GWERA EGALENSIS C E ...
GWERA
EGALENSIS
C
E
Micro-jachère dérobée de saison sèche
et approvisionnement énergétique
d’un village du centre-nord
du bassin arachidier sénégalais
Rejets de gui& drns un champ de mil en félirier.
l’11111<> H PI I I Il R

L
6’

L e village dc Khayes, près de Thiénaha, a 15 km a capacité dc rétention cn eau r&duite ct d’une suscepti-
environ a l’est de Thics, est un des villages ou ont
bilité élevee vis-à-vis dc I’6rosion Coliennc.
été menitcs des actions dc: rccticrches en milieu
Aucune tcchniquc artificielle n’est utilisée par les
paysan dans Ic cadre du projet de Rcchcrchc-l~éveloppe-
paysans pour améliorer la fertilité des sols ni pour ICS
ment sur le Rolc dc I’Arbrc cn Exploitation Agricole. (‘c
soustraire aux effets des vents. Ce n’est pas le maigre parc
projet a Cte financé par le Fonds français d’Aidc et de
arbore de trois I;Ni&&iu nlhido par hcctarc (cinq arbres
Coopération (FAC) et mis cn owvre par la Direction des
par hectare toutes espèces confondues) qui permettra de
Recherches sur les Productions Forestieres de I’ISRA
rcstaurcr la fcrtilim du milieu.
avec un appui du C.T.F.T.
1.c village est, en outre, confronté au probEme de
disponibilité en bois dc feu. Celui-ci ne peut, apparem-
Dans cc village, comme dans toute la zone environ-
ment, Ctre fourni yuc par I’6mondage des arbres restant
nante; la plupart des sols ont éte dégradbs par la culture
wr le terroir au risque de voir SÇ réduire leur effet
continue de la rotation arachide-mil sans apport C~C
beneliquc sur le micro-climat. la production fourragère
fertilisant. Avec mlç densité de population de 90 habi-
e t . d a n s Ic c a s dc F~;&rhin aihi~1~1. Ics rcndemems
t a n t s p a r km2 ( S A M B A , 19X8), une pluviositE dc
nim/an
agricoles.
455
entre 1985 el 1988 (CALriT, 1!%9) ct dl3
01.. I’emondage intcrvicnt tres peu dans ~‘approvision-
rendements agricoles de X47 kg/ha en arachide-gousse CI
nçment cn bois de feu. S.WN~\\ t 19X8) a montm. par
220 kg/ha en mil cn 1986 (SAMBA. I%X), or comprend
comparaison de photographies acrienncs. que Ic parc du
aisément que la jach& pluriannuelle ait disparu dcpu~~
\\ ~llage. LV l‘esp;tcc dc 1 l ans. ne s’c‘tait pas dégradé dc
longtemps.
fa<on perccptiblc.
Les sols Ics mieux rcprésentEs sont les sols « DIOR ))
Où, di:s lors, les villageois trouvent-ils l’énergie pour la
ou sols ferrugineux tropicaux non Icssivés, modaux. sErIe
wisson des alinicnts ?
brun-bcigc, cxtrtmcment sableux, avec un taux d’arpilc
I es encr$cs modernes ne sont pas utilisées ! LCS
plus limon avoisinant seulement 5 ‘!%. Dans les hori/oiis
ILldus rie culture (liges dc mil) son1 tic plus en pIUS
de surface, le pH eau est de 5,7 et Ics tcncurs en carbone
cniployi;s mais leur emploi est loin d’etrc p6neralisL; ct ils
total sont de 2.4 %. en azote total de O,L! %, en phoz-
~)nt d’autres usages. ta bouse de vache n‘intervient. en
pliorc total de t)+
T1 YYJ ; la somme des hases Cchangcablcs
;ippoint. que dans IX ‘!/u des foyers. Ir bois ne peut venir
est dc 0,4S mcq/lOO g avec un taux dc satumtion dc 00 “,u
de\\ villages voisins qui sont confrontés aux mêmes
(ShMBA, 1988). Ces sols sont donc de ires basse fertililf.
pr<‘hlc;rlle\\.
Guiera .senegalensis : 1. Rameau Horifiw : 2. Rameau ilorifère CI fructifh ; 3. Partie du limbe (face infbrieure).
.S,um c Flore for~stierc
~oudanc~-~uinéellnr

culture, pourrait ainsl améliorer la fertiliti. des sols ct
contribuer à I’appl-ovisionncment
cn bois de feu des
villages
IX pr&sent article rapporte les résultats des prcmiires
estimations de la production de biomasse obtenue dans
un recrù de 8 mois de Guiercl .srne~ulrn.si.r sur des sols
sableux dégradfs de la Lonc sahélo-soudanicnnc du Séné-
gal.
M É T H O D E
Dix placeaux de 300 m’ (20 x 20 m) ont ét6 délimités
dans le terroir de Khayes. Les placeaux ont été installés
sur les terres de 8 exploitants différents et sont répartis de
Défrichement de la jachère « dérobée »
façon assez homog&e sur I’enscmble du terroir (cf.
en fin de saison sèche (mai-juin).
carte).
Les 400 m’ unç fois défrichCs. la totalité de la biomasse
D’où peut provenir le bois utilisé ?
est pc&: au peson li cadran à 100 grammes près, puis les
La seule cspCce ligneuse abondante est le G‘ztiercr .scrw-
branches le sont à leur tour après effeuillage ct enlève-
grrlcw.si.s Gmell. arbrisseau de la famille des Combrcta-
ment des brindilles. L:n 6chantillon de feuilles et un de
CC~C. Cette espèce est-elle à même de jouer un rôle dans
bois sont prélevés par placcau pour étude de la teneur en
I’approvisionncment énergétique du village ?
eau. Ces échantillons. pesés frais, sont passés 24 heures a
Lc guiOra cs: coup> pour faire place aux cullures. au
I’étuvc à 105 “C et pes& à nouveau pour obtenir Ic poids
moment de la pr6paration des champs en mai-juin. Son
anhydre. Ces pe&s ont cffcctuées au laboratoire à
bois, jusqu’à de très petites dimensions, est r&olt& pour
0,OI g près.
alimenter Ics foyers de cuisine. Lors des entretiens agri-
colts, les rejets de gui& sont sarclés; ce n’est qu’après le
RÉSULTATS
dcrnicr sarclage que le buisson peut recommencer à se
développer. II croît pendant toute la saison &che. deve-
nant un ;l&nent caractéristique du paysage. En raison de
Les rihsultats sont donnés dans le tableau ci-dessous.
son abondance il joue un rôle certain, mais non encore
La production annuelle. dans les conditions de l’étude,
btudié, sur la réduction de l’érosion éolienne. Ceci est
d’un recrû de G‘~ro .~c~tzr~~c~l~~tzsi.s est donc cvalu& à
confirmt; par Ic fait que les touffes de guiéra sont toujours
615 kg/ha de mati6re Qchc, dont 391 kg de feuilles et
sur de petites élévations. A l’emplacement de ces touffes,
brindilles et 774 kg ‘ha de petit bois. Ce petit bois est, en
on observe gL:nEralcment une meilleure productivité des
gcnéral, exporté pour la cuisson. Les feuilles, quant à
cultures qui pourrait être due à l’enrichissement du sol
elles. sont habituellement laissées sur place ou brûlées cn
par l’effet cumulé des retombées foliaires ct de I’intercep-
tas s’il y en a beaucoup.
tion des particules transportées par le vent.
Les chiffres présentés ici correspondent à la production
Guirrcr .srr~~&~~.si.s. très abondant dans les terrains de
du Guiern scwgulmcis entre deux saisons de culture. En
PRODUCTION EN BIOMRSSE
D’UN RECRÛ DE GUIERA*SENEGALENSIS
T PRODUCTION DE FEUILLES
ET BRINDILLES
PRODUCTION DE BOIS
poids vert
poids vert
taux humidité
poids sec
(kdha)
Wha)
W-J
(WW
M o y e n n e
I 456
525
137
714
L.m~ik inlëricurc *
I OXY
363
116
144
Limite supérieure *
1 x24
hXX
159
104
+
*
Les limites prksentées ici sont celles de I’inwvalle de çonliance
(à Y5 oie) de la moyenne calcuIt& li l’aide des valeurs donn&s pu
la table t de Studenl.
**
Les taux d’humiditc SO~I donnés en pour-cent du poids sec.
*** Les poids secs ont A6 cA~lk sur la base du pwls XC de chaque placruu et dc I‘humlditC de l’échantillon.
44

l (
c i :

cas dc jach&re pluriannuelle, la production des 2’ et 3’
toujours le temps nécessaire pour ramasser tout le bois et
années devrai1 ctre ncttcment plus blevéc. Les évcntucllcs
elles laissent sur place les petites dimensions.
rctombkcs foliaires. cn cours de saison sèche, n’ont pas
Enfin, les femmes des villages voisins viennent égale-
été comptabilisées et l’estimation de la production dc
ment chercher du guiéra sur le terroir de Khayes et une
feuilles est dès lors un minimum.
partie du potentiel est ainsi exportée.
Suite à ces observations, nous pouvons grossièrement
estimer qu’au sein du village étudié, la consommation de
bois de Guien sem~galcnsis pour les usages culinaires est
DISCUSSION
dc 50 % de sa productivité potentielle. L’utilisation du
bois de feu de guifra serait donc d’environ 28 tonnes par
an.
Contribution à l’approvisionnement du village en bois
A Khayes, la consommation annuelle de bois de feu
de feu
s’élève à 270 kg par individu et par an (SAMBA, 1988),
chilTrc voisin de celui avancé pour la région par le
La production moyenne du guiéra en petit bois de feu
CERER (1982) : 250 kg/hab./an. La demande du village,
est tic 224 kglhajan. La production globale de cette
qui compte 228 habitants, s’élève ainsi à près de 62 ton-
cspécc au niveau du terroir villageois s’élèverait donc A
nes par an, dont 28, soit 45 %, seraient couverts par
56,6 tonnes de bois par an (de 36 a 77 tjan selon les
G24mu .wwgalrn.ri.~.
limites de l’intervalle de confiance de la moyenne).
Le reste de l’approvisionnement en combustible
Cette estimation du potentiel ligneux de l’espèce doit
provient de l’émondage des arbres du parc arboré, des
cependant être modérée par l’existence dc zones où le
résidus de cultures céréalières et même, dans 4 exploita-
guicra est peu abondant : par excmplc, les bas-fonds
tions sur 22, de la bouse dc vache. L’utilisation de Guimz
envahis par le Cuxsiu orcidcn~alis.
senc~ga1msi.s
comme source de bois de feu explique
DC plus. la totalitE de la production n’est pas utilisée
parliellement pourquoi le parc arboré n’a pas régressé
pour la production d’L:ncrgie : une partie des guiéra est
depuis plus de dix ans.
exploit&, dans les terres proches des habitations, pour la
L’ans le village de Khayes, les foyers améliorés sont
confection de clôtures et palissades ; de plus, les femmes,
encore totalement inconnus. La simple mise en œuvre de
au moment de la préparation des champs, n’ont pas
tels foyers permettrait de réduire la pression sur l’envi-
Meilleure croissance du mil sur hutte a l’emplacement d’un pied de guiéra.
46

ronncmcnt. donc dc diminuer l’émondage des arbres
jachcrc pluri-annuelle a disparu. Ic Gzricw .sc~tw&ws;s
ulilcs tels Firi~~~wh~f~
i~/hi&r cn augmentant I;I part relütivc
joue un r6lc non n&,ligcahlc dans I’approvislonnement
en
du Guimr scr~c~~~~~~~~z.ric, dans I’approvisionnoncnt en éncr-
bois de feu çt dans le maintien ponctuel d’une certaine
gic domestique.
fcrtiliti: du sol. La gestion traditionncllc de cet arbuste
peut Etre assimilL:c à unç jachEre dc trt;s courte duré-e
intervenant en dehors des périodes culturalcs. Yous la
Effets sur la fertilité des sols et l’environnement
qualifierons de « micro-jach&rc d&whCe 15. C‘oncept défini
par PI-,LTII:II ct P:YOG-MATIC;
li propos dé I:i culwe du
La production de feuillage et dè brindille:; de guiéra
sorgho Muskuari au Nord-C‘ameroun. I.‘m~portancc ce
S’élCVC
à 3 9 1 kg/ha/an e n
moyenne (de 280 li
cc type de jachkrc se trouve ici confirmw.
500 kg/ha/an). ce qui correspond à un apport minéral
annuel moyen, selon IÇS analyses de TOWEAU (1973), de :
l Azote : 5.79 kg/ha
l Phosphore : 0,46 kg/ha
l Potassium : 4.18 kg/ha
REMERCIEMENTS
l Calcium : 3,36 kg/ha
l Magn&um : 1,60 kgiha.
Ces valeurs sont tàiblcs mais, ainsi yuc nous l’avons
signalé plus haut. les retombées 6ventuellc:s cn COUTS de
croissance ne sont pas comptabilisées. 11 en CG de même
pour les fines branches qui sont laissées SUI- place.
De plus. ces retombées sont très localis~cs au niveau
des L~U&S dc gui& et: compte tenu du faible taux dc
couverturc de cette espèce. l’apport fwtilisant au niveau
de chaque pied de guiéra n’est pas négligeable.
BIBLIOGRAPIIIE
La croissance de l’arbuste se faisant en sawm sèche, Ics
prClCvemcnls min&raux par les racines s’effectuent prin-
cipalement aux dbpcns des couches profondes du sol qui
restent humides plus longtemps. L’apport minéral au
niveau des couches superficielles du sol constitue un
transfert vertical de fertilité.
Une donn& qu’il serait égaicmcnt bon dc contrôler est
la granuiométric des buttes sur lesyucllcs sont situés les
plants de guiCra afin de déterminer, par comparaison a la
granuiom~lrie des sols nus voisins. Yimportance
conjointe dc l’interception des particules transportées par
l’air (harmattan) ct du rôle anti&osif dc I‘cspèce. Des
analyses chimiques peuvent également être faites pour
quantifier l’enrichissement chimique.
C’eltc t:r~dc préliminaire a permis de montrer, sur ia
base dc quclqucs chiffres. que dans un Icrroir où la