, DYNAMIQUE DE L VEGÉTATION LIGNEUSE SUR ...
,
DYNAMIQUE DE L
VEGÉTATION LIGNEUSE SUR
D’J9H.3ENNES TERRES DE ( YJLTURE SUR CUIRASSE AU SÉNÉGAL
Malaimy DIATTA 1 et François MATTY2
L’uugmentation de la population dans la cor !munauté rurale de Thyssé-Kaymor (19500 ha de superficie)
s’est traduite par une pression accrue sur l’environnement physique de la zone, notamment sur les
formations naturelles. Les conditions édaphr lues etant peu favorables d l’agriculture (présence des sols
erodks, appauvris et peu profonds sur cuirasse ferrugineuse) les paysans n’hésitent pas à grignoter les terres
marginale.~ sous végétation naturelle. Face à t e phénomène de déforestation, les organismes de recherche et
de developpement tentent déndiguer le phénc mène de dégradation des ressources naturelles en sols et en
végetation par
la régénération du couvert I !gétal dans la partie amont (le plateau cuirassé) et par le
reboisement des terres actuellement cultivées Une étude expérimentale a étk menée sur un site de plateau
cuirasse, hétérogéne de par ses catactéristiqt, :s morplwpédologiques, en vue de suivre la dynamique de lu

végttation naturelle sur ces terres, jadis terre : marginales cultivées. Les deux ans de suivi du processus de
régénération de la végétation ont montré que lu capacité d’autorégénération du couvert végétal dans cet’te
zone est considérable (600 plantslha par an) I n moyenne. En effet, certaines espèces que l’on nésperair pas

.
revoir dans la zone ont fait leur apparition &XI s les parcelles protégées (Cordyla pinnata, Sclerocarya birrea,
Adansonia digitata ).
Mo~s-c~&s : déforestation, Sénégal, soudan en, sols marginaux, sols degradés, érosion, revégétalisation,
jachères
ABSTRACT I DYNAMICS OF FORESTRY Tr EGETATION IN FORMER FALLOWS ON SOILS OVER IRON
HARDPANS IN THE SOUTH OF THE SINE-SAI. , 3ubf REGION (SENEGAL)
The increase in population in the rural comm t4 lnity of Thyssé-Kaymor (19,500 ha area) has led to a growing
demand from the environment of the zone, plIIrticulnrly from its natural vegetation. The edaphic conditions
being unfavourable to agriculture (eroded, iv
7overished and thin soils over hardpan). the peasant farmers do
net hesitate infringing on marginai land of natu
?,a1 vegetation.
Confkonted with this deforestation phenomenoi
rl, the research and development organisations have tried to stop
the degradation of natural soi1 and vegetation i
r,?Sources by regenerating the vegetation caver in the Amont
area (the hardpan table) by replanting trees OI
1 land presently under cultivation. An experimental study was
1 Institut Sénégalais de Recherches Agricoles, BP : 3 20, D&u. SENEGAL
2 Institut des Sciences de l’~uwironnenwnt, Faculti de: Scknces. Dakar. SENEGAL

. .
conducted on the morphopedologically heterogenc 1s hardpan table in order to monitor the dynamks of
natural vegetation on this formally cultivated mar; ta1 land. The two-year monitoring of the regeneration
pl-ocess of the vegetation have shown that the Cape
ity of the vegetal caver to self-regenerate in this area is
generally considerable (600 seedlingsthalyear). C plain species which were not expected in this area
reappeared in the
protected parcels
(Cordyla pinr a, Sclerocarya birrea, Adansonia digitatu).
K’ey wt?t’ds: deforestation, Senegal, Soudanian,
* guality soil, degraded soil, erosion, fallow, regreening.
PRO JkMATIQUE
La pratique continue d’une agriculture ext sive dans une région à forte densité de population a
considérablement contribué if la destruction de 1
bre et des formations forestières en général au niveau du
“bassin arachidier” du Sénégal. Rappelons que le ’ rssin arachidier” du Sénégal est une zone &o-géographique
située au centre du territoire sénégalais et où la pr; que de ‘ia culture d’arachide est la plus intense. Les r6serves
foncieres au sud de la dite zone sont fortement al ctées au point que les populations à la recherche de terres
cultivables defrichent les zones marginales.
Le processus de mise en culture des sol; de qt
iti marginale jadis réservés au parcours associés à la forêt,
remet en cause le principe de l’utilisation rationnel des terres dans cette région du centre du Sénégal. Les effets
combinés du defrichement irrationnel des forn ;ions naturelles, des feux de brousse et du sur-pâturage
contribuent à la dégradation profonde d’un Ccc ystème déja fortement fragilisé : cet 6tat de fait a des
conséquences nefastes sur la dynamique des ressou
:s forestières et des ressources en sols.
Les sols, au lieu de se régtnérer par la pratiqtr
ie la jachère, sont exposes a l’érosion hydrique et éolienne.
Face à ce phénomène de deforestation dont l’un d
facteurs est l’extension des superficies cultiv6es entraînant
la dCgCn&escence des sols, les organismes de dé loppement et de recherche tentent d’apporter une solution
pouvant aboutir a une gestion rationnelle des res
urces naturelles et ainsi réhabiliter la couverture végétale
dans les zones dégradees.
C’est dans cet axe d’idks que, depuis trois ans, t
: Ctude est meru% sur la dynamique de la végétation ligneuse
des friches du plateau clirassé de la communau
rurale de Tyssé-Kaymor (sud du “bassin arachidier” du
SWgal). Cette étude rentre dans le cadre d’un p gramme de recherche pluridisciplinaire sur la gestion des
ressources naturelles a différente échelle du ter ir villageois (bassin versant, toposéquence, exploitation
rw=ne).
L’approche adoptée consiste dans un premier
nps a avoir une bonne connaissance du milieu (physique,
social) et dans un deuxième temps a identifier les lntraintes liées h la reconstitution naturelle des formations
ligneuses.

309
PRINCIPB MÉTHODOLOGIQUES
Les travaux d’investigation ont CO
r d toute Etendue de la communauté rurale de Thysk-Kaymor
(19500 ha). Ensuite, il a éte délimite une zo
représentative (1200 ha) des paysages de la région, englobant le
bassin versant de Keur-Dianko en cours d
gement dans le cadre d’une opération de recherche-développement
associant différents départements de recher
e l’Institut Senégalais de Recherches Agricoles (ISRA).
L’ttude de la dynamique de la vegé
et de son impact sur la protection des sols marginaux des forets
cuirassées, repose sur le suivi e
elle de la régbneration naturelle sous differentes unites
morphopedologiques rencontrées dans
@n somme, l’etude toposéguentielle des
et de la vkgétation dans le site représentatif en question (bassin
versant de Keur-Dianko) a révélé l’existence
quatre sous-uni& morphopédologiques.
Dans ces sous-unités morphopédolog
quatre parcelles d’une superficie chacune de 0,5 ha ont éte
implantrses pour faire l’objet d’un suiviet c
;e de la dynamique de la végetation dans des conditions de mise
en d&fens. La mise en défens a et& assur&e
grillage en fil de fer entourant chaque parcelle. Des parcelles non
clôturees ont été tgalement délimitées
ir de témoins. Des observations au niveau de chaque parcelle ont
été effectuees sur le comportement des
ions ligneuses : le caractere de la regenération naturelle (rejets de
souches, semis, drageons), les caracteri
phénologiques des esp&ces ligneuses (feuillaison, fructification).
Le procédt utilisé &r Cvaluer
de la régbneration naturelle de la végétation dans les parcelles
&élimit&s est l’inventaire par compta
e espece apparues dans l’annee en cours. Ainsi
nous avons pu mettre en évidence, au bo
e deux ans de suivi, l’évolution de la végetation sur cuirasses
ferrugineuses en fonction d’une part des
teurs physiques (climat, sols, modelé) et des facteurs socio-
économiques d’autre part (carbonisation, feu
brousse, extension de la culture).
Avant de donner les résultats p
sons une description sommaire du cadre de
l’étude.
d ADRE DE L’ÉTUDE
La communaux? rurale de
19500 ha. Elle se caractérise par
défavorables au développement
degradé, une pluviométrie déficitaire).
Le milieu physique
Les modeles, les types de sols et la
ont Cte largement décrits par BERTRWD (1972) MICHEL
(1973), ANGE (1984). SENE (1985), FG
ANEL (1986) et DIATI’A (1988) pour l’ensemble des terroirs de
Thyssé-Kaymor.
En résumé, la communaute
présente un paysage constitué sur le plan
géomorphologique d’un ensemble
a 40 m d’altitude et un réseau dense de larges
vallt%s aux pentes trb faibles.
place au quaternaire a la suite d’un contraste
ubs marqué en ce qui concerne les différente phases climatiques se sucddant au cours de cette ère.

.
310’
Le bassin versant de Keur-Dianko présente troi grandes unités principales, dCfinies selon la toposéquence
(aNmont, versant, aval) (figure 1, page suivante).
Le domaine amont
Unité morphopédologique occupée par des plat IUX latéritiques, elle présente un certain degr4 de pente qui
n’a pas manque de se répercuter sur la r6partition de sols et la nature de la végétation reposant sur ce mode16 En
efret, on note dans ce domaine une variation latéral des sols tr& marqut%, & tel enseigne qu’on y distinguerait,
selon le gradient de pente, quatre sous-unités morpt logiques :
le niveau suphieur du plateau cuirassé
C’est une surface d’aplanissement ICgèrement
ldul6e et généralement coiff6e d’une cuirasse de couleur
marron foncé qui se serait form6e pendant les phase d’érosion du quaternaire (MICHEL, 1973).
Cette surface occupe les plus hautes positions de FI région. Elle se caractérise par des sols peu épais, instables
(lithosols et sols gravillonnaires), une végétation a ustive et buissonnante fortement dégradée par les feux, le
swpâturage et la coupe abusive de bois (chauffe, ( rbonisation...). Cette partie du plateau est actuellement la
~111s touch6.e par les contiquences de la surexploita an et le pi&inement des animaux qui entraîne le tassement
de la couche superficielle du sol.
le niwau moyen du plateau cuira&
Surface s’CtaIant en contrebas du niveau SU~&
ur cuirassé, elle est marqu6e par une pente génCralement
sensible. Elle se caractérise par :
une cuirasse fortement démantelée en surface .&entant un grand pourcentage de sables grossiers (gr&s
??
cuirasds) :
des sols ferrugineux tropicaux appauvris et
11s peu évolués d’érosion parsemés de blocs de cuirasse
.
??
laléritique démantelée à la surface et le long de lut le profil ;
. une végétation arbustive buissonnante domin& )ar les combrétacées et profondement affectée par le feu, la
surexploitation de bois et le pâturage en début d ivemage.
Cette unité se distingue par la présence de n nbreux sites de faible permCabilit6, en l’occurrence les
terlmi tières abandonnées où prend naissance un ruiss lement intense.
,b niveau infbrieur du plateau cuirassé
Surface d’aplanissement pouvant être assimilée Z m bas glacis (MICHEL, 1973) ; elle se situe en contre-bas
du niveau moyen cuiras& et se distingue par la posi XI de son modelé assez ondulé (ANGE, 1984). Cette sous-
uni té se distingue par :
* des sols moyennement profonds (50-70 cm) rt osant sur un matériau gravillonnaire avec des concrétions
soudées à peu soudées. Ce sont des sols ferru/ neux tropicaux lessivés appauvris, affectés par une forte
érosion hydrique mettant A nu la cuirasse ;
un couvert végétal relativement riche en es& ; arborescentes
??
: Detarium microcarpum, Daniela oliveri,
Lannea acida, Lunnea micqcarpa, Prosopis aj cana, Ficus spp., Pterocarpus erinaceus, etc., constituent
les essences reliques de cette formation forestière ravag6e annuellement par les feux de brousse.
En plus de l’action des feux, de la coupe irrationl .lle.de bois et du surpâturage, cette partie du plateau est de
plus en plus grignotée par les paysans à la recherche ie terres nouvelles, après Cpuisement ou d&gradation de la
ferntiliti de leurs champs.
la hdure du plateau cuirassé
,
C’est une zone parsemée de blocs de cailloux t de nombreux gravillons ferrugineux. Elle constitue la
bordure du plateau et s’étend sur environ 200 m de la ;e. Elle se caractérise par :

311
. une pente relativement forte variant de 4 5 % (pente génerale 1 %, parfois abrupte) ;
= des sols peu évolués d’trosion (lithoso
u
liq es) sur lesquels repose une végetation fortement dCgrad& par le
feu, la coupe abusive et le surpâturage.
Le domaine mhdian
C’est une zone de glacis de raccordem
couvert d’un “manteau” sableux à sablo-limoneux sous lequel
plonge une cuirasse ferrugineuse. Cette d
ere remonte localement pour former les @mes. On note une
pr&lominance de sols ferrugineux tropici
souvent lessivés, profonds (> 100 cm) prtsentant de bonnes
propriCtt9 physiques et relativement faciles
wailler. La plupart des zones de glacis des bassins versants de la
communaut.6 rurale de Thyssé-Kaymor sont
ervCes principalement à I’agriculture.
V I
$1 92 903 q!’ .QS
(km)
,,
-
idodelé
Plateau cuirassé tab =i
ula’i 32
Glacis de raccordement
Bas-fond
T’ype d e
Lithosols Fermgineux
FekTIlgilW
opic.
Lithosols
Ferrugineux tropicaux lessivés HydNmorphes
sol
tmp. appauvris appauvris
P e u p;fonds ;l$o;d;el
I
‘1
IV
V
VI.-----
T~B&tation aibustive arbustive peu
arbustive, t
0,
- arbustive
Parc arbo& tt4s d6grad8
Parc arboti dense
d&rad& d6grad8e
arborée dB
é e
trhs
I
I
I
-
-
dhgradée
I:u1tures 1
Mil, arachide
Arachide, mil, maïs, coton
Maraîchage,
Sorgho, riz
Epuisement des sols
Défrichement
jj-
Erosion hydre-éolienne
Erosion hydrique
Régression du parc arboti
Ensablement
(feux, coupe de bois, dbfrichement surp
Figure 1: Transect du bassin versant de EEe bI. Dianko-Sonkomng.

I
312
f/
Le domaine aval
Caractérisé dans l’ensemble par des sols plus profonds (> 2 m), on y retrouve deux sous-unités
morphopkdologiques : des terrasses et les bas-fonds ;P’1 lprement dits.
Au niveau des terrasses, les caractéristiques phys 41les des sols, dune maniére générale, sont favorables à la
croissance et developpement des vegétaux. Toutefois11 a formation fréquente de croûtes de battance sur ces sols
est de nature à limiter l’infiltration des eaux, favoris;in : ainsi un ruissellement intense par moment.
Les bas-fonds, unités de collecte des eaux de ruis Sel ilement, présentent des terrains hydromorphes supportant
des formations arborées de plus en plus denses, selon q- re l’on s’approche de l’axe principal de drainage et plus ou
moins dégradées dans la partie amont, actuellement e,x : doit& par les paysans pour les cultures de contre-saison :
maraîchage, arboriculture. Ces zones de bas-fonds ser V$,nt de pâturages pour le bétail en saison pluvieuse.
Le climat
Le terroir de la communauté rurale de Thyssé- symor située entre les isohyètes 800 et 1000 dans les
conditions normales de pluviometrie benéficie dun Iclimat de type soudano-sahélien. Cependant le déficit
pluviométrique enregistre ces 18 dernières anné~ 7
: replace cette zone dans les isohybtes 600-700 mm,
caractéristiques du type climatique sahélo-soudanien.
La moyenne annuelle pluviométrique dans la pc 5ri ode 1970-1987 est de 624 mm. C’est une pluviométrie
netteiment d&itaire avec des annees exceptionnt$ler n nt sèches (1970 ; 1977 ; 1983) .Il faut noter cependant la
particularité des pluies en 1988 et 1489. Çelles-ci ont I
écC abondantes et assez bien réparties dans le temps et dans
l’espace.
,/- .
Annaca
Cumul annu&
n
1970
459.3
1971
#
570.1
*
?
.

? ? ? ?
505.3
1973
584.7
lT74
751,6
1975
857.9
1976
507.8
1977
451.9
1978
735.2
1979
748.7
1980
7328
1981
670.1
1982
521.1
Y*-
1983
467,5
1984
491,5
1985 -
7661
./
19&
703.0
1987-
701.9
MOjUKX?
fimnml
,:
ÉTUDE DE LA DYNAMIQUE DE LA
6GÉTATION DU PLATEAU CUIRASS6
DE KE Fi-DIANKO
Géoéralit&3
I%rmi les techniques d’aménagement de lutte anti-
tes& dans la zone, nous avons retenu les cordons
pierreux et la revégétalisation pour restaurer les parco s associés à la forêt des plateaux cuirassés.

En raison du rôle capital de 1 végetation dans la protection des sols contre le ruissellement et l’érosion,
nous avons accorde un inter& pa iculier a l’etude de la dynamique des formations forestiéres des cuirasses
ferrugineuses.
L’objectif de l’etude est de cor aître les possibilités des formations forestieres des sols cuirasses de s’auto-
reconstituer et de mettre en évic nce tous les facteurs limitants de la regtneration naturelle des essences
ligneuses, dans un but d’aménagem lt et de mise en valeur des ressources vegétales dans ces zones.
R&#&ation naturelle
.I
Le suivi de la dynamique de la égétation s’est fait dans des parcelles de 05 ha chacune, implantées dans les
principales unit& morphopédologi
les du plateau cuirasse.
Les r15sultats obtenus par le biai lu comptage du nombre de jeunes pousses apparues au cours des annt?es 1988
et 1989 permettent de constater
la régénération naturelle de la plupart des essences forestières est effective
dans tous les faciès des sols de e
for &uirasskes.
Le tableau 1 permet d’apprécier importance de la régénération naturelle par le nombre d’espèces au stade de
jeunes pousses recensées en 1988 et 989 (page suivante).
L’analyse de ces résultats permc
de constater que la regéner ion est considérable et peut atteindre des proportions de l’ordre de 600
??
plants/ha/an en moyenne ;
de noter des variations trés in wtantes en nombre de certaines espèces quand on passe de la parcelle non
??
protég6e a la parcelle de mise ei lefens ; ce sont, pour la plupart, des essences très appétées au stade de jeunes
pousses, mais aussi probablemc t des espkces qui ne resistent pas a l’action du feu. Ces esp&ces voient leur
nombre diminuer au niveau de 1 parcelle non protégke par rapport a la parcelle mise en defens : Commi>hora
africana, Detarium microcarp n, Pterocarpus erinaceus, Danielia oliveri, Tamarindus indica, Bomba~
cosialum, Securinega virosa, D Nspyros ferea, Hexalobus monopetalus ;
9 d’observer pour certaines essE ces un taux de variation negatif qui pourrait s’expliquer par leur sensibilité
aux variations des conditions 15 phiques dans la parcelle mise en defens, par un faible pouvoir régénérateur
(annihilation de certains mode de régénération) et concurrentiel de ces espèces : Guiera senegalensis,
Cassis sieberiana, Vitex doniar;

Le cas le plus frappant dans cet1 zone est celui de Guièra senegalensis. Ce dernier régénere mieux, selon les
résultats obtenus, dans les conditi ns de la parcelle non protegee que dans la parcelle mise en défens. Les
hypothèses que I’on pourrait avance pour expliquer ce phénoméne sont les suivantes :
&s rustique, se comporterait mieux en regime de taillis qu’en régime de
?? Guiera seiegalensis, plante
futaie. En effet, dans les conditi 1s de parcelle non protégée, les essences forestières font l’objet dune coupe
continue par les paysans pour le lis de feu ; tel n’est pas le cas en zone de mise en defens.
Dans le même ordre d’idkes, il f it préciser que les formes dominantes de régénération de la végétation dans
la zone non protegée soumise à une oupe du bois et aux effets des feux de brousse seraient : le rejet’par souches
et par drageons. La zone mise en ( .fens connaîtrait par contre la predominance du mode de régénération par
semis ; d’où l’éventualité de pouvo compter plus de jeunes pousses de Guiera senegalensis apparues dans la
parcelle non protégée par rapport à i parcelle protégée ;
l’amélioration des candi tions daphiques, notamment la capacité de retention en eau du sol.dans la zone
??
protégke, pourrait être a l’or& le d’une croissance fulgurante des espèces exigeantes en eau, telles que
Danielia oliveri, Pterocorpus
rinaceus, qui creeraient un micro-climat non favorable a la croissance et
développement de Guiera sene, rlensis.

I
314
Securinega virosa, Detarium microcarpum) on
note une grande difference du point de vue du comporteme
en parcelle non prot4gée. D’autres essences, par
(parcelle mise en défens et parcelle non protégée). Soulign s en particulier l’indifférence des Combr&acées.
Ces espkes présentent une importante régénération a tous
niveaux du plateau cuirassé, avec les taux de
l’action du feu, le piétinement, le broutage des jeunes pous
et l’exploitation du bois. Les retombées de cette
protection se traduisent en termes d’installation dans le mili
d’une couverture végetale de nature à diminuer
le ruissellement et a favoriser ainsi l’augmentation du st
rique et des réserves nutritives du sol. La mise
en défens a donc fortement influencé la régénération des
telles que Plerocarpus erinaceus, Scerocarya
birrea, Pro,ropis africana, Lannea acida, Lannea mi
a, Adasonia digitata, Albizzia chevalier&
Anogeissus ieiocarpus.
La reconstitution des formations forestières cuirasstks
communauté rurale de Thyssé-Kaymor par la
voie na.turelle est possible si les contraintes et les problème
s a sa réalisation sont 1evCs : îeux de brousse,
piétinement et broutage des jeunes pousses, coupe abusive
is. Cependant, vu le caractkre dégradant de la
plupart des pratiques actuelles d’exploitation des ressourc
aturelles dans un contexte de forte pression
demographique, il paraît difficile d’adopter exclusivement
telle technique pour réhabiliter la couverture
végétale dans cette zone écogéographique. Ceci nous ambn
ouligner que parallelement aux travaux sur la
régénération naturelle des espèces d’autres méthodes font 1’
t de tests, en l’occurrence la technique dite de
“plantation tl’enrichissement” avec des esp&ces améliorante
roissance rapide, adaptées aux sols cuirassés,
Le reboisement B l’intérieur des parcelles de mise en défe
Ce reboisement Concerne essentiellement les sites dénud
écapés par I’bosion, les “zipelés” ; on cherche
à y reconstituer une végétation ligneuse. Les “zipelés”
ifiés cbmme étant 4es principales zones de
du plateau epargnerait la mutilation les terres cultivables de
illeure qualit situées en aval du plateau.
impland un essai sur le comportement dune espkce exotique
sols cuirassés et originaire de l’Inde, plus précisement d’une z
aux conditions climatiques similaires B celle
de Siné-Saloum.
InstallC en août 1988, cet essai donne des résultats satisfai
ts avec un taux de survie des plants de l’ordre
de 9.5 % la prvmiere annk et de 92 % la deuxième année, La hau
moyenne est de 80 cm.
Des esp5ce.s locales ont aussi fait l’objet d’introduction en
: Acacia sqal, Acacia macrostachya, Acacia
nilofica var. andanonii. Leur évolution a été fortemen
tubée par les attaques de criquets et autres
sauteriaux locaux. En dehors des zones marginales rCs
aux pâturages et 3 la forêt, nos actions de
plantation se sont poursuivies dans les parcelles de cultu
des dans les domaines médian et aval de la
toposéquence.

l
315
Tableau 1 Données sur la rt+génération &aurelle des espèces forestk?res du plateau cuirasd du bassin versant de
Keur-Dianko-Sonkorong (bilan de 2 ans dlP suivi, 1988-1989)
N
m
TOld
VUiRiOll
rrîcllca -iJzzK
xtgtn&
malt
6)
ESPECES
ration
z!gd
chlbrcbun Ngricaru
59
1363
1
--&-
A c a c i a macrostachya
-
458
31.8
776
4
44%
0
col?brchtm gl&tinoswn
566
435
1001
3
3 0 %
al
Con¶bretum tnitranthum
153
51L
204
8
200%
16
F~ret@ opo&nura .
1013
503
1316
2
2?d%
PI
Piliostigma reticukata
?a
as
64
1 1
46%
a
Dichmstochys glomerata
133
‘xi
209
7
75%
22
Gardenia tcmifolia
3
2
5
33
sot
2i
Logrnmia sicrraria
1 8
4
zz
al
350%
lo
.
Grrwia villaru
17-I
33
210
6
436%
6
securidaco loyiprdonculota
28
l3
4l
1 7
115%
19
Amdirechtn in&0
2
1
3
-35
100%
a)
Commi&m2
rJfric0~
1 7
2
19
??? ? ?
750%
3
Lmuue ncida
?a
9
41
? ?
322%
11
Lruvua microcnrpa
5
3
8
??
6 6 %
23
Gw’em rrnegalrnsis
a
225
300
?
-66%
0
opdia crlt~olia
a
a
93
1 0
226%
d
Strophantw sarm~ntorus
?a
15
4
1 6
8 6 %
21
Secwinegn virosa
1 0
1
11
25
900%
1
Dimpims
ferta
177
19
1%’
9
831 %
2
Dctmium mimcarpwn
1 6
2
1 8
22
700%
4
Cordyb
pinnota
t
5
0
5
33
Apparition
Q.wospcrmwn kunthianum
7
44
15
‘ 4 2 8 % 1
7
!khocarya birreo
0
6
n
Apppritipn
Strrculin scti8cra
2
r.?
ar
403%
I
*
Mbirrio chrvdicri
0
14
23
Apprrition
Diaspiroi mapili*ti
0
1
42
Apparition
Purocorpur rri&cur
6
as
18
233%
I
14
Bomba cmtatum
0
s3
12
Apparition
“‘Mbacirr”
1
2
3 3
0%
P
Hcxalobur mowpetalus
1
7
29
500%
5
Cauia neberiaw
l.5
2 5
1 9
-33%
31
Strichaos spimwa
3
7
29
3 3 %
21
Baisseo multijora
1
5
3 3
300%
12
Afdmmia digitata
0
1
41
Appdion
“3-v”
1
6
31
400%
8
“‘Pdakhayd’
3
4
35
-66%
33
‘Vitcx doninno”
6
9
a5
-50%
32
wn&J~
5
9
16
-20%
3
“‘Diamgobonda”
1
1
42
-100%
36
0
1
42
Apprridon
3
4
a
-66%
I
3
Tamarindus indco
0
2
3
Apparition
Zizyphur Ncronata
1
4.2
- 1 0 % 1
a
rota1
?
46
(*> variation =INb hnts ds mm. motéak~~ - (Nb plants ds parc. non Dr.) x 100
Nb de plants dans parcelle non protégée

Tableau PX : Taux de survie des espèces ligneuses test& en bai
vives dans la zone de cultures (glacis de
raccordement)
Ligne Ligne Ligne Ligne Ligne 1 )Yen- Classe-
Observations
--
1
2
3
4
5
lea
ment
reticulata
n
84
82
76
91
&?
6
Acacia adamonii
100
98
96
100
100
9
1
Bauhinia rufexens
58
9
93
90
100
97
3
Ziziphrcs mauritkzna ’
Bi)
-
90
-
100
93
5
Parkinsonia aculeata
100
-
sur 1 ligne
Prosopis juiliflora
100
90
92
B
93
4
Acacia seyal
100
98
93
100
%
2
Glvricidia seD;um
39
P
0
23
7
-t
Plantations dans la zone des cultures (glacis de raccorden nt)
Les plantations de maillage pour lutter contre le ruisseliem Lt, et lestées dans le terroir villageois de Keur-
Dianko, ont porté sur les 8 essences suivantes :
- Piliostignra reticulala ,
- Parkinsania
uleata ;
- Acacia aulansonii ;
- Prosopis juli Ira ;
- Bauhinia rujèscens ;
- Acacia seyal
- Ziziphus mauritiana ; +
- Glyricidia SI ium.
Ces espèces ont été @parties le long des lignes de plantatic
sous forme de haies vives mixtes. A noter que
les travaux de mise en place des haies vives ont été entièrement
écutés par les paysans.
Nous réfkant au tableau II, nous constatons que :
les
scia seyai et Bauhinia rufescens, dont le taux
??
esp&ws telles que : Acacia nilolica var. andansonii, I
de survie varie entre 93 et 100 %, ont une très bonne reprk
et peuvent constituer des espèces intéressantes
pour la réalisation des haies vives ;
stigma reticulata ont une reprise assez bonne
?? les espbxs Prosopis juliflora, Ziziphus maurifiana et Pi1
(taux de survie entre 76 et 90 %) ;
enfin,
s(rentre 0 et 39 %) a une très mauvaise reprise et
??
Glyricidia sepium, dont le taux de survie est trés ba
pourrait êtr: sensible au broutage par les animaux en divaga tibw.
Sur les 8 e:;pèces utilisées par les paysans pour confectionrj I r les haies vives dans les champs de culture au
niveau du glacis de raccordement et les bas-fonds, 80 % ont ur1 (wx de survie supérieur a 75 %. Ce résultat est
encourageant compte tenu des contraintes qu’éprouvent les p;a 1sans à entretenir ces plantations. Les travaux
d’entretien des haies vives interviennent souvent tardivement, i ce n’est qu’apri?s le sarclage ; d’autre part les
champs de cultures deviennent des terrains de parcours pour leb&ail après la récolte. Il faut avouer que le
nombre de plants Ctait limité pour certaines espèces, ce qui x.plique que certaines essences concernées ne
figurent pas dans toutes les lignes de plantation mises en place 1r1 guise de haies vives (Exemple : Parkinsonia
aculeafa n’a pu être utilisée que sur la ligne 2).

317
CO CLUSION
N
L’étude que nous menons au niveau des zones
parcours associés à la forêt dans le bassin versant de Keur-
Dianko a mis en évidence un certain nombre
ques caracteristiques au plateau cuirassé et a oriente la
gestion conservatoire des ressources naturelles :
1) la dégradation du couvert végetal ligneux r6sulte
grande partie d’un complexe de facteurs en interaction :
exploitation abusive de la végetation p
??
surpâturage et piétinement des animaux ;
??
dégradation continue du couvert végé
??
. extension des cultures dans des sols de qualit
arginale (peu épais reposant sur une dalle latétitique).
2) la dégradation des sols resulte des actio
ent agressives dans cette région sud du
“bassin arachidier”, du ruissellement et
st favoris& par des états de surface
induisant un refus d’infiltration des eau
les anciennes termitières abandonn
s souvent un encroûtement de surface
??
faisant de ces sites les principales zones de
lion du ruissellement ;
les espaces dénudés, dépourvus de toute v
on ligneuse et caractirisés par la présence de sols peu épais,
??
faiblement structurés, induisent un
çant, avant que ne s’installe un tapis
herbad dense en milieu d’hivernage.
Tous ces facteurs anthropiques et naturels de
radation du couvert ligneux entravent profondément le
processus naturel de réhabilitation des zones cuira
s du bassin arachidier. Par conséquent, les aménagements
te5;tés ne pourront porter leurs fruits que si les p
concernés se mobilisent et acceptent d’apporter des
corrections aux modes actuels de gestion des parco
s la zone de cuirasse. Ceci laisse sous-entendre qu’il y a
lieu d’op&er une révision de toutes les pratiques a
elles de gestion des troupeaux, des ressources fourragères
et ligneuses.
En somme, cette révision des pratiques paysann
de gestion des ressources naturelles devrait se traduire par
des mises en défens conduisant à une
des formations vegétales des zones
cuirassées de plateau et par une revegétalisation
tée des terrains de cullure situés en aval. Cependant, la
question qui mérite d’être soulevée est celle de
r si la mise en défens est faisable dans un contexte de
population croissante ?
En raison des contraintes socio-économiques li
a la bonne application de cette technique de mise en défens,
nous avançons l’idée que la “mise en défens” ne
ait pas être interprétée comme une interdiction stricte
d’utilisation des ressources ligneuses, mais p
t être considérée comme un mode de gestion des
ressources naturelles à intégrer dans un syst
production végétale où la population est associée. La
participation des populations à la gestion des
ons végétales devrait se traduire par les activites ou
pmliques suivantes :
exploitation réglementée des ress
ns les terroirs mis en défens par la
??
delimitation des aires pouvant faire 1
suivi sylvicole des espèces pour la
> dans les parcelles ’
??
mises en défens ;
enrichissement de ces mêmes parce1
??
développement de la pratique de la
s le but d’améliorer
??
le parc arboré des terrains de CU
ilité des sols, SUI
---
l
--

l’alimentation du bétail, diminuerait la
anthropique dans les zones cuirassées du plateau où la
réhabilitation du couvert ligneux semble
e possible avec la technique de mise en défens expérimentée.
Les observations doivent se poursuïvre e
années. Certaines questions sur la dynamique de la
végétation dans les zones cuirassées du
sont encore sans r6ponses. Cependant, les
résultats preliminaires, obtenus en un
permettent de déceler une tendance
positive vers une réhabilitation effective, par
ANGE (A.), 1984 - Cartographie morphopédologi
au 1/20000 sur 4000 ha de la communauté rurale de ThysskKaymor
(Sénégal), ISRA.
ANGE (A.), 1985 - Stratification des paysages
ires pour l’identification des contraintes g la production agricole, la mise
au point et l’essai des solutions
sur “la recherche agronomique en milieu paysan”,
Nianing, Sénégal, 5-11 mai 1985. ISRA, pp 40-5
BERTRAND (R.), 1972 - .Morphopedologie
culturales des régions soudaniennes au Sine-Saloum
(Sénégal), 172 p.
DIATTA (M.), 1988 - Caracdrisation morphodyn ique des faciès forestiers de la communauié rurale de Thyssé-Kaymor
(Siné-Saloum).
l
FONTANEL (P.), 1986 - Etat des végétations de p:kr cours dans la communauté rurale de Kaymor, Sud-Saloum (SBnégal),
38 p.
MICHEL (P.), 19’73 - Les bassins des fleuves Sénégz et Gambie : études géomorphologiques ; vol. I-LU, ORSTOM.
MOREAU (R.), 1989 - Démarche et perspectives m pédologie pour une utilisation agricole rationnelle des sols. In :
SOLTROP 89, ORSTOM, Montpellier.
JUNCKER (E.), PEREZ (P.) et RUELLE (P.). 199( - Economie de l’eau, défense et restauration des sols au Siné-Saloum
(Sertegal). In : Agronomie et ressources naturelle en régions tropicales. CIRAD ; pp 213-221
SENE (M.), 1985 - Le poids des contraintes du nailie:u physique et identification de la morphodynamique B differents
niveaux de perception dans les terroirs de Thyssé -Ka ymor-Sonkorong. Mémoire de titularisation, ISRA, 112 p.
THIAM (A.), 1984 - Caractérisation du milieu phy siqute et identification de la morphodynamique à différents niveaux de
perception dans les terroirs de Thyssé-Kaymor-S
Onk orong (Sine-Saloum) ; Mémoire de titularisation, ISRA, 83 p.