INSTITUT SÉNÉGALAIS DE RECtiERCHES AGRICOLES ...
INSTITUT SÉNÉGALAIS
DE
RECtiERCHES AGRICOLES
DEPARTMENT
OF AGRICULTURAL
ECCNOMICS
. ~.- _r
ETUDES ET DOthJïUlENTS
LES SYSTEMES
DE PRODUCTION
EN BASSE CASAMANCE
ET LES STRATEGIES
PA‘ysANNE)S FACE AU DEFICIT
.PLUVIOlMETRIQUE
Josh L. Posner,
M. Kamuanga
et S. Sd1
ISSN
OSO-
Vol 4’ N” 11 1991
-

ISRA
Institut Sénbgalais de Recherches Agricoles
Rue Thiong x Valmy
BP. 3120
DAKAR, Sénégal
B
21242512119W
Telex - 61117 SG
TLC (221) 22 34 13
Document r65alis6
par
la Direction des Recherches sur les Systbmes Agraires et I’Economie Agricole
Route du Front de Terre
B.P. 2057
Dakar - Hann
%Fi? 320442
Josh L. Posner. Chercheur au SBnbgal de novembre 1964
à juin 1986 - Ph. D. en Agronomie, spklallste en physiologie
des plantes - Professeur, Department of Agronomy, Unlversity of
Wlsconsln-Madison,
1575 Linden Dr., Madison, WI. 63706, USA
Mulumba Kamuanga, Chercheur au Sbnbgal d’avril 1982
g juillet 1986 - Ph. D. en Economie Agricole, spbcialiste
en production et gestion des expioltatbns agricoles - Economiste,
Institut de la Recherche Agronomique, CRA, B.P 33, Maroua, Cameroun
Samba Sali, Economiste agricole, chercheur à I’ISRA
Centre de recherches agricoles de Djib&lor
B.P 93, Djibkior, SBnBgal
0 c ISRA 1991

Ce document a tti public dans un premier temps sous forme de rapport par l’Institut
S&w?,galais
de Recherches Agricoles (ISRA). II ‘a btk tiimprimé ensuite dans la s&ie
conjointe ISRA / MSU (Michigan State University) des publications sur le developpement
international avec le soutien financier du Projet de Recherche et Planification Agricole
(contrat USAID / MSU No 685-0223) et du Projet de Recherche Agricole II au S&&gal
(contrat USAID / MSU N“ 685-0957).
La s&ie des prksentes publications ISRA / MSU est financée dans le cadre du
Projet de Recherche Agricole II au SBntgal.
Les opinions exprim4e.s
dans ce document par les auteurs de I’USAID ne refl&ent
pas nkcessairement
le point de vue de 1’lJSAID / Skn6gal.

LES SYSTEMES
DE PRODWTIDH EN RASSE CA!MAKE IET LES
STRATEGIES PAYSANNES
FACE AU DEFICIT PLUVICHlETRIQUE
TABLE DES MATIERES
Chaptre
Es!2
LISTE DES TABLEAUX . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
vii
LISTE DES FIGURES . . . . . . . . . . . . . . . . '. . . . . . . . . . viii
RESUME ...............................
ix
CADREGENERAL ............................
1
Sftuatfon
Géographique .....................
Climat et Hydrologie
......................
:
Sels ..............................
Démographie
..........................
:
Agriculture
et Elevage .....................
4
LE DEFICIT PLUVIOMETRIQUE
ET SON INCIDENCE SUR LA
PRODUCTION
AGRICOLE EN BASSE CASAMANCE
..............
5
Dbficft
Pluvfométrique
.....................
Evolution
de la Production Agricole
..............
5
SITUATIONS AGRICOLES EN BASSE CASAMANCE
ET STRATEGIES PAYSANNES ...
10
Zones et Situations
Agricoles
..................
10
Evolution
R&ente de la Pluviométrfe
(1982-84)
.........
11
Stratégies
Paysannes ......................
13
La Stratégie
de Pl'ateau
...................
15
La Stratégie
des Rizières
Les Adaptatfons
dans la Zone de'Trak;tion
: : : : : : : : :
:2
Chractéristfques
Comparées des Exploitations
du Nord
etduSud
........................
23
PROBLEMATIQUE
DE RECHERCHE
......................
26
L'intensification
de la Production sur les Terres
Productives
.........................
La Diversification
du Systeme de Culture
............
30
Valorisation
de J'Humidité
Residuelle
dans les Rfzihres
....
La Rkupération
des Terres AbandonnCes .............
::
CONCLUSION .............................
32
BIBLIOGRAPHIE. .........
., .................
33
vi
---
--
-

Tableau
1. Cor-relations
Simples Entre la Hauteur de la Pluie et Quelques
Statistiques
Agricoles des Departements de Bignona et
Oussouye . . . . . . . . . . . ...+
. . . . . . . . . . .
7
2. Evolution de la Production Agricole Moyenne Depuis 20 ans
dans les Départ-rpnts
d'0ussouye et Bignona (Région de
Ziguinchor,
S&n&gal) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
9
3. Caractéristiques
des Exploitàtions
au nord et au sud de la
Basse Casamance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . , .
24
Vii

LISTE DES FIGURES
Figure
Jl3.9fi
1. Carte du Sénégal et les Situations
Agricoles
en Basse
Casamance,,........................
2
2. Evolution Annuelle de la Pluviométrie
sur 25 ans dans
les Départements de Bignona, Ziguinchor
et Oussouye . . . . .
6
3. Pluviomdtrie
Décadaire Cumulbe - Campagne 1982, 1983, 1984
au Nord (Boulandur) et au Sud (Loudia-Ouolof)
de la
Basse Casamance . . . , . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
12
4. ;Mise en Place de la Campagne 1984 . . . . . . . . . . . . . . .
17
5. Schéma Synthetique
des Thdmes de Recherche de 1'Equipe
Systeme en Basse Casamance . . . . . . . . . . . , . . . . .
27
Viii

REWE
Depuis plus de quinze ans, la région de Basse-Casamance connaît des
mutations profondes entraînées
notamment par la baisse de la pluviométrie.
Cette conjoncture
climatique
a fait passer le région d'une situation
d'autosuffisance
alimentaire
à celle de déficit
vivrier.
Pour suivre ces
mutations et proposer des solutions
adéquates, 1'ISRA met actuellement
l'accent
sur une approche systématique mise en oeuvre par une équipe
régionale.
On démontre dans ce document que l'abondance des terres de plateau et
la présence de la traction
animale au nord du fleuve Casamance ont permis
aux paysans de s'adapter
au présent cycle de sécheresse en mettant davantage
l'accent
sur la culture de l'arachide,
du mil et du maïs.
Dans la zone du
sud, essentiellement
rizicol'e
avec un accés limité
aux terres exondées, la
stratégie
paysanne est basée sur l'intensification
de bonnes rizières
et les
activités
extra-agricoles,
Les thémes de recherche de l'équipe
Systèmes sont
adaptés aux différentes
situations
agricoles
en Basse-Casamance et
traduisent
aussi les préoccupations
des paysans et du Développement.
ix

LES SYSTEHES
DE PRBDUCTIDN EN BJW$CAEWWKE
Er LES sTRAa6IEs PM
AU MFICIT FLDWMETRIf#DE P
J.L. gomer, IL Kamuanga et S. Sol1
CADREGEBEBAL
La Basse Casamance est situee dans la partie
méridionale
du Sénegal
Elle s'étend sur une superficie
de 7,300 km*, de la vallee du Soungrougrou
la cate Atlantique.
Elle a été Brigée en région administrative
en juillet
1984 et englobe ainsi les département de Ziguinchor,
d'oussouye et de
Bignona (voir figure
1).
Le climat est de type subguineen avec une forte influence
maritime et
deux saisons:
une saison seche de novembre a mai, et une saison des pluies
de juin a.octobre.
Le mois d'aoat est le plus pluvfeux..
Le régime hydrologique
est dominé par l'influence
de la mer du fait
d'un relief
tres plat et d'une pluviométrie
actuellement
déficitaire.
La
partie maritime du fleuve Casamance se prolonge dans l'arrière
pays jusqu'à
220 km de l'embouchure
et l'eau salée remonte reguliérement.
La région
posséde un réseau assez dense de marigots qui constituent
des voies
favorables
à la remontee de la langue salee.
lUne version preliminaire
de ce document a servi de communication
au
séminaire SAFGRAD sur les Technologies appropriées,
Ouagadougou, 2-5 Avril
1985.
Les auteurs tiennent
à remercier C. Jolly pour sa contribution
ainsi
que les autres membres de l'Équipe
de Djibélor
et du Groupe central
d'analyse du département Systémes pour leurs commentaires utiles.
1

2
/
t
_
--.
I
ZPtlP 1:
Ofganls.
soc. du trw.
type Diola; sans tract.
bov.; ri2
rrpiqti
dminant.
l0r.a
11:
Orgrnis.
WC. du trav.
type Dlola; s.nr trac.
BOV. cuit.
de plat. @art.,
mnis direct.
Zcne III:
Orgrnir.
type lhdlngur
dominant; I"L~ Diola et autres;
pc" dr tr. lmv. rmis
di?-Kt.
F
zcnt IV:
orgcnis.
type undingue;
tr. tmv. ddvrl;
cuit.
do plat.
dwl.
FIGURE 1. CARTE DU SENEGAL ET LES SITUATIONS AGRICOLES EN
BASSE CASAMANCE

3
Leur nature est fonction
de leur position
sur la toposéquence.
- Sur le plateau,
les sols sont de nature argile-sableuse,
sablonneux
en surface.
Deux types predominent:
1) les sols ferralitiques
rouges
faiblement
desatures avec une teneur en argile plus élevée en profondeur,;
2)
les sols ferrugineux
tropicaux
beiges lessivés,
localisés
dans les parties
centrales
mal drainees du plateau.
- En bordure des talwegs, des bolongs et du fleuve lui-même, on
rencontre
une zone sableuse (sols gris de nappe) a hydromorphie
temporaire,
site préféré des palmeraies.
Viennent ensuite les bas-fonds des talwegs où
l'on pratique
la ririculture
en hivernage et la culture
maraîcher-e en
contre-saison.
- Au niveau du lit majeur du fleuve, derniére
position
sur la
toposéquence,
on trouve des sols salés:
les tannes (parasulfatés-acides
ou
sulfatés-acides)
et les sols potentiellement
sulfatés-acides.
C'est la zone
du riz de mangrove, dont la culture
est fonction
dY niveau d'inondation
par
l'eau de pluie,
qui permet de lessiver
les sols.
La population
rurale en Basse Casamance est estimée à 261.000
habi,tants2 repartie
dans pres de 330 villages.
Elle est inegalement
distribuee,
avec des densites de l'ordre
de 10 habitants
au km2 au nord-est
du département de Bignona, de 35 au centre,,vers
Vaila, et de plus de 60
habitants
au km2 dans le sud-ouest.3
Il s'agit
d'une population
trés jeune
et assez mobile.
Environ 45% des habitants
ont moins de 15 ans.
Les
2La population
totale
de la région est estitie
a 362.000 habitants.
Les centres urbains de tiguinchor,
Bignona et Oussouye, comptent 101.000
habitants.
3Linares,
0. (1981).
-SS.
-_-_.
- - - -
. -
. -
..._--l_l_
.
_
- . . - - - . . . - .
_-_

4
estimations
récentes indiquent
que d'un village
ad'autre,
10% h 36% des
actifs
se livrent
a des migrations
saisonnières.4
'Il existe deux groupes ethniques principaux:
1) les Diola,
qui
constituent
l'écrasante
majorité
(85%) de la population
totale,
et qui
forment un groupe lui-m2me constitué
de plusieurs
sous-groupes distincts
(Kas'sa, Blouf, Fogny, . ..). 2) Les Mandingues, groupe minoritaire
(5%) mais
dont l'influence
est très marquée dans le nord et'le
nord-est
ainsi
qu'autour
de Ziguinchor.
Plusieurs autres ethnies minoritaires
(Mancagnes,
Mandja, Balante,
. ..) sont originaires
de la Guinée-Bissau.
La Basse &asamance est essentiellement
une région agricole.
Par son
régime pluviométrique,
elle occupe une place de choix dans la politique
agricole
du Sénégal.5
L'arachide,
le riz, le mil/sorgho
et le maïs
constituent
les cultures
principales.
Le Gouvernement porte actuellement
ses efforts
sur le développement de la riziculture
grâce notamment à la
construction
de barrages anti-sel
et de petits
ouvrages paysans pour la
protection
et le dessalement des terres rizicultivables
(70.000 ha).
.Le cheptel en Basse Casamance est composé de différentes
espèces
(bovins N'Dama, ovins et caprins de race guinéenne, ,porcins).
Il y a très
peu d'asiniens
et d'équins.
Les troupeaux de bovins sont inégalement
répartis
entre les trois départements
(84% a Bignona, 9% à Ziguinchor
et 7%
à Oussouye).
Les modes d'organi.sation
et de gestion varient
du sud au nord
de la région.
4D'apr&s le recensement démographique effectué
en janvier
1985
niveau des 10 villages
d'intervention
de l'équipe
Systèmes de Djibe 1011.
5La region benéficie
d'un projet
régional de développement,
le PIDAC
(Projet integré de developpement agricole de la Casamance), financé par
1'USAID.
Le PIDAC a compétence sur l'ensemble des activités
en mil ieu
rural,
y compris l'approvisionnement
et l'encadrement
technique.

5
LE DEFICIT PLUVIUtETRIQUE ET SON IHCIDEKE !SUR
LA I’WDUCTIOII AGRICOLE EN BASSE CASAWVICE
A l'instar
des autres régions du Sénégal, la Basse Casamance connaît
une importante
reduction
de la pluviométrie
depuis une vingtaine
d'années.
Pendant la période allant
de 1940 a 1960, la region se situait
sur
l'isohyète
moyenne 1.500 mn. Ces dix dernjeres
années, la pluviometrie
moyenne est tombée a 1.100 mm à Ziguinchor.
Cette moyenne cache cependant
des variations
interannuelles
assez grandes.
Si l'on retient
pour chacun
des trois départements
une hauteur p‘luviometrique
minimum en dessous de
laquelle
le système de culture devient tres vulnérable
(voir figure
2), on
dénombre plusieurs
annees très séches au cours de la derniére
décennie
(cinq à Bignona, quatre à Ziguinchor
et sept a Oussouye).
4volution
de la Production Aaricalq
Les statistiques,
régionales
dfsponibles
pour les deux derniéres
décennies révèlent
que la production
du riz presente d'importantes
fluctuations
avec une tendance nette a la baisse au cours des années 1971-74
et 1977-80.
Le mil et le sorgho montrent une tendance similaire.
Seul le
maïs a connu une croissance soutenue entre 1970 et 1982 (19% par an).
Pour
le riz en particulier,
la baisse de la pluviometrie
a entraîne
la
salinisation
des rizières,
surtout au sud de la région.
Les paysans ont dû
modiifier un systeme de culture
jadis fondé sur la riziculture
aquatique.
Ils ont accéléré la colonisation
agricole
des terres de plateau où ils
produisent
des céréales pour la consommation vivriére
et l'arachide
comme
culture de rente.
L'analyse
des statistiques
conduit aux observations
suivantes
pour les
deux départements
d'oussouye et de Bignona (tableau
1):
1) la surface
emblavée et la production
céréaliere
totale
sont l'une et l'autre
fortement
corrélées
avec la pluviométrie;
2) l'incidence
de la pluviométrie
est
beaucoup plus marquée sur les superficies
rizicultivées
et la production
du
riz que sur les autres cultures;
3) pour l'arachide,
le mil et le sorgho,

6
Hauteur
8ignon8
2ooo(J
1500
i!x 900mm’
1970
1s 5
1980
1984
Hauteur ,
2000
i
1500
t
1000
f
I
I
500
'
T
Ar&es ’
1111
I
1960
1965
1970
1975
198G
1964
Zauteur
I
0USSOUye
2000
4
II 11OOmm
1960
1965
1970
1975
1980
1984
*=froduction
ceréalière,
pendant les ann&!s de secheresse, moins de 59% de
ce-le
i
des snnées wnomnlee.U
FiGL'I3E 2. EY3LLrTION ANiWELLE DE LA Fi.'U'bXOMXTRIE SUR 25 ANS DUS LES
DE?ARTEMZTL: DE EICNONA, "YICUINCEOR ET OUSSCIWE

7
TABLEAU1
CDRRELATIDHS
SIMPLES E#TRE LA HAUTEUR DE LA PLUIE
ET QUEILQUES
STiWSTIf#ES WWDLES DES
DEPl&WEt#TSDEBI~ET.WSGOUYE
Departements (1963-83)
Statistiques
Bignona
Oussouye
Surface totale
cultivée
0,63**
0,59**
Surface riz
0,71*x*
0,59**
Surface arachide
0,42
0,14
Surface mil plus sorgho
0,36
0,06
Proiduction cérealière
0,62**
0,53*
Production riz
0,75***
0,54*
Production arachide
0,52
0,15
Production mil plus sorgho
0,14
0,004
*,Significatif
a 5%.
**j Significatif
a 1%.
***:Significatif
a 0,1X.

a
la corrélation
entre la production
et la pluviométrie
est moins forte.
En
effet,
pour ces cultures,
les variétés
utilisees
par les paysans arrivent
à
boucler leur cycle même au cours d'une annee peu pluvieuse.
D'autres
facteurs
tels que la disponibilite
de semences d'arachide
et les attaques
d'insectes
sur le mil semblent plus déterminants
pour la variabilité
de la
produbtion.6
Le tableau 2 résume les différentes
observations
relatives
au déficit
pluviométrique,
aux corrélations-avec
la surface semée et la production
agricole.
Si 'l'on examine les deux départements extrêmes sur une période de
20 ans, on observe une baisse très sensible de la superficie
totale
cultivée
(53% a Bignona et 68% à Oussouye),
Cette réduction
a surtout
affecté
le
riz, qui a été ramené à 11% è de la surface cultivée
a Bignona et a 77% à
Oussouye,
La production
vivrière
a été de ce fait affectée.
Ces zones qui,
en 1962-63, degageaient
un surplus (plus de 100 kg/per capita à Bignona, et
plus ie 181 kg à Oussouye) sont devenues déficitaires
(Bignona = 170 kg/per
capita;
Oussouye = 121 kg/per capita).
Dans la conjoncture
actuelle,
il est
devenu très difficile
de combler un tel déficit
avec la seule vente de
l'arachide,
principale
culture
de rente de la région.
Les importations
de
riz en Basse Casamance sont passées de'2.000 à 3.000 tonnes entre 1960 et
1965 4 près de 30.000 tonnes en 1982/83 (DGPA, 1983).
Cette situation
a
suscité un réexamen des programmes en Basse Casamance.
L'ISBA met actuellement
l'accent
sur la recherche agricole
appliquée.
Il s'agit
d'une réorientation
des programmes de recherche caractérisée
notamment par la mise en place d'une équipe de recherche sur les syst&mes de
production
au niveau de chaque zone Ecologique du Senégal.
Pour appréhender
les différentes
mutations qui s'operent
en Basse Casamance, l'équipe
de
Djibélor
a démarré son programme avec un zonage dans le but d'apporter
des
soluti:ons spécifiques
à chaque situation
agricole.
$'apres
nos observations
au cours du suivi agronomique des trois
dernières
années.

9
TABLEAU 2
EVOLUTION DE LA iWMJCTIOH AGRICOLE MOYENNE
DEPUIS 20 ANS
DANS LES UEPARTEHEMTS
D'OUSSOUYE
ET BIGNOHA
(RmM
DE ZI
Y
Bignona
Oussouye
1962 et
1983 et
1962 et
1983 et
1963
1984
1963
1984
Pluviométrie
(mm)
1.257
784
1.450
1.049
Surface semée totale
(ha)
76.751
35.969
12.699
4.005
Surface arachide (ha)
30.225
21.619
718
772
Surface mil/sorgho
(ha)
20.970
7.722
100
-_
Production riz
22.975
3.995
11.000
3.084
% de surface en riz
30%
11%
86%
7700
Production arachide (T)
28.078
23.901
646
658
Production mil/sorgho
(T)
16.013
5.119
60
--
Production riz
31.013
2.666
12.100
3.450
Déf$it
céréalierb
(ikg/capita)
t 100
- 170
t 181
- 121
aLes données de 1962 et 1963 proviennent
de la DGPA - Ziguinchor.
Les
données de 1983 et 1984 sont celles de la SO&IVAC (Société
Régionale
de
Déve!loppement).
bLe déficit
céréalier
est calculé sur la base de la production
de
céréales et la population
totale
dans chaque département.
Les besoins
en
céréales sont estimés a 200 kg/capita
selon la norme de la FAO. Pendant
la
même,période,
?a population
rurale de Bignona avait doublé pour atteindre
179,000 habitants.
Celle d'Oussouye, initialement
estimée à 21.500
habitants,
n'avait
augmenté que de 30 % (28.000 habitants).

10
SITUATIONS AGRIWCES EH BASSE CAWUWCE
ET STRATEGIES FjlYSAfWS
FCalgré sa superficie
relativement
faible
et la prédominance d'un seul
groupe ethnique,
la Basse Casamance reste très héterogène du point de vue
des systemes de production
en présence et de leur organisation
sociale,.
C'est la raison pour laquelle
l'équipe
Systemes a procédé d'abord
à un
zonage de la region qui a débouché sur des situations
agricoles
pour mieux
tenir,compte
des spécificités
locales.
Par situation
agricole,
nous entendons des unités spatiales
subissant
des contraintes
homogénes et reconnaissant
des potentialités
comparables,
en
sorte que les producteurs
qui exploitent
cet espace relevent
d'une même
stratêgie
de développement (ISRA, Département Systemes et Transfert,
1984).
Les trois criteres
de découpage utilisés
par l'équipe
Systemes ont trait
aux
modes 'd'exploitation
du milieu naturel et non a ses caractéristiques.
ii)
La division
sexuell,e du travail:
chez les Diola du sud et du
nord-est,
les hommes se specialisent
dans les travaux de labour
et les femmes dans le repiquage et la récolte
du riz.
Chez les
Mandingues et Diola "mandinguisés,"7
la division
sexuelle
du
travail
est plus tranchée et se projette
sur la toposéquence:
les
hommes s'occupent des cultures
de plateau,
et les femmes ne
cultivent
que le riz dans les. bas-fonds.
b)
Les proportions
respectives
des surfaces en cultures
exondées et
inondée:
avec le gradient
pluviometrique
sud-ouest/nord-est,
on
passe des zones où la riziculture
aquatique
(riz repiqué)
est une
activité
dominante a celles ou les cultures
de plateau sont de
loin plus importantes.
Les enquêtes effectuées
durant ces trois
derniéres
années montrent que les surfaces cultivees
sur le
plateau representent
moins de SO% du total dans le sud-ouest
alors
qu'elles
depassent 80x dans le nord.
L'affectation
des temps de
'Terme consacré pour désigner les groupes Diola ayant subi l'influence
culturelle
des mandingues lice à la domination
politique
et religieuse.

travaux sur le plateau reflète
cette répartition:
65% au nord et
46% au sud.
Cl
L'utilisation
de la traction
bovine:
le degre d'adoption
de la
culture
attelee
introduit
une différentiation
au niveau des
systémes de prod,uction en Basse Casamance. Plus de 90% des
superficies.sur
le plateau dans la zone de Sindian-Kalounayes
(nord-est)
et 50% dans les villages
du Fogny-Combo (nord) sont
labourées a la charrue.
Le labour attelé
est en revanche presque
inconnu dans le sud-ouest.
ta figure
1 presente les cinq situations
agricoles
repérees en Basse
Casamance. Ce découpage exclut la zone du littoral
(les Caronnes) aux îles
tré;s peu peuplées et la petite
frange frontaliere
du sud près de la
Guinée-Bissau où se pratique une agriculture
itinérante
de forêt.
Dans
l'examen des stratégies,
nous nous referons chaque fois à deux groupes de
zones agricoles
ainsi démarquees:
celles du nord (Sindian-Kalounayes
et
Fogpy-Combo) et la zone du sud-ouest (Oussouye).
Avant de présenter les stratégies
paysannes, il convient d'examiner
l'évolution
cumulative de la pluviométrie
au niveau d'un site du nord-est
et du sud-ouest (figure
3) au cours des trois dernieres
saisons.
Ceci
permet de bien visualiser
la mise en place de la campagne au nord et au
sud-ouest.
'
On peut constater
d'abord que.les pluies debutent au nord-est
(Boalandorj avant d'atteindre
le sud-ouest (Loudia-Ouolof),
En 1982 et
1983, elles ont commence des la 3éme décade de mai au nord-est
et seulement
à la 2eme décade de juin pour le sud-ouest.
La pluviométrie
totale
moyenne
des trois années dans les deux situations
reste inférieure
à la normale des
15 dernieres
années.
A Boulandor,
le volume total d'eau i Bté trk
variable
au cours des
trois hivernages examinés.
L'année 1983 a été classee la plus séche, avec
moins de 600 mm, et une pkiode
du 20 juillet
au 20 août pendant. laquelle
il
n'est tombe que 60 mm de pluie.
Le volume total d'eau reçu en 1982 a été
presque identique
(1,016 et 944 cm); en 1984 en outre, juin et juillet,

12
. . . ...**
~1984(1015mm)
.
itrie
a. Doulandor
I b. Loüiia-Cuzlof
Juin
&illet
Août
Sept.
oct
FIGURE 3. PLUVIOMETRIE DECADAIRE CUMULEE - CAMPAGNE
1982, 1983, 1984
AU NORD (BOULANDOR) ET AU SUD (LOUDIA-OUOLOF) 'DE LA
BASSE CASAMANCE

13
mois critiques
pour la mise en place et le sarclage des cultures
de plateau,
ont présent6 une pluviometrie
cumuTee supérieure
a celle de 1983 (562 mm
contre 208 mm). Une telle-vtiiation
interannuelle
du @gime des pluies
pousse les, paysans dans‘ les territoires
du nord à concentrer
davantage leurs
efforts
sur les cultures
h semis direct
avec des. dates de semis assez
prbcoces.
Ils sont évidemment peu encourages pour la riziaulture
aquatique.
A Loudia-Ouolof,
en revanche, on constate une très faible
variation
interannuelle
de la pluviométrie
au cours des trois dernier-es années, tant
au niveau de la hauteur des précipitations
qu'au niveau de sa répartition
mensuelle,
En 1982 et en 1983, les grosses pluies de la Sème décade d'août8
(la pente devient subitement plus forte sur la figure
3) ont permis le
remplissage des casiers et par conséquent le repiquage du riz.
S'il tombe
suffisamment
de pluies en septembre et en octobre,
comme c'etait
le cas en
1984, on pourrait
s'attendre
a une recolte normale.
C'est sur cette logique
que spéculent les paysans d'oussouye.
Après le démarrage de l'hivernage
en
jui:n, ils s'attendent
& de fortes
pluies à la fin août et au début de
septembre et une fin d'hivernage
avec des pluies abondantes.
La réussite
du
riz! aquati'que est étroitement
lice a cette évolution.
Stratkies
Pavm
L'objectif
pr incipal du paysan en Basse Casamance est d'abord
de
produire une quant ité suffisante
de céréales pour l'autoconsommation,
et
ensuite de dégager un surplus commercialisable
(enquête d'opinion,
équipe
Systemes de Production et Transfert,
1983).
Au cours des 15 dernier-es
annees, beaucoup d'entre
eux ont été confrontés
à un déficit
vivrier
important,
lié ZI la baisse de la pluviométrie.
Les enquêtes menées en
1982/83 et 1983/84 dans dix villages
répartis
sur toute la région ont
révelé,
en ce qui concerne 'le bilan céréalier,
que seuls deux villages
avatent atteint
le seuil de 200 kg9 de ceréales par tête/an.
Selon une
étude récente,
pour une famille
qui consomme une ration
quotidienne
8Les h'auteurs pluviometriques
étaient
respectivement
de 232 et 212 mm
en 1982 et 1983.
gNorme minimale de consommation de la FAO.

14
régul'ière
(en dehors des circonstances
spéciales comme les festivités,
réceptions
et visites
par les étrangers)
la quantité
de riz disponible
S'épu!ise dans les six mois qui suivent la récolte
(Jolly,
Kamuanga et al,
1985).
Les paysans comblent le déficit
a la consommation en achetant
essentiellement
du riz d'importation
(brisures).
berne si d'une façon gen&ale,
on retrouve d'un paysan à un autre des
motivations
et des préférences
analogues, on constate qu'il
existe
cependant des niveaux de ressources et des opportunités
différentes
d'une
situation
agricole
à une autre.
Par exemple, la densité démographique est
supér'ieure a 60 habitants
au km2 au sud-ouest,
mais ne dépasse pas 15
habitants
au km* au nord et nord-est.
Les densittis en termes de
superficies
cultivables
sont encore plus élevées.
Ainsi, poursuivant
des
objectifs
similaires,
ils déploient
des stratégies
différentes.
Par stratbgie
paysanne, nous entendons la façon dont le paysan, en
fonction
du contexte agroclimatique
et des ressources disponibles,
planifie
et organise ses activités
agricoles
pour atteindre
les objectifs
qu'il
se
fixe.
La stratégie
est bas& sur des éléments qui ont une certaine
permanence (par exemple, la disponibilite
de terres de plateau à défricher)
et/ou des évolutions
lentes (par exemple, l'évolution
climatique
des 15
dernilres
années).
Cette strategie
est semblable pour les paysans se
trouvant
dans le même contexte et ayant les mêmes objectifs,
Une stratégie
n'estdonc
pas propre à une annee agricole.
Par accommodation, nous entendons les décisions
prises par les paysans
pour faire face a un ou des evénements précis.
C'est un ajustement
conjoncturel
à l'intérieur
d'une stratégie.
L'accomodation
a donc un
caractere
plus individuel
que collectif
et ne remet pas en cause la
stratêgie.
Ainsi, ne pas labourer après la récolte
si les pluies avortent
précocement,
changer de variétés
si l'hivernage
démarre tard, sont des
exemples d'accomodation.
On peut aussi dire que les changements dans la
Straté(gie entraînent
des modifications
du système de culture
et même du
système de production.(par
exemple, les Diola mandinguisés qui commencent a
labourer aux boeufs les rizieres
des femmes).
Les accomodations ne
modifi:ent en rien le système de culture
ou de production;
ce sont des
modifi,cations
conjoncturelles
(des variations)
dans les itinéraires
techniques.
-_

15
Un éllement essentiel
de différentiation
des strategies
paysannes en
Bas;se Casamance est la possibilité
d'accéder
aux terres de plateau.
Nous
avons ainsi identifié
deux types importants:
stratégie
de developpement
de
cultures
de plateau et stratégie
d'intensification
de la riziculture.
Par
souci de briéveté,
nous parlerons de stratégie
de plateau et de stratégie
des: rizières.
L'abondance des terres de plateau1° et l'emploi
des pratiques
culturales
qui en facilitent
l'exploitation
ont permis aux paysans des
zones au nord et nord-est
du fleuve Casamance de s'adapter
au cycle de
sécheresse actuel en mettant davantage l'accent
sur la culture
de
l'arachide,
du mil et du maïs.
En revanche, au sud du fleuve,
où l'accès
aux,terres
exondées est relativement
limité,
les paysans ont mis en oeuvre
des stratégies
basées sur l'intensification
des bonnes ritiéres,
le
développement des cultures maraîcher-es et la cueillette.
Entre ces deux
situtions
extrêmes,'on
rencontre
une zone intermédiaire
(Blouf) dont le
systeme de production
est plus ou moins bloqué car les paysans ont moins de
bonnes rizières
qu'au sud-ouest,
et moins de plateaux qu'au nord.
La Stratégie
de Plateau
Le système de production
des Diola mandinguisés de la zone de Sindian-
Kalounayes est essentiellement
axé sur les cultures
de plateau.
Ce système
présente certains
atouts qui facilitent
son adaptation
au contexte
pluviométrique
déficitaire:
il est originaire
du plateau du Mali où le mil, le sorgho et le
maïs sont connus depuis longtemps;
les paysans dans cette zone possèdent une longue expérience de la
traction
animale, ce qui explique en partie
la mise en culture
au
niveau des exploitations
de superficies
beaucoup plus importantes
qu'au sud du fleuve;
l'exploitation
agricole
se confond en général avec la concession,
qui compte le plus souvent plusieurs
ménages et a la possibilité
I"I1 est estimé que les terres cultivables
sur le plateau de Basse
Casamance représentent
plus de 150.000 ha, dont 20% à 30% sont actuellement
cultivées
(SOMIYAC, 1985).
-----
.
<_
-. ----
.~._
--

16
de mobiliser
un grand nombre d'actifs
(7 a 9 par exploitation)
dès
Te. d&but,des pluies en juin.
L'affectation
presque sfmultanee
de
tous les actifsau
Tabour.(du'plateau
par les'hommes et des
riziéres
par les fenmtes) permet d'accelérer,
la mise,'en place de la
campagne.
Le calendrier
agricole dans la zone du nord-est
(figure
$) retrace
les
grandes lignes de la mise en oeuvre du systime de culture
chez les Diola
mandinguisés.
Le maïs est semé avec les premieres pluies de juin.
Aussitôt
après, la plupart des paysans effectuent
un labour attele
(billonnage)
a l'aide
du butteur-bfllonneur,
suivi du semis de l'arachide
et du mil.
Ceux qui disposent d'une charrue UCF font un labour a plat et
I
sèment l'arachide
a l'aide
de semoirs; vient ensuite la culture
du mil dont
le labour est fait en bilions.
Au même moment ou presque, les femmes
descendent dans les vallées pour la culture
du riz de nappe dont elles
assurent toutes les opérations
culturales
jusqu'à
la récolte.
La pointe de
travail
se situe des lors en juin-juillet
(figure
4).
Tous les actifs
de l'exploitation
(concession)
sont mobilisés
entre
juin et septembre et assurent ainsi 74% du total des temps de travaux
requis pour la campagne. Selon les déclarations
des paysans, c'est
seulement en fin septembre qu'ils
sont en mesure d'apprécier
le succès ou
l'échec de la campagne en fonction
de la distribution
des pluies et de la
possibilité
qu'ils
ont eu de lever la contrainte
de main-d'oeuvre
au niveau
de l'exploitation
(Sali, et ai, 1983).
ia stratégie dite "de plateau" développée par les paysans du nord du
fleuve se caractérise.par
deux approches principales:
a) l'intérêt
manifesté
pour le semis precace;ll
et b) l'intensification
et la
diverfificatlon
sur le plateau,
ne souci d'une mise en place rapide de la campagne se manifeste
tant
pour Te plateau que pour les rizières.
Dans le premier cas, il y a une
tendance génerale à semer avant la fin du mois de juin,
comme se fut le cas
&Iivers
indices thmoignent de la forte corrélation
entre la date de
semis précoce et Te rendement (voir,
par exemple, le travail
de Sali, 1981,
à Mampplago).
En 1984, une étude du PIDAC dans le cadre du programme dit
"quartld'hectare"
indique,
sur la base d'un modele econometrique,
une perte
de 140 kg de nais par semaIne de retard aux semis, pour les champs semés
après le 15 juin en Basse Casamance.

FIGi.JRE 4. MISE'EN PLACE DE LA CAMl'AGNE 1984

18
en 1983 (annee sèche) où tous les champs de mais et de mil suivis ont été
semés vers.la
3&me semaine de juin,
et en 1984 (année plus ou moins
pluvieuse)
où plus de 80% de ces m&nes champs étaient
déja semés à la
mi-juin
(figure
4).
Dans certains
cas comme a Boulandor en 1984, le
semi$ précoce de l'arachide
a été fait au semoir sur des parcelles
n'ayant
pas reçu de labour Dans les riziéres,
le semis direct du riz de nappe par
les femmes représente
une adaptation
a la sécheresse,
surtout
pour les
villages
comme Boulandor où 84 des 90 parcelles
de riz de nappe suivies en
1984 Btaient des parcelles repiquées il y a dix ans. A Médieg, 17 des
parcelles
actuellement
en semis direct étaient
repiquées il,y a moins de dix
ans; les autres parcelles
(78%) étaient
des parcelles
de riz aquatiques
avant 1973-74. En pratique,
le semis direct
du riz de nappe au nord
intervient
vers mi-juillet,
car le sol des rizieres
est lourd et exige des
précipitations
de 100 à 200 mm pour &tre facilement
travaillé
et pour
assurer une bonne levée.
Il convient de signaler
aussi la nouvelle
technique du travail
du sol en sec (labour au fanting
par les femmes) dès le
mois de mai, l'utilisation
d!es varlbés
de riz précoces et l'introduction
du
semoïr dans les rizi8re.s comine des pratiques
qui traduisent
le même souci
d'implanter
rapidement les cultures
pour s'adapter
aux contraintes
de la
conjohcture
climatique
actuelle
(déficit
pluviométrique
et raciourcissement
de la; saison des pluies).
L'effort
d'intensification
et, de diversification
est mis en évidence
par l'accent
qui est mis sur certaines
pratiques
culturelles,
Ainsi,
le
parcage des' parcelles
du mil et de maïs, jadis peu frequent,
est devenu une
pratibue
courante dans certains
villages:
30% des parcelles
(suivies)
de
yil et de mais dans la zone de Sindian-Kalounayes
et 15% dans le FognyrCombo
ont 614 parquées en 1983-84. Plus au nord, comme a Toukara, la riziculture
a etéjtemporairement
abandonnée
depuis cinq ti sept ans, au profit
des autres
chréales,
les femmes se reconvertissent
aux cultures
de plateau pour faire
de l'arachide
et du 'sorgho en parcelles
individuelles.
D'une façon générale,
la stratbgie
"de plateau"
au nord-est est axée
sur une mise en valeur plus soutenue des terres de plateau,
comme en
témoigne la demande accrue par les paysans pour l'équipement
de traction
animale.
En effet,
les résultats
d'une enqu&te récente indiquent
de fortes
liaih
entre la présence et l'utilisation
de la traction
bovine et

19
l'importance
des superficies
cultivées
par exploitation,
d'une part,
et le
montant de la valorisation
de la journee de travail,
d'autre
part (Rapport
Annuel 1983-84, Equipe Systemes de Production).12
14 StratBgie
des Rizikes
Le systéme de production
que l'on rencontre
dans le departement
d'Oussouye, dans quelques villages
du littoral
du Blouf et dans la zone de
Ziguinchor
vers l'ouest,
tire son origine
des zones de vasiéres d'0ussouye.
Il repose essentiellement
sur la riziculture
aquatique
(repiquee).
La
division
sexuelle du travail
est complémentaire,
car les hommes s'occupent
du labour des riziéres
et des champs de plateau,
tandis que les femmes
s'occupent
du repiquage et de la recolte du riz.
Les principaux
atouts de ce systeme Diola original
sont les suivants:
l'abondance
des rizières
basses dont la teneur en argile
et en
matière organique s'élève par suite des apports importants
de
fumier,
et par conséquent,
la possibilité
d'une monoculture
intensive
de riz fs'accroît;
la flexibilité
au; niveau du calendrier
agricole
liée
essentiellement
a l'importance
du riz repiqué dans le système de
culture.
En effet,
apres le labour de fin de cycle, l'activité
la
plus exigeante en'main-d'oeuvre
reste le repiquage;
comme celui-ci
n'intervient
qu'en août-septembre,
une marge de manoeuvre
importante
existe pour les activités
du début de l'hivernage
(juin
a mi-août);
la présence de nombreux marigots et d'une ecologie forestière
de
type guinéen (a Oussouye) permettant
une diversification
des
activités
extra-agricoles.
*2Les exploitations
bien équipées de Boulandor ont une superficie
moyenne de 6,75 ha. A Mdieg où le taux d'équipement
est faible,
l'exploitation
a une superficie
moyenne de 4,2 ha. Dans les mêmes
villbges,
la productivite
dw travail
s'eleve
à 770 francs CFA/jour pour les
exploitants
en culture
attelee
et 500 francs CFA/jour pour la culture
manuelle.

20
Ici, la campagne demarre lentement avec la mise en place des
arachides et des pépini&res de riz qui se termine normalement vers le mois
de juillet.
Le labour est effectué
au cayendo, instrument
manuel
traditionnel
pour la confection
des billons;
les surfaces labourées ainsi
sont limitées.
Avec l'inondation
des ritiéres
vers mi-aolit et septembre,
le labour et le repiquage des rizières
restent les activites
dominantes,
occasionnant
une pointe de demande de main-d'oeuvre
(figure
4 et d
ci-dessus).
'Le systeme du sud-ouest est efficace
quand la pluviometrie
est
"normale" (I.300-I-400
mn au minimum) et que l'inondation
des ritieres
intervient
des la fin du mois d'août.
En effet,
avant l'installation
du
présent cycle de sécheresse, ce systeme permettait
une riziculture
a forte
intensite
de travail
dont la productivité
suffisait
à supporter
une densité
de 6s habitants
au km2 (Linares,
1981).
'Dans la conjoncture
climatique
actuelle,
les paysans de la zone
rizicole
du sud-ouest exploitent
au mieux les marges de manoeuvre et la
flexi:bilite
que leur offre le systeme a travers une série d'accomodations.
,D'abord, par suite de la sécheresse, le labour de fin de cycle est de
moins en moins executé, car le sol est dur apres la récolte
en
décembre-janvier.
Pour une pratique jadis courante,
il n'y avait en 1984
que 2& des parcelles
suivies a Boukitingo et 0,08% a Loudia-Ouolof
ayant
fait l'objet
d'un labour en fin d'hivernage.
Actuellement,
le premier
labour se fait en juillet
suivi d'un deuxiéme labour en aoilt.
Cet
ajustement alourdit
le calendrier
de travail
en hivernage.
Certains
paysans ne font plus que le seul labour de fin août.
Ensuite, on constate que la surface mise en culture
sur le plateau est
fonction
de l'impression
que se font les paysans du demarrage de
l'hivernage.
En 1983, année durant laquelle
la pluviométrie
fut faible
en
juin et juillet
(375 mm), 73% des paysans suivis ont augmenté leurs
surfaces d'arachide
de pres de 30%. En 1984, année pluvieuse
(475 mm de
pluie en juin .et juillet),
75% des paysans du même échantillon
ont réduit
leur surface d'arachide
pour consacrer davantage de temps de travail
aux
rizières
aquatiques.
En plus, les paysans attendent
necessairement
l'inondation
des casiers
(fin août-début
septembre) pour déterminer
le nombre de riziéres
a repiquer.

21
Ceci leur donne la possibilité
d'epargner
la main-d'oeuvre
et de concentrer
les efforts
sur les bonnes rizieres
(inondées et désalees).
Le suivi .des
trots dernlères
années indique qu'approximati,vement
deux tiers
des rizieres
aquatiques
sont ainsi abandonnées.
Cette approche silective
constitue
un
avantage pour la culture du riz repique par rapport au riz de semis direct.
Malgré son potentiel
de rendement plus élevé, sa culture
est plus vulnérable
dans ce contexte.
Ainsi en 1983, 43% de parcelles
de riz de nappe (semées
en juin-juillet)
ont été sinistrées
contre 38% pour l'ensemble
des parcelles
rep!qu6es.13
Enfin, selon la configuration
de l'hivernage,
la disponibilité
et la
disposition
des rizières
à différents
niveaux de la toposéquence,
les
paysans pratiquent
une mise en place échelonnée des pépinières
qui permet
d'étaler
la période de repiquage.
D'apres nos enqu&tes en 1983 (début
d'hivernage
déficitaire)
il y a eu 2% de pépinières
semées en juin,
89%
en jiuillet
et 9% en aoQt.
Le début de l'hivernage
1984 ayant été humid on
dénombrait 24% de pépinieres
Semée$ en juin,
58% en juillet
et 18% en août.
On constate cependant quelques stratégies
d'adaptation
a la sécheresse,
notamment par le biais de l'intensification
de la rizfculture,
du
déve;loppement actuel des revenus non-agricoles
et de l'ampleur
de la
migration
des jeunes (36% des actifs
dans certains
villages
du Blouf).
Un
exemple typique d'adaptation
de la stratégie
de rizières
par
l'in&ensification
est donné par le village
de Mangagoulak sur le littoral
sud-ouest du Blouf.
En réponse au déficit
pluviométrique
et devant une
disponibilité
trés faible
en terres de plateau,
la riziculture
aquatique y
est devenue très intensive
(210 journées-hommes/ha)
avec un rendement moyen
de 2.800 kg/ha.
Les paysans apportent
beaucoup de soins aux pépiniéres
et
;13 Notre analyse des sdries chronologiques
(25 ans) de la DGPA montre
effectivement
une correlation
significative
(t
_
_
0,59**)
entre la superficie
repiquée et la pluviométrie,
et une corrélation
faible
et non significative
(tsO,16) entre la pluviometrie
et les rendements en paddy.

22
étaljent d'importantes
quantités
de fumier sur les riziéres
(Salt, et al,
194, .14
Les activités
extra-agricoles
(p&che, cueillette,
récolte
de vin de
palme et des palmistes)
et la culture mara'ichere en contre-saison
conitituent
a l'heure
actuelle
une source.importante
de revenus monétaires
chez les paysans Diola du Sud. Pour Loudia-Ouolof
et Boukitingo,
par
exemple, on a pu montrer que les revenus procurés par l'ensemble
de ces
acti'vités
representent
respectivement
122 et 15D% du revenu agricole
monéiaire de l'exploitation
(Sali, et al, 1984).
Une portion
substantielle
de ces revenus sert à l'achat
de riz blanc pendant la période de soudure.
Les Adaptdfons
dans la Zone de Transftfon
De par sa situation
au nord du fleuve et en amont des bolongs, le
Blouf reçoit moins de pluies que le sud-ouest rizicole
(la moyenne de trois
ans a Tendimane est de 765 mm contre 1.067 mm à Loudia-Ouolof).
Les paysans
disposent de tres peu de rizières
aquatiques basses.
Ils cultivent
des
rizières
hautes encore productives
mais la disponibilite
par tête des terres
de plateau reste faible
comparativement
à la situation
dans le nord-est.l5
Une des conséquences de cette situation
est l'adoption
progressive
du
semis direct du riz dans les riziéres
qui étaient
jadis régulierement
repic$uées et l'évolution
du systeme vers une'agriculture
de plateau.
En
1984, presque toutes les rizieres de nappe suivies a Sue1 et 20 des
31 riziéres
suivies a Tendimane, qui étaient
il y a dix ans des rizières
aquatiques
(repiquées),
sont aujourd'hui
converties
au semis direct.
'Le systéme de production
restant
fondamentalement
de type Diola, le
paysan du Blouf est encore préoccupé par le suc&
de sa riziculture.
Dès
lors, sa strategie
sur le plateau est déterminée par le type de rizieres
encore à sa disposition.
Par exemple, h Sue1 où les riziéres
sont hautes et
'14Cette derniere pratique
est genérale a Loudia-Ouolof
et à Boukitingo;
ZI Tendimane les 'femmes repandent aussi des feuilles
de manguiers dans les
riziéjes.
i15La disponibilite
des terres de plateau par habitant est lice a la
densite de la pgpulation
rurble qui est approximitivement
de 20 a 35
habitants
au km , contre 10 B 15 habitants au Km dans le nord-est.

23
sableuses, le paysan préf$re d'abord
le labour et le sarclage de l'arachide
avant de descendre labourer les riziéres
dont il estime les rendements peu
élevés.
A Tendimane où les rizières
sont plus argileuses
et gardent un
certain potentiel
de rendement, les hommes' partagent
leur temps entre le
labour de l'arachide
et celui des parcelles
de riz de nappe.
La stratégie
de plateau est axée principalement
sur le mil dont
l'adoption
remonte a un passé tres recent.
La culture
du mil commence a
entrer en compétition
avec l'arachide
pour la vente et pénétre timidement
dans le régime alimentaire
longtemps dominé par le riz.16
Une autre
adaptation
a la sécheresse (à laquelle
on ne fait pas souvent reférence)
est la migration
des jeunes vers les villes.
Le taux atteint
36% dans
certains
villages
du Blouf.
La migration
diminue le nombre d'individus
a
nourrir
et represente,
dans certains
cas, une source de revenus aux
exploitations,
à travers le transfert
de l'épargne
des migrants.
Les
stratégies
que nous venons de présenter
s'inscrivent
dans un schéma
évolutif
mis en oeuvre au niveau des unités de production
dont les
carzctéristiques
sont assez tranchées entre le nord et le sud de la région.
Nous; en examinons les éléments essentiels
(tableau 3) avant de situer
l'effort
de recherche en cours.
Caractéristiques
Comparées des Exploitations
du JJwd et du Sud
La taille
des exploitations
est grande au nord en termes de nombre
d'actifs
et de superficies
totales
cultivées.
Le premier aspect tient
avant tout à l'organisation
sociale au sein des groupes familiaux
(grandes
concessions à plusieurs
ménages sous l'autorité
du patriarche
du lignage);
le deuxibme est lie a l'utilisation
de la traction
bovine.
De par son
auto,nomie agricole,
le ménage correspond,a
une exploitation
agricole
au sud.
Le nombre d'actifs
est reduit
(2 a 5) et l'emploi
des outils
manuels
(cayendo) pour le labour limite
la surface totale
qui peut être mise en
cultwe.
T6Les superficies
de mil a Tendimane qui représentaient
7% du total en
1982 ont atteint
12% en 1983 et 16% en 1984.
--

24
TARLEAU 3
CARACTERISTIQUES
DES EXPLOITATIORS AU RORD
ETWSU5DElABASSEtZA!MWCE'
Exploitation-type
Exploitation-type
"axde 5ur les cul-
"axbe sur le
tures de plateau"
riziculture"
1.
Dimension moyenne (ha)
de B'exploitation
6,21
1,55
2.
Nombre moyen d'actifs/
exploitation
7,2
471
3.
X de terre exploitee
sur le plateau
86
59
4..
Pourcenta e de temps de
travaux a 9 fecte aux
cultures
de plateau
(mil, arachides,
ma?s)
65%
46%
5.
Pourcentage de temps
de travaux alloué au riz
35%
54%
6.
Rendements (kg/ha)
Rendement moyen de maïs
838
221
Rendement moyen d'arachide
954
621
Rendement moyen de miil
539
Rendement moyen de riz
1.511
888
7.
Pourcentage du revenue
non-agricole
dans le
revenu total
20%
59%
aDeux situations
extr6mes sont comparées.
Les données sont
obtenues & partir
des enquêtes effectuees
a Boulandor et Médieg,
considérés comme villages
types du nord et Loudia-Ouolof
et Boukitingo,
villages
types du sud. A l'exception
des pourcentages
des temps de
travaux,
calcules
sur deux ans (1983 et 1984), les données au niveau
des autres rubriques
sont des valeurs moyennes calculées
sur trois
ans
(suivi agronomique).

25
Au nord, la demande de credit pour l'achat
d'équipements
et de
materie
(charrue,
semoirs) est plus forte.
L'accent
est mis sur
l'arachide,
culture
de rente.
Au sud, les paysans sollicitent
la société
de développement pour le crédtt
de campagne (engrais surtout)
et pour le
labour des riziéres
au motoculteur.
L'accent est mis sur le.riz,
culture
d'autoconsommation.
L'exploitant-type
du nord a plus de 80% de ses terres
sur le plateau
et y affecte
une proportio'n
importante
des temps de travaux
(65%). A
Oussouye, l'exploitant-type
cultive
50% à 60% de ses terres
sur le plateau,
mai's n'y consacre que 46% de la main-d'oeuvre.
Cette répartition
des efforts
entre le plateau et les rizières,
ainsi
que la nature des pratiques
culturales
mises en jeu dans chaque zone,
expliquent
pour l'essentiel
les différences
dans les rendements des
cultures.
Pour le maïs, le facteur limitant
reste l'emploi
de la fumure, Au
nord, les champs de case sont parques, ce qui conduit a des rendements
proihes d'une tonne/ha.
A'Oussouye, le fumier et la poudrette
des bovins
sont rkservés aux ritieres
dont le tiers est fumé en moyenne par an.
Pour
l'arachide,
le sarclage est le principal
facteur
qui limite
les rendements.
A Boulandor et Médieg (villages
du nord) l'intervalle
semis-sarclage
est
d'environ
31 jours en moyenne; il est plutôt
de 45 jours a Oussouye.
Le
faible
rendement de l'arachide
s'explique
aussi par l'utilisation
de
varietés
locales,
relativement
peu productives
(mais qui ont l'intérêt
d'être
assez compétitives
vis-à-vis
des adventices,
en raison de leur port*
semi-erigé).
Quant au riz, la difference
de rendement tient
au type de riz cultivé
(riz de,nappe.au
nord, riz aquatique au sud).
L'insuffisance
d'eau dans les
riziéres
retarde beaucoup le repiquage.
Il faut attendre
souvent jusqu'à
la
fin de la Premiere décade de septembre quand la hauteur des précipitations
atteint
700 mm (voir figure 3).
Il ne reste,
en ce moment, qu'une trentaine
de jours de pluie,
et la moyenne de 300 a 400 mm qu'on peut recuei.llir
est à
peine suffisante
pour permettre
au riz de boucler son cycle.
Ainsi,
au
moment du remplissage des panicules,
les plantes subissent un stress
hydrique fort klevé.
Le riz de nappe, en revanche, profite
des
precipitations
accumulees tout le long de la saison lorsqu'il
est cultive
en
semis-direct.
Nous avons obtenu, deux années sur trois,
des rendements de
-
._- .-- __

26
l'ordre
de 1.'800 kg a l'hectare.
Par exemple, a Boulom, village
proche de
Ziguiinchor,
le syst&me de culture du riz est en transition.
Les paysans
conmtencent à proceder au semis-direct
dans les casiers qui etaient
récemment
repiquds.
Nos résultats
sur deux ans indiquent,
pour le riz en semis-
direct,
un rendement legerement supérieur
à.celui des casiers repiqués
(respectivement
1.112 kgfha et 940 kg/ha).
Neanmoins, le riz en semis-
direct
reste beaucoup plus exigeant pour le travail
(264 journies-hommes
conty
187 pour le riz repique).
:Enfin, la difference
entre les exploitations
du nord et du sud du
fleuve se situe aussi au niveau de l'importance
relative
des activités
non-agricoles
dans la formation
du revenu familial.
Au sud, cette
contribution
s'eleve
a pres de 6MI contre 20% pour les exploitations
du
nord.
ce document est axe sur les stratégies
paysannes d'adaptation
a la
sécheresse, telles
que nous les avons observées et analysees depuis la mise
en place de l'équipe
Systèmes de Production et Transfert
en 1982.
Bien
qu'il
ne soit pas possible d'appréhender
et d'apprécier
tous les
ajustements subtils
du paysan confronté
au present cycle de sécheresse,
la
démarche systematique
nous a néanmoins permis de mieux cerner sa logique,
ses motivations,
ses aspirations
et les potentialites
de son milieu.
Après
les enqu&tes exploratoires
et les premiers suivis agronomiques des parcelles
de culture,
nous avons pu dégager quatre principaux
themes de recherche en
relation
avec les preoccupations.actuelles
des paysans de Basse Casamance et
les orientations
de la Société de développement.
Ces thèmes sont
schém@is& P la figure 5.
En repense au présent cycle de sécheresse, l'effort
d'intensification
s'est porté sur les bonnes terres:
les terrains
récemment défrichés,
les
terres enrichies
par le parcage, et les terres humides en bas de la

[NTENSIFICATION
1
(IRAI 133; DJ-
12-519)
ri6tal
---
Yiib6 (58-57
Scryks ~V?,VO
nappe
Riz
.-Te
-
--4emq&l~
FIGURE 5. SCHEMA SYNTHETIQUE DES THEME$ DE RECHERCHE
DE L'EQUIPE SYSTEME EN BASSE-CASAMANCE

28
topqsequence.
Deux approches complémentaires
sont utilisées:
a)
l'amelioration
de la productivité
de la terre,
et b) l'augmentation
de la
productivjte
du travail.
Dans le nord, l'accent, est mis sur les cultures
exondees et l'emploi
de
la Traction
bovine, qui permet de demultiplier
les efforts
consentis par les
paysans.
*
En ce qui concerne l'amêlioration
de la productivité
de la terre,
des essais de fertilisation
de mais, de l'arachide
et du riz
denappe ont eté mis en place.
En g0néra1, les doses utili;ées
correspondent
aux recommandations des "thèmes légers"
(100 kg de
8:18:27 et 100 kg d'urée h l'hectare
pour les céréales et 75 kg de
8:18:27/ha
pour l'arachide),
qui paraissent
rentables
compte tenu
du faible
niveau de technicité
du paysan et les aleas climatiques
actuels.
Les varietés
améliorées de riz de nappe testées en
m'ilieu paysan ont fait
leur preuve grâce B 1 eur cycle court,
à
leur tolérance
h la pyriculariose
et a l'appréciation
favorable
de
leur type de grains par les paysans.
Par exemple, la DJ-12-519 et
l’IfViT 133 ont demontré en essai variétal
des possibilités
de
rendement de 3.550 et 2.700 kg/ha respectivement,
En essai en
vraie grandeur,
ces variétés
ont atteint
un rendement supérieur
d'au moins 20% a celui des variétés
locales (8 sur 13 fois).
Pour la productivité
du travail,
le suivi agronomique et les
essais en milieu paysan montrent que la contrainte
principale
à
lever se situe au niveau de l'intervalle
semis-sarclage.
Un
intervalle
de temps plus long a un effet
dépressif
sur les
rendements des cultures
de plateau.
Des essais de sarclage
mecanique ont été conduits.
En l'absence
d'un équipement de
sarclage approprié,
la charrue UCF a été employée avec succès,
conduisant
a un gain de temps de pres de 60% par rapport
au
sarclage,manuel
pour le même niveau de rendement chez les
paysans.
Dans les rit;Bres
de nappe, l'accent
est mis sur la maîtrise
des
adventices au moyen des herbicides
et la pratique
du semis en ligne.
L'int$rêt
des herbicides
réside essentiellement
dans le gain de temps de
sarcl;ige qu'ils
procurent
(les temps de travaux de sarclage peuvent être

29
réduits jusqu'au
tiers de ce qui est requis pour les parcelles
non
traitées).
L'introduction
du semoir dans les riziéres
de nappe '(cas de
Boufandor) permet un gain de temps au sarclage dû au semis en ligne (le
temps de sarclage est réduit de moitié par rapport aux parcelles
semées à
la volée).
Cependant, il n'y a pas d'économie particulière
de temps de
semis en soi, au contraire,
car le semis à la volée reste plus rapide,
Dans la zone rizicole
au sud du fleuve,
l'intensification
a travers
l'amélioration
de la productivité
par unit6 de surface a concerné
essentiellement
les champs de case.
Il s'agit
des aires clôtures
qui
reçoivent
les ordures ménagères et, dans certains
cas, dont une partie
est
parfois
réservée aux arbres fruitiers.I'
L'effort
de l'équipe
est axé sur
le maïs et le manioc.
Les résultats
des deux derniéres
années indiquent
qu'on peut, dans de bonnes conditions,
porter le rendement du maïs à 2.000
kg/ha, L'humidité
élevée du mois de juillet
et l'hydromorphie
temporaire
qui
en résulte
ont un effet dépressif
sur les rendements du maïs.
L'équipe
travaille
aussi sur les nouvelles variétés de manioc, qui montrent une
certaine
tolérance
aux cochenilles
(Phanacocus manihoti)
et au virus de la
! 1.
mosaique.
Les essais d'orientation
sont en cours.
En ce qui concerne les riziéres
régulièrement
inondées (sans problème
de s.alinité
ni de toxicité
ferrique),
l'intensification
porte sur la
fertilisation
et le comportement variétal.
Les résultats
récents indiquent
que la variété
DJ-684D a un rendement moyen de 2.600 kg/ha qui représente
une augmentation de 54% par rapport au rendement des variétés
locales.
En l'a'bsence de traction
bovine, on vise a améliorer
la
productivité
du travail
a travers l'adoption
des pratiques
de travai 1
manuelles plus performantes.
Certaines pratiques
traditionnelles
du sud,
contsairement
à une idée couramment répandue, s'avèrent
performantes
et
justifient
la logique paysanne, Ainsi, les tests révèlent
pour les r izières
hautes comme pour le maïs que le labour en billon
est plus rapide et permet,
à rendement égal, un meilleur
contrôle de l'enherbement
que le labour à
plat.
17Un volet de recherche sur l'arboriculture
villageoise
sera mis en
place prochainement.

30
Il s'agit
d'insérer
dans le calendrier
agricole des cultures
que l'on
peut semer vers la fin de la saison des pluies sans trop surcharger
l'emblol
du temps des paysans.
Dans les zones où domine la stratégie
de
'plalteau"
(villages
du nord), l'objectif
est d'étaler
l'es activités
agricoles
(augmenter 1"intensité
culturale)
avec des cultures
que l'on peut
s>mer dès la fin du gros travail
de semis et de sarclage des arachides
(voir
figure 4).
Le sorgho et le niébe jquent bien ce r6fe.
Depuis trois ans, au
cours des tests de comportement du sorgho, les variétés
V2 et V6 ont eu un
rendement moyen (950 kg/ha) trois
fois supérieur
au rendement des variétés
locailes (315 kg/ha).
En tests en vraie grandeur,
ces variétés
ameliorées semées'entre
le
ler et le 10 août ont maintenu dans tous_les cas la même performance
(rendement moyen 1.011 kg contre 383 kg/ha).
Dans les tests de
comportement de niébe (varieté
58-57) semé entre le 15 août et le
ler septembre, le rendement moyen est de 775 kg/ha contre 248 kg/ha pour la
Vari&e locale.
La diversification
dans la zone rizicole
du sud vise la réduction
du
risque de disette
au cours d'une année séche quand le riz aquatique
ne
réus$it
pas,
En effet,
comme on l'a indiqué plus haut, l'e repiquage
n'intervient
qu'en fin ao0t ou au début septembre.
Oès lors, si la
pluviométrie
est déficitaire,
il est souvent trop tard pour semer une autre
ceréale pour combler le déficit.
.C'est dans cette optique que l'équipe
a
commence à travailler
sur le niebé et les patates douces comme "culture
de
rattrapage."
Les résultats
de trois dernières
annees pour le niébé
(variéte
58-57) indiquent
qu'on peut atteindre
un rendement moyen de 496
kg/ha contre 103 kg/ha pour la varieté
locale;
ceux de deux années d'essai
pour les patates douces mont,rent que la variété
NDargu, semée sur le
plateau entre le 15 aoiit et15
septembre, permet d'obtenir
un rendement de
l'ordre
de 5.000 kg/ha contre une moyenne de 1.911 kg/ha pour la variété
locale.

31
Ce theme, specialement
appliqué dans la zone du sud, recoupe les deux
premiers (intensification
et diversification).
La patate douce est testée
dans les villages
d'oussouye comme culture de contre-saison
que l'on
installe
des la recolfe du riz.
Elle peut ainsi Gtre repiquée dans les
rizléres
de nappe a la mi-octobre
et boucler son cycle à l'aide
de la
rosee matinale et de la remontée capillaire
(rendement moyen: 2.500 kg/ha).
Par'contre,
dans les casiers de riz aquatique,
la patate douce ne peut être
repiquée qu'au début de janvier
et nécessite un arrosage pendant les deux
premières semaines pour la reprise des boutures avant de boucler son cycle
uniquement à l'aide
de la remontée capillaire
(rendement moyen: 4.200
kg/ha).
Une proportion
substantielle
de rizieres
hautes, au nord comme au sud
du fleuve,
a été abandonnée par insuffisance
d'inondation
attribuable
A la
baisse marquée de la nappe phréatique.
Certaines riziéres
basses sont
sursalées par le courant d'eau et la remontée de la nappe des bolongs.
On
estime que plus de deux tiers de rizieres
anciennes ont été ainsi
abandonnés.18
Notre intervention
sur les rizières
hautes abandonnées va dans le sens
de l:eur valorisation
par la mise en place d'une culture
exondée dont les
besojins en eau sont faibles,
et qui est peu exigeante vis-a-vis
du
sarclage.
C'est le sens des essais de maïs, de sorgho, de patate douce et
de niebé menes a la station de Djibelor.
Sur ces riziéres
abandonnées, le
maïs a produit mieux que le riz, sans parler du gain enregistré
sur le temps
de sarclage.
Il y a un an, le sorgho et les patates douces ont été ajoutés
au dCspositif
expérimental
(semis le 13 août) avec des rendements de 1.000
et 3.300 kg/ha respectivement,
supérieurs au rendement de 800 kg/ha de riz
sur la parcelle
témoin.
18Renseignement recueilli
au cours des onqu&tes exploratoires.

32
Pour les rizieres
salbes, l'équipe
travaille
en collaboration
avec un
hydraulicien
pour le travail
du sol, l'tkartement
des drains et le contrôle
de lb marée, techniques
susceptibles
de faciliter
le lessivage
des sels.
La Basse Casamance a un potentiel
agricole
plus important
que les
autres régions du Sénégal.
La sécheresse qui dure depuis les années 70 et
qui se caractérise
par une réduction
des pluies et du cycle, a entraîné
des
chanaements profonds dans les systemes de production
locaux.
La
détérioration
des conditlon$
de production
se traduit
par une dégradation
de
la situation
céréalière
des exploitations
agricoles
dans beaucoup de
villages.
Les statistiques
agricoles
regionales
indiquent
une chute de plus
de 50% des surfaces totales
semées au cours des vingt dernières
années.
Pour le riz la chute est encore plus grave, 77% dans le département
de
Bignona.
:Mettant
en oeuvre une approche systémique, l'équipe
SPT de I'ISRA à
Djibelor
a pu délimiter
cinq situations
agricoles
en Basse Casamance.
Elles prdsentent
chacune des atouts qui facilitent
l'adaptation
ou
l'accomodation
au présent cycle de sécheresse, et des contraintes
spécifiques
qui appellent
des solutions
localisées.
Nous avons traité
dans
ce document de deux situations
agricoles extrêmes:
la zone de
Sindian-Kalounayes,
au nord-est du fleuve Casamance, et la zone d'oussouye
au sud-ouest.
Elles présentent
un contraste
net sur le plan du système de
culture,
de l'évolution
du calendrier
agricole,
de la structure
des unités
de production
et par conséquent,
sur le plan des adaptations
a la
conjoncture
climatique
actuelle.
La recherche agricole
et la société
régionale
de développement doivent prendre en compte ces variations
et ces
differences
dans les systèmes de production
pour répondre au défi du
développement rural.
Il n'ex iste pas de SO lution unique aux problémes
agricoles
en Basse Casamance.

Direction
Génerale de la Production Agricole.
1983.
Rapport Annuel,
Ministère
du Developpement Rural.
Ziguinchor.
ISBA, Departement Systèmes de Production.
1984. Conception et Mise en
Oeuvre des Programmes de Recherche sur les Systémes de Production.
Actes de l'Atelier
de Ziguinchor,
26-28 avril 1984.
Travaux et
Documents du Departement Systemes et Transfert,
No 1.
JolIy, C.; M. Kamuanga; J. Posner et S. Sali.
1985.
La Situation
Cerealière
en Milieu Paysan de Basse Casamance: Résultats
d'une
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Document de Travail,
Departement Systèmes de
Production,
ISRA.
Linares, Olga.
1981. From Tidal Swamp to Inland Valley:
On the Social
Organization
of Wet Rice Cultivation
Among the Diola of Senegal;
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55(22):557-595.
Salf, S.; M. Kamuanga et J. Posner.
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La Recherche sur les Systèmes
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1984.
La
Recherche sur les Systemes de Production en Basse Casamance. CRA de
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Sali. S. 1981. Contribution
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SOHIVAC. 1985. Evaluation
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BEEP, janvier.
33