisé :
"T%e use of somme type of netti-:ng for the capture of fish was umver-
s~~lly employed throughout the Ilpper Guinea toast" (IJENDRIX, 1983).
Cette affirmation est valable en réalité pour la quasi-totalité de
la région. Les nasses, utilisées à T'embouchure de fleuves tels que le Sé-
negal et de la Gambie, dans l'estuaire de la Casamance ou dans les lagunes
du Dahomey, sont décrites par les travaux anciens (FERNANDES (l), 1983 ;

GRUVEL, 1908, 1913) ou contemporains (PLIYA, 1981 ; DIAW, 1985).
(1) FERNANDES a visité les côtes de 'la Mauritanie et de la Sénegambie au
15ème siècle.

Quant aux filets!, ils sont également constuits en matière végétale mais
aussi en coton selon DA MOTA qui écrit en 1450 (CHAUVEAU, 1982), et compren-
nent des filets fixes,, dérivants ou trainants ainsi que l'épervier (1)
(HENDRIX, 1983 ; TYMOWSKI, 1970).
A partir surtout du 17ème siècle, des matériaux européens, manufacturés
sont de plus en plus utilisés dans la confection des filets, tandis que des
engins nouveaux, de type européen apparaissent. La serine de plage est intro-
duite sur les côtes sénégambiennes (CHAUVEAU, Ibid.) et un peu plus tard,
dans le Golfe de Guinée, sa technologie est littéralement appropriée par les
pêcheurs Ewe qui depuis, sont devenus ses propagateurs les plus actifs sur
les côtes africaines de la Sierra Léone au Congo et à l'Angola (DIAW, 1983).
L'apparition de gréements complexes en Sénégambie et probablement ail-
leures, créent des conditions d'une véritable "révolution technologique" de
la pêche et du transport maritime (CHAUVEAU, Ibid.)*.
Ces gréements sont toutefois adaptés à la pirogue monoxyle ouest-afri-
caine. Celle-ci, quelle que soit la période utilisée, sa forme ou ses varian-
tes, est en effet, le fondement essentiel de l'économie halieutique. Son
importance est telle que dans le réseau hydrographique dense des "rivières
du sud", les gens le transportent à travers la terre ferme "pour faire la
connection entre deux rivières (RODNEY, 1970). Dans la vallée du Niger, on
trouve outre les embarcations monoxyles taillées d'une pièce dans un tronc
d"arbre, des pirogues construites à partir de la jonction de deux troncs
évidés ainsi que des embarcations en planches de taille et de forme varia-
b:es, L'usage de gréements n'y est pas encore connu et la rame, la perche
et même le hâlage par des cordes attachées à un arbre sur une rive opposée,
constituent les moyens de propulsion les plus usités (TYMOWSKI, 1970 ;
SMITH, 1970). Dans l'empire Songhaï, les embarcations les plus grosses sont
reservées au transport et au commerce comme c'est d'ailleurs le cas sur la
côte sénégambienne. Le sel, des céréales telles que le mil et le riz, le
poisson, la kola, le beurre de karité, le miel et le bétail sont les arti-
cles les plus fréquemment transportés, de même que les esclaves. Essentiel-
les dans les activités de transport commercial, ces pirogues sont en général
moins chères et plus efficaces que les autres moyens disponibles à cette
époque. D'un tonnage qui atteindrait même 50 à 80 tonnes de capacité selon
(i) L'origine-occidentale ou locale - de l'épervier prête encore à discus-
sion.

TYMOWSKI (Ibid.), ces pirogues maniées par des équipages de 16 à 18 person-
nes dirigées par un (capitaine ("fanfa"), s'organisent le plus souvent en
flotilles basées sur l'entraide mutuelle lorsqu'elles réalisent leurs acti-
vités de transport et de commerce. De telles capacités de charge sont fabu-

leuses et défient toute concurrence car une pirogue de 30 tonnes a une char-
ge qui correspond par rapport aux autres moyens de transport de l'époque,
à celle de
1 000 porteurs, 200 chameaux, 300 têtes de bétajl ou 20 pirogues
ordinaires (MAUNY, 1!361).
L'importance des
moyens de transport fluvial
est largement illustrée
par la forte présence de 1'Etat dans son organisation. L'Etat Songhaï, qui
dispose d'une flotte qui lui est propre et qui, avec les équipages, 'lui est
fournie par la caste des pêcheurs , met ainsi en place un reseau étendu de
ports fluviaux dans les grandes villes et les villes moyennes. A la tête de
chaque port, est placé un chef (le Goima-Koi à Gao, le Kabara-farma (i Kaba-
ra etc.. .) dont le rr?le est de collecter les droits de péage à l'entrée et
à la sortie des embarcations, de recencer le nombre de celles-ci ainsi que

leur tonnage, et de contrôler l'évolution de la flotte de 1'Etat. A la tête
de l'ensemble de ce système, on trouve deux personnalités - le chef suprê-
me des eaux (Hari-farma) et le commandant militaire suprême (Hi-Koi) - qui
par la dualité même de leur présence, symbolisent la double fonction de
cette organisation et le rôle de celle-ci dans les stratégies militaires
autant qu'économiques que développe 1'Etat.
La guerre en effet, est le complément du r6le économique joué par le
Niger et les autres cours d'eau dans cette partie du continent.
"Ce n'est pas par un simple hasard que les batxilles les plus importan-
tes de l'empire Songhaï prirent place sur les rives du Niger", nous
dit TYMOWSKI (1967).
On se rappelle également que le siège de Djenne qui pendant 7 ans a
é,té coupée du reste du monde a été réalisé par une flottille de 4OC vais-
seaux
(CISSOKHO, 1966). Mieux, la tentative de construction d'un canal de
plusieurs dizaines de km allant de Ras El Ma à Oualata et visant à facili-

ter le transport des troupes, montre - au delà de l'importance du Hi-Koi
dans l'appareil d'Etat - que l'utilisation de moyens navals est, dans

1'Etat Songhaï, une stratégie consciente et élaborée. Dans le royaume ae
Segus le 'faama" Somono a, à l'instar du Hi-Koi dans l'empire Songhaï, une
position cr-itiqw dans l'organisation militaire de l'Etat, tandis que le
transport de troupes et de matériel de guerre est un aspect explicite du

2 Ei
"contrat social" liant les pêcheurs Somono et 1'Etat" (ROBERTS, 1981), Bien
que moins élaboré que dans les Etats du Soudan, l'utilisation militaire des
moyens de transport naval est une donnée que l'on retrouve sur la cote sé-
negambienne comme en font les frais le s expéditions de Nuno Tristan et
Abelhart qui sont successivement détruites à l'embouchure du Salum puis de

la Gambie par "des noirs" à bord de pirogues allant en mer comme sur le fleu-
ve et armés de flèches empoisonnées (GIOGO GOMES, in Monod et al., 1959)"

Même parmi les peuples razziés de lagons du Dahomey, on retrouve cet
aspect essentiel de l'économie politique du monde halieutique au Moyen-Age.
En effet, les batailles navales livrées par ces peuples dans leur résistan-
ce à la pression d'libomey révèle à la fois leur maîtrise des conditions du

milieu et l'aspect militaire de leur organisation sociale. Utilisant ambus-
cades et blocus, les "popos" mettent sérieusement en difficulté les troupes

-II
Fon dépourvues de pirogue, pendant les luttes des années 1726-1727. En 1753,
- -
SMITH (1970) rappelle que les troupes dahoméennes sont même coï'ncées sur une
bande de terre séparant les lagunes de la mer et y sont privés de toutes pos-
sibilités de retraite par les guerriers "popos" "qui leur tirent dessus Z

loisir, à partir de leurs pirogues" (SMITH, 1970).
C'est cependant dans le Delta du Niger que les rapports entre économie
halieutique et politique se trouvent sous leur forme symbiotique la plus
achevée. Comme ailleurs, la pirogue monoxyle y est largement en usage, Au
l/ème siècle, PEIRERA est profondément impressionné par la taille atteinte
parcktelles embarcations qui, par endroits, sont longsde "70 pieds" pour
une largeur de 7 à 8 pieds.

ff:;ome of t-hem are large enough to hoïd 80 men", dit-il (in SMITH, 1970).
Dotés de leur propre cuisine et d'un dispositif capable d'accueillir
e,t de loger un équipage important, ces pirogues, de loin plus grandes que
celles de la Gold Coast par exemple, sont aussi équipées d'un pont avant
construit avec des branches de roseau. Plus tard, au 18ème siècle, des pi-
rogues encore plu s importantes s'engagent dans des raids esclavagistes le

long du Delta et sontcapables de ramener jusqu'à 1 500 à 2 000 victimes
(SMITH, Ibid.) G
Comme au Dahomey et dans 1'Etat Beni, des formes de guerre navale se
dtiveloppent aussi dans le Delta et au 19ème siècle, les pirogues de guerre
y sont équipées ci.? canons
à babord et à tribord, de mousquets, de fusils
divers ainsi que d'armes plus classiques. La pirogue est ainsi fondamentale

dans la vie des peuples du Delta qui pourtant ne s'aventurent g&re en mer.
Avec le développement de la traite des esclaves elle devient 'le fondement
meme de l'Etat, Auparavant, parmi les Ijo et les Efik, les villages se
- -
trouvaient organises sur une base domestique ("house system") correspondant
à leur subdivision socio-politique en carrés de lignages et en quartiers.
Ces carrés égaux en principe et homogënesdans leurs compositions étaient
constitués par des l'ignages places sous 1 'autorité d'un conseil des ?nciens.
En dernière instance,, l'Etat-cité lui-même était une confédération ae ligna-
ges généralement dote d'une capitale, de villages satellites et d'une région
de commerce a l'intérieur de la ceinture forestière, A cette epoque, la pê-
cqe et le commerce constituaient les deux activités centrales de ces popula-
tions impliquées dans les réseaux de commerce de longue distance et qui
exportent du sel et du poisson vers l'hinterland en échange contre des pro-
duits agricoles comme le manioc, OU contre des animaux domestiques (SMITH,
1970 ; MAUNY, 1961). Dans le courant des 17ème et 18ème siècles,la demande
en main d'œuvre ~servile est renforcee outre - atlantique 3ar la colonisn-
tion des Amériques et des Caraïbes, Les enjeux sont si impi>rtants que des
guerres éclatent des deux côtés de l'océan en vue de l'appropriation des
prifits extraordinaires générés par la traite.
Dans ces conditions, le Delta devient rapidement l'un des centres les
plus importants dans l'exportation de marchandi ses humaines. Selon un capi-
taine anglais du :18ème siècle, l'Etat-cité Ijo de Bonny es! alors ,
"The wholesale market for esclaves, since no fewi-x kh~il 20,000 dze
sold cvery day" (STRIDE & IFEKA, 1971).
Les populations Ibos de la forêt nigériane sont les principales vicri-
mes de la traite et sur une période de 20 ans, Bonny en exporte non moins
de 320 000 auxquels s'ajoutent les 50 000 hommes vendus par Nekj et Old Cala-
bar (STRIDE & IFEKA, Ibid.).
La greffe de la "traite des negres" sur le système commercial tradi-
tionnel du Delta c un impact extraordinaire dont un des ef"ets les plus
importants est la transformation du "house system" en "canoe house". Le
carré cesse d'être exclusivement organisé sur une base lignagère et se
transforme en une corporation de pêche et de commerce -intégrant des "parents"'
mais aussi des étrangers et des esclaves.
Ces corporations militaires et marchandes sont vitale:; au contrble
des routes str?tëgiques liant l'hinterland producteur d'esclaves aux borts
côtiers et pour être ,viables, elles doivent démontrer leur" capacité à ertre-

: ii
tenir la flotte de guerre nécessaire et à organiser autour d'elles, des
'"canoe -house" bat-is sur le même modèle.
Avec la complexification du système de traite, des intermédiaires de
plus en plus nombreux et spécialises apparaissent dans la chaîne esclava-
giste. Le credit est organisé à travers le système du "trust trade" dans
lequel, les marchands d'esclaves européens font des avances aux souverains,
aux chefs de corporation et aux intermédiaires les plus puissants avec, en
contrepartie, une part définie du butin humain ramené sur la côte. Des so-
cietés secrètes sont créées pour policer et garantir le respect du "trust
trade". Dans la phase avancée de ce processus, la richesse matérielle ti-
rée des activités du "canoe-house" cBe substitue à la structure iignagere tra-
ditionnelle pour devenir la condition même du pouvoir politique dans les
Etat-cités.

3 e
L A F I N D ' U N E
E P O Q U E
( e n
g u i s e d e c o n c l u s i o n )
Le 19ème siècle est un point tournant dans l'évolution de la pêche
piroguière en Afrique de 1"Ouest. Il correspond au moment où la carte
politique du continent est totalement modifiée par la poussée européenne
en vue du contrôle colonial.
Quatre siècles de modifications économiques et politiques ont en effet,
crée les conditions de changement du tissu social des societés africaines ;
les communautés de pêcheurs parmi elles. Déjà le développement spéctacu-
laire de la traite esclavagiste aux siècles précédents avait aiguisé les
contradictions inrernes à ces sociétés et avait établi le contexte genéral
redéfinissant la place des société s de pêcheurs, quelle que soit leur posi-
tion : victimes ou marchandes d'esclaves, Avec le triomphe au capitalisme
industriel en Europe et la conquête des marchés mondiaux, au début du siè-
cle, les motivations à l'origine de fa traite perdent leurs raisons d'être ;
!a production de matières premières destinées à approvisionner l'appareil de
l'industrialisme européen est stimule dans une économie qui a, depuis long-
temps, perdu le controle de son développement autonome. L'huile de palme
qui était déjà exportée au 18ème siécle, s'impose, comme substitut a la trai-
te des esclaves dans le golfe de Guinée. En Sénégambie, le commerce de i'ara-
chide prend le pas sur les autres intérêts commerciaux français en partic&-
lier ceux liés a la gomme. Des mesures militaires sont prises en vue de
l'anihilation des Etats précoloniaux de la région.
Tous ces événements ont un impact profond sur la pêche. Jusqu'alors,
la pêche continentale était la forme principale de production tandis que
dans l'économie maritime, la fonction commerciale assurée par les sociétés
de pêcheurs dominait la pêche proprement dite. En corrélation avec le déve-
loppement des villes côtières et des ports en tant que zones de transit des
produits exportés vers l'Europe, les populations de celles-ci s'accroissent
de même que la demande en produits halieutiques. La disponibilité simulta-
noe de marchés et de ressources maritimes abondantes provoque un bond de
la peche maritime et des migrations en direction des nouveaux pôles de la
vie économique, En Sénégambie, les ports principaux (Saint-Louis, Rufisyue,
Carabane, Albreda en Gambie) connaissent ainsi une croissance rapide de 'ieurs
popuiations ; 2 même phénomène est observé sur la Petite Côte (CtiA!!!l,,AU,

198'2j * Au Bénin, la construction du Wharf de Cotonou en 1831 est la cause
première des migrations des pêcheurs Pla vers le littoral oü ils servent de
main-d'œuvre bon marche sur les quais de même que les "Krumen" venant du
Libéria, du Ghana ou de la Côte d'ivoire (PLIYA, 198I.). Durant le premier
quart du 20ème siècle, les pêcheurs Somono franchissent les frontières co-
loniaies et vont pêcher et vendre leurs prises à Saint-Louis, Ils vont en
Casamance oü ils introduisent le filet dérivant de type malien, et S;E! seden-
tarisent (DIAW, 1985). En même temps que les BOZO, ils vont aussi dans les
rttgions côtières de Côte d’ivoire. Une migration yoruba importante est réa-
-
-
lisée en direction du Delta du Niger. Les pêcheurs de sonne Ewe atteignent
le 13énin dans les environs de 1910.; Les Lebu et les Guet-Ndariens dëvelop-
pent des campagnes de pêche saisonnières tout le long du littoral s&%?gam-
bien jusqu'en Casamance (DIAW, 1983 ; 1985),
Face à la dégradation en Europe, des ressources de l'Atlantique Nord,
des tentatives d'exploitation industrielle des eaux Ouest-Africaines sont
faites mais échouent totalement, comme c'est le cas de deux compagnies fran-
çaises "La Marée des Deux Mondes" en 1880 et la "Société Le Trident" en 1886.
La pêche maritime reste l'apanage des pêcheurs piroguiers africains JGRUVEL,
1908 ; DIAW, 1983je
La dynamique nouvelle générée a l'échelle de la société toute entière
n'est pas sans incidence sur le mode de production dans la pêche, Celle-ci
tcut en préservant les caractères de base tirés de sa longue histoire préco-
lcniale, perd le caractère quasi-symbiotique de ses rapports avec 1'Etat.
Les communautés de pêcheurs qui, dans la période précédente étaient au-
dessus du niveau de subsistance (puisque l'échange, le tribut ou l'acquis-i-
tion d'equipementc n'auraient été possibles sans l'existence d'un surplus)
s'implique de plu: en plus dans l'économie de marché. Les mesures d'équiva-
lence générale telles que les cauris. la poudre d'or, les pagnes, qui exis-
taient déjà sans le modèle commercial pré-existant dominé par le troc, pren-
nent une importance
accrue. En Côte d'ivoire, les "manilles" sont importées
en grand nombre et servent d'unités d'equivalence pour des produits ce plus
en plus diversifies dont le poisson notamment (VERDEAUX t1981). Progressive-
ment) la production dl2 valeurs d'usage et leur répartition en nature entre
les producteurs, l'kciqange du surproduit sous la forme de troc et son appro-
priation partielle par les non-producteurs d travers le tribut, laissent la
place à la monétarisation de l'ensemble de ces fonctions et à l'apparition
de la plus-value en tant que forme monëtaire de surproduit.

\\ ‘i
Fille de la pêche ouest-africaine précoloniale sous toutes ses formes,
la pêche dite "artisanale" a donc une histoire qui lui est propre, et dont
une 1ec;on déterminante peut être 1~ constance de sa position hégémonique
dans la production halieutique et dans les communautés réalisant celle-ci.
te fait nouveau aujohrd"hui ne reside donc pas là, mais dans le fait que
dt!sormai s, cette Galité est constamment ëvacuée des conceptions dominante<;
sur la pêche.

:i ;’
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Annexe 1 : Les principaux Etats africains
au Moyen Age.
KITARI43UNYORO
I
h4or.dl.h
/7ANKOLE,
BUGANDA
I
through the
/
/
Nineteenth
enrury
Ci *

Y--
d
v .

Annexe 3.- Les grandes routes C!~I commerce transaharien au Moyen-Age