Il serait illusoire de vouloir développer le secteur...
Il serait illusoire de vouloir développer le secteur forestier de
façon durable sans l'appui de la recherche. Elle permet d'identifier et
d'entreprendre des actions sûres et efficaces tout en contribuant au suivi-
évaluation des actions réalisées ou en cours.
1 - LA SITUATION ACTUELLE DE LA RE- FORESTIERE
11 - Rappel deu grandes orientationo
La recherche forestière s'inscrit toujours dans le cadre des
grandes
orientations
arrêtées dans
le Plan Directeur du Développement
Forestier. Il s'agit de :
- contribuer à la conservation de la nature, à la restauration
des formations naturelles et des sols forestiers ;
- permettre à la satisfaction des besoins en produits ligneux à
travers la production de bois et une meilleure utilisation des
produits forestiers.
12 - Les a8pects institutionnels
La recherche forestière est assurée par la Direction des
Recherches sur les Productions Forestières (DRPF) qui relève de l'Institut
Sénégalais de Recherches Agricoles (ISRA). Néanmoins, d'autres organismes
participent,
à des degrés divers, à la recherche forestière. Parmi ceux-ci
nous pouvons citer l'ORSTOM, la Direction des Recherches sur les Productions
Halieutiques (DRPH),
l'Institut des Sciences de l'Environnement (ISE) de
l'Université de Dakar, le Centre de Suivi Ecologique (CSE) et les programmes
de recherche d'accompagnement des projets de développement.
13 - Les programmes de recherche
La DRPF compte 46 agents dont 18 chercheurs (13 sénégalais et 5
expatriés), 2 ITEF et 3 ATEF et dispose de 10 stations de recherche et 15
points d'appui répartis dans toutes les régions du pays. Les dix stations sont
Podor, Dahra-Mbiddi, Bandia, Thiénaba, Bambey, Kaolack, Djibélor, Séfa, Nioro
et Dakar. Quatre programmes de recherche sont menés au niveau de la DRPF :
- programme Sylviculture et aménagement des formations naturelles
(5 opérations, 17 actions, 6 chercheurs : base Dakar) ;
- programme Génétique et amélioration des ressources forestières
(4 opérations, 16 actions, 4 chercheurs, base Dakar) ;
- programme Agroforesterie (10 opérations, 37 actions, 9 cher-
cheurs, base : Bambey). De plus, deux autres chercheurs de 1'ISRA
(1 de la Direction des Recherches sur la Santé et la production
animales(DRPSA) et 1 de la Direction des Recherches sur les
cultures et systèmes pluviaux (DRCSP) interviennent au niveau du
programme.
- programme Recherche sur la microbiologie, l'écologie et la
physiologie des ligneux (3 opérations, 9 actions, 5 chercheurs,
base : Dakar).
1

A la tête de chaque programme se trouve un coordonnateur. L'origi-
nalité réside dans leur régionalisation pour tenir compte des spécificités et
des aptitudes forestières dans chaque milieu éco-géographique.
Les principaux objectifs des programmes, en relation avec la
localisation géographique, sont les suivants :
f: Vallée du fleuve Sénépal : augmentation et amélioration de la
production forestière par :
- la recherche sur les plantations sous irrigation
dans la vallée,
- l'intégration de l'arbre dans les périmètres
hydroagricoles.
Ce programme, mis en place depuis 1980, a permis de définir les
termes de référence techniques qui sont à l'origine de la
création d’un certain nombre de projets de développement tels
"Pôles Verts" et "Station-pilote de Ngaoulé".
* Zone sylvopastorale : intégration
foresterie-élevage-agrofo-
resterie ; réhabilitation des ressources hydrauliques et produits
de cueillette forestière. La démarche adoptée repose sur :
a) - une approche systématique dans le cadre de la gestion
des ressources naturelles de l'espace par :
t l'inventaire et le suivi des ressources forestières
en zone sahélienne,
t la gestion des ressources forestières dans le cadre
de l'aménagement sylvopastoral ;
b) - une approche thématique dans le cadre des exploita-
tions forestières et agroforestières existantes
:
t modélisation du comportement et de la productivité
gommière de Acacia senegal,
t l'économie de l'eau et le développement du gommier;
+ étude sur les acacias dans les exploitations agro-
sylvo-pastorales sahéliennes ;
- Zones Nord et Ouest du bassin arachidier : intégration de
l'arbre dans les systèmes de production par :
t la réintroduction de l'arbre dans les systèmes
agraires,
t la valorisation de la régénération du couvert
végétal par la biais de la plantation,
t l'amélioration de technologies agroforestières
traditionnelles et/ou l'introduction de technologies
plus performantes ;
2

J: zone sud du bassin arachidier (Kaolack, Patick) : protection,
amblioration et utilisation rationnelle des ressources forestiè-
res par :
t la recherche de systèmes agroforestiers,
t la connaissance des espèces, leur sylviculture et
l'aménagement des formations naturelles,
t la défense et la restauration des sols,
t l'étude de la valorisation des sols salés.
f: zone Basse et ffoyenne Casamance : protection, amélioration et
utilisation rationnelle des ressources forestières par :
t la recherche sur les systèmes agroforestiers,
t la connaissance des espèces, sylviculture et
aménagement des forêts naturelles,
t détermination des causes de martalit6 des palme-
raies et des mangroves ;
s: zone Sénégal oriental et Haute Casamance : conservation des
forêts naturelles et restauration des formations dégraddes par :
t l'étude de l'aménagement des forêts et diversifica-
tion de la production,
t étude de l'introduction de l'agroforesterie ;
>k niveau national : amélioration du matériel végétal par :
t la recherche sur les symbioses racinaires des
arbres forestiers,
t l'étude de l'écophysiologie des ligneux,
t la sélection et l'amélioration génétique des
principales espèces forestières,
t mise en place de vergers 21 graines de clone d'
Eucalyptus,
+ l'extension du laboratoire de semences forestières,
t démarrage d'un laboratoire commun ISRA/ORSTOM axé
SU~: la culture in vitro des espèces ligneuses.
Aux quatre programmes décrits, il convient d'ajouter le programme
Technologie du bois mis en veilleuse depuis
1988 par manque de financement.
Cet important programme, dont le financement est activement cherchb, vise les
objectifs suivants :

;k étudier les caractéristiques physico-chimiques et énergétiques
du bois et du charbon de bois, de la tourbe et du charbon de
tourbe (gisements importants découverts dans les Niayes)
;
JC étudier les performances des différentes techniques de carboni-
sation utilisées au SQnégal et/ou proposer des techniques plus
performantes et moins coûteuses ;
* étudier les capacités fongicides et anti-termites des goudrons
issus de la carbonisation du bois.
2 - PRESENTATION DES ACQUIS DE LA RE=CHE FORESTIERE (DRPP)
21 - Acquis de la recherche en sylviculture et ambnagement
des forêts naturelles
21.1 - Sylviculture
Les recherches sylvicoles sur les principales essences exotiques
et locales utilisées dans le reboisement au Sénégal ont permis de produire des
rQsultats intéressants pour le développement forestier, notamment la maîtrise
des techniques de production de plants en pépinière et la resolution de la
question du choix des espèces pour le reboisement des différentes zones
écologiques. Aujourd'hui, il est possible de produire un guide de reboisement
du Sénégal à partir des acquis de la recherche forestière.
21.11 - RECHERCHES SYLVICOLES SUR LES EUCALYPTUS
Toutes
les techniques splvicoles, pour la réalisation de
plantations d'Eucalyptus,
ontété testées et maîtrisées depuis la conservation
des semences et le type de plants produits en pépinière jusqu'à la fertilisa-
tion en passant par le travail du sol,
l'écartement et l'entretien des
plantations.
Eucalyptus camaldulensis fournit les meilleurs résultats. Les
meilleures provenances adaptées aux différentes zones climatiques du Sénégal
ont été déterminées avec leurs productions potentielles, de même que les
tarifs de cubage qui ont été élaborés suites aux différentes exploitations
réalisées :
- centre-ouest : provenance 8035 (Bandia et Bambey),
(2,33 m3/ha/an)
- centre sud (Kaolack) : provenance 10543 (9,93 m3/ha/an)
- zone orientale (Keur Samba) : provenance 8298,
(4,7 m3/ha/an)
- Casamance : provenances KATHERINE et 6948.
- Vallée du fleuve Sénégal : plantations irriguées : provenances
1492-94 (18,4 m3/ha/an)
Cependant, la dégradation des conditions pluviométriques obligent
à n'envisager la culture de 1'Bucalyptus que sous des précipitations
supérieures à 600 mm ou sous irrigation.
4

21.12 - RE~I~EFCIIE~ sY~vrcoLEs SUR LES ESPÈCES
LOCALES ET PSEUDO-LOCALES
Quatre vingt espèces et provenances ont été étudiées da,s
différentes situations et, pour la plupart d'entre elles, les techniques de
plantation sont généralement connues :
- en irrigué, la plantation en petits potets de n'importe quel
type de plant donne de bons résultats, tandis qu'en en zone
sahélienne et soudanienne,
il faut préconiser la plantation en
moyens potets dans les sols sableux ;
- certaines espèces donnent de bons résultats en semis direct
telle que Faidherbia albida, Acacia nilotica sp., Acacia raddia-
na, Combretum aculeatum,
- en Casamance, pour l'enrichissement en layons, il faut préconi-
ser l'utilisation de barbatelles hautes tiges.
Les résultats positifs suivants ont été obtenus :
- Zone de la vallée du fleuve Sénégal : plantations irriguées.
- Bons résultats avec Prosopis juliflora (12 m3/ha/an), Acacia
nilotica var.
tomentosa
(10 m3/ha/an), Khaya senegalensis,
Casuarina equisetifolia et Paxkinsonia aculeata.
- Zone sylvopastorale : Mbiddi
- pour Acacia senegal, le phénotype gris clair résiste mieux sur
site dunaire que le phénotype gris foncé à réserver aux dépres-
sions argileuses. Acacia raddiana est apparue comme l'espèce la
mieux adaptée à la zone. Acacia nilotica var. adstringens,
Bauhinia rufescens et Sclerocarya birrea doivent être réservées
aux bas-fonds. Acacia seyal peut être implantée dans les mares
temporaires.
Pour Acacia senegal, des techniques efficaces de
saignée pour la production de gomme arabique ont été mises au
point (outils, dates, modalités,...).
- Bassin arachidier Nord :
- sur sol sableux dégrad8 (Thiénaba) : très bon comportement de
Acacia senegal et comportement moyen de Acacia tortilis, Faidher-
bia albida et Prosopis juliflora ;
- sur sols limoneux (Bambey) : en plus des espèces testées à
Thiénaba, les espèces suivantes montrent une bonne adaptation :
Tamarindus indica, Sclerocarya birrea, Bauhinia rufescens ainsi
que Anogeissus leiocarpus dans les bas-fonds ;
- SUI- sols argileux à cuirasse peu profonde (Bandia). : bon
comportement de Prosopisjuliflora, Acacia seyal, Acacia nilotica
SP., Azadirachta indica, Sclerocarya birrea, Zizyphus mauritiana.

- Sine-Saloum (Kaolack, Fatick)
- sur sols argilo-limoneux non salés, des résultats satisfaisants
ont été obtenus avec Acacia nilotica var. adstringens, prosopis
juliflora, Albizia lebbeck, Azadirachta indica, Ceiba pentandra,
Sterculia setigera,
Balanites aegyptica, Zizyphus mauritiana,
Sclerocarya birrea et Anogeissus leiocarpus,
- sur sols salés (tannes) : bonne résistance de Parkinsonia
aculeata, Tamarix senegalensis.
- Casamance
- une vingtaine d'espèces ont été testées, essentiellement pour
l'enrichissement de la forêt naturelle en layons. Mes espèces
suivantes ont donné de bons résultats : Oxytbenanthera abbysini-
ca, Erythrophleum guineense, Spotodea campanulata, Chlorophora
regia, Antiaris africana, Ceiba pentandra.
- des études sur les mangroves (1984-1987) ont permis de mettre
au point des techniques de production de plants de
Avicennia et
de Rbizophora
et d'identifier quelques espèces susceptibles
donner des résultats satisfaisants dans les efforts de reboise-
ment des zones de mangrove dégradées.
21.13 - RECHERCHES wrmcoms sm LES ESPÈCES
FORESTIÈRES EXOTIQUES AUTRES QUE EUCALYPTUS
Les résultats positifs, après études de 120 espèces ou provenan-
ces, se présente comme suit :
- zone fleuve Sénégal (plantations irriguées) :
- très bonne croissance de Leucaena leucocephala (20.6 m3/ha/an),
bon comportement de Acacia holosericea (9,7 m3/ha/an) et Acacia
cyanophylla ;
- zone sylvopastorale :
- les Acacia australiens introduits se sont révélés inadaptées ;
- zone centre ouest :
-'sur terrain limone~ (Bambey) : Acacia holosericea, A, tumida
et A. trachycarpa donnent des résultats intéressants. Acacia
laeta, A. mellifera, Baubinia cunninghanii sont à retenir
également ;
- sur terrain argileux (Bandia) : Acacia sclerosperma, Acacia
bivenosa et A. coriacea sont particulièrement adaptées ; Acacia
laeta, Acacia tumida x eriopoda, A. stipuligera, A. cowleana sont
également prometteurs ;

- outre les acacias à phyllodes cités, les espèces suivantes, qui
sont essentiellement fourragères, ont un bon comportement :
Acacia mellifera, Prosopis cineraria ainsi que quatre especes du
Nord-Est brésilien :
Bauhinia
cheilanta,
Cassia,
excelsa,
Caesalpinia ferrea et Zizyphus joazeiro ;
- zone centre sud (Kaolack, Fatick)
- sur sols argilo-limonaux non salés : bons résultats pour
Melaleuca leucadendron et M. viridiflora (surtout en bas-fonds)
et pour quatre acacias australiens : Acacia holosericea, A.
trachycarpa, A. bivenosa et A. sclerosperma. Bon comportement de
Acacia Jaeta et Dalbergia sissoo,
-
sur sols salés argileux (type tann enherbé) peuvent résister
Melaleuca SP., Prosopis juliflora et, dans une moindre mesure,
Acacia holosericea et Acacia sclerosperma ;
- zone Casamance
- parmi les espèces australiennes testées, Acacia mangium, A.
holosericea, A. tumida, A. monticola se comportent bien. Des
espèces fourragères telles que Gliricidia sepium et Leucaena
leucocephala donnent de bon résultats.
21.2 - Aménagemeut des formations naturelles
Les recherches en forêts naturelles ont été orientees vers la mise
au point de méthodes simples d'aménagement. Il s'agit, d'une part, de mettre
au point des méthodes dendrométriques fiables d'inventaire et de mesure de la
productivité des formations naturelles et, d'autre part, à tester l'effet de
méthodes de gestion simples (mise en défens,
coupe ou pas de coupe, protection
contre les feux,...) sur l'évolution et la production de ces forêts en vue de
leur aménagement.
21.21 - fI%NMANC!E
La mise en place de dispositifs expérimentaux a permis de
connaître la structure des massifs étudiés (nombre de tiges et volumes à
l'hectare par essence ou groupe d'essences,
par catégorie de diamètre et de
hauteur). Des tarifs de cubage ont été développés pour les essences de bois
d'oeuvre et pour les arbres de première grandeur. Pour les espèces du sous-
bois, des tarifs de peuplement ont été élaborés, qui donnent les volumes de
bois présents en fonction des effectifs par classe de diamètres à 20 cm du
sol.
21.22 - BASSIN SABÉLIEN
-Mise au point de techniques d'évaluation des potentialités forestières
(fourrage ligneux, bois de service, bois de feu, fruits sauvages) et
estimations assez précises des stocks ;
- Mise au point d'approche pluridisciplinaire, historique et participa-
tive concernant la gestion des ressources naturelles et l'aménagement des
terroirs pastoraux.

21.3 - Conclusion
Les recherches sur l'aménagement des forêts naturelles sont
récentes (moins de dix ans),
mais le suivi de l'expérimentation, sous forme
d'inventaire forestier continu, permettra, dans un proche avenir, de préciser
les bases viables pour l'aménagement de ces formations naturelles dans la
double perspective d'assurer un rendement soutenu et la pérennité de la
ressource.
22 - Acquis de la recherche forestibre sur les symbioses
racinaires
22.1 - Détermination de l'état symbiotique des plants
Des techniques de détection et de quantification des infections
par les bactéries fixatrices d'azote, les champignons endomycorhiziens et les
champignons ectomycorhiziens sont maîtrisées. Des méthodes de recherche et
conservation des carpophores de champignons ectomycorhiziens sont au point.
Nous connaissons l'état symbiotique in situ de plus de 150 espèces
ligneuses croissant au Sénégal et, en pépinière, de plus de 130 espèces. Grâce
à ces connaissances, le laboratoire de microbiologie forestière possède, à ce
jour, la plus importante masse de données connues concernant les symbioses
racinaires du genre pantropical Acacia riche de plus de 1200 espèces.
22.2 - Isolement de micro-organismes
Les techniques d'isolement de micro-organismes symbiotiques sont
maîtrisées avec les bactéries fixatrices d'azote des genres Rbizobium et
Bradyrhizobium et avec quelques espèces de champignons ectomycorhiziens.
22.3 - Collection de souches
Des souches de Rhizobium, de Bradyrhizobium, de champignons
endomycorhiziens
et de champignons
ectomycorhiziens
sont conservées en
collection.
22.4 - Production d'inoculums
La production d'inoculum liquide et matriciel est maîtrisée avec
les bactéries fixatrices d'azote.
De l'inoculum est produit sur des racines
de plante-hôte avec les champignons endomycorhiziens. Les techniques de
production d'inoculum ectomycorhizien sur un mélange de tourbe et de
vermiculite et sur Paper sandwich sont maîtrisées. La production d'inoculum,
assurée au niveau du laboratoire, représente de faibles quantités qui sont
exclusivement réservées pour des travaux de recherche.
22.5 - Inoculation des plants en pépinière
Les techniques d'inoculation des plants en pépinière avec les
différents inoculums produits (liquide, matriciel, racines de plante-hôte,
tourbe, vermiculite et Paper sandwich) sont maîtrisées.

22.6 - Etude des effets de l'inoculation
22.61 - ESTIMATION DE LA FIXATION D'AZOTE
Les mesures de l'intensité de la nodulation et de l'activité
réductrice d'acétylène, ainsi que le dosage de l'azote (méthode de Kjeldahl
et méthode isotopique N) dans les différentes parties de la plante et le sol,
sont maîtrisées.
22.62 - EVALUATION DES EFFETS PHYSIOLOGIES
DES SYMBIOSES
Des méthodes de dosage du phosphore et d'autres éléments, ainsi
que l'évaluation des paramètres de la croissance sont maîtrisées. Des études
approfondies ont déjà été réalisées
dans ce sens sur une dizaine d'espèces
ligneuses croissantes au Sénégal.
La création et la mise en place des
dispositifs expérimentaux, ainsi que leur statistique, sont maîtrisées.
23 - Acquis de la recherche en matidre de génktique
et d’amélioration des arbres forestiers
L'amélioration génétique des arbres forestiers a pour objectif
essentiel l'obtention d'unmatériel végétal génétiquement performant et adapté
aux conditions des milieux d'utilisation.
Le programme d'amélioration est
encore peu développé, mais les outils et techniques indispensables aux travaux
d'amélioration font l'objet de recherches actives : prospections et évaluation
des ressources phytogénétiques, technologie et physiologie des semences,
techniques de croisements contrôlés, multiplication végétative (bouture,
greffage, culture in vitro).
Les principaux acquis sont les suivants :
-
identification et suivi de plus de 50 peuplements semenciers
(provenance pour les principales espèces forestières dont 16 pour Acacia
albida et 12 pour Acacia senegal) ;
- maîtrise des méthodes de récolte, décorticage, conservation et levée
dormante pour la plupart des espèces forestières importantes ;
maîtrise des techniques classiques de multiplication végétative
(greffage, bouturage) en particulier pour Eucalyptus, Acacia senegal, Acacia
albida et Acacia raddiana ;
- détermination de la structure génétique de différentes populations
africaines d'acacias,
en particulier Acacia senegal et A. albida, par
l'utilisation de marqueurs génétiques (isoenzymes).
24 - Acquis de la recherche forestiére en matibre
de technologie du bois
Le programme bois, si important pour les pays en développement où
plus de 60 W de l'énergie consommée viennent de la biomasse, a été créé en
1985 et arrêté en 1988 par manque de financement. Le programme a permis :
- l'identification d'essences exotiques à croissance rapide
susceptibles de donner du charbon de bois de qualité. On peut
citer en particulier Eucalyptus microtheca qui est bien adapté au
bassin arachidier ;
9

- la comparaison de méthodes modernes et traditionnelles de
carbonisation. Si les rendements en charbon de la meule Casaman-
çaise (32 % dans les conditions optimales) et du four métallique
transportable (28 %) sont presque comparables, il faut noter que
le four métallique est d'utilisation plus facile et comporte
moins de risque, mais il a le désavantage d'être cher.
25 - Acquis de la recherche agroforeetihre
25.1 - Connaissance du milieu
25.11 - ACQUIS DE LA DRSAEA
La Direction des Recherches sur les Systèmes Agraires et
1'Economie Agricole (DRSAEA/ISRA)
a mené plusieurs études dans le domaine de
la connaissance socio-économique, mais aussi biophysique, principalement dans
la zone sylvopastorale, le sud du bassin arachidier et en Casamance. Ces
études,
bien que très localisées pour la plupart, ont cependant donné des
résultats fort intéressants sur lesquels la recherche agricole s'est basée
pour développer des actions en milieu réel.
Ces études sont fondamentales pour la recherche agroforestière et
nécessitent d'être étendues à d'autres zones. Là où elles ont déjà été
effectuées,
une actualisation et approfondissement s'imposent à cause des
changements importants intervenus durant ces dernières années, aussi bien dans
le comportement des paysans pour les diverses spéculations que sur les
pratiques appliquées en matière agricole ou perpétrées sur l'environnement,
sans oublier les changements imposés par la sécheresse et la désertification.
25.12 - ETUDE MJZNÉE PAR L'I~RA ET L'ICRAF
Une étude, menée conjointement par 1'ISRA (par l'intermédiaire de
la DRPF) et 1'ICRAF par une équipe pluridisciplinaire dans le cadre du réseau
AFRENAISALWA, a identifié cinq systèmes d'utilisation des terres (SUT) à
l'intérieur de la zone semi-aride du Sénégal. Cette identification s'est basée
sur les potentialités agroforestières grâce à une étude bibliographique
complétée par une tournée de terrain.
Ces potentialités tiennent aussi bien
compte des facteurs biophysiques que des facteurs socio-économiques. Les SUT
identifiés sont :
- le système des Niayes
- le système du Ferlo
- le système de la Haute Vallée du fleuve Sénégal
- le système du Bassin arachidier
- le système du Nord Tambacounda.
Les principaux problèmes et contraintes au développement
agroforestier ont été identifiés au niveau de chacun des SUT. Les domaines
prioritaires de recherche ont ensuite été dégagés et les recherches d'appui
nécessaires en agroforesterie retenues. Par ailleurs, les thèmes de recherche
agroforestière à approfondir ont été ciblés.
25.2 - Résultats disponibles pour le développement
en agroforeeterie
Les essais mis en place par l'ISRA, bien que récents, ont tout de
même permis, pour certaines technologies,
de disposer de résultats que le
développement peut vulgariser en tenant compte des conditions expérimentales
dans lesquelles ces résultats ont été obtenus.
10

Ainsi,
les résultats suivants sont disponibles :
25.21 - HAIES VIVES
- objectif : lutter contre la divagation du bétail, les incursions
humaines dans les champs de cultures et les périmètres maraîchers. Elles
servent également à délimiter les parcelles et à réduire ainsi les conflits
fonciers ;
- les techniques
de récolte de semences de toutes les essences
forestières actuellement utilisées en agroforesterie au niveau national,
- les techniques de production de plants en pépinière pour la plupart
des espèces utilisées au Sénégal pour les reboisements et autres technologies
agroforestières.
Ces techniques incluent aussi bien les semis directs, les
plants à racines nues, le bouturage que les plants élevés en pot,
- les techniques de plantation des espèces utilisées pour les haies
vives, notamment la dimension des potets,
les traitements anti-termites, les
écartements à adopter, le suivi,...
- une liste d'espèces (par zone écologique) utilisables en haies vives,
* zone nord du bassin arachidier : Acacia mellifera,
Baubinia rufescens, Acacia tortilis, Acacia nilotica
var.
adansonii,
Dichrostachys glomerata, Acacia
ataxacantha,...
+: zone sud du bassin arachidier : Acacia laeta,
Acacia mellifera, Bauhinia rufescens, Acacia ataxa-
cantha, Zizyphus mauritiana,...
- les méthodes de gestion de certaines espèces sélectionnées pour une
utilisation en haies vives.
25.22 - BRISE-VENT
(Moyenne Vallée et Bassin arachidier)
- les techniques de plantation de brise-vent pour quelques espèces,
notamment
la dimension des potets,
les traitements anti-termites, les
écartements à adopter et le suivi post-plantation
- une liste d'espèces (par zone écologique) utilisables en brise-vent
9: zone nord du bassin arachidier : Eucalyptus camal-
dulensis,Anacardiumoccidentale, Azadirachta indica,
Acacia tumida, Acacia holosericea,...
k zone sud dubassin arachidier : Eucalyptus camaldu-
lensis, Melaleuca leucadendron, Acacia bivenosa,...
- les modes de gestion de brise-vent pour quelques espèces, surtout pour
ce qui est des périodes et hauteurs de coupe à préconiser (Eucalyptus
camaldulensis, Acacia holosericea, Acacia tumida,...),
- les utilisations possibles et quantification des sous-produits
d'exploitations du bois de service, du bois de feu,...
Pour les autres technologies,
il existe également des résultats
préliminaires.
11

25.23 - CULTURES EN COULOIRS
(Bassin arachidier et Casamance)
- Comportement et influence de quelquesespèces sur le rendement des
cultures. Les espèces comme Cajanus cajan, Leucaena leucocephala, Gliricidia
sepium, Azadirachta indica, Acacia albida, Acacia nilotica, Acacia tortilis,
Prosopisjuliflora,... se comportent bien dans cette technologie. L'influence
de ces espèces, pour la plupart, ne se fait pas sentir sauf pour celle de
Prosopis juliflora à Thiénaba qui semble être bénéfique aux cultures
associées,
- début de gestion de la composante ligneuse dans un système d'agricul-
ture en couloirs.
25.24 - SYSTÈME DES PARCS
(Zone sylvopastorale et Bassin arachidier)
- Influence de certaines espèces des parcs
sur le rendement des
cultures, particulièrement avec Cordyla pinnata, Acacia albida, Prosopis
africana, Sclerocarya birrea,... ;
- méthode d'enrichissement des forêts naturelles par le système
"Taungya" avec constitution de parcelles de reboisement paysannes pour une
association "production gommière et production céréalière au stade juvénile
des plantations.
25.25 - JACHÈRES AMÉLIORÉES
(Casamance)
- Comportement et influence de certaines espèces sur la fertilité des
champs mis en jachère.
25.26 - FIXATION DES DUNES
- Liste d'espèces utilisables : Casuarina equisetifolia, Prosopis
juliflora, Anacardium occidentale, Euphorbia balsamifera,...
- techniques de plantation et technologies appropriées : haies vives,
brise-
vent, sites de plantation, dispositions à préconiser,...
25.27 - ARBRES DE CONCESSION ET BOISEMENTS FAMILIAUX
(Zone sylvopastorale, Bassin arachidier et
Casamance)
- Liste d'espèces pour la production de fruits, mais également de bois
de feu et de service : Borassus aethiopium, Eucalyptus camaldulensis,
fruitiers classiques, Azadirachta indica, Zizyphus mauritiana, Adansonia
digitata.
25.28 - ARBRES DANS LES P TURAGES - P TURAGES
SOUS COUVERT ARBORÉ
- Objectif : réhabiliter les pâturages naturels par l'introduction
d'espèces forestières fourragères :
- techniques de régénération assistée et d'enrichissement des parcs par
des ligneux fourragers connus comme Celtis integrifolia, Bauhinia rufescens,
Adansonia digitata, Prosopis africana, Pterocarpus erinaceus, Pterocarpus
lucens, Combretum SP.,..,
1 2

- inventaire de quelques ligneux disponibles sur parcours naturels dans
les formations pastorales et agricoles,
- évaluation quantitative de la contribution ligneuse dans le régime des
ruminants, variation entre espèces animales, saison et région,
- comportement alimentaire des ruminants vis-à-vis. du disponible
fourrager,
- identification d'espèces ligneuses consommées sur parcours naturels
dans les grandes régions naturelles du Sénégal et hiérarchisation du choix,
- étude en laboratoire de la valeur alimentaire de quelques espèces :
analyses chimiques, utilisation digestive de l'énergie et de l'azote sur une
cinquantaine d'espèces,
- étude de la productivité secondaire sur Acacia albida (fruits), Guiera
senega2ensis (feuilles), Calotropis procera (feuilles), Adausonia digitata
(feuilles),
- méthodologie d'étude des formations forestières dans la zone
sylvopastorale et tendances &voLutives des espéces les plus caractéristiques
(Balanites aegyptiaca,
Boscia senegalensis, Calotropis procera, Guiera
senegalensis,
Grewia bicolor,...)
- relations allométriques entre productivité fourragère et certains
paramètres (circonférence, hauteur,...).
25.3 - Conclusion
La recherche agroforestière nécessite du temps pour générer des
résultats probants pouvant faire l'objet d'une vulgarisation. Ainsi, c'est
uniquement dans le long terme que la plupart des préoccupations des paysans
pourraient être satisfaites par le biais de l'intégration de l'arbre, sous
diverses formes, aux différentes activités du monde rural.
3 - EVALUATION CRITIQUE DES ACQUIS DE IA RECUERCUE FORESTIERE
Quatre critère d'évaluation des résultats de la recherche
forestière ont été retenus. Ces critères ont trait à l'adéquation entre les
programmes de recherche et les besoins du développement (coopération
verticale), à la coordination des activités de recherche (coopération
horizontale), au transfert et à la diffusion des résultats, aux moyens alloués
à la recherche.
31 - L'adéquation entre les programmes de recherche
et le tivelopperrent
Les programmes'de recherche forestière, comme ceux de la recherche
de façon générale, ne sont pas toujours orientés vers la satisfaction des
besoins
immédiats des acteurs du développement que sont les services
techniques nationaux, les projets,
les organisations non gouvernementales
(ONG) et les communautés de base. Cette inadéquation résulte, entre autres,
de la combinaison de deux facteurs :
- le premier facteur est lié à l'inadéquation entre les priorités
nationales et celles des organismes de coopération,
13

- le second facteur, qui semble être le plus déterminant, est
l'absence d'études socio-économiques pertinentes en milieu rural
pour identifier les besoins et priorités en matière de programmes
ou de thème de recherche. L'existence et la prise en compte de
telles études permettraient d'identifier les aspirations des
populations en matière de recherche et les contraintes pouvant
éventuellement s'opposer à l'application des résultats (rentabi-
lité économique par rapport à d'autres alternatives de production
et de conservation des ressources par exemple, incompatibilité
avec les pratiques et systèmes de production en vigueur).
32 - La coordination dee institution de recherches
Pendant longtemps, les institutions de recherche ont souffert de
leur cloisonnement, avec tout ce que cela comporte comme inconvénients (faible
circulation des informations, pertes de temps sur des questions probablement
résolues par d'autres, vision sectorielle).
Ce n'est qu'avec la création de
l'ISRA, en 1964, qui prend la relève des divers organismes de recherche
français désormais fusionnés, que ce problème a connu un début de solution.
En ce qui concerne spécifiquement la recherche forestière, elle
éprouve de plus en plus le besoin de s'ouvrir aux autres structures de
recherche.
Ce besoin est né de la complexité de certains programmes qui ne
peuvent être exécutés en vase clos comme l'agroforesterie. L'affectation de
chercheurs dans les centres de recherches agronomiques au cours des dernières
années est un pas vers l'approche pluridisciplinaire qui semble être la seule
voie possible pour une recherche suffisamment efficace.
33 - La diffusion et le transfert des acquis de la recherche
Les résultats de la recherche sont très faiblement valorisés par
les utilisateurs les plus indiqués (services nationaux, projets de développe-
ment, paysans). Il se pose un problème de diffusion de ces résultats auprès
des intéressés qui, dans la majeure partie des cas, ignorent les progrès de
la recherche dans le domaine d'activités qui les concerne.
34 - Les moyens de la recherche
La recherche forestière ne dispose pas de moyens suffisants pour
l'exécution correcte de l'ensemble des programmes dontelle a la charge. Cette
situation est d'autant plus déplorable que certains programmes sont arrêtés
à mi-parcours faute de financement pour achever les activités engagées (par
exemple, le programme "technologie du bois").
La contribution du secteur
forestier au développement de la recherche est faible, tant du point de vue
financier qu'au point de vue ressources humaines (ATEP, ITEF).
14