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INSTITUT SENEGALAIS DE REGHERGHES AGRICOLES

SM!MA 1 RE
AVERTISSEMENT
Pages
I N T R O D U C T I O N
C H A P I T R E 1 - P R E S E N T A T I O N GENERALE D E L A C O M M U N A U T É R U R A L E
1 - Situation.. et caractéristiques du milieu
1
1.1 - Situation et étendue
1
1.2 - Milieu physique
1
1.3 - Climatologie - Végétation
2
1.3.1 - Précipitations et températures
2
1.3.2 - Végétation
3
,.’
_. - Peuplement de la communauté rurale
4
2.1 - Historique des villages
4
2.1.1 - Axes de peuplement
4
2 . 1 . 2 - C l a s s i f i c a t i o n d e s villages,selon l ’ a n c i e n n e t é
5
2 . 1 . 3 - Occupation des terroirs et configuration des villages
8
2 . 2 - Données démographiques
9
2 . 2 . 1 - Répartition de la population
9
2 . 2 . 1 . 1 - Répartition par sexe et par âge
9
2 . 2 . 1 . 2 - Répartition par éthnie
10
2 . 2 . 1 . 3 - R é p a r t i t i o n p a r v i l l a g e s
11
2 . 2 . 2 - H i é r a r c h i e s d ’ o r d r e - C a s t e s e t r e l i g i o n
14
2 . 2 . 3 - Migrations saisonnières
14
2.2.3.1
- Migrations d’hivernage ” Navetanat 1,
15
2 . 2 . 3 . 2 - Migrations de saison sèche ” Noranat ”
15
2.2.3.3 - Firdous
16
2 . 2 . 3 . 4 - Evolution des migrations saisonnières
16
2 . 2 . 4 - Evolution de la pepulation de la communauté rurale
17
CONCLUSION
17
. . / . .
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---.--
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---
------

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_ - - .
.l.”

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_

CYAOITRE 11 - I N F R A S T R U C T U R E S E T A I R E S E C O N O M I Q U E S
2.1 - In.frastructures
19
2.1.1 - Axes routiers
19
2.1.2 - Infrastructures socio-culturelles
19
2.1.3 - Infrastructures à caractke économique
21
I
2e1.4 - Infrastructures à caractère sanitaire
21
2.2 - Aires économiques
26
2.2.1 - Avantages
26
2.2.2 - Inconvénients
27
C H A P I T R E I I I - O R G A N I S A T I O N E T E N C A D R E M E N T
3.1 - Organisations paysannes : formes traditionnelles et formes nouvelles 28
3.1.1 - Formes d'organisation traditionnelles
28
3.1.1.1 - Organisation familiale
28
3.1.1.2 - Organisations ou
paysannes
" Mbotaay w
29
3.1.1.3 - Associations religieuses ou t~ Daïra II
29
3.2 - Formes nouvelles d'organisation
30
3 . 2 I 1 - Organisation en sections villageoises
30
3.2.1.1 - Constitution des sections villageoises
30
3.2.1.2 - Problèmes liés à la création des sections
villageoises
33
3.2.1.3 - La participation paysanne à la mise en place des
sections villageoises
34
3.2.2 - Conseil rural
35
3.3 - Encadrement des:Paysanstde la communwté rurale
36
3.3.1 - SODEVA
.3 7
3.3.1.1 - Actions
.37
3.3.1.2 - Méthode d'approche et moyens humains
37
3.3.1.3 - Limites de la SODEVA
.38
3.3.2 - SODEFITEX
.38
:
3.3.3 - Recherches agronomiques
39

I‘ .,‘i
A P
e
1 TRE IV - RESSOURCES D ISPON I B L E S
J+. 1 - Main-d'oeuvre
41
4.1.1 - Main-d'oeuvre familiale
41
4.1.1.1 - Situation au niveau de la communkruté rurale
42
4.1.1.2 - Variation de la main-d'oeuvre familiale entre les
villages
42
4.1.2 - Main-d'oeuvre saisanniêre
42
4.2 - Le foncier
43
4.2.1 - Evolution de la situation foncière dans'la communauté rurale 43
4.2.2 - Position des différents villages et leurs stratégies
44
4 . 3 - Intrants
47
4.3.1 - Engrais
47
4.3.1.1 - Durant le programme agricole
47
4.3.1.2 - Après le programme agricole
48
4.3.2 - Semences
48
4.3.2.1 - Semences d'arachide
48
4.3.2.2 - Semences réréales
49
4.3.3 - Produits de traitement
49
4.4 - Equipement agricole
SO
4.4.1 - Types et origine du matériel agricole
SO
4.4.1.1 - Matériel recensé et son niveau d'adoption
50
4.4.2 - Situation de l'équipement dans les différents villages
Sl
4.4.3 - Problèmes identifiés au niveau de l'équipement
53
4.5 - Animaux de trait
55
4.5.1 - Chevaux et ânes
55
4.5.2 - Bovins de trait
55
4.5.3 - Adéquation animaux et matériel de traction
56
CONCLUSION
62
. . / . .
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“IIIIU..m-UI
---
_ - . _ -
_ 3 _ - _ 1 - - -

C H A P I T R E ‘V - SYSTf?MES D E P R O D U C T I O N
5.1 - Sous-système de production
vép,étale
63
5.1.1 - Céréales
64
5 . 1 . 1 . 1 - M i l Souna
64
.S.l.l.l.l - Imp0rtanc.e de la culture et sa place
dans la rotation
64
5..l.‘l. 1 .2 - Itinéraires techniques du mil
6
5
5 . 1 . 1 . 1 . 3 - Stockage et: transformation des
produits
67
5.1.1.2 - Maïs
67
5 . 1 . 1 . 2 . 1 - Importance de la culture et sa place
‘dans l a r o t a t i o n
67
5 . 1 . 1 . 2 . 2 - Itinéraires techniques du maïs
60
5 . 1 . 1 . 2 . 3 - Stockage et transformation post-
r é c o l t e
70
5.1.1.3 - Sorgho
70
5 . 1 . 2 - Cultures de rente
71
5 . 1 . 2 . 1 - Arachide
71
5 . 1 . 2 . 1 . 1 - Importance de la cultu.re
71
5 . 1 . 2 . 1 . 2 - Itinéraires technique
71
5 . 1 . 2 . 1 . 3 - Problèmes post- récolte
72
5 . 1 . 2 . 2 - Coton
73
5.1.2.2.1 - Importance dans la zone
73
5 . 1 . 2 . 2 . 2 - ?echniques culturales
73
5 . 1 . 3 - Autres cultures pratiquées dans la communauté rurale
73
‘5.1.3.1 - Manioc
73
5 . 1 . 3 . 2 - Maraîchage
74
5 . 1 . 4 - Conclusions
75
.* /
.*

5.2 - Sous-système de production animale
76
5.2.1 - Importance numérique des différentes espèces élevées
77
5.2.1.1
- Bovins
7 ‘7
5.2.1.2 - Equins
7 9
5.2.1.3 - Asins
82
5 . 2 . 1 . 4 - Ovins et Caprins
82
5.2.1.5 - Volaille
8!5
5 . 2 . 2 - Rôle de l'élevage dans les systèmes de production
villageois
85
5 . 2 . 2 . 1 - Rôle du cheptel dans l'alimentation humaine
85
5 . 2 . 2 . 2 - Rôle des animaux dans les productions végétales
et le transport
85
5.2.2.3 - Elevage source de revenus monétaires et forme
d'accunulmation
a7
5 . 2 . 2 . 4 - Rôle socio-culturel
8 8
5 . 2 . 3 - Ressources fourragères; et modes d'élevage dans la
communauté rurale
8 9
5 . 2 . 3 . 1 - Ressources fourragères
8 9
5.2.3.1.1
- Pâturages naturels
8 9
5 . 2 . 3 . 1 . 2 - Sous-p*Oduits
9‘1
5 . 2 . 3 . 2 - Systèmes d'&levage
92
5 . 2 . 3 . 2 . 1 - Elevage extensif
92
5 . 2 . 3 . 2 . 2 - Elevage intégré
95
5.2.4‘-
Les faiblesses et problèmes de l'élevage dans la communauté
rurale
90
5 . 3 - Interactions entre sous-systèmes
97
C H A P I T R E V I - C O N C L U S I O N S G É N É R A L E S E T S U I T E D U P R O G R A M M E
99
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I-I”.UII-.mI-
_-_.--
-__._
-------

T A B L E A U X
Pages
No 1 - Origine des villages de la communauté rurale de Kaymor
7
No 2 - Constitution des sections villageoises
31
No 3 - Ré]partition des villages suivant. le nombre d'actifs au
43
carré
No 4 - Classification des villages suivant la situation foncière
45
No 5 - Prix et taux de subvention du matériel agricole - campagne
52
19'79/1980
N" 6 - Répartition des villages de la communauté rurale de Kaymor
52
selon le nombre de semoirs et houes par carré
N" 7 - Position de l'élevage dans la region
78
No 8 - Modes de conduite des animaux en rapport avec le calendrier
94
des cultures dans la communauté rurale de Kaymor I(enquêtes
exploratoires 1984)

L I S T E DE? FIFURES
NOS
Pages
1 - Répartition des villages de la communauté rurale de
Kaymor en fonction de la population (chiffres C.E.R.
Médina Sabakh, 1983)
12
2 - Répartition des villages de la communauté rurale de
Kaymor en fonction de la population et par carré
13
3- Villages d'origine des élèves
25
4 - Répartition des ariana dans les village s de la
communauté rurale
54
5- Rapport entre mâles et femelles chez les équins dans
les différents villages de la communauté rurale
56
6- Rapport entre mâles et femelles chez les bovins de
trait dans les différents villages de la communauté
rurale
57
7 - Répartition des villages en fonction du ra pport nombre
d'ariana au carré par paires de boeufs au carré
59
8 - Comparaison entre l'équipement matériel de sarclage et
le cheptel de trait dans les différents villages de la
communauté rurale
60
9 - Répartition des villages en fonction des charrettes
équines par chevaux mâles
61
10 - Situation des différents v,illages par rapport à l'ensemble
des bovins et aux bovins de trait
80
11 - Position des différents villages dans 1' élevage extensif
des bovins
81
12 - Classement des villages en fonction d es chevaux de trait
recensés au cours de l'enquête
a3
13 - Classement des villages en fonction des bovins de trait
recensés au cours de l'enquête
a4

CODE DES VILLAGES
01 : Darou Khoudoss
0 2 : Dialacouna
0 3 : Kaymor
04 : Keur Aly Diango
05 : Keur Ayib Touré
06 : Keur Bakary
07 : Keur Samba Diama
0 8 : Keur Samba Dié
0 9 : Kolomba Toucouleur
10 : Koloumbodou
11 : Ndiarguène
12 : Ndiba Kaymor
13 : Ndimb Birane
14 : Ndimb Taba
15 : Padaf
16 : Passy Kaymor
17 : Sinthiou Kohel
18 : Sinthiou Passy
19 : Sonkorong
2 0 : Sotokoye
21 : Ten Peulh
22 : Thyssé Kayxnor
23 : Vélingara

LISTE DES CARTES
Pages
1 - Carte des infrastructures socio-culturelles
20
2- Carte des infrastructures à caractère économique
22
3- Carte des infrastructures sanitaires
23
4- Carte du découpage en sections villageoises
32

A V E R T I S S E M E N T
Ce document présente les résultats des enquêtes exploratoires
menées au niveau des vingt trois villages qui composent la, Communauté
Rurale de Kaymor. Il s'agit d'une première esquisse que nous soumettons
à tous Les chercheurs impliqués dans le programme " Systèmes de production
Sine Saloum tt et particulièrement aux membres du Groupe Central d'hnalyses
Systèmes.
Les discussions autour des points traités et les suggestions des
uns et des autres devront permettre de tirer meilleur parti du travail
effectue..
Pour mieux situer ces enquêtes et les résultats que nous présen-
terons dans ce document, il est nécessaire, à notre avis, de souligner que
les difficultés tant sur le plan des ressources humaines que des moyens
logistiques auxquelles l'équipe a eu *à faire face n'ont pas facilité le
travail..
La non disponibilité des agronomes a, pendant longtemps, freiné
l'équipe et leur non participation se fera surement sentir sur la portée de
l’apport du volet agronomique. Ainsi!, par exemple, la description des
paysages et terroirs de villages initialement prévue n'a pu être réalisée.
L'activité de production dans la zone étant principalement agricole, cet
apport aurait été de poids dans l'identification des contraintes et possi-
bilités de cette agriculture.
L'insuffisance des moyens logistiques et les problèmes adminis-
tratifs (trésorerie, bureaux, etc . ...) vécus tout au long de l'année ont
entrainé d’une part la réduction du programme initialement proposé (zonage
du Sine Saloum) à l'étude d'une communauté rurale et d'autre part ralenti
les enquêtes exploratoires et leur exploitation.

I N T R O D U C T I O N
Ce document a été précédé par deux notes dont la première intitulée
" Point sur les activités du programme systèmes de production " visait à expli-
quer 1~ choix d'une communauté rurale et précisément celle de Kaymor comme
cadre {l'étude.
La seconde note " Enquêtes exploratoires : méthodologie et quelques
résultats ", définissait les objectifs des enquêtes exploratoires et la métho-
dologie adoptée.
Dans les pages qui suivent, nous présenterons les résultats de ces
enquêtes avec une esquisse de la suite du programme. Cette présentation
comprendra six chapitres.
. Le chapitre 1 : est une présentation générale de la communauté
rurale dans ses aspects physique, écologique et démographique avec l'historique
des villages et les caractéristiques de la population.
. Le chapitre II : concerne les infrastructures recensées au niveau
de la communauté rurale et leur distribution entre les villages d'une part et,
d'autre part, les aires économiques constituées principalement par les marchés
hebdomadaires (Loumas).
Nous nous sommes intéressés à voir comment ces infrastructures constituent ou
pourraient constituer un environnement favorable aux activités productives des
populations.
. Le chapitre III : "Organisation paysanne et encadrement technique"
a trait aux formes traditionnelles et nouvelles d'organisation et à l'encadre-
ment technique dont les populations rencontrées ont pu bénéficier. Nous nous
sommes intéressés non seulement à la nature et 3 l'évolution de l'encadrement
mais aussi à l'opinion que les populations s'en font. De même, nous nous sommes
penchés sur le rôle que pourraient jouer les formes d'organisation existentes
dans une stratégie de développement rural.
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. Le chapitre IV : t r a i t e d e s f a c t e u r s d e p r o d u c t i o n : main-d’oleuvre,
terre,
intrants,
équipement et cheptel de trait. L ’ é t u d e a v i s é l a d i s p o n i b i l i t é
de ces facteurs et leurs implications sur les systèmes de production.
. Le chapitre V : “Etude des systèmes de production” couvre l’analyse
d e s sous- systèmes de production :
- le sous-système de production végëtale
- le sous-système de production animale.
En rapport avec le chapitre IV on a analysé l’importance des différentes
cultures, et les itinéraires techniques en essayant de mettre en évidence les
c o n t r a i n t e s i d e n t i f i é e s . Au niveau du sous-système élevage l'importance des
espèces élevées dans la communauté rurale a été analysée. Nous avons ensuite
exposé les différents r0les de l'élevage, les ressources, les modes de conduite
e t l e s c o n t r a i n t e s .
Le dernier volet de ce chapitre concerne l’étude des interrelations
de ces Sous-systèmes.
. Le chapitre VI tente, 3 partir des conclusions auxquelles nous
sommes arrivés, de dégager les axes de recherche dans le cadre de la suite du
programme de l’équipe.

CHAPITRE 1 - PRESENTATION GENERALE DE LA COMMUNAUTE
RURALE DE KAYMOR
I- SITUATION ET CARACTERISTIQUES DU MILIEU
-------------------------
-e-a.-s-m-----
1.1 - Situation et étendue
Kaymor est l'une des trois communautés rurales, avec Médina Sabakh et
NGayène, qui forment la sous-préfecture de Médina Sabakh située au Sud-Est du
Département de Nioro à la frontière Gambienne.
Elle s'étend sur 19500 hectares entre le Baobolon qui le sépare à
l'Ouest de la sous-préfecture de Paoskoto, les sous-préfectures de NGanda et
Birkelane au Nord, la communauté rurale de NGayène à l'Est et celle de Médina
Sabakh au Sud.
1.2 - Milieu physique
La communauté rurale de Kaymor appartient à une zone qui se situe
"sur les formations sédimentaires du Continental Terminal mises en place à la
fin du tertiaire . . . Les matériaux superficiels ont subi de nombreuses modifi-
cations d'ordre pédogénétiques ou géomorphologiques" (Bertrand R., 1971).
Le modelé présente un aspect relativement contrasté. Les plateaux et
terrasses cuirassées occupent les positions les plus élevées et sont générale-
ment bordés par des corniches en pseudocuesta plus ou moins éboulées.
Des contrebas de ces formations cuirassées descendent des surfaces
mollement ondulées à pente plus accentuée et orientée vers les réseaux hydro-
.
graphiques actuels : les glacis non cuirassés.
Pour les sols, ils sont dans l'ensemble des ferrugineux tropicaux que
les nuances de couleur et/ou de profondeur d'apparition de la cuirasse permettent
de différencier.
. . / . .
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2
Selon la position topographique on distingue :
- Les sols rouges situés sur des pentes relativement accentuées qui
favorisent ainsi les conditions de drainage;
- l e s s o l s q u i , en position moins bien drainante en raison de la
faiblesse de la pente, subissent des engorgements temporaires ce qui leur
confère un faciès hydromorphe (sols jaunes).
En fonction de la profondeur d’apparition de la cuirasse très variable
on peut noter :
- sur les plateaux et terrasses, les sols squelettiques peu profonds
et reposant
sur un horizon gravillonnaire ; ces sols Z! horizon de surface
r e l a t i v e m e n t a r g i l e u x s o n t d i f f i c i l e s à t r a v a i l l e r (sols l o u r d s ) .
- s u r l e gl.acis subactuel des sols de plus en plus profonds quand on
va du glacis de piemont au glacis d’épandage ;
- s u r l e s t e r r a s s e s c o l l u v i a l e s d e s s o l s t r è s p r o f o n d s (s2m) a v e c u n
horizon superficiel très sableux.
En rapport avec les plans d’inclinaison des différentes unités morpho-
pédologiques le ruissellement et l’érosion restent préoccupants,dans la communauté
r u r a l e ( 1 ) .
1.3 - Climatologie - Végétation
1.3.1 - Précipitations et températures
-
La communauté rurale de Ka,ymor appartient,comme toute la partie Sud
de la région, à un climat de type soudant-sahélien avec une tendance sahélienne
en année de sécheresse.
Depuis une bonne dizaine d’années cette tendance est très marquée
avec des précipitations moyennes passant de 800 à 550 mm. Ce climat est carac-
téris par une saison de pluies de 3 ri 4 mois et une saison sèche de 8 à 9 mois.
-----__--_-_
(1)
- La carte de Fournier E. intitulée “Danger d’érosion normale” (cf. Dancette,
198,4 : conservation des eaux et des sols) classe cette zone dans un vaste
ensemble intéressant le Sénégal et d’autres pays africains avec une érosion
supérieure 3 2000 tonncs/Km2/an.

Les pluies débutent généralement en juin et se terminent au cours
des premiers jours d'octobre avec une répartition irrégulière, août étant
généralement mieux arrosé, Certaines pluies sont violentes et génèrent
l'érosion dans les conditions qui ont été décrites.
Les températures sont généralement élevées mais peuvent présenter
des variations importantes (40°C en avril-mai, environ 15'C en janvier-février).
Signalons que la baisse pluviométrique a beaucoup affecté les eaux de
surface avec le tarissement précoce des mares (octobre). Au niveau du Baobolon
cela s'est traduit par la salinisation des eaux dPs les premiers mois de saison
sèche.
Ainsi, l'exploitation de ce cours d'eau par la pêche (1) et l'abreuve-
ment des animaux est assez limitge dans le temps.
1.3.2 - Végétation
Suite à une intense activité de l'homme renforcée par des conditions
climatiques défavorables, la forêt dense est remplacée par des formations
résiduelles aérées. Les espèces hydrophiles et les essences hautement appréciées
par la population ont été les plus touchées par ce processus de dégradation.
En plus de l'action des populations de la communauté rurale, les
paysans ont souligné dans tous les villages l'impact hautement significatif des
peul-fouta charbonniers venus du Sud et repartis il y a quelques années.
Ils ont par ailleurs insisté sus le caractère quasi irremplaçable de
certaines espèces soit par leur importance alimentaire (consommation des racines,
des fruits ou des feuilles) ou leur utilisation comme bois de chauffe ou de
construction.
L'importance de la végétation dans la démarche de l'équipe dépasse le
cadre d'une présentation générale. IJn travail plus détaillé est en cours au
niveau des programmes d'appui et au niveau du département de recherches fores-
tières.
(1) '- Des le mois d'août de nombreux paysans des villages riverains développent une
intense activité de pêche sur le Bolon. Les captures dépassent les besoins de
consommation et sont vendues dans d'autres villages éloignés du cours d'eau, OU
aux voyageurs allant vers Nioro.
I _
. _ _ . ~ - _ ”
““.-
-
A - - w - -

2 - P.EUPLI:MENT DE LA COMMUNAUTE RURALE
---------------_-_----_I____________
2.1 - Historique des villages
Les transects effectués à travers la communauté rurale ont permis
d’observer de vieux sites de villages “Guents” 3 côté desquels ont été
généralement implantés les villages actuels. Ces guents ,, caractérisés par des
peuplements denses de baobabs, auraient été abandonnés par des populations
décimées en partie par des épidémies ou fuyant les sévices de guerres et la
famine* Certains auraient été habités par des Socés, éthnie aujourd’hui
absente de la zone mais dont les villages portent encore les noms tels que
Sotokoye, Sonkorong, Kolomba (1). De même les villages de Ten Peu1 et
Dialacouna tiendraient leur nom des p-remiers occupants qui étaient des Peuls.
Enfin, des guents plus récents étaient occupés pa.r des populations
IJolofs et. Toucouleurs, aujourd’hui éthnies dominantes dans Les vingt trois
villages composant la communauté rurale.
L’étude sur l’historique de ces villages s’intéresse aux axes de
peuplement; et ;i l’ancienneté.
2.1. N - Axes de peuplement
Trois axes de peuplement peuvent être différenciés :
1) Un premier axe, de loin :L#e plus ancien, concerne les migrations
venues du. Djo’Loff et qui se sont caractérisées par la création des villages
actuellement les plus anciens de la communauté rurale tels que Kaymor, NDimb-
Taba, Thyssé.
. ./ . .
(1) - S o t o k o y e : en Socé veut dire figuier blanc. Le vil.Lag,e a été crée sur
emplacement d’un champ qui appartenait à un SOC~ lequel le différencïait
de ses autres champs par la présence de nombreux figuiers blancs.
Soykorong : vient des noms des deux grandes famill.es Socés Sonko et Khoulé
qui o n t f o n d é l e v i l l a g e .
Ko lomba
-
-
- : signifie en Socé le grand puits.

2) Un second axe de peuplement Wolof est celui conduit par le
marabout mouride El Hadji Yacine Seck et de ses disciples. Ce peuplement, par
le Nord, s'inscrit dans le contexte de colonats mourides ayant entrainé une
extension de la culture de l'arachide. 11 débute dans la zone par la création
en 1927 du village de Padaff, nom venant des premiers occupants du site. La
tentative de rebaptiser ce village Darou Wonar, nom du village d'origine du
marabout,
n'a apparemment pas été suivie puisque c'est Padaff qui est officiel
et plus connu.
Les autres villages concernés par cette vague mouride sont : Keur
Aly Diango, Dialacouna, Darou Khoudos et un hameau du village de Keur Samba
Diii, Sinthiou Touba. C'est la vague de peuplement la plus récente.
3) Un troisième axe de peuplement correspond à l'arrivée des
Toucouleurs dans la zone. Il fait suite à la migration de Eli Bana Moussa qui
aurait quitté son village natal Dimar dans le Fouta après que son père fut
défait par Coly Tenguéla vers la fin du 15e siècle. Eli Bana s'installe à
Kahone, dans le Saloum, où il mourût de la morsure d'un serpent (1).
Chassés de Kahone par les Tiédos, les Toucouleurs descendent vers le
Sud et s'installent successivement à Diama Fara, Diama Passy et Diama Thiewi.
De ces deux derniers villages sont partis les fondateurs des actuels villages
toucouleurs de la communauté rurale.
L'arrivée des Toucouleurs serait antérieure à celle des Wolofs
mourides mais postérieure à la première vague de peuplement Wolofs.
2.1.2 - Classification des villages selon l'ancienneté
Il importe de préciser que pour des villages tels que Padaf, NDiba
Kaymor, Ten Peul, Dialacouna, Kolomba, Sotokoye, Keur Aly Diango, NDiarguène
qui ont gardé les noms d'anciens sites nous n'avons retenu que la date de
création du village actuel.
Cette précision apportée, on peut dist inguer trois groupes de
villag(ss suivant leur anciennete :
. ./ .,
(1) - I,a tradition veut que ce soit MBégane NDour qui voulant accéder au
pouvoir se serait transformé en un serpent dont la morsure a tué Eli Bana
‘loussa.
Le R.P. Grnvand (1983)
date le début du règne de ?lBég.lne
vers 1500.
-.-.--.
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__-
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-1-

1) Le premier groupe est C:elui des villages que nous avons quaLifiés
de "trGs anciens" c'est Fi dire dont la date de création se situe avant 1500.
Ce gro~~pc comprend les villages de Ndimb-Taba, Thyssé Kaymor, Sonkorong et
K3 y 30 r .
2) Le deuxième groupe comprend les villages classés "anciens" c'est
;i dire créés entre Ii00 et 1900. 11 s'agit de :
- Keur Ayib Touré
- Koloumbodou
- Keur Eakary
- Ndimb Birane
- Keur Samba Diama
- Passy Kaymor
- Keur Samba Dié
- Sinthiou Kohel
- Kolomba
- Sotokoye.
3) Le troisième groupe concerne les villages dits "récents" c'est à
dire créés après 1900. Ces villages sont :
- Darou Khoudos
- Padaf
- Dialacouna
- Sinthiou Passy
- Keur Aly Diango
- Ten Peu1
- Xdiarguène
- Velingara
- Ndiba Kaymor.
Les recherches sur les origines des fondateurs des différents villages
ont permis de voir que certains d'entre-eux sont crées par des ressortissants de
villages plus anciennement implantfs: dans la communauté rurale. C'est le cals de :
- Sonkorong crée par des originaires de 'Thyssé Kaymor
- Velingara
II
Il
Sotokoye
- Xdiarguène
11
,f
Ten Peu1
- Sdimb Birane
II
'Kaymor.
Dans toutes ces situations, les fondateurs étaient à la recherche de
terres de culture ou se rapprochaient de champs qu'ils cultivaient avant.
Cependan-t,
comme l'illustre le tableau no1 , une bonne partie des villages ont
Gté fondés par les ressortissants des communautés rurales de Ngayène (30,4 %
des villages) et de Yédina Sabakh (17,3 X).
11 est important de signaler que les vi llages crées par des gens
partis d'un même village d'orig ine maintiennent gènéralement une certaine
solidarité qui reflète le degré de parenté des fondateurs et leur suite.
/
. . . .

Tableau n"l - Origine des villages de la communauté rurale de Kaymor
-.----------
.----.----------------_____________I______--------------------------------~-~-
l
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I
l
Village de la communauté rurale
!Village d'origine:
Provenance des !
1
,des fondateurs
;
fondateurs
1
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. Passy Kaymor
!Passy Ngayène
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1, Sinthiou Passy
! II
l
II
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1
1
!
1
. Keur Samba Diama
!Diama Passy
! Communauté rurale!
t
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1
Kolomba
II
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; de Ngayène
!
t
. Keur Samba Dié
!Ngayène
!
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t
Ten Peulh (Ndiouga et Thiékène)
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. Sotokoye
!Diama Thiéwi
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1
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Keur Ayib Touré
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1Passy Rip
, Communauté rurale:
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. Keur Bakary
!Ngayène Sabakh
! Médina Sabakh
!
t
1
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!
t
Koloumbodou
, Sangap
t
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1
. Sinthiou Kohel
!Kohel
1
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1
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t
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! Sonkorong
!Thyssé
! Communauté rurale!
1
1
1
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Vélingara
;Sotokoye
; de Kaymor
!
! Ndiarguène
!Ten Peulh
1
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I
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1
t
I
iddimb Taba
1Kaymor
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I
t
t
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1
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l
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!
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I
. Darou Khoudoss
!Darou Elarnane
! Sous-Préfecture !
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Dialacouna
,Kellimar
; de Nganda
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. Keur Aly Diango
!Sinthiou Ndimb !
!
I
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I
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1
; Sous-préfecture ,
. Padaf
!Ida Mour'ide
1
; de Koungheul
;
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---'---'---'-------------------'---------~----
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t
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' Thyssé
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;Djoloff (Khataly):
Djoloff
!
! Ndimb Taba
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11
! Djoloff
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tt
Ndiba Kaymor
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II
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1
! Casamance
t
! Kaymor
!Djoloff
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O n p e u t , ;i c e p r o p o s , c i t e r d e u x c,as :
)Diama Thiewi ---+ Sotokoye --...-+ Velingara
A--
Diama Passy i----+> Kolomba
Keur Samba Diam.a
----+ Ndiarguène
Ngayène
eur !Samba Dié
Par ailleurs il faut noter que les noms des villages renferment une
connotation historique. Certains vil.Iages tels que Keur Aly Diango, Keur Samba
Diama, :ieur Bakary, Keur Samba Dié, Keur Ayib Touré portent le nom de leur
fondateur. D'autres portent le nom d"un arbre ou d'un ouvrage comme c'est le
cas de :Sotokoye, Padaf, Kolomba, Ten Peul, Ndimb Taba (1).
2.1.3 - Occupation des terroirs et configuration des villages
- -
Selon les paysans, chaque village est parti d'un espace restreint qui
s'est ensuite agrandi au fur et à mesure que la population et les besoins
augmentaient.
Cet espace correspondait généralement pour les premiers villages
II . . . au coeur d'une clairière..." (Pelissier P., 1966). Mais le développement
de chaque terroir villageois a été limité par ceux des villages environnants.
Il est à ce niveau important de souligner que si cette notion de
terroir villageois est précise pour les terres de cultures, elle ne l'est pas
pour les terres incultes (forêts et pâturages) dont le droit d'usufruit est
sans restriction réglementaire. Cet aspect est très important pour les problemes
d'aménagement du paysage et de gestion des ressources communautaires. En se
reférant à la carte de Bertrand (1971) on constate que les plus anciens villages
et ceux implantés auprès d'anciens sites occupent les terrasses colluvo-
alluviales.
Quant aux villages récents, ils sont pour la plupart loca'tisés dans des zones à
sols cuirassés peu profonds.
/
. . . .
----------_--
(1) - Ndimb Taba : viendrait de "Ndimb bi ci tababi" qui veut dire le cheval
Ndimb qui est SOUS le Taba (Col« cocdifolia). Le mot Ndimb désigne la
robe du cheval.

9
Concernant la configuration, on peut noter avec FAYE, J. et BENOIT-
C.ATTIN (1981) que quel que soit le village, il est subdivisé en quartiers
plus ou moins distincts avec chacun sa place publique ” Penc ” généralement
désignée par le nom du lignage du fondateur (Ngayène, Thiamène, Thiékène, e t c . . . ) .
La différenciation des villages en hameaux survenue souvent bien après
la fondation du village est en rapport avec leur besoin d’autonomie.
Quant à l’habitat il est constitué de carrés familiaux entourés de
cliitures e n t i g e s d e m i l à l ’ i n t é r i e u r d e s q u e l s s o n t s i t u é e s l e s c a s e s . IL
existe dans certains villages des batisses recouvertes de zinc et appartenant
à des paysans relativement aisés, des chefs religieux et d’autres notables.
2 . 2 - Données démographiques
La population de la cammunauté rurale de Kaymor s’élève à 11.884
personnes soit une densité de 61 habitants au kilimètre carré (recensement
administratif 1983). Par rapport à la densité moyenne régionale (1) estimée à
47 habitants au kilomètre carré (V Plan, juillet 1980), la communauté rurale
de Kaymor appartient à une zone fortement peuplée comme cela apparait sur la
carte de densité en annexe.
Nous présenterons successivement les caractéristiques de cette popu-
lation et son évolution en comparant le recensement administratif de 1973 à
celui de 1983.
2.2.1 - Répartition de la population
2 . 2 . 1 . 1 - Réparti.tion par sexe et par âge
Selon les données du recensement de 1983, 59 % de la population
totale sont constitués d’hommes contre 41 % de femmes. On retrouve les mêmes
pourcentages au niveau des jeunes de moins de 15 ans et des exemptés.
.* /. .
-----------
(1) - II s’agit de la région du Sine Saloum scindée à présent en deux régions :
la région de Fatick et la rég,ion de Kaolack 3 laquelle appartient la
communauté rurale de Kaymor.
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-11-111111

Il apparait alors clairement,avec Xes pourcentages de 63 % d’hommes
et 37 % de femmes avancés au niveau des imposables,qu’on a volontairement
surévalué les hommes ce qui obeirait au désir d’avoir plus de semences
d’ arac’nide ( 1 ) .
Pour les catégories d’âge, on distingue :
- l e s e n f a n t s , c’est à dire les jeunes âgés de 0 à 15 ans et qui
repréwntent 35 % de la population de la communauté rurale ;
- les imposables âgés de 15 à 65 ans communément considérés comme
etant la population active. I l s representent 6 4 % d e l a p o p u l a t i o n t o t a l e ;
- les exemptes sont principalement constitués de personnes ayant
plus de 65 ans. Ils font 1 % de la population de la communauté rurale.
2 . 2 . 1 . 2 - Répartit ion par ethnie
La population de la communauté rurale se repartit principalement
entre deux groupes éthniques :
- l’éthnie Wolof qui représente 68 % de la population totale de la
sous-préfecture est majoritaire dans dix huit: des vingt trois villages de la
communauté rurale ;
- l’éthnie Toucouleur, 13 % de la population de la sous-préfecture,
n’est dominante que dans cinq de ces vingt trois villages.
La différence entre ces groupes éthniques dominants est fortement
accentuée au niveau des comportements culturels. Ceux-ci sont à la base de la
contestation par les Toucouleurs de leur appartenance à la section villageoise
de Kaymor. De même, il n’existe pas de relations de mariage entre les groupes
C thniques .
La parenté étant la base des relations sociales et économiques, cette
.situati.on mérite d’être tenue en considération dans I.e cadre d’aménagements ou
d’actions collectives FÏ mener au niveau de la communautc rurale.
. . ! ,I.
----_--_____
CI)-En e f f e t , j u s q u ’ e n 1980/81,
la distribution des semences se faisait 5 raison
de 100 kg par homme imposable contre 50 kg par femme imposable. La fi.abilité
des données dépend donc de la façon dont les paysans ont perçu l’utilisation
de c e s tlonnées p a r l e s pou.voirs p u b l i c s .

1 I
En plus des Wolofs et des Toucouleurs, on rencontre des Peulhs
regroupés dans le hameau de Keur Di.ombo (village de Ndiba Kaymor) ou disse-
minés dans les autres villages de la communauté rurale.
Quelques Maures commerçants résident à Kaymor.
‘2.2.1.3 - Répartition par village
La population de la communauté rurale est très inégalement répartie
entre vingt trois villages dont le moins peuplé compte 126 habitants contre
1.548 pour le plus peuplé (C.V. 75 %).
Partant du diagramme de la figure 1 on les a classés en trois
groupes :
- le premier groupe comprend les “petits villages” c’est à dire ceux
dont: la population varie de 126 2 354 habitants. Ils sont douze et représentent
39,: Z: de la population de la communauté rurale. C’est dans ce groupe que se
t r o u v e l a q u a s i t o t a l i t é d e s v i l l a g e s t o u c o u l e u r s (4/5) ;
- le second groupe comprend les “villages moyens” dont la population
varie de 420 à 637 habitants. On y retrouve cinq villages dont un à majorité
toucouleur.
20,7 % de la population de la communauté rurale habitent ces
vil. lages ;
- le troisième groupe comprend les “gros villages” c’est à dire les
six villages de la communauté rurale dont la population varie de 800 à 1.548
habitants.
Ils réunissent 54.6 % de la population totale. C’est des villages
majoritairement wolofs.
Dans l’ensemble, les villages wolofs ont une moyenne de 587 habitants
contre 263 habitants chez les toucouleurs. Les carrés wolofs, selon ces données,
sont plus grands (9,4 habitants) que les carrés toucouleurs (8,8 habitants)
comme le montre la figure 2. Les villages de la communauté rurale sont par
ailleurs plus peuplés en moyenne (517 habitants) que les villages de la sous--
préfecture dans son ensemble (409 habitants).
Enf i 11, s i l ’ a n c i e n n e t é d e s v i l l a g e s n ’ a f f e c t e p a s l e u r t a i ’ l l e , e.Lle a
par contre déterminé le choix du site.
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1 .2.2 - Hierarchies d’orclrc - C a s t e s e t relicion
I.a strati f icat I(:I~ ~II hilir-ar(.hies d’ordre :
- “Gue r”
(Il(,l)
- “Ndi lmbour” (hommes 1 ibres j
- “Nga 10”
(tlsclave.7)
a été modifiée dans les rapports actuels entre ces classes sociales. Cependant,
I(l mar i ,i .;e reste Ilne ins:itution interne à chaque classe, le système endogame
ftant de rég,le autant chez les hommes libres que chez les hommes de castes.
Concernant les castes “Ngnegno”, d e s f a m i l l e s <de coordonniers e t d e
forgerons ont été recensles dans les villages de Sonkorong, Ndimb Taba et
Vdimb Kirane. Quelle q ue soit l’appartenance de ces hommes, ils ont 2 présent
comme activité principal,? l’agriculture doubl.ée de l’élevage pour certains.
Sur le plan de la religion, toute 1.a population de la communauté
rurale est de confession musulmane. Elle se répartie entre deux confréries :
Piourid-, et Tidiane. Les mourides se rencontrent principalement dans les villages
fondés par le marabout El Hadji Yacine Seck mais aussi au niveau des descendants
d’anci’?ns esclaves de fondateurs de villages. Quant aux tidianes, ils se rencon-
trent <urtout chez les descendants d’hommes libres et sur le plan éthnique chez
1 es to:i:ouleurs.
2 . 2 . 3 - Eligrations s a i s o n n i è r e s
-
-
-
L’enquête s’est intéressée à déterminer les migrations saisonnières
de la I.:ain-d’oeuvre 3 1’ .ntérieur etjou à l’extérieur de la communauté rurale.
Deux t::;>es de mouvements. désignés par la période à laquelle ils
se déroulent,
sont à distinguer : les mouvements de navetaa.n et de noraan.
. . / . .

2 . 2 . 3 - l - Migrations d’hivernage ” navetanat ”
Ces migrations d’hivernage revêtent une grande importance dans la
mesure où elles se traduisent par une perte de main-d’oeuvre active pour le
village de départ au bénéfice du village hôte. Elles commencent généralement
en début d’hivernage et durent jusqu’à la commercialisation des arachides
(juin ;I décembre) et concernent la population entre 20 et 35 ans.
11 a été recensé pour l’hivernage 1983/84 un total de 163 personnes
arrivées comme navetaan dans les villages de la communauté rurale. Ils sont
originaires pour la plupart du Nord du Bao-bolon mais aussi de Farafenie en
Gambie.
Sur ces 163 personnes 92 7, ont eu leur propre parcelle. Ils ont été
logés,
nourris et dotés de semences d’arachide. En contre partie ils ont dû
travailler dans les champs de leur hôte. Environ 5 % sont des ” Mbindaan ”
( o u v r i e r s a g r i c o l e s ) , ils n’ont pas de champ propre
mais travaillent à plein
temps dans les champs de leur hôte. En contrepartie, ils sont nourris, logés
et reçoivent une paie en fin de campagne.
Enfin, 3 % sont engag& dans un contrat berger soit pour le gardien-
nage des bovins de troupeau ” Samaan ” soit pour celui des petits ruminants
” S a r d i “. Dans tous les cas, un contrat dont les clauses ont été décrites,
lie le navetaan à celui qui le reçoit (J. FAYE, M. BENOIT-CATTIN, 1981 ;
D. SARR, 1983). Concernant les départs, 65 cas ont été recensés dont certains
ont eu pour destination des villages de la communauté rurale de Kaymor.
Luactivité exercée par ceux qui partent n’a pas été définie de façon très
p r é c i s e .
Tout porte à croire cependant que les proportions soient approxima-
tivement les mêmes si l’on se base sur les affirmations des paysans.
2 . 2 . 3 . 2 - Migrations de saison sèche ” noranat ”
Il s’agit de mouvements de personnes qui quittent les vill‘ages de la
communauté rurale pour les centres urbains de Nioro, Kaolack, Dakar ou qui se
dirigent vers la Casamance et la Gambie après la commercialisation des arachides
. . / . .

pour ne revenir qu'en début d'hivernage. Cette population, jeune pour la
plupart,
s'oriente vers l'apprentissage d'un métier (tailleur, menuisier,
mécanicfien, chauffeur, etc . ..).
Signalons à ce niveau que de tels métiers existent déjà dans la
communauté rurale et ont ét6 recensés dans de nombreux villages lors des
enquêtes. Ils sont surtout exercés dans ces mêmes villages avec d'éventuelles
sorties vers d'autres zones pendant la saison sèche.
Ce:rtains jeunes vont à la recherche d'un emploi bien que ne justi-
fiant d'aucune qualification. D'autres vont travailler dans les périmètres
maraîchers des Niayes. Au niveau des villages de Kaymor et de Dialacouna des
départs ont iSté déclarés mais vu le faible taux de scolarisation, de tels
départs restent très faibles.
Concernant: les arrivées de noraan dans les villages de la communauté
rurale, elles sont très faibles et :se déroulent de décembre à fin mars. Il
s'agit, le plus souvent, de personnes s'adonnant à la confection de palissades.
2.2.3.3 - Firdous
En plus de ces mouvements de navetaan et de noraan persiste mais avec
beaucoup moins d'importance le mouvement des firdous. Ceux-ci arrivent au moment
du soulevage des arachides et font essentiellement le battage. Cette activité
restant toujours manuelle, la baisse du nombre de firdous observée par les
paysans est liée à celle de la production arachidière.
2.2.3.4 - Evolution des migrations saisonnières
Selon les paysans, les migrations d'hivernage, aussi bien les départs
que les arrivées, ont fortement baissé pour plusieurs raisons dont :
- la mécanisation des cultures, qui en accroissant les capacités de
travail des paysans a réduit pour la plupart d'entre eux leur besoin en main-
d’oeUVre eXtérielJre
;
. .l . .

17
- l'accroissement démographique dans les villages qui s'est traduite
par une demande plus grande d'espace de culture a de ce fait réduit les super-
ficies à mettre à la disposition des navetaan ;
- plus récemment l'insuffisance de semences d'arachide et le déficit
vivrier résultant des mauvais hivernages successifs font que plusieurs paysans
ne peuvent ni satisfaire les besoins en semence des navetaan ni assurer leur
nourriture durant le temps où ceux-ci sont présents dans leur exploitation.
Par contre, les départs de saison sèche augmentent conséquemment aux
mauvaises récoltes qui ont caractérisé ces derniers hivernages et au manque
d'alternative au niveau local.
2.2.4 - Evolution de la population de la communauté rurale
La population totale de la communauté rurale a plus que doublé en
dix ans passant de 5.601 en 1973/74 à 11.884 en 1982/83 (cf. recensement
administratif).
Cette augmentation est surtout liée à l'accroissement de la
population jeune (0 à 15 ans) comme le montre la figure 3.
Cette évolution démographique a pour corollaire un accroissement des
besoins des populations notamment :
- un accroissement des besoins alimentaires qui se traduit, entre
autres, par une augmentation de la demande de terre ;
- un accroissement des besoins de soins sanitaires et de formation.
CONCLUSION
---w--m---
Les caractéristiques de la population de la communauté rurale, telles
que nous venons de les relater, impliquent la nécessité d'une meilleure compré-
hension des mécanismes de cette évolution et l'ampleur des différentes consé-
quences.
Le recensement prévu dans le cadre des enquêtes formelles permettra
de rapprocher la population de chaque village en tant qu'expression de main-
d'oeuvre et source de besoins divers aux autres ressources disponibles.
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CHAPITRE 2 - INFRASTRUCTURES ET AIRES ECONOMIQUES
2.1 - Insfrastructures
De façon générale, les infrastructures au niveau de la communauté
rurale se caractérisent par leur insuffisance et leur concentration dans les
villages de Keur Bakary, Sonkorong et principalement Kaymor, siège de la
communauté rurale.
2.1.1 - Axes routiers
Exception faite de la piste principale en latérite rel iant le siège
de la communauté rurale, Kaymor, à la Nationale no4 en passant par le village
de Dialacouna, les seules voies de communication entre villages sont constituées
de pistes secondaires pour la plupart très peu praticables mêmes par des
charrettes en saison d'hievrnage. Il est à noter que Kaymor fait office de gare
routière pour l'ensemble de la communauté rurale.
2.1.2 - Infrastructures soc.io-culturelles
Il a été recensés :
- 3 écoles françaises
- 14 écoles arabes
- 36 daaras
- 3 grandes mosquées (d ans chaque village il existe un lieu de prière)
- 1 foyer de La femme
- 1 foyer des jeunes
- 1 maison communautaire
- 2 vestiges historiqules (Tata de Birane Cissé à Ndimb Birane et
Tata de Fodé Kaba à Kolomba).
. . / . .

INFRASTR1JCTURES SOCIO,-.CULTURELLES
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21
2.1.3 - Infrastructures 3 caractère économique (cf. carte)
Il existe au niveau de la communauté rurale :
- 3 centres de rassemblement du bétail
- 1 aire d'abattage
- 8 cellules de stockage (1)
- 1 marché ouvert
- 2 loumas
- 18 boutiques
- 5 magasins (SODEVA, SODEFITEX, Coopération)
- 14 moulins
- 2 seccos
- 6 coopératives arachidières
2.1.4 - Infrastuctures à caractère sanitaire (cf. carte)
- 8 cases de santé
- 1 poste de santé
- 1 maternité rurale
Les infrastructures ainsi présentées sont non seulement insuffisantes
et mal réparties mais le plus souvent défectueuses.
Sur le plan sanitaire, le seul dispensaire de la communauté et la
maternité rurale se trouvent à Kaymor. Cela pose le problème de transport des
malades qui ne se fait que par charrette. Concernant les cases de santé, il y en
a huit pour toute la communauté rurale. Elles sont considérées très peu fonc-
tionnelles par les populations qui souhaitent qu'elles soient mieux appro-
visionnées en médicaments de première nécessité et mieux gérées. Pour permettre
à ces cases de santé de jouer pleinement leur rôle, le personnel qui les gère
devrait bénéficier d'une initiation à des soins primaires.
. . / . .
( 1 > - En vue d'améliorer les conditions de stockage des récoltes de céréales,
l'Institut Sénégalais de Recherches Agricoles (ISRA) avait introduit au
niveau des villages de Thyssé et Sonkorong de 1975 à 1977 : 70 cribs à
maïs, 8 silos tareras d'une capacité de trois tonnes chacun, 1 cellule
de démonstration d'une capacité de 6 tonnes. A présent, seuls 38 cribs
et 8 silos sont fonctionnels.

22
1NFRASTRUC:TURES A CARACTERE ECONOMIQUE
.
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.
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23
INFRASTRUCTURES SANITAIRES
Oarw Khouck
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. . . -...--.-..-...m”
“--*UIII-*-

24
Un problème similaire se pose au niveau des moulins dont un des
.
Obj(ectifs d'implantation est d'allèger les tâches de la femme. Sur les vingt
trois villages de la communauté rurale, seuls quatorze villages ont Un
moulin. Ces moulins, comme cela nous a été affirmé, enregistrent des pannes
fréquentes et au moment du recensement sept moulins ne fonctionnaient pas.
Il parait d,onc necessaire de dispenser un minimum de formation pour assurer
l'entretien de ces moulins. Une enquête à mener en rapport avec la section
machinisme agricole de Bambey pourrait permettre d'identifier les problèmes
qui se posent au niveau des moulins et contribuer à amél.iorer leur gestion.
Sur le plan scolaire, il n'existe que trois écoles pour toute la
communauté rurale :
- Ecole de Kaymor : implantée en 1958, compte six classes avec un
effectif total en 1984/85 de 226 élèves. Ceux-ci sont originaires du village
ou viennent des villages de Keur Samba Dié, Passy Kaymor, Ten Peulh, Keur Aly
Diango!, Dialacouna, Padaf et Sonkorong (cf. figure 2) ;
- Ecole de Sonkorong : elle a débuté en 1962 mais ne compte que deux
classes
totalisant 47 élèves originaires de Thyss6 Kaymor et de Sonkorong.
Cette É!cole souffre d'une fréquentation irrégulière. 'De même certains élèves
se voient obligés d'aller jusqu'à Kaymor pour compléter leur cycle (cette année,
il n'y a qu'un C.I. et une classe de CMI) ;
- Ecole de Keur Ayib Touré : a été implantiie en 1982 et ne compte
qu'une classe de 36 élèves originaires du village et de Koloumbodou.
On constate de façon générale, qu'on est loin de l'idée si souvent
avancée de généralisation de l'enseignement primaire. Les effectifs cités
montrent qu"une faible part de la jeunesse scolarisable Fréquente les écoles
françaises.
On observe,par aill.eurs, qu'il n'y a pas un seul village toucouleur qui envoie
des enf'ants .dans ces écoles. Dans l'ensemble, cette situation, peut s'expliquer
par deux raisons fondamentales :
- certains villages fortement islamisés, comme c'est souvent le cas
chez les Toucouleurs et les talibés mourides, privilègient l'étude du coran.
Ceci explique l.e nombre de daaras recensés ;
. . / . .

25
FiJure 3 : Villages d'origine des flèves (1)
Thyssé Kaymor
Sonkorong
Thyssé Kaymor
Keur Samba Dié
Passy Kaymor
Ecole de
Ten Peulh
Dialacouna
Padaf
I
Keur Aly Diango
Keur Bakary (pas cette année)
\\ \\ \\ \\\\4
Ecole de
El-
Keur Ayib
Koloumbodou
Touré
---_-------
(1) - Aucun village toucouleur n'a des enfants dans une des trois
écoles de la communauté rurale

26
-- l'insuffisance de strcutures ne favorise pas le dépassement de
ces, barrières culturelles.
Au niveau des adultes, il n'existe aucune structure de formation
fonctionnelle ni même d'alphabétisation. Cela parait être une nécessité si
l'on veut que les populations concernées puissent assurer la gestion des
nouvelles structures de développement.
Sur le plan des infrastructures à caractère économique, on retrouve
la même concentration à Kaymor. Par ailleurs, l'absence d'un louma (marché
hebdomadaire) important dans la zone, accentue les déplacements en saison
sèche comme en hivernage vers les loumas de Ndiba Ndiayène, Ndiao Bambali et
Farafenie.
2.2 - Aires économiques
On assiste dans l'ex-région du Sine Saloum à une prolifération des
loumas, circuits de commercialisation de produits de toutes sortes.
Selon les déclarations des paysans, nombre d'entre eux, hommes et
femmes de tous âges se déplacent vers les marchés hebdomadaires très impor-
tants qui ceinturent la communauté rurale. Il s'agit du marché de Ndiba
Ndiayène (communauté rurale de Médina Sabakh) au Sud qui se tient le jeudi,
du louma de Ndiao Bambali (Sous-préfecture de Nganda) a'u Nord le lundi ; ceux
de Farafenieet de Kaour (en Gambie) respectivement le dimanche et le jeudi.
Les entretiens menés avec des paysans laissent entrevoir des avantages
et inconvénients de ces loumas.
2.2.1 - Avantages
Les paysans reconnaissent plusieurs avantages aux loumas. Ceux-ci
constittuent, en effet, un débouché pour leurs produits agricoles et animaux
tout autant qu'ils sont l'occasion de procéder à divers achats (matériel
agricole, engra.is,
denrées alimentaires, animaux, etc...). Des réparàtions de
materiels agricoles y sont effectuées.
. . / . .

27
" Tout ce que tu allais chercher à Nioro, Kaolack ou dans d'autres
centres urbains, tu le trouves dans les loumas " déclarent les paysans. Enfin,
les loumas sont le lieu de rencontres, avec tout ce que cela comporte comme
avantages et inconvénients, entre individus venus de toute part.
Au niveau des loumas on trouve des prix souvent plus avantageux que
Ceux du circuit officiel.
3
3
2-
. . ..L.
Inconvénients
Les inconvénients des loumas se situent à différents niveaux. Selon
les paysans, ils ont eu pour effet la faillite du petit commerce de village
ce qui s'est traduit par la fermeture de nombreuses boutiques. Pour certains
paysans, la fréquence aux loumas entraine un' retard dans les cultures.
Les rassemblements d'animaux facilitent la propagation de foyers de
maladies. De même, le brassage humain au niveau des loumas favorise la trans-
mission de certaines maladies.
Enfin, notons que la proximité avec la Gambie fait des Loumas sus-
cités des lieux privilégiés d'écoulement de produits de contrebande.
Pour tous ces aspects positifs et négatifs, il apparait important
que le suivi au niveau des villages puisse aider à déterminer la fréquence
aux loumas aussi bien en hivernage qu'en saison sèche, la nature et l'importance
des transactions effectuées par les membres des exploitations suivies.

20
CHAPITRE 3 - ORGANISATION ET ENCADREMENT
LIenquête exploratoire au niveau de la communauté rurale a initié
l'étude dont le but est:(î) de connaître les processus de formation, les
objectifs et le mode de fonctionnement des organisations de type traditionnel
existentes (ii) de comprendre la façon dont les formes nouvelles d'organisation
notamment les sections villageoises de coopération sont perçues et quelles
conditions requièrent-elles pour jouer le rôle qui leur est dévolu.
L'encadrement technique a été examiné à travers les actions de
vulgarisation de la SODEVA et de la SODEFITEX ainsi qu'à travers l'intervention
plus localisée de l'IRAT/ISRA entre 1969 et 1980.
3.1. - 0re;anisations paysannes: formes traditionnelles et formes nouvelles
3.1.1 - Formes d'organisation traditionnelle
--
Trois niveaux peuvent être observés :
- l'organisation familiale
- les "Mbotaay"
(groupements intra-villages)
- les groupements inter-villages.
3.1.1.1 - Organisation familiale
L'étude des patronymes réalisée au COUKS de l'enquête montre dans
tOUS
les villages la cohabitation de segments lignagers lesquels sont divisés
en groupements familiaux. Ces familles sont fondamentalement organisées à deux
niveaux de production :
- production collective sous la responsabilité du chef de famille,
- production individuelle au niveau des statuts dépendants.
En tant qu'organisation sociale et économique de base, ces familles
déterminent la force de travail disponible et les besoins de consommation.

2 9
3.1.1.2 - Organiçations paysannes ou "Mbotaay"
IL s'agit de regroupements de personnes de même sexe et Le plus
souvent de même âge autour d'objectifs communs. Pour la satisfaction de ces
objectifs,
Les membres du "Mbotaay"
cultivent un champ collectif dont Le
produit est vendu. De telles associations se retrouvent dans tous les villages.
Elles concernent Le plus souvent Les hommes, jeunes et adultes avec des objec-
tifs différents suivant La catégorie concernée. Ainsi, quand bien même L'idée
d'entr'aide est avancée, il reste qu'au niveau des jeunes l'achat de radio-
de
cassettes et si possible d'équipements/sport passe prioritaire. Ces achats
traduisent une ouverture vers l'extérieur. De même, La participation aux compé-
titions sportives organisées au niveau de la communauté rurale peut contribuer
à renforcer l'esprit d'appartenance à une même entité : la communauté rurale.
Au niveau des adultes, la culture d'un champ vise le plus souvent la
construction d'une mosquée villageoise.
Quelques associations ont été recensées au niveau des femmes. Il
s'agit, généralement, de comités politiques dont les fonds sont principalement
utilisés pour l'achat de cartes politiques et d'uniformes. Ces fonds proviennent
d'un système d'apport personnel sous forme de cotisation.
L'existence d'un comité de lutte contre les feux de brousse à
Dialacouna traduit Les possibilités de réunir les paysans d'un ou plusieurs
villages autour d'actions dont l'intérêt est partagé.
3.1.1.3 - Associations religieuses ou "Daïra"
Elles se caract6risent par la culture d'un champ collectif par des
adeptes d'une même confrérie. A La récolte la production est vendue et l'argent
intégralement reversé au marabout.
Ces daïra regroupent, le plus souvent, des fidèles de àifférents
vilrages.
. . l . .
_
-._..._

--_I-.‘
------l’--l
--

30
3.2 -- Formes nouvelles d'organisation
3.2.1 - Organisation en Sections villageoises
La nouvelle organisation du monde rural instaure au niveau de
chaque communauté rurale une coopérative de développement (Loi no 83/07 du
23 janvier 1983 ; articles 61 à 66) dont les cellules de base sont les
sections villageoises régies par la Circulaire no 005/EIDR du 5 septembre
1983. Les sections villageoises ont pour ressort géographique un ou plusieurs
villages. Au niveau de la communauté rurale, elles se sont implantées là où
il y avait des coopératives. En effet, chaque siège de coopérative est devenu
siège de section villageoise (Kaymor, Ten Peulh, Padaf, Keur Bakary,Koloumbodou,
Thyssé Kaymor (l), Sonkorong.
Deux nouveaux sièges ont été créés à Keur Samba Diama et Keur Ayib
Touré.
3.2.1.1 - Constitution des sections villageoises
Pour les agents de l'administration locale, le regroupepement des
villages en sections suit les critères que voici :
- un critère d'affinité et de proximité entre villages ;
- un critère démographique : la section villageoise ne devant pas
concerner une population inférieure à 300 personnes.
Il a été co,nstaté lors des enquêtes exploratoires que ces critères
n'ont :pas toujours déterminé les regroupements en sections telles quelles
figurent au tableau no 2 ci-après :
. . f . .
---------/--
(1) - Les coopératives de Thyssé Kaymor et de Sonkorong avaient été fusionnées
(dans le cadre du Projet des Unités Expérimentales sous l'instigation de
la 'Recherche, en 1974.

31
Tableau no2 - Constitution des sections villageoises
---------------__--_----------------------------------------------------------
1
I
l
Siège section
;
!
Villages constitutifs de la section
1
-.-----------------------------------------------------------------------------
f
!
1
!
Ten Peulh
!
Ten Peulh - Ndiarguène
!
1
!
1
I -----------------_-_-____________________-------------------------------~------.
!
1
1
1
Kaymor - Keur Samba Dié - Passy Kaymor -
!
I
1
1
Kaymor
!
Dialacouna
- Kolomba - Sinthie Kohel - Sotokoye - ,
!
1
1
Vélingara
1
1
t
I------------------------i--------------------------------------------------
!
a---- f
I
. Keur Bakary
!
Keur Eakary
!
I
!
_----_--_------___------------------------------------------------------------
!
I
!
!
1
e Keur Ayib Touré
!
Keur Ayib Touré - Sinthiou Passy
!
I
I
4
:
~--“-‘---“-----“-----“--------------------------------------------------------
,
I
:
! Keur Samba Diama
!
Keur Samba Diama - Darou Khoudoss
!
I
1
I
-----------------------------,,,,-----,-------------------------------------.
1
!
!
!
Koloumbodou
I
Koloumbodou
!
!
!
!
!~-----------------------i'--'-'--l"---------------------------------------------- ---em !
!
Padaf
!
Padaf - Ndimb Birane - Ndimb Taba - Keur A. Diango!
!
1
I
-~------------------,,-,i-,,,,,-,,,-----------------------------------------------------.
I
!
!
I
: Sonkorong
!
Sonkorong
!
1
!
!
_--------------__-------------------------------------------------------------
l
!
!
1. Thyssé Kaymor
!
Thyssé Kaymor - Ndiba Kaymor
!
!
!
1
----------------_-_-----------------------------------------------------------
L'organe directeur de la section villageoise est le comité de section
à la tête duquel est élu un président, un vice-président et un secrétaire. Les
informations obtenues auprès de différentes sources (administration, encadrement
technique et élus locaux) expriment des écarts de compréhension ou d'interpréta-
tion sur la composition du comit6.
Ainsi le nombre des membres de comité varie de cinq à huit personnes.
Cependant
l'importance de la population d'une section expliquerait cette
variation.
. ./ *.
~ _^_. -_”
-... - -,.. 1”.._.--._.
.-._. ,___-. -.-. - -... u”ImmII-lt--
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32
DECOUPAGE EN SECTIONS VILLAGEOISES
.
.8 Y.ur Samba
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??
w@NDlmb Blrane
.
?? Padat
e9
Olanoa
??krsy Kaymor
?? Kcur Samba OIC
?? Sinthiou Kohcl
CB Sicgc de s e c t i o n vilkgeoisc
C! Regroupement cks village tou~kurs

33
3.2.1.2 - Problèmes liés à la création des sections
villageoises
Au niveau du découpage l'affinité des populations devant appartenir
à la même section villageoise n'a pas été prise en compte. On serait même
tenté de penser que le découpage actuel ait été imposé aux populations. Nous
n'en voulons pour preuve que la contestation par les villages toucouleurs de
Sinthiou Kohel, Kolomba, Sotokoye et Vélingara de leur appartenance à la
section villageoise dont le siège est à Kaymor. Non seulement la population
de ces villages n'a pas été consultée mais le village de Kaymor est éloigné
de certains de ces villages comme Sinthiou Kohel et Vélingara (beaucoup plus
proches de Koloumbodou). En outre, les pistes sont très peu praticables en
hivernage ce qui rend alors difficile la communication. Tous ces éléments
risquent de ne pas favoriser un bon fonctionnement de la section.
L'absence de consultation des paysans a aussi été ressentie à
Ndiarguène où tous les producteurs initialement adhérents à la coopérative de
Keur Bakary se sont vus en devoir de rejoindre la section villageoise de Ten
Peulh.
Sur le plan démographique, il y a une répartition très inégale de la
population de la communauté rurale entre les sections villageoises. Ainsi, 'La
section de Kaymor compte 3.046 personnes réparties en huit villages tandis que
la section de Keur Samba Diama en totalise 645 réparties en deux villages. Au
niveau des objectifs, les questions qui nous ont été posées et la réaction de
beaucoup de personnes sur des questions relatives aux sections villageoises
laissent entrevoir une sous-information apparente. Dans l'ensemble des villages
en effet, les populations ont une idée très vague:de la section villageoise
encore moins de ce qu'elle pourrait leur apporter autre que ce qu'apportaient
les anciennes coopératives (1).
Pouvait-il en être autrement à partir du moment où la seule informa-
tion que les paysans aient reçue est : " Leegi kooperaatiw amatul, seekson
villageoise mo am"(2).
(1) - En plus d'assurer la commercialisation des arachides, les anciennes coopé-
ratives étaient en même temps les points officiels d'approvisionnement du
monde rural en matériel agricole et en intrants.
(2) - Littéralement : " maintenant c'est la section villageoise qui remplace la
coopérative ".

Même les membres des comités de section villageoise n'échappent pas
.a Cett#e Sous-information.
En plus de cela, on note que certains villages n'ont pas de membres
dans le comité de la section à laqeelle ils appartiennent ; c'est le cas d.es
villages toucouleurs de Vélingara et de Sinthiou Kohel appartenant à la section
de Kayrnor. D'autres villages sont sous-représentés dans (ce comité, c'est le cas
de Ndiarguène qui sur cinq membres n'en compte qu'un seul, tous les quatre
autres iltant de Ten Peulh.
Enfin, il n'existe pas une seule section dont le président est
toucouleur. Ainsi, même si Keur Samba Diama est siège de section villageoise,
le président du comité est wolof et habite Darou Khoudoss. Dans ces conditions,
les nouvelles structures paysanes, les sections villageoises vont-elles pouvoir
jouer pl.einement leur rôle ? Enfin, cette situation que nous avons décrite sus-
cite pl.usieurs questions que des études spécifiques pourraient éclaircir tout
autant qu'elles pourraient permettre une meill.eure compréhension et partant une
meilleure gestion des sections villageoises.
3.2.1.3 - La participation paysane à la mise en place
-
-
-
des sections villageoises.
-
-
-
La section villageoise, par son comité de gestion, doit être le lieu
privilégié de concertation entre différents villages. Pour cela, elle doit être
comprise et acceptée par les populaIions ce qui aurait été facilité si Selles-
ci étaient associées au découpage et étaient informées sur les objectifs de ces
structures.
Comprises et acceptées, les sections villageoises peuvent servir
de sous-bassement à des projets d'am;énagement et à la gestion de l'environnement.
En tant qu'organe de gest:ifon, le comité de section villageoise doit
comprendre des personnes imprégnées de la réalité des villages qu'elles repré-
sentent, des personnes ayant la confiance de 'Leurs pairs et reconnues capables
par les populations. Dès lors, le choix des membres du comité parait important.
Comment sont choisis les membres du comité 7! Pair qui ? Sui la base
de quels critères ? Les membres choisis ont-ils été initiés aux rôles qui leur
sont dévolus ? Sinon, qu'est ce qui est envisagé pour leur permettre de
s'acquitter correctement de leur tâche ?
. . / . .

35
Notons que l'initiation des représentants des villages aux rôles
qui leur sont confiés,constitue le seul moyen d'éviter ou au moins de réduire
toute main-mise par des personnages plus avisés guidés par des intérêts
personnels.
3.2.2 - Conseil Rural
Organe suprême de la communauté rurale, le conseil est régi par les
article 23 à 30 de la Loi no 7212.5 du 19 Avril 1972. Ce conseil est constitué
de quinze membres dont dix élus au suffrage universel et cinq choisis par ke
collège des coopérateurs
1 --~--------------------------------T------------------------------------~---
1
1
!
Elus au suffrage universel
I
Fonction
I
Village
1
.----,,----------=----,--,-------------------
I
1
1
!
1
. El Hadji Kéba Ndiaye
! Président
1
Kaymor
!
1
!
El Hadji Aliou Thiam
!
11
!
1
! Membre
!
1
!
Amadou Diaw
1
1,
!
Il
!
1
!
1,
!
!
!
Adja Satou Touré
1
!
!
!
Bokar Kanghé Dia110
1
II
!
!
!
1
!
, El Hadji Kéba Dié Cissé
, Vice-Président
!
Thyssé Kaymor
!
!
! El Hadji Omar Poundy Cissé
! Membre
!
Sonkorong
1
!
!
If
!
!
1
El Hadji Ngounda Dia110
!
Keur Ayib Touré
!
!
!
Kéba Cissé
!
1,
!
Keur Bakary
!
!
I
II
!
!
!
El Hadji Malick Poundy Cissé
1
!
Dialacouna
!
!
El Hadji Malick Ndiémé Cissé
!
Keur Aly Diango
!
!
!
!
!
Babou Natou Cissé
!
Ndimb Taba
!
!
!
!
!
Membres désignés
!
1
1
!
1
Babou Sokhna Cissé
Sonkorong
!
!
!
!
Aliou Diabou Seck
!
Ten Peulh
1
1
!
!
Kéba Mbaye
Ndiba Kaymor
1
!
!
!
Bathie Gaye
!
Keur Samba Dié
I
!
!
1
, Kéba Diagne
Koloumbodou
1
!
1
1
t
!
--.--------------------------------------------------------------------------
. . / . .

Il faut noter que la composition du conseil rural n'a pratiquement
pas changé depuis 1974. Les membres de ce conseil sont, dans leur grande
majorité, des personnes influentes au niveau des villages et de la communauté
rurale. Au sein de ce conseil, les jeunes ont un représentant. Il en est de
même pour les femmes. Cependant, la répartition des représentants reste
inégale au niveau éthnique. Parmi les conseillers ruraux, le village de Kaymor
compte cinq membres dont le président et la seule femme du conseil alors qu'
aucun Ides villages toucouleurs n'est représenté. Ils ne sont, par ailleurs,
représentés ni au conseil d'arrondissement ni au sein du collège des coopéra-
teurs ni dans le bureau de la coopérative de développement constitué de cinq
membres.
Ainsi, à l'exception d'un comité de section villageoise, l'éthnie
toucou:Leur est écartée de toutes le!s instances décisionnelles de la communauté
rurale., Pourquoi cette situation et quelles pourraient/Z:re les conséquences ?
D'ores et déjà, il apparait évident que le sentiment de frustration
exprimil par les paysans des villages de Sotokoye, Kolomba, Sinthiou Kohel,
Vélingara au niveau de la coopérative de Kaymor, va s'en trouver renforcé .
11 faut enfin souligner qu'au sein des organes de direction que sont
le conseil rural, le collège des coopérateurs; et le comité de section, la
personnalité de certains responsables politiques, marabouts et autres notables
oriente
et détermine
les décisions.
3.3 - Encadrement des paysans de la communauté rurale
-
-
-
-
La vocation agricole de la région et surtout l'importance qu'elle
continue d'occuper dans la culture des céréales et.de l'arachide font que le
Sine Saloum (1) a connu un encadrement très dense.
Au niveau de la communauté rurale de Kaymor, cet encadrement est
assuré par deux sociétés d'intervention :
- la société de développement et de vulgarisation agricole (SODEVA)
- la société de développement des fibres textiles (SODEFITÈX).
. * / “.
----.-a-.----
(1) -- Actuellement régions de Fatick et de Kaolack.

37
De 1968 ci 1980, les villages de Thyssé Kaymor et Sonkorong étaient
cncadrcs par l'Institut Sénégalais de Recherches (ISRA) dans le cadre du
Projet Unités Expérimentales.
Pour ces sociétés d'intervention et pour l'ISRA, l'objectif vise
était de créer de meilleures conditions de production par
l'intensification
grâce a des actions d'assistance technique aux producteurs.
Cet encadrement, après avoir enthousiasmé nombre de paysans, connait
des difficultés et tend, notamment en ce qui concerne la SODEVA, à ne plus
susciter beaucoup d'intérêt pour les populations.
3.3.1 - SODEVA
La société de développement et de vulgarisation agricole (SODEVA) a
pri.>
'(- le relais de la société d'aide technique et de coopération (SATEC) en
1968. Elle est responsable de toutes les cultures exceptée la culture du coton.
3.3.1.1 - Actions
Les actions de vulgarisation menées par la SODEVA se résument en cinq
types d'interventions :
- augmentation des rendements grâce à l'apport de matériels,
d'intrants et de techniques culturales ;
- actions d'élevage : embouche bovine et ovine, supplémentation des
laitières,
sauvetage des veaux, actions sanitaires ;
- actions de reboisement : constitution de pépinières, plantations
de ?[eems, Eucalyptus, fruitiers, bois de village ;
- alphabétisation ;
- actions d'accompagnement sur le maïs (contrats maïs).
3.3.1.2 - Méthode d'approche et moyens humains
D'une approche individualisée exigeant des moyens humains considé-
rables, on s'est orienté vers une approche par groupements collectifs moyennant
des réunions de village, des séances d'apprentissage, des visites organisées.
. .l . .
- - _ - . _ -

--..

.-
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, * _ _ . . . .
“...-
^- . . * . . . m . , . U * I U I - m
-.

38
Ce changement de méthode d ‘approche a coïncidé avec une réduction du
personnel de terrain. Ainsi, de 16 agents opérant dans la communauté rurale
en 1975 (Ndior,ou .Yboup,
1975) 1 ‘encadrement est réduit 3 trois personnes
dont :
- un agent technique de la communauté rurale (ATCR) basé à Raymor,
- deux encadreurs de base dont l’un réside 2 Kaymor et le second à
Keur Ayib Touré.
3.3.1.3
- Limites de la SODEVA
Si la vulgarisation a pu, s,‘appuyant sur la disponibilité de maté-
r i e l s e t d ’ i n t r a n t s , apprendre très vite aux paysans à s’en servir grâce à
un encadrement initialement bien étoffé, son succés a été moindre pour les
autres thèmes cités précédemment.
Ainsi le labour connait une diffusion très limitée. Les thèmes
d’ élevage sur 1’ embouche bovine, le sauvetage des veaux et la complémentation
n’ont pas eu d’échos sensibles au niveau de la communauté rurale.
Avec l’encadrement du maïs, il existe des problèmes qui freinent
l’adhésion des paysans au contrat.
Pour le reboisement, en dépit de la sensibilité des paysans à la
question,
les services de l’encadrement ne sont pas tou:jours à même de répon-
dre aux sollicitations . Les commandes de plants payées d’avance sont rarement
s a t i s f a i t e s .de falon i n t é g r a l e .
3 . 3 . 2 - SODEFITEX
La société pour le développement des fibres texti.les du Sénégal
(SODEFITEX) remplace la compagnie française de développement du textile (CFDT)
en 1970. L,a SODEFITEX qui n’a Commenc(é à intervenir au niveau de la communau,té
rurale qu’en 1973, est responsable exclusivement de la culture du coton.
Comme pour la SODEVA, il y a eu réduction du nombre d’agents dans la
communauté. Cependant, ce qui limite le développement du coton, c’est, de
1’ avis des pays,ans,
l’attitude des encadreurs. Ces derniers seraient trop
rigoureux voire même rigides sur les c r i t è r e s d e sélecti.on d e s c o n t r a c t u e l s e t
le contrôle des parcelles de coton.

39
3.3.3 - Recherches agronomiques
L'Institut de Recherches Agronomiques Tropicales et des Cultures
Vivrières (IRAT) relayé par l'Institut Sénégalais de Recherches Agricoles
(ISRA) en 1974, ont dans le cadre du projet Unités Expérimentales, encadré
deux des villages de la communauté rurale de 1968 à 1980. L'objectif visé
éta.it de " promouvoir,
en vraies grandeurs et conditions, des systèmes
intensifs de production . . . à partir des références techniques et économiques
obtenues en champs d'expériences et, ainsi,prouver leur valeur dans le milieu
d'application " (Seminaire ISRA-GERDAT. Bilan et perspectives des recherches
sur le développement rural menées dans les Unités Expérimentales - 1977).
Une double méthodologie a été mise en place. Elle se caractérisait
par une approche collective au niveau de groupements de producteurs et une
démarche individualisée sous la forme d'un conseil de gestion à l'exploitation.
La réalisation de cet objectif avait nécessité un important encadre-
ment. Les paysans des villages des unités expérimentales et des villages
voisins ont pu solliciter au besoin cet encadrement, notamment en matière de
santé animale. Bien que les agents de 1'ISRA soient moins nombreux aujourd'hui
dans la zone, les sollicitations sont plus importantes. Ceci traduit le fait
que les paysans ressentent encore un besoin d'être appuyés dans certains
domaines pour lesquels l'encadrement nécessaire n'existe pas.
En conclusion, il est apparu que les paysans sont insatisfaits de
l'encadrement tel qu'il se présente aujourd'hui. Ce sentiment qui s'est conso-
lidé dans le temps repose, au-delà de certaines attitudes dont nous avons parlé,
sur une question de fond : l'encad.rement en général a peu de réponses aux
nombreux problèmes qui se posent aux paysans.
:.
Les paysans de la zone font des requêtes précises de matériels, de
produits (engrais, fongicides, antiparasitaires, vaccins, médicaments . ..) et
de services (réparation de matériel agricole, traitements phytosanitaires, des
vaccinations,
identification et traitement de différentes maladies du cheptel..);
ils ont besoin de nouvell'es orientations en rapport avec la situation dérou-
tante dans laquelle ils se trouvent.
. . / . .
-*II.--
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. . - - “ - - - I _

40
L’encadrement doit se reconvertir à cette réalité en reformulant sa
demarche et en y adaptant ses moyens. Il s’agira d’approfondir et de systéma-
tiser (tenue de statistiques fiables et facilement accessibles) la connaissance
du paysan,, de son environnement socio-économique et des différents processus de
production qu’il intègre selon des objectifs et des mécanismes donnés.
L’encadrement devra, dans cette optique, s’associer au paysan en
apprenant. de lui et en le formant (alphabétisation, formation technique) de
sorte qu’il puisse assumer les responsabilités qui lui i.ncombent dans son
propre developpement. Tout cela devra être fait en parfaite collaboration avec
la recherche. C’est seulement au terme d’une te’lle démarche que l’encadrement
pourra être écouté et suivi en toute confiance parce qu’il sera porteur de
solutions appropriées.

41
C HAPI TRE IV - RESSOURCES D SPONIBLES
Le facteur travail constitue une des principales
ressources des
familles paysannes dans une agriculture à faib e niveau d' investissement.
L'équipement en matériels et l'utilisation d'intrants comme l'engrais ont
contribué à augmenter les productions au cours des anneés 60 et 70.
La terre qui, jusqu'aux années 60, était abondante, devient
actuellement un facteur limitant. Avant d'entamer l'examen des systèmes de
production,
nous présenterons sommairement la situation des ressources de
base, c'est à dire :
- la main-d'oeuvre
- le foncier
- l'équipement agricole
- le cheptel de trait
-et les autres facteurs de production (engrais, semences, produits
de traitement, etc...).
4.1 - Main-d'oeuvre
Trois types de main-d'aeuvre sont à considérer au niveau de la
communauté rurale :
- la main-d'oeuvre familiale
- la main-d'oeuvre saisonnière (navetanat)
- la main-d'oeuvre saisonnière d'appoint'.(firdou notamment).
4.1.1 - Main-d'oeuvre familiale
Vu le caractère familial des exploitations agricoles de la zone,
cette main-d'oeuvre constitue l'essentiel des actifs. Au niveau de la commu-
nauté rurale de Kaymor, pour mieux appréhender l'importance de ce type de
main-d'oeuvre et son évolution, nous avons utilisé les chiffres des recense-
ments administratifs de 1973/74 et de 1982183 présentés dans le chapitre
précédent.

42
4.1.1.1 - Situation au niveau de la communauté rurale
Durant l'intervalle considéré,le nombre moyen d'actifs (1) par carré
est resté constant en absolu (six actifs). En proportions, les actifs qui
faisaient les 77 % de la population du carré en 1973/74 sont passés à 65 %
de celle-ci en l982/83.
Pour la même période, le nombre de jeunes par carré est passé
d'une moyenne de 2 à 3.
4.1.1.2 - Variation de la main-d'oeuvre familiale
-
-
entre les villages
-
-
Le tableau no3 nous donne la répartition des villages suivant le
nombre d'actifs au carré. Il y a une tendance à la diminution du nombre de
villages comptant plus de sept actifs par carré. Cette situation est-elle
due à un éclatement plus accéléré des carrés ?
.
On comptait en moyenne 31 carrés par village.en 1973/74 contre 56
en 1982/83. Quant à l'évolution du nombre d'actifs, on voit que la tendance
est soit à l'augmentation soit au maintien du niveau dé:jà atteint en 1973174.
En effet, environ un quart seulement des villages a vu leur nombre d'actifs
regresser durant les deux périodes considérées.
Aussi bien le critère éthniqueque celui de la taille des villages
ne semblent être déterminants quant au nombre d'actifs par carré.
4.1.2 - Main-d'oeuvre saisonnière
Au cours des enquêtes exploratoires, les paysalns ont été unanimes
à reconnaitre le déclin du nombre (de navetaan ces dernières années. Il en est
de même pour l'arrivée des firdous spécialisés dans le battage-vannage des
arachides.
Les principales raisons ont été évoquées au chapitre précédent.
. . / . .
-----------
(1) - Nous avons considéré ici comme'actif> toute personne, des deux sexes,
imposable. Ce concept d'actif se rapproche auxnormes nationales qui
définissent comme“actifl toute personne, des deux sexes ayant entre
15-59 ans. Toufeois, la réalité du terrain montre que bien avant l'âge
adulte,
les jeunes participent aux travaux agricoles.

43
Tableau no3
-
-
: Réparïition des villages suivant le nombre d’actifs au carrf
--~-------T--------------------‘-------------------------------------------------
l
l
1
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I
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! v i l l a g e s
!
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111-12-13120-21-22,18-19-23,
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-
!
I
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;
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iOl-03-11/02-04-05jo7-09-M;
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Codes des
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, 12-14-17;06-08-13;
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-
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’ v i l l a g e s
!
; 22-23
, 15-18-19;
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1
1
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1
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I
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1
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1
I
l
----------------------------------------~---------------------~-------~--------.
4 .2 - L e f o n c i e r
4 . 2 . 1 - Evolution de la situation foncière dans la
communauté rurale
Selon les paysans ,la terre, dans ses aspects quantitatif et qualita-
t i f , constitue un facteur déterminant pour l’agriculture et pour l’élevage. La
création de nombreux villages dans cette communauté rurale est liée à l’arrivée
d’agriculteurs et d’éleveurs à la recherche de terre où développer leurs
a c t i v i t é s .
Avec un outillage rudimentaire ils ont pu atteindre des niveaux de
production couvrant leurs besoins. A u j o u r d ’ h u i l ’ é q u i l i b r e t e r r e / f o r c e e t
moyens de travail est devenu précaire et tend vers une situation intenable.
Ainsi 50 % des villages de la communauté rurale se trouvent en déficit foncier.
Les principaux facteurs qui ont concourru à cela sont selon les pays’ans :
. . / . .

- l'accroissement de la population qui crée des besoins de parcelles
de plus en plus difficiles à couvrir ;
- La mécanisation qui s'est traduite par de majeures possibilités
d'étendre les superficies cultivées ;
- la promulgation de la loi no 64/46 de 1964 sur le domaine national
qui a poussé (ceux qui avaient plus de terres à chercher à les conserver en les
mettant en valeur.
L'introduction de la mécanisation est retenue par les paysans comme
la princi.pale cause à laquelle d'ailleurs les autres seraient subordonnées.
En effyet, avant le semoir et la houe, même les exploitations à forte main-
d'oeuvre famiI!iale devaient faire appel à des navetaan sans pour autant mettre
en cul.ture toutes leurs terres. Les ,jachères étaient nombreuses et les prêts
ne posaient pas de problème. On ne peut cependant pas nier que le dédoublement
de la population ait contribué à rendre plus c,ritique la situation foncière.
Le rapprochement des photos aérienne prises en 1970 à celles de 1983 sur une
partie de la communauté rurale (zone enveloppant les unités expérimentales)
confirme la rapide extension des superficies cultivées.
4.2.2 - Position des différents villages et leurs stratégies-
Nous avons distingué les villages en trois groupes suivant qu'ils
prêtent des parcelles à d'autres villages (villages en surplus), qu'ils en
empruntent (villages coincés) ou qu'ils soient en équilibre (cf. tableau no 4
ci-après).
Cette démarche qui nous a permis de voir les rapports entre villages
en matière de foncier ne doit pas cacher la complexité de la question à
l'intérie,ur même des villages où il existe des situations très contrastées
entrainant de nombreuses transactions et des cas de conflits.
Le manque de données chiffrées sur les terroirs villageois ôte la
possibilité de comparer la surface cultivée par actif entre les trois groupes
de villages. On pourrait dans ce cas expliquer les differentes situations
identifiées par des différences de pression de culture, liées soit à. la popula-
tion, soit à L'équipement agricole disponible ou à la qualité des sols.
. . / . .

4 5
Tableau na4 :
-
Classification des villages suivant la s i t u a t i o n font i è r e
.~-----------------------------------------------------------------------~-~----
1
l
!
!
!
l
! Villages coincés
! V i l l a g e s é q u i l i b r é s !
V i l l a g e s e n s u r p l u s !
I
1
!
I
1
I-----------------------i---------~------------~--------~---------------;
l
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, Wolofs ,
1
Toucouleurs ; Wolofs ; Toucouleurs , Wolofs ; Toucouleurs
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l
!
!
1
!
!
1
i 13-15 ,
1
1
!
!
!
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!Codes ! 16-06 !
10
! 21-12 !
17-09
! 08-13 !
23-20 !
I
1
; des
; 22-19
;
!
I
1
; II-18 ;
; 0'
I
I
!villages! 0 2 - 0 4 !
l
1
1
!
1
l
!
; 05-14 ,
1
1
1
! 03
!
1
!
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!
I
l
l
I
l
1
1
I
l
-.-.---.--,I--------L_____________;____,---~-------------~---------------~---,-,-’
Selon la classification en fonction des transactions de terres entre
v i l l a g e s , il est apparu une corrélation négative entre la taille des villages
et leur degré ” d ’ a u t o s u f f i s a n c e ” en terres de culture. Il s’avère aussi que
les plus anciens villages appartiennent au groupe emprunteur qui comprend près
de 43 % des villages de la communauté rurale contre 23 % pour le groupe en
équilibre et 34 % pour le groupe excédentaire.
Sur les douze villages que compte le premier groupe un seul est
toucouleur. En effet, les premiers villages se sont généralement implantés dans
les plaines colluvo-alluviales et au fur et à mesure que leurs besoins en terre
augmentent,
ils ont réagi en donnant naissance à des hameaux (rarement à des
villages) installés à distance du site initial. Mais apparemment, cette stratégie
n’a pas suffi à dominer le problème. Les villages excédentaires ou en équilibre
avec leurs besoins font partie des dernières implantations dont les fondateurs
sont venus d’autres communautés rurales,voire d’aiires sous-préfectures
(C:E. tableau classement des villages par origine des fondateurs). Ils se situent
sur des sols de terrasse peut-être peu attrayants pour les pionniers de la zone.
En relation avec le problème d’extension des superficies cultivées,
1 es paysans soulignent l’appauvrissement du sol et l’incidence croissante ‘de
1 ’ érosion hydrique. La quasi disparition des jachères dans la rotation, la
restitution très limitée de matière organique et le manque d’engrais ou son
e m p l o i 2 d e s d o s e s d é r i s o i r e s o n t entrainé l a f e r t i l i t é à d e s n i v e a u x d o n t
l’impact sur la baisse de la productivité est aujourd’hui voilé par les stress
hydriques.
. . / . .
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46
La mise en culture des terres peu profondes sur pentes et le dessou-
chage d#es parcelles en relation avec la mécanisation ont fortement contribué à
étendre l'érosion. Devant ces multiples dimensions du problème foncier les
paysans adoptent des stratégies vari.ées.
L'émigration d'hivernage, jadis la solution la plus répandue est
aujourd'hui très limitée. Peu de cas de départs ont pu être recensés au co'urs
des enquêtes exploratoires. Le système des emprunts, llargement pratiqué, repose
sur l'existe,nce d'affinités entre villages et intra-villages qui fait qu'en
dépit des méfiances suscitées par la loi sur le domaine national, des emprunts
sont encore possibles. En fait les prêts se font généralement entre parents
directs ou par alliance ce qui rassure les paysans sur {a possibilité de Scu-
pération en cas de besoin. Cette orientation des prêts de terre est aussi une
source de conflits latents ou ouverts dans certains villages où des parcelles
refusées à des résidents ont été prêtées à des paysans ou à un marabout habitant
ailleurs.
Le conseil rural qui a rer,u de la loi, l'attriblution de redistribuer
Le " surplus 1> de terre sur demande aux familles démunies, ne semble pas être
sensibilisé
sur un problème aussi cwmplexe et aussi important.
Les interventions sont ponctuelles et se limitent aux conflits
déclarés.
Le conseil rural reçoit anssi de nombreuses demandes de mise en
culture de nouvelles terres jusqu'ici marginalisées ou réservées aux animaux.
Il semble cependant décidé à s'y opposer. On peut retenir que dans l'ensemble
de la communauté rurale, le problème foncier se pose de plus en plus en termes
de contrainte limitant les systèmes actuels de production végétale et animale.
Les modes de gestion et d'exploitation des terres en cours se révèlent
incapables de maintenir leur productivité au nive& actuel et d'assurer une
disponibilité répondant aux besoins dans le moyen et long terme. L'amélioration
de ].a productivité des systèmes de production de la zone passe inéluctablement
par une meilleure compréhension du problème foncier.
Ainsi des projections en rapport avec l'évolution de la population
sont impossibles. Les répartitions des terres dans les villages au niveau des
différentes familles et exploitations est une donnée parallèlement indispensable.
. . / . .

47
L'accroissement de la superficie cultivée lors des dernières années
n'est pas toujours à l'actif des familles démunies. Il en est de même pour la
tendance actuelle de mettre en valeur les bas-fonds soit par des cultures
pluviales soit par le maraîchage de saison sèche et la fruiticulture. Il s‘agit
souvent de paysans qui, sans être bloqués, cherchent à réduire les conséquences
d'une mauvaise pluviométrie et d'une faible fertilité. La compréhension de ces
él6ments est par ailleurs indispensable au conseil rural et aux autorités
appelées à gérer le patrimoine foncier de la communauté à une époque où il est
menacé
4.3 - Intrants
L'insuffisance des semences, leur qualité et leur distribution
tardive en 1984/85 ; l'utilisation quasi nulle de l'engrais et les difficultés
de trouver des produits de traitement ont été avancées par les paysans comme
de sérieuses contraintes à l'augmentation des rendements.
4.3.1 - Engrais
La question de l'engrais dans l'agriculture sénégalaise en générale
e't dans cette zone en particulier ne peut être analysée sans référence au
programme agricole (P.A.). Ceci nous amène à distinguer deux périodes.
4.3.1.1 - Durant le programme agricole
L'engrais était obtenu par le biais du crédit à court terme (crédit
de campagne) et le remboursement effectué en fin de campagne en nature (le rem-
boursement était en arachide). En 1979180 et 1980/81, il fallait O,.S kg
d"arachide pour un kilogramme d'engrais.
On peut avancer que mgme si on n'est pas en mesure de dire que les
quantités d'engrais distribuées étaient suffisantes, l'accés était plus facile.
L'engrais pour toutes les autres cultures (céréales notamment) était
payé par l'arachide.
. . / . .

48
4.3.1.2 - Après 1.e programme agric0l.e-
A partir de la campagne agricole 1981/82 jusqu'à la campagne
1983184 l'engrais était acheté comptant par les paysans. En outre la subven-
tion a &té fortement réduite surtout durant les campagnes agricoles 1982/83
et 1983./84.
Ainsi le prix du kilogramme qui était de 25 F en 1981/82 est passé
à 45 F pour les campagnes 1982183 et: 1983/84. Pendant ces deux dernières
campagnes,
la vente au niveau de la zone était confiée à la SONAR de 1982 à
1983 et de 1983 à 1984 à la SODEVA. ,Pour 1984/85 un nouveau système a été mis
en place, il est basé sur une retenue de 20 F par kilogramme d'arachide
commercialisé (5 F pour les engrais et 15 F pour les :Semences d'arachide).
Cependant la distribution d'engrais n'a pas éti? faite en rapport
direct avec le montant retenu. A partir d'une quantit6 disponible au niveau
national,
la répartition par régions, départements et coopératives a été faite
en fonction de cette quantité et au prorata de la production commercialisée à
chacun de ces niveaux.
Ainsi le prix de revient de l'engrais se situait dans les différents
villages
autour de 150 F le kilogramme. Les conséquences immédiates de cette
situation c'est le recul de l'utilisation d'engrais et le recours à des achats
clandestins de formules d'origine Gambienne dans les marchés hebdomadaires.
4.3.2 - Semences
4.3.2.1 - Semences d'arachide
Jusqu'en 1980/81, les semences étaient distribuées aux paysans à
raison de 100 kp/homme imposable et 50 kg/femme imposable. Pour 100 kg relus,
il fallait rembourser 125 kg avant le début de la commercialisation de l'ara-
chide.
Pour les quatre dernières campagnes agricoles (1981/82, 19'82/83,
1983184, 1984/85) le capital semencier de chaque coopérative était fixé par
La SONAR en fonction du disponible au niveau régional., Ce disponible régional
était fixé au niveau national.
. . / . .

49
La distribution se faisait en suite sur la base de la liste des
contribuables.
En 1984/85, la quantité moyenne de semences distribuée était
de 70 kg par personne pour la communauté rurale de Kaymor. Cependant les
adhérents de la coopérative de Kaymor ont reçu 66 kg/tête alors que ceux de
la coopérative de Keur Bakary en ont reçu 74 kg.
Les paysans déplorent l'insuffisance de semences d'autant plus
qu'ils ont peu de possibilités d'en dégager au niveau de leurs productions
dlevenues trop faibles.
Les semences qu'ils achètent dans les marchés hebdomadaires sont
jugées de troisième qualité par rapport à celles conservées (Ière qualité)
et à celles de la coopérative (deuxième qualité).
4.3.2.2 - Semences céréales
Pour les variétés actuellement cultivées, il n'y a pas de circuit
organisé officiellement. Les paysans ont toujours réussi à s'approvisionner
en semence : (a) par le prélèvement et la conservation des meilleurs épis de
leur récolte, (b) par 1"achat au marché hebdomadaire ou à la SODEVA.
Certains paysans reçoivent des semences en dons d'autres paysans.
4.3.3 - Produits de traitement
Pour ces produits, seuls les fongicides sont vendus (par le biais
du crédit à court terme) aux paysans au moment de la distribution des semences
d'arachide. Les autres produits de traitement dépendent de la Direction de La
Protection des Végétaux (D.P.V.).
Pour conclure, il faut souligner que le rôle bénéfique des intrants
en général, de l'engrais en particulier sur l'amélioration des productions
végetales a été bien perçu par les paysans de la zone. L'utilisation de
l'engrais, pour eux, dépend de la disponibilité du produit et surtout de leur
capacité d'acquisition.
La mise sur pied d'un crédit de campagne réaliste et une meilleure
organisation du circuit d'approvisionnement pourraient aider les paysans à
mieux faire face aux problèmes des intrants.

50
4.4 - Equipement agricole
Le matériel agricole dont il s'agit constitue le principal élément
du changement de l'agriculture, de son "stade manuel" à son "stade mécanise".
Il a permis d'étendre les superficies cultivées, d'accroitre la rapidité
d'exécution de certaines opérations culturales, d'augmenter ainsi la produc-
tivité du travail humain tout en réduisant sa pénibilite.
Tous ces aspects expliquent La sensibilité des paysans au niveau
des stocks dont ils disposent et les variations de ceux-ci. Comme pour les
intrants,
l'évolution du niveau d'équipement dans la communauté rurale est
très liée au Programme Agricole (P.A) qui permettait aux paysans d'acquérir
à crédit une gamme de matériels payables en annuités et à un prix subven-
tionné.
4.4.1 - Types et origine du matériel agricole
4.4.1.1 - Matériel recensé et son niveau d'adoption
Les données recueillies au cours des enquêtes exploratoires peuvent
être ainsi résumées :
- 1,04 semoirs/carré
- 1,03 houes (I)/carré
- 0,13 arianaicarré
- 0,12 charrette bovine/carré
- 0,33 charrette équineicarré
- 0,Ol charrette asinelcarré.
Il faut ajouter à cela 9 polyculteurs pour toute la communauté
rurale dont 8 ont été recensés dans les deux villages de l'ex-unité expéri-
mentale.
Les souleveuses, selon les paysans, seraient aussi nombreuses que
les houes, ce qui nous apparaît exagéré. Certains accessoirs, en rapport
avec la pLace accordée aux opérations culturales où ils sont impliqués,
restent peu fréquents :
/
. . . .
_--_-_-.--_._
(1) - Trois types de houes ont été recensés : la houe sine de loin la plus
répandue,, quelques houes gréco et très peu de houes occidentales qui
selon les paysans, sont P~US adaptées nux sols dior du Nord.

51
- corps de charrue : 25
- butteurs
: 40.
Les paysans semblent a'insi avoir porté leur préférence sur le
matériel de semis, de sarcla-binage et de transport. Dans leurs déclarations
aussi, c'est du renforcement de ce type de matériel qu'il est surtout question.
4.4.1.2 - Origine du matériel
Le matériel existant dans la zone provient essentiellement du
programme agricole et de quelques achats plus récents. Lors de ce programme
agricole qui a fonctionné de 1958 à 1980, l'approvisionnement était organisé
selon le schéma que voici :
C*l
(*>
PAYSANS 4-COOPERATIVE I' ONCAD - BNDS
Il faut signaler que le matériel payé par la BNDS était rétrocédé
aux paysans avec une subvention de 1'Etat par le biais du FMDR (Fond Mutualiste
du Développement Rural). Les prix et les taux de subvention de certains maté-
riels pour la campagne 1979/80, figurent au tableau no5 ci-après.
Les achats se sont accrus après le programme agricole et intéressent
pour la plupart un matériel usé. 11s se font surtout au niveau des loumas.Cette
situation laisse apparaître la prédominance d'un matériel vétuste avec un
ryithme de renouvellement très lent.
4.4.2 - Situation de l'équipement dans les différents villages
On considère seulement les semoirs, les houes, les arianas et les
charrettes.
Pour les deux premiers, la situation des villages se trouve au
tableau no6 ci-après :
/
. . . .
-__._-------
(*> <- ONCAD : Office National de Commercialisation et d'Assistance au Développement
<- BNDS
: Banque Nationale de Développement du.Sénégal
'- SISCOMA : Société Industrielle Sénégalaise de Constructions Mécreniques et
de Matériels Agri;coles.

52
T a b l e a u no 5, : Prix et taux de subvention du matériel agricole -
campagne 1979/1980.
----- ---, ---,--- --.- --- -_-,-_-__- ---------.-Y------ ----- ------.-------------------.--.---
I
!
!
!
!
!
1 Type de miatériel agricole
!
!
Prix ,
,Prix BNDS
, rétrocession’
Annuité !
!
1
!
, Taux de ,
1
;aux paysans ,
1
(ans>
; subvention ;
---------____
.
.
I
--_--I--------------------------------------~------------------~-
; Houe sine
!
!
, 23.466
!
11.259
;
5
i
52%
i
! Houe sine grécal
!
3 1 . 9 5 5 !
17.124 !
II
1
47%
i
!
! Ariana complète
!
, 104.6’79 ;
6 2 . 6 3 0
!
,I
!
!
l
!
40% ,
! Bâti arara
!
1 7 . 0 3 6 !
8.691
If
!
!
49x
I
!
1 Charrue LJCF
!
!
2 5 . 3 6 7 ;
14.926
!
1,
!
!
!
41%
i
! Corps charrue arara
!
1 6 . 0 2 3 !
9.398
1,
!
!
41%
i
r
!
0
!
, Corps charrue houe sine
1
* 20.526
;
50%
;
!
10.233 ,
!
! Souleveuse firdou
!
9 . 7 0 6 !
6.042 !

!
38% !
I
!
I
; Charrette ‘bovine petit plateau ,
7 8 . 6 3 4 ;
35.156
i
11
55x
;
!
! Charrette ybovine grand plateau !
9 5 . 7 1 5 !
39.167
1
1,
!
59x
I
1
!
!
!
!
!
I
1
I
t
-----------.------------------------------
!
!
_---_----------.------------------,-
Source : Lettre du Ministère du Développement Rural no 006808/MDR/DSPA
du 28.11.1978.
Tableau no 6 : Répartition des villages de la communauté rurale de Kaymor
selon le nombre de semoirs et houes par carré
------------.-----.-------I--T----
1. 1 ------ --- ------ -------! ----,-. --.------ ---- ---------!
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03 08
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10 ! 12 19 22 !!
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1---------.---.----.------w---‘---s--- ------. - - - - - - - - - - - ------.------------ - - - - - - - - - - -
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!
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0 4 - 0 9
! 02 .- 05 - 06 - 07 - 11
!
3’
1
13 .- 16 - 18 - 21 - 23
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i
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I
l
!
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-----__-__
-----------a---
_.__-_-
-----r-----------
. . / . .

53
On note que quatorze villages (soit 61 X) ont au moins un semoir
par carré. Dans les autres villages, on a entre 0,53 (1) et 0,87 semoirs au
C:arré. Pour les houes, 13 soit 56 % des villages ont plus d'une houe par
carré.
Le tableau confirme par ailleurs la corrélation entre le nombre de
semoirs et le nombre de houes. En effet les vi llages se distribuent essent iel-
lement en deux groupes :
- un groupe comprenant sept villages dans lesquels il y a moins
d'un semoir et moins d'une houe par carré ;
- un groupe comprenant dix villages où pour chacun de ces deux
matériels,
la fréquence par carré est au moins égale à l'unité.
Concernant les semoirs et les houes, on constate qu'il n'y a pas
d'incidence de la taille du village ou de l'éthnie majoritaire. Pour le
matériel lourd' c'est à dire lea arianas et les polyculteurs, c'est exclusi-
vement dans les villages de Thyssé Kaymor, Sonkorong, Ndiba Kaymor (tous
faisa.nt partie des ex-unités expérimentales) et Passy Kaymor qu'on le trouve.
Cette répartition des arianas est très nette à la figure 4 qui en
montre la localisation. Les charrettes bovines suivent à peu près la même
répartition.
4.4.3 - Problèmes identifiés au niveau de l'équipement
Le renouvellement du matériel d'anciens carrés qui ont pu jouir du
programme agricole et l'acquisition de matériel pour les carrés plus récents
sont des problèmes évoqués dans tous les villages. A ce niveau, les prix
élevés et les faibles capacités d'investissement des paysans doivent être
pris en compte.
La réparation et l'acquisition de pièces de rechange nécessaires au
maintien du materiel disponible, préoccupent les paysans. En dépit de la
présence dans certains villages id'artisans suffisamment compétents (forgerons
dont certains ont suivi des stages de formation), certaines réparatcons ne
peuvent être faites au niveau de' la communauté rurale faute d'équipement
adéquat.
/
. . . .
-_-<---_--__
(1) - Il s'agit du village de Koloumbodou où un recensement exhaustif
n'a pu être effectué.

8(
Fg- 4 :REPARTITION DES ARIANA DANS LES VILLAGES DE LA C.R.
7 c
6C
50
40
30
20
10
0
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I
I
I
I
I
I
I
I
l
l
1
t
1
*
t21
(19) (06) 0?3) ul) m) (PI (02) (16) (14) (05) 031 (151 m (23)
Vttlagcs

55
Une étude sur les conditions de mise en place d'unités de répara-
tion mieux équipées est indispensable avant toute initiative allant dans ce
sens.
4.5 - Animaux de trait
Parallèlement au parc matériel dont on vient de parler, la commu-
nauté rurale d ispose d'un cheptel de trait comprenant des chevaux, des bovins
et des ânes.
4.5.
- Chevaux et ânes
Les chevaux sont au nombre de 1.244 recensés au cours des enquêtes.
Les mâles représentent 52 % de l'effectif, ce qui laisse une place importante
#3ux femelles. Ceci révèle une option double chez les paysans qui, en plus du
'Iravai.1,
vise la production de jeunes. Ce double aspect, plus marqué chez les
chevaux que chez les bovins de trait, est pris en compte dans tous les
villages (fig. no 5 et 6).
La présence du cheval dans l'exploitation n'est pas posée par les
paysans en
termes de substitution avec les autres animaux de trait, mais de
complGmentarité.
Il est apprécié pour sa rapidité au travail, ce qui explique
1.e rôle éminent qu'il joue dans le transport rural. C'est le cheval qui
effectue les derniers sarclages sur céréales pour éviter les dégâts que
causeraient les bovins sur les plants.
Quant aux ânes, leur nombre et leur utilisation comme force de
travail sont de moins en moins importants grâce à la possibilité qu'ont de
nombreux paysans non propriétaires de se faire confier d'autres animaux de
trait.
4.5.2 - Bovins de trait
676 paires, dont 511 paires de mâles et 9 paires mixtes soit 156
paires de femelles (22 Y'). Cette espèce est entrée dans la traction grâce à
sa vigueur au travail et son endurance. Dans cette zone, son adoption était
. . / . .

-
- Fig. 5 . YAC’F’ORT E N T R E MALES fT FFMFLLE~
_ _ . -.-. ._-._ --. ._
C.lWZ LES EOUINS OANS LE> C)IfFEREN% V I L L A G E S DE L A CR .-
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- F i g . 6 : RAPPORT ENTRE MALES ET FEMELLES CHRI LES BOVINS DE TRAIT DANS LES CIFFERENTS VILLAGES DE LA C.R-
mitles
femelles

+c
76
6b
5b
mbks

58
un gage de succés aux thèmes dits "lourds" nécessitant des efforts de trac-
tion importants soit à cause du matériel tracté (ariana, arara, polyculteurs,
charrettes),
soit par la résistance du sol en rapport avec sa texture.
Aujourd'hui pourtant le nombre de bovins de trait n'est pas propor-
tionnel au matériel lourd recensé. Ainsi, le rapport nombre d'ariana/paires
de boeufs traduit cette disproportion (figure 7) qui peut s'expliquer par les
raisons suivantes :
- les thèmes lourds n'ont pas été retenus par les paysans, ce qui a
limité la diffusion du matériel lourd ;
- les bovins, par contre, sont restés car au-de1.à de leur sous-
utilisation par la traction légère (houes sine, semoirs de:s fois), ils sont
appréciés pour leur valeur commerciale au bout de quelques années de traction.
C'est cette spéculation communément dite " embouche déguisiée " qui a orienté
le choix des paysans vers le zébu gobra présentant de bonnes aptitudes
bouchères.
4.5.3 - Adéquation animaux et matériel de traction
-
-
L'analyse des chiffres recueillis sur le cheptel et sur le matériel
de la communauté rurale indique une nette disproportion entre les animaux de
trait et :Le matériel agricole correspondant.
Au niveau de toutes les opérations mécanisées, l'équipementen materie
constitue généralement le facteur limitant. La figure 8 montre très nettement
que la capacité potentielle de sarclage mécanique est L:imitée dans tous les
villages par la disponibilité des outils utilisables (houes + arianas + poly-
culteurs).
Le nombre de houes sine étant quasi égal à celui des semoirs, on
peut en dire autant pour La capacité de semis.
Pour le transport rapide, les villages se caractkisent tous par un
sous-équipement en charrettes par rapport aux chevaux misles disponibles
(figure 9 >.
En outre, nous avons essayé de voir si l'utilisation assez'répandw
de la paire de bovins avec une houe simple était due à une insuffisance des
chevaux et des ânes.
. . / . .

0.8 1
?? THyui Kaymor
/
0.1
V
0.6
05
0.4
?? Sonkoronq
*Parsi Kaymor
0 3
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DE : A C R
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- F i g . 9 : R E P A R T I T I O N D E S V I L L A G E S E N F O N C T I O N D E S C H A R R E T T E S EQUINES P A R C H E V A U X M A L E S - -
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1
1 . 1
r.2
Chtvaux
malcslcal

62
La figure 9 montre que six villages seuls se trouvent dans une
situation d'excés de houes sine par rapport au cheptel de traction légère.
Ceci confirme que l'emploi des bovins se justifie surtout par les raisons
que nous avons déjà évoquées.
CONCLUSION
On peut retenir qu'en matière de traction animale,l'équipement
en
matériel apparait comme étant le f.acteur limitant au niveau de la communauté
rurale,
Plusieurs remarques s'imposent : a) grâce au programme agricole en
géneral et au projet unités expérimentaies de façon plus restreinte, la commu-
nauté rurale a pu atteindre très vite un niveau d'équipement important et cela
explique que jusqu'ici ce matériel reste dominant. Mais le vieillissement de
ce materie pose probl&ne
; b) le non renouvellement d'un certain matériel
fortement apprécié comme le semoir et la houe sine tfimoigne de l'existence
d'obstacles dont la faiblesse financière a été le plus relatée par les paysans
qui restent persuadés que,sans une ,politique de crédit matériel, la situation
sera difficilement redressée.; c) la mécanisation a, par contre, été retenue
par tous les paysans comme la cause déterminante de l'accroissement inconsidéré
des surfaces cultivées et de l'aggravation de l'érosion.
Ces remarques nous amènent aux questions suivantes : comment réorga-
niser le réequipement ? comment raisonner le niveau d'équipement pour atténuer
les inconvénients soulevés ?

63
CHAP ITRE V - SYSTEFES DE PRODUCTION
5.1 - Sous-système de production,végétale
Nous avons souligné précédemment que la zone a été peuplée par des
gens venus principalement à la recherche de terres de culture. Cette vocation
agricole s'est consolidée dans le temps et s'est traduite par la mise en
place de systèmes de culture marqués,par l'évolution du milieu physique,social
et économique.
On peut ainsi distinguer pour cette zone deux types d'agriculture
qui se sont succédés dans le temps. &e premier type est une agriculture qui
se singularise par :
- une prédominance des 82ultures vivrières que sont les mils (souna,
sanio), le sorgho, le riz de bas-fonds et les plantes à tubercules comme le
m a n i o c ;
- son caractère manuel dont sa dépendance d'une forte main-d'oeuvre ;
- la pratique de jachère pour le maintien de la fertilité et la
ré,génération des terres ;
- un environnement physique, biologique et social relativement favo-
rable : pluies abondantes et mieux &Parties sur un hivernage plus long, dispo-
nibilité de terres cultivables et de pâturages, p ossibilités
d'accueil de main-
d'oeuvre saisonnière.
Il a glissé vers un second type que caractérisent :
'- la place importante prise par l'arachide par rapport aux autres
cultures ;
- la disparition de certaines céréales à cycle long avec les types
d'hivernages (mil sanio, riz) et la
éduction de la culture du sorgho, toutes
des pertes que la culture du maïs ne comble pas pour le bilan vivrier de la
production ;
- la mécanisation et l'éxn osion démographique qui ont contribué à
l'occupation effreinée des terres de culture ;
. . / . .
..--.-----..

64
- la dégradation des conditions du milieu : baisse et mauvaise
répartition de la pluviométrie, baisse tendancielle du niveau de la fertilité
en rapport avec la disparition de la jachère dans l'assolement et l'absence
de fertilisation minérale adéquate dont nous avons parlé.
Cette agriculture est en outre plus intégrée à l'économie de
marché. Des informations recueillies au cours des enquêtes exploratoires,
nous procédons à une première analyse des systèmes de production végétale dans
la communaute rurale en partant des différentes cultures pratiquées.
5.1.1 - Céréales
5.1.1.1 - Mil souna
5.1.1.1.1 - Importance de la culture et sa place
-
dans la rotation
-
C'est la principale culture vivrière de la zone. Avec l'arachide,
ils représentent environ 90 % des superficies cultivées (cf. chiffres C.E.R.),
le rapport entre les deux cultures (62 % arachide et 38 % mil selon la même
source) ayant évolué ces dernières années en faveur du mil. Cette tendance est
certainement liée aux problèmes de semences que rencontre l'arachide. 11 faut,
cependant, prendre en compte dans cette évolution de la culture, l'évolution
des prix pratiqués qui semble avoir incité les statuts dkpendants à produire
du mil. Il reste que, sans engrais, :La culture du mil pour les dépendants est
limitée.
En plus de cette variation de la culture observée dans le temps au
niveau de la communauté rurale, il semble exister une différence entre les
villages suivant qu'ils sont Cr dominante wolofs ou toucouleurs ; ces derniers
accordant plus d'importance que les premiers à la production céréalière.
si l'on peut dire que la culture du mil suit une rotation continue
sur des champs autour des carrés où elle peut bénéficier de parcage,.la
question de la succession des cultures dans le temps sur les autres terres
cultivées est beaucoup plus complexe et au-delà de certains schémas souvent
simplistes,
les pratiques paysannes sont mal connues surtout dans leur
évolution.
/
. . . .

65
Le type de rotation proposé par la recherche et l’encadrement (1)
n’avait en vue ces contraintes liées au système de redistribution annuelle
des parcelles de culture, aux possibilités d’équipement et à l’organisation
du travail dans les exploitations. Il supposait en outre une certaine dispo-
n i b i l i t é d ’ e n g r a i s e t u n e s i t u a t i o n f o n c i è r e p l u s f a v o r a b l e ( 2 ) .
5.1.1.1.2 - Itinéraires techniques du mil
Ils dépendent essentiellement de la pluviométrie, du niveau d’équi-
pement (matériel agricole et cheptel) et de la main-d’oeuvre.
- a) Préparation des champs avant semis : il y a le nettoyage des
parcelles consistant à éliminer les rejets d’arbustes et des herbes qui sont
nis en. petits tas et brûlés. On utilise pour ce travail des outils traditionnels
tels le coupe-coupe, des bâches, des hilers et des rateaux. Signalons qu’en cas
de parcage ou d’épandage de fumier, si la masse résiduelle (non désintégrée par
le piétinement et autres agents) est importante au point de pouvoir gêner le
passage des outils mécaniques (bina’ge ), les paysans n’hésitent pas à la brûler
au cours des travaux de préparation.
-‘b) Semis : le semis à sec a presque disparu à cause de la mécanisa-
tion de l’opération. Le semis en humide, juste après la première pluie utile,
est plus répandu. Il est .fait -au semoir avec disque de huit trous généralement
et permet de retarder le développement des mauvaises herbes.
- c ) S a r c l a g e s : ils sont actuellement mécanisés, ce qui permet aux
paysans de faire plusieurs passages en fonction de l’enherbement et du temps
disponible. Les entretiens manuels que les paysans reconnaissent plus aptes à
é.liminer les mauvaises herbes et à maintenir les champs propres ont disparu à
cause de leur lenteur et leur pénibilité.
- d) Démariage : pour cette opération, les options observées sont
très nombreuses et concernent :
.
. / .
.
-w---v-----
(1) - C’était une rotation quadriennale type : mil souna ou maïs/arachide ou
cotonlmaïs o u sorgholarachide, avec un labour en tête de rotation après
une céréale à cycle court.
(2) - Les paysans qui empruntent des terres dans leur propre village OU dans
d’autres se contentent de ce qu’on leur donne sans tenir compte du
précédent cultural.

. sa réalisation : en fonction de la facon dont se présente
l'hivernage et de la main-d'oeuvre disponible, il peut :y
avoir démariage ou pas ;
. l'époque
: certains paysans déclarent qu'ils démarient
dès le deuxième sarclage, c'est à dire quand les plantes
ont entre trois et quatre semaines alors que d'autres le
font plus tard ;
. Le nombre de pieds conservés par poquet varie suivant que
le démariage a été fait par des hommes, des enfants ou des
femmes ; les deux dernières catégories ayant tendance à
laisser plus de plants par poquet ((entre 5 et 10).
- e) Récolte : elle est entièrement manuelle et s'effectue en
plusieurs opérations :
. le dessouchage des pieds ou le simple couchage devenu plus
fréquent en relation avec l'extension des superficies
cultivées ; -
. la mise en andains qui permet d'exposer les plantes au
soleil et qui facilite l'opération suivante ;
. I.a coupe des épis : c'est la séparation de ceux-ci des
tiges par une section effectuée à la base de la chandelle
moyennant un couteau ou un instrument traditionnel conçu
à cet effet.
Après ces opérations, la production sous forme d'épis est rassemblée,
triée selon la qualité et transportée au carré par des charrettes.
- f) Traitements phytosanitaires : dans tous les villages, les paysans
-
-
ont fait état d'importants dégâts cawés par des parasites divers. et dont il.s
évaluent l'impact à plus du tiers de la production potentielle. Le parasitisme
de la culture varie suivant les hivernages. Les stades végétatifs les plus
touchés sont la germination-levée, la floraison et la maturation. Les traitements
phytosanitaires ne suivent pas. L'approvisionnement des paysans en produits et
les mécanismes d'alerte des services compétents sont peu efficients.

5.1.1.1.'3 - Stockage et transformation des
produits
Une fois transportée au Ca#rré, la majeure partie du mil récolté est
st.ockiZe en épis dans les greniers (1) généralement situés derrière les cases
d'habitation. Selon les paysans ce mode de stockage est satisfaisant puisque
1~ souna s'y conserve pend-ant longtemps sans dégâts. Le mil destiné à la vente
est quant à lui battu et mis en sac.
Cependant, hors ce schéma classique qui prédomine, il y a des paysans
de certains villages qui font appel $ des batteuses privées venant des centres
urbains de la région. Les intéressés paient 700 F le quintal de grains,achètent
eL.x-même les sacs vides à 200 F/pièce et fournissent la main-d'oeuvre. Ces
conditions posées par le battage mécanique, le rendement jugé inférieur au
rendement du battage manuel et la tentation redoutée des responsables de "njël"
de vendre plus facilement le mil conservé en grains freinent la diffusion de ce
battage mécanique.
5.1.1.2 - Maïs
5.1.1.2.1 - Importance de la culture et sa place
dans la rotation
Jadis cultivé en infime quantité à l'intérieur des carrés pour la
consommation en vert, le maïs est devenu la deuxième céréale après le mil suite
à son introduction dans le cadre de la diversification des cultures et de la
politique d'autosuffisance alimentaire. En effet, pour certaines populations de
la zone comme les toucouleurs, le mars constituerait une part importante de la
production autoconsommée alors que chez les wolofs il serait plutôt une culture
de rente.
La culture du maïs dans la'zone est faite en partie dans le cadre
d'un contrat entre le paysan (les hommes seulement) et la SODEVA. Les clauses
de ce contrat exigent du paysan un respect des itinéraires techniques fixés
pa:? la SODEVA qui fournit aux contractuels les intrants et des accessoirs
(corps charrue et corps butteur). Après la récolte, les*p.aysans sont tenus de
/
. . . .
--.---------
(1) - C'est des structures traditionnelles de conservation de forme cylindrique
tissées avec des branchettes effeuilleés de Combrétacées. S'ils sont soli-
dement travaillés, les grenier$ résistent facilement plus de trois ans.

rembourser le coût global des intrants et une annuité des accessoirs amortis
sur trois ans. Pour la campagne 1984, le coût des facteurs de production
s'élevait à 27.432 F/ha.
Dans l'ensemble de la communauté rurale, le maïs en contrat passe
très timidement à cause des raisons que voici :
- le labour est ressenti par les paysans comme une contrainte ;
- le remboursement des facteurs de production requs
quel que soit
Le déroulement de l'hivernage (1) ne leur semble pas juste ;
- le prix proposé par la SODEVA et le moment où le financement
arrive sont desavantageux par rapport au marché libre.
Tout cela fait que même si les paysans sont attirés par les facteurs
,
de production, ils s'écartent souvent des autres clauses d,u contrat. Selon
l'agent SODEVA deala rommunauté rurale, les toucouleurs seraient ceux qui
respectent mieux les termes du contrat (commercialisation à la SODEVA, rembour-
sement des dettes). Les wolofs par contre seraient moins bons payeurs et
vendraient leur production dans les loumas.
Toutes les éthnies confondues, les petits paysans seraient plus "disciplinés"
que les gros producteurs informés sur les prix à différents points et pouvant
atteindre les hausses tardives.
En dehors de la culture contractuelle, le maïs est cultivé dans la
zone. C'est surtout de la part de ceux qui, bien qu'ayant perçu l'intérêt du
m a ï s , redoutent les conditions posées par le contrat. Il y a aussi les cas de
ceux qui peuvent se procurer les facseurs de production fournis par la SODEVA
sans être sous aucune contrainte. De tout cela, il apparait que l'importance
de la culture est très sujette à l'accessibilité des intrants qu'elle exige,
engrais notamment. Cela explique la rgduction que connait la culture ces
dernières années.
Qu'il soit en contrat ou hors contrat, les variétés utilisées sont
le BDS et le ZMlO. Dans la rotation, on trouve du maïs dans les champs de
cases (Tol.1 Keur) à c6réales continues. Ailleurs, il entre dans les rotations
comprenant l'arachide, le coton et le mil.
(1) - Cette attitude des paysans a amené la SODEVA à introduire une notion
de degré de sinistre

5.1.1.2.2 - Itinéraires techniques
Il existe un schéma complet qui présente des variantes suivant que
la culture est en contrat ou non. Il’ s’articule comme suit :
Epandage de fumier ou parcage (pas obligatoire
même pour le maïs en contrat)
I
Nettoyage des parce1 les
: labour ou grattage ou reprise
Semis en humide
1
Sarcla-binages mecaniques, démariage et épan-
dage d’engrais
.
Buttage
R é c o l t e
. . / . .

1~~s paysans hors contrat modcfient ce schéma suivant leurs con-
traintes d'équipement (pour le labour, le buttage), d'intrants (épandage
d'engrais).
Contrairement à ce qui se passe pour le mil, le démariage est
toujours fait même si des variations sont déclarées sur le moment où il
est fait et le nombre de pieds conservés.
Pour la récolte, d'aucuns arrachent toute I.a plante et procédent:
plus tard à la séparation épis-paille, d'autres effectuent cette séparation
en l.aissant la pail.le sur pied. Dans tous les deux cas la paille est entière-
ment ramassQe et stockée ou immédiatement mise à la disposition des animaux
de trait. Pour le maïs, les traitements phytosanitaires sont généralement
faits.
5.1.1.2.3 - Stockage et transformation
post-récolte
Les épis de maïs récoltés à un taux d'humidité déjà faible sont
entreposés sur des claies aménagées à cet effet. L'égren.age se fait manuel.le-
ment: et: constitue pour les pays.ans,
les femmes en particulier, un travail
pénible qui pourrait devenir une serieuse contrainte si la production augmen-
tait. I:l en est de même pour la mouture.
5.1.1.3 - Sorgho
Le déficit pluviométrique a considérablement réduit l'importance du
sorgho dans les systèmes de culture. En effet si avant cela, il venait immé-
diatement après le mil, aujourd'hui, il est déclassé par le maïs. Toutefois
les paysans manifestent toujours un intérêt certain pour cette culture,
notamment au niveau des villages toucouleurs où le sorgho continue d'occuper
encore un espace assez étendu. La culture en association avec l'arachide a
disparu. La collection importante de variétés jadis exploitées dans la zone
comprend seulement deux variétés à nos jours :
- le wendé, la variété la plus répandue ;
- le saraï, une variété améliorée (51-69) qui n'est plus cultivée
dans la zone mais dont on peut obtenir les semences.
. ./ *.

71
Le problème de la culture du sorgho est celui des cycles des
variiltés dont disposent le paysan. Il s'agit de variétés à cycle long
inadaptées aux changements de la pluviométrie.
5.1.2 - Cultures de renie
5.1.2.1 - Arachide
5.1.2.1.1 - Importance de la culture
C'est la principale culture au niveau de la communauté rurale avec
plus de 50 % des superficies emblavées. Jusqu'à la campagne 1984/85 où une
variaté plus précoce, la 73.33, est mise en test, la variété cultivée est la
28.206.
C'est la culture qui intéresse tous les statuts et de façon exclu-
sive certains statuts dépendants.
L'arachide a été la culture pionnière de laquelle sont parties
toutes les innovations qui ont transformé l'agriculture traditionnelle
(équipement,
techniques culturales, commercialisation organisée avec prix
relativement plus intéressants comparés à ceux des autres cultures, circuit
organisé d'approvisionnement en facteurs de production, etc...). Toute cela
explique l'impact qu'a eu la culture et justifie par ailleurs sa réduction
lorsque quelque chose de cet ensemble vient à manquer, comme cela a été le
cas avec les semences ou lorsquTl.une autre culture est placée dans des condi-
tions identiques ou meilleures (intrants, écoulement, prix au producteur).
5.1.2.1.2 - Itinéraires techniques
L'arachide est la culture dont les techniques culturales ont été
les plus élaborées par la Recherche et plus vulgarisées par l'encadrement,
ce qui explique la ma:trise qu'e
ont les paysans. Les principales variations
4
sont essentiellement liées, sel0 n les paysans, au type d'hivernage et aux
facteurs de production disponibles.

Vers la fin de la saison sèche les champs sont nettoyés comme nous
l'avons déjà signalé pour le mil. Il y a rarement des tralaux de préparation
de lit de semis A l'exception de quelques grattages;.
Le semis se fait en humide et est suivi d'un radou dont l'objectif
'
pour le paysan est de freiner le développement des mauvaises herbes. Mais en
plus de cela, le radou intervient dans l'économie de l'eau en bloquant la
remontée capillaire.
On observe des différences très marquées sur les dates de semis et
parallèlement des. différences de production dont l'ampleur dépend de l'hiver-
nage.
Pour les sarcla-binages leur nombre dépend de l'enherbement et des
moyens de travail du paysan. Les entretiens manuels ont diminué ces dernières
années.
La récolte dont le soulevage est mécanique comprend la mise en
moyettes,
en meules et le battage--vannage qui sont des opérations manuelles
et sont vues par les paysans comme un goulot d'étranglement d'une culture
sinon entièrement mécanisée. Le recours aux firdous a, pour les raisons déjà
évoquées,
fortement diminué.
Signalons qu'en matière de parasitisme, des dégâts importants ont
été observés surtout à l'actif des iules. Les paysans reconnaissent, cependant,
l'existence de produits efficaces mais dont ils ne (disposent pas toujours au
bon moment.
5.1.2.1.3 - Problèmes post--récolte
L'arachide est presque entièrement vendue. Quelques paysans comser-
vent des semences et une petite quantité destinée à des usages culinaires. 11
ne se pose pratiquement pas de problèmes de stockage mais de transport pour
beaucoup de paysans ne possédant pas de charrettes. Ce transport intéres:se non
seulement les gousses mais aussi les fânes, puisqu'il faut les rentrer vite au
carré avant qu'elles ne soient consommées par les animaux divagants .
. . /. .

77
5.1.2.2 - Coton
5.1.2.:
1 - Importance dans la zone
C'est une culture qui es1
d e
ancienne au Senegal, y compris dans cette
zone, surtout au niveau des villagt I toucouleurs où on continue jusqu'à pré-
sent à. inclure les pagnes de coton Lissés par les villageois dans la dot de
mariage.
De culture traditionnelle
avec des variétés arbustives et pérennes
et une production autoconsommée, lc coton est devenu une culture de rente sous
1.e contrôle de la CFDT d'abord, de
a SODEFITEX à présent. En dépit de son
succes lié à sa résistance à la sèc eresse, la culture du coton connait actuel-
'.ement un déclin dans la zone. Ce c clin est dG selon les paysans :
- à la commercialisation
ardive de la production contrairement à ce
qui se faisait avant ;
- à l'attitude des agents de la SODEFITEX jugés trop sévères dans la
sélection des paysans et des parce1 es.
5.1.2.: 2 - Techniques culturales
Elles sont entièrement di tées aux contractuels par La SODEFITEX.
Ainsi aucune latitude de s'en écart r ne leur est permise:. L'absence de SOU-
.
plesse dans le calendrier cultural
t les différentes opérations, ne facil 1-
tent pas pour le paysankl'intégrati
n du coton à son système de 'cultures.
5.1.3 - Autres cultures p atiquées dans la
communauté rurale
5.1.3.1 - Manioc
Culture assez importante
ans le passé, le manioc n'est cultivé
aujourd'hui que dans quelques villa es de la communauté rurale dont le village
de Ten Peulh, qui avec près de ving
hectares vient en tête. Les plantations
sont situées non loin des villages
t entourées de haies vives (d'Euphorbes le
plus souvent renforcées de branches d'épineux).
Plus que le problème d'eau
/
. . . .

évoqué, cette nécessité de mettre en défens la culture en saison sèche contre
les animaux en divagation constitue une contrainte qui est liée à la raref'i-
cation des épineux dans la brousse,
Le manioc, au-delà de ces difficultés, intéresse à double titre les
paysans qui y voient un aliment d'appoint (1) et un produit bien rémunéré.
5.1.3.2 - Maraîchaee
Que ce soit d'hivernage ou de saison sèche, le maraîchage intéresse
de plus en plus les paysans de cette zone qui y voient une façon relativement
sure de diversifier leurs revenus. :Cl est surtout pratiqué par les femmes
souvent regroupées à cette fin. C'est le cas Zi Koloumbodou où cette activité
est développée. Les plantes cultiviles sont généraleme,nt .la tomate, le gombo,
l'aubergine amère, le piment, etc..,, Au niveau actuel de la culture dans la
communauté rurale, l'offre est en dessous de la demande :faite par les acheteurs
venant des centres urbains.
Pour les paysans, de nombreux bas--fonds peuvent être exploités par
le maraîchage en association avec la culture fruitière. Il existe deux cas
intéressants à Kaymor où Les cultures maraîchères sont 3 côté de fruitiers
comme la banane qui a eu une bonne production. L'eau ,a été évoquée comme fac-
teur limitant de cette activité en saison sèche.
Devant les arguments avancés par les paysans :
- revenu élevé à l'unité de surface donc meilleure rentabilisation
du travail ;
- possibilité de diversifier les sources de revenus et de rechercher
à produire en dehors du pluvial strict ;
- immobilisation de certaines personnes qui vont faire le même
travail. comme ouvrier maraîcher dans les Niayes, il semble important d'étudier
la quesltion en rapport avec le C.D.H. notamment pour l'aspect technico-
économique.
. . / . .
(1) .- Pour beaucoup de vieux paysans, les anciens s'appuyaient pendant les
p6riodes difficiles sur le manioc qu'on peut consommer cru ou cuit,
frais ou seché (farine de manioc).

75
5.1.4 - Conclusions
Les systèmes de producl on végétale de la communauté rurale sont des
systèmes extensifs à faible nive:
d'intrants reposant, pour l'alimentation
hydrique,
sur les pluies d'où la
ariabilité et les baisses de productivité
observées ces dernières années.
En effet, l'eau apparaj
comme étant le facteur limitant primaire.
Dans cette situation, la rechercl
et la mise en place d'un matériel végétal
adapté n'ont pas suivi notamment
our les cultures traditionnelles comme le
mil et le sorgho.
Sur le plan agronomique
il n'y a pas eu un suivi fin des itinéraires
techniques (dates et modes de sen s, densité de végétation, association de
cultures,
travail du sol, etc . . .
en vue d'identifier les modifications appor-
tées par les paysans aux schémas
roposés et les performances comparées de
celles-ci.
Les enquêtes exploratoi es ont permis de percevoir une certaine com-
pétition des différentes cultures par rapport à la main-d‘oeuvre et à l'équi-
pement. Il existe en fait des va- t-vient d'une culture à l'autre et les
paysans soulignent des chevauchen nts qui sont résolus au détriment d'une cul-
ture ou d'une parcelle donnée.
Ce processus itératif p lt être ainsi schématisé pour les principales
cultures :
MIL
:
SEMIS
SARC 1GE 1
SARCLAGE 2 . . .
RECOLTE
ARACHIDE :
SEMIS/R.ADOU
SARCLAGE 1
SARCLAGE 2 . . .
RECOLTE
En dehors des deux fact 1rs évoqués (main-d'oeuvre et équipement),
la solution de ce problème doit n :essairement prendre en compte la composante
enherbement (vitesse, persistance . ..> et le cycle des cultures. C'est pour-
quoi toute éventuelle introductio
d'un matériel végétal nouveau dans cette
zone doit être étudiée dans le ca :e d'un calendrier cultural intégrant toutes
les cultures.
. ./ *.
-.---.
----’

Enfin, la politique et les structures d'approvisionnement en facteurs
de production ont aggravé la fragilité ainsi décrite des systèmes de production
végétale soit par l'absence soit par les retards de mise en place d'intrants.
Les paysans qui, actuellement, épandent de l'engrais tant soit peu sont très
rares pour tous les vingt-trois villages de :La communauté rurale.
Toutes ces faiblesses des systèmes de production végétale ont entrainé
pour le paysannat une dégradation econtinue des revenus caractérisée entre autres
par un bilan vivrier déficitaire.
5.2! - Sous-système de production animale
Les informations recueillies au cours des enquêtes exploratoires8
soulignent l'importance de l'élevage dans la communauté rurale tant par la
diversité des espèces et leurs effectifs que par leur rôle dans les systèmes
de production villageois.
Il apparait, selon l'étude sommaire sur l'historique du peuplement
de cette zone , que les populations qui l'habitent actuellement sont venues à
une époque relativement récente du Nord. Il s'agissait surtout d'agriculteurs
qui du reste n'auraient pas pu descendre avec leur Chept(el d'origine (bovins,
équins) qui risquait à l'époque d'être décimé par les conditions du milieu
kl ossines,
chaleur humide, pâturage (l), etc...).
Cela veut dire que La vocation agro-pastorale (2) de la zone aurait
commencé avec des peulhs et des socés qui y ont précédé les éthnies actuelle-
ment dominantes (wolofs et toucouleurs). Les animaux élevés étaient des races
trypanotolérantes
: Ndama pour les bovins, Djallonké pour les moutons et d.es
chèvres naines.
De là l'élevage a connu des modifications, des ajustements plus OU
moins importants dans son rôle, ces modes de conduite et sa gestion. Mais il
vit aujourd'hui une situation de contradiction qui impose une révision des
systgmes d'élevage et des options de production dans le (cadre de rapports
.
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.
.
----.---.-e__
-- Les paysans disent que.les animaux qui venaient du Nord étaient fréquemment
(1)
victimes d'intoxication alimentaire pour avoir ingéré des essences q,ue les
animaux locaux ne mangent jamais.
(2) -- J,.J. SWIFT, R.J. WILSON et J. HARMSWORTH proposent une définition du système
agro-pastoral comme un système dans lequel 10 à 50 % des revenus bruts pro-
viennent du b6tail soit 50 3 90 % découlant des cultures.

77
complémentaires avec l'agriculti Fe en vue d'une exploitation rationnelle du
milieu et d'une optimisation de .a productivité.
5.2.1 - Importance nur irique des différentes espèces
élevées
L'élevage dans cette : ne recouvre l'ensemble des espèces générale-
ment entretenues dans les campa& les sénégalaises. Il s'agit de bovins,
d'équidés (ânes, chevaux), d'ovi s, de caprins et de la volaille. Aucune trace
de porc n'a été trouvée dans les vingt-trois villages qui composent la commu-
Ili3Uté rurale. L'explication la I us probable serait l'impact de la religion
musulmane dans la zone.
5.2.1.1 - Bovi S
Leur effectif estimé a
cours des enquêtes exploratoires se chiffre
à 6.110 têtes dont 1.352 bovins
e trait soit 22 X. Les 78 % sont répartis en
108 troupeaux dont la taille moy nne est de 43 têtes.
En rapprochant ces eff ctifs bovins de la communauté à ceux de la
sous-préfecture de Médina Sabakh
du département de Nioro et de l'ancienne
region du Sine Saloum (actuelles régions de Kaolack et de Fatick), il apparait
(tableau n"7) que la pression mo enne bovine par unité de surface (1) est plus
élevée dans la communauté rurale que pour la sous-préfecture et pour la région.
Il en est de même pour le rapport population bovinelpopulation
humaine. Par contre, les moyenne
départementales sont pour toutes ces carac-
téristiques supérieures aux moye nes de la communauté rurale. Cela signifierait
que la communauté rurale de Kaym r ainsi que l'ensemble de la sous-préfecture
de Médina Sabakh appartiennent a x zones du département de Nioro où les effec-
tifs bovins sont les plus faible .
. ./ . .
-_-_-----__
(1) - Au tableau n"7, on a parlé de densité exprimée en têtes de bovins par km2
et en U.B.T. par km2. Sign lons qu'on a pris un bovin pour 0,75 UBT,
c'est à dire que l'animal
oyen fait 3/4 de 1'UBT compté pour 250 kg.Cette
question sera approfondie
rochainement avec les do.nnées en cours de
collecte au niveau des tro peaux de la communauté rurale.

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Par ailleurs,il existe des variations importantes entre les villages
de la communauté rurale (figure '0). Huit villages détiennent sur leur terroir
(1) moins d'un bovin pour deux personnes. C'est tous les villages wolofs dont
certains (Ndimb Taba et Ndimb B: :ane) se situent non loin d'une zone reputée
fourragère où d'autres villages riennent ramasser du foin et/ou envoient leurs
animaux.
On note que tous les i .llages toucouleurs élèvent en moyenne plus
d'un bovin pour deux habitants 6 : que ces villages sont de ceux qui ont le
rap,port nombre de troupeauxlcarl
i le plus élevé (figure11 ). Les cinq villages
toucouleurs,
avec 10 % de la pou llation humaine de la communauté rurale,
detiennent 20 % des bovins en ei lensif.
11 est intéressant de
'emarquer que les toucouleurs utilisent
ce!,pendant très peu la traction t vine (figure l0).
Dans l'ensemble des vi lages, les paysans signalent une tendance
nette à la baisse des effectifs
n liaison avec les mauvais-hivernages qui,
non seulement entrainent un appz vrissement des pâturages, mais contraignent
les éleveurs à vendre plus d'ani laux pour survivre et d'en acheter moins.
5.2.1.2 - ECJUJ .S
Au cours des enquêtes
xploratoires,
1.244 chevaux nous ont été
déclarés pour la seule communac
é rurale de Kaymor. Par contre, les services
du centre d'expansion rurale pol valent (C.E.R.P) de Médina Sabakh n'ont
recensé que quelques 1.150 équir
pour l'ensemble de la sous-préfecture. Ce
chiffre qui n'a presque pas évol é depuis 1979 (1.158 chevaux) est évidemment
faux.
si l'on compare les ch ffres du C.E.R.P. et ceux auxquels on est
arrivé par les enquêtes explorat ires, on remarque que la différence au niveau
des bovins est insignifiante alc s qu'au niveau des chevaux aucun rapprochement
n'est possible.
. . / . .
(1) - On a jugé utile de précise
cela car le phénomène de confiage fait que de
nombreux propriétaires ont leurs animaux dans d'autres villages. C'est le
cas à Koloumbodou oti'il -n'
a plus de tizuupeaux bovins bien
qu'il y ait
des propriétaires.

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V. Twcoulcur
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0.X
0x
0.20
0.15
0.10

82
Il semblerait donc que la méthode de recensement des bovins au
moment des vaccinations annuelles (gratuites), alors qu’il n’y a pas
d’impôts sur le bétail, est assez e.fficace. Par contre, l’approche utilisée
pour rec:enser les chevaux apparait atout à fait erronée. Si les données
actuellement disponibles sur les équins ont la même valleur, il est clair
que le patrimoine équin est très mal connu.
Au niveau de la communauté rurale, les effectifs équins ne semblent
pas diminuer ], s’ils n’augmentent pas. Les ventes de soudure affectent plus
les petits ruminants et les bovins qui, selon les paysans, sont mieux payés à
cette époque là. La répartition des chevaux dans les différents villages est
comme pour les bovins très variable., Les vil;.lnges à fa.ible concentration de
bovins de trait ont tendance à compenser par des chevaux (figure12 >. En
moyenne il y a un cheval pour dix habitants,
c’est à dire un cheval pour six
imposables. Seulement huit villages ont en
dessous de cette moyenne
(figure 13).
5.2.1.3
- Asins
Les animaux recensés au cours des enquêtes expPoratoires sont au
nombre de 124 soit près du dixième de l’effectif des chevaux. Les ânes sont
en baisse dans la communauté rurale puisqu’ils sont de plus en plus délaissés
au profit des autres animaux de trait. Cette attitude est en rapport avec la
possibilité qu’on ceux qui ne peuvent se doter d’animaux de trait de s’en
faire confier. Cette espèce de solidarité n’est pas un simple soutien des
paysans plus aisés aux plus pauvres, mais repose sur des inconvénients et des
avantages pour les deux parties et qiui pourront être mieux cernés dans les
prochaines enquêtes.
5.2.1.4 - Ovins et. Caprins
Les estimations d’effectifs par village n’ont pas été toujours
possibles au cours des enquêtes, ce qui fait qu’on ne dispose pas de chiffres
pour tous les ovins et les caprins de la communauté rurale.
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a4

85
Toutefois,
les données recueillies auprès des paysans dans dix-huit
villages montrent une présence importante d'ovins et de caprins. Les effectifs
estimés dans ces villages vont d'un minimum de trois petits ruminants par carré
pour atteindre la dizaine dans quelques cas, Les petits ruminants constituent
l'espèce la plus représentée dans tous les carrés. Des variations entre villages
ont pu être constatées et d'importantes variations entre années et au cours de
l'ann6e sont déclarées en relation avec les ventes et les mortalités.
Le nombre d'ovins est plus élevé que celui des caprins. Même si les
chèvres sont plus prolifiques, elles ont une forte mortalité ; en plus les
ovins étant préférés par les sénégalais autant pour les sacrifices que pour la
ronsommation de la viande, leur prix de vente est plus intéressant pour
l'éleveur.
5.2.1.5 - Volaille
C'est un élevage traditionnel, assez extensif. Tous les carrés
détiennent des poulets en nombre très variable. Les canards et les pintades
sont élevés de façon très limitée.
Un recensement exhaustif ne pourra se faire qu'au cours des enquêtes
formelles.
5.2.2 - Rôle de l’élevag,e dans les systèmes de production
villageois
L'importance numérique des différentes espèces que nous venons de
voir se justifie par les fonctions multiples des animaux dans la vie économique,
sociale et culturelle des paysans de cette communauté rurale.
5.2.2.1 - Rôle du cheptel dans l'alimentation humaine
C'est l'une des fonctions les plus anciennes des animaux domestiques.
Elle est principalement assurée par les ruminants pour leur lait et dérivés, et
de facon moindre la volaille (chair, oeufs).
. . / . .

Au cours de nos enquêtes les paysans ont réaffirmé l’importance de
cette fonction de l’élevage à leur niveau de par son impact sur leur état
ptiysi.que et sanitaire et partant sur leur aptitude au travail. Des vertus
thérapeutiques sont attribuées au lait de chèvre. Ce besoin justifie en partie
la concurrence souvent observée entre la traite et l’allaitement des jeunes.
La prise en compte d’un tel besoin s’impose pour les études ulté-
rieures et les programmes d’amélioration concernant les systèmes de production
animale dans la communauté rurale.
De façon moins directe, les animaux sont les greniers des périodes
d i f f i c i l e s . Leur vente procure des revenus consistants qui servent en bonne
partie à l’approvisionnement en nourriture.
5.2.2.2 - Rôle des animaux dans les productions
végétales et le transport
Le premier type d’apport des animaux aux cultures connu dans La zone
e s t l a . f e r t i l i s a t i o n p a r l e b i a i s d u parcage e t l’épanda.ge d e l a p o u d r e t t e
.Y
sortie des iicuries et/ou des enclos de petits ruminants. Cette pratique a
permis aux détenteurs de grands effectifs d’entretenir la fertilité de quelques
champs, en particulier ceux en culture continue de céréales. Pour jouir pleine-
ment de cet appui, il ne suffit pas d’être propriétaire d’animaux mais surtout
d’en assurer la gestion, sauf dans le cas d’un paysan qui reçoit un troupeau
transhumant . L’usufruit du parcage est l’un des avantages les plus sûrs et les
plus attrayants pour le gestionnaire qui peut 1’6tendre 21 qui il veut (proprié-
taires des animaux sous sa gestion, parents et amis du m&ae village ou d’un
a u t r e v i l l a g e ) .
C’est à ce niveau qu’on observe des différences notables de Comp(orte-
ments entre propriétaires voire même entre villages. Ces différences peuvent
être ramenées à des différences entre éthnies quant à la.perception des fonc-
t ions de 1’ élevage.
A i n s i , on a retrouvé en confiage des animaux appartenant à’ des wolofs
dans des villages toucouleurs et pas le contraire. Dans ces villages toucouleurs,
le contrat berger est très rare (pour un troupeau de Ciinthiou Kohel et pour deux
de Vél ingara).
En d’autres termes, les toucouleurs semblent exploiter plus que
les wolofs la production du fumier par le parcage.
. ./ .<.

a7
Le deuxième type d'apport des animaux aux cultures est Constitué
par la force de traction. Cette forme d'exploitation des animaux s'est
développée dans la zone à partir des années 60 grâce aux efforts de la VU~--
garisation (SATEC - SODEVA) et de la recherche avec 1'IRAT et 1'ISRA dans
les unités expérimentales. C'est aujourd'hui une des fonctions les plus
importantes de l'élevage et son point d'articulation le plus solide avec
l'agriculture. Les animaux impliqués sont, comme nous l'avons vu précédemment,
les bovins, les chevaux et de façon assez marginale les ânes. L'utilisation
l
des animaux pour le transport, plus ancienne que la mécanisation (transport
a dos) dépasse dans sa forme actuelle (charrettes bovines, asines mais surtout
équines) le cadre des cultures et constitue le support des relations en milieu
rural (transport de personnes, de produits, d'animaux, ambulance).
5.2.2.3 - Elevage source de revenus monétaires
et fo'rme d'accumulation
Parallèlement aux autres fonctions, l'élevage est aussi une source
sûre de revenus pour l'agro-pasteur. L'avènement des loumas (marchés hebdo-
madaires) notamment celui de Ndiao Bambali dans le Nganda et de Ndiba Ndiayène
(communauté rurale de Médina Sabakh) a crée aux paysans des occasions de ventes
et d'achats. Ceci en rapport avec les mauvaises récoltes semble avoir accru le
taux d'exploitation du cheptel. Les bovins et les petits ruminants sont les
plus touchés par la commercialisation. Au niveau des bovins, c'est les boeufs
et les taurillons de trait Gobra surtout qui se vendent mieux à cause de leur
état d'embonpoint qui intéresse les bouchers et les téfankés. Ce commerce
explique en partie l'importance des bovins de trait dans la zone malgré leur
sous-équBpement pour les travaux agricoles. Dans les villages toucouleurs où la
traction bovine est moins répandue, les animaux vendus proviennent surtout des
troupeaux.
Ces différences sont utiiles à comprendre dans le cadre de la strati-
fication de l'élevage et des Pers~pectives d'intensification. Le lait de vache
et ses dérivés sont de plus en pl~us vendus en hivernage notamment et aident
ainsi à résorber le déficit vivri~er et à couvrir d'autres besoins.
l
. . /
. .

Quant aux ch-evaux, ils se vendent moins bien pendant la période de
soudure où les acheteurs sont généralement des paysans plus nantis ou des
fonctionnaires conscients de la situation d'urgence dans laquelle se trouve
le vendeur. En plus, l'arrivée des " tiogal " (1) sur les loumas contribue à
baisser les prix. Les produits de l'élevage équin peuvent, cependant, se
vendre à de bons prix si la période est'bien choisie et s'ils présentent um
bon gabarit d'autant plus qu'ils sont jugés plus résistants que les animaux
de " ti'ogal ".
Pour le transport, les chevaux procurent aussi des revenus non
négligeSables. Toutes les entrées d'argent correspondant à, ces ventes sont
converties en biens et services répondant aux besoins de,s paysans ( besoins
vivriers , produits agricoles, cérémonies, etc.). Une partie est réinvestie
sous forme d'animaux moins coûteux parce que plus jeunes (jeunes bovins pour
la traction, génisse pour la reproduction, et poulains ..) ou moins bien
nourris.
Ces achats sont aussi réalisés avec une partie Ides revenus des
cultures. Toutefois, pour ces dernieres années, les paysans soutiennent qu'ils
n'arrivent pratiquement plus à accumuler B partir des revenus agricoles.
L'élevage assure donc de plus en plus son propre renouve'llement.
5.2.2.4 - Rôle socio-culturel
Traditionnellement la richesse d'une famille pouvait s'évaluer à
travers son cheptel. Celui-ci était l'expression directe de sa capacité de
production et d'accumulation et lui valait du respect et de la confiance. Le
bovin et le cheval ont toujours été les plus importants. L'élevage était un
art, un aspect de la culture de certaines éthnies qui en ont acquis une concep-
tion et une pratique propres. L'utilisation pour les sacrifices (tabaski) et
les cériimonies familiales concernent surtout les petits ruminants. Le paiement
de dots comme le financement d'un pélerinage par la vente d'animaux revêt,
outre son aspect économique, un caractère socio-culturel.
. .l “.
(1) -. Le mot tiogal en poulaar désigne un groupe, un ensemble d'animaux ou de
personnes en déplacement. C'est le terme consacré pour les animaux qui
viennent généralement du Nord-Est de la communauté'et qui sont vendus
pa.r des téfankés jadis dans l'es villages aujourd'hui plus fréquemment
awx loumas . Ils sont aussi désignés par le terme “tout venant" de par le
faLit que leur origine est dis.parate.

89
Dans le passé, seuls les hommes libres pouvaient être propriétaires
de bétail puisqu'on pensait que quelqu'un qui est une propriété lui-même ne
pouvait pas être propriétaire.
Toutes ces considérations prises en toile de fond et en rapport avec
l'histoire du peuplement de cette zone méritent d'être tenues en vue dans
l'analyse des différentes fonctions de l'élevage et ses modes de conduite par
les éthnies qui le pratiquent aujourd'hui.
Après cet apperçu sur les différents rôles de l'élevage dans la zone,
signalons que les spéculations comme l'embouche bovine et ovine, les opérations
coqs raceur et poulets de chair lancées par 1'ISRA dans les unités expérimen-
tales et par la SODEVA dans d'aut:r'es villages de la communauté rurale se sont
vite estompées dès que ces sociét ;é s ne les ont plus soutenues financièrement.
On peut dire que l'embouche bovirLe proprement dite est quasi inexistante dans
la zone, les paysans se déclarant sans argent à investir pour l'achat des ani-
maux. Cet argument ne peut être r:e tenu pour tous car même ceux qui ont des ani-
maux à eux ne font pas d'embouche!. Quelques paysans achètent des animaux dans
un louma et les gardent le temps de les revendre dans d'autres loumas. La
vitesse de rotation ne permet pas de parler d'embouche dans ce cas.
5.2.3 - Ressources four agères et modes d'élevage
dans la communa
té rurale
5.2.3.1 - Resso rces fourragères
L'élevage dans la commu auté rurale repose essent iel.l ement sur deux
sources fourragères que sont les
âturages naturels et les sous-produits des
cultures.
Celà met déjà en éviden e l'existante de relations étroites avec
l'agriculture.
5.2.3 1.1 - Pâturages naturels
C'est la source fourrag re la plus ancienne et la plus répandue.Elle
est aussi la moins coûteuse parce que généralement consommée par les animaux
in situ et la moins bien gérée pa ce qu'e Ile n'appartient à personne a lors
!
. . . .

9C!
qu’eIle ‘est accessible à tous. Suivant le mode Lé géomorphologique et le typ’e
de végétation on peut, en s’appuyant sur les études de J. VALENZA (1973),
distinguer les pâturages naturels de la communauté rurale en trois groupes :
(Iï) - les pâturages de plateaux et de pentes ;
(ii) - les pâturages de jachères et de champs apres récolte ;
( i i i ) - les pâturages des zones d.épressionnaires.
Le premier groupe de pâtura,ges est très reprGsenté dans la communauté
rurale.
Ce sont des pâturages caractéristiques des sols peu évolués d’érosion
lithique sur plateaux et pentes (Rap. BERTRAND, 1971) qui dominent la terrasse
colluvo-alluviale 3 l’Ouest d e l ’ a x e Raymor-Thyssé-Sonkorong,
à l ’ E s t d e s
villages de Keur Aly Diango, Padaf, les deux Ndimb et autour de Léona,Ndiaylène,
Same et Keur Samba Diama. Dans la moitié Sud de la communauté rurale, les plstu-
rages de plateaux sont dominants.
Le deuxième type de pâturages correspond aux zones de cultures et
comprend les jachères assolées et les champs après la récolte (pâturages post-
récol te) .
Les pâturages du troisième groupe se trouvent soit dans les zones
basses du plateau cuirassé où ils se distinguent par une végétation relativement
dense et variée, soit sur les berges de cours d’eau (Bolon) et dans les bas-
fonds. Ce troisième groupe de pâturages abrite les mares t.emporaires où s’abreu-
vent les animaux pendant l’hivernage. Le Bolon, depuis la remontée du sel,
permet aux animaux de fai.re chaque année une cu.re salée.
Dans l’ensemble, sous les effets combinés de la baisse pluviométrlque,
de 1 ‘homme (extension des cultures, coupe de bois) et des animaux, ces pâturages
subissen.t un rythme de dégradation qui inquiète tous les élleveurs interrogés
m ê m e si apparemment ils ne voient pas de solution.
Les pâturages de jachères t;je raréfient et ceux des bas-fonds sont de
plus en plus envahis par des espèces inadaptées comme le Cassis obtusifolia. La
situation. n’est, cependant, pas identique pour tous les villages de la CO~IW-
nauté rurale. 11 existe des zones dont les pâturages sont jugés plus. riches.
C’est le cas de la zone au Nord de la communauté rurale (vers Padaf, les deux
Ndimb, Nord de Léona) où des paysans (de la communauté rura.le et d’ailleurs
(?;ioro en 1983) viennent chercher de l’herbe soit pour du foin soit pour recou-
v r i r l e u r s t o i t s .

91
5.2.3.~1.2 - Sous-produits
Dans le passé, ils constituaient les éléments dominants ses pâtura-
ges p'ost-récoltes puisqu'ils étaient consommés sur place par les animaux en
divagation. Aujourd'hui, toute la paille d'arachide (fâne), la paille de maïs
et marginalement la paille de mil sont ramenées et stockées pour l'alimentation
du cheptel de trait, ce qui a réduit la valeur et les capacités de charge des
pâturages post-récoltes. Depuis quelques années, la fâne fait l'objet d'un
commerce très dynamique qui dépossède la zone de quantités considérables desti-
nées aux marchés des centres urbaibs du Nord où l'élevage des chevaux employés
dans Ite transport de marchandises pt de personnes ainsi que celui des petits
ruminants,
en particulier les moutpns,
a suscité une demande importante de ce
fourrage. En plus de cette demande'urbaine, un nombre croissant de paysans
~zmboucheurs (d'ovins et de bovins surtout) du Nord du bassin arachidier,
;'approvisionnent à partir du Sud du Sine Saloum en général par l'intermédiaire
d'opérateurs qui commercialisent ainsi chaque année des camions de fâne au
niveau des marchés hebdomadaires surtout.
Tous les paysans qui, awcours de ces enquêtes, ont déclaré avoir
vendu de la fâne, justifient cela @ar un besoin indispensable d'argent. On sait,
en effet , que même en cas de mauvaises récoltes de gousses, la production de
:iâne est relativement bonne, le développement végétatif qui correspond à cette
prod,uction étant moins affecté par'les stress pluviométriques et les parasites
clui limitent celle des gousses.
Donc l'existence d'une dqmande de ce fourrage constitue pour certains
agriculteurs une occasion d'obtenir un revenu monétaire immédiat sur la culture.
Il faut, par ailleurs, dire que les paysans qui ont des animaux sont conscients
ce l'importance de la fâne comme iostrument du maintien de leur cheptel de trait
rotarnment ce qui amène beaucoup d'antre eux non seulement à ne pas vendre mais à
acheter.
Nous avons pu savoir que ,pour les champs collectifs d'arachide ( de
daïra ou d'associations) la fâne esit généralement vendue. C'est ainsi qu'en 1983,
Four un champ de marabout de sept qectares cultivé par Padaf, Dialacouna,
Sonkorong, Keur Apy Diango, Keur Mylé et Koumpel, les 315.000 F de la recette
elobale se répartissent en 250.000 OF pour la fâne et seulement 65.000 F pour
les gousses.
. . ./ . .

92
Les études, faites jusqu’ ic i sur l’ensemb4.e des ressources fourra-
.
geres ,, ont concerné la zone des unités expérimentales pour lesquelles un
déficit annuel de quelques trois mois a été avancé (J. VALENZA, 1973) sur le
bilan fourrager. Un déficit peut être également retenu au niveau de la
communauté rurale en partant de l’état des animaux (mobilisation intense des
reserves c o r p o r e l l e s e t f o n t e musculaire e n f i n d e s a i s o n s è c h e ) , d e s d é c l a -
rations des paysans et des modifications dans les mouvements de transhuma.nce
se manifestant par des cas de départs et une réduction des arrivées.
Il f a u t , cependant, admettre que la connaissance de ce déficit
reste imprécise puisque la productivité primaire des pâturages n’est que très
approximativement approchée et le mode d’exploitation par les animaux des
différentes espèces élevées ainsi que leurs besoins peu étudié .
Les travaux du programme “Alimentation du Bétai’l Tropical” (A.B.T)
apporteront, sans doute, une contribution Importante sur la connaissance des
relations biomasse disponible - comportement alimentair’e.
Notons, par ailleurs, que l’exploitation précoce des pâturages
naturels en hivernage contribue à leur dégradation en 1 imitant le développe-
ment des plantes, en favorisant notamment la disparition de certaines espèces
annuelles qui n’arrivent pas à former leurs organes de propagation. Elle
ralentit le recouvrement du sol par la végétation ac8centuant ainsi l’érosion
hydrique surtout dans Les pâturages à pente.
5.2.3.2 - Systèmes d’élevage
Au niveau des villages de la communauté rurale on rencontre deux
systèmes d’élevage nettement distincts :
- l ’ é l e v a g e e x t e n s i f ,
- l ’ é l e v a g e i n t é g r é .
5 . 2 . 3 . 2 . 1 - Elevage extensif
-
-
L’élevage extensif est la forme traditionnelle consacrée aux bovins
et en P*artie aux petits ruminants. Il se caractérise fondamentalement par une
a l i m e n t a t i o n r e p o s a n t e n t i è r e m e n t sur le pâturage et par des déplacements dont
. . / . .

93
l’importance varie avec la saison. Les animaux, à part les jeunes non sevrés
qui restent à divaguer autour du carré, sont conduits en groupes hétérogènes
(troupeaux) sans distinction d’âge, de sexe, d’état physiologique et d’espèces
parfois (petits ruminants avec bovins).
Les modes de conduite décrits et pratiqués par les paysans sont sur-
tout liés aux saisons en rapport avec le calendrier des cultures (tableau no 8 ).
Dès le nettoyage des champs de cultures en avril-mai et pendant l’hivernage les
animaux se retrouvent, exclusivement, sur les pâturages naturels notamment les
pâturages de plateaux, de pentes et de bas-fonds. Ils sont alors, généralement,
S O U S la conduite d’un berger qui est un membre de la famille du gestionnaire de
troupeau ou un contractuel rémun6ré ( “samaan “). Nous ne pouvons pas, à partir
de ~LOS enquêtes, soutenir que le contrat berger est une pratique caract-éristi-
que de la gestion wolof de l’élevage extensif. Cependant,,nous avons observé
que dans les villages toucouleurs où ce contrat existait (deux villages), les
bergers étaient du même village (cas de Sinthiou Kohel) ou du village COUCOU-
leur voisin (cas de Vélingara où le berger venait de Sinthiou Kohel). Par contre,
les contractuels recensés dans les villages wolofs étaient des peulhs ou des
toucouleurs venus d’autres villages n’appartenant pas à la communauté rurale.
Cela peut signifier que les wolofs sont plus attachés à l’agriculture où ils
prisfèrent engager toute leur main-d’oeuvre en hivernage ou qu’ils reconnaissent
les éthnies toucouleur et peulh plus aptes pour le gardiennage du troupeau.
Quoi qu’il en soit, le recours au berger contractuel devient de plus
en plus coûteux (près de 50 F par petit ruminant et par mois, près de 150 F à
200 F plus lait et nourriture pour les bovins en extensif). Raisonné en termes
d’opportunité,
il devient plus é: evé que ce qu’un équivalent-berger peut tirer
des cultures pend.ant des années ( e mauvaises récoltes notamment.
Pendant la saison sècht , dès la fin des récoltes d’arachide qui sont
les dernières, le pâturage est e: sentiellement constitué par les résidus
pailleux des cultures et les mauy aises herbes en majorité des graminés dont
les plus représentées sont 1’Eral rostis trémula et le Pennisetum pedicellatum.
A cette époque, tous lc s p e t i t s ruminants sont libérés et pâturent
sans gardiennage (divagation) re’ enant à la maison ou au puits en mi-journée
pour se faire abreuver.
. . / . .

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-4
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r;idira=r;c .& --.-
Ai”.*‘tim
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idi- :
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-nise au piquet p.r ICI fmce ct l*m enfmt~
.w aire*
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- ?? brcuvacnt ..re‘ te+r.irc./j
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1.
: nixtc **te trouplu:
I ~11 berper contractuel ou de la famille
:
; bovins
:
: .
c
,
.

95
Pour les bovins, Le R*ardiennage devient moins contraignant, des
fois inexistant. L'abreuvement: ,qui se faisait au niveau des mares tempo-
raires s'effectue au niveau de!S puits villageois où l'exhaure animale est
souventpratiquée à cette fin.
5. 2,w3.2.2 - Elevage.intégré (1)
Il se distingue du prfZcédent par son système d'alimentation et
par l'absence de déplacements ifnportants pour les animaux concernés. Ceux-
ci sont retenus au carré pour tc wte la journée (cas des étalons en saison
a
sèche) ou pour une partie de 1 journée, la nuit notamment (cas des juments
divagant le jour pendant la sa ifzen sèche) et de l'ensemble des chevaux de
trait en hivernage. Ils reçoiv erit alors une alimentation principalement
constituée de fânes d'arachide > de foin de brousse et de paille de céréales
(pour les bovins de trait).
Les animaux concerné S par ce système d'élevage sont les animaux
de trait. Cependant, si la pra t+.que reste systématique chez les chevaux
nour lesquels elle est très anci.enne, chez les bovins il existe des variantes
qui combinent le système intég réj au système extensif. Ainsi des bovins de
trait sont parfois remis au tnOILkpeau pour une partie de la saison sèche ou au
cours de l'hivernage lorsque 11es premiers sarclages sont achevés. Dans ce
dernier cas, il s'agit dans ce' rt ains villages de confier la conduite de leurs
boeufs de trait à un berger COInm[un, payé en fonction du nombre de têtes pour
une somme. qui gravite autour dc 2 1.000 F par animal et par mois. Cette prati-
que est surtout développée danS les villages des unités expérimentales. Dans
les villages toucouleurs et ce:rti ains petits villages de la communauté rurale,
le nombre de paires de boeufs 1ne justifie pas l'engagement d'un berger et les
animaux sont mis au piquet dan: des aires non cultivées aux abords des champs.
Les vaches de trait sont généra
ement remises au troupeau pendant les périodes
mortes pour permettre leur sai:
ie.
Entre les deux systèr s, l'élevage intégré apparait comme la forme
qui favorise une meilleure gesti'on du cheptel et la valorisation des SOUS-
produits de récolte et de l'élevage. Il crée des conditions d'appropriation
. . / . .
-------a-__
- Le mot intégré couramment utilisé pour évoquer ce système d'élevage semi-
(1)
intensif (si on se réfëre au système d'alimentation et à l'ampleur des
déplacements),
traduit l'idée que les animaux ainsi élevés font partie
d'un système qui entretienk des relations plus étroites avec l'agriculture
(intégration agriculture-élevage).

96
par l'éleveur de certaines techniques d'alimentation et de protection du
bétail (fenaison, rationnement avec complémentatio8n, couverture sanitaire
rigoureuse, etc.)
La supériorité de ses performances est ati$ourd'.hui bien perçue
par les paysans de la zone : meilleure croissance des jeunes en rapport:
avec un bon état physique à la naissance et une production laitière assez
bonne, une meilleure fécondité des femelles, un état pondéra1 plus stable
en saison sèche, etc... Cet élevage est, cependant, minoritaire par rapport
à l'élevage extensif mais cela n'est pas génant puisqu'il est bien impl.anté
et semble, à la lumière de ses avantages et des contraintes du milieu,
prendre plus d'ampleur.
5.2.4 - Les faiblesses et problèmes de l'élevage
-
-
dans la communauté rurale
L'élevage dans la communauté rurale, tel que nous venons de l.e
décrire, présente des faiblesses qui lui valent les problèmes qu'il connait
actuellement.
Le système extensif regroupe le plus grand nombre d'animaux g;ros
et petits ruminants en particulier, ce qui rend l'élevage dans l'ensemble
fortement tributaire des aléas climatiques et de la disponibilité des terres
incult.es (pâturages naturels).
Le mode de gestion indirecte, largement répandu, est incapable de
concilier les intérêts souvent divergents des propriétaires, gestionnaires
et b#ergers,
et limite les prises: de décisions et les interventions opportunes.
L'exploitation des terres par 1 'agricul'ture et l'él.ev,age a évolué au d6triment
de CI~ dernier qui se voit de plus en plus confiner awx zones impropres aux
cult,ures.
Cette situation traduit une option majoritairement agricole dans
1'enBemble de la communauté rurale, en opposition 5 une minorité encore atta-
chée à la conservation des zones de pâturage et de pa'rcours. Ceci est à.
l'origine de quelques conflits que le Conseil Rural et les autorités ad,minis-
tratives tentent toujours de régler de façon plus ou moins heureuse.
. . / . .

97
La gestion indirecte, qui
fait que de nombreux propriétaires
(agriculteurs et commerçants) se soucient peu des pâturages dont ils ignorent
les possibilités, n'a pas favorisé un redressement de la situation. Si pour
l'agriculture des efforts d'encadrement et d'approvisionnement en intrants
continuent à
être déployés, l'élevage dans la communauté rurale est très mal
suivi. Les paysans ont tous déploré cette lacune, notamment en matière de
santé animale. Tout cela engendre une mauvaise exploitation du patrimoine
animal de la communauté rurale qui se manif,èste par une faible productivité
et une intégration partielle de l'agriculture et de l'élevage avec des pertes
de transfert de matière entre les deux systèmes.
5.3 - Interactions entre sous-systèmes
L'analyse faite au niveau des sous-systèmes de production végétale
et animale montre clairement les inter-relations entre ces sous-systèmes
(voir schéma suivant le texte).
Deux situations caractérisent cette inter-relation :
- une compétition au niveau de l'espace qui s'est accentuée au détri-
ment des parcours au fur et à qesure que les superficies cultivées ont pro-
gressé. En plus de nuire à l'élevage, l'extension des cultures à des terres qui
n'ont pas une vocation culturale, constitue un handicap pour le sous-système
lui-même (faible productivité, majeure exposition en cas de sécheresse, aggra-
vation de l'érosion) ;
- une situation de complémentarité entre sous-systèmes au niveau des
flux des produits et sous-produits échangés ou échangeables et ceci au grand
bonheur du paysan.
Ces situations brièvement résumées, la co-existence de ces sous-
systèmes peut-elle continuer telle qu'elle se présente encore ou doit-on envi-
sager un développement du systàme d'élevage intégré qui aujourd'hui constitue
le niveau le plus élevedecette inter-relation animaux/cultures. Une réorienta-
tion dans ce sens pourrait conduire à une exploitation plus performante et plus
conservatrice du milieu.

9 8
LU/ &!
/ FAMILLE . \\
I P A Y S A N N E ]
1 PATURAGES
> A N I M A U X
i -

99
CHAPITRE VI - CONCLUSIONS GENERt4LES ET SUITE DU PROGRAMME
Les résultats des enquêtes que nous venons d'exposer soulignent un
certain nombre de problèmes et de contraintes. La population s'accroit à un
rythme très rapide alors qu'on assiste à une baisse persistante de la produc-
tion, ce qui pose un problème fondamental de survie.
L'environnement physique et biologique est fortement menacé par une
surexploitation qu'ont aggravé Les régimes pluviométriques desdernières années
(baisse de la valeur des pâturages, dégradation des forêts, érosion des sols..).
Le redressement d'une telle situation rencontre aujourd'hui des contraintes
qu'il convient de lever. Il s'agit principalement :
- de l'insuffisance et de la mauvaise répartition des précipitations
sur lesquelles une action directe n'est pas possible mais qu'on peut tenter
d'atténuer par l'utilisation de techniques agronomiques appropriées pour
1"économie de l'eau et l'emploi d'un matériel végétal plus adapté (longueur de
cycle, tolérance aux stress hydriques..) ;
- du niveau d'équipement en matériel agricole, de son entretien et
de son renouvellement ;
- du faible niveau d'utilisation d'intrants, l'engrais en particulier ;
- des possibilités d'investissement limitées ;
- d'un système défectueux d'approvisionnement et de commercialisation ;
- des conditions socia'les actuelles d'organisation et de gestion au
niveau des paysans.
Nous avons , par ailleurs, signalé que toutes ces contraintes ne sont
pas toujours vécues avec la même intensité et n'ont pas suscité des réactions
identiques dans les vingt-trois villages de la communauté rurale. Une différence
assez remarquable existe sur ce plan entre les villages wolofs et les villages
toucouleurs.
Nous avons, enfin , pris le type de sol dominant dans le terroir
villageois pour distinguer les villages sur terrasse des villages sur plateau.
. . / . .

100
Une typologie à deux critères a été ainsi effectuée :
!---------------------‘---T--.-“’-------
-----‘-.------!
!
Villages Wolofs
!
Villages Toucouleurs !
!
!
!
!---------'------------ - ------- ---_-------- ----------_ r --.--------------1-1.------,
!
.
!
!
!
Villages sur sol
!
l
0 1 - 0 5 - 0 6 - 0 8 ;
17 - 23
!
!
plateau
!
11 - 18 - 10
!
!
!
1
!
*
!
!
!
!
!
!----.---------------- - ---------- -<-- -------- --- -----_ "I --.- ------ ----------.------,
!
l
!
Villages sur sols de ,
02-03-04- 1 5 i
!
!
!
12 - 13 - 14 - 16
;
07
!
terrasse
!
- 09 - 20
!
!
!
19 - 21 - 22
!
!
1
!
!
-.-I -.-- - ----- -------------------- .--- ------- ----- --- _.---._ ----------- ----.-.-- ---- !
QuatTe villages ont ét,é retenus :
- Darou Khoudoss (W OI) comptant 38 carrés awec 311 habitants ;
- Ndimb Taba (W 14) comptant 38 carrés avec 321 habitants ;
- Tène Peulh (W 21) comptant 64 carrés avec 637 habitants ;
- Sinthiou Kohel '(T 17:) comptant 56 carrELs awec 438 habitants..
La prochaine étape du programme consistera à un recensement exhaustif
au niveau de ces quatre villages. Ceci permettra par la suite de faire une
typologie des concessions et des exploitations avant de choisir l'échantillon
cible des enquêtes formelles et d'essais en milieu paysan.

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