L Culture d’arachides sous Acacia albida. dans le...
L
Culture d’arachides sous Acacia albida. dans le cercle de Tivouane
LES POSSIBILITÉS DE REBOISEMENT
EN ACACIA ALBIDA AU SÉNÉGAL
par Pierre-Louis GIFFARD,
Conservateur des Eaux et Por&ts.
SUMMARY
T H E POSSIBILITIES O F A C A C I A A L B I D A R E A F F O R E S T A T I O N I N SÉNÉQAL
The author examines the role that Acacia Aibida cari play in reafforestation in Sénégal.
He describes the species; its botanical, technological and ecological characteristics, and diseusses its effect on soi1 ami its
value as fodder.
From the forestry point ofview, artificial regeneration triais have often ended in failure, buf a method has now been developed.
There follaws a description of natural tree growths in Sénégal and the possibilities of reafforestation. The author shows how
.Acacia Albida would be advantageous in the development of fhe Siayes region and the ground-nul basin.
L A S POSIEILIDADES D E REPOBALCIbN M E D I A N T E AOACIA A L B I D A E N SÉNlbAL
El autor estudia el pape1 que puede dessemperïar la especie denominada Acaciu albida, en las repoblaciones forestales empren-
didas en Senegat.
Se describe la especie, sus caracferes botdnicos, tecnologicos y ecologieos, se estudia su accidn sobre 10s suelos y su valor
forrajero.
Revue Bois et Forêfs des Tropiques, no 95, Mai-Juin 1964
2 1

Desde el punto de visla silvicola, 10s ensayos de regeneracidn artificiales han ftnalizado
en fracasos, en un gran ndmero de
easos, pero, en la actualidad, se ha llegado a poner a punfo un método valedero.
A eontinuacidn, el autor describe las repoblaciones naturales del Senegal, las posibilidades de repoblacion y pone de ma
fiesto el interés que preseniaria la especia Acacia albida en la ordenacacidn de la région de Niayes y la cuena de produccidn de
cacahuete.
Il y a des années que les agronomes, les
meilleurs aliments pour le betail. Des pédologues de
forestiers et les éleveurs reconnaissent que, de
L’O. R. S. T. 0. M., des chercheurs de 1’1. R. A. T.,
tous les arbres de la zone sèche de l’Afrique Tro-
le pédologue forestier CARLIN, ont mis en
picale, l’Acacia
const.itue peut-être l.‘es-
Evidence le rôle qu’il joue dans la fertilisation
sente forestière la plus intéressante. Chacun dans
des sols, quelques forestiers se sont intéres-
sa spécialité, nombre de techniciens se sont prcioc-
sés à sa multiplication mais aucune station de
cupés de lui mais il ne semble pas qu’une étude
recherches agronomiques ou sylvicoles n’a abordé
d’ensemble ait jamais été entreprise. CHEVALIER
à fond la question si bien, qu’aujourd’hui, on ne
l’a analysé au point de vue botanique. AUBRÉVILLE
sait pas encore grand chose sur cet arbre dont
a surtout traité de son écologie. TROCHAÏN a décele
tout le monde parle et que, périodiquement, on
au Sénégal un péniclimax a Faidherbia. CURASSON,
présente comme pouvant revolutionner l’agri-
enfin, classe ses gousses et son feuillage parmi les
culture tropicale.
1. -- DESCRIPTION
a) MORPHOLOGIE.
15 paires de foliolules oblongues, parfois obtusément
mucronnées, longues de 4 a 7 mm, larges de
Acacia albida est un arbre de grandes dimen-
1 a 2 mm. Sur le rachis, à la base de chaque paire
sions qui, atteignant 20 m de hauteur et 1 m de
de pinnules, existe une glande non stipitée. Les
diamètre, dépasse souvent en taille et en volume
feuilles apparaissent dés la fin de la saison des
les autres espèces forestières rencontrées dans
pluies. Elles persistent durant toute la saison sèche
son aire de dispersion. Les vieux sujets, au fût
pour tomber en début d’hivernage.
libre sur 6 à 8 m et à la base épaissie, prCsentent
Les fleurs, sessibles, en épis axillaires denses, ont
des branches ascendantes et une cime étalée en
de 7 à 10 cm de long, D’abord blanc-crème, puis
parasol alors que le tronc des jeunes arbres,
jaunes, elles sont trés odorantes. Le calice possède
entièrement garni de branches, s’élance en pyramide.
5 lobes avec 40 à 50 étamines. La floraison se
L’écorce est grise ; lisse au début, elle devient
produit deux mois environ après le départ de
profondément fissurée avec l’âge.
la végétation.
Le fruit est une grosse gousse, longue de 10 a
b) CARACTERES BOTANIQUES.
15 cm, large de 2 à 3 cm dont la surface, concave
Légumineuse mimosée, Acacia albida fut déter-
d’un côté, devient convexe de l’autre. Le méso-
miné par B
carpe, charnu à l’état frais, se lignifie, s’enroulant
AILLON qui le classa en dehors du genre
Acacia. En 1934, C
en spirale. La gousse, jaune-orange à maturité,
HEVALIER, se basant sur des
considérations de morphologie de la fleur et d’ana-
est indéhiscente et tombe trois mois après la florai-
tomie du bois, en fit un genre nouveau, mono-
son. Elle contient des graines ovoïdes, non aplaties,
typique, nommé Faidherbia en l’honneur de l’or-
brun foncé, brillantes. On compte par kilo environ
ganisateur du Sénégal qui s’intéressa à la vegé-
11.500 graines qui, protégées par une cuticule
tation de ce pays. Cet arbre établit la liaison
cireuse imperméable, conservent longtemps leur
entre les Acaciae et les Ingleae. Il se distingue
pouvoir germinatif.
du genre Acacia par les étamines soudées entre
elles sur une assez grande étendue, par les pétales
c) CARACTERES TECHNOLOGIQUES ET UTILISATION.
libres soudés à la base avec les filets staminaux,
par le fruit qui rappelle beaucoup celui des Entere-
Acacia albida fournit un excellent bois, de couleur
lobium d’Amérique. Cependant, dans la deu-
jaune clair, assez tendre et facile a travailler.
xième édition (1958) de la FloEe d’HuTCHINSON
Il est communément employé pour la fab!:ication
et DALZIEL : ((Flora of West Tropical Africa jj,
d’objets artisanaux : mortiers, pilons, calebasses,
révisée par KEAY, le genre Faidherbia est tombé en
instruments de cuisine. Les branches servent à la
synonymie avec le genre Acacia.
construction des cases ou des greniers a grains.
Les feuilles composées, légèrement pubescentes,
Toutefois, pour éviter que les piquets ne soient
sont de couleur gris-vert bleuté. Elles présentent
attaqués par les insectes, il est recommandé de
3 à 7 paires de pinnules ayant chacune 10 à
les laisser séjourner plusieurs mois dans une mare
22

afin d’éliminer la sève. Dans les régions où les
Toutefois, l’utilité de cette espèce réside essen-
arbres, protégés depuis longtemps, arrivent au
tiellement dans son pouvoir de fertiliser et de
terme de leur vie, ils peuvent être exploités et
reconstituer les sols tout en permettant aux paysans
d o n n e n t u n combustible de qualité, bois de
de cultiver sous son ombrage et aux éleveurs de
chauffage ou matière première pour le char-
retirer des feuilles et des gousses un important
b o n .
fourrage en période dc soudure.
II, - ECOLOGIE
Acacia albida est un arbre typiquement afri-
ment. Son abondance dans les zones de culture, alors
cain. On le rencontre dans toutes les contrées à
qu’à quelques kilométres près, en for&, elle est
longue saison sèche, depuis le Sud Algérien jusqu’au
rare ou absente, son installation sur les terres
Transvaal, de l’Atlantique à l’océan Indien. Des
récemment ouvertes ti l’agriculture constituent
peuplements denses existent dans l’Ouest du Séné-
des preuves de son caractère anthropophyle.
gal, près des fleuves au Mali, dans toute la Haute-
Seuls les terrains sablonneux ou silice-argileux
Volta, à proximité des villages du Sud du Niger et
conviennent à l’Acacia ulbidn ; sur les cuirasses
du Nord du Nigeria, dans la vallée du Logone au
latéritiques il ne pousse pas. SARLW rapporte une .
Tchad, dans les plaines du bas Chari et du Came-
tradition voltaïque selon laquelle les Chefs de
roun mkidional. Au Kenya il est très commun.
terre installeraient les nouveaux villages clans les
Il est encore présent, bien que disséminé, aux
stations où ces arbres sont nombreux. Nous csti-
abords des puits et dans les oasis, en Mauritanie, en
mons qu’il doit s’agir de la réimplantation d’une
Lybie, au Soudan. On le retrouve en Egypte,
collectivité rurale dans une zone abandonntie
dans la vallée du Nil, du Caire aux premières cata-
duran-t une longue période de jachère car l’absence
ractes et, en Erythrée, il se propage dans les ga-
de cette espèce dans les for0ts qui n’ont pas
leries forestières. Dans l’hémisphére australe, on
encore été défrichées est incompatible avec l’hypo-
le revoit en Angola, au Mozambique, au Zam-
thèse. Conservant ses feuilles en saison sèche dans
bèse et en Rhodésie du Sud. En Ouganda, il
un milieu particuliérrment chaud, ensoleilli et
émerge des plaines inondées et au Tanganyika,
ventilé, Acocin albida est très exigeant en eau. Les
on le considère comme une espèce hydrophile.
lwuplcnwnts denses sont liés n la pr6sence d’une
Les botanistes ne se sont pas mis d’accord
pour situer l’aire d’origine. ACHH~VILIX
penche pour l’Afrique Orientale ou .~ustralr,
en bordure des rivières, tandis que CIIEV.!I.II<I<
le fait naître dans les steppes dc I’Xfrique
du Nord et du Sahara avant qk’ellcs nc
soient complttement desséchées. Le cycle ~6
g6tatif de l’espèce montre, en effet, que wllc-
ci a bté introduite dans les vastes zones tic
l’Afrique de l’Ouest où 011 trouve acturllc-
ment les plus beaux peul)lemcnts. Couvert
de feuilles en pleine période séchep d6fcuillP
durant la saison des pluies, =1cucin trlbidtr fait
figure d’un étranger dms la Hore localr ct il
est incontestable que l’hérklité l’emporte SUI
l’adaptation climatique. Nous ne somrncs pas
compétents pour trancher entre les deus th&
ories mais nous penserions plutdt avec Xcunk-
V I L L E qu’il s’agit d’une ancienne
cspéw
australe ayant colonisé le cent inent africain au
cours des siècles. Sa présence dans l’Adrar, dans
le Tassili des Azdjers, dans le massif de l’Aïr,
sur la 1,iste d’Agadès h 13iim:r, cf+s I’Ennedi,
dans les régions incultivées sahelo-soudaniennes
ne peut s’expliquer que par la dissémination des
graines par les animaux, les chameaux notank-
Acnciu albida - Feuilles et frcrrrs

nappe phréatique proche de la surface du sol et
plusieurs mètres, de longueur. En région séche,
les individus isolés doivent rencontrer une certaine
les semis supportent difficilement la concurrence
quantité d’humidit6 en profondeur. Le systéme
des graminées et des autres arbres. Ils doivent
radiculaire, du type pivotant, es1 toujours très
profiter au maximum de la totalité des précipi-
développé. Lorsque le plant n’atteint que quelques
tations atmosphériques afin de constituer en
Centim&es de hauteur, la racine dépasse déjà
quelques mois un réseau radiculaire puissant.
III. - ACTION SUR LES SOLS.
II y a longtemps que, remarquant une végé-
terrain dénudé. Les micro-organismes demeurent
tation plus abontlanlc sous l’ombrage des .4cczci-
plus nombreux et ils peuvent entrer en activité
trlbirlrr que sous celui des autres arbres, les agro-
dés les premières pluies, période qui correspond
nomes tra\\aillant en zone tropicale ont mentionné
à la chute des feuilles. La couverture morte et les
l’action benfifique de l’esp+ce sur les sols. 13i(ln
déjections du bétail qui a pâturé sous les Acacia
avant ~US, du rcslc, dans certaines parties ?‘Afri-
sont immédiatement et complètement transformées
que, lrs paysans avaient fait la merne conslatation.
en humus, ceci au moment où le cycle végétatif
C’est ainsi qu’au Niger les Sultans de Zrrvnwr
des plantes cultivées va démarrer.
s’c!taient fJrigi’s en proteclcpurs du 1, GA0 )), fidictant
Au cours d’une mission effectuée au Niger en
des mesures conservatrices draconiennes. Celui
l!W), hUAIN, pédologue à 1’0. R. S. T. 0. M.,
qui, sans autorisation, coupait un arbre avait la
a chiffré l’augmentation de la teneur du sol en
tête tranchée : celui qui, sans raison, le mutilait
azote corr&ativement à l’accroissement de la teneur
avait un bras sectionné. II en résulte qu’aujourd’hui
en matière organique totale. Analysant des échan-
sur des dizaines de kilométres, nous trouvons une
tillons de terre prélevés sous Acacia albida et
superbe forêt d’=2cncirc trlhida où les cimes se tou-
d’autres ext,raits à une dizaine de mètres de la
chent et sous lesquelles, depuis des générations,
projection des cimes, il montra qu’en moyenne la
sans aucune période de jachére, on cultive le mil
teneur en matière organique passe de 1,6 à 4,3 ?“,
avec un haut rendement.
provoquant un accroissement de la capacité de
On a souvent parlé de la fixation de l’azote
fixation des sols vis-à-vis des bases de 0,ï à
atmosphérique par les nodosités des racines.
1,4 m e q . t0 et de rétention de l’eau de 1,s à
Rien n’est encore prouvé et même si le pht;nomène
2,5 (‘A En conclusion, il écrit : (( Si on considère
s’avérait exact, ce qui est possible puisque I’ilcacicr
que pour une profondeur de 10 cm on a dans
albidn fait partie de la famille des Légumineuses,
ces sols environ 1.500 tonnes de terre à l’hec-
la quasi-totalité du système radiculaire s’en-
tare, l’augmentation de certaines teneurs sous
fonçant rapidement dans le sol à la recherche de
Acacia nlbidn correspondrait aux quantités sui-
l’eau, il nous semble peu probable que lés couches
vant es exprimées en engrais et amendements.
superficielles du terrain puissent etre considéra-
- fumier artificiel : JO à 60 t/ha (300 kg d’azote
blement enrichies de cette façon.
organique) ;
Par contre, protégé pendant la saison sèche par
-- chlorure potassium : 50 kg/ha (24 kg de
l’ombrage des cimes, le sol subit des variations
potassium) ;
de température beaucoup moins brutales qu’en
.-- phosphate bicalcique : 80 kg/ha (31 kg
de PZ05 soluble et 25 kg de Ca) ;
.--- l~oloniie : 123 kg/ha (15 kg dc
Mg ct 25 kg de Ca) ;
chaux agricole : 100 kg;ha (43 kg
drt Ca).
O’D UOUWKK estime, qu’en Afrique
occidentale, les quantités de fumier de
hPtni1 d. tic con~lwst n@cessaires
a
u
maintien de la fertilité des terres à
mil sont de 7 :i 12 t./ha. Avec un équi-
valent de 50 à 60 t./ha de fumier
artificiel, les sols sous peuplement d’.-ico-
cicl albidtr lwu‘rwlt d o n c étre considé-
res p:lrmi les oltUeurs. Ceci corrobore
l’erger d’Acacia albida cultivé en mil,
sans aucune jachère, dans le cercle de H‘ivouane
Photo Giffard

Acacia albida
dans une rizilre de Casamance
Photo Giffard
lesétudesde CHARRBAU etde POULAIN
à Rambey, station de 1’1. R. A. T.
située au Sénégal. Rien que leur
rapport final ne soit pas encore pu-
blié, les auteurs ont déjà abouti aux
conclusions suivantes : l’influence de
cet arbre sur la fertilité du sol est
trés marquée, il y a un net gradicnt
de frrtilit6 depuis la proximite im-
médiate du tronc jusqu’à la limite de
la zone influencée par la chute des
1
branches et des feuilles. La produc-
tion du mil est en relation trés étroite
avec la fertilité du sol : la gamme de
variation des rendem’cnts
est très
étendue, puisqu’elle va de 370 kg/ha
à 2.900 kg/ha (rendements estimés
14
à partir de la récolte par pieds). Les
modifications apportées au sol par
l’Acacia ulbidn intéressent toutes les caracté-
sol dans les conditions naturelles, mais cc1 rCsul-
ristiques physiques et chimiques du sol et se
tat ne peut être atteint que par une action globale
traduisent par un relèvement genéral de la ferti-
sur le sol et une véritable tr~lnsforrriation
de celui-ci
lité, et non pas seulement par un relkvement du
impliquant une augmentation de la mat@rr
niveau de tel ou tel élément. 11 apparait, à la lumière
organique et de l’humus, une amélioration des çarac-
de cette expérience, que les récoltes de mil e3
téristiques, en particulier de la capacité pour I’wu,
terrain amélioré peuvent être de cinq à six fois
u n relbvement du niveau de tous les 616rnents
supérieures à ce qu’elles seraient sur le même
minéraux,
en particulier phosphore
et potasse.
IV. - VALEUR FOURRAGÈRE
Dans les pays tropicaux où le pâturage consti-
tuées au Laboratoire National dc Recherches
tue souvent le seul mode d’alimentation des ani-
Vétérinaires de l)akar-Hann sur des feuilles ct
L*
maux domestiques, ovins, caprins ou bovins,
d e s g o u s s e s o n t donnP l e s r6sultats ci-a@
l’abondance et la qualité des denrées fourragères
(principes totaux), exprimés en fraction pour mille
conditionnent la réussite de toge entreprise
du produit récolt (PR) et de la tnatibrc sbche de
d’élevage extensif. Ce sont les légumineuses qui
ce produit (PC).
produisent le maximum de fourrage alibile pour une
La comparaison avec un foin d’Europe montre
surface donnée ; elles sont riches en protéine,
que les gousses ont une teneur m6diocre en mati&re
C
comblant ainsi les déficiences des céréales ; elles
grasse mais moyenne en matière prot6ique
renferment en quantité sufisante du calcium et
alors que les feuilles, de teneur moyenne en mü-
même si elles sont pauvres en phosphore, elles en
tière grasse, sont assimilables quant aux matières
contiennent plus que les graminées. Leur foin,
protéiques à un fourrage d’excellente qualitC.
en bon état, est égaletient, parmi les aliments
Comme Acacia albida est couvert de feuilles
secs, la meilleure source de vitamines A et D.
durant toute la saison chaude, periode durant
Toutefois, dans les régions chaudes, les légumi-
laquelle toutes les gramin6eS sont desséchées ou
neuses fourragères herbacées étant rares, les
bien disparaissent des pâturages devant les feux
6leveurs font appel aux arbustés, aux buissons,
de brousse, les animaux apprécient énormément
aux arbres de cette famille, surtout aux végétaux
les rameaux et le feuillage, seul élément de verdure
ligneux du genre Acacia, qui, heureusement se
émergeant du paysage. Si l’élagage est effectué
trouvent partout.
correctement, c’est-à-dire si le berger ne coupe que
Parmi ceux-ci, Acacia albida est l’un des plus
quelques branches par arbre, la cime se reconstitue
intéressants pour le pasteur. Des analyses effec-
rapidement. L’année suivante elle peut, à nouveau,
25
- .--- ---
” ____..__ _- _____. --~__

Feuilles Vertes
Gousses Vertes
I
Gousses Mûres
-
-


-
“/m PR
“/oo PS
“/oo PR
1
QI00 PS / “ioo PR J.0 PS
-
-
~.-- ----I_.- ,---
1
Humidité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
589,5
719,7
39,5,4
Matières sèches.. . . . . . . . . . . . . . . . , .
410,5
1.000
280,:~
1 .ono
674,ti
1.0;
Matiéres grasses . . . . . . . . . . . . . . . . .
12,l
29,6
10,2
!
12,l
Matières protéiques (N x 6,25). . . . . . .
X),4
1.71,2
33
113,:i
/
74,2
109 9
Matières crllulosiques (~~wndc) . . . . . . .
88,4

215,o
66,ti
23/,1
l49,3
221’0
Extractif non azoib. . . . . . . . . . . . . . .
204,9
498,O
168
sy8 1 .‘O!g
606:ï
Phosphorr . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
0,56
1,37
1,X
Calcium . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
5,8
14,l
0:::
;
$16 /
2:08
3.09
Mati&rrs ntinéralcs.. . . . . . . . . . . .
35,:~
85,9
10,o
33,x
/
%ti,O
38.6
Insolut~le chlorhydrique. . . . . . . .
16,8
41,0
1,3
-l,ti
/
3,l
~
4,ti
être exploitée. Par contre si la téte a Éte tota-
penpletnenl dense d ’ u n e soisaiitainc d e p i e d s ct
lement sectionnde, les chattces de survie de l’L\\cacia
l’hectare ce qui k~uivaul. CI IIIIC sole de fourrage
sont reduites et, même s’il se maintient, il X+~C;-
entre deux hivernages. .!lors clu’au Niger, un kilo-
tera et ne pourra ctrc utilisE avant longtemps. Les
mktrc carrti
tir silv:\\tle
arbor~c p e u t t t o u r r i t
sujets qui ne sont pas étnottd&i frnctifient ct les
10 bovins, ce chiffre passe à 1X dans les zones com-
gousses, riches en sucre, totnbcnt sur le sol en
p l a n t é e s e n .t ccrcitr
I l e n est de mémc
pleine p&iodc de soudure pour le bbtail. Lwi.\\t,rnt:
d a n s I’Oursl d u Seri+@ oi~ ~‘oIITI~~RW c h a r g e
estitnc que la production de rrrtils, variable selon
avec 20 btpufs l e s @tut-ages s o u s ITaitihcr-
bien des conditions, va de JOO à (iO0 kg pour un
bis.
V. -- SYLVICULTURE.
a) REGENERATION
NBTURELLIL
lances vivantes et en oligo-éléments, ils se préci-
pitent sur les jeunes plants qu’ils tondent à la
Qu’il soit originaire de l’Afrique Australe OLI
hauteur du collet. Chaque année, une forte pro-
du Sud-Algérien, A c a c i a albido s ’ e s t rCpandu
portion de la régénération naturelle disparait de cette
à travers le continent avec les migrations humaines.
tnanièrc, car, s’il y a détérioration du système radi-
La graine, protégée par une cuticule cireuse et
culaire, l a plante n e p e u t s u r v i v r e . Par conlrr,
imperméable,
conserve son pouvoir germinatif
si la tige est coupée alors que les racines se sont
d u r a n t p l u s i e u r s annbes. I’our g e r m e r , e l l e a
déj5i profondément
installks,
le sujet rejette
besoin d’une longue saison des pluies ou d’un
l’hivernage suivant.
milieu humide ce qui est rarement le cas dans
son aire de dispersion oi~ les précipitations atmos-
C’est ainsi que, fréquemment, on trouve dans
phériques sont toujours faibles. La nature y
les chatnps des Acaci(l crlhida qui, ayant et@ sec-
sup-
plée grâce à l’action
tionnés 011 broutfis plusieurs saisons de suite,
du bétail qui absorbe les gous-
ses et rejette avec les exct+ments, des semences
prkntent ù quelques ccntintPtres au-dessous du
sol une racine de la taille d’un piquet alors que la
dont l’enveloppe a étb aLLaquéc par le suc gastrique.
Si une pluie survient avant que les insectes n’aient
tige n’a que le diamétre d’un doigt ; il suffit de
detruit l’embryon, la plantule se développe cl,
quelques annki de protection pour qu’une cepce
rapidement, la radicule s’enfonce dans lc sol à
se dcgnge et qu’un brin prenne le dessus. Certains
la recherche de la tnoindre trace d’humiditr.
auteurs laissent entendre que le recepage favo-
Pour que ces diffkents facteurs soient réunis en
riserait la fortnation de drageons. Nous n’avons
zone saharienne, il faut un extraordinaire concours
pas confirmation de ce phEnomène qui, toutefois,
de circonstances. Par contre, dans les régions
semble possible car souvent sur une surface res-
cultivées où les scmenciers sont plus abondants,
treinte, on rencontre un grand notnbre de touffes
où les animaux séjournent dans les champs durant
d’ficacia albida.
la saison sèche ct oit le sol superficiel est ameubli
par les paysans, les possibilités de régénération
b ) RÉGENÉRATION
A R T I F I C I E L L E .
naturelle deviennent beaucoup plus nombreuses.
Les animaux se montrent très gourmands des
Les connaissances actuelles sur la sylviculture
pousses d’Acacia albida ; glanant leur nourriture
de 1’Acncitr nlbida sont incomplètes et décevantes,
dans des pâturages desséchés, pauvres en subs-
les rares Stations de Recherches Forestières tra-
26

vaillant en zone sahélo-soudanienne ne s’6tant
afin de détruire le cuticule. Yises en pl;~cc dés la
guère préoccupées de cette essence. 11 est vrai
première pluie, les graines gcrm&rent d a n s un<’
qu’après l’article publié en 1953 par FO~*RY dans
proportion de 90 OC), mais, au cours des mois secs,
Bois et Forêts des Tropiques, la régénfration arti-
les plants disparurent les uns aprk les autres. Iks
ficielle ne présentant aucune diffkult6, il semblait
1.000 ha que nous avions tenté d’enrichir en I!)i,:<
inutile de tenter des expérimentations. Extrapolant
dans la (1 Mise en dtifens 11c l e 1)ogo au Sigcr, il
sans doute ce qu’il avait remarqué dans les
ne subsiste, parait-il, plus rien aujourd’hui.
champs, l’auteur écrivait : u il est facile de multi-
Le terrain n’avait pas ét6 travnill6, les racines,
plier le Cadde, il suffit de semer des graines sur le
gênées par la texture du sol et la concurrence des
terrain à complanter. PP11 préconisait une méthode
graminées sauvages, ne purent s’enfoncer cn temps
d’application aisée et peu coûteuse CC
il faut mettre
voulu et les jeunes plants se fünCrcnt durant la
en garde contre les semis à la volée qui donnent
première saison sèche.
des rfsultats nuls... ; il est indispensable d’enfouir
Au moment 0i1 l’on tentait sur tic vastes sur-
les graines dans le sol. Les essences locales sont très
faces ces plantations Cconomiqucs
mais combien
rustiques. Point n’est besoin de remuer le sol,
décevantes, ~AST.~~,
au SCnégal, proposait une
un trou fait avec la pointe d’un bâton, une graine
méthode d’élevage en pépinière. Sen~&s en scptem-
dedans,
un coup de talon pour tasser, cela
bre dans des pots constitués d’un cylindre de
suffit. »
t6lc de 30 cm de longueur rempli de terre et
Des centaines d’hectares
de terres épuisées par
maintenu ferme par un anneau de fil de fer,
la culture de l’arachide ont été traités de cette
les graines donnaient des plants pouvant ftre mis
maniére au Sénégal vers Louga et surtout au
en place lors de l’hivernage suivant. Sur un pla-
Niger vers Zinder, Magaria et Maradi. Partout le
ceau d’expérience la reprise atteignit 90 OC), la
résultat se solda par un échec, les graines ne
survie 40 00. Evidemment le procédé, beaucoup
germant pas. On tenta d’améliorer le procédé en
plus onéreux que le semis direct, n’obtint A I’é-
plongeant les semences dans de l’acide sulfurique pur
poque aucune audience.
27

Rejets d’Acctcia nlhitin <lans me jtrchère
CO(;SlC prïwnt I ~II d6but dc s a i s o n
ii’~*li~. rrrtt’ axlbri*,*, (Ii* !Ut “(> ct :itr,ifturd’
Itui, xoil apri3 ~~II~IIXV nic)is, les jiwiies
.Icwirr cllbida, aha~~tlottn~% ù eux-
m6nies, survivent dans la proportion
de ï5 (‘il. Il est encore trop tot pour
conclure. I)cs essais de\\-rottt ctre rn-
trcpris dans diverses stations mais, les
conditions 6cologiqucs
du plarrau 6tant
peu favorables. il semble qu’on puisse
avoir bon espoir d’introduire cette
essence lb oit elle est trop pc11 :tboti-
dantc pour se multiplier d’elle-nirmc.
IX traitement des semences h l’eau
En I!)%i, tlcvatnt rcboiscr les abords des foragw
bouillante est beaucoup moins coûteux que celui h
profonds clans le lier10 sén6galais, (;~ms~~~nri,
l’acide sulfurique et il ne présente ~LICLW danger. Les
utilisa cette m6thodc tttais, la transplantation
semis étant effectués immédiatement après la
n’ayant pu avoir lieu ayant le mois de novembre,
récolte des graines et les plants utilisables en
on enregistra u11 nouvel 6chcc. Il est hien évident
quatre mois, les frais d’arrosage et d’entretien
cIue les plants mis en place après la saison des
en pépinière sont Iimit6s. Enfin l’emploi de gaines
pluies, alors
I
I
que le sol était déjti d e s s é c h é e n
de polyethylene fermées a\\ la base diminue les
surface , n’avaient aucune chance de survivre
risques d’abîmer le pivot du jeune plant et rend
durant neuf mois sans arrosage.
plus aisées les manipulations. Ilans l’établissement
I)es essais à trtis petite échelle de semis en
du clevis de plantation, le transport constitue, de
pots de poly6thylétte furent effectués en 1960 cl
loin, la rubrique la plus onéreuse. On opère en
1!)01 par le Service Forestier de la Haute-Volta,
effet en saison des pluies lorsque les pistes sont.
prks de Ouahigouya. Ces essais se tnontrérent-
difficilement praticables et surtout, comme on
assez encourageants.
est amené à reboiser des sols sablonneux, il est
l’ne tentative inspirée de la technique CASTAN
souvent nécessaire d’utiliser un véhicule tous
fut effectuk en l!)Ii2 au S6négal par 13. SIIIIBK,
terrains pour amener les Acacia dans les champs.
chef de I’Inspection Forestière de Diourbel. Les
La mise en place ne présente guère de difftcultés ;
graines, récoltées en avril, furent imméd,iatetnent
il suffit de déchirer l’enveloppe plastique à la
décortiqufies
PUIS plongées dans de l’eau bouillante.
base, juste au moment où le plant est descendu dans
Semées quarante-huit heures plus tard dans des
le trou creuse à la bêche.
gaines de poly&hylirne remplies de 30 CI~ de
Il n’en demeure pas moins cIue, chaque fois que ce
terreau, elles germkent au boul d’une semainr
sera possible, on devra faire appel à la régénération
donnant en août, moment le plus propice à la
naturelle. Souvent, avec une honne propagande et
transplantation, des sujets atteignant quelques
une police forestière efIicace, elle est suffisante.
centimL:tres de tige mais dont les racines arri-
L’exetnple des Sultans de Znder, l’action de
vaient presque au fond du récipient. I’nc parcelle
quelques chefs de villages des régions de l’hiès ou
d’expCrience d’un hectare tGlis6e en forCt d’OR-
de Diourbel au S6négal sont significatifs.
VI. - LES PEUPLEMENTS NATURELS D’ACACIA ALBIDA AU SÉNÉGAL
Acuciu ulbida esl prckwnt partout au Sénégal ;
la cotnposition physique des sols et les beaux
on le rencontre depuis la côte Atlantique jusque sut
peuplements ne se trouvent que dans l’Ouest du
les bords de la Falémé, de la Vallée du Fleuve à la
pays, sur les terrains siliceux. Sch6maticluement
frontière de la Guinée Portugaise. Sa cime, verte
son aire s’étend entre la mer et une ligne qui join-
pendant la saison séche, tranche avec le paysage
drait Ross-Uéthio dans la région du Fleuve à
dknudé du Ferlo alors que, défeuillée, elle ponctue
Iioungheul dans le Sine-Saloum.
d’argent les rizières casamanyaiscs
durant l’hiver-
Se basant sur des relevk de flore effectués en
nage. Toutefois si cet arbre se montre indifférent
diverses stations, TROCHAIK a défini au Sénégal
aux climats locaux, il demeure très sensible &
un péniclimax à Faidherbia albida, u groupement

V~~&:II slal~lt anthropog$ne qui s ’ e s t suhstitu6
I)res d e s z o n e s sahelienne e t
soudanienne.
sur s o l silice-argileux
a u climax, c’esl-Mire aux
IA densité actuelle des peuplements d’.-t cncin
difftkcnts îacibs de la Torêt claire soudanienne 1).
nlbidn de l ’ o u e s t sCnCgalais e s t trés \\ariahle e t
Les principnlrs cssenccs forrstikw :tssoci~es sont :
h peu de choses pr$s, la carte établie par POH-
C:or~~brt~ltrrn ~~lrrliriosfrm, . .\\t/trrisoriitt fli~~iltrl«, Skrx~rli~t
TI<RES, il y a
dollzc
ans
tlenleurr
valable.
.st~/igrrtf, Grtwitr hicohr, f<hrqrt .sf~nfqrr/~nsi.s, Ziri-
Certains terrains cultivfs du 11
l’ays SWrc 1) s u r
pliris jrrjrrbtr, Scliroctrrytt birrtw, Cord~ql« pinrrttltr,
lesquels les arl)res sont efiic:icctncnt protCg6s pst
I~trrrliirritr rrlitwlirltr,
Ttrrrrtrrirufrrs intlictr, Parkiti
les paysans pt+sentettt 40 ù r>O pieds ~~ l’hectare
bi~~lohr~str, ‘IMtrrirrrri st~ria~~cilarist~, Prwso~~is filri-
alors que des champs, pourtant voisins n’en pos-
twrrtr,
.lrtrcitr
rricicrtr.slrrrh~~tr,
. I ctrcitr
Ii’rrddictntr,
stYlcnt que de ‘2 à 10. Parfois titi’ttte, les culti~~atcurs
.4 twifr slarwctrrpti,
;\\rio!geissrrs kioctrrprrs, Grri-
sectionnant chaque ;Ititic+ tous Ics rrjets, on passe
wr
st~rit~~~trlcrisis,
Olli,s
irilegri/olitt,
I~Cllfl-
brutalement dans des zones oi~ il ne subsislc des
ri iks rwgyplictr . . . .
Oit Lrottve d o n c d e s ar-
Caddes que dans les ,jachtircs.
VII. --- LES POSSIBILITÉS DE REBOISEMENT AU SÉNÉGAL
11 y a 10t:gtctiips (ILIC’ les forestiers dc I’Xïriquv
(:hepLt~l e s t t r o p faihlc, kit I~OI~TI:I~I~S,
pour ;~sstt-
de l’Ouest prCcoitisent le maintic et la tnttltipliratiori
I‘t’r seule p a r l a n1t311otlc
loc:ilt~ du p;lrc:l~t’ 1tnt
C
tir I’.~lctrcif~ f~lhidfc. Ce n’est toutefois qtt’tw I!l54
culture continue ; on est conttxint d ’ y acljoititlrc
qu’un agrononw, . C
sws grand succés nous le vc’rrotis
la pratique des jachivs de repos. Mais Ic I~tridlrrr-
pltts loin, mit l’accent s~tr le r6le du Catltle pour
bitr trlhidfr peut remplacer dans une rcrt:iii~c lllrstlrt’
1’Fcoi~oniie a g r i c o l e sénigalaise. 11
I.‘irnportancc du
le IGtail pour din~intter et infinir atittulrr 1~s tlitrBcs
‘. KOUNGUEL
P A Y S A G E S A A C A C I A ALBIDA d ’ a p r è s R. PORTERES ( 1 9 5 2 )
29


VIII. - AMENAGEMENT DE LA RÉGION DES NIAYES
Orientée NE-SW, parallélement à la côte atlan-
ont commencé l’aménagement de cette zone ; depuis
tique, la région des Niayes qui couvre environ
1963 une route bitumée relie Cayar à M’Boro et faci-
lite le drainage de la production. Il est prévu d’im-
2 0 0 . 0 0 0 h a
s’étend de
l’embouchure du
fleuve Sénégal à la presqu’Ile du Cap-Vert.
planter de nouvelles collectivités et de construire les
Elle se compose d’une succession de dépressions
villages pilotes. Les légumes venant à maturité
allongées, généralement inondées, sur lesquelles
de janvier à avril, on envisage de conclure des
viennent se raccorder perpendiculairement des
accords commerciaux avec les pays européens
axes alluviaux plus ou moins fonctionnels im-
pour exporter des primeurs. La région devrait donc
briqués entre des dunes. Partant du rivage, on
ètre complètement transformée au cours des dix
trouve successivement sur le substratum secon-
années à venir. Toutefois, si l’utilisation des
daire ou tertiaire :
Niayes est possible et économiquement souhai-
table, le suc& de l’entreprise demeure lié à la
--- une plage de sable coquiller marin,
conservation des sols, en particulier à la protec-
--- des dunes blanches et vives dont- le sable
tion des dunes.
est continuellement repris par les vents,
- - des dunes jaunes ou roses semi-fixées, mises
La suppression de la vbgétation arborée proche
en place au DunkerqsYien,
qui dotninent par un
des dépressions amènerait rapidement la destruc-
front abrupt l’intérieur du pays,
tion du micro-climat subguinéen propice à la
-- une Grie de cuvettes, ou Niayes proprement
culture maraichère e t , surtout, elle entrainerait
dites, plus ou moins inondees par
les pluies et la nappe phréatique des
sables quaternaires.
_..- des dunes rouges fisées, datant
REGION DES NIAYES
de la phase éolienne correspondant
à la régression préouldjienne qui,
aujourd’hui, forment les lignes direc-
trices de toute la zone des Xiayes et
de son arrière pays.
Etymologiquement, en
ouolof,
Siaye désigne Elaeis guineensis.
Par extension TROCHAIN a bap-
tisé de ce nom les boqueteaux de
Palmiers à huile qui entourent les
btangs littoraux situés entre Dakar
et Gandiole. La survivance et le
développement d’une flore de type
guinéen entre les 15O et 16O paral-
lèles ne s’explique que par la pro-
ximité de la nappe phréatique et
par l’action des alizés qui atténuent
le déficit hygrométrique et abaisse
la température durant la saison
sèche.
Traditionnellement exploi-
tées - sous-exploitées devrions nous
écrire -- pour le vin de palme, la
vannerie et les palmistes, les cu-
CO upe de la Z o n e d e s NIAYES
vettes ont vocation pour la. culture
maraîchère et fruitière.
Les suc& obtenus clans le Cap-
Ve,&, les résultats enregistrés
depuis
1937 par la Station Agricole de.
M’Roro ont montré que l’on pou-
vait produire totnates, choux, au-
bergines, pommes de terre, oignons,
haricots, poireaux, carottes, salades,
agrumes, bananes, etc... Des coopé-
ratives de maraichers et la SODENIA
31

l’ensablement des cuvettes. En plusieurs endroits,
prochée des cuvettes et aux haies brise-vent qui
déjà, on peut constater des phénoménes de dégra-
compartimentent les terrains maraichers.
dation. Les déboisements opérés pour obtenir du
par contre, serait tout indiqué pour
combustible, IC passage des troupeaux dans les
fixer tes dunes intérieures, pour les fertiliser, pour les
dunes littorales, I’incinfration des palmiers et du
rendre accessibles ~3 l’agriculture et à l’élevage.
sous-bois pour faciliter le défrichement, ta culture
Nous sommes dans le pénictimax à Faidherbia
de l’arachide ont provoqu6 la disparition sous les
ufbida défini par TROCHAIN et si cet arbre, pré-
sables de plusieurs Niayes et une importante
sent partout, n’est guère abondant il faut accuser
diminution des surfaces utilisables dans d’autres.
tes paysans qui l’ont mutilé pour cultiver l’arachide,
Le processus est irrfivcrsiblc, ct, quels que soient
tes villageois qui, ne trouvant rien d’autre, t’ont
les moyens techniques ou financiers qu’on mettrait
coupé pour en tirer du combustible ou du bois de
en rouvre ult6rieurrmcnt, une fois I’Ctroit chapelet
service. Les conditions écologiques favorables, te
de cuvettes disparu, il deviendrait impossible de
sol siliceux, la nappe phréatique proche permet-
te rticup@rcr. Li6 A la masse continentale t’harmattan
traient la réimplantation du Cadde et son esten-
subit au niveau de ta ccite un mouvement ascen-
sion rapide. En interdisant d’une faTon rigoureuse
dant et passe par-dessus l’aliz6. Toutefois, dès que
ta coupe des Acacia ulhidrr subsistants, en protf-
celui-ri faiblit ou tombe, il se produit de violents
geant tes rejets et les semis naturels, en reboi-
tourt~ittons entratnant une érosion éolienne iniense.
sant ou en enrichissant les zones oil les srmenciers
Lc Service Forestier a fait la preuve B Malicka
sont rares, il serait possible de transformer les
et A Rrtba que te Fila0 était l’arbre le mieux
dunes rouges et tes dunes roses qui bordent les
adapte ti ta fixation du cordon littoral. Il e s t
cuvettes en un vaste verger dans lequel, sans
cependant impossible de proposer un tel reboisement
période de jachère, on pourrait cultiver du mil
pour toutes tes dunes de ta zone des Kiayes car
durant l’hivernage, engraisser des troupeaus
l’opération, très onéreuse, ne serait pas économi-
pendant ta saison séche. Plus de 100.000 ha
quement viable. Elle doit étre réservée, comme cela
de terres nouvelles pourraient. ètre mis eu va-
se pratique depuis deux ans, à ta défense rap-
l e u r .
IX. - AMÉNAGEMENT DU BASSIN ARACHIDIER
Si pour ta zone des Niayes nous conseillons
I,e Service de l’Aménagement du Territoire
un reboisement total en Acacia albidn et pros-
souhaite UII rapide passage de la culture extensive
crivons la culture de l’arachide qui n’a jamais été et
à ta culture intensive, la 1)irection de l’Agriculture
ne pourra jamais étre rentable, pour Le Bassin
tente dc diversifier la production agricole. A notre
arachidier, c’est-à-dire pour la majeure partie des
point dc vue, il n’esiste, dans l’in~mc%liat, qu’une
Régions de LXourbet, de Thiès et du Sine Satoum.
solution : fixer les paysans et arrcter l’érosion qui
nous recommandons des aménagements sylvo-
sterilise les sols. .A I:I Station de Houtcl o ù o n
agricoles dans lesquels cet arbre jouerait un rcilc
efftbctuc des essais dc culture m6canis6r, le terrain
capital.
a 6té ctoisonn6 et les champs, orient6s Sord-Sud,
Soumis à t’influence du Mouridisme, la plupari
attwnent
avec des txmdes anti-érosives boisfies
des paysans de la contrée ont coutume de defricher,
qui t’reincnt t’harmattan CII saison sbche. Cc qua-
de dessoucher et de cultiver lr sot sans se soucier
drillagc indispensable en zone’ tropicale, appliqué
de son 6puiscmcnt : peu d’engrais minPra1,
égalctiient en I’. Ii. S. S. et cn Chine,
aucun
iic doit pas
engrais vert, guère de jachères et surtout une place
ètrc r6scrv6
a u ShCgat à qurtques p a r c e l l e s
exagWe consacrce
3 t’arachidc. S i d a n s le Haol,
d’rsxli :
011 doit t’in~l~oscr dans t
o
u
t

lc Hüssin
tes Séréres rtiservent deux fois
Xrachirlier. Mors qu’h I~oulel il
plus de terrain au mil
a sul’fi d e m a i n -
qu’B l ’ a r a c h i d e e t l e s ‘t’idjancs Gquilibrcnt Ics
tenir des portions ilc foret tors de t’am~nagemcnt.,
deux produits, tes Mouridcs font- deux fois et demie
dans te pays mouride presqo’ent
ihrement dCfri-
plus de culture industrietlc stuc de cMates. @I~II~
rl16, il faudra reboiser des b a n d e s paralléles de
les terres sont ruinées, ils tes abandonnent, Gmigrcnt
50 m6tres de largeur pour chaque portion dc
ou rCc!ament te déclassement des forets. En 1925,
900 m r6scrvCe à ta culture.
le centre géographique de l’aire occupk par la
Loin d’$tre préjudiciable à la production agri-
confrérie se situait. ICgèrcment au Sud-Est de
cole, la diminution d’un cinquibmc des terres
Thiès ; en 1952, il s’Etuit d6ptacC vers Gossas :
consacrées à ta culture augmenterait tes rendements.
maintenant, avec les nombreuses colonies en cours
Dans le rapport présenté au colloque sur la conser-
d’installation dans le sénc’gat Oriental, il faudrait
vation et la restauration des sots tenu à Téhéran
le rechercher beaucoup plus à l’Est.
e n 1%?0,TREOuBOV e s t i m e qu’en Lkrainc t’inS-
3 2

Acacia albida sur dune
photo GiNard
tallation de brise-vent a permis un
accroissement de 20 à 30 y;, des rb-
coltes d e ~C~~ales, d e 100 O;, p o u r
certaines cultures de plein champ.
Eflectu6 en Anacardium et en AUL-
cia rrlbidn, le reboisement des bandes
antiérosives
permettrait au Sénégal
une diversification de la production.
Au dibut, 1~s Darcassou
qui frucli-
fient dès la cinquiime année et qui
donnent en moyenne 800 kg de noix
cajou à l’hectare de 10 à 30 a n s
apporteraient un reyenu compll-
mentaire aux p a y s a n s . I’ltérieure-
ment, les Cadcl::s autoriseraient sous
leur couvert la culture du mil sans
aucune période de jachère. l’rotégées
les premières années contre le bé-
tail, ces zones seraient ensuite éga-
lement ouvertes aux animaux qui
y trouveraient en abondance du
fourrage en saison sèche.
Le Mouridisme présente une struc-
ture féodale et, au point de vue éco-
nomique, rappelle par beaucoup de
traits les communautés palestiennes
ou le Mfr slave d’où dérivent kolkhoz et sovl;hoz.
tion des sols, ils auraient le pouvoir tic I’aiw rapide-
Si les responsables de la Confrérie comprenaient
m e n t a p p l i q u e r une r~l’ornie f‘oticiiw qui, srwle
que les rendements en agriculture sont fonction
peut f a i r e progrrssw I’ckonomic~ agriïcblv sCnCg:1-
de l’aménagement des terres et de la conserva-
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