I5000 33$4 INSTITUT SENEGALAIS DE RECHERCHES...
I5000 33$4
INSTITUT SENEGALAIS DE
RECHERCHES AGRICOLES
CAHIERS D’INFORMATION
. . .
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I
Étude technico-économique
comparative .de la pêche
à la palangre améliorée

utilisant le vire-ligne et
de la pêche à la palangre
traditionnelle

Moussa BAKHAYOKHO et Moustapha KÉBÉ
ISSN 0850-8798
Vol ,#
1992

ISRA
Institut Sénégalais de Recherches Agricoles
Rue Thiong x Valmy
BP. 3120
DAKAR, Sénégal
Q
(221) 2124 25 / 21 19 1 3
Telex 61117 SG
Fax (TIC) (221) 22 34 1 3
Document réalisé par
la Direction des Recherches sur les Productions Halieutiques
Centre de Recherches Océanographiques de Dakar-Thiaroye
BP. 2241
Dakar, Sénégal
B 34.05.34 134.05.36
Moussa BAKHAYOKHO, chercheur de I’ISRA
Coordonnateur du Programme Pêches Artisanales
Centre de Recherches Océanographiques
de Dakar-Thiaroye
Moustapha KfkBÉ, chercheur de I’ISRA
Coordonnateur du Programme Socio-économie des Pêches
Centre de Recherches Océanographiques
de Dakar-Thiaroye
0c ISRA 1992
Conception et réalisation UNIVAL-ISRA

ÉTUDE TECHNICO-ÉCONOMIQUE COMPARATIVE
DE LA PÊCHE À LA PALANGRE AMÉLIORÉE
UTILISANT LE VIRE-LIGNE
ET DE LA PÊCHE
À LA PALANGRE TRADITIONNELLE

MA- Cahiers d’Information VO~, 6 NQ I
1992
I ÉTUDE TECHNICO-ÉCONOMIQUE COMPARATIVE
DE LA PÊCHE À LA PALANGRE AMÉLIORÉE
UTILISANT LE VIRE-LIGNE

ET DE LA PÊCHE À LA PALANGRE TRADITIONNELLE
Moussa BAKHAYOKHO et Moustapha KÉBÉ
Chercheurs de I’ISRA
Direction des Recherches sur les Productions Halieutiques
INTRODUCTION
Dans le cadre des études de faisabilité visant à l’introduction de la palangre
améliorée et du vire-ligne dans la pêche artisanale sénégalaise, des essais ont
Cte me& par le Centre de Recherches Océanographiques de Dakar-Thiaroye de
1986 a 1989, sous la conduite d’un expert français de la société des «Treuils
Philips ». Les résultats ont montré que la technique était adaptable au Sénégal
dans la pêche piroguièse (SAMBA et FONTANA, 1987 ; BAKHAYOKHO, 1988
et 1989) et la palangre est aujourd’hui largement utilisée. Les essais-ont été,pour-
suivis sans l’expert, ce qui a permis d’apprécier la possibilité d’utilisatibn du
vire-ligne par les pêcheurs.
La palangre amtlioree et le vire-ligne ont et.5 confies à un pêcheur utilisant
une pirogue glacière, ayant l’expérience du maniement du vire-ligne et travail-
lant en Cquipe avec un autre pratiquant le même métier.
c

2
Les résultats techniques et économiques obtenus au bout de 24 jours de travail
par les deux unit& del pêche sont presentes dans ce document.
L’objectif de ce travail est de trouver le moyen de parachever avec les pê-
cheurs les études de faisabilité d’une pêche à la palangre améliorée et a lraide
de vire-ligne dejà entamées avec l’expert. Dans ce but, nous avons voulu, non
pas nous livrer à une étude technique, financière, et économique exhaustive, mais
tenter un essai permettant de montrer d’abord que les pêcheurs sont parfai-
tement capables d’utiliser le matériel et même de l’adapter à leurs préoccu-
pations.
En outre, il s’agit d’identifier un système de crédit, à risques limités, qui
soit suffisamment fiable pour amener un bailleur de fonds à financer, pour
permettre la poursuite des essais, l’équipement en vire-ligne et en palangre
améliorée de trois unités de pêche bien choisies. Le suivi de ces unités par le
CRi3DT permettra d’effectuer une véritable étude financière et économique
voire technique de faisabilité de la pêche à la palangre améliorée et à l’aide
de vire-ligne dans les .conditions réelles de la Pêche Artisanale Sénégalaise.
MATÉRIEL ET MÉTHODE
Un couple de pirogues glacières a listé identifie à Joal où travaillent les
pêcheurs qui connaissent le maniement du vire-ligne, pour réaliser les essais.
Les deux embarcations ont des caractéristiques identiques. Chacune mesure
16 m de longueur, dispose d’un moteur hors-bord de 40 cv ainsi que d’un
caisson à glace et à poisson, En outre, chacune est armée de 6 palangres de
500 m gréées de manière analogue.
Les deux uni& de pêche vont en mer reviennent ensemble et fréquentent
les mêmes lieux de pêche. Leurs produits sont vendus en vrac, toutes espèces
confondues, au même mareyeur. Les espèces-cibles sont les mérous, la dorade
rose et les lutjans, espèces a forte valeur marchande. Chaque pirogue a un équi-
page de 7 marins dont un remplaçant.
L’une des unités de pêche a été équipee du vire-ligne et de deux lignes
(soit 1700 m) de palangres améliorées, en plus de ses 3 000 m de palangres
traditionnelles.
En raison de l’encombrement de cette unité expérimentale du fait du vire-
ligne et des caisses pour entreposer les palangres améliorees, un deuxième marin
parmi les sept qui composent l’équipage est resté à terre. comme remplaçant.
Cinq marées d’une durée moyenne de 4 jours ont été ainsi effectuées du 19
mai au 13 juin 1990 (tableau 1).
ISRA - Cahiers d’Information

Tableau 1 - Depenses courantes support6es par made par la pirogue exphi-
mentale (Ex) et par la pirogue témoin (T4).
Charges
Jours
Effectif Carburant Glace Appat Nourriture communes
de
directes
mer
équipage
(FCFA) (FCFA) (FCFA) (FCFA) (FCFA)
Marée Pirogue Ex
3
6
31820
19 600
2000
10200
63 620
No1 1915 2215
Pirogue Té
3
24 425
14 000
14000
7 750
60 170
Mark Pirogue Ex
5
53 664
19 600
16 500
11245
101009
No2 2516 2915
Pirogue Té
5
33 540
17 500
10 500
87Qo
70 240
Marée Pirogue Ex
4
21500
14 000
8 800
11500
55 800
Na3 3115 316
Pirogue Té
4
6
14 790
10 500
7 700
7 910
40 900
M&e Pirogue EX
4
5
16 855
23 800
9 000
10 475
60 130
No4 5/6 8/6
Pirogue Té
4
6
17 200
10 500
7 700
13 000
48 450
Marée Pirogue Ex
4
5
17 544
16 800
9 000
11500
54 844
No5 10/6 1316
Pirogue Té
4
6
17 200
10 500
7 000
14 500
49 200
RÉSULTATS TECHNIQUES
Il faut d’abord noter que le vire-ligne reste en bon état de fonctionnement
depuis 1987 prouvant ainsi sa robustesse, qualité nécessaire à son développement
en milieu pêcheur artisan.
Au cours des essais, d’autres résultats techniques ont été obtenus en plus des
précédents synthétisés dans le rapport de BAKHAYOKHO (1989) et qui justifient
l’utilisation massive de la palangre rudimentaire traditionnelle dans la pêche à
la pirogue glacière :
a.Les tresses bitumées se sont avérées plus résistantes que les cordes en
nylon ou en polyamide utilisées par les pêcheurs. Elles cassent moins sous
ISRA - Cahiers d’Information

la traction du vire-ligne en cas d’accrochage des hameçons et se prêtent
donc plus a la pêche avec cet engin.
b.Sur les petits fonds de moins de 20 brasses, le vire-ligne présente peu
d’intérêt selon les pêcheurs car la palangre est légère et est relevée faci-
lement à la main. En revanche, sur les fonds importants où l’on trouve
géneralement les espèces nobles, le vire-ligne s’impose pour améliorer les
rendements.
L
c. La palangre améliorée, grâce aux flotteurs placés au niveau de la ligne
maîtresse, permet d’exploiter les têtes de roche et de réduire les risques
d’accrochages et de pertes des hameçons très fréquents en saison de pêche
des mérous, espèces abondantes dans ces zones.
En outre, elle capture mieux les espèces plutôt démersales que benthiques
comme les mérous bronzés (thiof), les lutjans et les dorades roses.
d.Le travail avec le vire-ligne est plus reposant et plus rapide. En effet, on
peut relever par journée 9 lignes de 1000 m avec l’appareil (soit 20 mn/
ligne) au lieu des 4 lignes à la main (45 mn/ligne).
e. L’utilisation du vire-ligne permet d’embarquer moins de marins (5) ; toute-
fois, la combinaison de la palangre et de la palangrote conduit les patrons
de pêche à prendre le maximum de marins possible.
II faut noter que l’expert pensait que deux personnes suffiraient pour la
manœuvre du vire-ligne. Les pêcheurs ont estimé qu’il en fallait plutôt
trois pour éviter d’arrêter la machine comme le faisait l’expert (pour des
raisons de sécurité) chaque fois qu’il fallait décrocher un poisson.
f. L’appât constitué de sardinelle se desagrège rapidement et laisse les
hameçons nus. Aussi, pour mouiller plusieurs lignes qui restent longtemps
«pêchantes», un appât plus ferme comme la chair de seiche a été testé.
Les resultats n’ont pas ét&encourageants car les conditions étaient mau-
vaises (mer agitée et envahie par les algues rouges).
g.Durant les essais, les espèces-cibles ont été surtout capturées de nuit. La
journée, les petits poissons mangent l’appât et les lignes ne sont pas
«pêchantes ». Il semble que ce soit l’inverse en saison froide. Aussi, il y
aura lieu de mouiller en une fois plusieurs lignes, au moment favorable
(la nuit ou la journée), qu’il faudra relever par la suite, au lieu de quel-
ques lignes plusieurs fois par jour.
h.Le vire-ligne consomme très peu de carburant (2 litres, soit 700 FCFA,
par maree).
ISRA - Cahiers d’Information

5
Le tableau 2 montre les prises estimées en volume et en valeur par espèce
pour toute la durée de l’expérience. On y remarque la nette dominante des
espbces-cibles.
Tableau 2 - Estimation de captures en volume eth valeur par espèce pendant
la duree de I’expMence (5 marees)
Capture de la
Capture de la
Valeur des cap-
Valeur des cap-
pirog. expér.
pirog. tém.
turcs de la pirog.
tures de la pirog.
(kg)
(kg)
expér. (FCFA)
tém. (FCFA)
aeneus
503
367
352 100
256 900
Ep. gigas
670
219
603 000
197 100
Dentexjïlosus
250
87
75 000
26 100
Lutjanus agennes
138
85
110400
60 000
Total espèces-cibles
1561 (73%)
758 (59%)
1 140 500 (92%)
540 100 (84%)
Ep. goreensis
185
213
74 000
85 200
P. ehrenbergi
3
1
1 500
500
Lutjanus fulgem
21
4
16 800
3 200
Diag. medit.
10
21
P. coupei
7
9
1400
1 800
Cephapholis tae
51
53
Mycteroperca rubra
20
1 000
Arius
130
88
Murena spp.
114
99
Paraprist. oct.
1
26
oct. vulgaris
19
19
8 550
8 550
Sphyrna spp.
8
Dentex canarien
1
300
cx crysos
1
Total espèces div.
571 (27%)
534 (41%)
103 550 (8%)
99 250 (16%)
Total général
2 132
1292
1244 050
639 350
ISRA - Cahiers d’Information

6
Le tableau 3 indique quelques é1Cments de comptes d’exploitation des deux
unites de pêche.
Tableau 3 - Bilan comparatif des recettes et des d@xtnses de la pirogue exp&
rimentale et de la pirogue tbmoin (en FCFA) sur dnq marees.

Recetks
Charges com-
Btnéfice
Revenu brut
Revenu mem-
totales
muRes totales
brut ~
du patron * bre d’équipage
Marée
P. exp.
257 ooo
98 500
!58 500
52 833
17 611
No1
P. témoin
108 800
77 700
31 100
10 365
3 455
Marée
P. exp.
183 000
107 720
75 280
25 092
8 364
No2
P. timoin
173 000
74 200
98 800
32 925
10 975
MaA
P. exp.
102 350
88 300
14 050
4 680
1560
No3
P . témoin
54 100
73 900
-19 800
0
0
Marée
P. exp.
232 500
91 ooo
141500
47 166
15 722
No4
P. témoin
184 500
65 200
191300
39 765
13 255
Marée
P. exp.
200 500
71200
129 300
43 101
14 367
No5
P. témoin
62 000
63 700
-1 700
0
0
Total
P. exp.
975 350
456 720
518 630
172 875
57 625
P. témoin
582 400
354 700
227 700
75 900
25 300
* Il y a 9 parts dont 3 pour le patron-pêcheur propriétaire de la pirogue et du moteur.
Le bCnCfice brut de la pirogue expérimentale est de 518 630 F et celui de
la pirogue témoin de 227 700 F. Les benéfices bruts réajustés sont en revanche
de 639 947 F et de 313 490 F respectivement ; le bénéfice brut réajusté ne tient
pas compte des charges à terre (nourriture des man’ns et des familles).
La nourriture des marins (a terre et en mer) et celle des familles sont prises
en compte dans les charges communes totales des pirogues. C’est la règle pour
les pirogues saint-louisiennes en campagne.
ISRA - Cahiers d’Information

Par ailleurs, les parts reçues a la fin de la campagne expérimentale sont de
172 875 F pour l’armateur de la pirogue expérimentale, 75 900 F pour celui
de la pirogue temoin, 57 625 F et 25 300 F par pêcheur embarqué sur les uni-
tés de pêche respectives. Les revenus moyens par jour sont respectivement de
1 728 F, 759 F, 576 F et 253 F. L’armateur n’a pas retenu de part pour le
vire-ligne.
Le partage des bénéfices bruts réajustés aurait rapporté respectivement
213 315 F et 71 105 F à l’armateur et au pêcheur de l’unité expérimentale puis
104 496 F et 34 832 F à l’armateur et au pêcheur de l’unité témoin.
Si l’on ne considère que les espèces-cibles, le coût de production du kilo-
gramme de poisson pêché (sans amortissement) est de 185 F pour la pirogue
expérimentale et de 335 F pour la pirogue témoin. Le tableau 4 montre une
comparaison de quelques caractéristiques économiques et financières des deux
Tableau 4 - Caract&istiques Economiques et financieres des deux unit& de pêche
Pirogue expérimentale
Pirogue témoin
Valeurs prises/jour mer (FCFA)
48 167
29 120
Valeurs des prises totales (FCFA)
975 350
582 400
Nombre de pêcheurs
7
1
Revenu moyen du pêcheur par maree (FCFA)
11525
5 060
Revenu moyen du pêcheur par jour de mer (FCFA)
576
253
Revenu moyen du patron par maree (FCFA)
34 575
15 180
Revenu moyen du patron par jour de mer (FCFA)
1728
759
Investissement initial (FCFA)
1040000
0
Délai de récup&ation du capital (mois)
8
0
Coût de production du kg (1)
de poissonscibles (FCFA)
335
185
Rendement moyen par marée
en poissons-cibles (kg)
310
151
Rendement moyen par jour de mer
en poissons-cibles (kg)
16
8
(1) Ce coût ne tient pas compte des amortissements du matériel.
ISRA - Cahiers d’Information

unités de pêche avec comme seul investissement retenu, le vire-ligne et les
1 700 m de palangre améliorée; les autres investissements étant supposés iden-
tiques pour les deux pirogues, n’ont pas été pris en compte pour les besoins
de l’étude.
DISCUSSION DES RÉSULTATS
Les charges communes sont plus élevées au niveau de la pirogue expérimen-
tale qui dispose de 1 700 m supplémentaires de palangres.
Celle-ci a consommé plus de carburant car elle envisage toujours de rester
plus longtemps en mer en cas de prise faible. En outre, elle est plus lourde
car trop trempée et transporte plus de matériel. Il s’y ajoute que son moteur
de propulsion et celui du vire-ligne marchent tant lors du mouillage qu’à la
levée des palangres.
La deuxième marée a également donné lieu à une dépense plus importante
en carburant et appât pour la pirogue expérimentale qui devait ramener a terre
un pêcheur tombé malade le deuxième jour de la marée.
Enfin, les produits de la quatrième marée ont été vendus à Dakar et les frais
de conservation (9 800 F) ont été supportés par la pirogue expérimentale.
Il faut noter par ailleurs, que la première marée a été écourtée par manque
d’appât pour la pirogue expérimentale.
La troisième sortie a été, quant à elle, effectuée dans des conditions défavo-
rables : le vent était fort, la mer agitée et les eaux rouges.
Enfin, le vire-ligne a été peu utilisé au cours de la dernière sortie en raison
de la faiblesse de la profondeur de pêche (24 brasses).
Les conditions de travail n’ont donc pas été toujours comparables entre les
deux unités de pêche, la pirogue expérimentale étant presque toujours défavo-
risée. Le bénéfice brut obtenu par celle-ci est donc sous-estimé.
Néanmoins, la difference enregistrée dans les resultats bruts d’exploitation
peut être imputable aux 1 700 m de palangres améliorées et au vire-ligne, cor-
respondant à un investissement de l’ordre de 1 040 000 F. Si l’armateur de la
pirogue expérimentale avait bénéficié d’un crédit pour ce matériel, et s’il
avait consenti à rembourser à hauteur du surplus de bénéfice brut d’exploita-
tion réalisé (96 975 F) par rapport à l’armateur de la pirogue témoin, il aurait
pu rembourser en 24 jours de travail 9% de l’emprunt.
ISRA - Cahiers d’Information

9
Il est a remarquer qu’en prenant réference sur la pirogue témoin, l’armateur
aurait gagné, en deux mois et demi environ, une somme équivalente à un ap-
port personnel egal à 20 % du capital à investir pour pouvoir contracter l’em-
prunt pour le reliquat. Une fois le matériel acquis, il aurait, dans nos conditions
d’expérience, remboursé le crédit en 8 mois, le taux d’intérêt Ctant de 10 % par
an par exemple.
On peut donc raisonnablement dire que la pêche a la palangre améliorée et
à l’aide de vire-ligne est une technique adaptée qui nécessite certes un inves-
tissement élevé (800 000 F pour le vire-ligne et 600 000 F pour cinq palangres
de 1 000 m chaque) mais vite amorti ,eu égard à la rentabilité de l’activité
compte tenu des résultats de nos essais.
Il reste cependant difficile, à l’issue de cette expérience, de porter un ju-
gement definitif sur la rentabilité économique de la pêche à la palangre améli- *
orée et à l’aide de vire-ligne. Il aurait fallu pour cela disposer de données sur
un cycle annuel avec les variations saisonnières qu’elles comportent.
Toutefois, à titre indicatif, des estimations effectuées a partir des données
économiques obtenues en fin de saison froide à Joal sont présentées en annexes.
CONCLUSION
Les résultats techniques et financiers obtenus nous permettent de répondre
par l’affirmative que l’objectif proposé en introduction à ce travail peut être
atteint.
En effet, cette expérience s’est déroulee sans problèmes avec des pêcheurs,
sans l’appui de l’expert. Ces pêcheurs ont pu assimiler la technique en l’adap-
tant à leurs conditions locales de travail. Il s’agit donc d’une technologie ap-
propriée.
Les rendements obtenus en 24 jours sont intéressants et autorisent l’octroi
de prêts, à risques limités, à des pêcheurs, pour leur permettre d’acquérir le maté-
riel et de prendre part aux prochains essais avec le CRODT. Ils le sont d’autant
plus que nos expériences ont eu lieu à la fin de la saison de pêche des mérous,
dorades et lutjans, espèces les plus recherchées pour la pêche à la palangre.
Il semble donc que la phase de prévulgarisation de la technique soit envisa-
geable; plusieurs pêcheurs de Joal demandent à prendre part aux essais et
certains, tels que les patrons de pêche des deux unités avec lesquels les expé-
riences ont été effectuées, veulent disposer du materiel.
ISRA - Cahiers d’information ’

1 0
11 serait souhaitable, au vu des résultats obtenus, que les essais soient pour-
suivis et finalisés avec les pêcheurs puisque l’expert n’est pas disponible.
Par ailleurs, trois prototypes pourraient être mis à la disposition de pêcheurs
bien choisis et operant dans des centres comme Joal, Hann et Soumbédioune
où la pêche à la pirogue glacière utilisant la palangre est bien développée. Ces
pêcheurs seraient suivis par le CRODT qui pourrait en outre aider à apprécier
les conditions d’octroi et de récupération du crédit. Ce suivi permettra, en
plus des études techniques, économiques et financieres ?I achever pour cette
nouvelle technologie, de proposer des conditions appropriées de financement de
pêcheurs qui voudront acquérir le materiel à crédit.
Il faut signaler que la Société sénégalaise « SVP Hydraulique » chargée de
la commercialisation du matériel est disposée également à apporter sa contri-
bution dans cette phase de prévulgarisation. Il serait vivement souhaitable que
le PAMEZ l’envisage à partir de la prochaine campagne de pêche des mérous
prévue de novembre 1990 à avril 1991.
Pendant cette campagne, la pêche des mérous est effectuée par les fonds de
30 à 70 brasses où les têtes de roche sont nombreuses. Les pêcheurs qui recon-
naissent les avantages du vire-ligne et de la palangre améliorée pourront exploi-
ter ces espèces très prisées.
Si l’on sait que les rendements obtenus cette année en janvier et février par
les pirogues glacières utilisant la palangre traditionnelle étaient deux à trois
fois supérieurs à ceux de la pirogue témoin, il y a tout lieu d’espérer que la
prévulgarisation proposee soit une réussite et que la récupération des crédits à
.allouer aux pêcheurs pilotes soit rapide et sûre.
ISRA - Cahiers d’Information

BIBLIOGRAPHIE
BAKHAYOKHO (M), 1988. Essais de pêche à la palangre avec l’aide du vire-
ligne installé a bord des pirogues. Résultats de la campagne de juin-juillet
1988. Dot. int. Cent. de Rech. Océanogr. Dakar-Thiaroye.
BAKHAYOKHO (M), 1990. Bilan d’étape des résultats des essais de pêche
a la palangre avec l’aide du vire-ligne. Dot. int. Cent. de Rech. Océanogr.
Dakar-Thiaroye.
SAMBA (A) et FONTANA (A), 1987. Expérimentation d’un vire-ligne adapté
à la pirogue sénégalaise : résultats et perspectives. Dot. int. Cent. de Rech.
Océanogr. Dakar-Thiaroye.
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A N N E X E

ANNEXE
Résultats économiques complémentaires
1. HYPOTHÈSES
0 220 jours de mer dans l’année, soit 55 marées de 4 jours.
l conditions normales d’exploitation
2. TABLEAU DES INVESTISSEMENTS ET AMORTISSEMENTS
Investissement
coût
Durée de vie
Amortissement
(W
annuel
Unité expérimentale
Pirogue
850 000
10
85 000
Moteur
632 000
3
210 667
Palangre traditionnelle
160 000
1
160000
Palangre améliorée (4 250 m)
600 000
1
600 000
Vire ligne
800 000
2
400 000
Total
3042000
1455 667
Unité témoin
Pirogue
650 000
10
65 000
Moteur
632 000
3
210 667
Palangre traditionnelle
160 000
1
160 000
-
-
-
Total
144 2OcQ
435 667
ISRA - Cahiers d’Information

1 6
3. FRAIS DE FONCTIONNEMENT
l Charges communes directes
Par marée
Total annuel
Unite témoin
53 792
2 958 560
Unité expérimentale
67 080
3 689 400
l Autres frats annuels
Unité
Unité
témoin
expérimentale
Entretien pirogue
65 000
85 000
Entretien moteur
63 200
63 200
128 200
148 200
l Total frais communs
Unité témoin
3 086 760
Unité expérimentale
3 837 600
4. RECETTES
Par marée
Total annuel
Unité témoin
127 870
7 032 850
Uni& expérimentale
248 810
13 684 550
5. RÉhLTAT BRUT À PARTAGER
C’est la différence entre les recettes et les frais communs directs soit :
Unité temoin
3 946 090
UnitC exp&imentale
9 846 950
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6. PARTAGE DU PRODUIT
Compte tenu du coût d’investissement relativement important pour le vire-
ligne et la palangre améliorée, nous prévoyons d’attribuer une part à chacun de
ses éléments pour l’unité expérimentale.
Unité témoin
Unité expérimentale
~~
7 parts pêcheurs
3 068 181
1 part pirogue
438 454
895 177
1 part moteur
438 454
895 177
1 part vire-ligne
895 177
1 part palangre améliorée
895 177
Revenu annuel brut armateur unique
876 908
3 580 708
Amortissement
435 667
1 455 667
Revenu net annuel armateur
441 241
2 125 041
Revenu annuel pêcheur
par
438 454
895 177
Revenu mensuel pêcheur
par
36 538
74 598
Revenu mensuel net l’armateur
pour
36 770
121 305
L’armateur de l’unité expérimentale gagne annuellement trois fois plus que
celui de l’unité témoin. En revanche, le revenu mensuel du pêcheur embarqué
à bord de l’unité expérimentale est le double de celui travaillant sur l’unité
témoin.
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