LA PLANIFICATION DU SECTEUR DE PÊCHE AU ...
LA PLANIFICATION DU SECTEUR DE PÊCHE
AU SÉNÉGAL
PAR
MOUSSA FAYE (STAGIAIRE)
RAPPORT INTERNE
il" 67

MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR
----------.---.-------
UNIVERSITE DE DAKAR
ANNE UNIVERSITAIRE
---------m-m-
._-__-_
1982-1983
FACULTE DES SCIENCES JURIDIQUES ET
ECONOMIQUES (ESJE)
-------------mm-----
RAPPORT DE STAGE MAITRISE ES SCIENCES ECONOMIQUES
THEME :
-
-
La planification du secteur de p&he au Senégal
ENCADREUR : J. mm
-
-
-
Par : Moussa FAYE

A V E R T I S S E M E N T
-o-o-o-
Ce mémoire est le résultat d’un stage effectué au Centre de Recher-
ohes Océanographiques de Dakar-Thiaroye (CRODT) du 5 au 30 avril 1983.
Le soucis qui nous aguidé dans l’élaboration de ce travail a eté
surtout l’état des connaissances sur une activité aussi importante que la
pêche, L’exploitation des ressources halieutiques en rapport avec l’activité
des pêches suscite beaucoup d’intérêts de la part des pouvoirs publics. La
réflexion ne se porte pas sur les actions à mener dans le sous-secteur de la
pêche essentiellement mais plutôt sur la connaissance des obstacles qu’il
faudra surmonter.
Enfin nous soulignons que ce travail bien que fruit de mon stage
englohe aussi mon expéri.ence personnelle sur la pêche et ses problèmes.
Issu d’un milieu I.ébou, je suis en contact permanent avec l”acti-
vi té des pêcheurs. / .-

O R G A N I G R A M M E D U
C R O D T
-o-o-o-
Le Centre de Recherches Océanographiques de Dakar-Thiaroye est
l’un des nombreux centres de l’Institut Sénégalais de Recherches Agricoles
(ISRA) de Dakar du Secrétariat d’Etat à la Recherche Scientifique et Techni-
que, tels que :
- Les Centres de Recherches Agricoles de Djibelor, du Sénégal-
Oriental et du Sine-Saloum.
- Le Centre de Recherches Forestières de Hann.
- Le Centre de Recherches Horticoles de Cambérène.
- Les Centres de Recherches Zootechniques de Dahara et de Kolda.
Le CRODT relève du département d’océanologie et comprend 7 sections :
une secticn de recherche en socio-économie où j ‘ai effectué mon stage. Les
autres sections sont la peche artisansale, la pêche démersale, la pêc’he péla-
gique côtière, la pêche pélagique hauturière, l’environnement et le Bureau
informatique.
Le CRODT est chargé de la recherche sur tout ce qui touche la mer
au Sénégal.

R E M E R C I E M E N T S
-o-o-o-
J'exprime ici mes remerciements à :
- Mr Jacques FAYE, chef du Département systèmes et transferts à
1'ZSRA d'avoir bien voulu recevoir ma demande de poste de stage.
- Mme Jacqueline LOPEZ, directrice du CRODT de m'avoir accepté
au Centre.
- Mr Jacques WEBER, chef de dÉpartement socio-économie au CRODT.
Ses conseils m'ont toujours guidés dans ce travail.
- Mr Moustapha KEBE, son dynamisme nous a beaucoup incité à donner
le mieux de nous-même.
- Mr Christian CHABOUD, son amour du travail ne passe pas inaperçu.
- MM. Madiabel DLOP, MandiGnè FAYE, Barrack FALL, Ibra FALL, techni-
ciens au CRODT, Ils n'ont ménagé aucun effort pour m'insérer dans le travail.
- Melle Ramatoulaye NDIAYE pour la frappe de ce mémoire.
Je n'oublie pas tout ceux qui sont au CRODT pour leur contribution
à llambiance chaleureuse du stage.
-o-o-o-
"L'équipe du CRDOT ne vise pas à développer la pêche. Elle cherche
S produire les él&ents nécessaires à la prise de décision et au contrOIe
d.es effets de 'la décision, ce qui le conduit à rejeter le dilemne recherche
fondamentale-recherche appliquée, E'lle considère qu'au stadt actual des
connaissances,
les questions sont plus importantes que les réponses",
(J. WEBER, 1962).

1
I N T R O D U C T I O N
-o-o-o-
“L’action procède de la connaissance”.
Depuis quelques années la pêche est, l’un des volets importants
du discours politique.
D’une situation de silence complet on arrive maintenant à des
slogans du genre “La richesse bleu, avenir du Sénégal”.
En effet, ce sous-secteur suscite de plus en plus d’importance
auprès des autorités gouvernementales qui se rendent
à l’évidence avec la
chute brutale de la production arachidière des suites de la persistance de
la sécheresse et l’effondrement des cours du phosphate. Avec 35,5 milliards
de F CFA en 1980, ‘La pêche a été la première .pourvoyeuse
de devises à
1 ‘Etat devant l’arachide et les phosphates (tabl. 1).
Le retard dans la découverte de l’importance de la pêche dans le
développement économique et social du Sénégal va se répercuter sur la recher-
che soc.io-économique. Le centre ne dispose d’un département de recherche
socio-économique que depuis 1979. Tout le travail accompli date de cette cr&
ation. Au stade actuel, la recherche doit tout aussi bien s’orienter dans
la connaissance de l’importance réelle de la pêche que sur les actions à
mener pour déterminer les orientations futures.
Partant de ces remarques, nous allons tout d’abord dire que “la
planification consiste essentiellement à étudier et à mettre en oeuvre les
projets producti.fs, à évaluer leur répercusions au niveau global et dans
to cadre de la comptabilité nationale, pour s’assurer d’une part qu’ils
sont compatibles avec les équilibres économiques et financiers et avec

2
les perspectives de croissance à long terme et d’autre part que la croissance
de la production et des revenus qu’ils engendrent permettra d’assurer,
le financement et le fonctionnement des infrastructures économiques et soci-
ales” (Gérard WINTER, 1976) l
Ceci nous aménera à voir ‘L’état actuel des connaissances, les pro-
blèmes liées au développement de la planification, la logique des clzoix de
développement et les perspectives de la recherche dans le sous-secteur de
1.a pêche.

1. L ’ E T A T
A C T U E L
D E S
C O N N A I S S A N C E S
E N
M A T I E R E D E
P E C H E
La connaissance de la pêche repose sur une quantification des va-
ria.bles essentielles et partant d’une tentative d’évaluation de son importan-
ce par rapport à l’ensemble de l’économie.
i.1. LES STATISTIQUES DE LA PECHE
Le travail de collecte de données statistiques porte essentielle-
ment sur la production, les investissements et les emplois.
1.1.1. La production
Elle s’eEfectue par l’intermédiaire de deux grands types de pêche :
une pêche piroguière généralement connue sous le nom de pêche artisanale et
une pêche industrielle assurée par les bateaux de pêche.
La production débarquée en 1981 est estimée à 250 000 tonnes dont
160 000 par
L a pêche artisanale et 9 0 000 par la pêche industrielle
(tabl. ‘II).
1.1.1.1. La Eêche artisanale
--_____----- ----------m-s--
Elle assure la plus grande partie de la production avec 160 000
tonnes en 1981 représentant plus de 6.5 io des débarquements. Les espèces sont
trC!s variées et leur valeur commerciale très diverse. Cette production assure
la consommation interne I Ce qui ne l’empêche pas d’ailleurs de participer aux
exportations en volume pour près de 40 Z. le pourcentage dfcl.wl.e de deux études
effectuees au CRODT (J. WEBER et M. DEME) et va à l’encontre de la conception
d’une pêche arti.sanale fournissant la consommation interne et une pêche indus-

trielle assurant les exportations donc seule source de devises pour l’écono-
.
me, par la pêche.
1.1.1.2. La Eêche industrielle
-w-------e-- - - - - - - - - - - - - - - - - -
La production annuelle avoisine 100 000 tonnes. ELle assure la four-
r.iture de poissons aux usines de transformation en grande partie. Les produits
sont généralement. exportés, la part de la consommation interne assurée est
Ggligeable (tabl. II).
Son équipement lui donne plus d’autonomie que la pêche artisanale.
Les sorties en mer peuvent atteindre deux mois avec un accès à des stocks
que la pêche artisanale ne peut pas atteindre.
Les espèces capturées sont généralement à forte valeur commerciale.
1.1.2. Les investissements
L’analyse des financements prévus et réalisés dans le Ve plan de
d&eLoppement économique et social du Sénégal permet d’apprécier l’effort
d’investissement entrepris par l’état dans le sous-secteur.
Sur l’enveloppe financière de 16,7 milliards de F CFA prévue pour
le sous-secteur pêche correspondant R 18 % des investissements du secteur
pri.maire, 15,s milliards ont été acquis.
Les réglements n’ont porté que sur 5,6 milliards avec le plus faible
taux de consommation de crédit (35 plo) du secteur primaire.
La pêche artisanale connait le moins d’investissement, La durée de
vie de la pirogue ayant comme principal support un tronc d’arbre qui peut
servir de 15 à 25 ans et un coût de production relativement faible permettent

de palier aux insuffisances de la dotation en facteur capital.
Le manque de capitaux n’est d’ailleurs pas sans incidences sur le
développement à long terme de la pêche artisanale. La senne tournante,
l’équipement dont on attend le plus grand développement nécessite un inves-
t issement de l’ordre de 5 millions de F CFA. Seul un fonctionnement correcte
c.u crédit maritime permettra de réaliser les besoins d’équipement naissants.
L’expérience d’introduction du cordier, unité de pêche de transi-
tion entre la pirogue et les bateaux de pêche marque le pas. Les résultats
actuels ne permettent pas de juger de la place qu’il occupera dans l’armement
2 l.ong t:erme. La pkhe industrielle occupe une place prépondérante dans l’al-
locution de l’investissement dans le sous-secteur avec 62 % des investissements
inscrits dans le Ve plan pour la pêche. La pêche artisanale .reçoit 32 %, la
pêche continentale est la. formation reçoivent 3 %. La croissance régulière
de l’armement au niveau de la pêche industrielle cache en réalité une très
grande vétusté des unités.
Par ail leurs, seuls 3 % des crédits accordés à l’Économie sénégalai-
se par les banques, sont au profit du sous-secteur de la pêche (Soleil 12
juillet 1982) e
Il faut souligner que le développement de la pêche a entrainé la
création de structures industrielles de traitement des produits de la pêche
en vue de leur exportation. Le montant global des investissements dépasse
largement 6 milliards de F CFA.
L’une des trois orientations de la pêche dans le Ve plan , la maî-
trise du sous-secteur ‘par la promotion d’armements artisanaux, montre 1” impé-
ratif de doter la pêche des moyens financiers adéquats.

1.1.3. Les emplois
C’est l’un des volets les plus importants du sous-secteur de la
pêche. Le niveau actuel du chômage dans un pays sous-développé, confronté
dépuis plus d’une décennie à une crise économique mondiale, la croissance
démographique, l’exode rurale, imposent à l’activité de pêche une place de
plus en plus importante dans la création de nouveaux emplois.
Les statistiques de la DOPM fournissent en 1979 un effectif de
35 440 pêcheurs constituant des emplois directs, tandis que les statistiques
‘du CRODT indiquent pour 1980, 27 000 emplois directs et 150 000 emplois
indirects pour la pêche artisanale, pêche industrielle et continentale non-
comprises.
C’est dire que la pêche fournit autant d’emplois directs que l’in-
dustrie qui n’emploie pas plus de 22 000 personnes en 1975 tandis que le nom-
bre de salariés reste inférieur à 180 000 (M. DIOUF, 1979).
L’analyse des effectifs de pêcheurs de 1963 à 1979 (tabl. VI) mon--
t.re l’existence d’un trend de croissance de 3,6 % par an.
Le plan d’action de la pêche prévoit 5 000 emplois directs addition-
nels d’ici l’horizon 1990 pour la pêche artisanale. Il faut y ajouter ceux
de la p&he industrielle et de la pêche continentale. Les effectifs de La
pêche restent relativement faibles pour un pays sous-développé à 80 2 agri-
cole disposant d’une population de 6 millions d’habitants avec plus de 2
millions de personnes actives.
L’importance des ressources halieutiques et la place de .La pêche
dans l’économie permettent de développer l’effectif des pêcheurs.
Les possibilités d’emplois dans le sous-secteur de la pêche sont
ouvert es. Il reste à mettre en place La stratégie économique adéquate pour

7
profiter de ce potentiel d’emplois. Le chômage est l’un des maux dont souf-
frent le plus les pays sous-développés.
1.2. EVALUATION DU POIDS DE L’ECONOMIE DE PECHE
“Un pays n’est jamais petit quand il accède à la mer”(l).
Nous ferons l’évaluation de l’importance de la pêche en analysant
sa participation 3 la satisfaction de besoins alimentaires nationaux et aussi
comme composante du produit intérieur brut de la nation.
i.2.1. La satisfaction de la consommation interne
La pêche joue un rôle de premier plan avec une consommation nationa-
le annuelle en poissons de 130 000 tonnes. Les diverses sources statistiques
lui accordent plus de 80 % dans la satisfaction des besoins en proteines
animales.
Le volume des exportations des produits de la pêche a atteint en
1981 90 204 tonnes pour une valeur commerciale estimée à 37 milliards de
F CFA (FoNTANA, WEBER ; 1982) .
L’ensemble de la production atteint 281 000 tonnes pow l’année
1981, flottes nationale et étrangère e
La pêche est aussi source de devises pour l’exploitation des res-
sources de la mer et ‘L’octroi de licences de pêche aux bateaux étrangers.
~11.~ contribue ainsi à l’équilibre de la balance des paiements au Sénégal
(tabl. V) .
(1) Roi Léopold Ier de Belgique

8
1.2.2. La contribution â la formation du PIB
La valeur ajoutée du sous-secteur pêche représente moins de 6 %
du produit intérieur brut et n’atteint que 17 milliards de l? CFA pour l.‘en-
!semble du sous-secteur selon les estimations du CRODT. Les estimations du V”
plan sont de 21,4 milliards pour 1982 (tabl. VII).
La pêche contribue pour 20 % en moyenne à la valeur ajoutée du
s,ecteur primaire. Ce taux est en constance amélioration, elle était de 6 %
en 1960.
Les données malgré leur disparité indiquent un faible taux de par-
ticipation de la pêche à la formation du PIB estimé à 584 milliards de F CFA
en 1980.
Le rapport de la valeur ajoutée au chiffre d’affaires dans le sous-
secteur pêche industrielle est d’environ 18 %. A titre de comparaison se dé-
gage un pourcentage de V.R par rapport au chiffre d’affaires de 42 Z, dans
l’industrie alimentaire, de 21 % dans celle des corps gras, de 47 % dans
celle des phosphates, de 58 % dans celle du sucre (données M. KEBE),
Cet état de fait suscite des questions sur la vérité du poids eco-
nomique actuellement attribué au sous-secteur pêche.
Le volume des devises fournies est insuffisant pour expliquer La
rentabilité de l’activité de pêche qui doit se poser en terme de valeur
ajoutée.

2 .
L E S
PROBLELIES
L I E S A U
D E V E L O P P E M E N T D E L A
P L A N I F I C A T I O N
La planification de l’activité de pêche rencontre trois obstacles
techniques majeurs au triple niveaux de l’information statistique, du
de distribution, du caractère régional des stocks de poisson
2.1. L’INFORMATION STATISTIQUE
Toute planification suppose une connaissance solide de son objet,
La connaissance du sous-secteur de la pêche ne peut se reflèter qu’au travers
d’une quantification des variables fondamentales déterminant l’évolution 5
long terme. Ces données doivent recouvrir la production globale, la consomma-
tion interne, les investissements et leur degré de rentabilité, les emplois
créés. Ceci constitue autant d’informations qui font défaut à la. planifica-
tion de l’économie sénégalaise en général et du sous-secteur de la p&zhe et.
particulier. On est loin du niveau de la collecte des données sur la prod.uc.-
tion arachidière.
Les statistiques proviennent de la Direction de l’océanographie
et des Pêches Maritimes (DOPM) et du Centre de Recherches Océanographiques
de Dakar-Thiaroye (CRODT). Ce double emploi occasionne des frais supplémen-
taire aggravés par le manque de concertation des deux sources.
Les statistiques de la DOPM qui sont les plus utilisés, le travail
de collecte au CRODT date de 1979, sont très peu fiable. Leur conception
ignore le plus souvent le terrain concret de l’activité de p&he. Les statis-
tiques sont le fruit de déclarations de capture des bateaux de pêche, des

1 0
mareyeurs, des pêcheurs etc... L’écart existant le plus souvent avec celles
du CRODT reflète d’autres préoccupations.Notamment dans la production cer-
tains chiffres dépassent de loin la réalité des captures et ont pour but
d’attirer les flottes étrangères, contribuant à l’augmentation des demandes
de licences de pêche.
Les efforts fournis par le CRODT dans la mise au point d’une
bonne documentation statistique pierre angulaire de la recherche malgré ses
succès qui se manifestent par un alignement de la DOPM SUI ses données,
demeurent insuffisantes. Les moyens financiers dont disposent le centre sont
sans rapport avec les nécessités de la tâche. Les efforts consentis sont à
1.a limite de ses moyens financiers.
Le manque de fiabilité des statistiques de la DOPM largement utilisées
(même dans ce mémoire) contribue de manière considérable à éloigner d’une
Guitable planification de la pêche.
La planification de l’économie d’ensemble se résume à un catalogue
de projets. Les objectifs qu’on se fixe dans les plans de développement éco-
nomique et social basés sur les statistiques de la DOPM ne relèvent en rien
d’une évaluation des possibilités de croissance.
L’effort de mise au point d’une bonne documentation statistique
constitue le préalable sans lequel on ne pourra jamais parler de planification.
2 .;! . LE CIRCUIT DE DISTRIBUTION
Il faut d.istinguer entre le circuit de distributi,on de la production
issue des unités de La pêche industrielle et celle issue de la pêche artisa-
nal e.

La production des unités industrielles emprunte un circuit de com-
mercialisation connu passant en gros au niveau des structures industrielles
de traitement des produits de la mer. Le produit est ensuite exporté. L’éva-
luation de la production ainsi que d’autres variables touchant ce type de
pêche se trouve largement facilitée.
Il en est autrement au niveau de la pêche artisanale qui assure
environ les 2/3 de la production. Sur une consommation intérieure de 130 000
tonnes en 1981, .La pêche artisanale fournit 120 000 tonnes soit près de 9L. %,
la pêche industrielle fournit 10 000 tonnes soit 6 %.
Le circuit de distribution de la consommation intérieure de poisson
faisait l’objet de peu d’effort de rationalisation. En 1981, la distribution
de la consommation de poisson est ainsi assurée ;
- le mareyage, mode de distribution traditionnelle par des reven-
deurs 70 000 tonnes ;
- la transformation donne les poissons séchés avec d’autres produits
40 000 tonnes ;
- le consommation locale 20 000 tonnes,
L)e mareyage et la transformation artisanale se développent en dehors
de l’encadrement administratif+ La commercialisation emprunte des circuits
non contrôlés sur lesquels on recueille peu d’information.
C’est avec l’expérience du CAPAS que l’état est intervenu dans le
circuit intérieur de la distribution du poisson. L’objectif est de régulari-
ser lr marché en donnant aux coopérations de pêcheurs les moyens de saisir
une partie de ce marché. Le CAPAS intervient sur les marchés éloignés non-
intégralement couvert par les mareyeurs. La distribution par le CAPAS devra
atteindre en 6 ans 16 000 tonnes par an. A court terme, on peut s’attendre

1 2
qu’il entre en compétition avec les mareyeurs sur ces marchés. L’enclavement
de certains lieux de p&che et les difficultés de circulation posées par
l’état des routes en général constituent des entraves à la distribution sur
l’ensemble du pays.
2.3. LE CARACTERE REGIONAL DES STOCKS DE POISSON
La planification de la pêche ne peut ignorer lv~valuation des
stocks potentiels. Bien que jugés largement disponible les stocks posent
encore deux grands problèmes :
D’une part aucune évaluation correcte des ressources n’existe à
ce jour malgré le travail accompli dans ce sens au niveau du CRODT.
D’autre part ces stocks sont le plus souvent l’objet d’une migra-
tion tout le long des côtes de la Mauritanie à la Guinée Bissau.
L’évolution de la quantité de poisson vivant dans nos eaux est cr$s
approximativement connue. La ressource est telle qu’à un certain seuil d’t‘x-
ploitation, 1 es conditions de la reproduction sont perturbées. L’exploi tacion
avec pour seul but le profit immédiat fait que certains stocks apparaissent
déjà surexploités. Il n’existe aucun prog-ramme de limitation de l’effort de
pêche en fonction des stocks. Il importe de recueillir des données sur l’état
et les potentialites des stocks qui permettent une exploitation rationnelle
biologiquement et économiquement.
Le caractère régional des ressources halieutiques n’a pas ainsi
échappé aux Etats de la région que sont les îles du Cap-Vert, la Gambie,
la Guinée Bissau, la Maurita,nie et le Sénégal, tous membres du comité des
pêches de l’Atlantique Centre-Est (COPACE) allant de l’Angola au Portuga 1 ,,

1 3
L’état de l’exploitation des ressources dans chaque pays est liée
à l’exploitation dans les autres pays. L’intégration des politiques de déve-
loppement en matière de pêche est indispensable. Le COPACE traduit la néces-
sité d’une gestion concertée des ressources halieutiques au niveau de
l’Atlantique Centre-Est.
Les recommandations du COPACE portent sur l’harmonisation des poïi-
t!-ques de pêche et des systèmes de collectes de données, la surveillance
aérienne des zones de pêche, la réglementation des mailles, la mesure de la
taille des différentes espèces de poissons dans la région.
3. LA
L O G I Q U E
D E S
C H O I S D E
D E V E L O P P E M E N T E T
L E S
P E R S P E C T I V E S
DE LA
P L A N I F I C A T I O N
La voie de développement capitaliste empruntée qui se manifeste
par uneéconomie de plus en plus insérée dans la division in.ternationsle
du travail (DIT), est à la base des actions de développement dans le sous-
secteur de la pêche.
Le rôle des pays sous-développées dans cette DIT est de fournir
des matières premières aux pays développés et de servir des débouchés aux
produits manufacturés.
Ainsi le pilier fondamental de la politique des pêches est le dé-
veloppement des exportations. Cette logique conduit à privilégier dans la
pratique la pêche industrielle par rapport à la pêche artisanale puisqu’elle

1 4
fournit 60 % des exportations en volume et près de 90 % en valeur,
C’est cette priorité de la pêche industrielle que reflète le finan-
cement inscrit au ve plan. Sur une enveloppe de 16,7 milliards rëservFie au sous-
secteur pêche 62% des financements sont attribués à la pêche industrielle,
32 % à la pêche artisanale.
Les exportations des produits de la pêche bénéficient d’une subven-
tion de l’état de 10 % de la valeur F.O.R. qui est passfe à 15% en 1983 comme
la plupart des secteurs exportateurs de L’économie.
Cette politique va à l’encontre de l’objectif d’autosuffisance ali-
mentaire dont se réclament les pouvoirs publics.
La distance entre le discour officiel et la réalité apparait sur
ces quelques chiffres.
La pêche artisanale assure plus de 65 % de la production, plus de
L!7 000 emplois directs contre 2 700 emplois directs pour la pêche industrielle.
Elle dispose de 70 % de fonds propres contre 4 â 5 % pour la pêche industrielle
qui bénéficie du code des investissements. Les taux de profit sont de l’ordre
de 50 â 70 % en pêche artisanale contre 3 Z! 7 % en pêche industrielle. Enfin
la pêche artisanale plus adaptée du point de vue de l’utilisation de la res-
source a une valeur ajoutée de l’ordre de 60 % contre moins de 30 % pour la
pêche industrielle (WEBER, FONTANA ; 1983). L’objectif implicite des choix
de développement est la substitution progressive de la pêche artisanale tra-
ditionnelle jugée “dépassée”par une pêche industrielle moderne “facteurs de
développement” par les effets d’entrainement qu’elle est sensée exercer sur
l’ensemble du système économique. Il convient de faire évoluer la pêche
artisanale” vers une pêche artisanale plus performante, non pas vers une
quelconque pêche industrielle” (J. WEBER).

L’évolution actuelle a amené une obsolésance de ce matériel auquel se subs-
titue la senne tournante qui n’opère pas à partir de la plage. L’activité
de pêche n’est plus du ressort de la communauté villageoise (ou des quartiers)
mais d’un groupe limité
La production connaît des changements aussi bien quantitatifs que
qualitatifs.
Les débarquements dimi.nllent d’année en année jusqu’à à entrainer
des sorties en mer de plus en plus longues pour les sennes tournantes et mê-
me des deplacements plus fréquentes sur d’autres zones de pêche. Cette situa-
tion affecte tous les villages de la presqu’île du Cap-Vert allant de Bargny
à Ouak.am.
Les captures ont beaucoup changées. Certaines espèces autrefois
capturées en quantité deviennent rares et parfois disparaissent,
11 y a apparition d’espèces peu frisées pour les consommateurs
mais que la chute vertigineuse de la production permet d’écouler sur le
marché.
La population accusent l’entrée en jeu des bateaux de pêche. Le
déclin brutal correspond à une activité des bateaux tout près de la plage.,
D’autre part les recherches entreprises au niveau du CRODT ont
permis de deceler le caractère destructeur des sennes de plage traditionnel-
lement employées. Ce type de filet déverse sur la plage les poissons juvéniles
avec des pertes énormes sur les potentialités de reproduction.
Le dernier mot reste que l’exploitation et ses répercusions doivent
être cerner de près. .L’exemple du village de Thiaroye Sur Mer est là pour juger
de l’opportunité d’une gestion correcte des ressources haliteutiques.

3.2. LES PERSPECTIVES DE LA PLANIFICATION
L’effort visant à instaurer une véritable planification devra com-
porter deux phases.
Dans un premier temps, l’élaboration de statistiques fiables fruits
d’un effort de collecte continuel doit viser à combler les lacunes actuelles
en la matière.
Les données au niveau du CRODT couvrent l’évaluation des stocks
halieutiques, le tonnage annuellement débarqué, les tonnages des principales
espèces afin de voir l’évolution de chaque espèce, l’évolution de l’effort
de pêche de flottes nationales et étrangères,l’évolution de la main d’oeuvre
-dans le sous-secteur.
A long terme, cette collecte du maximum de renseignements statisti-
ques permettra la constitution progressive d”un inventaire général des prin-
cipales variables économiques,
permet t a n t d e
decr-ire
les tendances
oui constituent la substance même du processus de développement, de dégager
des lois de comportement économique, d’expliquer l’évolution économique et
sociale à l’appui des politiques de développement.
Dans un second temps, la connaissance du sous-secteur sera appro-
fondie par une utilisation poussée de l’appareil économétrique notamment par
l’utilisation de modales sous-sectioriels de similation économique.

A N N E X E 1
-o-o-o-
Les conséquences d’une exploitation non rationalisée des ressources
halieutiques :
L’exemple de Thiaroye Sur Mer
Thiaroye Sur Mer est un village d’agriculteur -pêcheurs de la pres-
qu’île du Cap-Vert situé à mi-chemin de Dakar et Rufisque. Le village installé
vers 1836 avait de tout temps fait le bonheur de ses habitants partagé entre
la culture maraîchère florissante et la pêche sur une mer abondante en pois-
sons. L’abondance du poisson était une caractéristique de tous les villages
environnants.
Depuis le début des années 1970, le village connaît de profondes
transformations en rapport avec l’évolution des conditions de travail au
double niveau de l’agriculture et de la pêche.
Au niveau du village ,la dégradation notables des conditions de
culture s’explique par la sécheresse persistante, les cultures intensives
suites à la raréfaction des terres largement entamées par une forte demande
d’espace d’habitation.
C’est la dégradation des conditions au niveau de la pêche qui
s’explique moins au niveau du village. On note des mutations sur l’organisa-
tj.on sociale du travail et la production.
L’élèment dominant autour duquel s’organisait le travail fut tout
d’abord la senne de plage. C’est un filet variant entre 250 et 1 500 mètres
rattaché sur chaque bout Zi des cordes pouvant dépasser 300 mètres, tiré sur
b
la plage par un grand nombre de personnes atteigant quelque fois la centaine,

1 8
TABLEAU 1. - Les exportations sénégalaises
ANNEES
EXPORTATIONS
1977
1978
Produits arachidières
75,5
23,5
Poissons frais
495
597
Crustacés, mo 1 lus ques
et coquillage
4
593
Conserves de poisson
798
696
Poissons total
16,4
17,6
Phosphates
1 5
13
Produits pétroliers
12,8
13,6
Total exportations
152,9
95,2
Total importations
187,5
170,3
Taux de couverture %
81,5
5 6
Total pêcheltotal expérimental
10,7
18,5
PIB
483,6
480,9
-
Valeurs en milliards CFA
Sources : Analyse du commerce extérieur
Ministike de l’économie et des Finances
Direction de la statistique

TABLEAU II.- Quelques données sur la pêche
maritime au Sénégal en 1981(l)
1 - Production de poissons frais (débarqué)
Pêche artisanale
160 000
Pêche industrielle(2)
90 000
Total
250 000
2- Consommation du marché intérieur
En frais :
Consommation locale
20 000
Mareyage
70 000
dont : surpêche artisanale
: 60 000
surpêche industrielle : 10 000
En transformés
Transformation artisanale
40 000
Transformation industrielle
(négligeable)
Consommation totale
130 000
soit à partir de la pêche artis. : 120 000
t,
11
indust, :
10 000
3- Exportations (en équivalent frais)
Exclusivement en transformé
Transformation artisanale
10 000
Transformation industrielle
Il0 000
dont : origine surpêche artis.
: 30 000
II
t!
indust , : SO 000
Total des exportations
120 000
soit
à partir d’une production
purement artisanale : 10 000
à partir d’une production
purement industrielle 80 000
à partir d’une production
mixte : 30 000
Poids en tonnes
Source :
-
-
CRODT données (J . WEBER)
1) Pêche continentale et production d’huitres exclues
2) mise à terre des chalutiers étrangers à Dakar incluses

2 0
TABLEAU III.- Données sur la pêche maritime au Sénégal en 1981
(bis)
4- Flottille
Flottille industrielle
(chalutiers basés à Dakar)
Chaluiers sénégalais
114
Chalutiers français
2 0
Flottille artisanale
Pirogues motorisées à 90 %
4 350
5- Emplois
Emplois industriels
Marins
3 000
Emplois pour l’ensemble du secteur
10 000
Emplois artisanaux
Pêcheurs
32 000
Personnes “tirant tout ou partie de leur revenu
150 000
de la pêche artisanale”
6- Valeur de la production en frais estimation(3)
Pêche industrielle
11 milliards CFA
Pêche artisanale
11

1,
Taux de valeur ajoutée sur production(4)
Pêche industrielle : 30 %
Pêche artisanale
: 65 %
Source :
CRODT (A. FONTANA, J. WEBER)
-
-
3) Valeur estimée d’après les mises à terres
4) Ordre de grandeur calculés à partir de comptes d’exploitation-
types données à simple titre d’indication

TABLEAU IV. - Saisie par La comptabilité nationale
de l’activité de transformation industrielle
-
ANNEES
C.A.
SALAIRES/C.A.
-
1974
9 021
197.5
10 494
1976
13 703
1977
8 475
1978
24 225
1979
13 063
1980
34 551
1981
34 201
-
En millions de F CFA courants
(A partir de 1978, l’activité de pêche industrielle et l’ac-
tivité conditionnement sont amalgamées dans les comptes
nationaux}.
Source : Comptabilité Nationale
Q.U.C.F.

2 2
TABLEAU VII.- V.A. dans le sous-secteur pêche
--
ANNEES
V.A. PECHE
V.A. PECHE
V.A. PRIMAIRE %
1960
196
558
1965
292
796
1970
298
10,3
1975
4,6
13,4
1977
434
13,5
1978
596
20
1979
336
10,7
1980
631
19,2
Evolution V.A. milliers de F CFA
1979
1980
1981
1982
V.A.
11 200
12 700
17 300
21 400
V.A. secteur primaire
13 600
120 100
121 000
183 200
V.A. de la pêche
9 %
12 %
15 %
12 %
Source :
-e
VIe Plan du développement océanographique et social.
Ministère du Plan et de la Coopération

TABLEAU V.- Exportations en 1981
13 872 669
Conserves
37 498 726
Autres: farine, huile de poissons, poissons trans-
formés, etc...
Source : DOPM

2 4
TABLEAU VI. - Evolution de l’effectif des pêcheurs
de 1963 à 1979
1966
1977
25 104
26 040
1971
1972
I 27 360
28 280
1976
1977
49 000” j 35 013 j
* Données à revoir
Sources :
DOPM
Situation économique du Sénégal
Direction de la statistique
TAMA = Taux annuel moyen d’accroissement

TABLEAU VII.- Exécution de plan , sous secteur pêche
en millions de F CFA,, au 30 juin 1981
COUT
FINANCEMENT REGLE~~ENT
TAUX DE
FAUX D'EXECU-
Ve PLAb
ACQUIS
:ONSOMMATIOJ L'ION DU PLAN
-
-
Pêche
2 477
23
23
industrielle
10 876
10 767
Pêche
5 372
2
60
55
artisanale
4 857
960
Pêche
147
127
86
72
continentale
175
Formation
350
19
19
100
5
TOTAL PECHE 16 773
15 790
5 583
35
33
Source : Bulletin semestriel d'information sur l'éxécution du plan.
Bilan au 30 juin 1981 no 10

2 6
B I B L I O G R A P H I E
-o-o-o-
CHABOUB (C.), 1981.- Les mareyeurs du Sénégal. Dot. sci. CRODT, 104 p,
40 fig., 62 tabl. + ann.
CHAUVEAU (J.P.), 1983.- Sociologie de la pêche maritime au Sénégal :
méthodologie et recherches en cours. Dot. sci. CRODT, 84 : 37-54
DEME (M,), 1983.- Les exportations de la pêche artisanale sénégalaise.
CRODT, 35 p.
DOPM, mars 1982.- Résultats généraux de la pêche maritime sénégalaise
DOPM, 1974.- Situation et évolution du sous-secteur pêche : Analyse de
la période de référence 1960-74.
DOPM, 1979.- Réajustement du Ve plan. Rapport de la commission de planifi-
cation "pêche", no II bis du 3 janvier 1979.
DIOUF (M-1, 1979.- Economie Politique. Tome 1 Economie descriptive,
NEA, 301 p.
Direction de la statistique, 1982.- Situation économique du Sénégal, 280 p.
EVERETT (G.), 1976.- Développement et planification halieutiques dans la
région du COPACE, vue d'ensemble. Revue FAO, 1971, série 75/4.
COPACE/PACE.
KEBE CM.), 1982.- La pêche cordière au Sénégal : Bilan et perspectives
Dec. sci. CRODT, 81-20 p.
KEBE (M.), Rapport de mission. Pêche "industrielles" au Sénégal
CRODT.
Ministère de Plan et de la Coopération, 1981.- Bulletin semestriel d'infor-
mation sur l'éxécution du plan. Bilan au 30 juin 1981, no 10 229 p
,Yinistère du Plan et de la Coopération, 1981.- VIe plan quadrienal de
développement économique du Sénégal.

T A B L E
D E S
M A T I E R E S
-o-o-o-
AVERTISSEMENT
REMERCIEMENTS
INTRODUCTION
1. L'ETAT ACTUEL DES CONNAISSANCES EN MATIERE DE PECHE
1,1. Les statistiques de la pêche
I,l.l. La production
1.1.1.1. La pêche artisanale
1.1.1.2. La pêche industrielle
1,1,2. Les investissements
1.1.3, Les emplois
1.2. Evaluation du poids de l'économie de pêche
1,2.1, La satisfaction de la consommation intérieure
I-2.2. La contribution à la formation du PIB
2. LES PROBLEMES LIES AU DEVELOPPEMENT DE LA PLANIFICATION
2-l. L<'information statistique
2.2. Le circuit de distribution
2.3. L,e caractère régional des stock de poisson
3. L*is. LOGIQUE DES CHOIX DE DEVELOPPEMENT ET LES PERSPECTIVES DE LA P'LANIFICATIOK
3-I. La logique des choix de développement
3,2, Les perspectives de la planification
ANNE<XES I : Les conséquences d'une exploitation non rationalisée des
ressources halieutiques-
L'exemple de Thiaroye S/Mer
II: Tableaux
BIBLLOGRAPHIE