CONCLUSIONS DU COURS DE FORMATION PROFESSIONNELLE SUR ...
CONCLUSIONS DU COURS DE FORMATION PROFESSIONNELLE SUR
LES TRYPANOSOMIASES PROFESSE AU CENTRE MURAZ DE BOBO-DIOULASSO
du 2 NOVEMBRE au 12 DECEMBRE 1964
Mission de S.M. TOURE (Centre de Recherches Vétérinaires
de Dakar-Hann) du 7 au 11 décembre 1964 à Bobo-Dioulasso
Sous l’égide de l'organisation Mondiale de la Santé,des cours de
formation professionnelle ont eu lieu à Bobo-Dioulasso du 2 Novembre au 12
Décembre 1964, Quelques états
(CBte-d'ivoire, Guinée, Togo, Tchad, Cameroun,
Congo-Léopoldville,
Urundi, Fernando Po) y étaient représentés par des
médecins et le Mali par un vétérinaire. Invitation avait éte faite au Labo-
ratoire de Parasitoiogie du Centre de Recherches Vétérinaires de Dakar 3
participer aux discussions devant clâturer le cours.
Les débats se sont déroulés en présence du Professeur P.G. JANSSENS
consultant O.M.S., du Professeur EVENS de l'Université de Gand, du Médecin-
Colonel
RIDET, du Médecin-capitaine LARTIGUE, du Médecin-capitaine GATEFF,
tous trois du Centre Muraz de Bobo-Dioulasso, de Mr. BALDRY, entomologiste
au
W.A.I.T.R. de Kaduna et du Docteur P.C. MOREL du Laboratoire de Parasito-
logie de Dakar-Hann.
Au cours des différentes séances, les points suivants ont été
abordés :
- M a r d i 0 dkcembre, 2 s é a n c e s -
1 - Bilan général de la situation en matière de trypanosomiases humaines
dans les états respectifs représentés dans la discussion.
2 - Nécessité d’un laboratoire interétatique spécialisé dans l'étude
des trypanosomiases.
3 - Standardisation des méthodes dans l'étude épidémiologique des trypa-
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nosomiases humaines.
4 - Améliorations dans la diffusion des documents relatifs sud endémies,.
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- Mercredi 9 décembre, 2 séances -
l- Bilan général de la situation en matière de trypanosomiase
humaine (suite 1
2 - Exposé du Dr. P.C. More1 sur les trypanosomiases animales.
3- De l’éducation sanitaire des collectivités menacees par la
maladie du sommeil
4 - Problèmes humains posés par le traitement des malades dépistés.
- Jeudi 10 décembre, 2 séances -
1 - Le diagnostic du medecin de secteur et le diagbostic de labora-
toire.
2 - De la standardisation des méthodes dans l’étude de la glossine.
3- Coopération médico-vétérinaire dans la lutte contre les trypa-
nosomiases.
4- Des insecticides.
5 - Amélioration des méthodes cliniques dans la trypanosomiase
humaine.
6 - Exposé de Mr. Baldry sur le comportement atypique de Glossina
tachinoïdes en Nigeria.
- Vendredi 11 décembre - séance de projection cinématographique :
glossines, trypanosomes et trypanosomiases,
Les différents points abordés peuvent Etre rangés dans les
deud rubriques suivantes : situation actuelle et amélioration possible
pour
l'avenir. L’une ressort souvent de doléances et l'autre de souhaits
pour une activité optima propre à éradiquer les trypanosomiases,
1 - SITUATION ACTUELLE -
L’endémie trypanosomienne est, il est vrai, .i;oins inquiétante
que par le passé, mais elle demeure une menace sérieuse par la persistan-
ce de quelques foyers qui peuvent être le point de depart de bouffées
epidémiques, d'autant plus qu'on note une tendance à les faire passer au
second plan de par la faible proportion des individus atteints. Au .%n&
gal, on déplore des foyers dans les secteurs de M'Bour, Kolda, Bignona.
En Guinée, le
territoire des Kissis reste atteint au niveau des frontiè-
res occidentale et méridionale, Au Mali, les foyers en activité sont
situés
autour de Beamako, Sikasso, Koutiala et Bafou?ab&. Au Cameroun,

deux secteurs autour de Yaoundé continuent dfêtre menaçants. Le Tchad
connaît des endémies dans le bassin du Logone - Chari. Au Congo-LBo-
poldville, les foyers naguère en voie 4’extinction se réveillent, Le
territoire Burundi est infecté sur quelques segments de ses frontières,
notamment celle qui le
sépare du Congo. Ainsi, les autres états situés
dans les limites de
distribution des glossines, qui renferment tous
des foyers de plus ou moins
grande importance en étendue ou en nombre
de cas nouveaux.
L’endémie est entretenue par le contact homme-mouche malgré
un faible taux de virus on circulation car certains porteurs de trypa-
nosomoses échappent au dépistage suit
délibérément, soit de par leurs
occupations socio-professionnelles ; il semble que dens le bassin du
Logone-Chari, les p&cheurs soient rarement concernés dans les opérations
de dépistage alors m&me que leur travail les met constamment en présence
des mouches, Une autre possibilité dans la cause de la persistance de la
maladie du sommeil doit
être envisagée dans l’existence d’un réservoir
à virus animal (porcs, singes et peut-&tre d'autres encore). Un facteur
majeur en tout cas réside dans les déplacements de personnes d’une zone
de
forte endemicité vers des zones saines ou de faible endémicité et éga-
lement dans les passages de
frontieres d’un pays à un autre, les barri&
res sanitaires n’étant jamais totalement étanches, A ce propos, il est à
déplorer un manque de coordination dans les efforts des différents
états pour éradiquer les trypanosomiases. La présence à ces journées de
Bobo-Dioulasso de
représentants de divers états permet d'espèrer pour
l'avenir une plus étroite coopération.
II - AMELIORATIONS POSSIBLES -
Il s'agit d'améliorer les méthodes de lutte dans leur applica..
tion et de parfaire nos connaissances sur les trypanosomiases et leurs
vecteurs.
- Trypanosomiases -
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La lutte contre la maladie du sommeil et les trypanosomiases
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animales, pour &tre efficace, *
doit être appuyée dans 1~ domaine de la
médecine humaine , par les collectivités où réside le mal. Il faudrait
obtenir que nul ne se soustraie aux opérations dE dépistage. On en vient
à souhaiter une prophylaxie où l’empressement des masses à se soumettre
aux autorités médicales et leur vigilance à l’égard de la maladie,
jouent un plus
grand r0le dans les opérations de dépistage. Telle atti-
tude est possible par l’éducation sanitaire des populations qui trop
souvent ne font pas le lien entre la maladie et la mouche ; pour citer
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un exemple de notre domaine, j’ ai entendu rattacher les trypanosomiases
animales à l’ingestion par les bovins d’une certaine graminée, L’éduca--
tion
sanitaire est à intensifier, sinon entreprendre, Elle userait de
tous les moyens pruores à toucher les collectivités : radiodiffusion,
plaquettes publicitaires, cinéma, i n s t r u c t i o n c i v i q u e d a n s l e s 6coles7
journée nationale des trypanosomiases, etc.,. Le coCit en serait moindre
comparé à ce qui serait dépensÉ au cours de flambées gpidémiques. Cette
éducation
sanitaire, base d’une action de défense, doit trouver son point
d'appui auprès des autorites et des formations qui encadrent les collec-
tivités.
Du domaine de la médecine, certaines améliorations sont nécessai--
res concernant la pratique de la clinique. L'opération de dépistage sera
d’autant plus
rigoureuse qu’elle usera du mt?thodes différentes dont la
synthèse
renseigne sur le cas suspect. Les examens classiques constituent
le
premier temps : sondage du sang, du ganglion, du liquide céphalo-rachi.-
dien, ; dans les cas suspects çù aucun trypanosome n’est rencontré, on pru-
cèdera avec profit aux tests de formol-gélification, de fixation du com--
plèment, de floculation des globulines,
d'immunofluurescence. Malheureu-
sement , quelques uns de ces tests ne peuvent être réalisés dans la prati?
que courante, mais le medecin de secteur, après épuisement de ses moyens
pourre s'adresser à un laboratoire spécialisé. Il est souhaitable que le
test de la B2 macruglobuline trouve son application sur le terrain, En
tout cas,
l'operation de dspistage sera améliorée par une jonction plus
rapide de la clinique sur le terrain et du laboratoire.
Quant au traitement des dÉ?pistés,
le difficulte réside dans le
déplacement considéré nécessaire das malades ; ils doivent être traités
dans un centre hospitalier comme tout autre qui souffre de tout autre
mal. Beaucoup ne tolèrent cependant pas ce déplacement et se soustraient
pour cette raison aux qpérations de dapistage ; d’où l’idée, quelquefois
actualisée, d’une coe ‘A’i o n
pour une meilleure prophylaxie,, Celà nous
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ramène au problème de l’éducation saniteire pour résoudre ces peints
d'ordre moral.
Les améliorations corcernent
egalement notre connaissance des
vecteurs des trypanosomiases et les moyens de lutte qu'on leur oppose,
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- Les glossines -
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Malgré la tres longue littérature sur les glossines, bien des
points sont 3 elucider. De récc;ntes recherches dûes à Mr. Baldry tendent
3 le montrer à travers le comportement atypique de Glossina tachinoydes
en
Nigeria. Des gîtes de cette glossine ont été trouvés en plein village
en terrain pratiquement découvert, au lieu de la savane qu'on lui attri-
bue génÉralement comme habitat, Un tel comportement peut avoir une rinci-
dence dans l’épidémiologie de
la trypanosomiase humaine là où n’existe
pas un
écran animal qui reçoit les piqh?es de la glossine. L'incidence
y est certaine dans la trypanosomiase du porc à T. Simiae et celle du
grns bétail à T. brucei. Les autres espèces de glossines sont à surveil-
ler dans les variations de leur écologie. Ces études sont essentielles
pour la préparation des campagnes de lutte contre les tsé-te&.
Quelques puints des discussions ont porté sur les moyens pro-
pres à faciliter l'eradication des trypanosomiases et la lutte contre
les glossines : diffusion des documents scientifiques, meilleure connais-.
aance des techniques d’utilisation des insecticides,
laboratoire interé-
tatique, coopération médico-vétérinaire, coordination des efforts de la
F . A . O . e t d e 1’O.M.S.

Une meilleure diffusion des documents scientifiques sera obte-
nue par l’expédition de deux exemplaires, l’un directement au technicien
interesse, l'autre par voie administrative. Les responsables des secteurs
r&diceux correspondront le plus souvent possible.
Une information plus sûre sur les techniques d’utilisation des
insecticides sera acquise au cours de stages pratiques lors de campagnes
de lutte
contre les glossines ; les praticiens pourront ensuite conseil-
ler utilement leurs équipes. Les campagnes de lutte gagneront en effica-.
cité par la mise au point de tests de résistance aux insecticides.
S’agissant du laboratoire des trypanosomiases, c'est un voeu
pour atteindre une coopGration kotale entre les états concernés, centra-
lisés les recherches et standardiser les opckations de prophylaxie.
Quant à la coopération médico-vétérinaire, il faut la renforcer
en ce qui concerne la lutte contre les vecteurs.
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Doivent oeuvrer d-:ns le même sens, egalement les agronomes. Les
organismes supra-nationaux qui assistent les btats dans le domaine médicel
T~U économique pourraient concerter leurs efforts en matière de lutte
contre les glossines.
La plus grande partie des discussions a trait B la trypanoso-
miase humaine. Toutefois, étant donn& 1~ grand nombre de domaines qu’elle
a en commun avec les trypanosomiases animales et la nécessite qu’il y
wait à rencontrer les personnes dont c'est 10 préoccupation permanente,
1~s entretiens de Bobo-Dioulasso ont Eté du plus grand intérêt.
Je remercie le Professxr P.G. JANSSENS, le professeur F.EVENS
et la Direction de l’O.C.C.G.E. de Bobo-Dioulasso des ducuments qu’ils
m ’ o n t aimsblement donn6s.

Ces documents sont les suivants :
1) Documents du cours_ -
- BIDEAU (L.J.) Tests biologiques applicables au diagnostic de
la trypanosomiase.
- CHALLIER (A.) Les glossines
- EVENS (F.) Importance des trypanosomiases - Lutte contre les
glossines.
- EVENS (F. ) Ecologie des trypanosomiases.
- EVENS (F.) Quelques aspects de l’épidémiologie de la trypano-
somiase humaine en Afrique.
- GATEFF (C.) L’Éducation sanitaire dans la lutte contre les
trypanosomiases.africaines.
- GAUFRETEAU (A.) Les trypanosomiases
animales
- JANSSENS (P.G.) Les trypanosomiases humaines
- LARTIGUE (J. J.) Les trypanosomes - Morphologie et biologie
- RICHET (P.) Historique de la trypanosomiase humaine africaine
- RIDET (J.) La méthode statistique en épidEmiologie.
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2) Autres documents -
- NEUJEAN (G.) & EVENS (F.) Diagnostic et traitement de
la maladie du sommeil : 175 pp.? 1 carte,
1958,
BruBelles.
- Rapport 0,M.S. no 202 : la maladie de chagas - Genève
1960
- Rapport O.M.S. no 247 : du Comité d'Experts de la trypa-
nosomiase - Genève, 1962
- Documents divers présentés à la réunion du Comité O.M.S.
d'experts de la trypanosomiase tenue à Genève
du 18 au 23 Juin 1962.

- Bulletin O.M.S., 1963, 20, pp. 595-835.