189 E T U D E D U Z O O P L A N C T O N C O T...
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E T U D E D U Z O O P L A N C T O N C O T I E R
4 E T D E S O N
UTILISATICN
P A R L E S J U V E N I L E S D E P O I S S O N S P E L A G I Q U E S
C O M M E S O U R C E D E N O U R R I T U R E
Mayra GAERTNER MED I NA
I N T R O D U C T I O N
Dans le cadre du programme “Environnement de la petite côte”, une étu-
de du zooplancton a été entreprise en février 82.
Au préalable l’écologie du plancton avait été étudiée par SEGUIN (1966),
les variations saisonnières de la biomasse par TOURE (1971)) ceci poi-ar les
eaux sénégalaises.
Les buts de ce travail sont d’une part l’étude des variations spatio-
temporelles des espèces les plus représentatives du milieu (?i partir de mars
1982), et d’autre part des relations trophiques existant entre le zooplanc-
ton et quelques espèces de poissons pélagiques (depuis mai 1982).
La zone d’étude se situe entre le Cap Vert et la Somone, de la côte à
l’isobathe de 50 m.
1 .
M E T H O D O L O G I E
E X P E R I M E N T A L E
1.1. SELECTIVITE DU FILET
Durant le mois de mars 1982, des échantillons de zooplancton provenant de
six stations situées sur des fonds de 20 m (Fig. 1) (1) ont été analysés.
-I_--
-
- -
a
-
-
(1) Prélèvements fournis par C. SERET.

190
A chaque station, des traits obliques ont été effectué,8 au moyen de quatre
filets de mailles différentes : 100, 355, 500 et 1 OOC microns.
Afin de comparer les prises des filets, les organismes sont placés dans
une cuve de Dollfus, puis identifiés et dénombrés sous une loupe binoculaire.
Les échantillons au sein desquels lies individus étaient peu nombreux ont
été recensés en totalité (généralement ceux provenant des traits du filet de
1000 microns) ; ceux de densité importante ont fait, au contraire, l’objet
d’un sous-échantillonnage.
En vue de comparer les distributions de fréquences de tailles des prises
des différents filets, on a mesuré les C#ent premiers individus rencontrés dans
la cuve.
i
1.2. STRATEGIE D’ECHANTILLONNAGE
Onze zones ont été établies entre le Cap Vert et la Somone en tenant comp-
te de la situation des upwellings décrits antérieurement (TOURE, comm. pers.),
du gradient de profondeur et d’un éventuel gradient Cap Vert-Somone. Pour tenir
compte de l’hétérogénéité géographique d’e l’aire d’étude, nous avons définides
strates appartenant ou non B un secteur d’upwelling (Fig. 2). Chaque zone a été
divisée & son tour en 16 sous zones (de 10,s milles de côté), dont trois sont
tirées au sort et seront appelées stations (échantillonnage aléatoire simple -
EAS - dans chaque strate) .
Pour effectuer cette étude, un seul filet de 355 fl muni d’un flowmeter a
été utilisé. Les traits obliques ont une durée de 5 Zi 8 mn pour une vitesse du
bateau de ‘2 noeuds. Tous les échantillons ont été mis dans des flacons de 5OOml
et fixés avec du formol à 5 X. La tempér.ature de surface a été notée.
Au laboratoire l’échantillon a été fractionné B l’aide d’une boîte de Moto-
da pour obtenir un aliquote, lequel sera mis dans une cuve de Dollfus afin d’i-
dentifier et de dénombrer les organismes sous la binoculaire.
Une foisla stratégie d’échantillonnage définie-, les prélèvements de ZOO-
plancton ont été réalisés chaque mois en saison chaude et tous les 15jours pen-
dant la période d’upwelling en utilisant deux filets (100 et 355 p).
1.3. ANALYSE DES CONTENUS STOMACAUX DES POISSONS
Parallèlement a l’étude du zooplancton, une analyse des régimes alimentaires
des juvéniles de poissons a été faite.
Cette étude mensuelle porte sur les contenus stomacaux des juvéniles de
Sardinella eba et S. aurita p&hés a la senne de plage, ainsi que sur d’autres’
juvéniles de poissons suffisamment abondants pour être échantillonnés, et moins
régulièrement sur des adultes des deux espèces de sardinelles pêchés 3 la senne
tournante.
Au laboratoire, les poissons sont mesurés (longueur à la fourche et ouver-
ture de la bouche), les estomacs sont prélevés et conservés dans du formol à 5X..
Lors de l’étude le contenu de l’estomac lest versé dans une cuve de Dollfus,
puis observé sous une loupe binoculaire. Les cent premières proies observées
étaient mesurées ; dans un premier temps sans tenir compte de l'espèce puis P~US
tard en tenant compte du groupe taxonomique.

191
2 .
R E S U L T A T S
2.1. ETUDE DU PLANCTON
2.1.1. Sélectivité des filets
Les fréquences de tailles pour des classes de 400,um sont rapportées dans
le tableau 1. Pour chaque type de filet, les données des 6 stations ont bté re-
groupées en un seul histogramme (Fig. 3). On remarque que pour le premier filet
(1OOym) les petites classes de tailles ont des forts effectifs, surtout la 2;
alors que pour le filet de 355 prn la 4 prédomine. Les filets de 500 et IOOO~m
présentent une distribution unimodale axée sur cette même classe’bien que moins
importante que précédemment.
2.1.2. Stratégie d’échantillonnage
Une analyse factorielle en composantes principales a été effectuée (2)
sur les 19 taxons-variables les mieux représentés (Tableau 2), et sur 32 sta-
tiens, Le tableau d’abondance, correspondant aux comptages a été soumis 2 une
transformation log (X+l). Sauf pour les zones 2 et 5 où il existe une grande
variabilité entre les stations (Fig. 4), l’homogénéité des zones est visualisée
par la proximité des stations d’une zone donnée. Les stations 10 et 11 n”ont
pas été prises en compte pour cette analyse, étant échantillonnées a une date
différente des autres. Si l’axe 1 (32,77 % de la variante totale) paraît être
un facteur “éloignement de la côte”, le troisième (12,84 X de la variante totale)
sépare les stations du Cap Vert (6 et 3 un degré moindre la 7) de celles de la
Somone (8 et 9) ,
2.1.3. Indices de diversité
Pour connaître la structure des peuplements zooplanctoniques et voir com-
ment ceux-ci varient, un indice de diversité a été calculé ; l’indice de
SBANNON qui donne une information sur les distributions des effectifs des es-
pèces trouvées (Tableau 3) (BINET et al., 1972, DAGET, 1979 at FRONTIER, 1981),
nous paraît le plus adéquat. Sa formulation est :
b
1 1s
p i log2 p i
. z
1 " 1
(bits/individu)
.
avec pi = 7 , la probabilité de trouver une espèce ;
s = nombre total des espèces.
Cet indice montre l’état d’évolution d’une communauté ; par exemple si nous
sommes en présence d’une biocénose vieille ou, au contraire, d’un peuplement
jeune (pauvre en diversité) en train d’évoluer.
Les valeurs mensuelles par stations ont été calculées (Fig. 5) pour les deux
types de filet (100 et 355 prn) .
Au mois de juin (où il y a eu des prélèvements) la diversité est la plus
faible et coïncide avec le début de la saison chaude salée.
- Pour le filet de 1OOpm on peut remarquer une diminution de la diversité
pour les stations côtières 1,2,3,4 et 5 durant octobre.
-----
-a-
.--
(2) Programme informatique écrit en langage Genstat par F. LALOE sut
IBM 4331 du CRODT.

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-----
* y..“IIII-------
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-“-.-

-~.-
192
- Pour le filet de 355pm, les stations 3,4,5,7 et 8 connaissent un phéno-
mène identique mais en novembre ; cela colïncide avec la saison de transition
OB les eaux froides commencent 1 envahir ce secteur (TOUR, comm.pers.).
Les stations du large (10 et 11) ont des valeurs indiciaires plus élevées
et plus stables que celles qui sont voisines de la côte. Pour le filet de 100~.
cette stabilitb apparaît pour les stations 6,7,8,10 et 11.
2.1.4. Discussion
- Dans l’étude de la sélectivité des filets, celui de IOOpm présente une
distribution bimodale donnée par les 2éme et 4ème classes de tailles ; le pre-
mier pic est représenté par des petits organismes comme Oithona nana (Fig. 3)
ou par des ju&niles d’Oncaea sp, le second par des Paracartia grani. Le filet
de 355 p a une distribution unimodale caractérisge par l’importance de la
classe 4 à laquelle appartiennent les P. grani.
-
-
- Dans la stratégie d’échantillonnag:e, nous avons mis en évidence un gra-
dient côte-large (de 0 à 25 m de profondeur), et nous supposons qu’il existe
aussi pour la profondeur de 50 m (stations 10 et 11). En plus si nous avons
observé un facteur géographique Cap Vert-Somone pour les stations 6,7 et 8-9
nous ne l’avons pas observé pour les stations côtières. Cela est peut être dÛ
B la saison froide (homogénéité sur la couche superficielle des 5-8 m).
- Malgré le fait que pour l’indice de diversité nous n’avons pas encore un
cycle annuel complet, nous pouvons observer qu’il fluctue avec l’évolution des
masses d’eaux.
Au début de l’arrivée des eaux chaudes salées (en juin) il atteint sa va-
leur la plus faible, il ne redescend que pour les mois de novembre-décembre
qui correspondent B l’arrivée des eaux froides (TCURE, comm. pers.).
Nos observations sur les hautes valeurs de l’indice de diversité pour les
stations du large (10 et 1.1) concordent avec celles de BINRT et al. (1972) ef-
fectuées au Congo.
2.1.5. Conclusion
Dans la première partie de cette étude nous pouvons conclure :
Sélectivité I le filet de 100ym est le seul a capturer de petits organismes
( c l a s s e 2). ; quant à la classe 4 c’est la plus abondante avec les trois autres
filets mais c’est le filet de 355,um qui l’échantillonne le mieux. Aussi avons
nous retenu les filets de 100 et 355pm.
Stratégie d’échantillonnage : un facteur “éloignement d.e la côte” a été
mis en évidence, ainsi qu’un autre plus géographique “Cap Vert-Somone”, mais
ici seulement pour les stations qui ne sont pas côtières (6,7,8-g). Pour tenir
compte de ces deux gradients nous avons donc gardb les onze zones d’échantillon-
nage.
Indices de diversité : le suivi mensuel des communautés zooplanctoniques
montre deux périodes de renouvellement des populations en 9tui.n et oc tabre.-
novembre , phénomène surtout marqué pour les gros individus (comparaison avec
le filet de 355,um). Pour les petits organismes (avec le filet de 100~) la
transition d’octobre-novembre n’apparaît ‘pas aux stations 7,8,10 et 11.
Pour’cette première étude, l’absence pour le moment d ‘un cycle annuel cm-
plet nous limite dans la bonne exploitation de nos données, L’achèvement de ce
cycle d’une part, une analyse détaillée des variatians spatio-temporelles des
.

193
espéces les plus représentatives d’autre part, nous permettra de mieux cerner
l’écosystème composé par le zooplancton de la “petite côte” du Sénégal et ainsi
de le comparer avec des écosystèmes similaires mais dont les variations sai-
sonnières sont inversées, comme celui du Congo.
2.2. LE REGIME ALIMENTAIRE DES POISSONS
Plusieurs auteurs ont dgja abordé le probléme qui se pose sur le choix de
différentes proies en particulier pour les sardinelles adultes (BARTH, 1970 ;
DIA, 1972 ; PHAMTHUOC et al., 1973 ; NIELAND, 1976 ; BOELY, 1979), et pour les
larves de clupéides et d’autres poissons (ARTEIUR, 1976) ; mais zuLcun travail
n’avait été ef$ectué sur les juvéniles ce qui nous a incité a porter un effort
particulier sur ces derniers.
L‘analyse des contenus stomacaux de juvéniles de S. eba et.S. aurita et
L
3
moins régulièrement des adultes de ces deux espèces a eté realisée’ afin de voir
s’il y avait des changements dans leur régime alimentaire en fonction des va-
riations des communautés planctoniques. Nous avons cependant étendu cette étude
à des juvéniles de poissons abondants dans la capture lors de l’échantillonnage,
par exemple Engraulis encrasicolus, Scomber Japonicus, Trachiurus trecae,
Diplodus bellotti et Brachydeuterus auritus.
2.2.1. Abondances relatives des proies (Fig. 6)
A. Pour S. eba et S. aurita (19 cm de longueur CI la fourche (Lf).
Les premiers résultats portant sur des échantillons prélevés de juin Zi sep-
tembre, permettent de mettre en évidence l’importance des copépodes qui cons-
tituent environ 77 % du zooplancton ingéré ; avec notamment 0. nana (38 a 44 %) e
B. Pour S. eba > 19 cm
Nous n’avons eu des prélèvements qu’aux mois de mai et d’août. On peut ob-
server que les copépodes sont là aussi importants ; ils forment 84 X du zoo-
plancton total, avec le groupe Calanoida (66 X), nettement supérieur aux autres
groupes, représenté surtout par Paracartia grani (60 %).
C. Pour les juvéniles d’autres poissons
Engraulis encrasicolus (juin-juillet) : les contenus stomacaux se distin-
guent par une grande abondance des larves des cirripédes,73 X, tandis que les
copépodes ne constituent que 24 % des proies dont 19 X pour 0. nana
Scomber j aponicus (juin) : les copépodes totalisent 67 % des proies bien
répartles entre ; le groupe calanoida (33 X dont 22 X pour P. grani), 0. nana
(20 X) et les larves des cirripédes (22 %).
Trachiurus trecae (juillet) : les copépodes représentent 92 % des proies,
avec 45 % pour les Harpacticoida et 21 % pour P. grani.
Diplodus bellottii (aoQt) : le groupe le plus abondant est celui des Barpac-
ticoida qui atteignent 89 X des proies.
Brachydeuterus auritus (septembre) : 78 % pour les copépodes qui sont. sur-
tout représentés par p. grani (55 x), les larves des cirripédes (9 Y) et les
crustacés (9 X).

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194
2.2.2. Distribution de frikyences de tailles des ‘proies
-w
Quelles sont les tailles des proies utilisées par les différentes espèces
jeunes et adultes 1
Pour répondre 3 cette question,
les pourcentages des effectifs totaux trouvés pour chacune d’entre elles ont
été calculés (Tableau 4).
La représentation graphique de ces mêmes données (Pig. 7), montre que :
A. S. eba et S. aurita juvéniles : les proies ont 1.a &me distribution de
fréquencx taineS(caractkisée par ordre dbcroissant d’importance, par
les classes 3d2 et 4) laquelle est tr& proche de celle des captures du filet
de lOOJ/m (3,i,4 et 5).
B. Pour 8. eba, 19 cm, les proies ont une distribution des classes de
taille diffkente et l’éventail des tailles est plus large. On trouve surtout
les classes 3 et 4 suivies des classes 5,6,7,2 et 8 ; tandis que dans le milieu
(filet de 355pm), ce sont les classes 5,6 qui dominent, suivies des classes 4,
7 et 3.
On peut donc dire que les juvéniles de sardinelles se limitent à 2 OU 3
classes de taille (3,2 et 4) de proies qui sont nettement supérieures en abon-
dance par rapport aux autres. Tandis que chez les “grosses sardinelles”, seules
les proies trop petites ou trop grosses ne sont pas recherchées.
C. Pour les autres esp&es de poissons (Fig. 8) :
E. en,crasicolus sélectionne les classes 4,3 et 5 ; T. trecae et D. bellottif
choisissent lamême distribution de fréquewe de taille de.m(4,5,3 et 6) l
Chez ‘S. tritor et B. auritus la taille des proies s’étend de’ la classe 2 à la 7.
Les especes p: E. encrasicolus, T. trecae et D. bellottü entrent en compéti-
tion pour le choix de la taille de la nourriture avec les juvéniles de S. eba
et S. aurita. Tandis que B. auritus, bien que représenté par des individus de lou-
gueur identique Zi ceux des précédentes espèces, et S. tritor (le seul qui soit
différent en taille) se distinguent des esphces précédentes par une amplitude de.
choix plus vaste.
2.2.3. L’indice d’électivité
Les poissons capturent-ils activement leurs proies en sélectionnant ter-3
taines catégories de tailles ou se contentent-ils de filtrer passivement le
plancton ?
Pour tenter de répondre !zI cette question, IVLEV ( II 961) a proposé un indice
d’électivité dont la formulation est :
e. p.
E=
l- 1
e. p.
1+ 1
avec
e. = abondance relative de l’espéce proie dans 1”estomac du prédateur.
1
Pt = abondance relative de la même espèce dans le milieu
J.
L’indice d’électivité varie de -1 B +1.
si e
.Itration passive
i = pi alors E = 0 : absence de sélectivite, fi
(au hasard) .
.

195
si ei > pi alors E = 1 : il existe une sélectivité, le poisson choisgses
proies.
si ei ( pi alors E = -1 : les proies sont trop grosses ou trop rapides pour
être ingérées convenablement pour le poisson ou
encore trop petites pour être retenues par les
branchies.
A. Electivité en considérant la taille (fig. 9)
Pour les juvéniles de S. eba et S. aurita l’indice est calculé en prenant
pour référence les captures du filet de 100pm qui seul échantillonne conve-
nablement les $roies des juvéniles. Il apparaît ainsi que les deux espikes se
nourrissent préférentiellement de proies de la classe 2. Celles de la classe 3
sont également bien utilisées mais sans qu’elles fassent l’objet d’une préfé-
rente.
Pour les S. eba) 19 cm, si on calcule l’indice en tenant compte du filet
1OOpm il apparazt que les classes égales ou supérieures a 4 sont surconsommées;
mais ces classes étant mal échantillonnées par le filet 1OOpm ce résultat
n’est pas probant. On peut en revanche conclure que les classes 2 et probable-
ment 3 sont sous utilisées.
Si on se référe aux prises du filet 355rm les classes 2,3,4 et 8 seraient
recherchées. Mais comne seules les classes 4 et probablement 5 sont bien échan-
tillonnées par ce filet on en conclut que seule la classe 4 est recherchée, la
classe 5 étant sous utilisée. La classe 8 n’étant pas convenablement échantillon-
née par le filet 350ym, la surconsommation apparente de cette classe n’est en
réalité qu’une sous consommation moins grande que celle des classes voisines,
mais nous ne savons comnent expliquer ce phénomène.
B. Electivité en fonction des espèces.
Si on fait les calculs d’une manière globale on obtient un indice que l’on
peut qualifier de “saison chaude” (mai B septembre), pour chaque groupe et es-
pèces proies trouvés dans les estomacs des prédateurs ; cet indice donne les
résultats suivants :
- Pour S. eba et S, aurita ( ( 19 cm) (Fig. lO), les cop&podes appartenant
aux groupes Cyclopoida (0. nana) et Harpacticoida (Euterpina sp, E. acutifrons
et Microsetella norvegkm recherchés.
Les Calanoida, au niveau de groupe, ne le sont pas mais au niveau spécifi-
que cela est différent ; les Acartia sp sont surconsommés, ainsi que Temora
m-
turbinata (par S. aurita seul-z
Si les larves de cirripédes (de Lepas et de Balanus) sont recherchées, les
nauplii le sont plus ou moins ainsi que les crustwes amphipodes). Les la-
mellibranches le sont par S. eba.
- Pour S. eba>l9 cm (fig. Il), pour les deux périodes des prélèvements :
P. grani, Acartia SP., Euterpina sp, E. acutifrons, les larves Lepas et les
cladoceres sont très recherchés.
Eucalanus sp, Centropages chierchiae, C. furcatus, Temora sp, 0. plumifera,
les genres Paracalanus, Clausocalanus et Ctenocalanus, et les larves de crustacés
sont peu consommées.
.

En mai et août on observe que M. norvegica et 0. nana subissent une pré-
dation active si les calculs sont effectués avec le-résultats du filet 355/m -
- Pour les juvéniles d’autres espèces de poissons (fig, 12) ; Engfaulis
encrasico1us, Scomberomorus tritor, Trachurus trecae, Diplodus bellottrtet
Brachydeuterus auritus chassent les Harpacticoida (surtout les Euterpina SP).
Tous les poissons a l’exception d’E,, encrasicolus recherchent les P. grani.
T.‘turbinata est recherché par E. encrasicolus, S. tritor et B, auritus.
M. norvegica 1”est par E. encrasicolus et T. trecae.
Les larves des cirripgdes (larves de Lepas) sont recherchées par E. encra-
sicolus, S. ttiitor, T. trecae et B. auritus. Quant B celles de crustacms
sont surconsommées par S. tritor, T. trecae et B. auritua. Euterpina sp est la
seule espi%ce trouvée dans tous les estomacs.
-
Sauf dans le cas de S. eba et S. aurita (juvéniles) où les deux régimes
-
-
alimentaires se superposent exactement,
YGce qui concerne ka comparaison de la
diéte des autres poissons, on constate 1”absence de certaines proies chez cer-
tains prédateurs et pas chez d’autres ; mais cela s’explique peut-être par le
fait que les prélèvements n‘ont pas été faits B la même date.
C. Comparaison entre les différentes; esp&es de prédateurs.
La proximité des régimes allmentaireis de différentes espèces de poissons
a été calculée au moyen d’un test non paramétrique de corrélation des rangs de
Spearman. Les différents descripteurs-proies, classés taxonomiquement, sont trans-
formés en rangs par ordre croissant pour chaque prédateur (objet).
La siinilitude entre le régime alimentaire des espèces de poissons j et k
sur n proies se fait de la façon suivante :
-5- d ?
R. ,1_6y;o_l
Jk
n(n -1)
avec d. - r..-r.
(différence entre le rang de la proie i dans la diète du pois-
1
XJ lk son 3 et celui du poisson k).
n - nombre total des proies.
La matrice de corrélation inter-poissons est reprgsentée ci-dessous :
S . e . 1,OOOO
S.a. 0,8498
1,0000
S.e. 0.4580
0,6047
1,0000
E.e. 0,5259
0,6159
0,359s
1,0000
T.t. 0,5296
0,5969
0,4296
0,593s
1,0000
D.b. 0,5223
0,5469
0,3718
0,4486
0,766O
1,0000
B.a. 0,441O 0,5882
0,5188
0,516s
0,7422
0,5726
1,0000
S.t. 0,3977
0,542s
0,6154
0,5166
0,5911
0,5432
0,61)87 1,0000
S. eba, S.aur;ita'S.eba E.eacra-.T.:tre- D.bel- B.auri- S.tri-
juvéniles
19
slcolus
cae
lotti;
tus
tor
-
-
-
-
Toutes ces espèces sont corrélées significativement au seuil de 95 Z, à
l'exception de S. eba et E. encrasicolus ; cependant, quelques unes le sont
I

197
plus que d’autres. La très forte corrélation entre les régimes alimentaires
des juvéniles des deux espèces de sardinelles apparaft nettement.
La corrélation entre les juvéniles de S. eba et S. tritor ainsi que B.
-n .
auritus (0,441O et 0,3977) est plus faible. Ce qui cornclde avec les obser-
vations que nous avons faites pour les distributions des fréquences de tailles
(fig.7 et 8).
Il en va de même pour S. eba) 19 cm qui est faiblement carrelée avec E.
encrasicolus, T. trecae et D. bellottii (0,3595 ; 0,4296 ; 0,3718), ce qui -
concorde avec les différences notées pour les classes de tailles (Fig.7 e!t 8).
2.2.4. Discussion
En l’abs&ce de travaux antérieurs sur les juvéniles de sardinelles,, nous
ne pouvons faire la comparaison que sur les adultes. Nous avons trouvg que S.
eba s’alimente surtout de copépodes (de Calanoida : P. grani ; d’Harpacticorda:
Euterpina sp, E . acutif rons ; de larves de cirripédem, ce qui confirme
les travaux de DIA (1972) sur S. eba et S. aurita chez lesquelles les copépo-
des représentent plus de la moit’ti’i?Td contenus stomacaux, le reste étant for-
mé par les autres groupes ; de PHAMTHIOC (1973), qui, pour sa part, observe
que S. aurita s’alimente de Cyclopoida, Harpacticoida, Calanoida et Euphausia-
cea ; et enfin ceux de BOELY (1979) montrant l’importance de Calanoides cari-
natus, des autres espèces de copépodes, euphausiacea et d’autres groupes,,
Les prédateurs juvéniles de S. eba et S. aurita exploitent seulement quel-
ques classes de tailles disponiblesdans le milieu, ce qui les différencie des
“grosses sardinelles” (S. eba). LEGAND et al. (1972) ont trouvé, en étudiant
les contenus stomacaux de poissons extraits des estomacs de Thon et d’blepi-
saurus, où pkhés dans le milieu (étude portant sur différentes classes de
tailles) que les petits prédateurs se limitent aux plus petites proies, alors
que les grands prédateurs ont accès à toute une gamme disponible, ce qui ap-
paraît nettement dans notre étude. ARTHUR (1976) dans son travail sur les lar-
ves de Sardinops sagax, E. mordax et T. symmetricus, signale qu’elles s’ali-
mentent d’oeufs, de naupllr et de stades juvéniles de copépodes et que le pas-
sage a une alimentation axée sur les stades copépodites ne-se fera qu’au cours
de la croissance de ces larves.
.
Un autre facteur qui joue un rôle important dans l’alimentation des pois-
sons est la vue. ANDREW (1965) trouve que le régime alimentaire de la sardine
dans beaucoup de cas est sélectif. Le fait que les sardinelles ne s’alimentent
plus pendant la nuit qu’en présence de lumière artificielle montre que l’ali-
mentation passive est en fait moins importante. La vue joue par conséquent un
rôle primordial dans la localisation de la capture des aliments.
2.2.5. Conclusion
Pour l’étude du régime alimentaire des poissons, l’analyse sur les proies
consommées reflète les “gotks” du prédateur pour telle ou telle espèce du mi-
lieu alors que l’étude sur les distributions de fréquences de tailles de ces
mêmes proies dévoile plus les capacités physiquesque possède le prédateur pour
prélever cette proie. Cette notion est étroitement liée avec les relations
d’allométrie entre l’ouverture maximum de la bouche et une longueur de reféren-
ce, mais aussi avec d’autres facteurs comme le nombre de branchiospines, etc.
Les deux analyses sont donc complémentaires pour rechercher la niche tro-
phique des poissons qui n’est qu’un des nombreuses facteurs de leur niche éco-
logique.

Cela nous mène aux conclusions suivantes :
- Les juvtiiles de sardinelles consomment préférentiellement la classe 2
mais utilisent convenablement aussi la classe 3 tandis que S. eba
19 cm
utilise préférentiellement la classe 4, Il apparaît donc que 2ilets 100 et
355pm échantillonnent assez bien respectivement les proies disponibles pour
les juvéniles et pour les adultes.
- Acartia sp, Euterpina sp, E; acutifrons et: les larves de Lepas sont tr2s
consommés par les sardmelles (petites et grosses). 0. nana et M. norvegica ne
le sont uniquement que par les juvéniles de sardineln grani et les clado-
ckes par les S. eba adultes.
- Chez l& autres espèces de poissons, qui ont approximativement les mêmes
tailles que les juvéniles de sardinelles, les proies consommées ont les mêmes
tailles S<auf chez B. auritus qui ingère des individus plus gros. Cette diffé-
rence peut être recherchge dans la relation d’allométrie qui lie la bouche B la
longueur de référence. En effet 3 longueur égale une différence dans le di.am&re
moyen d’ouverture de la bouche, a moins que ce soit le nombre et l’écartement
des branchiospines et filtres branchiaus , permet d’expliquer que cette espéce
capture des proies plus grosses que celles de E. encrasicolus, T. trecae, et
D. bellottii. Nous vérifierons cela au cours des mois B venir.
- Euterpina sp sont les seuls a être consommés par toutes les espèces de
poissons.

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