REPUBLIQUE DU SENEGAL I- -, INSTITUT SENEGALAIS ...
REPUBLIQUE DU SENEGAL
I- -,
INSTITUT SENEGALAIS
---------------
:
DE RECHERCHES AGRICOLES
MINISTERE DU DEVELOPPEMENT
RURAL
( I . S . R . A . )
- - - - - - - - - - - - - - -
- - - - - - - - - - - -
!
PRODUCTION EN BIOMASSE D'UN RECRU D'UN AN
de Guiera senenallensis
SUR LES SOLS SABLEUX DEGRADES
DU CENTRE NORD DU BASSIN ARACHIDIER SENEGALAIS
(Village de KhaLyes)
par
Dominique LOUPPE
Ingénieur de recherche du CIRAD/CTFT
mis à la disposition de la DRPF/ISRA
DIRECTION DES RECHERCHES SUR LES PRODUCTIONS FORESTIERES
Route des Pères Maristes - Parc Forestier de Hann
BP 2312 - Tel 32.32.119. - DAKAR
SENEGAL

INTRODUCTION
Le village de Khayes,
près de Thiénaba, à 15 km environ à l'est de Thit,5
est un des villages retenu par le projet de Recherche Développement sur
1 i:
R8le de l'Arbre en Exploitation Agricole pour y .mener des actions Cc2
recherches en milieu paysan.
Dans ce village,
comme dans toute la zone environnante,
la plupart dx,r,
sols ont été dégradés par une culture continue avec la rotation arachide-mil
sans apport de fertilisant. Avec une densité de population de 90 habitants par
km2 (SAMBA, 1988),
une pluviometrie de 455 mm/an entre 1985 et 1988 (CAZET,
1989),
des rendements agricoles de 847 kg/ha en arachide gousse et 220 kg/ha
en mil en 1986 (SAMBA, 1988) on comprend aisément que, dans ces conditions, la
jachère ait disparu depuis longtemps.
Les sols les mieux représentés sont les sols "DIORS" ou sols ferrugineux
tropicaux non lessives, modaux, serie brun-beige qui sont des sols extrèmement
sableux avec un taux d'argile plus limon avoisinant 5% . Dans les horizons de
surface,
le pH eau est de 5,7 et les teneurs en carbone total sont de 2,4%.
en azote total de 0,22%.
en phosphore total 0,22%.
la somme des bases
échangeables est de 0,45 meq/lOOg avec un taux de satur:tion de 60% (SAMBA
1988).
Ces sols sont donc d'une trés faible fertilité associee à une capacité
de rétension en eau réduite et à une susceptibilité élevée vis
ci vis de
l'erosion éolienne.
Aucune technique particulière n'est utilisée par les paysans pour
améliorer la fertilité de ces sols ni pour les soustraires
aux effets des
vents.
Et ce n'est pas le maigre parc arboré, avec 3 Faidherbia albida à
l'hectare (5 arbres par ha toutes especes confondues) qui permettra de
restaurer la fertilité de ces sols.
De plus le village est confronté au problème de disponibilité en bois de
feu.
Celui-ci ne peut être fourni que par l'émondage des arbres restants sur
le terroir au risque de voir reduit leurs effets bénéfiques,sur le micro-
climat,
la production de fourrage et, dans le cas de Faidherbiâ albida, le
rendement des cultures.
Il apparaît dès lors que le Guiera senenalensis Gmell. arbrisseau de la
famille des Combretaceae très abondant dans les terrains de culture peut jouer
un r81e sur la fertilité des sols et dans l'approvisionnement en bois de feu
des villages.

Le Guiera est coupé au moment de la préparation des champs en mai - juin.
Son bois,
jusqu'à de très petites dimensions est récolté pour alimenter lt;;
foyers de cuisine. Les rejets sont sarclés pendant la période de culture et ce
n'est qu'apres celle-ci que le buisson peut recommenser à se développer. Il
pousse toute la saison sèche devenant un element caractéristique du paysage.
En raison de son abondance il joue un role certain, mais non encore étudie,
sur la réduction de l'érosion éolienne.
Ceci est confirmé par le fait que lb::
'
touffes de Guiera sont toujours sur de petites élévations.
A

l
'
e
m
p
l
a
c
e
m
e
n
t

b.2
ces touffes,
on observe généralement une meilleure productivité des cultur,::
qui pourrait être due a la synergie entre les enrichissement du sol par 1~;s
retombées foliaires et par l'interception des particules transportées par IV
vent.

C x c a r r e
E = C\\ploitatton
Pr parcellU
P L A N
PARCELLAIRE
E c h e l l e

La présente note est le fruit d'un travail préliminaire visant à estimer
quelle est la production de biomasse d'un recru d'un an de Guiera seneqalensis
en zone sahelo-soudanienne sur sols sableux dégradés.
Les travaux de terrain ont été réalisés par M. WADE, agent technique des
Eaux et Forêt, travaillant a la DRPF/ISRA.
Ce travail est une Etude exploratoire, donc simple.
10 placeaux
de 400 m2 (20x20 m) ont été délimités dans le terroir de
Khayes.
Le choix de ces placeaux peut être considéré comme aléatoire dans la
mesure où
il a été réalise ainsi:
les paysans étant en train de défricher
leurs champs nous nous sommes installé à l'endroit où le défrichement allait
être fait au moment où nous nous présentions.
La carte ci-jointe montre la localisation des parcelles dans lesquelles
ont éte matérialisés les placeaux échantillons.
On constate une bonne
couverture de l'ensemble du terroir villageois.
Les 400 m2 une fois défriches,
la totalité de la biomasse est pesée au
peson à cadran à 100 grammes près puis les branches le sont à leur tour après
effeuillage et enlevement des brindilles.
Un échantillon de feuilles et un
Echantillon de bois est préleve par placeau pour étude de la teneur en eau.
Ces échantillons, pesés frais sont ensuite passés 24 heures a l'étuve à 105"~
et pesés a nouveau. Ces pesées sont effectuées au laboratoire au 0,Ol g près.
RESULTATS
Tableau 1: Production en biomasse d'un recru d'un de Guierâ senenalensiq
PRODUCTION DE FEUILLES
PRODUCTICN DE BOIS
ET BRINDILLES
poids
taux
poids
poids
taux
poids
verts
humidité
secs
verts
humidité
secs
(Whd
C%l
--_--___-__--_--_---_
'k!!ha)_-2%!**_ ---- !!z!hal------ -__-___-___--_-__(~~!~~~
Moyenne
1456
266
391
525
137
224
Limite inferieure*
1089
246
281
363
116
144
Limite supérieure*
1824
286
501
688
159
304
1: Les limites présentées ici sont celles de l'intervalle de confiance (a 95%)
de la moyenne calculees à l'aide des valeurs données par la table t de
Student.
** Les taux d'humidité sont donnes en pourcents du poids sec.
*** Les poids secs ont été calculés sur la base du poids sec de chaque placeau
et de l'humidite de l'échantillon correspondant.
Le tableau ci-dessus nous montre une grande dispersion des résultats
autour de la moyenne à l'exception des taux d'humidité. Ceci est dû, pour une
part

à la variabilité du terroir et d'autre part au faible
nombre
d'echantillons. (10 échantillons ou
0,4 ha pour un terroir de 253 ha).

N'oublions pas cependant que cette étude n'est qu'exploratoire et devrait
etre
suivie
par une autre plus approfondie si
les résultats acquis
sont
interessants.
La production annuelle d'un recru de Guiera senesalensig serait donc en
moyenne de 605 kg de matière seche dont 391 kg de feuilles et 224 kg de petit
bois.
Petit bois qui, en général, est exporté pour la cuisson. Les feuilles
quant à elles sont habituellement laissées sur place ou brûlées en tas s'il y
en a beaucoup.
Notons aussi que les chiffres présentés ici correspondent a la production
du Guiera senenalensis entre 2 saisons de culture, donc en 8 a 9 mois. En cas
de jachère,
la production des 2èmes et 3èmes années devrait être nettement
plus élevée.
Ajoutons également que les éventuelles retombées foliaires en
cours de saison seche ne sont pas comptabilisées et que l'estimation de la
production de feuilles est des lors un minimum.
DISCUSSIQJi
Le bois de feu
Si l'on considère la production moyenne de 224 kg/ha-an, la production
globale au niveau du village s'éléverait à 56,ô tonnes de bois par an. (de
36,4 a 76,9 T/an selon les limites de
l'intervalle de confiance de la
moyenne). Néanmoins, certains secteurs du village presentent peu de Guiera: il
s'agit principalement des terres voisines du village où les tiges sont
récoltées pour la confection de clôtures ou de palissades et les zones de bas
fonds qui sont envahies par le Cassia occidentalis. De plus, au moment de la
préparation des champs, les femmes n'ont pas le temps nécessaire pour ramasser
tout le bois et elles laissent sur place les petites dimensions. Les femmes
des villages voisins viennent également chercher du Guiera sur le terroir de
Khayes.
Ainsi nous pourrions grossièrement estimer que la production de bois de
Guiera senegalensis pour les usages culinaires est de 50% de sa productivité
potentielle. Ce qui
ramènerait la production de bois de feu de Guiera à
environ 28 T par an pour le village.
La consommation annuelle individuelle de bois de feu s'élève à Khayes à
270 kg de bois par an (SAMBA,
1988) chiffre voisin de celui avancé pour la
région par le CERER en 1982: 250 kg/hab/an. La demande s'eléverait ainsi à
prés de 62 tonnes par an pour 228 habitants.
Ainsi Guiera seneaalensis, dans ce terroir villageois, serait susceptible
de contribuer à l'approvisionnement en bois de feu à raison de 45% des
besoins.
Le reste de l'approvisionnement en combustible provient de l'émondage des
arbres du parc arboré,
des résidus de cultures céréalières et même, dans 4
.
exploitations sur 22, la bouse de vache est utilisée.
Dans ce village,
les foyers améliores sont encore totalement inconnus et
ne sont donc pas utilisés. La simple mise en oeuvre de tels foyers permettrait
d'augmenter
la part relative du Guiera seneaalensis dans
l ' a p p r o v i s i o n n e m e n t
en Bnergie
domestique et de réduire corrélativement la part provenant de

l'émondage d'arbres utiles tels Faidherbia albidâ.
Le feuillage
La production de feuillage s'éléve à 391 kg/ha-an en moyenne (de 281 à
501 kg/ha-an).
Ce qui correspond à un apport minera1 annuel moyen, selon les
analyses de TOUZEAU (1973), de :
Azote
: 5,79 kg/ha
Phosphore: 0,46 kg/ha
Potassium: 4,18 kg/ha
Calcium
: 3,36 kg/ha
Magnesium: 1,60 kg/ha
Ces valeurs sont faibles, mais ainsi que nous l'avions signale plus haut,
les retombées éventuelles en cours de croissance ne sont pas comptabilisées.
Il en est même pour les fines branches qui sont laissées sur place.
De plus ces retombees sont très localisées au niveau des touffes de
Guiera et compte tenu du taux de couverture faible de cette espèce, taux de
couverture qu'il serait souhaitable d'estimer,
l'apport fertilisant au niveau
des pieds de Guiera n'apparaît plus négligeable.
Une donnée qu'il serait également bon de contrôler est la granulométrie
des buttes sur lesquelles sont situés les plants de Guiera afin de déterminer
par comparaison a la granulométrie de sols nus voisins, l'importance conjointe
de l'interception des particules transportees par l'air et du r81e anti-erosif
de cette espèce.
Des analyses chimiques peuvent également être faites pour
completer les données.
CONCLUSION
Cette Atude préliminaire a permis de montrer, sur la base de quelques
chiffres,
que dans un terroir où la jachère a diparu,
le Guiéra senenalensis
pouvait jouer un r81e non négligeable dans l'approvisionnement en bois de feu
et dans le maintien ponctuel d'une certaine fertilité des sols.
Cette première approche mériterait d'etre approfondie pour confirmer ces
observations et mieux quantifier les phénomènes.

JUBLIOGRAPHIE
CAZET, M.; 1989.
Les plantations linéaires denses sur les sols sableux dégradés de la zone
Centre-Nord du Senégal
- Comportement et effets sur les
cultures
adjacentes de quelques espéces locales et introduites.
ISRA/DRPF - mai 1989 - 18~.
CERER, 1982
Les consommation de combustibles domestiques au Sénégal sur foyers
améliorés et foyers traditionnels.
DAGNELIE, P.; 1969.
Theorie et Méthodes statistiques.
Editions DUCULOT - Gembloux - T.l.
SAMBA, S. A. Nd.; 1988.
Etude
des
facteurs
physiques et
socio-économiques
utiles à
l'Établissement d'un plan d'aménagement agroforestier - Cas de Khayes.
ISRA/DRPF - Mémoire de confirmation - mars 1988 - 106~. t annexes.
TOUZEAU, J.; 1973
Les arbres fourragers de la zone sahélienne de l'Afrique.
Ecole Nationale Veterinaire de Toulouse - n' 5 - 1973.