3 0 7 . C O N S E Q U E N C E S D ’ U N B A...
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C O N S E Q U E N C E S D ’ U N B A R R A G E E C L U S E
I\\NTI-SEL S U R L ’ E N V I R O N N E M E N T A Q U A T I Q U E
E T L A P E C H E
.
PdtL
L . . L E R E S T E (11
(1) Biologiste de 1'9RSTOM en poste au Centre de Recherches Océanographiques
de Dakar-Thiaroye (ISBA) BP, 2241 - Dakar (Sénégal).
3 0 8
R E S U M E
Un barrage écluse a été construit sur un petit af-
fluent de l'estuaire de la Casamance pour essayer de ga-
gner à la riziculture les terres salées situées en amont.
Nous étudions les conséquences de cet ouvrage sur deux pa-
ramètres de l'environnement aquatique (salinité et chloro-
phylle a) ainsi que sur les poissons et crustacés.
En-amont le barrage a eu pour effet d'amplifier les
variations saisonnières de la salinité mais n'a pas eu de
grandes conséquences
sur la biomasse
chlorophyl.Ifenne et
sur la pêc'he.
En revanche il empêche les exportations de nutrients
vers l'aval et isole des zones servant à ‘la croissance de
juvéniles dsespèces pêchées en aval. ):omme la crevette Pe-
naeus Y~O~%~I?ÎZS et le poisson clilp=iCûe !~thmai~osn fimbriata.
A B S T R A C T
A dam was built across a small. tributary of the Casa-
mance river in order to win salted .l.ands for rice culture.
Consequences for aquatic environment (salinity and chloro-
phyll a) and fishes and srustaceans <are examined,,
Sëasonal range of the salinity is increased above the
dam but chlorophyll and fishing are: not greatly affected.
Nutrients exports toward the estuary are prevented
and nursery grounds for species as Penaeus TwtiaZis (shrimn)
and EthmaZosa fimbrinta (clupeidsefish) are closed.
3 0 9
I N T R O D U C T I O N
Le barrage-écluse construit sur le bolon de Guide1 (fig. 1) a étG ache-
vé au début de 1983. Il est destiné 2 permettre la récupération d’environ
1000 ha de terres, initialement salées, pour la riziculture.
Nous avons cherché 3 mesurer les conséquences d'un tel ouvrage sur l'en-
vironnement aquatique : salinité, biomasse phytoplanctonique et pêche. Nos
observations portent sur la période octobre 1984~septembre 1985.
Aucune étude n'ayant été faite avant la construction du barrage,il était
difficile d'apprécier les impacts de celui-ci sur le milieu. Nous avons ten-
té de pallier cette difficulté en comparant la zone amont du barrage d'une
part avec la zone aval, d'autre part avec un petit bolon non aménagé situé
une quinzaine de km en amont, le bolon de Sindone.11 faut cependant noter
que
la profondeur est d'environ 4 m au niveau du barrage (elle diminue
vers l'amont) alors qu'elle ne dépasse jamais 1,50 m dans le bolon de Sindo-
ne.
En période des pluies, en amont du barrage, l'apport d'eau douce est
très supérieur Zl l'évaporation. Pour assurer le lessivage des sols et main-
tenir le niveau à une certaine côte, des vidanges sont réalisées. En ;Saison
sèche, au contraire, des admissions d'eau sont effectuées. Pendant la saison
des pluies 1984 (juin à octobre) il y a eu quatre vidanges. Pendant la saison
sèche 1984-1985 deux admissions ont été réalisées le 7 février et le 6 mars.
Pendant la saison des pluies 1985, quatre vidanges ont été faites, Se 28 juin,
le 24 juillet, le 8 août et le 8 septembre.
1.
S A L I N I T E
La salinité augmente entre octobre et juin
; elle chute brutalement en-
suite (fig. 2). Les salinités extrêmes notées en surface ont été 4 et 68 %Oe
La salinité est toujours plus élevce au fond qu'en surface ; la différence
est surtout nette au début de la saison sèche (novembre et décembre) et au
début de la saison des pluies (juillet).
La stratification est surtout per-
ceptible dans la zone la plus profonde,
c'est à dire la plus proche du bar-
rage ; elle disparaît quand la profondeur devient inférieure à 2 m. Dans la
couche de surface (O-2 m) la salinité diffère peu sur tout le plan d'eau à
une date donnée.
Si on compare la zone amont de Cnidel avec les deux zones de réfisrence
Le trait le plus marquant est la plus grande amplitude des variations pendant
la période octobre-juin : environ 60 Xen amont de Guide1 contre 20 %,, en aval
et 40 W, à Sindone. Si on considère que les variations en aval du barrage
sont amorties du fait de la présence de ce dernier et que les variations à
Sindone sont amplifiées du fait de la faible profondeur, il est raisonnable
de penser que, sans le barrage, l'amplitude des variations à.Cuidel aurait
été de l'ordre de 30 %,. Le barrage a donc considérablement amplifié cette am-
plitude en amont.
310
FIG. 1 ,- Zone d’étude
sx.
FIG, :?.-- Variations saisonnIerez de la
salinité
FIG. 3
V a r i a t i o n s saisonnivw < dca 1 a
ch1 orophy II e
3 1 1
2 .
P H Y T O P L A N C T O N
Le phytoplancton étant à la base de la chaîne alimentaire, son ,abondan-
ce est un indicateur de la richesse potentielle du milieu. Cette abondance
a été caractérisée par la teneur en chlorophylle : chlorophylle a et chlorw-
-
phylle totale (fig. 3) e
La teneur moyenne en chlorophylle a, en surface, oscille entre les va-
leurs extrêmes de 8 et 62 pg/l (14 et 64 pour la chlorophylle totale:) avec
une moyenne annuelle de 24 Fg/1 (26,6 pour la chlorophylle totale),, Les va-
leurs sont du même ordre que celles observées sur le bolon de Sindone. Le bar-
rage ne semble donc avoir eu aucune conséquence, positive ou négative,?,
sur
les potentialités trophiques du milieu.
Les valeurs observées dans les deux bolons de Guide1 et Sindone sont
plus élevées que celles observées en aval du barrage et celles notées sur le
cours principal de la Casamance à ce niveau. Le barrage provoque donc: un ar-
rêt de l’enrichissement du cours principal à partir du bolon.
Dans l’ensemble, et quelle que soit la zone considérée , les concentra-
tions maximales sont notées en saison sèche, entre janvier-février en: mai D
3 Y
C R U S T A C E S E T
P O I S S O N S
0
Les échantillonnages ont été réalisés à l’aide de filets à mailles de
8, 25 et 30 mm de côté, à raison d’une série de pêches pour chaaue type de
filet chaque semaine. La maille de 8 capture des juvéniles ; les deux autres
capturent des poissons de taille commercialisable et leurs résultats ont été
confondus.
Pour l’analyse des résultats nous avons tenu compte des rendements en
nombre d’individus pour les juvéniles et en poids pour les noissons de taille
commercialisable (subadulteset adultes).
3.1. JUVENILES
Abondance moyenne :
Les crevettes (Penaeus notialisl sont six fois moins abondantes en amont
du barrage que dans le bolon de Sindone. Cela tient cvidemment au fait que la
reproduction a lieu en mer et que la colonisation en postlarves de la zone
amont de Guide1 ne peut se faire qu’au moment des rares admissions d’ eau, en
saison sèche.
En ce qui concerne les poissons, toutes espèces confondues, le bolon de
Sindone est deux fois plus riche que la :zone amont de Guidel, la zone aval
occupant une place intermédiaire. En revanche il y a peu de différence quali-
tative entre les trois zones, les quatre espèces principales étant partout
Sarotherodon melanotkron, EthaZosa fimbriatu, Tilapia guineensis ei: &r2es
metanopterus, la première étant de loin prépondérante (71 % des individus en
amont du barrage et à Sindone, 60 % en aval du barrage). 11 est intéressant
de noter que les mulets, toutes espèces confondues, constituent moins de 6 %
des prises , quelle que soit la zone.
Variations saisonnières :
Nous avons présenté sur la fig. 4 les variations saisonnières d’abondan-
ce, toutes espèces confondues ; elles traduisent en fait celles de ,L;. melaxo-
thernrz Btant donné la prépondérance de cette espèce. Alors que l’abondance
3 1
2
3 1 3
varie peu tout au long de l’année dans le bolon de Guidel, que ce soit en a-
val ou en amont du barrage, elle est nettement plus forte en saison sèche
dans le bolon de Sindone. Nous ne sommes pas en mesure d’interpréter ces
différences pour le moment.
3.2. SUBADULTES ET ADULTES :
Abondance moyenne :
Les rendements globaux diffèrent peu entre les trois zones. En revanche,
la composition des prises varie sensiblement.
Les pourcentages des trois principales familles dans les prises sur les
trois zones sont les suivants :
Guide1 amont
Guide1 aval
S indone
Xugilidae
53
51
56
Cichlidae
32
28
6
Clupeidae
3
11
2 5
Si les mugilidae constituent le grappe prépondérant dans les trois zo-
nes on consta.te en revanche une tendance au remplacement des cichlidae (es-
sentiellement S. melanotheronl par les clupeidae (E. fimbriata) en passant
de la zone amont de Guide1 au bolon de Sindone, la zone aval de Guide1 pré-
sentant des caractéristiques intermédiaires.
Même en ce qui concerne les mugilidae on note des différences entre les
zones * Alors qu’en amont du barrage Liza fa'lcipinnis est très nettement domi-
nante (66 b), trois espèces ont une importance à peu près égale dans les deux
autres zones : L. falcipinnis, L. grandisquads et Mugi2 bartunensis,
L’abondance des mulets en amont du barrage est assez difficile à expli-
quer (3 moins que nous ayions sous-estimé celle des juvéniles) ; il faudrait
supposer que les conditions sont peu favorables pour la reproduction mais au
contraire très favorables à la croissance des juvéniles.
Variations saisonnières :
Les courbes (fig. 6 et 7) sont très différentes d’une zone à l’autre.
En amont du barrage on observe un important maximum d’octobre à décembre,
imputable à Liza fakipinnis et Sarotherodon melanotkron. Aucune trace de
ce maximum n’apparaît dans la zone 4 où l’on observe en revanche des rende-
ments élevés en février et mars, imputables à EthmoZosa fimbriata.
3.3. CONSEQUENCES DU BARRAGE :
Nous considérerons ces conséquences sur les crevettes pénéides et les
poissons appartenant aux principales familles.
Penaeidae :
Le barrage a eu pour effet de supprimer une zone favorable à la croissan-
ce des postlarves et juvéniles. Cela n’a aucune conséquence pour la pêche en
amont puisque de toute manière les crevettes n’atteignent pas la taille com-
mercialisable dans les bolons. Il s’ensuit en revanche une diminution du re-
crutemert dans la pêcherie située sur le cours principal de la Casamance.
3 15
Clupeidae :
Le barrage a eu pour effet de supprimer B la fois une zone de croissan-
ce des juvéniles et une zone de pêche.
Mueilidae :
Puisque de toutes manières les juvéniles sont très rares dans les bolons
le barrage n'a eu aucun effet négatif, ni sur le recrutement dans la pêche-
rie en aval ni sur la pêche en amont.
Cichlidae :
Il est possible que le barrage ait un effet négatif sur le recrutement
dans la pêcherie en aval. Il a en revanche un effet positif sur la pêche en
amont.
C O N C L U S I O N
Un barrage anti-sel a des conséquences à la fois sur l'écosystème en a-
val et sur la zone zituée en amont. Il est évident que les conséquences en
aval sont quasiment nulles avec un ouvrage aussi modeste que celui de Guidel.
Elles pourraient être sensibles, en revanche,
avec des barrages sur les grands
bolons ; elles pourraient consister en une diminution de l'amplitude des va-
riations salines, une diminution des apports nutritifs, une diminution du re-
crutement de certaines espèces, notamment les crevettes et les ethmaloses.
Le barrage ne semble pas avoir de conséquences défavorables en amont
puisque le tonnage pêché reste à peu près le même. On constate simplement fe
remplacement des ethmaloses par les tilapies et une prédominance de Liza faZ-
&pitinz~s au depens des autres espèces de mulets, ce qui ne semble pas avoir
d'importance au plan économique.
Ces conclusions doivent être considér&-s comme provisoires car elles ont
été tirées pour des conditions de salinité particulières ; or, celle-ci de-
vrait diminuer dans les années Zi venir. Les observations se poursuivront
donc pour mesurer les effets concomitants sur l'environnement aquatique.
B I B L I O G R A P H I E
ALBARET (J.J.), 1984.- Premières observations sur la faune ichtyologique de
la Casamance. Arch. Cent. Rech. Océanogr. Dakar-Thiaroye
131, 22 p*
.9
BARRY (B.), POSNER (J.L), 1986.- Bilan de trois années de suivis hydro-agri-
coles du barrage-écluse de Guidel, Basse Casamance (Sénégal). IIIème
symposium International surles sols sulfatés-acides, Dakar, 6-11 jan-
vier 1986.
LE RESTE (L.), 1986.- Conséquences sur l'environnement aquatique et la pêche
d'un barrage-écluse anti-sel en Casamance (Sénégal). IIIème symposium
International sur les sols sulfatés-acides, Dakar, 6-11 janvier 1986.
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C O N S E Q U E N C E S D ’ U N B A R R A G E E C L U S E
I\\NTI-SEL S U R L ’ E N V I R O N N E M E N T A Q U A T I Q U E
E T L A P E C H E
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PdtL
L . . L E R E S T E (11
(1) Biologiste de 1'9RSTOM en poste au Centre de Recherches Océanographiques
de Dakar-Thiaroye (ISBA) BP, 2241 - Dakar (Sénégal).
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R E S U M E
Un barrage écluse a été construit sur un petit af-
fluent de l'estuaire de la Casamance pour essayer de ga-
gner à la riziculture les terres salées situées en amont.
Nous étudions les conséquences de cet ouvrage sur deux pa-
ramètres de l'environnement aquatique (salinité et chloro-
phylle a) ainsi que sur les poissons et crustacés.
En-amont le barrage a eu pour effet d'amplifier les
variations saisonnières de la salinité mais n'a pas eu de
grandes conséquences
sur la biomasse
chlorophyl.Ifenne et
sur la pêc'he.
En revanche il empêche les exportations de nutrients
vers l'aval et isole des zones servant à ‘la croissance de
juvéniles dsespèces pêchées en aval. ):omme la crevette Pe-
naeus Y~O~%~I?ÎZS et le poisson clilp=iCûe !~thmai~osn fimbriata.
A B S T R A C T
A dam was built across a small. tributary of the Casa-
mance river in order to win salted .l.ands for rice culture.
Consequences for aquatic environment (salinity and chloro-
phyll a) and fishes and srustaceans <are examined,,
Sëasonal range of the salinity is increased above the
dam but chlorophyll and fishing are: not greatly affected.
Nutrients exports toward the estuary are prevented
and nursery grounds for species as Penaeus TwtiaZis (shrimn)
and EthmaZosa fimbrinta (clupeidsefish) are closed.
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I N T R O D U C T I O N
Le barrage-écluse construit sur le bolon de Guide1 (fig. 1) a étG ache-
vé au début de 1983. Il est destiné 2 permettre la récupération d’environ
1000 ha de terres, initialement salées, pour la riziculture.
Nous avons cherché 3 mesurer les conséquences d'un tel ouvrage sur l'en-
vironnement aquatique : salinité, biomasse phytoplanctonique et pêche. Nos
observations portent sur la période octobre 1984~septembre 1985.
Aucune étude n'ayant été faite avant la construction du barrage,il était
difficile d'apprécier les impacts de celui-ci sur le milieu. Nous avons ten-
té de pallier cette difficulté en comparant la zone amont du barrage d'une
part avec la zone aval, d'autre part avec un petit bolon non aménagé situé
une quinzaine de km en amont, le bolon de Sindone.11 faut cependant noter
que
la profondeur est d'environ 4 m au niveau du barrage (elle diminue
vers l'amont) alors qu'elle ne dépasse jamais 1,50 m dans le bolon de Sindo-
ne.
En période des pluies, en amont du barrage, l'apport d'eau douce est
très supérieur Zl l'évaporation. Pour assurer le lessivage des sols et main-
tenir le niveau à une certaine côte, des vidanges sont réalisées. En ;Saison
sèche, au contraire, des admissions d'eau sont effectuées. Pendant la saison
des pluies 1984 (juin à octobre) il y a eu quatre vidanges. Pendant la saison
sèche 1984-1985 deux admissions ont été réalisées le 7 février et le 6 mars.
Pendant la saison des pluies 1985, quatre vidanges ont été faites, Se 28 juin,
le 24 juillet, le 8 août et le 8 septembre.
1.
S A L I N I T E
La salinité augmente entre octobre et juin
; elle chute brutalement en-
suite (fig. 2). Les salinités extrêmes notées en surface ont été 4 et 68 %Oe
La salinité est toujours plus élevce au fond qu'en surface ; la différence
est surtout nette au début de la saison sèche (novembre et décembre) et au
début de la saison des pluies (juillet).
La stratification est surtout per-
ceptible dans la zone la plus profonde,
c'est à dire la plus proche du bar-
rage ; elle disparaît quand la profondeur devient inférieure à 2 m. Dans la
couche de surface (O-2 m) la salinité diffère peu sur tout le plan d'eau à
une date donnée.
Si on compare la zone amont de Cnidel avec les deux zones de réfisrence
Le trait le plus marquant est la plus grande amplitude des variations pendant
la période octobre-juin : environ 60 Xen amont de Guide1 contre 20 %,, en aval
et 40 W, à Sindone. Si on considère que les variations en aval du barrage
sont amorties du fait de la présence de ce dernier et que les variations à
Sindone sont amplifiées du fait de la faible profondeur, il est raisonnable
de penser que, sans le barrage, l'amplitude des variations à.Cuidel aurait
été de l'ordre de 30 %,. Le barrage a donc considérablement amplifié cette am-
plitude en amont.
310
FIG. 1 ,- Zone d’étude
sx.
FIG, :?.-- Variations saisonnIerez de la
salinité
FIG. 3
V a r i a t i o n s saisonnivw < dca 1 a
ch1 orophy II e
3 1 1
2 .
P H Y T O P L A N C T O N
Le phytoplancton étant à la base de la chaîne alimentaire, son ,abondan-
ce est un indicateur de la richesse potentielle du milieu. Cette abondance
a été caractérisée par la teneur en chlorophylle : chlorophylle a et chlorw-
-
phylle totale (fig. 3) e
La teneur moyenne en chlorophylle a, en surface, oscille entre les va-
leurs extrêmes de 8 et 62 pg/l (14 et 64 pour la chlorophylle totale:) avec
une moyenne annuelle de 24 Fg/1 (26,6 pour la chlorophylle totale),, Les va-
leurs sont du même ordre que celles observées sur le bolon de Sindone. Le bar-
rage ne semble donc avoir eu aucune conséquence, positive ou négative,?,
sur
les potentialités trophiques du milieu.
Les valeurs observées dans les deux bolons de Guide1 et Sindone sont
plus élevées que celles observées en aval du barrage et celles notées sur le
cours principal de la Casamance à ce niveau. Le barrage provoque donc: un ar-
rêt de l’enrichissement du cours principal à partir du bolon.
Dans l’ensemble, et quelle que soit la zone considérée , les concentra-
tions maximales sont notées en saison sèche, entre janvier-février en: mai D
3 Y
C R U S T A C E S E T
P O I S S O N S
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Les échantillonnages ont été réalisés à l’aide de filets à mailles de
8, 25 et 30 mm de côté, à raison d’une série de pêches pour chaaue type de
filet chaque semaine. La maille de 8 capture des juvéniles ; les deux autres
capturent des poissons de taille commercialisable et leurs résultats ont été
confondus.
Pour l’analyse des résultats nous avons tenu compte des rendements en
nombre d’individus pour les juvéniles et en poids pour les noissons de taille
commercialisable (subadulteset adultes).
3.1. JUVENILES
Abondance moyenne :
Les crevettes (Penaeus notialisl sont six fois moins abondantes en amont
du barrage que dans le bolon de Sindone. Cela tient cvidemment au fait que la
reproduction a lieu en mer et que la colonisation en postlarves de la zone
amont de Guide1 ne peut se faire qu’au moment des rares admissions d’ eau, en
saison sèche.
En ce qui concerne les poissons, toutes espèces confondues, le bolon de
Sindone est deux fois plus riche que la :zone amont de Guidel, la zone aval
occupant une place intermédiaire. En revanche il y a peu de différence quali-
tative entre les trois zones, les quatre espèces principales étant partout
Sarotherodon melanotkron, EthaZosa fimbriatu, Tilapia guineensis ei: &r2es
metanopterus, la première étant de loin prépondérante (71 % des individus en
amont du barrage et à Sindone, 60 % en aval du barrage). 11 est intéressant
de noter que les mulets, toutes espèces confondues, constituent moins de 6 %
des prises , quelle que soit la zone.
Variations saisonnières :
Nous avons présenté sur la fig. 4 les variations saisonnières d’abondan-
ce, toutes espèces confondues ; elles traduisent en fait celles de ,L;. melaxo-
thernrz Btant donné la prépondérance de cette espèce. Alors que l’abondance
3 1
2
3 1 3
varie peu tout au long de l’année dans le bolon de Guidel, que ce soit en a-
val ou en amont du barrage, elle est nettement plus forte en saison sèche
dans le bolon de Sindone. Nous ne sommes pas en mesure d’interpréter ces
différences pour le moment.
3.2. SUBADULTES ET ADULTES :
Abondance moyenne :
Les rendements globaux diffèrent peu entre les trois zones. En revanche,
la composition des prises varie sensiblement.
Les pourcentages des trois principales familles dans les prises sur les
trois zones sont les suivants :
Guide1 amont
Guide1 aval
S indone
Xugilidae
53
51
56
Cichlidae
32
28
6
Clupeidae
3
11
2 5
Si les mugilidae constituent le grappe prépondérant dans les trois zo-
nes on consta.te en revanche une tendance au remplacement des cichlidae (es-
sentiellement S. melanotheronl par les clupeidae (E. fimbriata) en passant
de la zone amont de Guide1 au bolon de Sindone, la zone aval de Guide1 pré-
sentant des caractéristiques intermédiaires.
Même en ce qui concerne les mugilidae on note des différences entre les
zones * Alors qu’en amont du barrage Liza fa'lcipinnis est très nettement domi-
nante (66 b), trois espèces ont une importance à peu près égale dans les deux
autres zones : L. falcipinnis, L. grandisquads et Mugi2 bartunensis,
L’abondance des mulets en amont du barrage est assez difficile à expli-
quer (3 moins que nous ayions sous-estimé celle des juvéniles) ; il faudrait
supposer que les conditions sont peu favorables pour la reproduction mais au
contraire très favorables à la croissance des juvéniles.
Variations saisonnières :
Les courbes (fig. 6 et 7) sont très différentes d’une zone à l’autre.
En amont du barrage on observe un important maximum d’octobre à décembre,
imputable à Liza fakipinnis et Sarotherodon melanotkron. Aucune trace de
ce maximum n’apparaît dans la zone 4 où l’on observe en revanche des rende-
ments élevés en février et mars, imputables à EthmoZosa fimbriata.
3.3. CONSEQUENCES DU BARRAGE :
Nous considérerons ces conséquences sur les crevettes pénéides et les
poissons appartenant aux principales familles.
Penaeidae :
Le barrage a eu pour effet de supprimer une zone favorable à la croissan-
ce des postlarves et juvéniles. Cela n’a aucune conséquence pour la pêche en
amont puisque de toute manière les crevettes n’atteignent pas la taille com-
mercialisable dans les bolons. Il s’ensuit en revanche une diminution du re-
crutemert dans la pêcherie située sur le cours principal de la Casamance.
3 15
Clupeidae :
Le barrage a eu pour effet de supprimer B la fois une zone de croissan-
ce des juvéniles et une zone de pêche.
Mueilidae :
Puisque de toutes manières les juvéniles sont très rares dans les bolons
le barrage n'a eu aucun effet négatif, ni sur le recrutement dans la pêche-
rie en aval ni sur la pêche en amont.
Cichlidae :
Il est possible que le barrage ait un effet négatif sur le recrutement
dans la pêcherie en aval. Il a en revanche un effet positif sur la pêche en
amont.
C O N C L U S I O N
Un barrage anti-sel a des conséquences à la fois sur l'écosystème en a-
val et sur la zone zituée en amont. Il est évident que les conséquences en
aval sont quasiment nulles avec un ouvrage aussi modeste que celui de Guidel.
Elles pourraient être sensibles, en revanche,
avec des barrages sur les grands
bolons ; elles pourraient consister en une diminution de l'amplitude des va-
riations salines, une diminution des apports nutritifs, une diminution du re-
crutement de certaines espèces, notamment les crevettes et les ethmaloses.
Le barrage ne semble pas avoir de conséquences défavorables en amont
puisque le tonnage pêché reste à peu près le même. On constate simplement fe
remplacement des ethmaloses par les tilapies et une prédominance de Liza faZ-
&pitinz~s au depens des autres espèces de mulets, ce qui ne semble pas avoir
d'importance au plan économique.
Ces conclusions doivent être considér&-s comme provisoires car elles ont
été tirées pour des conditions de salinité particulières ; or, celle-ci de-
vrait diminuer dans les années Zi venir. Les observations se poursuivront
donc pour mesurer les effets concomitants sur l'environnement aquatique.
B I B L I O G R A P H I E
ALBARET (J.J.), 1984.- Premières observations sur la faune ichtyologique de
la Casamance. Arch. Cent. Rech. Océanogr. Dakar-Thiaroye
131, 22 p*
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BARRY (B.), POSNER (J.L), 1986.- Bilan de trois années de suivis hydro-agri-
coles du barrage-écluse de Guidel, Basse Casamance (Sénégal). IIIème
symposium International surles sols sulfatés-acides, Dakar, 6-11 jan-
vier 1986.
LE RESTE (L.), 1986.- Conséquences sur l'environnement aquatique et la pêche
d'un barrage-écluse anti-sel en Casamance (Sénégal). IIIème symposium
International sur les sols sulfatés-acides, Dakar, 6-11 janvier 1986.