Par CHEIKH MBACKE NDIONE ISKA de ...
Par
CHEIKH MBACKE NDIONE
ISKA de Saink-Louis
BP 240
Mars 1994

IMPACTS DE LA DEVALUATION SUR LES FIIERES ANIMALES
CHEIKH MBACKE NDIONE
ISRA de Saint-Louis
BP240
D'un point de vue macro-konomique,
la récente dévaluation
du francs cfa se traduit principalement en terme d'inflation et
éventuellement en terme d'impulsion des exportations. Parce que
non anticipée cette dévaluation peut être analysée comme un choc
macro-économique.
Quant au sous-secteur de l'élevage qui n'a
jamais été exportateur net, l'analyse d'impact de la dévaluation
se fera
sentir en terme
de répercutions
sur les éléments
constitutifs de la filière et sur les conduites post-dévaluation
à tenir.
De cette absence d'anticipation découlent des phénomènes de
transfert de richesses répartis de manière non uniforme à
l'intérieur d'une même filière et d'une filière à l'autre.
L'économie en général quitte une position d'équilibre à la
recherche d'une autre position avec une répartition différente
des ressources entre les agents économiques.
En période d'inflation non anticipée, les vrais gagnants
sont ce qui sont lourdement endettés (non en devises étrangères),
ce qui ne détiennent pas d'avoirs liquides et qui, par contre,
possèdent des biens illiquides dont le prix augmente avec
l'inflation.
Appliquée aux filières de l'élevage', cette réalité se
manifeste différemment selon la portion de la filière où l'on se
situe. L'impact de la dévaluation s'apprécie sur:
- les différents participants,
- la stabilité des systèmes de production et
- les nouvelles orientations.
Ce dernier impact potentiel de la dévaluation est qu'elle
permet de réévaluer de manière plus objective les orientations
dans le cadre de la planification centrale dans un contexte où
les ressources deviennent plus rares.
1
Cette qproche ne peut être que théoriw car c’est depuis 1987 que ces filières ont cessé
de bénéficier d’m financement permettant une malyse qui colle plus m monde réel.

2
Par ailleurs, la fragilisation des systèmes de production
et le manque
à gagner des participants,
sera en étroite
corrélation avec le degré d'ouverture à lléconomie mondiale et
le niveau de consommation d'intrants ou d'équipements importés.
L'inflation n'est supposée être uniquement causée par les
facteurs importés. En réaction et pour conserver leur pouvoir
d'achat,
les différents acteurs opposent à cette inflation
importée une autre dite de réaction à la première, jusqu'à
atteindre une certaine stabilisation. La première limite à cette
escalade de l'inflation est le pouvoir d'achat ou la demande
solvable.
Donc
l'impact de
la dévaluation et
le niveau
d'inflation dépendent de la liberté de manoeuvre du système prix
globalement et des participants pris individuellement.
IMPACTS SUR LES PRODUCTEURS
La production se fait dans un environnement inflationniste
aussi bien en amont qu'en aval. En amont le facteur déterminant
relève du niveau de dépendance sur la consommation d'intrants
usinés ou importés et les besoins en investissement (forage,
équipement) ou en
renouvellement
dtinvestissements.
Par
conséquent
l'impact
pourrait
être
différent
selon
les
caractéristiques du système de production.
En aval, si on inscrit l'analyse dans la longue période,
l'impact dépendra de la capacité a transférer l'inflation. A
cause de la demande effective, ici la marge de manoeuvre est
restreinte selon que l'on se trouve dans un sytème ou dans
l'autre.
En système intensif (utilisation plus massive dlintrants),
comme c'est le cas de l'embouche paysanne et industrielle, les
coûts de production sont largement influencés par l'inflation.
Parce que consommant moins d'intrants importés ou usinés et
utilisant la main d'oeuvre familiale, ltembouche paysanne sera
moins affectée que ltembouche industrielle. Ce n'est pas le cas
de l'embouche de type industriel qui voit son espace de manoeuvre
se réduire car les possibilités de transférer l'inflation sont
limitées par le pouvoir d'achat des consommateurs.
Ces deux sous système étant en concurrence pour un segment
de marché plutot étroit,
le pronostic
devient malin pour
l'embouche de type industriel. Cependant l'embouche paysanne
reste
très
menacée
car sa
re:ntabilité
était
largement
conditionnée par les charges alimentaires et la saisonnalité des
prix. On constate bien que les charges alimentaires ont tendance
à augmenter alors que le sens du mouvement des prix est une
question empirique. Tout ce que l'on peut anticiper est que la
viande de qualité sera payée plus chère en terme de prix ou de
quantité2.
2
On a noté me préf&eme des vendeurs à diWwer les qmtitbs à La place d’tme wtation
des prix qui cr6e m rkflexe plus *tif.

3
En système extensif caractérisé par une austérité en matière
de consommation d'intrants alimentaires, on peut s'attendre à ce
que le système soit plus stable et moins affecté par l'inflation.
Cependant si les investissements en matière d'infrastructures
hydrauliquesdevaientêtre renouvelés, la dévaluation affecterait
largement ce système de production.
En terme de charges variables, le système est déjà affecté
par le dévaluation à travers les tarifs dlabreuvement mais dans
des limites assez supportables (75f par bovin et par mois au lieu
de 50f avant la dévaluation). S'il n'y a pas d'investissements
nouveaux à faire, la hausse des coûts de production sera moins
ressentie par le système extensif. Les produteurs, appartenant
à ce système, ont aussi des avoirs illiquides (sous forme de
capital bétail) qui s'apprécient avec l'inflation.
La production intérieure d'ovins destinés à la tabaski fait
face depuis quelques années à une forte concurrence des moutons
mauritaniens et maliens. Les premiers recherchaient une monnaie
convertible et les seonds un marché dont la demande est plus
élevée. La
dévaluation
pourrait
constituer
une
barrière
économique à cette
concurrence si
les coûts
du transport
dissuadent l'importation de moutons maliens. Concernant les
moutons
provenant de la
Mauritanie,
les
problèmes de
convertibilité hors zone franc et la baisse de la parité
costituent à priori des éléments de découragement.
On peut considérer,
que toute chose restant égale par
ailleurs, que les pasteurs seront enmeilleure posture économique
post-dévaluationcomparativement au systèmeintensif. La question
qui se pose est de pouvoir vendre tout ce qu'on désire écouler
tout en
continuant à
bénéficier de
l'environnement
inflationniste. Notons que là ne se trouve réellement pas le
problème car l'élevage extensif pastoral était déjà caractérisé
par des taux d'exploitation relativement faibles et rigides.
Cependant le système reconnait une certaine instabilité
dérivée de la demande des consommateurs via les intermédiaires.
Ce système est sensé avoir comme cible la demande de viande
maigre qui est plus susceptible d'être affectée par l'inflation
dans le sens d'une dépression de cette demande. Mise à part cette
instabilité découlant de la demande, l'on peut anticiper un
bénéfice net et réel tiré de l'environnement inflationniste
global.
A partir du tableau comparatif des prix de la viande bovine
dans différentes villes avant et après dévaluation (voir impact
sur le consommateur), on peut extrapoler pour en tirer les prix
du kg vif de bovin rendu abattoir. Pour cela, nous allons
supposer que le rendement carcasse est soit 47% ou de 50%.

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Tableau comparatif du prix du kg vif de bovin rendu
abattoir dans différentes villes du Sénégal avant et après
dévaluation
Rendement
Avant dévaluation
Après dévaluation
%
.47
388f/kg vif
458f/kg vif
18
Dakar
. 50
412f/kg vif
487f/kg vif
18
.47
400f/kg vif
470f/kg vif
17.5
Thies
.50
425 f/kg vif
5OOf/kg vif
17.6
.47
470f/kg vif
564f/kg vif
20
St-LOUIS
.50
500f/kg vif
600f/kg vif
20
En défalquant les frais de convoyage et en situation de
- .
concurrence pure et parfaite, on peut en déduire le prix du kg
vif de bovin dans les forai1 de provenance des animaux. A
comparer les prix obtenus à Dakar et à Saint-Louis par notre
méthode, on peut écarter la situtation de concurrence pure et
parfaite car rien n'explique les différences observées. Cependant
l'augmentation de prix est contenue dans des limites supportables
Pour terminer avec les filières à viande, le sous produit
principal, à savoir les cuirs et peaux, destiné à l'exportation
se
trouve
dans un
environnement
économique
meilleur. En
améliorant la qualité des produits, la conquète de nouveaux
marchés devient possible. C'est l'un des rares secteurs exportant
des produits d'élevage; il mérite une attention bien particulière
pour pouvoir engranger les bénéfices d'une dévaluation. Tout
dépendra de l'état des équipements et de la qualité des cuirs et
paux.
En aviculture (production de poulets de chair ou d'oeuf) la
dépendance sur les importations de poussins d'un jour est nette.
Leur production étant possible localement,
peut-on espérer
atténuer les effets de l'inflation ? Dans le court terme, il est
permis d'être peu optimiste. On notera, par conséquent, des prix
plus élévés d'oeufs et de poulets de chair accompagnés peut-être
d'une baisse de la consommation. Ces produits étaient déjà
considérés comme étant une consommation de luxe au Sénégal. Le
tableau suivant valable pour la ville de Saint-Louis confirme les
tendances prédites par notre modèle théorique.

5
Enlisant le tableau ci-dessous, on note que les producteurs
sont incapables de transférer les taux dlaumentation aux
consommateurs. Ils consentent bien à payer les poussins et les
charges alimentaires plus de 50% plus cher mais ne font payer le
poulet fini que 30% plus cher qu'avant dévaluation.
Tableau comparatif de l'évolution des prix et coûts
en aviculture moderne: cas du poulet de chair
Evolution
Avant dévaluation
Après dévaluation
%
prix et coûts
poussin d'un jour :
- lot de 100
230f
375f
63
- lot de 500
220f
370f
68
poulet de chair
lOOOf/kg
1300f/kg
30
aliment démarrage
5600f/sac
8250f/sac
47
aliment finition
5400f/sac
8150f/sac
51
A Saint-Louis,
quelques
aviculteurs
interrogés,
disent
qu'ils
ont eu
quelques
appréhensions au
début
face à
l'augmentation des coûts de production et à la baisse du pouvoir
d'achat. Cependant il n'y a pas eu d'affolement, la tactique a
été la recherche d'alternatives afin de réduire les coûts de
production (confetcion de la ration) ou en ciblant des périodes
de haute demande ( korité, tamxarit, noël et fin d'année).
Cependant le tableau ci-dessous indique des possibilités de
substitution en produisant localement les poussins d'un jour.
Cela contraste avec les taux d'augmentation de prix de ces
produits au lendemain de la dévaluation du franc cfa de plus de
60%. Cela dénote aussi une concentration de l'offre entre les
mains d'un nombre limité de producteurs. Ce problème peut être
résolu grâce à une améliration de l.a concurrence au sein de la
filière.
tableau comparatif des importations et de la
production locale en aviculture
Spéculation
Produit
1988
1989
1991
LOCAL
0
1118
1673
POUSSIN
(chair)
IMPORTE
1400
2256
1835
TOTAL
1400
3644
3508
LOCAL
0
71
167
POUSSIN
(oeuf)