INSTITUT SENEGALAIS DE COMITE PERMANENT INTERNATS DE...
INSTITUT SENEGALAIS DE
COMITE PERMANENT INTERNATS DE LUTTE
RECHERCHES AGRICOLES
CONTRE LA SECHERESSE DANS LE SAHEL
FJw
INSTITUT DU SAHEL
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UNITE DE RECHERCHE D’APPUI
PROGRAMME REGIONAL DE RENFORCEMENT
POLITIQUE AGRICOLE ET
INSTITUTIONNEL EN MATIERE DE RECHERCHES
SOCIO-ECONOMIE (PASE)
SUR IA SECURITE ALLMEWTAlRE AU SAHEL (PRISAS)
ATELIER DE RESTXTUTXON
“IMPACT DE LA DEVALUATION DU FCFA SUR
LES REVENUS ET LA SECURITE ALIMENTAIRE AU SENEGAL”
NOVOTEL-DAKAR, 23 FEVRIER
1 FILIERE BETAlL - VIANDE. BOVINE 1
I PRODUCTION ET STRATEGIES DE GESTION
D E S R E S S O U R C E S P A S T O R A L E S
I
Cheikh Mbacké NDIONE
ISRA-PASE
ISRA-PASE
m%u3

INTRODUCTION
La présente note passe en revue l’impact de la dévaluation sur les producteurs
et sur les stratégies de gestion des ressources pastorales. Comme le souhaitent les
tenants de la dévaluation, il y a eu un transfert de richesse des urbains (consommateurs
de viande) vers les ruraux (producteurs de viande). Ce transfert positif inquiète par les
problèmes de gestion des ressources pastorales qui se profilent à l’horizon
(accumulation de bétail, surcharge animale, détérioration des ouvrages hydrauliques
etc..). C’est pourquoi, il ne faut pas occulter les problèmes de gestion de l’espace et des
infrastructures qui constituent une faiblesse du systéme pastoral. Renforcer et améliorer
la qualité de cette gestion est une condition de durabilité des acquis engrangés par les
pasteurs.
LES SYSTEMES D’ELEVAGE
t
Deux systèmes d’élevage coexistent au Sénégal : (i) le système pastoral de type
extensif et (ii) le système agro-pastoral.
Le système pastoral est confiné dans une zone caractérisée par des niveaux de
phwiométrie relativement faibles et rendant l’agriculture aléatoire. Ce système concerne
la parue nord du Sénégal que se partagent les régions de Saint-Louis, Louga, Diourbel
et Tambacounda. On appelle cette région écologique Ferlo ; d’autres préfêrent la
dénomination de Zone Sylvo-pastorale (en connotation avec les systèmes de
production). En dehors des terroirs sédentaires, on rapporte une faible densité
démographique, des occupations gravitant autour de l’élevage extensif, la cueillette et
l’agriculture des variétés exigeant peu d’eau. C’est l’élevage l’activité de prédilection des
peul, des maures sénégalais et des sérère pour qui, le Bassin arachidier, est devenu trop
étroit pour un élevage de type extensif. La contribution de ce type d’élevage à l’offre
nationale de viande s’évalue à 90 %.
Le système agro-pastoral est localisé dans les zones à vocation mixte (dans un
passé récent) où l’agriculture extensive (sous la poussée démographique et la demande
croissante en terres), a évincé l’élevage extensif. Le récent cycle de sécheresse a
--introduit des stratégies de diversification parmi lesquelles l’élevage intensif en
embouche. La production de viande tend à s’y intensifier (utilisation plus intensive
d’intrams pour le raccourcissement du cycle de production et pour l’augmentation de la
productivité pondérale).
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Cette intensification vise la génération de liquidités à temps opportun pour faire
face au désengagement de I’Etat en matière d’approvisionnement en intrants agricoles.
On confond cette région, malgré sa tendance à s’élargir, au centre nord du Bassin
arachidier. Elle est la plus importante pourvoyeuse de viande de qualité supérieure qui
représente jusqu’à 10 % de l’offre globale de viande. Dans cette stratégie, sont
impliqués les groupements d’intérêt économique, les paysans disposant de moyens ou
de troupeaux et divers privés.
CARACTERISTIQUE PRINCIPALE DU SOUS-SECTEUR
Pour ce sous-secteur qui n’a jamais été exportateur net, la répartition de l’impact
de la dévaluation, s’analyse au niveau interne c’est-à-dire entre les différents
participants. La portion de la filière intéressée par cette note, concerne essentiellement
les producteurs de viankle bovine et ovine.
La dévaluation a été ressentie du côté des producteurs différemment selon le
type de producteurs. Les pasteurs semblent s’être tirés mieux d’affaire que les autres à
cause de leur faible consommation en intrants, et de l’utilisation de la main d’oeuvre
familiale qui n’entraîne pas de sortie d’ argent. A l’opposé, les agro-pasteurs du système
mixte éprouvent des difficultés à concilier les objectifs multiples qu’ils fixent en
pratiquant l’embouche.
IMPACT SUR LES PRODUCTEURS DU SYSTEME EXTENSIF
Ce système de production possède la particularité de consommer peu d’intrants
achetés sur le marché. Par conséquent pour en évaluer les coûts de production, nous
avons émis quelques hypothèses en travaillant sur un troupeau type de bovins et de
petits ruminants. Les enquêtes du PAPEL (Projet d’appui à l’élevage) ont révélé, qu’en
moyenne, le troupeau bovin par famille est de 50 têtes et celui des petits ruminants de
100 têtes.
L’analyse des charges journalières variables montre que le coût du gardiennage
n’a pas été influencé par la dévaluation pour une raison relevant de l’ofie et de la
demande locales. A l’opposé, les soins vétérinaires sont passés de 171 FCFA/j à 294
FCFA/j. En même temps, les charges alimentaires, consenties pour réduire l’impact de
la disette en fin de saison sèche, sont passées de 68 à 78 FCFA/j. Nous avons calculé
le revenu net comme étant la rémunération résiduelle du travail familial.
_ I
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La famille de type pastoral choisie est aussi caractérisée par des taux
d’exploitation de son troupeau de petits ruminants de 25 % et de 10 % pour celui des
bovins. L’analyse du relevé de prix effectué au foirai1 de Dahir (entre avril et juin 1995)
fait apparaître un prix moyen par tête de 12.500 FCFA (contre 9.500 FCFA avant
dévaluation) pour les ovins et de SO.000 FCFA (65.000 FCFA avant) pour les bovins.
En moyenne, le prélèvement de lait mesuré s’élève à 8 Yj pour une durée de lactation
(240 j). Chaque litre étant échangeable sur place contre 100 FCFA, le lait procure un
revenu journalier de 526 FCFA. Globalement le revenu tiré quotidiennement de
l’élevage par la famille type est passé de 1.935 FCFA à 2.478 FCFA soit une hausse de
28 %. Il faut signaler que la période de collecte des données (avril à juin 1995) se
situait à un moment où le bétail pastoral a perdu du point de vue de la qualité du
produit. Par conséquent, les prix obtenus ne reflètent pas les prix au pasteur les plus
élevés après la dévaluation .
Il ressort du tableau 1 que les recettes brutes et les dépenses ont varié dans des
proportions différentes. Pour une augmentation des dépenses de 63 %; la hausse
correspondante des recettes brutes n’est que de 28 %. Ainsi les revenus nets nominaux
des pasteurs ont augmenté de 19 %.
En août 1995, l’offre de viande ne progressa pas dans le sens voulu par les
autorités gouvernementales. A tel point qu’un conseil interministériel s’est tenu, en
1995, sur le “cas de la viande” pour en réduire les prix ou éviter de futures hausses
après celle de juillet 1995 (1.600 FCFAkg). Peut-on en conclure que l’augmentation
des marges brutes de 19 % n’a pas eu d’impact positif sur l’ofie de viande ?
Ne disposant pas d’un indice des prix à la consommation pertinent pour le
monde rural en général et pastoral en particulier, il est difficile de prédire l’impact réel
de la dévaluation sur les pasteurs. Le taux d’inflation calculé au niveau urbain (32 %)
est probablement supérieur à celui du monde rural. La conclusion probable est que
l’impact de la dévaluation, en termes réels, sur les pasteurs est nul ou négatif. Cette
situation pouvait être aggravée si les pasteurs devaient prendre en charge le
renouvellement des investissements en infrastructures hydrauliques.
En effet, ces inf?astructures sont vieux et mal entretenues et leur renouvellement
ou maintenance coûterait cher aux pasteurs ; surtout si la subvention actuelle est
diminuée ou même supprimée. Les pasteurs verraient, par conséquence, leur position
financière se détériorait un peu plus.
ATELIER DE RESTITUTION ISRA/PASE/DT 96-02
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Tableau 1 .- Evolution des coûts et recettes entre les deux périodes
pour le système extensif
Rubriques
Avant
Après
Variation
dévaluation dévaluation
cv
Revenus journaliers bruts
*0VitlS
650
856
* bovins
890
1096
* lait
395
526
* Total
1.935
2.478
28
Dépenses journalières
* alimentation
68
78
* soins véto
171
4t Lt , 294
,---,- t\\
* droits d’abreuvement
167
% j 292
* b-
‘4 3
* Total
406
&y/ q4
b
Revenus nets par jour de
travail

1.529
1.814
19
L’Etat demeure le propriétaire du principal facteur de production en milieu
pastoral, à savoir l’eau des forages. Une tarification de l’eau se rapprochant plus de son
coût d’opportunité pourrait pousser les pasteurs à déstocker plus .pou.r fane face à leurs
charges. Mais parallèlement, cette politique risque de diminuer les revenus réels des
pasteurs qui ne semblent pas avoir beaucoup bénéficié de la dévaluation. Il semble que,
selon cette étude, il peut y avoir conflit entre augmentation de l’offre en bétail et
amélioration des revenus nets des pasteurs. Cependant, l’hypothèse d’une saisonnalité
des prix et des effets bénéfiques de la qualité sur les prix atténuent cette crainte.
IMPACT SUR LE SYSTEME AGRO-PASTORAL
La production agro-pastorale se fait dans un environnement inflationniste aussi
bien en amont qu’en aval. En amont le facteur déterminant relève du niveau de la
dépendance sur la consommation d’intrants usinés ou importés. En aval, l’augmentation
des prix dépendra largement des lois de l’ofie et de la demande et des possibilités de
substitution du consommateur.
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En système intensif (utilisation plus massive d’intrants), comme c’est le cas de
l’embouche paysanne les coûts de production sont largement augmentés dus à
l’inflation liée à la dévaluation. Ainsi, l’embouche paysanne reste très menacée car sa
rentabilité était largement conditionnée par les charges alimentaires et financières
élevées et la saisonnalité des prix. Le tableau 2 confirme cette attente; en effet, les
coûts de production ont augmenter respectivement de 8 et 10 % pour Diourbel et
Bambey. Consécutivement, on note une baisse des revenus nominaux respectifs de 21
et de 28 %
Pour une durée d’embouche de 120 jours, toutes les charges et les recettes sont
rapportées à la journée d’embouche sur la base d’un bovin embouché. Remarquons que
le format des bovins peut être différent, ceci nous amené à le standardiser à des fins de
comparaison.
La réactualisation de l’étude menée en 1990 à Diourbel et à Bambey a permis
la comparaison des deux périodes (avant et après dévaluation) pour la production
intensive de viande et pour la rétribution d’une journée d’embouche. Les principaux
postes de dépenses dans ce type de production sont le coûts d’acquisition du bovin, les
charges alimentaires, les frais financiers et les autres coûts (contention,
commercialisation, convoyage et fiais vétérinaires).
Globalement, les charges alimentaires journalières ont augmenté dans les deux
localités suite à la dévaluation (tableau 2). Les fiais financiers dépendant des charges
globales et surtout du coût d’acquisition du bovin ont aussi subi une augmentation
sensible. Ces augmentations n’ont pas épargné les prix de vente qui sont passés de
237.000 FCFApar bovin à 285.750 FCFA dans le foirai1 de Diourbel et de 237.840 à
300.000 FCFA pour un bovin de même format. Par contre, les marges bénéficiaires ont
baissé pour un bovin standard de 350 kg à l’entrée de l’atelier d’embouche et de 450 kg
à la sortie du même atelier.
L’embouche étant une activités parmi d’autres que pratiquent les agro-pasteurs,
il est difhcile de tirer des conclusions globale sur l’impact sur ce groupe d’intervenants.
L’embouche s’insère entre les activités de culture dans le but d’augmenter les revenus,
de réduire le risque et d’assurer un transfert de fertilité grâce au fumier rendu
disponible. Par conséquent, seules des enquêtes accompagnées de suivis donneront des
renseignements sur les stratégies post-dévaluation que les agro-pasteurs vont renforcer
ou changer.
A FLIER DE @VTlUTION ISXAPASE/DT 96-02
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\\ k

Tableau 2.- Evolution des coûts et recettes entre les deux périodes
pour le système agro-pastoral (en FCFA)
Rubriques
Avant dévaluation
Après dévaluation
Diourbel Bambey Diourbel Bambey
Revenus journaliers bruts
* vente de bovins embouchés
1.975
1.982
2.381
2.500
(+ 20 %)
(+ 26 %)
Dépenses journalières
* coût d’acquisition
-948
948
1.250
1.300
* alimentation
284
325
369
429
* intérêt,
424
370
502
518
* divers
2 5
2 2
26
2 4
* total
1.681
1.665
2.147
2.271
(+ 28 %)
(+ 36 %)
Revenus journaliers nets
294
317
234
229
(-21%) (-28%)
CONCLUSION
L’impact de la dévaluation, sur les revenus réels en milieu pastoral est reste
diflkile à cerner, si on ne tient pas compte d’un indice de prix rural voire pastoral, des
subventions qui créent des distorsions portant sur le tarif d’abreuvement. L’analyse a
concerné une si courte période qu’elle peut avoir laissé échapper des informations
importantes pour tirer des conclusions qui expliquent toute la réalité. Pour corriger cette
lacune, il faudra collecter des données régulières sur les prix au producteur dans les
foirail.
Du côté de l’embaucheur, l’étude -montre que sans faire intervenir la perte de
pouvoir d’achat (liée à l’inflation), l’embaucheur a subi déjà des réductions de marges
bénéficiaires. Cependant, ces embaucheurs continuent à accorder une place encore
importante à l’embouche dans leur stratégie de gestion et de génération de liquidités en
temps opportun.
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Il faut bien insister sur la priorité donnée à l’embouche parcë qu il y a réellement
des possibilités d’amélioration de la position de l’embaucheur; notamment par une
disponibilité accrue du crédit formel et son accessibilité aux vrais emboucheurs. Ceci
tend aussi à améliorer l’oflî-e de bétail, à l’opposé du pastoralisme, car les embaucheurs,
inscrivent plus leurs activités dans la courte période. L’objectif des embaucheurs étant
de maximiser les liquidités sous la condition d’un taux de rentabilité positif même s’il
est faible.
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