COMMENT AUGMENTER LES REVENUS DES PASTEURS ET DES...
COMMENT AUGMENTER LES REVENUS
DES PASTEURS ET DES EMBOUCHEURS ET STABILISER LES PRIX DE LA
VIANDE
Par
Cheikh Mbacké NDIONE
Les récents travaux ( entrepris par I’TSRA et le PRISAS) sur l’impact de la dévaluation ont
montré une amélioration réelle des revenus des pasteurs favorisée par les augmentations sensibles
des prix du bétail. La durabilité des bénéfices tirés de cette politique monétaire, par les systèmes
pastoraux d’élevage, dépend, en partie, de la capacité des producteurs à investir pour améliorer
la productivité des facteurs de production. Cette capacité d’investissement dépend largement de
l’épargne et par conséquent du revenu net disponible après couverture des besoins de la famille.
Cependant, les conclusions préliminaires de ces études montrent une amélioration des revenus
nets, indiquent des processus de réinvestissem@ qu’il faut préciser mais aussi une réponse assez
hésitante aux signaux du marché traduite par une stagnation des taux de déstockage. Un constat
+ caractéristique de l’élevage pastoral est réprésentée par cette rétention de capital quand les
conditions sont réunies et favorables pour déstocker. Dans cette paradoxale réponse de l’offre à
une incitation positive provenant de la demande, réside un des problémes majeurs à résoudre pour
réconcilier les stratégies à l’échelle micro et les objectifs macro-économiques du planificateur.
La présente note explore les voies et moyens de parvenir à cette réconciliation sans léser une des
parties tout en apportant plus de sécurité au pastoralisme. Cette démarche s’appuie sur des
changements institutionnels fondamentaux et sur la correction de distorsions qui sont à l’origine
ou encourage cette rétention de bétail.
Rappel des résultats de la dévaluation
Des tableaux ci-dessous, on note un impact positif de la dévaluation sur les revenus et le budget
de consommation de pasteur-type (possédant 85 ovins et 50 bovins)‘. En comparant ces revenus
nets aux dépenses d’une famille pastorale et en faisant la soustraction, on obtient ce qu’on peut
appeler une capacité théorique d’épargne.
La dernière ligne du tableau 2 est importante pour notre propos car elle indique la capacité
théorique d’épargne de notre famille pastorale-type. Ce paramètre a été amélioré de 62% ; ce qui
est bien supérieur au taux d’inflation cumulé. Notre préoccupation est, à la fois, de continuer à
maintenir positive cette capacité théorique d’épargne pour assurer la transformation du
pastorahsme par l’investissement endogène.
’ Nous sommes conscients des limites d’une telle approche mais ce sont les indications qu’elle apporte qui sont importantes par rapport
au degr8 de prkision.
1

Tableau 1 : Budget des pasteurs en saison favorable
vente bovin
ahmentatmn
Tableau 2 : Dépenses d’une fàmille pastorale type
Avant ( tvaluation
quantité
2 kg
2 kg
2 tasses
0.5 1
sucre
0,5 kg
savon
0,5 kg
toilette
E=
total
I çapacitC théorique
280 f
d’énargne
I
’ hypothkses : taux d’exploitation des ovins avant dévaluation de 25%~ et a@ dévaluation des 32% (cette
hypoth&es a & revenue à la haxwe grâce aux Lmquêtes dc terrain) ; prix moyen des ovins dc 13 500 f en tenant conlptt:
de la saisonnalité; effectif aprés dkvaluation de 85 ovins et 50 bovins confirmés par les enqu&s.
2

Tableau de bord élevage
L’élaboration de tableaux de bord peut éclairer l’analyse de la compétitivité et/ou de la
productivité de sous-secteurs agricole. Le Sénégal ne dispose pas encore de tableaux de bord
pour une partie de son secteur agricole. Ce déficit en statistiques et en indicateurs de
performance est plus aigu dans le sous-secteur de l’élevage. Nous tentons, ici, de combler à ce
déficit. Pour ce faire, la décennie 1960-70 a été volontairement tronquée pour des raisons de
‘disponibilités des données ; c’est pourquoi la première période commence en 1965. Ce fut une
époque marquée par des actions d’envergure en santé animale : lutte contre les grandes
épizooties (pestes et péripneumonie bovine) et en hydraulique pastorale. Ainsi 44 forages sont
venus rendre plus accueillante la Zone Sylvo-pastorale et les grands fléaux dont souffrait
l’élevage ont été jugulés. Cela se traduisit par une croît relativement élevé du troupeau (4,5 %)
et un niveau relativement important de la consommation en viande per capita : 215 kg par tête
d’habitant. Vers la fin de cette période les importations de viande représentaient 21 000
tonnes. Des abattoirs modernes ont été construits permettant des conditions de transformation
de la viande plus hygiéniques.
La décennie suivante fut marquée par les grandes sécheresses de 1972-73, qui se manifestèrent
par une baisse importante du cheptel sénégalais (estimée à plus de 25 % du troupeau national),
La conséquence immédiate fùt la chute de la consommation de viande per capita qui tomba au
niveau de 13 kg pour continuer à baisser progressivement. On rapporta une baisse de l’offre de
viande de 3 1 %, une instabilité de l’offre (voir graphe) et des hausses des prix malgré leur
administration par 1’Etat. les prix passèrent d’une période à l’autre de 200f CFA à 450f le kg.
En réaction, 1’Etat misa sur l’encadrement rapproché des pasteurs par des sociétés d’Etat
(SODESP, PDESO, etc. ..), la lutte contre les feux de brousse en créant des brigades anti-feux et
mobilisa ses partenaires dans des opérations sauvegarde du bétail (OSB). 55 000 tonnes d’aliments
bétail furent distribuées à des prix très subventionnés. On parla d’options de sédentarisation et
d’intensification. C’était une transformation profonde de l’élevage sénégalais que l’on visait. Cette
période fut celle des chocs : la hausse des prix du pétrole et la sécheresse.
La décennie 198 l-90, fut celle de la confirmation de l’option sédentarisation-intensification, de
la libéralisation des prix, de la mise en place du crédit agricole au bénéfice du monde rural et de
la nouvelle politique agricole. Le véritable ennemi de l’élevage sénégalais persistait et signait par
le nom de la sécheresse, en faisant encore baisser la consommation per capita à 9,4 kg. L’offre de
viande resta instable au gré de la sécheresse. Les prix passèrent de 450 à 850 f Le crédit agricole
ne créa que des désillusions et des attentes vaines du côté des pasteurs. Beaucoup, de spécialistes
s’accordent à reconnaître que la réaction des systèmes de production fùt meilleure: on nota même
une augmentation du cheptel durant cette période.
La décennie que nous vivons a été l’occasion attendu pour ‘un enrichissement des stratégie par la
reconnaissance que la gestion des ressources naturelles est incontournable quel que soit le
paradigme. Cependant et malgré cet enrichissement, les tendances restent à la baisse de la
consommation per capita, à la détérioration des infrastructures de production en milieu pastoral,
à la hausse des prix qui gravitent entre 1300 et 1500f le kg vif
3

Ce qui ressort de ce découpage est que les options stratégiques n’ont pas permis de maîtriser le
déclin de l’élevage sénégalais, ni de corriger les tendances négatives comme vont le montrer la
série de tableaux et de graphes qui suivent.
4

Période
Politiques majeurs
Mesures prescrites
Degré d’application
Facteurs exogènes
Indicateurs
Observations
1965 - 1970
Santé animale
Vaccination massive
M a s s i f
Relative stabilité
Croissance ralentie de
Augmentation des
hydraulique pastorale
climatique
l‘offre de viande per
importations de
(ZSP 11 forages, avant
sédentarisation
capita 2 1,5 kg
viande (2 1 000 t
1965 33 forages)
progressif
entre 1968 et 1978)
Croît du troupeau 4,s %
Transformation
Construction abattoirs
partiel
modernes
Viande plus salubre
1971 - 1980
Encadrement des
sédentarisation
Circonscrite à moins
sécheresse de 1972
Baisse marquée de l’offre
éleveurs par des
Intensification troupeau
de 10 % des éleveurs
baisse 0 7 % effectif
per capita de 13 kg
sociétés d’Etat
naisseur-type
peu suivie par
choc pétrolier
viande
éleveurs
Opération sauvegarde
Production 64700t baisse
Protection des
bétail (OSB)
55 000 t aliment
3 1,45 % par rapport a la
ressources contre le feu
bétail
période précédente
de brousse
Brigade publique de
lutte contre les feux
Instabilité de l’offre
Transformation
Opérationnelle
hydraulique pastoral
Abattoir moderne dans
Hausse réelle des prix de
(ZSP 5 forages)
les régions
la viande (200 à 400 F)
Partielle
1981 - 1990
encadrement des
sédentarisaation
Non retenue par les
sécheresse endémique et
baisse continue de 9,4 kg
Augmentation des
éleveurs
intensification
éleveurs 20 000
périodique choc
l’offre per capita
importations
aliment bétail
pétrolier
OSB
total
Allure toujours instable
Voir commentaire
libéralisation 1987
de la courbe de l’offre
et graphes
crédit
(hausse des effectifs de
controle des prix aboli
timide par manque de
22 Oh) amélioration
Création de gie et
fonds d’incitation 434
partielle de la qualité
agricole en 1989
incitation à l’embouche
millions à court terme
(hausse de pris de 400 à
850 F)
5

1991 -nos
Gestion participative
Gestion des aires de
Faible
Evenements climatiques
Poursuite de
voir commentaires et
j ouss
desressources
desserte de forage par
isolésffeux de brousse
l*augmentation
des prix
graphes
naturelles
les populations
Assez flou
Alphabétisation
M o y e n
Discontinuité dans le
Formation et
fonctionnelle formation
Baisse continue de l’offre
financement des
organisation des
d’auxiliaires
per capita de viande 9,4
options J
éleveurs et garantie
d’élevage/accès
du
kg
récupération du
crédit
crédit de production
Baisse des effectifs de
crédit assez
1,3%
laborieuse
Protection non assurée
desressources
Hausse du prix de la
viande : 1 300 et 1 500 F
le kg

Interprétation des tendances
On convient que les résultats lus à partir des tableaux de bord ne sont encourageants pour la
satisfaction des besoins de consommation à partir de la production locale de viande. L’exercice
consistant à relire ces résultats à la lumière des tendances séculaires et des options de
développement peut être enrichissant.
Tendances et destinations des productions pastorales
Durant les 35 dernières années, la production nationale de viande est passées de 73 000 tonnes
à 97 000 tonnes, soit une progression annuelle de 686 tonnes. Pendant que cette évolution se
faisait en dents de scie, les effectifs exprimés en unité bovines tropicales (ubt) sont passés de 344
396 à 753 398 ; soit une progression annuelle de 12 029 unités. On constate, ainsi, que l’évolution
de la production de viande a été plus rapide que celle de l’offre de viande ; ce qui traduit une
tendance forte à la rétention de bétail (comme capital) au sein des exploitations justifiée par les
stratégies des pasteurs de gestion du risque et les fonctons d’épargne et sociales du bétail. La Zone
Sylvo-pastorale (ZSP) abrite 60 % du cheptel sénégalais et contribue à plus de 50 % de l’offre
pour satisfaire la consommation de viande. Ce qui lui confère une importance stratégique quand
il s’agit de satisfaire le demande de viande.
Tendances de la consommation per capita de viande
L’évolution de la consommation per capita de viande qui est un indicateur de perfomances et de
contribution à l’effort de développement, est assez alarmante. Cette consommation est passée de
21 à 11 kg de 1960 à 1995. Tandis que les prix au consommateur de la viande sont passés à Dakar
de 275 F le kg à 1400 F de 1960 à 1995. (voir avec DIENG pour la valeur nominal de 275 f
CFA de 1960) La consommation per capita a baissé de 91 % tandis que le prix de la viande au
consommateur a augmenté de 195% en terme réel pour un taux d’inflation de 38 %.
Facteurs explicatifs de la rétention de capital-bétail
Il ressort de l’évolution de la prodution (exprimée en ubt) et de l’offre de viande deux allures
différentes. La première est plus rapide que la seconde exprimant une rétention de capital-bétail
qu’expliquent en partie les stratégies de gestion du risque et les fonctions (d’épagne) du bétail.
L’autre explication est offerte par les distorsions qu’introduit la tarification de l’eau des forages
qui constitue le principal facteur de production. Cette tarification fixe le prix de l’eau à un niveau
si bas (75 à 85 f par mois et par bovin) que cela prend l’allure d’une incitation à stacker du bétail
à la place du déstockage.
Dans d’autres situations de production (produits annuels ou saisonniers), une baisse des coûts de
production entraine une augmentation de l’offre. Paradoxalement, dans le cas de l’élevage pastoral,
ce cas de figure se traduit par une retention du capital-bétail. L’expérience montre qu’en situation
simulant une augmentation des coûts de production ou le risque telle que la sécheresse, les prix
du bétail baissent et son offre augmente. Il devient dès lors aisé de trouver une liaison entre les
tendances de l’offre per capita et ces distorsions qu’introduit la subvention de l’eau. Ces
7

distorsions sont d’autant plus préoccupantes que les ouvrages hydrauliques qui permettent la
valorisation de la zone Sylvo-pastorale se détériorent au fil du temps à un rythme très accéléré.
Tout en essayant de faire disparaitre ces distorsions il est possible de lever certaines contraintes
à l’amélioration de la productivité pastorale. L’essentiel de ces contraintes sera analysé au niveau
des différents acteurs.
Description des acteurs
Les principaux acteurs qui ont la tâche d’approvisionner les villes et campagnes en produits
d’élevage sont les pasteurs, les embaucheurs et les professionnels de la filière bétail/viande. Les
premiers sont spécialisés dans la production de ruminants tout venant qui sont le plus souvent
maigres (animaux fournissant de la viande de second choix). Les seconds s’adonnent à
l’engraissementde ruminants issus des systèmes extensifs pour pouvoir le marché de la viande de
qualité (premier choix). Au niveau de chaque participants à cette filière, on peut énumérer de
manière non exhaustive quelques contraintes.
Identification et levée des contraintes des pasteurs :
L’amélioration des revenus des pasteurs passe simultanément par la levée de leurs contraintes et
leur incitation à déstocker (vendre) plus d’animaux. Les contraintes les plus pressantes sont :
- la disponibilité de l’eau à l’endroit le plus indiqué c’est à dire le plus proche possible des
pâturages : ceci est désigné par le jargon rapprochement pâturages-eau. Ce rapprochement permet
d’éviter les pertes d’énergie dues aux va et vient liés à la prospection pour se nourrir et retourner
s’abreuver. Ces pertes sont les principales causes d’amaigrissement prononcé ( en dehors de la
maladie) en saison sèche.
Concernant la levée de cette contrainte, il y a des préalables pour effectuer ce rapprochement
pâturages-eau en terme d’investissement, de réhabilitation et de mode de gestion des
infrastructures hydrauliques. En considérant l’expérience peu concluante des comités locaux de
gestion, l’option la plus sécurisante semble être une gestion privée de ces infrastructures soumise
à un cahier de charges et se rapprochant du type “SONES”. Ceci suppose la construction de
château-d’eau munis de vannes et la distribution de l’eau jusqu’au niveau des secteurs (munis de
compteurs d’eau) où se trouvent les abonnés en remplacement du point d’eau unique. Ceci a
l’avantage de ramener les populations dans leur espace traditionnel (“nokku “et “houroum”) où
leurs droits coutumiers sont reconnus. L’accès aux secteurs respectifs est automatiquement
soumise à négociation entre transhumants (visiteur) et le receveur ( “diatiguï’). Cette option
ouvre des perspectives de gestion participatives et concertée des ressources naturelles qui sont
intéressantes.
- Cependant le revers de la médaille est que les gains de productivité issus de la levée de
cette contrainte peuvent être capitalises (restockage de bétail) pour ne pas se traduire par une
augmentation de l’offre. Cependant, c’est de cette augmentation de l’offre que dépend
8

concrètement l’augmentation des revenus monétaires et par conséquent l’augmentation de la
capacité d’épai-g-E;ne des pasteüï-s. On ets tlié~~-iqueme*it possible de d&eloppeI une stratégie püui-
contrecarrer l’effet perveïs que représente la capitalisation en bétail en misant sur üne tarification
de l’eau décourageant la rétention excessive de bétail. En effet, pour payer les factures d’eau, il
faudra vendre du bitail ; cette vente additionnelle améliore l’ufie, stabilise ou fait baiiser les prix
: la stabilisation étant plus immédiate. Notre hypothése de ti-avail est que la réduction des pertes
(dues au rapprochement paturage-eau) en bétail sera telle que le troupeau optimal pourra être
maintenu sans menace suf la i-eproduction du système social.
- Les feux de brousse posent de sérieux problèmes de disponible foui-rager pet-mettant de
couvrir Ia saison sèche surtout après un bon hivernage. Vous devons dkvelopper des stratégies
de lutte rédtiire ou éliminer ce fléau en remplacement des stratégies anciennes qui n’ont pas ét6
.viables. Par exempie, mettre en place une soeiétk de prestation de services d’intérêt pastorai
s’occupant du traçage de pare-feux et de gestion des ouvrages hydrauliques. Cependant pour la
viabilité d’une telle entreprise, le service rendu doit répondre à une offre du genre “armée
nationale? c’est à dire qu’aucun pasteur (pris individueilement) ne peut en refuser la demande
(même s’il n’en a pas besoin) car étant d’intérêt commun et local. Cela peut êttee une taxe
complémentaire incluse dans le tarif d’eau, par exemple.
- la disponibilité à proximité d’aliments pour lutter contre la disette en fin de saison sèche
constitue un moyen de réduire coilsidéfablealeni les pertes causées par l’inanition (faim). Le
problème essentiel rel&ve du fait que la demande de cet intrant alimentaire est très saisonnière et
sujette à risque (en effet avec l’ari-ivée de l’hivernage, s’estompe cette demande) puut- répondre
aux exigences de rentabiliti: des fabricants d’aliments qui, par ailleurs, ont une demande effective
assurée à l’étt-anger. Il n’y a pas de solutions toute Faites ; cependant cela peut entrer dans la
mission de la société des prestation de servisses. Cette dernière paiera à temps opportun le
fabricant d’aliments et chargera les frais de stockage aux pasteurs. Les magasins de la SODESP
pourront servir à ce stockage.
- l’aménagement et la création de zones rehge gérrées toujous par la socièté d’intérêt
pastoral peut réduire les risques de production inhérents au système pastoral occasionnés par
l’instabilité ciimatiques. Le ranch de Dali s-eprésente un cadre indiqué pour atteindre cet objectif
d’amélioration de la sécurité pastorale.
On peut attendre, à tel-me de touîes ces îransformations strutureiles, une réduction ou une
stabilité des prix de la viande au consontmateuf. Cette réduction des prix pourra provenir de
l’augmentation additionnelle de l’ofl?e de bétail créée par les bersoins de liquidités pour payer les
factures d’eau.
3. Ce type de senice, profitant A I’ensemhle de la communauté, se rapproche de ia c~)tatructiw de route,
de dispensaire-s et d’h6pitlius.
9

Identification et levée des contraintes des embaucheurs
Les contraintes majeures àla promotion de l’embouche paysanne sont :
- l’accès à un crédit à des conditions douces et appropriées
- l’accès à un aliment bétail dont le prix est en adéquation avec les niveaux de productivité
rapportés (maximum un kg de gqm4 par jour) dans la littérature
- le choix de l’animal, au moment de l’acquisition venant en position secondaire, reste tout
de même important, car chaque format d’animal traduit une capacité de dépots musculaires
donnée.
Aujourd’hui, force est de constater que les aliments sont chers parce qu’ils sont usinés ( frais
d’usage élevés dûs aux coûts des facteurs comme l’eau et l’électricité). Et par conséquent, dans
ces prix se reflètent non seulement les coûts élevés des facteurs (électricité et eau) mais encore
les situations de quasi monopole.
Le cas des embaucheurs est d’un intérêt assez particulier car l’embouche paysanne s’est
relativement développée en réponse aux politiques d’ajustement structure1 afin de pourvoir en
intrants l’agriculteur/emboucheur et de restituer la ferlitité aux sols du Bassin arachidier (FAYE,
1987). Malgré tous ces apports positifs, l’embouche a vu sa rentabilité réduite depuis l’avènement
de la dévaluation du franc CFA (NDTONE, 1996). Bien que par ci par là, on note une bonne
réactivité des embaucheurs (recherchant à réduire les charges variables) se traduisant par un
raccourcissement de la durée de l’embouche de 4 à 3 mois et par la pratique de l’embouche
herbagère longue d’hivernage ( charges alimentaires
Les postes de dépenses les plus importants pour les embaucheurs sont représentés par
l’alimentation et les frais financiers (marché du crédit informel). Si on n’a pas encore de remède
contre la chéreté des intrants alimentaires (sans demander de subventionner) ; par contre on peut
rendre plus disponible et accessible le crédit en le formalisant et en ciblant les bons payeurs. En
effet, les mauvais payeurs sont largement connus et ils ne sont souvent pas si nécessiteux ; il suffit
d’éviter de leur concéder un crédit.
On peut imaginer une manière d’aug menter le volume de crédit disponible en prélevant une “taxe
à la cheville” (dont la durée dans le temps devra être limitée) de 10 f par kg de viande. Pour
une consommation annuelle de viande de 90 000 tonnes, on obtient des recettes fiscales de 900
000 000 de f CFA qui serviront de fonds de garantie dans une institution de crédit.
4 Gqm = pain moyen quatidien exprimé en kg vif de viande déposé par jour.
10

Au niveau des professionnels du bétail et de la viande
II est nécessaire d’améliorer les performances de la filière bétail-viande pour assurer l’écoulement
de l’offre supplémentaire de bétail destinée à la transformation en viande. Cette amélioration peut
se faire par réduction du risque de commercialisation (cadre juridique spécifique doté d’une
réactivité rapide pour gérer les litiges (défauts et retards de paiements) sans perturber les besoins
en liquidités circulantes. Le mal nécessaire de la filière bétail-viande est représenté par la vente
à crédit et son corollaire de retards et défauts de paiements. En effet, cette réactivité rapide
résultera de la spécificité que voudront lui accorder les pouvoirs publics qui sont en charge de la
promotion du développement. De la réactivité rapide de ce cadre dépend aussi la vitesse de
rotation des liquidités dont l’augmentation a la proprièté d’accélérer l’activité économique.
Un relevé des prix, collectés dans le cadre du DUPER, permet d’avoir le tableau ci-dessous dont
la lecture nous fait constater que l’augmentation des prix de la viande a été beaucoup plus forte
en zone de production (30 à 50 *A) qu’en zone urbaine (9 à 20%). Les charges de
commercialisation ayant augmenté plus en zones urbaines qu’en zones de production, notre
hypothèse est qu’il y a un déficit de concurrence entre les bouchers des zones de production.
Cette hypothèse est confirmée par ce qui se passe à Dahra où les boucher abattent à tours de rôle
et où les prix de la viande ne connaissent pas de fluctuation depuis la dévaluation.
En gardant pareille approche basée sur une concurrence faible simulant des oligopoles, on peut
alors expliquer la faible transmission des fluctuations saisonnières des prix du bétail au niveau du
prix de la viande. Ce qui fréquentent, de façon assidue les forails, peuvent constater que l’offre
est largement excédentaire entre octobre et janvier au Sénégal.
-En favorisant la formation et l’installation de boucherie de quartier (kiosque à viande), on peut
améliorer la concurrence dans cette portion de la filière. La recherche peut appuyer cette initiative
en formant les bouchers dans l’appréciation du poids et de la qualité grâce aux “notes d’état
combinées à la barymétrie”DEMS
(1974) et CISSE( 1994).
11

Tableau 4 : Evolution des prix dans les principaux marché du Sénégal
Sites
Avant Dévaluation
Après Dévaluation
juillet 1992
juillet 1996
b&ail
viande
bétail
‘??u hausse de
viande
“h hausse
prix
de prix
MarchC des zones de production
Dahra
M i n
325
800
4 10
26
1200
50
Max
350
850
475
36
1200
41
Mba1
M i n
335
800
425
27
1150
44
M a x
355
825
465
31
1200
45
marché des zones de production de bovins embouchk
Bambey
Min
350
850
465
33
1200
41
Max
475
900
500
5
1250
39
Sandiara
Min
345
X50
425
23
1 100
29
M a x
370
900
470
27
1200
33
marché urbain de consommation
Dakar
Min
370
1150
485
31
1250
9
Max
48.5
1250
525
8
1500
20
En résumé, en exploitant les possibilités restantes de l’élevage pastoral grâce au rapprochement
pâturage-eau et à la réduction des pertes par une meilleure sécurisation du pastoralisme on peut
parvenir à augmenter l’offre de bétail destiné à l’abattage. Cette augmentation se traduira dans
la courte période par une stabilité des prix et dans la longue période par une éventuelle baisse des
prix. En plus, l’apport de crédit à des cibles sélectionnées permettra d’augmenter la production
de viande de qualité tout en contribuant au transfert de fertilité. Dans ces deux cas de figure, les
revenus des acteurs augmentent ainsi que leur capacité d’épargne et d’investissement.
12