RESULTATS PFELIMINAIRES D’ENQUETES: le point de...
RESULTATS PFELIMINAIRES D’ENQUETES: le point de l’observateur
Implications pour le suivi dans le cadre du PAPEL
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Dans le cadre du projet recherche d’accompagnement qui lie 1’ISR.A au
PAPEL,
on se pose souvent la question de savoir qu’elle est la réponse
attendue, consommable, utile, déterminante? Trouver cette réponse peut être
simple: cependant il nous arrive de compliquer un problème. Pour éviter cette
attitude, nous avons laissé la parole à un observateur et à une stagiaire. Ce
qui suit est le fruit de cette démarche revue et synthétisée . Les changements
faits sur le texte de l’observateur sont mineurs. Les implications en terme
de suivi sont proposées pour une discussion entre les différentes parties.
L’espace pastoral de Thiel est peuplé par des Peul, Sereer, Wolof et
Maures noirs ; son occupation semble récent,e selon les résultats de notre
enquète (mettre une date). les peu1 constituant la majorité de la population
se segmentent en fractions et sous-fractions (cas de dienguelbe). Ces diverses
fractions peu1 s’adonnent principalement à 1 “élevage extensif transhumant qui
joue des fonctions socio-économiques et intertemporelles vitales dans cette
société. ce mode d’élevage est reconnu très economique et assez écologique eu
égard à la valorisation des ressources pastorales. Cependant l’élevage
pastoral comme désirent encore le conduire les pasteurs est de plus en plus
géné par les réformes administratives dont s’accomodent mieux les systèmes de
production sédentaires (NDIONE, 1994).
Venus de Sadio et de Afé au début, les Wolof constituent le deuxième
groupe ethnique de par leur taille. Ce groupe s ’ occupe principalement des
activités de relations mais commence à s’adonner progressivement à l’élevage.
Leur cohésion sociale semble batie autour du partage de la même confrérie
(tidiane ou mouride). Les wolof sont restés des agriculteurs: mais se
transforment progressivement en agro-pasteurs en saisissant les opportunités
économiques offertes par l’élevage.
Arrives en dernier lieu les Sereer, sont très dynamiques eu égard à
l’activité pastorale. Ce groupe serait venu occuper l’espace pastoral de Thiel
parce que dans leur Baol ou Siin natal, le tissu pastoral se rétrécit trop
rapidement. Ainsi après une transhumance sécurisante et réparatrice, ils ont
décidé de s’installer définitivement. Les Maures noirs ou Haratine, s’occupent
de commerce, de cueillette, de tannage de cuirs et peaux et de boucherie. Ils
sont considerés comme étant des experts de l’exploitation harmonieuse des
gommeraies (FREUDENBERGER, 1990).
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On peut citer pour mémoire les Peul-fouta, immigrants venu de Guinée qui
s’adonnent 2 la carbonisation. Cette activité introduite par ces immigrants
n’est pas sans poser de problèmes aigus dans ces écosystèmes instables.
Toutefois les Wolof ayant vite appris les retombées positives de la
carbonisation, sont venus augmenter le groupe des exploitants de charbon de
bois.
La vocation première de la zone de Thiel est restée pastorale, les
agriculteurs profitaient de la levée des campements peu1 pour exploiter les
terres fertilisées par la fumure. Dans un tel schéma d’exploitation de la
terre, les conflits fonciers étaient rares et gérés aisément . Bien avant
1’ avènement des forages, l’exploitation de l’espace était rendue possible
grâce à des céanes et de mares temppraires encore présentes. Sur cette

répartition éclatée de l’eau, se calquait une ditribution aussi éclatée du
bétail et des humains. Plus récemment, après l’anènement du forage (date) ,des
daras mourides se sont constitués autour de Daneedji Ngueer et Hodjoldé, ils
sont en majorité originaires du Baol et du Ca:yor. On peut retenir qu’en dehors
des peu1 et des haratines,
la colonisation de l’espace répond à des
préoccupaticns récentes de recherche de terres plus accueillantes. Quelques
fractions peu1 venus du Waalo, avec les Bisnaabe et les Yalalbi constituent
les dernières minorités à s’installer. Ayant trouvé une terre d’accueil
intéressante lors de la sécheresse de 1973, ces groupes ont décidé de
s’installer pour longtemps. Ces nouvelles installations et le forages ont eu
pour impact de modifier l’occupation et l’appropriation de l’espace.
Depuis la mise en place de la réforme administrative concernant les lois
et règles foncières, la quète de terres preoccupe de plus en plus les
différentes ethnies. Cependant les “premiers” occupants accordent moins
d’importance à cette forme légale d’accaparement de l’espace qui ne convient
pas à leur mode d’exploitation de l’espace. Bien avant tout cela y compris
l’avènement du forage, la règle était: “le premier venu est le premier servi II,
les nouveaux venus s’installaient en fonction de leur affinité ou lien de
parenté avec les premiers. Le droit d’occuper et d’exploiter l’espace pastoral
était reconnu à tout le monde.
Cette règle ancienne vient d’être perturbée par la nouvelle forme de
gestion foncière. Les Peu1 assez hésitants à profiter de ce cadre l’gal créé
par la réforme administrative, qui,
f
à terme, risque de les confiner dans un
espace où la survie de leur système de production sera incertaine. Les
Ndouranaabe, très mobiles, sont localisés aujourd’hui à Asrebany pour éviter
ce cantonnement.
Par contre les autres ethnies, à l’occurence les Wolof et Sereer,
trouvent dans cette loi un moyen légal de coloniser un espace donné et peut-
être d’en exclure, à l’occasion, les indésirables. Les peu1 s’intéressent à
l’espace s’il y a des pâturages; dans le cas contraire ils transhument pour
exploiter un autre espace. En un mot, le système peu1 a besoin de beaucoup
plus d’espace et de souplesse des règlements et lois que ne lui offre la loi
conçue et appropriée pour des terroirs sédentaires. Malheureusement, on oublie
toujours que la zone sylvo-pastorale ne rentrant pas sous le coup des “zones
de terroirs”, devrait conserver son statut foncier de “réserves sylvo-
pastorales”. Les ethnies satisfaites des règles en vigueur en profitent pour
assurer leur main-mise sur les secteurs de Daneedji, Hodjolde, Morsilate, de
Thiel-peu1 : 1.
Les occupations économiques reconnaissent certaines mutations chez les
Peu1 qui semblaient plus accrochés au pastoralisme. Les Peu1 se sont
finalement engoufrés dans certaines filières commerciales et dans les sphères
de la cueillette de gomme arabique et .mbepp. Tandis que, les Wolof,
généralement agriculteurs, s’adonnent de plus en plus à 1 ‘élevage, au
transport et au commerce. L’embouche est une de leurs activités préférées pour
un gagner un revenu sûr et substantiel en quelques mois. Les Sereer fournisent
un exemple de bonne gestion de la ressource terre en essayant de lui restituer
sa fertilité par le biais du “toss” (parcage des animaux sur les champs de
mil). La trituration de l’arachide produite grâce à l’hivernage fournit des
revenus intéressants aux Sereer et aux Wolof. Cette trituration permet
1 . Cette opinion a été 6mise par le chercheur.
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d’obtenir un tourteau d’arachide relativement riche en protéines et en énergie
donné aux animaux d’embouche. Les sous-produits des cultures et de la
trituration permettent à une forme d’intensification de la production de
viande de se développer. Cependant, un développement plus important de cette
activité est attendue du désenclavement de la zone et d’ouverture de marchés
intéressants.
Les participants au commerce du bétail, les dioula, trouvent leur
clientèle au sein de leur ethnie ou fraction. La référence à une appartenance
sociologique reste très forte justifie la préférence accordée d’abord aux
apparentés en cas de prêt. La vente est souvent faite à crédit avec une avance
variable pour permettre au vendeur de régler les problèmes les plus urgents.
L’échéance de ce crédit est de courte durée:soit une à deux semaines le temps
d’écouler le bétail à Dahra. Les dioula affirment que le prix payé comptant
serait différent et inférieur à celui payé lors de vente à crédit. Il existe
bien une forme de crédit à terme plus long que recherchent des épargnants
ayant l’intention de faire le pélerinage à la Mecque. Cette forme de crédit
est une source de liquidités précieuse pour les dioula qui n’ont pas accès à
une autre source de financement. L’origine des liquidité des dioula sereer et
wolof est l’agriculture dont le commerce du bétail et l’embouche recyclent les
fonds .
Les organisations de producteurs ayant une activité effective de
production sont quasi inexistantes. Sous l’implusion du PAPEL, ces types
d’organisation commencent à voir le jour mais restent handicapés pour un non
paiement d’une dette contractée antérieurement. Il est à signaler ici que le
PAPEL promeut un système de garantie banquaire pour faire prendre à la CNCAS
plus de risque avec les pasteurs et agro-pasteurs. Une assocition de femmes
exploitent une terre aménagée autour du forage pour y réaliser quelques plans
maraîchers. Thiel reste tout de même dépendant de l’extérieur pour satisfaire
sa demande en légumes.
L’équipement en matériel agricole remonte à une période assez éloignée
rattachable au défunt programme agricole. Ce matériel est entretenu localement
pour les artisans. Houes siin, harara, houe occidentale etc.. sont disponibles
et très utilisés chez les Wolof et Sereer. Les éleveurs sont équipés de
matériels de collecte et de transport de l’eau. Ce matériel est très important
pour l’élevage des petits ruminants dont les grands déplacements à la
recherche de l’eau ne contribuent pas à l’amélioration de la productivité. On
peut rapporter aussi l’existence de décortiqueuses mécaniques qui rendent
rapide le décortiquage de l’arachide. Un seul moulin à mi 1 fonctionne dans
toute le zone, ce qui prouve que les corvées féminines sont loin d’être
a1 légées.
La forêt très sensible à l’exploitation se rétrécit d’année en année du
fait de nouvelles installations et d’affectations au profit de l’agriculture.
le déboisement continue sans qu’aucune initiative de reboisement ne soit
prise. La présence de Peul-fouta et la reconversion de quelques Wolof à la
carbonisation aggravent la situation déja alarmante. Des restes de fours
récemment utilisés sont disséminés par ci et par là; la collecte du bois de
chauffe par des camions est monnaie courante.
La forêt est aussi exploitée pour la f,abrication de l’habitat: Thiel est
un des rares villages de la zone sylvo-pastorale où l’habitat n’est pas
sommaire. La fabrication de lit et de poulaillers avec des tiges de koyle,
kodjoli, bane donne à Thiel une certaine rléputation. Des arbres tels que le
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“eri II, le ” jalamban” sont très recherchés par trois familles de laobe
installées à Thiel. La cueillette porte sur l’exploitation de la gomme
arabique et du mbepp. Balanites et jujubes ont partiellement disparu et sont
devenus très rares. Les feuilles et fruits de baobab sont largement exploités
par la population. Les techniques d’exploitation sont douteuses et mettent en
danger la survie des plantes a la saignée.
Beaucoup de mares ayant une importante capacité de rétention d’eau
existent et sont largement sollicitées. on peut citer Koumoukh et Patacour:
aucune de ces mares ne fait l’objet d’interdiction ni de police ou
d’affectation particuliére. Ces mares sont entrain de s’ensabler à cause des
boues apportées par les eaux de ruissellement l’érosion eolienne.
La forêt et son exploitation posent de sérieux problemes de gestion des
ressources
pastorales auxquels il faudra s’atteler assez tôt.
les
organisations pastorales locales impliquées dans cette gestion méritent appui
et formation. leur typologie et leur méthodes d’intervention sont l’objet de
recherches en cours. Le comité des gestion du forage se débat dans de nombreux
problèmes de collecte et de gestion des fonds provenant de la tarification de
l’eau. Sa composition découle d’un savant dosage où chaque ethnie et clan
fournit un membre indépendamment de la compétence.
La tarification sur une base mensuelle est la suivante: petits ruminants
25f, bovin/équidés 75f, charettes 500f. La tarification discriminatoire à
l’égard des transhumants semble faire subir au comité de gestion un manque à
gagner substantiel.
Cette politique de gestion des forages et de la
transhumance mérite plus d’attention de la part de ce qui la privilégient. Le
comité ne peut pas acheter ou faire des réparations onéreuses car n’ayant ni
les moyens financiers ni l’objectif de le faire. La débrouillardise du comité
est caractérisée par cette location journalière d’une batterie à 1OOOf à un
commerçant local. Tous les deux mois le comité paie pour une batterie qui ne
lui appartient pas. Il n’y a pas une tenue de cahiers de recettes et de
dépenses; la formation du mécanicien semble douteuse.
Le pouvoir politique est largement accaparé par les dienguelbe qui
constituent la fraction peu1 la plus ancienne.
Implications pour le suivi ultérieur
Thiel, de prime abord, semble se particulariser des autres espaces
pastoraux de par l’importante place qu’occupent l’agriculture et la
transformation des produits agricoles. Cette agriculture, la transformation
des produits et la disponibilité des sous-produits ont occasionné le
développement d’une embouche de courte ‘durée.
Cette activité émergeante
contribue à faire baisser la charge animale et installer une intensification
progressive et raisonnable. Le PAPEL peut saisir cette opportunité pour
promouvoir l’agriculture qui libèrera de plus en plus de sous-produits qui
seront utilisés par l’embouche. Il devient donc pertinent de lever les
contraintes des productions agronomiques en évitant de se polariser sur une
seule activité, l’élevage.
Un suivi des exploitations ayant une forte
composante agronomique est alors recommandé.
La gestion des ressources forestières et des pâturages posent des
problèmes rattachables au niveau des organisations locales et à leur capacité
institutionnelle. Pour éviter le retour à une gestion non participative des
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ressources naturelles, il est important d’appuyer ces organisations naissantes
en leur fournissant une incitation économique (NDIONE; 1993). Comment
atteindre cet objectif est une question vitale à laquelle le PAPEL devrait
prèter attention.
La trituration de l’arachide se développe partout et offre l’occasion
aux femmes de capturer des revenus agricoles. Le suivi de cette activité
depuis les décortiqueuses mécaniques jusqu’à la vente de l’huile fournira des
éléments pour la promotion de cette filière,.
Les comités de gestion de forage fonctionnent de façon trop opaque pour
relever le d&fi que leur impose l’importance de l’eau en milieu pastoral. La
solution de ce problème apparemment aisée à trouver est sociologiquement
délicate à cause des rentes de situation déja tissées. Cependant pour pouvoir
continuer à mobiliser les ressources financieres exogènes, un terme doit être
mis à cette mauvaise gestion.
Les activités féminines devront ressortir du questionnaire resencement
exhaustif des activités économiques. Un suivi plus rapproché permettra
d’évaluer la contribution financière des femmes à la sécurité alimentaire des
galledji.
Il faudra faire très attention à la spécificité pastorale de cette zone
lors d’attribution de terres. Très souvent, on considère toute la zone comme
une zone terroir. La grande majorité de la zone sylvo-pastorale ne relève pas
des zones terroir: elle est classée réserve sylvo-pastorale. L’appropriation
privée de la terre y pose plus de problème qu’elle ne résoud quand on
considère le système de production dominant qui est le pastoralisme. Une
éventuelle interdiction d’accès serait fatale au pastoralisme local et à celui
de la zone sylvo-pastorale située au nord.
De l’appropriation privée de la terre se profilent des conflits qu’il
vaudra mieux prévenir que guérir. L’étude des sources de conflits et des
mécanismes traditionnels et modernes de les prévenir est une priorité dans ces
sociètés en transformation. Ceci est d’autant plus vrai que la ruée foncière
ne fait que débuter. On pourrait rétorquer que les pasteurs n’ont qu’à
demander pour avoir une affectation comme les autres: cependant là ne réside
pas la vraie problèmatique. En effet elle est ailleurs et se situe dans une
dimension de gestion raisonnée des ressources pastorales. Car dans ces
systèmes caractérisés par leur instabilité, la souplesse dans les lois et
réglements doit être de rigueur. Tout cadre légal nouveau ou ancien devra
préserver la souplesse dont à tant besion le pastoralisme.
ALIOUNE NDIAYE, observateur et initiateur du texte
CHEIKH MBACKE NDIONE, chercheur responsable de ce volet recherche
ROKHAYA FALL, stagiaire a contribué à la lecture critique de ce texte et y a
apporté une dimension féminine inestimable.
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QUELQUES QUESTIONS A APPROFONDIR:
- Origine, structure et opérationnalité des organisations pastorales
impliquées dans la lutte contre les feux de brousse.
- Quelle forme d’incitation économique pour passer de l’action curative
à l’action préventive en matière de lutte contre les feux de brousse.
- Les acteurs de la carbonisation et de l’exploitation forestiére à
Tkiel et dans les forages environnants.
Agron.omie,
transformation des produits, embouche et transfert de
fertilité dans le forage de Thiel.
Les femmes dans l’économie pastorale de Thiel: comment mieux les
impliquer.
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