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INSTlTUT SENEGALAIS
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MINISTERE DE LA WCHERCHE
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DE RECHERCHES
.) rî,+p ;r
AGRICOLES
SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE
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iE. 5m
DEPARTEMENT DE RECHERCHES SUR LES
Dw
SYSTEMES DE PRODUCTION ET LE TRANFERT DE
DE TECHNOLOGIES kri MILIEU RURAL
L A
BASSË
CASAMANCE:
1

O R G A N I S A T I O N S O C I A L E , S Y S T E M E
F O N C I E R E T
M I G R A T I O N
( S Y N T H E S E
BIBLIOGRAPHIQUE
9
,
MEMOIRE DE STAGE PRESENTE POUR LA CONFIRMATION
par Made Bandé DIOUF Sociologue: Docteur de 3B’qe Cycle
I
EQU!PE S Y S T E M E S DE P R O D U C T I O N B A S S E C A S A M A N C E
CENTRE DE RECHERCHES AGRICOLES DE DJIBELOR

--
L/ ABLE DES MATIERE /r
-------------------
INTRODUCTION ET
METHODOLOGIE
----------^---------------------
P . l - 5
,*-*-*,*-a,*-*,
CHAPITRE 1. -
L'ORGANISATION SOCIALE CHEZ LES DIOLAS DE BASSE-CASAMANCE.-p.6
--------------------____________y_______-----------------
1, 1.
Structure de l'habitat et structure familiale.
P. a.-
1, 1.1.
La structure de l'habitat.
P. 8.-
1, 1.1.1,
Le village et son terroir.
P. a.-
1, 1.1.2.
Village, quartier et concession.
P. 9.-
1, 1.2.
La structure familiale : le clan , le lignage et le segment
de lignage.
P.lO.-
1, 2.
Structure familiale et fonctions economiques.
P.12.-
1, 2.1.
Les systèmes de production de Basse-Casamance.
P.lO.-
1, 2.1.1.
La situation dans le Sud.
P.14.-
1, 2.1.2.
La situation dans le Nord "mandinguisé".
P.16.-
1, 2.2.
Eléments de définition des exploitations agricoles à travers
les zones d'intervention de l'équipe Système.
P.18.-
1, 2.2.1.
Situation Administrative et Territoriale.
P.18.-
1, 2.2.2.
Définition de l'exploitation dans les zones à système de
production Diola.
P.19.-
1, 2.2.3.
L'exploitation agricole dans les zones à système de produc-
tion Mandingue.
P.21.-
CHAPITRE II.-
L'EVOLUTION DU SYSTEME FONCIER EN BASSE-CASAMANCE.-P.23,-
-_------------------___^________________---------
2, 1.
Le système foncier Diola.
P.23.-
2, 1.1.
L'idéologie religieuse de la terre.
P.23.-
2, 1.2.
L'accès à la terre et ses conséquences dans le système foncier
ancien.
P.25.-
2, 1.2.1.
L'Endocession définitive.
P.26.-
2, 1.2.2.
L'Exocession temporaire.
P.29.-
2, 2.
La loi sur le domaine national : Ses modalités d'application
et ses conséquences Socio-Economiques.
-
P.32.-
2, 2.1.
Les modalités d'application.
P.32.-
2, 2.2.
Les conséquences Socio-Economiques.
P.34.-
. . . / . . .

2, 2.2.1.
Les conflits et I,r réglement dans la sous-préfecture de
Loudia-Ouolof
: ploitation des régistres de dél.ibération.P.35.-
I
2, 2.2.2.
La situation des pkysans d'origine étrangère.
P.38.-
C O N C L U S I O N
_____--------------
P.40.-
CHAPITRE III.-
LA MIGRATION EN BASSE-CASAMANCE.-
_____---_-------___------------
P.42.-
3, 1.
Objectifs et Méthodologie.
P.42.-
3, 2.
Les causes et les conséquences de la migration en Basse-
Casamance.
P.4?.-
3, 2.1.
Les causes historiques de l'immigration.
P.47.-
3, 2.2.
Les causes historiques de l'émigration.
P.48.-
3, 2.3.
Les causes actuelles de l'émigration.
P.49.-
3, 2.4.
Les conséquences de l'émigration.
P.51.-
- Analyse Somaire des Résultats de Terrain.
P.53.-
C O N C L U S I O N
-----___-______----
P.54.-
CHAPITRE IV.-
PROPOSITION D'UN PROGRAMME DE RECHERCHE PLURIDISCIPLINAIRE :
------------------------------------------------~---------
OBJECTIFS ET METHODOLOGIE.
P.56.-
-__---_-_----___---------
4, 1.
Programme Proposé.
P.56.-
4, 1.1.
Analyse des stratégies familiales de production.
P.56.-
4, 1.1.1.
Les stratégies de production Agricole.
P.56.-
4, 1.1.2.
Les stratégies de production Animale.
P.57.-
4, 1.1.3.
Etude de l'organisation horizontale et l'impact des
P.58.-
Sociétés de travail dans le fonctionnement des systèmes
de production.
4, 1.2.
Etude du Système Foncier.
P.58.-
4, 1.3.
L'exploitation forestière.
P.59.-
4, 1.4.
Etude de la migration.
P.60.-
4, 1.5.
L'impact des thèmes techniquessur l'organisation sociale. P.61.-
4, 2.
Méthodologie*Proposée.
P.61.-
C O N C L U S I O N
FINALE.
_----------------------------
P.64.-
BIBLIOGRAPHIE.-
P.66.-
ANNEXES.-
1. . - GENEALOGIES.-
2. - TABLEAUX (Migration).-
3. - LEXIQUE DES TERMES DIOLA.-

Dl
-o-
L/( E M E R C I E M E N T //
-o-
--c------------------ -
-o-o-o-o-o-o-o-
Ce travail a été repris et amélioré grâce au concours de
J. FAYE et des membres de l'équipe système de Djibelor.
Le document de base doit beaucoup cependant aux personnes suivantes :
- J.
BINGEN
(D. Système).-
- Salif
MBAYE
(Archives Nationales).-
- Alexandre
DIONE
(S.O.M.~.V.A.C.).-
- Khaïrou
CISSE
&S.R.A.).-
- Aux enquêteurs de l'équipe système, plus particulièrement
K. KONTE,
A. SAGNA,
L. SONKO et CAMARA.-
Nous les remercions très sincèrement.-
-o-o-o-o-o-o-o-o-o-

,+-
L- NTRODUCTIO /ï>/
-*-
___------- - -
-*-+-+-*-
Située à l'extrémité Sud-Ouest du Sénégal la Basse-Casamance s'étend sur
7.300 km2 entre la savane et la brousse tropicale.
Sur le plan humain sa population composite est de 292.000 habitants (re-
sencement de 1976). On y trouve, en dehors des Diola qui constituent l'écrasante
majorité (250.000 personnes) soit plus de 85 % de la population globale, de
nombreuses ethnies venues principalement de Guinée Bissau (Manjaque, Mancagne,
Balante, Papel) etc. Les Baïnounk, considérés comme les premiers habitants de
cette région sont aujourd'hui extrèmement minorisés et tendent à se fondre parmi
les autres groupes, en particulier dans le groupe dominant des Diola.
Les Diola eux-mEmes ne constituent guère une ethnie homogène : ils sont
divisés en plusieurs sous-groupes isolés entre eux par les nombreux cours d'eau
et les forêts.
Ce phénomène physique trouve son corollaire dans une diversité culturelle
étonnante et dans l'absence, sur le plan historique d'unités territoriales
étatisées. Ainsi, au nord du fleuve il y a le groupe des Fogny et des Boulouf,
au centre on trouve les Bayotte et les Diola du Bandial, au Sud ceux du Kassa
et du Kabrousse. Cette présentation très schématique cache en effet les particu-
larités humaines et c,ulturelles qui caractérisent chaque pays Diola.
Sur le plan administratif, la Basse Casamance vient d'être errigée en une
région qui porte le nom de Ziguinchor (ancienne capitale de l'ex-ré,gion de
Casamance). Cette réforme entrée en vigueur au mois de juillet 1984, regroupe
les trois départements de Ziguinchor, de Bignona et d'0ussouye.
Sur le plan économique la Basse-Casamance, du fait même de son potentiel
physique, occupe une place prépondérante dans la stratégie agricole du Sénégal.
Les objectifs du sixième plan portent sur le développement de la riziculture
grâce notamment à la construction de 'barrages anti-sel devant perme,ttre le
dessalement de 70.000 ha de mangrove rizicultivable : Guidel, Bignona,
,.,
Kamobeul,
Baïla et Soungrougrou.
Pour coordonner et exécuter ce programme la Société de Mise e:n Valeur
de la Casamance (S.O.M.I.V.A.C.) a été créée en 1976. Cette dernière a 'élaboré
un plan directeur qui comprend trois grands projets : le Projet de 3éveloppement
Rural de Sédhiou (P,R.S.) ; le Projet de Développement Intégré de la Basse-Casa-
mance (P.I.D.A.C.)
-_I
; les Aménagements et barrages antisel.
. . . / *..

Cependant les espoirs fondés sur la Basse-Casamance ne se sont pas
encore matérialisés : le déficit vivrier loin d'être résolu s'accentue d'année
en année ; la production nationale de riz (98.000 t) dont 57.000 t pour la
Casamance, est nettement insuffisante et même décevante comparée aux investisse-
ments consentis dans ce domaine.
La Basse-Casamance a connu ces dernières années une baisse de la pluvio-
métrie qui a eu de graves conséquences sur le régime des eaux et sur la rizi-
culture : la salinité s'est accentuée et l'écosystème de la mangrove s'est
détérioré entraînarkl'acidification irréversible de nombreuses terres et l'aban-
don massif de rizières salées.
Cette situation soulève un certain nombre de questions : les terres
rizicultivables ayant échappé à ce*s phénomènes physiques ne peuvent pas nourrir
une population qui connaît une forte croissance démographique et donc un dévelop-
pement de plus en plus important de l'exode rurale. Il convient alors d'améliorer
les systèmes de production en développant les cultures céréalières de plateau
pour faire face aux besoins alimentaires de ces populations.
Dans cette prespective 1'I.S.R.A. (Institut Sénégalais de Recherches Agri-
coles) a réorienté sa stratégie de recherchee$ettant sur pieds dès 1982 au Centre
de Djibelor, une équipe de recherche dont l'objectif est l'analyse des systèmes
de production et l'étude de leur environnement, l'indentification des contraintes
et leur hiérarchisation ; la conception ; l'exprérimentation et l'évaluation avec
les paysans de solutions susceptibles d'améliorer leur productivite et leur
niveau de vie (Rapport équipe système de Djibelor 1982 : 2).
Après des enquêtes informellles conduites dans 30 villages, cette équipe
système a identifié cinq situations agricoles différentes à l'intérieur de la
Basse-Casamance sur la base des critères suivant :
- Division sexuelle du travail ; rapport culture de plateau et riziculture ;
adoption de la traction animale.
Au cours dela campagne 1982 l'équipe avait face aux problèmes posés
retenu les thèmes suivants : l'intensification et la diversification des cultures,
la récupération des zones abandonnées et la valorisation de l'humidité rési-
duelle des sols par l'introduction de cultures de contre - saison. Dans la mise
en oeuvre de son programme l'équipe système de Djibelor s'est heurtée à un
grand nombre de difficultés notamment dans le domaine de l'organisation sociale
du système foncier et de la migration.
. . . /. .*.

En effet la maltrise des systèmes de production en Basse-Casamance passe
nécessairement par une meilleure connaissance de l'organisation sociale de la
production, de l'organisation foncière et par une plus grande compréhension
des phénomènes migratoires et de leur impact sur l'évolution des systèmes de
production.
Or dans sa première campagne l'équipe système a connu des limites disci-
plinaires qui ne lui permettaient pas d'aborder les systèmes de production
dans leurs divers aspects.
Ce travail a pour but d'apporter de premiers éléments sur la description
et le fonctionnement des systèmes de production, d'abord grâce à une revue
de littérature ensuite par des enquêtes rapides sur le terrain. LesrésultaBde
ces activités nous ont permis de débouchersur laproposition d'un programme de
recherche pluridisciplinaire, susceptible d'apporter les éléments sociologiques
qui manquent à l'équipe système de Djibelor.
pour arriver à ces résultats nous avons utilisé une démarche combinant
trois aspects : la recherche documentaire, les contacts humains et l'enquête
sur le terrain.
- La recherche documentaire a été effectuée à Dakar et en Casamance.
*A Dakar nous avons travaillé principalement aux archives Nationales où
nous avons consulté aussi bien des ouvrages que des documents d'archives
coloniales relatifs à la Basse-Casamance. Nous avons également été à
la bibliothèque de l'I.F.A.N., à la bibliothèque universitaire, et à
la bibliothèque de 1'O.R.S.T.O.M.
*En Basse-Casamance le travail bibliographique s'est essentiellement ef-
fectué à la S.O.M.I.V.A.C., où la documentation, remarquablement équipée
et organisée, a beaucoup contribué à l'avancement de ce travail.
Au tribunal de Ziguinchor nous avons consulté sans grand succès les
archives des tribunaux : on y trouve de nombreux documents ayant trait
aux litiges de terrain à usage d'habitation. Les litiges fonciers
paysans qui nous intéressaient ne sont soumis qu'exceptionnellement à
la justice des tribunaux, car ils relèvent du domaine administratif.
Au niveau de l'administration territoriale nous avons discuté'avec les
autorités préfectorales de Bignona et d'oussouye et avons dépouillé les
correspondances liées aux problèmes fonciers. Dans ce sens nous avons
travaillé essentiellement à la sous-préfecture de Loudia-Ouolof où nous
avons dépouillé les régistres de délibération des communautés rurales,
dont une partie des résultats est analysée dans le présent rapport.

41
-
- Sur le plan des contacts nous avons rencontréquelques notables
de Ziguinchor dont les fonctions anciennes et l'expérience nous ont
permis de mieux comprendre la question foncière et le système succes-
soral en Basse-Casamance. Il s'agit principalement de MM. Bouly DRAME,
Pierre BASSENE et Lamine DIEDHIOU respectivement administrateur colonial
en retraite, ancien chef de canton, interprête au tribunal de Ziguinchor.
A l'utilisation des méthodes précédentes nOUS SViOnS ZSSOCié leS Visites
de terrain, lesquelles ont connu deux phases : la première a 6% une
phase d'intégration et de COnnaiSSanCe
des dix villages dans lesquels
travaille l'équipe.
Ces contacts ont été effectués de manière profitable grâce à la colla-
boration des autres membres de l'équipe mais aussi grâce aux informatiOnS
reçues des enquêteurs-observateurs qui résident sur place. Cette
phase d'intégration nous a permis d'être au contact des différents systèmes
de production, d'avoir une idée de la taille des villages et des données
démographiques les concernant, de découvrir avec les agronomes le terroir
villageois.
En gros, cette première étape nous avait autorisé à entamer la phase
active des enquêtes exploratoires et d'introduire les premiers question-
naires relatifs à la migration et au système foncier.
La deuxième phase nous a permis de choisir un échantillon en fonction
des moyens de l'équipe en tenant compte de la différence d'es systèmes
au Nord et au Sud. Durant cette phase nous avons utilisé simultanément
les interviews, les questionnaires et les généalogies.
L'échantillon de l'enquête é,tait réduit à quatre villages : Boulandor
dans la Zone IV en zone "mandinguisée"
est caractérisé par l'adoption
de la culture attelée et par la prédominance des cultures de plateau ;
Tendimane dans la Zone II (Boulouf) où on note une faible présence de
la traction bovine ; Boukitingo et Loudia-Ouolof dans la Zone I (Kassa)
où la culture attelée ne s'est pas encore installée, (voir carte situa-
tions agricoles).
Les questionnaires Sur la migration ont été introduits à Boulandor et
à Tendimane où nous avions noté de nombreux
absents au cours de la phase
d'intégration.
Le queStiOnnaire Sur le système foncier a été introduit à Tendj.mane a
Loudia-Ouolof et à Boulandor, tandis que l'enquête ethnologique et les
généalogies Ont été effeCtUéeS surtout à Boukitingo et à Boulandor,
/
.II.

“..

Les interviews (collectives et individuelles) ont permis de situer chaque
village par rapport, notamment aux problèmes fonciers et de faire
ressortir leur particularité interne. C'est ainsi que Boukitingo s'est
révélé un village foncièrement animiste, où l'organisation sociale, sur
le plan de la production agricole, animale et forestière, est très
traditionaliste, tandis que Loudia-Ouolof se particularise par ses
difficultés foncières.
Le dépouillement et l'analyse des données obtenues ont été entièrement
faits à la main.
Enfin ce travail,essentiellement
axé sur l'ethnie Diola, comporte quatre
chapitres dont les trois traitent respectivement de l'organisation sociale,
du système foncier et de la migration.
Le quatrième chapitre est consacré à la proposition d'un programme de
recherche pluridisciplinaire.
Dans la bibliographie générale nous avons choisi d'annoter les 25 ouvrages I
et articles qui nous ont paru fondamentaux eu égard aux différents
domaines traités.
Au reste nous n'avons pas la prétention d'analyser ici l'ensemble des
travaux qui traitent du domaine social en Basse-Casamance, mais plutôt
"
d'apporter des éléments de base qui puissent permettre la mise en oeuvre
de travaux plus élaborés.
. . . / . . .

1 CARTE DES SITUATIONS AGRICOLES DEFINIES PAR L’EQUIPE SYSTEME DE DJIBELOR /
I
CU
\\

CHAPITRE I.-
-+-
/rt ORGANISATION SOCIALE CHEZ LES DIOLA
-*-
- ___-__----____-----_----~--~~---~~-
DE BASSE-CASAMANC //-
----__--_---_----
-a-a,*,*,+-*-*-
PRINCIPES GENERAUX.-
----__--_-------- ----
Les populations de Basse-Casamance présentent les caractéristiques
d'une société lignagère non hiérarchisée, où l'absence de structures étatiques
a permis l'évolution de groupe sociaux égalitaires et politiquement "'anarchiques".
A ce titre, la Basse-Casamance est différente des autres régions du Sénégal
qui furent des territoires historiquement centralisés (royaumes Wolo:f du Kajoor,
du Baol etc ; royaume sereer du Sine ; principautés mandigue, Peulh letc).
Contrairement à ceux-ci, l'organisation sociale ne repose ici 'sur aucune
hiérarchie de castes ou d'ordre : les classes d'âge etles lignages c'onstituent
l'essence même de la société.
Dans leur structure interne les populations Diola qui dominent la
Basse-Casamance sont d'une grande diversité : elles présentent selon qu'on se
situe au Nord ou au Sud du fleuve des formes d'organisation différentes.
Cependant la littérature coloniale et même récente a dépeint les Diola
quelquefois sous des aspects trop subjectifs à cause de l'isolement des
sous-groupes à l'intérieur des frontières villageoises(l).
La rigidité de ces frontières villageoises favorisait jadis un état de
guerre et de pillage permanents entre ces différentes populations.
Le rapport C.I.N.A.M. (1960) caractérise la société Diola par les traits
suivants : vie sédentaire et attachement au terroir ; goût de l'indépendance
et refus de l'autorité, individualisme des ménages qui se perçoit dans l'habitat,
le régime de la dot, l'autonomie de la production, la monogamie, l'égalité
entre les hommes et les femmes. ,.a
(l).-Ainsi l'administrateur supérieur par intérim de la Casamance, écrivant au
lieutenant - Gouverneur du Sénégal à Saint-Louis, lui parlait de "L'affaire
Suelle" en ces termes : Le village de Suelle, situé à une vingtaine de km
au Nord-Ouest de Bignona, au coeur de la région centrale de Fogny est la plus
turbulente et la plus sauvage du pays Diola.
"Pas un vol dans la région, pas une rixe où ne figure en bonne posture un ou
plusieurs habitants du Suelle".
SOURCE : Archives Nationales, série 136.375.-
.*. /
. . .

Pélissier (1966) pense qu'il y a un contraste frappant dans cette société
qui possède une agriculture savante sans avoir mis au point une technique d'or-
ganisation de l'espace. Cela se justifie selon l'auteur par le fait que le pays
Diola a historiquement longtemps été contourné par les voyageurs qui le redou-
taient.
Mais en dépit de ces apparences anarchiques et désordonnées la cohésion
sociale existe chez les Diola où elle est maintenue par des forces de cohérence.
Ainsi la plupart des auteurs actuels ont relaté l'égalité et la démocratie de
cette société. BAO (1979) en s'appuyant sur les institutions du Boudji (2) et
-
-
Bassang (3) affirme, à la suite de Pélissier l'égalité des deux sexes et la
liberté dont dispose la femme Diola.
Marzouk (1981) nous donne cependant les limites de cet égalitarisme Diola
en s'appuyant sur les assemblées villageoises et le droit à la parole qui mon-
-
trent l'isolement des étrangers et la hiérarchie des hommes - citoyens (des villa-
-
ges) quant à ce droit qui du reste exclue la femme.
Par ailleurs l'auteur affirme que si la notion de caste ne s'est cristal-
lisée nulle part en Basse-Casamance, le pays de Haer et le Kassa ont connu une
forme d'asservissement très rigide qui a quelques conséquences dans le système
matrimonial de leurs habitants.
D'autres auteurs comme Loquay (1970) et Journet(l974) trouvent dans les
conditions de vie de la femme, marginalisée dans le système patriarcal Diola,
une faille dans le caractère égalitaire de cette société.
(2) a- Le Boudji est une institution qui oblige toute femme libre, calibataire,
veuve ou divorcée à choisir un homme du village qui sera tenu de l'accepter
comme épouse, même s'il s'était déjà marié. Toute personne qui essaye de
se dérober à cette coutume est frappée d'une lourde sanction.
(3) .- Le Bassang est une pratique qui permet à l'épouse mécontente de quitter
son mari pour rejoindre son amant, sans que ce dernier puisse s'y
opposer.-
. . . / . . .

En définitive les auteurs qui abordent l'organisation sociale chez les
Diola peuvent être répartis en deux groupes : les premiers tels Thomas et Pélissier
ont livré des ouvrages très académiques ; les seconds plus récents s'évertuent
à apporter des réponses aux problèmes actuels du monde rural. Il faut dire
cependant que les deux groupes se complètent dans la mesure où les premiers ont
construit une base de connaissances indispensables à ceux du second groupes.
La littérature académique représentée par Thomas et Pélissier s'est, entre
autre, appesantie sur l'analyse des structures de l'habitat et de la famille
que nous allons présenter dans la première partie de ce chapitre.
1, 1. - STRUCTURE DE L'HABITAT ET STRUCTURE FAMILIALE.-
___----____--____----~-------------------------------
L'habitat rural traditionnel peut-être défini comme le miroir de la société.
En tant que tel, il reflète dans une large mesure, l'organisation sociale. Ainsi,
l'analyse des structures de l'habitat peut contribuer à mieux situer les
hiérarchies sociales, dans le cas des sociétés non homogènes et de mieux saisir
la ségmentation des lignages.
Elle permet également de définir les fonctions économiques à l'intérieur
des ensembles résidentiels : il existe un lien étroit entre l'homme et l'habitat
qu'il s'est défini. Pour ce faire, les ouvrages qui traitent de l'organisation
sociale en Basse-Casamance reposent essentiellement sur l'analyse des structures
de l'habitat et de la famille.
1, 1.1. - La structure de l'habitat : le village et son terroir le quartier
-----~---------------------------------------------~-~------------
et la concession.-
--_-------------
1, 1.1.1. - Le village et son terroir.
L'habitat Diola n'est pas homogène dans sa structure. Selon les territoires
et la "vocation" des terroirs on distingue plusieurs types de villages dont
Thomas (1964) et Pe'lissier (1966) ont été les premiers à avoir établi la typologie
à travers la Basse-Casamance.
Ainsi Thomas définit-les villages Bayotte comme des villages de forêt où
les maisons sont éparpillées en nébuleuse ; les villages de dûne caractéristique
des Djiwat ; - les villages de Mangroves tel Batimière et les villag,es de plaines
ouvertes ccmme Séléky.
. . . I . . .

Par ailleurs Pélissier a décrit les villages des ex-cantons des Narang
et des Djiragone qu'il qualifie de "villages de plateau secs".
Il apporte des indications sur l'habitat cosmopolite autour de Ziguinchor.
L'examen des critères utilisés par ces auteurs nous montre deux grands groupes
de villages différents : les villages de riziculture de submersion et les villages
de cultures hautes.
Pélissier a montré que les villages Diola sont généralement inscrits sur
une toposéquence qui permet la riziculture inondée et les cultures pluviales :
cette toposéquence comporte la partie haute ou plateau ; la zone de pente et
les bas-fonds.
En analysant la dynamique des populations autour de Casamance Thomas (1965)
met en évidence la relation habitat, divinités religieuses et espaces cultivables.
Il établit qu'il y a un ordre, une hiérarchie des villages qui tient au déplace-
ment de populations à la recherche de terres rizicultivables. Il montre comment
des villages-mères polarisent d'autres villages de pionniers agricoles (saison-
niers ou permanents) dent les fondateurs seraient issus de ces villages-mères.
Selon Thomas cette reproduction spatiale des villages est attestée par
l'importance des autels animistes dans les villages-mères.
Il va sans dire cependant que le critère religieux utilisé par Thomas,
quand bien même il est confirmé par Pélissier, est insuffisant pour montrer la
parenté entre deux villages : il aurait fallu des données sociologiques plus
pertinentes que les auteurs n'apportent pas. Or pour comprendre la rationalité
profonde d'un village il faut nécessairement dépasser l'analyse géographique
et aller plus loin en analysant sa structure interne.
1.1.2.
1,
- Village, quartiers et concessions.
-
Les villages Diola se décomposent en quartiers et en sous-quartiers ou
ccncessions appelés hank, fankaf ou eloupey selon les endroits.
- -
-
-
Ces quartiers et concessions répondent généralement à des affinités ou
alliances. Très souvent distants et autonomes les uns des autres, les quartiers
représentent chacun un patrilignage dont les membres exploitent une partie du
terroir villageois qui leur est reconnue. A la tête de chaque quartier il y a
un chef de lignage chargé de la gestion du patrimoine foncier lignager et de
l'entretien des cultes qui relèvent de son domaine.
? ? ? ? ? ?
? ? ? ? ? ?

Le chef de lignage assure la cohésion entre les familles à l'intérieur des
concessions que comporte son quartier.
La concession est l'unité résidentielle de base. Elle résulte d'une
ségmentation lignagère à l'intérieur du quartier. La concession comporte une ou
plusieurs bâtisses nommées Kassondak où éluf abritant les ménages (boutong)
et les individus non mariés.
Les chefs de quartiers et de concessions sont communément appelés anifanaaw,
anahanaaw ou asucaw (assuthiaw) selon les endroits (4).
Contrairement au chef de village qui sert de tampon entre les populations
et l'administration moderne, les chefs de quartiers et de certaines concessions
sont très respectés à cause du rôle qui leur est dévolu dans l'organisation
verticale de la société.
1,1.2. - La structure familiale : le clan, le lignage et le segment de
-,--,-~-,,,------------------------------------------.--------
lignage.-
-------.-
L'organisation sociale des Diola repose sur un système de parenté dans
lequel les fonctions sociales (religieuses ou économiques) se transmettent en
ligne masculine. Pour Thomas (1960) la parenté Diola est constituée par le clan
le sous-clan et le lignage qu'il considère comme le groupe le plus harmonieux.
A la suite de Thomas des auteurs comme Snyder (1970) Marzouk (1981) et
Cissé (1983) ont analysé l'organisation lignagère des Diola du Bandial à travers
le clan, le lignage et le segment de lignage. Selon eux, le clan, fiile,
représente le groupe familial le plus vaste. Il englobe le lignage étendu Yang.
Les travaux de Marzouk (1981) ont montré qu'il existe à l'intérieur des villages
une hiérarchie des fiile qui tient à l'ordre d'implantation de ces derniers,
Analysant le rapport habitat et structure familiale Thomas pense que le
lignage étendu n'a pas d'unité territoriale précise et que la concession ou
segment de lignage s'ouvre de plus&en plus à la vie villageoise pour atteindre
sa forme ultime dans l'éclatement de la communauté taisible.
(4).- anifanaaw ata eloupey = chef de carré ou concession dans le Fogny.
anahanaaw ata hank = "
1'
II
dans le Kassa.
anahanaaw- ata fankef = "
II
II
dans le Boulouf et le
Bandial.
asucaw
= est une terminologie des Kalounayes.-
.!a.
/ IV..

Il/
-
En posant cela l'auteur remet en cause l'unité spatiale du groupe
lignager qui se disloque. Mais en même temps il perçoit la concession comme une
cellule familiale autonome qui se désolidarise de la famille étendue. Autre-
ment dit, Thomas pense que la famille au sens large n'a plus ici sa signification
originelle et qu'au niveau des instances villageoises les unités résidentielles
affirment de plus en plus leur autonomie.
Si nous devons convenir avec l'auteur, qui n'explique d'ailleurs pas les
causes de ce phénomène, que le lignage étendu, du fait même de la dispersion de
ses membres, occupe de moins en moins :Le même et unique territoire, .L'affirmation
de l'autonomie résidentielle des cellu:Les familiales, de même que cette dispersion
de la communauté taisible n'exprime pas toujours l'absence de solidarité à
l'intérieur des groupes familiaux. S'il est vrai que des forces inte:rnes ou
externes concourrent très souvent à la dispersion des membres d'un lignage
maximal, il apparait que les liens de solidarité se ressèrent dès que cela
s'avère nécessaire.
Les observations que nous avons faites à Boulandor dans les Ka:Lounayes
nous autorisent du reste, à penser que Thomas aurait du nuancer sa position
en ce qui concerne l'autonomie des segments de lignage.
En effet ce village comporte essentiellement deux grands quarti,ers
dirigés chacun par un chef de lignage, Chaque chef de lignage est le responsa-
ble moral de l'ensemble des concessions qui sont inscrites dans son quartier.
Ainsi aucune décision n'est prise au niveau des concessions sans l'accord
du chef de lignage. Il existe au niveau de chaque quartier un conseil des chefs
de concessions sous l'autorité du chef de lignage. Le conseil du village
n'est donc pas, comme semble le dire Thomas, une rencontre anarchique de chefs
de familles, mais la concertation entre lignages dont les éléments de part
et d'autre sont intimement soudés.
Par ailleurs dans le Sud ou l'individualisme des ménages est souvent
affirmé par les auteurs, les résultats que nous avons obtenus à Boukitingo
montrent que même s'il y a autonomie des boutong (ménages) en ce qui concerne
la résidence et la production, il existe des mécanismes de cohésion qui
garantissent la solidarité à l'intérieur des lignages.
Marzouk (1981) qui a travaillé à Niandane dans le Nord "mandinguisé"
et à Kamobeul dans le Sud, compare les deux systèmes et trouve que la famille
est plus large à Niandane où le carré ou concession peut comporter plusieurs
ménages et des enfants confiés, alors qu'à Kamobeul l'unité résidentielle
se résume souvent à la concession-ménage.
. . . / . . .

12/
-
En outre l'auteur procède à une hiérarchisation des carrés de
Niandane compte tenu du nombre de ménages et de l'âge des chefs de carrés.
Les résultats obtenus prouvent que dans ce village le nombre d'unités rési-
dentielles à plusieurs ménages prédomine et que l'âge des chefs de carrés
se situe, dans cette catégorie, entre 50 et 65 ans.
Mais l'auteur affirme l'indépendance économique de ces ménages en se
fondant uniquement surlaséparation des cuisines, alors que cela ne rend
pas suffisamment compte, du moins dans cette zone des Kalounayes, de l'auto-
nomie éventuelle des ménages sur le plan de la production, comme nous le
verrons plus tard.
C'est
dire que la dynamique de distorsion et de cohésion qu'on re-
trouve, même au niveau de la cellule familiale de résidence, ne peut être
bien saisie que dans l'analyse du procès familial de production et de
reproduction.
1, 2. - STRUCTURE FAMI:LIALE ET FONCTIONS ECONOMIQUES.-
_---------------------------------------------------
Pour répondre aux préoccupations du développement, le chercheur a
besoin de définir des unités de production et de préciser les centres de
décision à l'intérieur de son unité d'observation. Or la complexité et la
diversité des exploitations agricoles à l'intérieur des systèmes de produc-
tion empêchent la définition d'un modèle type, représentatif de tout'r la
Basse-Casamance.
Mais avant d'aborder les problèmes de définition concernant 1%x-
ploitation en Basse-Casamance,
il convient d'abord de décrire les systèmes
de production au Nord et au Sud, seulement dans leurs aspects déterminants,
car le travail de l'équipe système de Djibelor (1982 - 83) a bien Ce:rné ce
problème.
Il s'agit donc ici d'apporter une lumière de plus à l'analyse de mes
collègues.
1, 2.1.-Les systèmes de productions en Basse-Casamance.-
----------------------------------------------
Le mode de production dominant en Basse-Casamance est le mode de
production domestique. Or l'une des caractéristiques frappantesde ce mode
de production est la division sexuelle du travail (Meillassoux 1982 :: 57-71).
..a /. . .

Aussi la définition des systèmes de production en Basse-Casamance
ne peut-elle se départir de la division sexuelle des tâches. C'est d'ailleurs
à ce niveau qu'on observe une différence fondamentale entre le Nord de la
Basse-Casamance et le Sud de cette région.
* Dans le Sud où prédomine la riziculture de submersion, l'homme et la
femme travaillent ensemble les mêmes parcelles. Cependant sur ces mêmes
parcelles ils n'effectuent pas les mêmes travaux :
- L'homme s'adonne aux tâches agricoles les plus rudes, qui requièrent
plus d'énergie (labour, préparation des billons et entretien des
digues de proctection) ;
- La femme se spécialise dans le repiquage du riz, le sarclage
et la récolte.
Il y a donc répartition des tâches dans un processus de production
homogène. Cette répartition des tâches a fait de l'homme le maître exclusif
(5)
de l'instrument fondamental de culture qu'est le Kadiandqtandis que la
femme travaille le plus souvent les mains nues.
* Au Nord de la Basse-Casamance s'est installé un système mandin,gue
caractérisé par la diversité des cultures pluviales (mil, sorgho, arachide...).
Dans ce système "mandinguisé" l'homme et la femme se partagent le
terroir villageois et :Les cultures : - sur les terres hautes l'homme a la
charge de produire le mil et les autres céréales, ainsi que l'arachide comme
culture de rente. Ses instruments traditionnels de travail sont la daba
- -
et le donkotong ; cependant la traction animale s'y est installée et s'y
développe ;
sur les terres basses la femme se charge de produire
le riz
sans billon, en semant à la volée ou en lig
;son instrument de labour
0
se nomme fanting.
Il convient donc ici de parler d'une *partition des activités
agricoles dans un processus de production diversifié.
Dans un tel contexte il apparait difficile voir impossible de saisir
un modèle standard de l'exploitation agricole. Or un grand nombre d'auteurs
ont tendance à confondre le modèle du Nord avec celui du Sud sans tenir
compte de la différence des deux systèmes.
(5). - On retrouve également les orthographes Cajendo ou Cayendo qui
désignent le même instrument de culture.-
/
. . . . . .

1.41
1, 2.1.1. - La situaCon au Sud.
La plupart des auteurs ayant travaillé dans le Sud, nous trouvons donc
plus d'informations sur le Kassa, le Boulouf, le Bayotte ou le Bandjal, où
-
-
l'exploitation agricole se confond avec le ménage (boutong) qui constitue
une unité de production autonome. En eff'et nulle part ailleurs que dans le
Sud l'indépendance du couple par rapport à la famille étendue n'est si
marquée et les traits subjectifs tels que l'individualisme, le goût,,de
l'autonomie plus fort.
Mamadou SARR (1979) qui a étudié les aspects culturels',des Diola du
Kassa, a rappelé dans son mémoire les principes philosophiques sur lesquels
reposent l'individualisme et la tendance à l'autonomie des populations du Sud
l'horreur que
le Diola éprouve devant la mendicité écrit-il, peut le
conduire au suicide et c'est ce refus d'humiliation qui suscite et nourrit
un sentiment de fierté qui pousse à l'indépendance tout au moins économique
des ménages.
Paul Pélissier (1966) pense que la famille (étendue) au sens de
hank concession, assure la cohésion économique du groupe à travers le trou-
peau et les rizières qui sont des biens communs. Il soutierfcependant qu'au
niveau de la production le ménage apparait comme une unité de travail qui.
assure la complémentarité des tâches dans l'équilibre des deux sexes.
Storm (1977) considère le ménage comme l'unité économique à partir de
laquelle s'organisent les activités productives. Ainsi ses enquêtes écono-
miques reposent essentiellement sur la comparaison des revenus entre mé-
nages de migrants et ménages sédentaires.
Selon Cissé (1983) qui se refère à une définition du B.C.E.O.M.
les familles nucléaires (boutong) composantes du hank (segment de lignage)
ont toujours conservé une indépendance économique vis-à-vis des autres.
Ainsi,bien queles chefs de ménages reçoivent leurs rizières de
àn hâm (gestionnaire foncier du groupe agnatique) , ils restent les bé-
néficiaires exclusifs de leur récolte. Il n'y a pas, d'après Cissé,
immixion du hank dans la gestion des récoltes du boutong, comme ce
serait le cas chez les Wolof, les Sereer et les Mandingue.
. . ./ . . .

15/
-
Pour en arriver à ces conclusions l'auteur évoque entre autres,
la faible relation de commensalité * à l'intérieur de la concession, en-
tre individus de ménages différents. Ainsi le ménage unité de production
est également une unité de cosommation à Kamobeul.
Lesrecherches que nous conduisons dans le Sud, chez les Oulouf de
Boukitingo présentent des résultats préliminaires qui nous obligent à
confirmer pour l'essentiel,
la position de ces auteurs : Boukitingo
comporte 14 lignages (hankahou) d'origines différentes. Chacun de ces
lignages se définit par un nom symbolique (hukin), un totem (ehoune) et
un patronyme (Kassaf).
Ces lignages constituent les trois quartiers du village. Comma à
Kamobeul il existe un ordre statutaire des hankahou lié à la chronologie
des implantations lignagères. Ici, il n'existe pas de carrés ou de conces-
sions avec plusieurs ménages au sens où cela a été défini ailleurs : chaque
ménage est une unité résidentielle autonome, abritée par une case, elouf,
(silouf au pluriel) ; l'architecture d'un elouf est la même quelque soit
le statut du chef de ménage.
A Boukitingo le ménage (boutong) affirme son autonomie en tant
qu'unité de production, dès que le jeune célibateire prend épouse. Cette
autonomie est marquée par l'attribution au jeune marié de rizières
personnelles appelées Bouguiss.
Ces parcelles, comme l'a noté Mbaye DIA0 (1982) doivent être choi-
.
sies dans des rizières de fertilité différente afin de donner "plus de
chance au jeune couple". Une fois constitué, le ménage devient une
entité économique disposant d'un patrimoine propre à l'exclusion du cheptel
qui appartient à l'ensemble de la famille, hank, et des terres dont il
n'a que l'usufruit.
Cependant la différenciation établie par Cissé en ce qui concerne
les systèmes Wolof ou Sereer et le système Diola du Kamobeul, dans la
mesure où elle repose sur des travaux relativement anciens, doit être
perçue avec beaucoup de prudence. En effet la nucléarisation des familles
sereer, notamment, qui avait été annoncée par des auteurs comme
Lericollais (1972) s'est aujourd'hui nettement accentuée. Si l'unité de
résidence reste le mbind,le yalngâk,
a-
chef de ménage, prend de plus en
plus son autonomie vis-à-vis du yal mbind.
(*).-Personnes qui mangent habituellement ensemble.

Chez les Wolof, les travaux effectués à Thysse Kaymor par
Jacques FAYE et plus récemment par Désiré SARR (1984) ont montré que
la dépendance des chefs de ménages est étroitement liée à l'évolution
des moyens de production, dans la mesure où tout chef de ménage économi-
quement dépendant qui obtient des terres et arrive à posséder l'équipement
nécessaire peut, à tout moment s'émanciper, ce qui n'est pas le cas dans
le Nord de la Basse-Casamance dont nous allons aborder les stratégies
familiales de production.
1, 2.1.2. - La situation dans le Nord Mandinguisé.
Marzouk (OP. cité) qui a travaillé à Niandane (Kalounaye) tient la
"cuisine" ou "feu" comme l'unité économique de base. Pour elle la "cuisine"
correspond au ménage qui fonctionne
grâce à une association de nourriture
quelques fois bi-annuelles tirées des greniers de l'homme et de la femme,
lesquels se partagent les charges en fonction des saisons (l'homme en
hivernag@les femme en saison sèche). L'auteur soutien par ailleurs,
que le pouvoir des hommesrepose à Niandane sur les femmes,la maison et
le grenier ; mais il pense également que le nombre d'actifs masculins
dépendant du chef de ménage, constitue un facteur de pouvoir très important
qui permet à celui-ci de se retirer de s activités agricoles pour s'atteler
à des tâches complémentaires.
L'analyse de l'auteur concernatiles facteurs de pouvoir nous semble
pertinente pour cette zone islamisée où le nombre d'épouses est sens6
marquer l'aisance chez l'homme donc la puissance matérielle qui se traduit
logiquement dans le nombre de greniers et le potentiel d'actifs dépendants.
La polygamie est l'un des aspects fondamentaux qui semblent opposer
les islamisés du Nord aux populations animistes du Sud, chez qui la mono-
gamie est de règle.
Cependant la thèse de Marzouk concernant le rapport "cuisine" - ména-
ge mérite d'être clarifiée : l'auteur saisit la "cuisine" comme une entité
qui se confond avec le ménage ; il pense également que la "cuisine" est
l'unité économique de base.
. . /. ..,

171
-
Or chez les Diola, la “cuisine”, _fusilëf ou sinkiro pour les "mandin-
guisés", si elle symbolise généralement le foyer conjugal déborde souvent
ce cadre : il arrive que la "cuisine" regroupe des ménages différents ou qu'el le
soit le fait d'une personne seule (6). Ainsi dans la plupart des concessions
*à ménages multiples que nous avons rencontrée5 le ménage des parents et des
enfants, ou des aînés et des puînés forment souvent une seule et même "cui-
sine". (Voir généalogies).
v Daniel Thiéba (1983) qui a travaillé à Sindian, capitale du Fogny,
marque une évolution en ce qui concerne les fonctions économiques du ménage.
Dans le Fogny, écrit-il, le ménage en tant que cellule autonome de production
ne se réalise que dans les rizières car sur le plateau les travaux agr-icoles
sont faits par les hommes sous la direction du chef de concession.
L'auteur dont l'unité d'observation a été la concession, eloupec- et
à l'intérieur de celle-ci, le Kassondak (bâtisse abritant le ménage) montre,
entre autres, que le riz qui est entièrement produit par la femme est réparti,
après la récolte, en trois parts :
- Une pour la consommation du eloupeey ;
- Une réservée au mari pour ses besoins particuliers. (réception d'amis
ou de parents etc...).
- Une pour les besoins propres de la femme. (ce riz est souvent troqué
ou vendu pour permettre à celle-ci d'acquérir des instruments de
cuisine, de la volaille, etc...).
Quant aux produits céréaliers du plateau récoltés par les hommes Thiéba
montre comment ils sont redistribués aux chefs de ménages par le chef de con-
cession qui en assure la redistribution progressive.
v
Le travail de Thiéba rend principalement compte de la division sexuelle
des activités agricoles dans un système complexe, mais en même temps l.'auteur
essaye de mettre en évidence le pouvoir des chefs de concession qui sont les
vrais maîtres de la production agricole du côté des hommes.
(6). - C'est le cas des femmes divorcées ou des veuves lorsqu'elles
retournent chez leurs parents. A Boukitingo les femmes de ces
catégories forment un quartier à part et n'intègrent pas leurs
familles d'origine.
. . ./ . . .

18/
-
Cependant l'analyse de Thiéba ne montre pas les nombreux aspects qui
sous-tendent l'organisation familiale de la production agricole dans le Fogny,
à savoir la main mise les aînés sur les terres hautes ; les unités de stocka-
ge chez les hommes et chez les femmes ; les unités de production masculines
et féminines ; les équipes de travail à l'intérieur des unités de produc-
tion féminines ; les "cuisines" et les relations de commensalité.
Dans les lignes qui suivent nous allons tenter d'analyser les premiers
matériaux obtenus à travers les zones d'intervention de l'équipe Système
de Djibelor.
1, 2.2. - Eléments de définition des exploitations agricoles $1 travers
c-__-_-I--__-________l__l_______________-----------~--------
les zones d'intervention de l'équipe système.-
---------------_---_____I_______________---
Pour définir l'exploitation agricole à travers les zones d'action
de l'équipe système il convient à priori, de situer ces zones sur le plan
administratif et territorial avant de les ressituer par rapport aux deux
systèmes de production dominants : le système Diola et le système Mandingue.
1, 2.2.1. - Situation administrative et territoriale.-
Les cinq zones agricoles définies par l'équipe système de Djibelor
sont comprises dans les territoires anciens des Kalounaye, Kadiamoutaye,
Fogny Combo ou Fogny Diaban, Kassa, Bayotte et les territoires Baïnounck
autour de Ziguinchor. Le Bandjal, et les Bliss-Karone ne font pas partie
du rayon d'action de l'équipe système,
Sur le plan administratif les dix sites concernent les trois dépar-
tements de la Basse-Casamance et les arrondissements de Niaguis, Nya,ssia,
Tenghory, Sindian, Diouloulou et Loudia Ouolof. Cependant, les critères
retenus par l'équipe dans son zonage à partir d'une enquête exploratoire
A----.
sur 30 villages de la--Casamance permettent de situer les arrondisse-
ments de Kabrou
et de Tendouck à l'intérieur du système de production
/
Diola.
A'/
./
/,Q$J reste, le tableau ci-dessous montre la répartition des sites et
d 'joncs en fonction des pays traditionnels et du découpage administratif.
c
. . ./ . . .

19/
-
REPARTITION ADMINISTRATIVE ET SELON LES PAYS TRADITIONNELS DES DIX SITE;S.
________________-_______y_______________------------------------------~-
Ï-I
-I-I
I- ZONE
VILLAGES
DEPARTEMENT
1 ARRONDISSEMENT 1;;;; TRADITION-
.
l
Loudia Ouolof
I
K A S S A
I-l
I
I-
-
Maoua
I
I
I
I-
l

IL
!
Fogny Diaban ou
I-
1, 2.2.2.- Définition de l'exploitation dans les zones à
système de production Diola.
Le ménage en tant que cellule familiale de base est-il une unité de pro-
duction autonome que l'on peut tenir comme étant l'exploitation agricole ?
pour résoudre ce dilemme l'on doit se poser, nous semble-t-il, ia ques-
tion fondamentale suivante : A quel système de production appartient le vil-
lage ou la zone concernée ?
.-.. s
A l'intérieur de nos zones1 et II où le système de production dominant
est le système Diola, l'autonomie foncière du ménage est presque totale quel-
que soit son statut résidentiel (concession-ménage ou plusieurs ménages à
l'intérieur d'une concession).
A Boukitingo (zone 1 Kassa) sur 92 concessions 71 sont des concessions-
ménages, car ici la règle dominante est l'autonomie résidentielle dès que le
couple se forme. Cela veut dire qu'il y a 20 concessions composées de plus
d'un ménage à l'intérieur desquelles seulement 1 ménage sur 34 est dépendant
du point de vue exploitation.
. . . /‘. . .


20/
A Tendimane (zone II) caractérisé par de grandes unités résidentielles
(fankaf) il y a 36 concessions dont 6 concessions-ménages ; les 30 autres
concessions comportent des bâtisses résidentielles abritant les ménages et
les individus. A l'intérieur de ces 30 Concessions on note 72 ménages
indépendants et seulement 9 ménages dépendants ; lorsqu'on tientcompte
'des 6 concessions -ménages, la somme des ménages indépendants atteint 81.
A Mahamouda, sur 30 concessions 19 sont des concessions-ménages
appartenant aux Bayotte, résidants naturels de ce terroir : du point (de vue
de l'habitat les Bayotte ont les mêmes principes que les Diola du Kassa ;
les 11 autres concessions comportent ainsi plusieurs ménages répartis en
8 ménages dépendants et 4 ménages indépendants : ces 11 ménages conce.rnent
les populations allogènes (Mandingue, Bambara, Peu1 et Diola-Fogny).
Les quelques exemples que nous venons de présenter montrent assez
éloquemment que dans les zones couvertes par le système de production
Diola, l'autonomie agricole des ménages est affirmée : le hank concession
n'intervient donc que rarement pour remettre en cause cette autonomie.
Au niveau interne l'autonomie foncière du ménage a pour conséquence
d'abord l'autonomie culinaire : il n'y a généralement qu'une seule cuisine.
A l'intérieur des concessions-ménages la division sexuelle au niveau des
repas, est quelquefois inexistante et on observe alors que tous les membres
de la cellule familiale mangent autour d'un plat (Ebole).
Dans les concessions à plusieurs ménages on note généralement une
association de plats au niveau des hommes qui mangent ensemble à l'intérieur
de la cour commune, malgré l'autonomie des ménages.
Traditionnellement les produits de la récolte étaient stockés dans
des greniers différents, à la suite d'un partage de la production de riz
entre l'homme et sa femme : un grenier pour l'homme et un grenier pour la
femme.
Le grenier de la femme servait à nourrir la famille en saison seche
tandis que celui de l'homme était consommé en hivernage. Par ailleurs le
surplus céréalier faisait l'objet d'un grenier supplémentaire servant à ali-
menter les festivités et offrandes, ou à secourir des nécessiteux.
. . . / . . .

21/
-
Nous avons vu à Boukitingo et dans d'autres Vil:lages du Kassa et du
pays Bayotte que la multiplicité des greniers est devenue un luxe à cause
de la sécheresse et que dans la plupart des ménages i.1 n'y a plus qu'un
grenier commun à l'homme et à la femme.
Il faut toutefois signaler que dans le système Diola, la femme conserve
un droit prééminant sur le grenier familial tandis que l'homme est le gestion-
naire exclusif des recettes issues des produits de rente et de l'exploitation
du vin de palme dans les villages animistes.
En définitive l'exploitation agricole, dans les villages à système de
production Diola, tourne autour de la famille nucléaire ou ménage laquelle
dispose de ses terres propres qu'elle exploite en toute indépendance. Cette
autonomie foncière est consacrée par l'existence d'un ou de plusieurs
greniers exclusivementréservés à l'usage du ménage. lorsque la famille
nucléaire est inscrite dans une grande concession le lien avec les autre
membres du segment de lignage s'opère à travers les relations de commensalité
qui regroupent les hommes autour de plusieurs plats associés.
1, 2.2.3. - L'exploitation agricole dans les zones à système
de production "Mandingue".-
Du fait même de la séparation des activités de l'homme et de la femme
sur la toposéquence et compte tenu de l'autonomie agricole de la femme, il
est nécessaire pour cerner l'exploitation dans les villages mandinguisés de
distinguer plusieurs unités de production : une unité de production masculine
regroupant tous les hommes d'une concession autour d'un anifanaaw,chef de
concession, laquelle est chargée d'exploiter collectivement les
terres de plateau dont les produits sont gérés par ce chef de concession ;
I
des unités de production féminines qui naissent de l'autonomie agricole
des femmes et des stratégies particulières à l'intérieur des ménages ou des
concessions.
Alors qu'on observe une unité de stockage chez les hommes,chez les
femmes le nombre de greniers est fonction des unités de production.
En général lesf5mmes qui travaillent ensemble possèdent un grenier
commun et forment une seule et même cuisine. Cette forme d'organisation de
la production agricole comme l'a montré Maymard (1974) est liée au caractère
exogamique des lignages où l'unité du groupe mineur se réalise à travers les
cultures sèches.
. . ./ . . .

22.
Le travail que nous avons réalise à Boulandor village mandinguisé
du Kalounaye, révèle cette unité à travers la dépendance foncière des; chefs
de ménages par rapport aux chefs de concessions : en dehors des 5 concessions-
ménages appartenant à des immigrés, le village compte 15 concessions à plu-
sieurs ménages ; on y a observé que tous les chefs de ménages dépendent,
' en ce qui concerne les terres du plateau, des chefs de concessions ; chaque
concession contient en moyenne 2 ménages dépendants. Les généalogies que nous
y avons effectuées, en même temps qu'elles confirment cette stratégie de pro-
duction, montrent les différentes relations au niveau de la consommations
aussi bien à l'intérieur des ménages que dans la concession. (Voir dia-
grammes en annexes),
pour finir l'exploitation agricole à Boulandor se confond avec le
segment de lignage et la concession. Elle se divise en deux grands groupes :
celui des hommes et celui des femmes. Dans ce système a.gnatique, le travail
des hommes qui ne s'applique qu'aux terres hautes est organisé par le
chef de concession ou anifanaaw qui en gère les produits.
mais si au niveau des femmes l'activité agricole échappe au contrô-
le du chef de concession, l'unité de l'exploitation se réalise au niveau de
la consommation et des "cuisines". Il faut dire toutefois que la situation
de Boulandor qui ressemble beaucoup à celle qu'on trouve à Médieg dans la
même zone ne saurait être considérée comme représentative de toutes les
zones "mandinguisées",
Bandjikaki situé dans le Fogny Combo non loin de
la Gambie, mais dont la populaption est originaire du Boulouf', semble
réaliser d'après nos premières observations, une synthèse des systèmes
de production Diola et mandingue en ce qui concerne : les instruments de
culture et les techniques de production ; la division sexuelle du travail ;
le statut foncier des ménages.
Il va sans dire donc que pour cerner tous les aspects qui carac-
térisent l'exploitation en zone "mandinguisée" Diola, il faut nécessairement
dépasser le cadre d'une revue bibliographique ; nous réservons donc une
analyse plus fouillée dans ce domaine au prochain rapport pluridisciplinaire
de l'équipe système. Il faut cependant apporter un éclairage nouveau sur
l'organisation sociale en général, en analysant les acquis de la litté-
rature sur le système foncier en Basse-Casamance.
. . . / . . .

231
-
CI-lAPITRE Il -*-- // ' EVOL[JTTON DU SYSTEME FONCIER EN RASSlWASAMANC/& -*-
-
*_*_*_f_*_*_*_;_Q_*_*~-~-*-*-~-*-~-~-*-*-*--*-.*-*-*-*-*
2, 1.
LE SYSTEME FONCIER DIOLA :
--1---1-1---1-1-1-------
Si la Société diola a su élaboré une "civi lisation du riz" ,(Thomas 1960)
sur la base de techniques agricoles raffinées, elle a pu également mettre sur
pieds un système dans :Lequel "l'appropriation" fonciere est extrêment précise
et judicieuse. Il n'est pas un seul espace cultivable qui ne soit "approprié".
La moindre parcelle de rizière est inscrite dans un patrimoine foncier donné.
La forêt elle-même se situe dans un terroir villageois et s'intègre générale-
ment dans un mode d'appropriation collective. Ce système foncier se définit
par son inaliénabilité, son caractère religieux et son mode de transmission
patrilinéaire. Dès lors, on peut le saisir comme un phénomène social total
qui s'applique à toute la Basse-Casamance. Malgré la position centrale qu'el-
le occupe dans le fonctionnement de la société diola, l'organisation foncière
est encore mal connue : si elle apparaît en filigrane dans de nombreux ouvra-
ges sociologiques, rares sont les documents consacrés exclusivement à l'ana-
lyse du système foncie.r traditionnel.
Cette situation qui prévaut pose de nombreux problèmes face à la nouvel-
le loi sur le domaine :national et face à la réforme administrative en vigueur
depuis 1978 dans la ré,gion. Par ailleurs, le système foncier ancien fait parti
des réalités sociologiques dont on n'a pas suffisamment tenu compte dans la mi-
se en oeuvre des grands projets agricoles de la zone, mais dont la méconnais-
sance peut contribuer à l'échec de toute action de développement. Sur la base
des documents consultés, nous allons essayer d'expliquer le système foncier
traditionnel dans son aspect religieux d'abord, avant d'apporter des indica-
tions sur Zes différents mode d'accès à la terre.
Par la suite, nous allons exposer la genèse de la loi sur le Domaine Na-
tional, ainsi que ses articulations avec la réforme administrative. Egalement,
nous tâcherons de mettre en évidence les conséquences qui découlent de la
coexistence des deux lois foncières, en utilisant des résultats acquis sur le
terrain.
2, l.l.L'IDEOLOGIE RELIGIEUSE DE LA TERRE :
Vincent Thomas est l'un des premiers à avoir défini les principes philo-
sophiques sur lesquels repose la société diola.
. . ./ . . .

241
-
11 met; en évidence, dès 1958, la cosmolog,ie de ce peuple, et tente à tra-
vers de nombreux articles et ouvrages de systematiser l'ensemble des règles é-
mises par cette société. Dans un article paru dans les Notes Africaines en 1.966,
Thomas résume les concepts généraux qui régissent l'organisation foncière chez
les diola. Selon lui, la terre est la propriété primitive des Dieux qui, à un
1 moment donné, abandonnèrent les choses terrestres pour se cantonner au monde
céleste. L'administration des terres passe dès lors, aux mains des giinies ukin
ou boekin (au singulier), lesquels transmettent leurs pouvoirs aux rois-prêtres
Oeyi, souverains
locaux ainsi qu% leurs successeurs qui en accorderont l'u-
sufruit à leurs collectivités. Ainsi, l'appropriation absolue de la terre n'est
pas une dimension humaine et la tenue foncière est soumise à deux obligations :
le sacrifice périodique et la mise en valeur des terres reçues.
Aldiouma CISSE (1983) reprend en détail 5 partir du Bandial les thèses de
Snyder et Thomas sur la cosmologie diola et explique très clairement l'acte qui
unit l'homme à la terre. Autrement dit, les conditions de transformation d'un
espace géographique à un espace socio-juridique.
La cosmologie diola repose sur la division du monde en deux parties :@,
la terre, Emit le ciel et la pluie. Etam se divise en trois parties : il y a d'a-
bord Fitit qui est la partie d'Etam où la marée monte et descend, elle englobe
le Fleuve Casamance (Fal) ; vient ensuite
Baba la brousse composée de Jeringla
petite brousse et de Fireing la grande forêt, puis il y a Etam, situé entre Fitit
et Baba qui comprend les rizières, la plaine et les lieux de résidence.
En s'appuyant sur les travaux de Mr LEROY (1970/1973), chez leis Wolof,
l'auteur montre les différents modes d'implantation des villages du IKamobeul-
Bolon. Selon lui, l'implantation de ces villages correspond aux troi,s modes
d'occupation suivants :
- la découverte suivie de la réservation des terres par le gro,Jpe,
- l'expulsion d'un premier occupant suivie d'une réservation lignagère,
- le compromis entre les premiers occupants et les seconds.
Ainsi, la socialisation de l'espace géographique passerait par les deux
étapes suivantes : la répartition primaire et l'installation du groupe (c'est
le temps des grands défrichements et de la construction des digues) ; la ré-
partition secondaire des terres entre les membres du groupe selon les normes
décrites par Thomas (1960 : 206) et Snyder (1971).
En ce qui concwne l'acte qui unit l'homme à la terre, CISSE a:?préhende
le concept Shil comme étant à la base de l'organisation foncière diola dans la
mesure où tout droit d'usage de la terre passe par le rapport Shil.
. . /. ..*

25/
La notion de Ski1 ;se conçoit dans la relation étroite qui privilégie un
homme 0~ un groupe d'hommes face à un espace donné. D'après l'auteur, c'est
le rapport Shil qui a présidé aux grands travaux de défrichement, de construc-
tion au moment de la réservation de l'espace par le premier groupe, mais aussi
à l'implantation des grands fétiches EWkin
tenus par Pélissier (1966) comme
la marque actuelle des premiers villages diola. D'après Pelissier, les familles
détentrices de puissants fétiches sont les représentants legitimes des premiers
défricheurs.
Or, ce sont les familles royales qui détiennent encore les puis-
sances symboliques les plus réputées. Dès lors, l'auteur estime pouvoir "loger
à l'enseigne royale" la propriété éminente des terres.. Pour lui, les villages
dotés d'un roi comme M'LOMP ou OUSSOUYE font parti des plus anciens.
Les informations que nous avons reçues concernant le roi défunt d'W3XXJYE
semblent confirmer la thèse de Pélissier en ce sens que ce dernier pc'ssède les
meilleures terres du royaume et dispose du plus grand espace cultivable. Par
ailleurs,
sa fonction royale l'autorise à saisir toute bonne terre irscrite
dans son royaume en y portant l'emblème rouge de son pouvoir. Cependant, dans
les territoires de FOGNY où il n'existe pas de roi, le pouvoir éminert sur la
terre est laissé aux lignages dont les ascendants en ligne masculine avaient
procédé au partage primaire du terroir sur la base d'un des modes d'occupation
décrits par CISSE. C'est ainsi qu'à BOULANDOR où nous avons mené quelques in-
vestigations, le village repose sur les ruines de DIEDHIOU KOIJNDA dort les ha-
bitants ont été vaincus et disséminés par le clan des Sané. Les lignages mineurs
qui constituent les deux quartiers du village correspondent au partage primaire
et secondaire évoqués par CISSE. Chacun de ces deux quartiers possède une partie
du terroir conquis, gérée et exploitée par le groupe agnatique.
Cette transmission agnatique des terres est à l'origine d'un remembrement
de celles-ci à chaque génération pour l'attribution des parcelles à des membres
du groupe lignage, sous forme "d'endocession définitive".
Malgré ce carac,tère très fermé de la maîtrise foncière dans le système
ancien, celui-ci permet à des étrangers d'exploiter des terres qui ne leur ap-
partiennent pas dans Le processus d'une exocession temporaire. Nous allons
examiner tour à tour les acquis de la littérature sur ces aspects.
2, 1.2.
L'ACCES A LA TERRE ET SES CONSEQUENCES DANS LE SYSTEME FONCIER ANCIEN :
~-
L'une des différences fondamentales du système foncier diola avec les
systèmes traditionnels des populations du Nord est l'absence de redevances
foncières.
/
. . . , . . .

Par ailleurs, la maîtrise de la terre n<> semble pas avoir la miSme préci-
sion sur la toposéquence. Selon certains auteurs, elle semble plus précise sur
les terres de submersion que sur les terres hautes : Pélissier (1966) notamment
pense que la paysannerie diola est un ensemble humain rivé à ses rizière, car
nulle part ailleurs "l'appropriation" de la terre ne s'est opérée de manière
si totale et si précise. Toutefois l'auteur reconnaît que dans les régions
septentrionales caractérisées par la pénurie des rizières et où la culture du
mil est très importante, l'appropriation foncière sur le plateu est précise et
s'inspire des mêmes principes que dans les dépressions inondables. Nous allons
examiner dans le cadre de l'endocession définitive
les conditions dans lesquel-
les l'accès à la terre est permise aux individus d'un même groupe.
2, 1.2.1.
L'ENDOCESSION DEFINITIVE :
Tous les ouvrages entièrement où partiellement consacrés au système fon-
cier ancien affirment le caractère familial et collectif de la "propriété fon-
cière". La question qui se pose est comment un individu appartenant 5 un groupe
lignager peut-il accéder de manière individuelle à la terre ? quelles sont les
conditions à remplir par cet individu au moment de son accession à celle-ci ?
Le terroir villageois est partagé entre les différentes familles sous la res-
l
ponsabilité directe des chefs de familles qui en sont les dépositaires. Ces
chefs de familles sont seules habilités à affectés deskerres aux individus
dans les conditions décrétés par Thomas (op Cité), à savoir le sacrifice aux
Ukin (Bokin ou sing = fétiches) et l'exploitation effective de ces terres.
/
Pélissier ajoute à ces deux conditions l'utilisation rationnelle de l'eau
dans les rizières.
Selon Pélissier et la plupart des auteurs, l'attribution de rizières in-
tervient au moment du mariage et au décès d'un ascendant directe dans la plupart
des sous-groupes diola. L'affectation de terres qui ne s'adresse souvent qu'aux
hommes peut s'appliquer à des rizières entières ou à des casiers de rizières
différentes.
Le rapport Louis BERGER (1981) montre, à travers l'inventaire Ces Koudjimane,
(patrMl;e foncier lignager) qu'à Baïla, sur 28 concessions, 24 ont bénéficié
.P
d'un héritage.
A Boulandor, sur les 611 parcelles recensées dans les deux quartiers (ri-
zières et plateau confondus), 338 ont été acquises par héritage et 99 par le
biais du mariage, soit au total 437 parcelles représentant plus de 71% de l'ensemble.
I
. . . , . . .

Les travaux de Henk L. Van Loo et Al (1972) apportent des p&cisions sur
les dimensions des parcelles familiales en même temps qu'ils posent les con-
ditions matérielles qui président à l'endocession par voix de mariage.
Pour qu'un mariage puisse se réaliser il faut :
- un partenaire,
- une habitation,
- des rizières,
- des terres hautes,
- de l'argent,
- une provision de riz.
Cela a pour consequences,
d'abord que la femme a l'obligation d'apporter
au domicile conjugal suffisamment de riz, et que l'homme devra se procurer de
l'argent en s'adonnant à des activités lucratives (cultures de rente, exploi-
tation du vin de palme, artisanat ou migration).
Les conséquences du régime successoral se trouvent, soit dans le morcel-
lement excessif des rizières soit dans le déséquilibre foncier au niveau des
villages.
Pélissier rapporte un cas où des terres inondables sont demeurées en
friche ou reconquises par la mangrove du fait que les familles détentrices de
terres n'ont pas suffisamment de main-d'oeuvre pour les exploiter.
Marzouk (1981) qui étudie la situation foncière à Niandane (Kalounaye)
et à Kamobeul trouve que tout segment de lignage ou yang correspond à une unité
foncière,
comprise dans les limites d'un territoire villageois intégralement
approprié,
elle distingue l'appropriation lignagère et l'appropriation .individuelle.
Le patrimoine foncier commun à plusieurs segments de lignage est appelé
NXHIN. Selon Marzouk, le Nikhin correspond à trois types de terres : les terres
rizicoles, les terres non rizocoles et la forêt. Chaque homme reçoit au sein
de son lignage une pa.rt amphytéotique de ce patrimoine, à trois étapes de sa
vie. A la majorité civique ; à son mariage ; au décès d'un des parents.
L'auteur montre par ailleurs comment l'héritage foncier entraîne toujours
une segmentation lignagère à la troisième génération.
L'analyse de Marzouk qui va dans le même sens que la plupart des auteurs
apporte cependant des éléments nouveaux en ce qui concerne l'endoceseion, dans
la mesure où elle nous apprend que dans les territoires qu'elle a étudiées,
l'homme reçoit des terres non pas seulement par le biais du mariage et de l'hé-
ritage, mais aussi à sa "majorité civique'".
. . . / . . .

A propos des terres non rizicoles, Yasmine Marzouk insiste sur les ta-
pades ou clôtures environnant les maisons et les villages, à l'intérieur des-
quels il y a les arbres fruitiers et les vergers. Sur ces terres "domestiques",
se superposent deux normes juridiques : celle qui concerne la terre elle-même,
et celle qui concerne les arbres. Ainsi, un verger peut avoir deux proprié-
. taires : celui de la terre et celui de l'arbre. L'auteur signale l'accentua-
tion des conflits dans le domaine des tapades, dus notamment à l'arrivée de
nombreux étrangers venus des villes, mais également aux modifications fon-
cières depuis la colonisation.
Quant à l'exploitation forestière, elle est régie également par le système
lignager. Dans le cas du vin de palme et des palmistes, il existe une rela-
tion étroite entre l'homme et l'arbre qui'il entretient depuis sa jeunesse et
dont la propriété lui est reconnue. Il arive toutefois que des cas de conflits
opposent le propriétaire du palmier à celui de la terre. L'auteur démontre ici
que les conflits qui naissent de l'exploitation des palmistes sont générale-
ment sous-tendus par un problème religieux qui oppose, au sein d'un lignage,
les tenants de religions nouvelles préconisant une exploitation plus moderne
des palmiers, aux animistes qui maîtrisent mieux les circuits commerciaux ac-
tuels. L'auteur soulève ainsi deux aspects extrêment importants et actuels de
l'exploitation des terres non rizicoles :
- "les tapades" sont de plus en plus valorisées par les plantations qui
deviennent de plus en plus une source de revenus très importants comme nous
avons pu l'observer dans beaucoup de villages "mandinguisés" où le tabou de
la plantation est oublié depuis longtenps (7).
A Bandjikaki (Fogny Gombo), l'interdit de la plantation a été levé de-
puis 1930 et aujourd'hui, les vergers représentent une des activités dominan-
tes dans la vie économique et sociale du village ;
- il existe un droit particulier des tapades qu'exprime un mode d'appro-
priation à la fois lignager et individuel.
(7) Ilexiste une croyanceancienne chez les diola, qui veut que, toute personne
qui plante un arbre fruitier court le risque de mourrir avant même que l'ar-
bre ne commence à produire.
. . ./ . . .

291
-
D'aprtis les enquêtes que nous y avons menées, l'attribution d'un arbre
fruitier en état de produire fait partie des composantes de la dot où, de plus
plus, la plante remplace la génisse (8).
Ainsi, 2 Bandjikaki, chaque femme mariée possède au moins un arbre frui-
tier à l'intérieur de la tapade familiale qu'elle exploite librement ; à son
décès, cet arbre sera hérité par ses enfants. Il faut cependant distinguer la
tapade familiale ou #chaque rangée d'arbres correspond souvent à la propriété
d'un noyau familia:L du groupe agnatique, des tapades individuelles nées d'une
'Segmentation lignagè.re.
Mais, si l'endocession définitive permet la transmission et la conser-
vation de la maîtrise foncière à l'intérieur du lignage mineur, l'exocession
temporaire offre une ouverture par laquelle des individus extérieurs au li-
gnage peuvent exploiter le surplus des terres, selon des normes que nous nous
proposons d'examiner dans les lignes suivantes :
2, ls2s2- L'EXOCESSION TEMPORAIRE :
Rappelons d'abord que l'une des caractéristiques principales du système
foncier traditionnel en Basse-Casamance est l'inaliénabilité des terres et
l'absence de propriété absolue. Aussi, n'y a-t-il pas de redevances foncières
comme on pouvait le constater dans le système "Lamanal" des territoires Wolof
ou Sereer. Prenant le contrepied de Gesmar, Pélissier rejette l'idée selon
laquelle la précision des techniques d'aménagement du sol justifieraient à
elles seules cette absence de redevances foncières. Il pense que l'absence
des structures politiques et l'isolement de la Basse-Casamance ont empêché
l'institutionalisation
du modèle lamanal chez les populations du Sud.
Mais il semble qu'il faille rechercher les causes de cette particula-
rité ailleurs, car le système lamanal Wolof ou Serrer, bien que s'étant main-
tenu avec le systèrne monarchique, a préexisté à 1'6vènement dés structures
politiques, du moins pour le cas du Kayor et du Sine. Avant l'institution
d'une aristocratie gelwar par les mandingue venus du Gaabou ( Guinée Bissau)
au XIIIème siècle, la société Séreer a connu longtemps une période d"'anara&ie"
politique comparable à celle des Diola et dans laquelle le lamar& existait (9).
-_
(8) Les enquêtes que nous avons menées àE!oulandor etloudia Qmlof, en c-e du zcot,e~hni-
cien de l'équipe syst2me mw&ent bien l'iprtance de cette g&îisse dans la formation du trou-
peau familial.
(9) A ce sujet, le lecteur consultera avec in-t les travaux de : V. Martin et C. B-ecker,H.
Gm.md, B. de la Masseliere, Leruy, J. Baulègue etc. sur les rwyaurnes Sereer de Wolof du Kajoor.
/

30/
-
Cependant, notre prqxx ici est moins de ruoheru:her les fondements hislnriques du syst;ème
foncier Diola que d'analyser les acquis de la littérature concernant les méca-
nismes juridiques de son fonctionnement.
L'exocession temporaire se réalise essentiellement par voie d'emprunt.
Ces emprunts peuvent revêtir des aspects différents selon les catégories d'a-
gents qu'ils engagent : on note les terres alouées aux femmes, les terres
prêtées aux étrangers et les emprunts de complémentarité entre familles. Exa-
minons successivement ces trois cas.
Dans les villages de mangrove comme Diembéring, Pélissier nous dit que
la dotation de rizière aux filles en mariage est soumise à une condition : la
parcelle devra retourner au lignage attributeur lorsque décède l'intéressée.
A Fantioc, dans le Boulouf et à Badiana dans le Fogny, l'attribution d'une ri-
zière à une femme n'es-t possible que lorsque celle-ci se marie à l'intérieur
du village.
Les renseignements que nous avons receuillis chez les Oulouf de Boukitingo
confirment plus ou moins les résultats de Pélissier : ici la parcelle attribuée
à une jeune fille lors de son mariage peut cependant ne pas revenir dès son dé-
cès, à condition qu'elle laisse un enfant mâle ; mais; elle reste exigible à
tout moment.
En ce qui concerne les veuves, celles-ci peuvent, comme nous l'avons dé-
jà signalé, exploiter les terres de leurs maris défunts, à tond ition qu'el les
continuent à vivre au domicile de ces derniers. Nous avons déjà vu comment à
Boukitingo les veuves constituaient ainsi un quartier autonome.
Par ailleurs, les travaux de Marzouk à Kamobeul révèlent deux institu-
tions importantes concernant l'allocation de rizières aux femmes : 1'Etambasomaye
- -
(héritage patrilinéaire par voie utérine) ; les gamayennes se définissant comme
une dette qui s'impose à un lignage receveur de femme au profit d'un autre li-
gnage donateur. L'auteur montre comment, au bout de trois générations, les ter-
res acquises sous ces formes sont reprises moyennant une contrepartir.
Le second type d'emprunt concerne les étrangers. Selon Marzouk, l'étran-
ger (Adiora) se définit comme une personne seule ou comme un segment de ligna-
ge : il s'agit de toutes les personnes n'appartenant pas au lignage fondateur ;
cette définition englobe donc les neveux utérins @s,sarrpail (As-d au sing).
-
-
L'étranger, Adiora, lorsqu'il arrive dans un village, perd tous ses droits et
devra se soumettre à un tuteur citoyen de ce 1 ieu qui répondra de
ui à tout-
tes les instances du village.
/
. . . . . .

31/
-
L'adiora,après avoir reçu des terres de son tuteur-protecteur, sera sou-
mis à une longue période d'obaservation au cours de laquelle, son comportement
et sa chance pourront contribuer à lui fa.ire grimper .Les échelons qui mènent
à la citoyenneté villageoise. Les enfants d'etrangers nés dans le village et
ayant été dans le bois sacré en même temps que les autres enfants seront con-
sidérés comme des citoyens de plein droit. Mais l'auteur nous signale le cas
des étrangers riches élevés souvent au rang de citoyens grâce à leurs, riches-
ses. Il apparaît aujourd'hui que les nombreux litiges fonciers que l'on ren-
contreYen Basse-Casamance, découlent des emprunts de :Longue durée faits à des
étrangers.
En ce qui concerne les emprunts de complémentarité à l'intérieur de la
parentèle, le rapport Louis Berger a révélé pour la zone de Baïla qu'ils sont
souvent plus nombreux que ceux effectués par les immigrés. En effet, sur les
28 concessions, 22 ont prêté ou emprunté à un parent, alors que 4 seulment
ont prêté à des immigrés. Ce résultat se confirme à Boulandor où les parcelles
empruntées sont au nombre de 110 sur les 611 parcelles : lorsqu'on sait que
les étrangers ne représentent que 5 concessions-ménages parmi lesquelles deux
sont des ûc;w (neveux utérins) l'on peut immaginer la faiblesse des terres
prêtées aux étrangers et le niveau de transaction foncière à l'intérieur des
familles autochtones. Malgré ces traits dominants, il convient de signaler que
le système foncier diola est en évolution : Henk L. Van Loo et Al (1972) ont
signalé des cas de location de terres à Bignona et à Ziguinchor, tandis que le
rapport L. Berger signale des cas d'aliénation de terres sous forme C!e vente à
Baïla.
Dans le Nord mandinguisé, il semble que la pratique du lotissement offre
des possibilités de maîtrise de terres aux étrangers comme nous l'avons obser-
vé à Boulandor où 4 étrangers ont acquis des parcelles grâce au lotissement
auquel ils ont financièrement contribué.
Par ailleurs, les lotissements semblent offrir aux jeunes chefs de ména-
gesdépendants la possibilité d'une émancipation résidentielle et économique,
comme semble le confirmer la situation de Médiég où ce système ancien de dé-
pendance a été , dans certains cas, remis en cause après le lotissement. A
Boulandor, le nombre de concessions prévues dans lelotissementestledouble
de tel-
les existantes actuellement. Cela veut dire qu'il y aura de nombreuses segmen-
tations au moment de :La réinstallation du village, segmentations dues au désir
d'autonomie des ménages dépendants, sur le plan de la gestion.
. . /. *..

32/
L'exocession temporaire qui est la preuve de la souplesse du Ggime fon-
cier ancien pose le problème de la restitution des terres à court ou long ter-
me, ce qui est contraire aux principes de la 'Loi sur le domaine national voté
en 1964 qui permet aux personnes détentrices de terres acquises sous l'ancien
régime de continuer 2~ les exploiter, étant entendu que 1'Etat est de.venu le
propriétaire exclusif desterres inscrites dans ce domaine. Cette nouvelle don-
née dont nous allons présenter la genèse, a durci les principes d'assouplisse-
ment qui permettaient l'accès aux terres à de nombreuses personnes non nanties.
2,?. LA LOI SUR LE DCIIAINE NATICNAL : SES MoDAI,ITES D'APPLICATION ET SES OX!SEQJJZNCES ~I&EccNoMIQuES
-cmuu-----
Avant 1964, les terres appartenaient aux diverses populations (du pays et
leur mise en valeur était soumise à des régimes fonciers coutumiers (qui en dé-
finissaient les conditions.
A partir de 1964, 1'Etat sénégalais s'approprie la presque tokslité des
terres en créant une nouvelle base juridique pour l'affectation et l'exploi-
tation des terres (la loi no 64-46 du 17 Juin 1964) relative au domaine national.
Les motifs de cette réforme sont résumés ainsi :
- simplification du régime foncier etclarification de la situation foncière ;
- suppression des privilèges coutumiers sur les terres ;
- organisation de l'exploitation des zones rurales en vue de la rationa-
lisation et de l'augmentation de la production agricole ;
Van Der Klei (1979) tient ce dernier point comme étant le plus important,
car il exprime une volonté politique par laquelle l'Etat, nouveau ma:itre de la
terre, devra exercer son pouvoir, par la mise en place de systèmes collectifs
appropriés.
2, 21.
LES MODALITES D'APPLICATION :
Dès l'adoption de la loi (64-46) le decret (64-573 du 30 Juillet 1964)
fut
voté pour définir les modalités de son application.
Dans la genèse de la nouvelle loi, 95 % du territoire national environ
est déclaré relevant du domaine national. Les exceptions concernent ILes ter-
res classées dans le domaine public et les terres immatriculées au non des
particuliers ou de 1'Etat dans la législation colonia.Le (article ler de la loi
64-46).
. . . / . . .

331
-
Ainsi, l'Eta? se retrouve propriétaire des terres relevant anciennement
du domaine coutumi'kr‘.
Le domaine national est réparti, selon l'article 4 de
la nouvelle loi, c'n quatre catégories :
- 1 les zones urbaines,
- 2 les zones classées,
- 3 les zones pionnières,
- 4 les zones de terroirs.
La première categorie concerne en partie les agglomérations urbaines ;
la deux:ème catégorie est constituée par les zones classées (régies par le
code forestier) ; les zones pionnières sont les anciennes terres "vacantes
et
sans maître" destinées à être mises en valeur 1'Etat ; les zones de ter-
roir, de loin les plus importantes, sont exploitées par les populations paysan-
nes dans le cadre de juridictions anciennes.
Le decret 64-573, dans son article 4, définit géographiquemenu Les limi-
tes des communautés rurales comprenant chacune, une population comprise entre
8 000 et 12 000 personnes par terroir. Elles ont un rayon d'action de 10 Km.
Ainsi, plusieurs villages seront regroupés au sein d'une Communautés Rurale ;
de même les 12 000 villages que comportait le pays seront répartis sur 1 500
communautés rurales, d'où une nouvelle forme d'admininistration territoriale
qui s'appuie sur un Conseil Rural. Les compétences du conseil rural s'exercent
dans les domaines suivants :
- affectations et désaffectations des terres,
- réglement des litiges fonciers,
- vote du budget,
- examen des comptes d'administration.
Le conseil rural veille au développement et à la promotion des activi-
tés qui concourent directement à la satisfaction des besoins de la coilecti-
vité, émet des voeux de donne des avis sur toutes les matières où les autori-
tés administratives sont habilitées à prendre des mesures réglementaires.
Cependant, 1'Etat peut affecter des terres relevant d'une communauté
à des associations, coopératives ou à des personnes rnorales dont l'objet so-
cial déclaré est reconnu d'utilité publique.
L'article 15 de la nouvelle loi précise que les personnes occupant des
terres relevant du domaine national au moment de l'entrée en vigueur de la
réforme pouvaient continuer à les occuper et à les exploiter.
/
--., -,.

34/
.Il était donc évident que face a la situation ancienne, ces dispositions
allaient avoir des conséquences profondes en Basse-Casamance.
2; 2.2. LES CONSEQUENCES SOCIO-ECONOMIQUES :
Dans son étude sur Diatock, Van Der Klei montre à travers la répartition
des terres héritées et empruntées, selon la taille des ménages, les surfaces
moyennes héritées et les surfaces disponibles, que le système d'emprunt avait
un effet égalisateur sur les rizières. Ainsi, l'auteur qui se penche sur le de-
cret d'expropriation (article 2 de la loi 66-01 du 18 Janvier 1966) pour cause
d'utilité publique, met en exergue la primauté juridique de 1'Etat et les con-
séquences qui découlent de cette situation. L'auteur montre comment en 1970,
1'Etat a alloué une bande de terre de 853 hectares à la Société Nationale de
Promotion Touristique qui, à son tour, l'a donné au Club Méditerrannée qui en
assure l'administration et l'exploitation touristique.
Van Der Klei se demande dès lors, quelle utilité publique une telle allo-
cation de terres pourrait offrir au pays, lorsqu'on saitque d'autres cas d'ex-
propriations similaires se sont produits en Basse-Casamance, au profit de socié-
tés privées dans lesquelles quelques particuliers privés sénégalais sont inclus.
Le rapport final Louis Berger (1981) a révélé que malgré les nombreux dé-
séquilibres inhérents au système foncier ancien, la réforme foncière qui propo-
se des solutions radicales pour aplanir ces inégalités n'est pas acceptée dans
le périmètre de Baïla, ofi les chefs de concession, gestionnaires de terres exigent leur parti-
cipation à la gestion des terres de leurs ancêtres. Aussi, le rapport..wd*
t-il la prudence sinon la prise en compte des chefs de concession, lesquels
brandissent des menaces liées à l'utilisation des puissances symboliques.
Les travaux de CISSE (1983) ont montré que si l'esprit de la réforme est
conforme aux aspirations du monde rural, les autorités s'en sont emparées pour
le vider de son contenu démocratique. Ainsi, il y a la main-mise des fonction-
naires dans les organes de participation communautaire.
Selon CISSE, la gestion foncière est le seul endroit où les conseillers
ruraux pouvaient agir sans être soumis à la tutelle des autorités. Mais l'au-
teur note plusieurs aspects contraignants dont le non respect des unités socio-
culturelles dans le découpage des communautés rurales, qui a aggrave les conflits
de terres. L'auteur signale en outre l'influence des tendances et partis poli-
tiques qui maintiennent une ombre permanente sur l'élection des conseillers.
. . /. *..

Il pense, en définitive, que si les anciens propriétaires terriens wolof
(Borom daye) et les lébou du Cap-Vert ont pu constituer des groupes de pression
et défendre leurs intirêts face à la réforme, l'organisation sociale diola em-
pêche la constitution de groupes de pression capable de faire immatriculer leurs
terres. Or, il existe en Basse-Casamance, des personnes privilégiées qui ont
obtenu des titres fonciers pour les terres qu'elles occupent. En somme, la thè-
se de CISSE est un réquisitoire contre la réforme telle qu'elle est pratiquée
en Basse-Casamance quoique l'auteur adhère aux principes fondamentaux de cette
réforme.
A l'instar de presque tous les auteurs qui ont travaillé sur cette ques-
tion, CISSE prône la prudence et surtout la mise sur pieds d'une commission
chargée de veiller à l'application correcte de la ré:forme domaniale et admi-
nistrative.
La réforme foncière manisfestement n'a pas tenu compte des particulari-
tés régionales en Basse-Casamance les principes de la loi sur le domaine na-
tional s'inscrivent en faux contre le régime foncier ancien dont le dynamisme
se maintient. En analysant la situation sur le plan administratif dans la sous-
préfecture de Loudia-Ouolof, nous allons essayer d'apporter des informations
ponctuelles sur l'évolution de ce conflit entre la loi et la coutume à l'int&
rieur du Kassa.
2, 2.2.1. LES CONFLITS ET LEUR REGLEMENT DANS LA SOUS-PREFECTURE DE LCUDIA-CWLOF:
-~
EXPLOITATION DES REGISTRES DE DELIBERATION.
Dans le département d'Oussouye,
les problèmes fonciers sont à la fois
violents et actuels. A la sous-préfecture de Loudia-Ouolof, le registre des
délibérations ainsi que les différentes plaintes adressées aux autorités lo-
cales présentent de nombreux litiges enregistrés entre 1964 et 1983.
De 1964 à 1977 période pendant laquelle la réforme foncière n'était pas
encore en vigueur en Casamance, 33 conflits ont été déclarés à l'arrondisse-
ment. De 1978 (début d'application de la réforme) à 1983, 17 conflits fonciers,
soit 34 % des litiges ont été déclarés. En analysant l'objet de ces conflits,
nous avons pu les diviser en quatre rubriques :
- les conflits portant sur les terres de cultures (il s'agit des emprunts
de longue durée dont la restitution se heurte à la reticence des exploitants
actuels
; mais il y a également les défriches effectuées par des individus ap-
partenant à des villages "étrangers", dans des forêts relevant des terroirs
des villages autochtones. Les premiers opposent des familles de villages dif-
férents
; les seconds opposent le plus souvent un individu à une famille.
. . . / . . .

36/
- les conflits portant sur l'exploitation forestière peuvent Etre divi-
sés en deux categories : l'exploitation des palmiers et la coupe de la paille.
La sécheresse des dernières années a réduit les capacités de fauchage de la
paille qui est devenue une matière précieuse dont les paysans ont besoin pour
couvrir les chaumières. Ces deux catégories de conflits opposent donc généra-
, lement des populations de villages différents ;
- en ce qui concerne la divagation des animaux, nous pouvons dire que
les conflits qu"elle entraîne opposent la plupart du temps les diola autochto-
nes et les villages "étrangers" dont les habitudes dans ce domaine semblent
s'opposer.
En effet, les populations indigènes ont l'habitude de laisser leur
bétail en divagation dès après les récoltes et durant toute la saison sèche,
alors que dans les autres villages, les activités agricoles se poursuivent
dans des activités maraîchères ou dans les vergers.
Ainsi, de 1964 à 1977, soit en 13 ans, les 33 litiges fonciers sont répar-
tis comme suit :
- 20 conflits de terres,
- 5 conflits concernant l'exploitation forestière,
- 4 conflits nks de la coupe de paille,
- 4 autres conflits sur la divagation des animaux.
Dans la seconde! période (1978 à 19831, soit 5 ans, les 17 Conf:lits sont
répartis comme suit :
- 10 conflits de terres,
- 6 conflits sur l'exploitation forestière.
Dans la première période, les conflits de culture sont nettement domi-
nants avec 60 % des litiges de la période, suivis des litiges dus à l'exploi-
tations forestière 15 %, il y a eu autant de conflits nés de la coupe de pail-
le que de la divagation des animaux, entre 1964 et 1977.
Dans la seconde période, 59 % des conflits sont dus à des parcelles de
cultures (rizières et plateau confondus), tandis que 35 % des litiges de cet-
te période naissent de l'exploitation forestière. Par contre, il n'y a pas eu
pendant cette période de conflits de paille et les litiges de divagation ne
représentent que 6 % de l'ensemble des conflits de cette période,
Au total, les conflits de terres constituent l'essentiel des litiges avec
60 % des cas dans les deux périodes suivis de l'exploitation forestiGre : 22 %,
de la divagation des animaux : 10 % et de la coupe de paille : 8 %.
. . ./ . . .

37/
-
En comparant les deux périodes, on constate donc une montée accélérée
des litiges de culture dans la seconde période où la loi sur le domaine na-
tional est en vigueur. Cela confirme le fait que les principes d'assouplis-
sement de la loi ancienne sont gelés par la loi nouvelle, ce qui se manifes-
te par la tendance des anciens propriétaires à vouloir récupérer les terres
qu'ils avaient prêtées selon les normes du système ancien.
On note également la réticence des emprunteurs à restituer ces terres
du fait même que la loi sur le domaine national les autorise à les exploiter.
Ainsi II* les conflits naissent et s'accentuent entre ceux qui se sentent pro-
tégés par la loi nouvelle et ceux dont les intérêts sont menacés par la
réforme.
Quant aux conflits sur l'exploitation forestière, ils sont surtout dus
à l'utilisation des palmiers (fruits et vin de palme) : les villages musul-
mans habités par les étrangers qui ne disposent pas de terre dans la juridic-
tion ancienne ont des difficultés à exploiter les palmiers situés dans la fo-
rêt des paysans autochtones. Cependant, les paysans diola, qui se considè-
rent comme les vrais maîtres de ces terroirs vont récolter le vin de palme
jusque dans les tapades (champs de cases) des populations d'origine "étrangère".
Il résulte de cette situation une tension permanente, comme l'atteste la
fréquence des plaintes reçues à la sous-préfecture de Loudia-Ouolof. Cette
situation conflictuelle est d'autant plus confuse que les litiges ne sont
pas toujours réglés par les autorités. Sur les 50 litiges déclarés entre
1964 et 1983, seuls 15 ont trouvé de solution définitive. Parmi ces 15 cas,
il y en a eu 1 dont les parties se sont spontanément réconciliées. Dès lors,
35 litiges fonciers inscrits à la sous-préfecture de Loudia sont à. ce jour
non réglés et restent à suivre. En poussant l'analyse nous constatons d'a-
bord pour la rubrique qui concerne les parcelles de cultures que sur 30 li-
tiges déclarés depuis le vote de la loi sur le domaine national, seulement
10 ont été réglés ; en ce qui concerne la rubrique (Exploitation forestiè-
re, exceptée la coupe de paille), on peut noter, sur 11 litiges, que seule-
ment 3 sont réglés ; les litiges concernant la coupe de paille, ainsi que
ceux qui sont liés à la divagation des animaux n'ont presque pas été &&US.
Cette situation, si elle prouve l'accroissement des conflits dus à la
réforme, prouve en même temps que les outils dont s'est doté 1'Etat sénéga-
lais pour résoudre les problèmes fonciers, semblent peu efficaces dans cet-
te zone où 70 % des conflits fonciers n'ont jamais trouvé de solution auprès
des autorités compétentes.
. . ./ . . .

381
-
Ainsi, l'accumulation des conflits, d'année en année, a abouti à une
tension sociale que l'on découvre dans le discours quotidien des paysans de
Loudia. Ces litiges opposent des individus entre eux, mais également des vil-
lages différents. Sur les 50 conflits enregistrés à la sous-préfecture de
Loudia-Ouolof, 28 opposent des villages, tandis que 22 opposent des individus.
Dans l'ensemble, les conflits intervillageois sont donc plus nombreux que les
conflits entre individus. Mais, si nous examinons la situation par rubrique,
nous avons à la rubrique (parcelles de culture) 13 litiges intervillageois et
17 entre individus, soit de même village,
soit de villages différents : les
conflits entre individus dominent donc dans cette rubrique.
Dans la rubrique (Exploitation forestière) 7 cas opposent des villages
tandis que 4 concernent des individus, ici les conflits intervillageois sont
dominants,
mais cela s'explique par le fait que la forêt constitue le plus
souvent un domaine d'appropriation collective pour chaque communaute villa-
geoise. La rubrique (coupe de paille) n'a opposé, peut-être pour les mêmes
raisons que la rubrique précédente, que des villages entre eux. Il en est
de même pour la rubrique (divagation des animaux) où 4 cas sur 5 ont; opposé
des villages et seulement 1 cas ayant concerné des individus.
La détérioration du climat social dans le Kassa due à la dégradation
des rapports fonciers depuis l'adoption de la loi SUI? le domaine national pré-
sente des conséquences douloureuses pour les "étrangers" installés en pays
diola, depuis plusieurs générations, qui méritent d'être rapidement présentées
à travers le cas concret de Loudia-Ouolof avant de conclure ce chapitre.
2, 2.2.2. LA SITUATION FONCIERE DES PAYSANS D'ORIGINE ETRANGERE (LOUDIA-0~0~0~).
Fondé par des migrants Wolof débarqués à Carabane au cours du XIXème
siècle, Loudia-Ouolof se caractérise essentiellement par son appartenance à
la religion musulmane dans une zone peuplée d'animistes. Implanté sur le ter-
roir de Loudi-Diola qui avait accueilli ses premiers occupants, Loudia-Ouolof
est aujourd'hui le siège d'un arrondissement qui comporte plusieurs infras-
tructures administratives, scolaires et agricoles.
Quoique créé par des Wolof, Loudia est actuellement extrêmement cosmo-
polite et les Wolof font aujourd'hui partie des minorités ethniques du villa-
ge. Sur 40 chefs de ménages recensés, 4 seulement sont des Wolof, alors qu'on
y trouve 15 chefs de ménages Diola, 12 Peulh, 3 Sarakolé, 2 Mandingue, le res-
te étant réparti entre les Balantes, Séreer et Baïnouck.
. . ./ . . .

391
Comme nous avons pu le constater, les Diola et les Peulh y sont majori-
taires. Malgré sa diversité ethnique, les populations de ce village sont sou-
dées par la religion et dans une certaine mesure par la politique.
On note à Loudia-Ouolof une forte pression foncière due au fait que la
plupart de ses habitants sont des étrangers par rapport aux autres villages
diola de la zone, dont ils cultivent les terres dans le cadre du système tra-
ditionnel. Cette pression foncière fait apparaître de nombreuses stratégies
notamment au plan matrimonial, en cesens que les personnes nées de rrères autoch-
'W
tones (Assampoul) sont avantagées dans l'exploitation des terres relevant des
terroirs diola. Cette situation décrite par Marzouk (1981) dans le Eandial a
une importance capitale à Loudia.
Sur le plan des cultures, Loudia appartient à I!a bande littorale dans
laquelle les rizières aquatiques sont dominantes. Ainsi, sur 144 parcelles ap-
partenant à 40 chefs de ménages, 72 sont inscrites dans l'aquatique. Cependant,
on constate ici une grande invasion des hommes sur le plateau entraînant ainsi
de nombreuses défriches, 46 nouvelles parcelles ont été défrichées dans la fo-
rêt, sans compter les 19 tapades (clôtures de case). Cette montée des hommes
sur le plateau est due non seulement à l'insuffisance des rizières aquatiques,
mais aussi à l'importance croissante de l'arachide dont le produit est quel-
quefois échangé contre du paddy.
On note également la multiplication des vergers à l'intérieur des tapa-
des où sont plantés de nombreux orangers.
Cependant, le mode d'acquisition dominant à Loudia semble être la défri-
che dans la mesure où les 52 parcelles déclarées en héritage sont pour la plu-
part des emprunts sur plusieurs générations dont le maintien a été possible
grâce à des positions d'Aswoul.
Une des preuves des limites foncières à Loudia-Ouolof est qu'aucune par-
celle n' a été attribuée au moment des mariages contrairement à ce qui se pro-
duit souvent dans tous les villages diola. Cependant, on ne trouve ni de don,
ni de location, ni d'achat de parcelle.
La répartition éthnique de 135 parcelles montre que les Diola 'et les Peulh
sont "propriétaires" de plus de la moitié des parcelles aquatiques, du plateau
et des tapades ; en dehors des Sarakolé et des Séreer, tous les autres chefs
de ménages qui ne sont pas Diola ou Peulh ne cultivent que le plateau ou la
tapade.
.
.
/
.
..a

En ce qui concerne le monopole des Diola et des Peulh sur les terres, -il
y a deux explications : la plupart des Diola de Loudia-Ouolof sont originaires
desvillages diola autochtones dans lesquels ils ont conservé leurs droits fon-
ciers, quand bien même leur conversion à l'islam ne .Leur permet plus, de vivre
dans leur village d'origine. Quant aux Peulh, ce sont pour la plupart des assamqzoul
. de diola qui possèdent des privilèges particuliers sur le patrimoine foncier
de leurs oncles maternels.
En faisant la répartition de 141 parcelles utilisées par les 4.0 chefs de
ménages, nous constatons selon la nature de la parcelle et selon le groupe d'â-
ge des chefs de ménages, que le grand nombre de parcelles aquatiques et de pla-
teau (défriche et tapade) est concentré entre le groupe d'âge de 40 à 50 ans
et de 50 à 60 ans, aucune parcelle n'a été défrichée par des chefs de ménages
de 20 à 30 ans et de 30 à 39 ans. Ce phénomène est dii au fait que les jeunes
chefs de ménages sont encore dépendants sur le plan foncier des aînés qui sont
les gestionnaires exclusifs des rizières et des champs de plateau. Cn note ce-
pendant, dans cette rubrique, l'utilisation des parcelles de tapade par les
jeunes ménages.
L'hétérogénéité sur le plan humain a comme conséquence sur le plan de
l'organisation du travail,
l'adoption de plusieurs formules empruntées soit,
aux Mandingue soit aux Diola. Cependant, les techniques et les instruments de
culture sont essentiellement diola. La langue dominante à Loudia-Ouolof est
diola-kassa.
On observe donc dans une large mesure, un phénomène d'accultura-
tion qu'on pourrait qualifier de "diolaisation".
C O N C L U S I O N
*-*-*-*-*-*-+-*-s-9
La question foncière est généralement présentée par la littérature socio-
logique dans son aspect traditonnel. Peu d'auteurs l'ont analysée dans un con-
texte juridique national. Cela est dû au fait que la loi ancienne est encore
très en vigueur en Basse-Casamance et ce sont les fondements du régime foncier
diola qui ont le plus fait couler d'encre. Dans la perspective des aménagements
où la récupération de nombreuses terres est prévue, il nous paraît urgent d'ap-
porter une solution viable au déséquilibre foncier en Basse-Casamance.
Car, la mission assignée à cette région ne pourra s'accomplir dans le dé-
sordre, en dépit de sa v'ocation affirmée de "grenier du Sénégal".
. . ./ . . .

41/
-
- La loi sur le domaine national est trop souvent incontrôlée dans son
application comme l'ont montré les auteurs dont les ouvrages ont éti; présen-
tés dans ce chapitre. Pour assurer la viabilité de cet instrument juridique
1'Etat devra! à notre avis, tenir compte de l'ancien système avec lequel il
convient de réaliser un compromis qui permette aux étrangers et aux paysans
les moins nantis d'exploiter suffisamment de parcelles.
Par ailleurs, l'avancée du grand tourisme à l'intérieur des terres si-
tuées sur la côte, crée des appréhensions vis-à-vis des intentions de 1'Etat
et accsntue le climat de méfiance des autochtones qui
se retournent assez
souvent sur les "emprunteurs" de terres.
Cependant, de nombreux facteurs importants parmi lesquels la pression
démographique se greffent à ces réalités foncières occasionnant ainsi de nom-
breux mouvements migratoires. L'accroissement de la population pose, en effet,
un déséquilibre par rapport à la terre dont l'utilisation repose sur des nor-
mes juridiques exigeant le morcellement des parcelles à chaque génération. Ce
processus de division a entraîné le découpage des terres en micro-parcelles
dont l'exploitation ne permet plus de nourrir un grand nombre de ménages.
Dès lors, l'émigration se pose, pour beaucoup, comme un choix inélucta-
ble dans la mesure où celui qui émigre espère trouver sur son lieu d'accueil,
les conditions favorables à la survie de l'exploitation à laquelle il appartient.

CHAPITRE III -*-
g A MIGRATION EN BASSE-CASAMANC//-
~- -*-
*_~~_*_*_*_Y_t_*_*_*_*-*-*-*~*-*-*-~-*-~
Il y a près de vingt ans quand Pélissier et Thomas décrivaient ce phencxnè-
ne en signalant l'un, le poids de l'émigration sur le calendrier cultural, l'au-
tre le caractère ostentoire de l'utilisation des surplus migratoires, dans les
, cérémonies religieuses et familiales.
Or, le phénomène s'aggrave depuis, dû à de nombreux facteurs physiques,
économiques ou sociaux, remettant davantage en cause la survie des exploita-
tions agricoles dont la production est en baisse continue.
Aussi, depuis plus d'une décennie, quelques auteurs se sont-ils penchés
sur l'émigration en nasse-Casamance,
considérée comme l'un des aspects les plus
contraignants pour les systèmes de production.
Presque tous les auteurs qui ont abordé l'émigration en Basse-Casamance
depuis 1972, l'ont essentiellement approchée dans ses causes et ses conséquen-
ces, mais aussi sur les destinations, les périodes de départ et de retour des
migrants temporaires. Parmi ces auteurs, nous avons choisi ceux dont .Les ouvra-
ges sont les plus significatifs de l'évolution actuelle du phénomène, dont nous
allons tenter d'analyser d'abord les objectifs et les méthodologies.
3, 1.
OBJECTIFS ET ME:THODOLOGIES :
-c-E-cc-=-=-=-=-==-=-=-c-=il=-=-=-=---
L'ouvrage de Henk L. Van Loo et Star, (1972) part du constat selon lequel,
(33 500 habitants), soit 15 % de la population de Basse-Casamance avaient quit-
té leur lieu de résidence habituel pendant la saison sèche de 1972.
Pour avoir une idée des raisons de ces départs temporaires, de l'endroit
où partaient ces individus, des moments où ils partaient et des périodes pen-
dant lesquelles ils revenaient, les auteurs entreprirent une étude de l'tigra-
tion en Basse-Casamance. Pour atteindre ces objectifs, ils s'appuient sur la
méthodologie suivante :
- d'abord, les auteurs partagent la Basse-Casamance en quatre districts
sur la base des aires culturelles, et éthnico-linguistiques homogènes (le dis-
trict Mandingue, le district Baïnouck, le district Fogny/Boulouf, le district
SW/Mandjak) ;
- sur le terrain les renseignements furent recueillis auprès des chefs
de famille présents lors des enquêtes.
. . . / . . .

43/
-
Dans les objectifs comme dans sa méthodologie, ce document qui se présente
en deux volumes est l'un des ouvrages les plus complets et les plus actuels
sur l'émigration en Basse-Casamance. Il n'a cependart pas permis de réunir des
informations relatives aux conditions d'existence des émigrés de cette zone sur
les lieux d'accueil, notamment dans les villes sénégalaises ou gambiennes. Dans
ce domaine, le travail d'Alice Hamer (1981), axé exclusivement sur l.a migration
féminine,
complète celui des auteurs précédents.
En effet, l'objectif de l'enquête de-r était de retracer l'évolution
historique de la migration féminine, d'examiner de façon approfondie l'impact
de cette migration au niveau rural, de recueillir des renseignements sur les
revenus ruraux attribuables à la migration saisonnière. Elle s'était également
fait le souci d'enquêter pendant 15 jours à Dakar et pendant 5 jours en Gambie,
afin d'obtenir des informations sur le mode de vie des migrants
en ville.
Hamer, qui a travaillé surtout dans le Boulouf peuplé de 40 000 habitants
et plus précisément à Thiouck-Essyl, a utilisé un échantillon de 150 habitants
choisi au hasard sur les listes de recensement de l'arrondissement de Tendouk.
Les 2/3 des personnes interrogées étaient des femmes. Pour couvrir toutes les
catégories, Hamer avait donc réparti cette populaticn selon les différents grou-
pes d'âge. Mais, si l'enquête rurale de l'auteur qui avait duré plusieurs mois,
fournit de nombreuses données historiques et socio-économiques concernant l'é-
migration des femmes de Thiouck-Essyl, la courte durtze des enquêtes urbaines,
notamment celles de Gambie, quand bien même elle a permis à l'auteur de livrer
quelques informations sur les conditions de vie des "bonnes", ne lui a pas per-
mis d'aller plus loin dans ses objectifs.
Aussi, pensons-nous que c'est le travail effectué par des stagiaires de
1'ENEA (1983) sous l'égide du Conseil National des Femmes Noires Américaines
dans le quartier de Fass à Dakar, qui a le mieux comblé les lacunes relevées
dans le travail de Van Loo et Nella Star. L'objectif a été de recueillir le
maximum d'informations sur les conditions de vie des migrantes de BasseXawnance
en suivant la filière des associations de ressortissants. Ainsi, de nombreuses
données ont été recueillies sur le niveau des salaires, les niveaux d'intégra-
tion des filles dans les quartiers et dans la ville en général, et sur les con-
ditions du maintien des relations avec les terroirs d'origine.
A la base, l'enquête rurale inscrite dans le m&me programme a été effec-
tuée à l'intérieure du département de Bignona : Diagobel, Tendimane, Djimande,
Kaparan et Badiana.
. . ./ . . .

441
Elle a concerné 490 migrants temporaires sur I;ne population de 4 398
habitants. Cette enquête exécutée par le PIDAC a du:ri: 5 mois et a comporté
quatre volets :
1) Un volet démographique
2) Un volet socio-économique
3) Une enquête sur la qualité de la vie
4) Une enquête sur les associations.
Ainsi, les informations ont été recueillies à -trois niveaux :
- auprès des femmes de Fass (Dakar)
- auprès des associations
- dans les villages.
A Dakar, l'échantillon a porté sur 472 femmes du quartier de :?a%, répar-
ties dans les tranches d'âge suivantes :
10 à 15 ans
=
80 femmes
16 à 25 ans
=
200 femmes
26 à 35 ans
=
150 femmes
36 et plus
=
42 femmes
Ce programme de recherche aeula mérite, sur le plan méthodologique, d'a-
voir intégré les deux pôles de la migration : celui des lieux de départ des mi-
grants et celui de leurs lieux d'arrivée. Autrement dit, l'étude a tZté menée
simultanément à la campagne et à la ville.
Cependant, tout comme le travail de Alice Hamer, celui-ci est limité dans
son objet puisque les enquêtes aussi bien en ville qu'en milieu rural Basse-
Casamançais,
se sont essentiellment adressées aux femmes.
A latêted'un groupe de quatre experts hollandais Klaas De Jonge et Al (1976),
après avoir passé en revue les nombreuses théories socio-économiques et démo-
graphiques relatives à la migration, sont partis sur la base des idées de Samir
Amin et des recommandations du séminaire de 1'IDEP en 1972 sur la migration,
pour étudier ce phénomène en Basse-Casamance. Il s'agit d'une approche multi-
disciplinaire avec une étude micro et macro-économique qui tient compte de la
stratégie de développement et de ses conséquences économiques, sociales et
politiques.
Il est q‘llestion pour les auteurs, de savoir si la forte migration
en Basse-Casamance est une conséquence des possibilités insuffisantes d'acqué-
rir des revenus moné-taires, compte tenu du fait que la stratégie de développe-
ment du Sénégal, dans les premiers plans avaient mis en avant le Cap-Vert et
le bassin arachidier.
*.. /
*..

Dès lors, deux types d'enquêtes i‘uren1-. introduites : une enqcête démo-
graphique et une enquête agro-économique.
La problématique centrale est résumée par les auteurs en trois points :
l") Quels sont les facteurs
socio- économiques et démographiques qui
sont à la base de la migration interne en-se -Casamance ?
2O) Quel est :Le poids explicatif de ces facteurs et quels sont les rap-
ports entre eux ?
3O) Quelles sont 1;s conséquences de la migration actuelle sur le lieu
de départ ?
Par ailleurs, quatre autres thèmes ont été définis à l'intérieur de cha-
que discipline :
- Surleplan agro-économique, l'on se demande comment est structuré le
milieu rural dans lequel l'exploitation agricole doit fonctionner et quel est
le rapport entre le résultat économique
obtenu par l'exploitation et la con-
duite migratoire du ménage dont il s'agit.
-Sur le plan démographique, on s'interroge sur les possibili-tés d'exis-
tence en Basse-Casanance de relation immédiate entre la pression démographique
et la migration.
- Au point de vue sociologique, les auteurs se demandent dans quelle me-
sure, de nouvelles formes sociales émanent de la formation économique et quel-
les en seraient les incidences sur le modèle migratoire d'une part, d'autre
part quelles sont les conséquences de cette migration sur l'organisation so-
ciale dans la région de départ.
- Sur le plan macro-économique, l'on se demande dans quelle mesure les
caractéristiques du développement économique au Sénégal rendraient compte de
la migration en Bass,e-Casamance.
Quelles sont les orientations actuellement
définies par la politique économique et sociale du gouvernement .
Pour apporter des réponses à ces questions, K:Laas De Jonge et Al ont
axé l'analyse sur les situations agro-économiques e': les caractéristiques
démo-migratoires. Quatre villages de Basse-Casamance ont été Choisi:s compte
tenu de leurs différents niveaux d'intégration à l'Économie marchande. Les
auteurs ont voulu ainsi se conformer à la thèse de S. Amin selon laquelle,
la migration s'accroît en fonction du degré de transformation et d'intégra-
tion des villages dans l'économie nationale.
. . ./ . . .

461
11 Saut reconnaître que de nombreux échanges humains ont touciours exis-
té entre la Basse-Casamance et les pays voisinS,plus particulièrement avec la
Guinée-Bissau dont les frontières avec le Sénégal sont encore relativement
artificielles en raison de nombreuses ethnies communes résidant de part et
d'autre.
Il convient de dire cependant que la guerre de libération en Guinée
dite portugaise avait favorisé l'arrivée et l'implantation massive de popu-
lation de ce pays dont la sédentarisation a été facilitée par l'existence
de réseau familiaux à l'intérieur de la Basse-Casamance. Les travaux de Car-
reira et de MeirreLes (1960) montrent bien comment ces populations de Guinée
Bissao (Mancagne, Manjak, Mandingue, Peulh, Balante et Papel) arrivaient à
s'infiltrer en Basse-Casamance pour s'y réfugier et garantir leur survie
économique.
Si aujourd'hui la plupart d'entre eux ont parfaitement intégré
les populations locales, de nombreuses ethnies originaires de la Guinée
Bissau connaissent encore des problèmes d'intégration quelquefois violents.
C‘est le cas des Manodj (10) et des Woyinké (Mandingue de Guinée-Bissau
discriminée par rapport aux Mandingues du Sénégal).
En ce qui concerne l'immigration en provenance de la République de mn&,
l'on sait qu'elle concerne essentiellement les Peulhs. Mamadou Saliou BALDE (11)
(1976) a montré qu'elle s'est opérée en trois étapes successives :
- la première vague de migrants Peulh qui date de 1912 a été le fait d'an-
tiens esclaves dont l'émancipation a été encouragée par le pouvoir colonial.
Ces migrants s'étailent installés pour la plupart en Haute Casamance où ils
ont fondé de nombreux villages ;
la deuxième vague se situe au lendemain de la première guerre mondiale :
la "fièvre de l'arachide" après le bassin arachidier atteind le Fouladou et
ce sont entre 3 000 et 6 000 personnes par an qui quittent la Guin&e pour se
rendre dans cette région, poussées par l'appât du gain ;
(10) Les Mai-icdj ccnstituentaemble-%il,
un sous- balante qvi pratique le vol institi-
tionalisé. Pour cette raison, leur implantation à proximité d'urk village constitie trn "danger"
pour les paysans qui finissenttoujwrs parles mhasser.
(11) Les migrations afric~les : sous la direction de Amselle, J. L. (Dossiers africains) P 69-
70 Maspéro 1976.
. . ./ . . .

47/
-
La base de comparaison a été :
- d'abord le revenu monétaire du ménage (sur ce plan les quatre villa-
ges se situent d'après les auteurs, sur une ligne continue par rapport au de-
gré de transformation subie) ;
- les besoins céréaliers en riz et autres ;
- l'importance de l'arachide comme source de revenus monétaire dans Les
budgets domestiques ;
.- les apports de la migration dan; les revenus des exploitations ;
- l'importance des produits "extra-agricoles" (huile de palme, pêche,
cultures maraîchères, etc...).
Par ailleurs, la classification établie par les auteurs nous semble ex-
primer les différents aspects de la migration à l'intérieur de la Bass&asamance ;
aspects que nous allons examiner à travers
les causes et les conséquences de ce
phénomène.
3, 2.
LES CAUSESET LES CCWSEQJENCES DE I.AMIGRATIcNENBA.SSE-C!AS~ :
<-=-=-=-=-=-z-z- =-=-=-=-=-=-=~-=-=-=-=-=-=-=-- --=-=-=-=-.~=-=-=-l=-
Comme nous l'avons déjà dit, les auteurs ont essentiellement analysé les
causes et les conséquences de la migration en Basse-Casamance. Certains d'en-
tre eux ont appréhendé ces causes et ces conséquences dans le processus histo-
rique de cette région, en s'appuyant sur la tradition orale ou sur l'histoire
coloniale.
Mais la plupart des auteurs portent l'analyse sur les mol;ifs actuels
et sur les conséquences agricoles de l'émigration.
3, 2.1.
LES CAUSES HISTORIQUES DE L'IMMIGRATION :
Les mouvements de migrations en direction de la Basse-Casamance ont con-
nu trois grands foyers. Celui de la Guinée Bissau actuelle et de la République
de Guinée (ex Guinée
française) celui du Nord Sénégal favorisé par la politi-
que coloniale française. Les migrations liées aux deux premiers foyers qui ont
revêtu d'abord un caractère pacifique et faible furent violemment propulsées
vers la fin de la période coloniale par des raisons politiques ou économiques
quelquefois internes à ces pays.
. . ./ . . .

4aj
-
.- la troisième vague de migrants concerne l'aristocratie Peulh dont les
pouvoirs après I'incépendance > ont été brusquement arrachés au prol'it. des stsa-
tes inférieures. En effet, la plupart des éléments de la chefferie tradionnel-
le ne pouvant supporter leur déchéance politique et sociale avaient choisi de
partir.
ces immigrante, feront ensuite une rapide progression à l'intérieur de la
Casamance où la plupart d'entre eux vont se sédentariser en se métissant avec
les populations locales. En Basse-Casamance, le cas des nombreux Peulh qu'on
trouve à Loudia-Ouolof est une illustration de ce phénomène.
En ce qui concerne la migration interne des populations du Nord Sénégal
en direction de la Basse-Casamance celle-cia été favorisé d'abord par .L~iqlantation
du pouvoir colonial français à Carabane . En effet, pour développer l'agricul-
ture dans la région, les français ne pouvaient compter sur les populations lo-
cales qui refusaient; d'adhérer à la politique agricole définie par Le coloni-
sateur. Dès lors, il fallait puiser dans la réserve d'esclaves libérés et des
laptots Wolof qui peuplaient l'île de Gorée (12) (Roche, 1974). Le rapport
Bocandé (1857) présente la genèse de cette politique, laquelle est à l'origi-
ne de la création de nombreux villages Wolof actuellement situés au Sud de
la Basse-Casamance, non loin de Carabane.
3, 2-2. LES CAUSES HISTORIQUES DE L'EMIGRATION :
Le travail d'Alice Hamer (op.Cité) qui s'appuie sur la tradition orale
montre que le Boulouf a connu dans le passé une forme d'émigration féminine
liée à l'exploitation des palmiers et qui se situait en complémentarité avec
celle des hommes.
L'auteur montre comment cette émigration était organisée au niveau des
familles ou entre les couples, en destination de la Gambie et des zones isla-
misées (Fogny essentiellement), car il y a un monopole de fait en CI~ qui con-
cerne l'exploitation des palmiers dont les villages animistes sont (encore dé-
tenteurs.
Il s'agiss'ait donc du vin de palme et de :!a noix de palmistes qui
servaient à la fabrication de produits en métropole.
(12) Q-I fxouve de nc&reux témoignages de ces causes historiques de la migration en Basse-Casamance
dans les docmts d'archives suivants :
2 D5 - 7 ; 13 G. 37 J. ; X. 23 etc...
. . /. *..

49,
D'açr& Hamer, cette migration date d'avant 1880 et suivai-t l'itinéraire du 1'~gly
Diouloulou Kabanank 2 Birkama en Gambie. Elle durait, deux jours. Les migrants vc-
yageaient à pieds ou en pirogue.
En Gambie, les migrants et leurs patrons mandingue se partageaient les
noix qui étaient vendues à la CFA0 de Banjul. Ce corrmerce, qui a duré jusqu'aux
' environs de 1930, se faisait sur la base d'un partag,e des produits entre l'hcm-
me et la femme qui l'accompagnait (celle-ci pouvait être son épouse, sa soeur
ou une autre personne de son groupe familial).
'W
La mortalité infantile, la stérilité, la mortalité du bétail, la maladie
sont des causes historiques évoquées par les auteurs et qui n'en sont pas moins
actuelles. La consolidation de l'infrastructure coloniale a également joué un
rôle déterminant dans l'émigration des populations de Basse-Casamance, comme
l'ont fait remarqué de nombreux auteurs parmi lesquels Roche (1974), Van Loo
et Nella Star (OP. Cité).
L'institution de l'impôt colonial, ainsi que les multiples abus de l'è-
re coloniale, ont été à l'origine de nombreuses migrations. En ce qui concer-
ne la migration ancienne des femmes signalée par Hamer, liée au vin de palme,
elle a été freinée par l'islamisation du Boulouf et aussi par la scolarisation
des filles. Mais à partir de 1950, l'école était devenue un facteur d'émigra-
tion, dans la mesure où les jeunes scolarisés aspiraient à des revenus sala-
riés qui n'existaient que dans les villes.
La croissance industrielle consécutive à la deuxième guerre mondiale
avait entraîné de véritables explosions urbaines, créant ainsi de nombreux
emplois domestiques. La plupart des auteurs pensent que c'est à partir de
1950 que la migration en direction des villes a commence, notamment pour les
filles qui occupent ces emplois domestiques. Cette migration, comme le notent
Van Loo et Nella Star, a été largement favorisée par la création de la trans-
gambienne en 1950.
Mais, sur le plan économique, les auteurs tiennent pour cause fondamen-
tale de l'émigration en Basse-Casamance, l'introduction de l'économie monétaire.
3, 2.3.LES CAUSES ACTUELLES DE L'EMIGRATION :
Klaas De Jonge (1977) qui a étudié la migration des jeunes Balante de
Bikama, pense que la monétarisation de la dot accentue le phénomène miga~ire.
.., /
. . .

501
-
I)ans cet.tct opt:.yue, Storm ( 1977), a travaillé sur échanti llon de 80 mé-
nages ruraux (111 Sud de la Basse-Ciasamance où il trouve que les revenus tires
de la migration contribuent pour près de 14 % à la formation des budge-ts
familiaux.
L'auteur qui sépare son échantillon en ménages de migrants et en ména-
ges de non migrants -;ente une comparaison des revenus issus de la commercia-
lisation de l'arachide avec ceux issus de la migration. Il soutient que les
ménages de migrants sont caractérisés par leur faible adhésion à la culture
marchande et que l'arachide a un effet limitatif sur la migration.
Il faut reconnaître cependant que le Sud de la Basse-Casamance est es-
sentiellement caractkrisé par la prédominance de la riziculture submergée par
rapport aux cultures de plateau qu'elles soient vivrières ou commerciales.
Dès lors, ces conlusions de Storm appellent beaucoup de prudence, car si la
migration apporte des revenus comparables à ceux des produits arachidiers
dans cette zone, il n'est pas certain qu'elle soit l'obstacle premier à la
propagation de l'arachide.
Du reste, les résultats de l'équipe système de Djibélor ont montré une
nette évolution en ce qui concerne la culture de l'arachide dans le Kassa.
Aldiouma CISSE (1983) énumère parmi les causes économiques le rôle de
l'impôt en numéraire, les disparités régionales et le déséquilibre entre les
villes et les campagnes.
En ce qui concerne les causes psycho-sociologiques, Van Loo et Star,
Hamer, Cissé, pour ne citer que ceux-là, ont évoqué les raisons suivantes :
- d'abord la souplesse de l'organisation sociale qui rend plus libre
la femme et émancipe assez tôt les jeunes, facilite la sortie de ces derniers
qui s'en vont à la quête d'activités rkrunératrices dans les villes ;
- l'inadéquation du système scolaire qui oblige les élèves a se rendre
dans les villes pour poursuivre leurs études : l'école véhicule en outre une
idéologie déracinante qui arrache les jeunes de leur milieu d'origine, alors
que le système économique les empêche d'y revenir ;
- l'effet démonstratif de la réussite de certains migrants est aussi
un facteur psychologique qui stimule la migration ;
. . ./ . . .

- 1 'attraction génerale de 1 a vie C\\itadine ol‘f‘r%ant une plus grande in-
dependance et une occasion d'évhapper à la monotonie des villages, la durete
des travaux agricoles, la libre disposition de l'argent gagné en vi.lie et. la
valorisation actuelle de la migrante, sont autant de facteurs socio-prychologiques
qui sont à la base de l'émigration.
3, 2.4.LES CONSEQUENCES DE L'EMIGRATION :
Si la plupart des ouvrages actuels révèlent l'émigration comme une sour-
ce supplémentaire de revenus pour les ménages ruraux (13), ils ont également
montré le caractère extrêmement contraignant de cette émigration sur le fonc-
tionnement des exploitations agricoles.
Le poids de cette émigration est intimement lié aux mouvements de départ
et d'arrivée des migrants dont la plupart s'en vont avant la fin des travaux
d'hivernage et reviennent après que ces travaux ont déjà démarré.
Trois catégories d'absents sont donc concernés ici :
1") Les absents occasionnels.
2") Les absents scolaires.
3O) Les absents prolongés.
Les travaux de Van Loo et Star ont montré qu'en Basse-Casamance, 30 %
des jeunes garçons de 10 à 24 ans sont absents de leur village parcequ'ils
suivent ailleurs un enseignement quelconque ; que 20 % des jeunes hommes de
25 à 34 ans sont absents parcequ'ils travaillent autre part, et que 50 % des
jeunes filles de 10 à 19 ans travaillent; ailleurs comme aides ménagères. En
ce qui concerne les hommes de plus de 34 ans, leur absence prolongée est ra-
re, sauf pour les récolteurs de vin de palme.
(13) Les travaux de CISSE (1983) sur le Bandjal, prkentent la migration comne très positive
puisqu'elle apporte 54 % des recettes globales des mkages. Par ailleurs, l'auteur trouve que
l'absence de personnes pendant cette période, atténue le déficit en riz que connaissent certai-
nes unités de production, Dès lors, CISSE posel'émigrationc~ unphénomène nécessaire et
pense que l'idéal serait plutôt que les migrants partent tard et reviennent tôt. Il faut en
outre que ces derniers rapatrient l'essentiel de ce qu'ils gagnent en ville.
c... / .a.

521
-
in d&nltive, l'absence saisonnik~ de cey catkgorie:; de migrants diminue la pro-
duction agricole, dans I.a mesure où une partie import.ante de la main-d'oeuvre
agricole n'est pas là i3U moment opportun, que ce soit. pour les labours, les
semis ou à la récolte.
Or, la rizicultuse diola exige que les terres soient entretenues, tout
. le long de l'année, et l'absence de bras pendant au moins 8 mois de l'année
dont quelques mois en hivernage entraîne le recul technologique de la rizicul-
ture. Ainsi, le labour de saison sèche, I'entretien des digues de protection
des rizières salées ont à ce moment presque disparu, ainSi que le transport
du fumier dans les parcelles par les femmes. Pour ce qui est de l'émigration
des filles, leur rentrée tardive ou leur abstention a des conséquences sérieu-
ses sur le calendrier agricole puisque les surfaces à repiquer sont réduites
malgré l'utilisation des sociétés de travail par un grand nornbre d'exploita-
tions qui tentent de pallier ainsi à leur déficit de main-d'oeuvre.
Au plan social, les conséquences de l'émigration sont lourdes. On note
à travers les ouvrages de nombreux aspects signalés par les auteurs comme é-
tant dus à l'émigration :
- démographiquement, on observe le recul de l'âge de mariage chez les
filles entraînant ainsi la diminution du taux de fécondité : le rapport Louis
Berger (1981) pose la stagnation de la démographie autour de Baïla durant
les cinq dernières années comme découlant essentiellement de l'émigration ver-s
les centres urbains ;
- au niveau de l'organisation sociale, on note la dégénérescence des
forces de cohérence ;
- au plan culturel, il y a une intégration progressive des valeurs cul-
turelles urbaines dont la plupart s'inscrivent en faux avec les traditions
diola ;
- les clivages nouveaux sont apparus dans les villages entre ceux qui
sont confrontés aux habitudes urbaines et ceux qui ne sont jamais sortis de
leurs villages ;
- l'autorité des parents baisse vis-à-vis des enfants émigrés qui detien-
nent un pouvoir économique nouveau ;
- dans le domaine matrimonial, le choix du conjoint est de plus en plus
extérieur au village, malgré l'opinion contraire des anciens.
. . ./ . . .

531
-
ANALYSE
SOMMAlRE DES RESIJLTATS Dli TERRAIN :
- ____________ - _____ -___- ____ --__---__--.__--- ----
Les enquêtes menées à Tendimane et à Boulandor confirment en partie
les résultats que nous venons de présenter. A Tendimane, peuplé de 963 ha-
bitants, nous avons recensé, au cours de l'année 1983, 228 émigrants. Ainsi,
24 % de cette population se trouvait absente au moment de l'enquête. La ré-
partition par groupe d'âge de ces migrants montre que le plus grand nombre
d'émigrés se situe dans les groupes d'âges de 15 à 30 ans. Entre 15 et 20
ans, on observe plus de 34 % des émigrants de Tendimane.
Au total, il y a 145 hommes et 83 femmes ; cependant, les hommes sont
plus nombreux entre 20 et 30 ans, ce qui est dû au fait qu'à partir de 20 ans,
la plupart des filles se marient. Mais, entre 15 et 20 ans, les filles sont
plus nombreuses que les garçons. Dans ce groupe d'âge on trouve plus de 55%
des femmes migrantes. Cela veut dire qu'il y a effectivement un recul de
l'âge de mariage qui :se situe le plus souvent après 20 ans. Ce même phéno-
mène se retrouve à Boulandor où les émigrés représentent 13 % de la popu-
lation avec autant d'émigrants que d'émigrantes.
Lorsqu'on fait I'analyse du rapport groupe d'âge et activités migratoi-
res, on trouve dans les deux villages, que le plus grand pourcentage de migrants
qui se situent dans la tranche de 15 à 20 ans, est constitué par les élèves
et les bonnes.
Les migrants de cette tranche d'âge constituée d'élèves et de "bonnes",
représentent plus de 135 % des migrants de Boulandor et Tendimane. Par ailleurs,
on observe que plus de la moitiéde ceux qui sont parti.s sont dans les tranches
d'âge de 15 à 30 ans, ce qui pose un problème du point de vue agricole lors-
que ces migrants ne reviennent pas en hivernage pour les travaux. En ce qui
concerne les destinations, les résultats de Boulandor et Tendimane montrent
bien que presque la totalité des émigrants se rendent en ville.
Dans les deux villages près de 48 % vont à Dakar, tandis que le reste
des émigrants vont dans les autres villes du Sénégal (Ziguinchor, Bignona,
Kaolack etc.), mais aussi en Gambie.
. . ./ . . .

54/
--
L'émigration est un phénomène très ancien en Basse-Casamance. A l'épo-
que précoloniale, elle était essentiellement liée à l'exploitation des pal-
miers. Cette migration se faisait sur de petites distances et était de cour-
te durée ; elle n'avait aucune conséquence, ni sur l'organisation de la pro-
duction,
ni sur les rapports sociaux.
L'installation coloniale a introduit l'impôt en numéraire et l'arachi-
w
de comme culture commerciale. Des besoins nouveaux furent créés par l'implan-
tation du commerce colonial et l'économie de traite, occasionnant ainsi des
mouvements de populations à travers la Basse-Casamance.
Après la deuxième guerre mondiale, la croissance industrielle dans les
villes avait provoqué une concentration excessive de personnes venues du mon-
de rural à la recherche d'emplois rémunérés. Ce mouvement en direction des
villes prendra un essor décisif en Basse-Casamance, avec l'augmentation des
infrastructures routières, plus particulièrement avec l'achèvement de la
transgambienne en 1950. Dakar, les villes secondaires du Sénégal et la Gam-
bie connaissent depuis une forte immigration due à l'arrivée de jeunes ruraux.
Cette saignée des campagnes, en ce qui concerne la Basse-Casamance, a
vu son flux s'accentuer depuis l'indépendance du pays. Elle a atteint un ni-
veau élevé depuis 15 ans à cause d'une longue sécheresse. Ainsi, les villages
de la Basse-Casamance se vident en saison sèche d'une population constituée
essentiellement de jeunes gens et de jeunes filles de 15 à 29 ans. Au total
15 % des habitants de la Basse-Casanance quittent leurs villages en saison
sèche pour ne revenir qu'en hivernage ;
quelques uns parmi eux ne reviennent
même pas.
Cette situation qui s'aggrave régulièrement parcequ'elle réduit les
capacités de culture des villages, parcequ'elle empêche la reproduction des
techniques culturales et artisanales, parcequ'elle crée des comportements
nouveaux et entraînent une destructuration sociale, appelle des solutions
urgentes.
Mais, la migration, c'est aussi un moyen par lequel les ménages résol-
vent leurs besoins en numéraire et comblent, par l'achat de vivres de soudu-
re, le déficit vivrier qui s'accroît en Basse-Casamance.
. . ./ . . .

551
Dès lors, certains autours la con% derent, comme un mal nécessàire
: ce
qui gêne ce n’est pas que les gens partent, mais qu’ils ne reviennent pas à
temps pour jouer le rôle qui est le leur dans les systèmes de production ;
qu’ils ne restent pas assez longtemps pour achever les travaux agricoles. Ain-
si, la solution du phénomène de l’émigration serait-elle un compromis tenant
à la date de départ et de retour des migrants, ce qui est ext&kment difficile
à r é a l i s e r .

56/
-
CHAPITRE IV. -
-_---------
/7>
-a-
// ROPOSITION D'UN PROGRAMME DE RECHERCHE;
-*-
- ----___-__--_--_------------~--~--~--~~
PLURIDISCIPLINAIR //-
_____------------
-+-0-*,9-*-a-
4, 1. - PROGRAMME PROPOSE.-
, -----_------ ----mm- -------
Sur la base des acquis de la recherche, de notre première expérience
de terrain
et sur la base des problèmes identifiés par l'équipe, nous pro-
posons un programme de recherche pluridisciplinaire qui s'articule SUI? les
points suivant :
4, 1.1. Analyse des StratéDies Familiales de Production.-
-,-,,-,~,---------o-----,,,-----------------------
1.1.1.
4,
- Les Stratégies de Production Agricole.
L'analyse qualitative déjà commencée, a révélé des erreurs dans l'échan-
tillon de l'équipe. Ces erreurs tiennent au fait que l'exploitation agricole
dans les zones "mandinguisées"
n'a pas été suffisamment étudiée sur le plan
sociologique. Les premiers éléments de définition que nous avons apportés
doivent être approffondis dans le but de mieux cerner les contours de l'ex-
ploitation agricole dans ces zones et d"introduire des éléments nouveaux
Tndispensables aux réajustement des différentes situations agricoles,
Les définitions proposées ayant été faites sur la base des paramètres
que constituent la maîtrise foncière, les unités de production, les unités
-
-
de stockage, les cuisines etc..., il nous paraît nécessaire d'obtenir des
données quantitatives relatives :
- à la taille des exploitations ;
- au nombre d'actifs par exploitation ;
- au niveau d'équipement ;
- au nombre d'unité de production par exploitation ;
- au nombre de cuisine par exploitation ;
- au nombre de grenier par exploitation et par unité de production ;
- au nombre de parcetidisponibles par unité de production masculine
et féminine ;
. . . / . . .

- au superficies cultivées par unité de production ;
- à la production et aux recettespar unité de production et par ex-
ploitation.
Nous procéderons également à des investigations sur la gestion et la re-
distribution des recettes etd%réales afin de déterminer la périodicité, les
quantités et l'utilisation de celles-ci.
par ailleurs, il nous paraît important d'analyser les différents niveaux
d'acquisition de transmission et de gestion des moyens de production ,3. l'inté-
rieur des groupes lignagers. De suivre notamment l'évolution de la maîtrise
foncière au sein des exploitations agricoles par rapport aux deux systèmes
dominants et par rapport à la division sexuelle du travail.
Cela devra permettre d'établir à l'instar de Marzouk (Niandane) une ty-
pologie des exploitations dans chaque village, afin de dégager les formes
dominantes à l'intérieur de chaque zone, sur lesquelles l'observation des
chercheurs devra reposer. Le travail qui est entrain d'être exécuté par le
zootechnicien et le machiniste dans les zones de culture attelées,devra
nous permettre d'analyser l'incidence de l'évolution des moyens de produc-
tion sur les centres de décision agricoles.
4, 1.1.2. - Les Stratégies de Production Animale.-
Il s'agit avec l'aide du zootechnicien d'arriver à définir les unités
d'accumulation animales compte tenu des différenciations déjà établies entre
les zones musulmanes et aministes.
Dans les zones du Nord "mandinguisé" où la vocation agricole de l'éle-
vage bovin semble affirmée, il nous parait nécessaire d'analyser l'impact de
l'intégration agriculture et élevage. Ce programme devra permettre d'aboutir
à des recommandations susceptibles d'améliorer les systèmes de production
en matière d'élevage en tenant compte des particularités de chaque zone. Il
devra également permettre de proposer des solutions viables en ce qui concerne
l'intégration de l'élevage et de l'agriculture. Dans :Les zones animistes carac-
tériségpar l'élevage des porcins et des caprins, il est nécessaire d'appuyer
le zootechnicien dans l'analyse de l'articulation des différents niveaux
d'accumulation et dans l'utilisation des produits de I'élevage.

58/
L'élevage bovin qui suit ici un mode d'appropriation collectif et
lignager, pose le problème de l'identification des centres de décision et
des sources d'accumulation qu'il convient cependant de bien maîtriser avant
de pouvoir transformer de manière positive l'élevage dans cette zone.
4, 1.1.3. - Etude de l'organisation horizontale et de l'impact
des sociétés de travail dans le fonctionnement des
-
-
systèmes de production.-
Les premières enquêtes informelles realisées par nous-même à Boulandor,
à Boukitingo et à Loudia-Ouolof, nous ont montré le rôle aussi bien économique
que sociologique des associations et de s sociétés de travail à l'intérieur
des villages.
Sur le plan des travaux agricoles nous savons que les unités de pro-
duction se passent très rarement des prestations de travail de ces organisa-
tions dont la solidarite économique n'est pas suffisamment étudiée,
Il s'agit donc de recenser et de suivre les activités agricoles de ces
associations et d'évaluer leur impact dans le fonctionnement des exploitations.
On pourra en collaboration avec les agronomes et les économistes étudier en
amont, les principaux domaines d'intervention de ces structures associatives ;
les conditions dans lesquelles elles interviennent, les temps de travaux en
fonction des façons culturales, les revenus et leur redistribution ou leur
utilisation par les sociétés de travail.
En aval, on pourra évaluer l'opportunité au sein du systèmes de pro-
duction, de l'utilisation des sociétés de travail.
D
4, 1.2. - Etude du Système Foncier.-
------__----------------------------
La littérature actuelle montre l'antagonisme d'un système foncier tra-
ditionnel et de la loi sur le domaine national. Dans l'optique de la straté-
gie agricole de 1'Etat en Basse-Casamance, il est nécessaire, lorsque les amé-
nagements en réalisation seront tous concluants,de réaliser un compromis entre
les deux systèmes, afin de permettre l'exploitation rationnelle des terres
récupérées. Dès lors il importe que le cadastre au niveau de chaque terroir
villageois soit bien connu.
Le concours d'un géographe nous paraît souhaitable ici afin de mieux
cerner les conséquences des aménagement dans un processus de l'utilisation des
espaces cultivables.
. . /. *..

59/
-
Du point de vue sociologique il convient de suivre dës à présent
l'évolution des segmentations lignagères par rapport à la maîtrise foncière.
En ce qui concerne l'application de la loi sur le domaine national, l'analyse
des conflits qu'elle suscite permettra de faire des propositions aux
différents organes de décision dans le sens d'un remembrement plus judicieux
des superficies cultivables. Pour ce faire l'analyse sera axée sur les
deux concepts qui régi.ssent le système foncier Diola a savoir l'endocession
définitive et l'exocession temporaire.
'9
Il s'agira, en fonctions des situations agricoles, de déterminer
les critères de sélection par rapport à la terre face au deux modes d'acqui-
sition ainsi définis. Dès lors il convient de voir comment l'équilibre foncier
se réalise entre quartiers ou entre lignages différents à l'intérieur d'un
même village. De suivre la position foncière des étrangers et d'analyser les
fondements sociologiques de leur rejet ou de leur intégration par rapport à
l'exploitation des terroirs.
4, 1.3. - L'exploitation forestière.-
-----------------------------~---~-~
L'exploitation
forestière fait partie des activités non agricoles
suivies par l'équipe système, dont la démarche consiste à recueillir Ides
données quantitatives qui permettent de globaliser l'ensemble des ressources
complémentaires des revenus agricoles. Cependant cette démarche ne permet pas
de déterminer la part des revenus attribuables à l'exploitation forestière
qui nous paraît fondamentale dans ce domaine. A cause du rôle socio-économique
que joue la palmeraieen Basse-Casamance celle-ci rentre dans les préo,ccupations
actuelles des sociétés de développement : la SOMIVAC notamment chercbe à amé-
liorer les variétés locales afin d'augmenter leur productivité. Il reste que
la commercialisation des produits forestiers doit être mieux organisée.
Pour mettre en place un système économique rationnel, qui soit 2 l'avan-
tage des producteurs, il est important d'étudier les implications sociologiques
de l'exploitation du vin de palme et des palmistes.
Aussi est-il nécessaire de connaître les différents modes d'app.ro-
priation et d'exploitation des palmiers ainsi que les incidences de cette
activité dans la structure familiale et villageoise.
. . . / . . .

4, 1.4. - Etude de la migration.-
------- _______--__--__--_--------
Cette revue de littérature a montré deux aspects contradictoire's de
l'émigration
: le premier aspect concerne le caractère contraignant q'ue le
départ ou le retour inopportum du migrant peut avoir dans le calendrier
a agricole de son exploitation d'origine ;
l'autre aspect tient au fait que
malgré tout, le migrant concède à son exploitation un surplus de revenus
qui lui permet souvent de résorber son déficit vivrier. Alors l'hypothèse fi-
nale'est de faire en sorte que les migrants reviennent à temps et partent
à la fin des travaux agricoles. Cette hypothèse pose implicitement que
les migrants qui reviennentparticipent obligatoirement aux travaux agricoles.
Or cela n'a jamais été vérifié, il semble d'ailleurs que la plupart des mi-
grants reviennent pour l'animation culturelle du village et non pour contri-
buer à l'avancement des travaux agricoles.
Deux aspects nous paraissent donc nécessaire à analyser : d'abord la
contribution financière et matérielle du migrant permet-elle dans tous les
sites observés par l'équipe système de confirmer les résultats positifs obte-
nus ailleurs (dans le Bandial)?
- Ensuite est-il vrai que le migrant de retour participe effectivement
aux travaux agricoles ?
Il s'agit donc de quantifier les apports de la migration en direction
des exploitations agricoles ; de les spécifier en déterminant le montant,
la nature et la destination des envois ; d'analyser les relations familiales
qui soustendent les rapports économiques entre les absents et les présents.
Il faut en outre vérifier le pourcentage des migrants qui reviennent ;
de fixer les périodes de retour et de départ et de les analyser en fonction
des calendriers culturaux. Mais cela suppose un suivi permanent des activités
de ces derniers afin de mieux cerner leur niveau de participation aux travaux
agricoles. S'il y a des migrants qui ne reviennent pas ou qui ne repartent pas
il convient d'en déterminer les causes et les conséquences,
En fonction des résultats obtenus on pourraalors trancher en faveur de
telle ou telle autre tendance de la migration et apporter des recommandations
adéquates pour chaque zone.
. . . . . .

4, 1.5. - L'impact des thèmes techniques sur l'organisation sociale.-
-----_--------_~~-- _-_-__---__--__------~---~~---------------
---,e---
Il a été prouvé ailleurs que le développement des forces productives
et les innovations qui interviennent à ce niveau ont des incidences dans les
rapports sociaux de production. Or le programme que s'est assigné l'é'quipe
système comporte des thèmes nouveaux dont l'adoption par les paysans suppose
des modifications dans leur système originel.
C'est pour quoi nous nous proposons d'analyser les conséquences de la
diffusion de ces thèmes en milieu paysans.
L'adoption du semis direct par des paysans relevant du système de pro-
duction Diola introduit, semble-t-il, des comportements nouveaux dans
l'organisation de la production chez les paysans non "mandinguisé". Dès lors,
il est nécessaire de mesurer cet impact et d'en définir les aspects positifs
ou négatifs.
De même la diversification des cultures qui suppose la montée des
paysans du sud sur le plateau peut avoir des repercussions sur l'organisation
sociale qu'il importe d'analyser.
4, 2. - METHODOLOGIE PROPOSEE.-
---------------------.--------
Pour mettre en oeuvre ce programme nous utiliserons la démarche suivante :
L'observation directe, l'enquête par questionnaire et les généalogies.
Dans l'observation directe nous incluons les interviews collectives et
les interviews individuelles.
Les interviews collectives nous permettent d'interroger des groupes de
paysans dans chaque village enquêté. Elles ont l'avantage de soulever des
débats contradictoires et de faire surgir des dimensions nouvelles : l'utili-
sation d'une telle méthode suppose une prise en compte des réalités historiques
et de la tradition orale qui sont à la base de l'organisation sociale sans
perdre de vue le statut des individus.
Les interviews individuelles permettent d'obtenir des réponses ?i des
questions indiscrètes mais utiles à l'enquête que les interviews collectives
ne pourraient faire ressortir. Elles permettent d'observer de plus p&s le
fonctionnement des ménages et des exploitations, car contrairement aux inter-
views collectives qui se font généralement sur une place publique, ce,5
dernières ont lieu dans la cour familiale ou à l'intérieur des cases.
. . . / . . .

62/
En ce qui concerne l'enquête par questionnaire, signalons que deux
types de fiches ont été déjà introduites :
- Une fiche concernant le foncier, passée au niveau de tous les ménages
dans chaque village de l'échantillon réduit, nous a permis d'évaluer :Le patri-
moine foncier en tenant compte des groupes d'âges des exploitants ; du mode
d'acquisition des parcelles (héritage, mariage, emprunt, défriche location etc)
de la nature des terres (nappe, aquatique, plateau) ; des pertes foncières et
de leurs causes ; enfin de la localisation des parcelles.
- Le second questionnaire, "recensement des migrants" nous a permis de
dénombrer les migrants par exploitation et d'obtenir de premières indications
sur l'âge, le sexe et la situation matrimoniale des migrants ; leurs destina-
tions et les activités migratoires. Ce questionnaire est adressé aux chefs
d'exploitations dont dépendent les migrants lorsqu'ils sont de retour au
village. Il peut à défaut, être soumis à une autre personne de la famille
susceptible d'apporter des informations précises sur les personnes absentes.
Pour la campagne 1984 le questionnaire sur la migration a été étoffé
afin de recueillir de nouvelles données sur la contribution des migrants au
fonctionnement de leur cellule familiale de départ.
Une fiche de suivi des activités hebdomadaires du migrant est ajoutée
à ce questionnaire pour vérifier l'hypothèse formulée au départ sur la
participation des migrants aux travaux agricoles.
En ce qui concerne les sociétés de travail nous avons laboré une
fiche qui doit nous permettre de recueillir des informations relatives aux
activités des sociétés de travail, de la quantité de travail livrée et
du nombre de sociétaires ayant participé à ce travail. Par ailleurs des ren-
seignements concernant les clients de l'association nous permettront de situer
les catégories d'exploitations qui font le plus souvent recours aux sociétés
de travail ainsi que la rémunération allouée aux prestataires.
Enfin la société Diola étant patrilinéaire, une généalogie en ligne
masculine complète les questionnaires et donne un éclairage sur la segmenta-
tion lignagère et les stratégies matrimoniales.
Dans la définition des exploitations agricoles, la généalogie des
agnats nous permet de repérer toutes les nuances se rapportant à la spécifi-
cité des zones étudiées.
.*. / .a.

631
Ainsi l'identification des équipes de travail en fonction des wi-
tères de sexe retenus dans le zonage de la Basse-Casamance apparaissent plus
clairement.
Signalons pour finir que ce programme, réalisable à long terme, sera
exécuté en fonction des priorités de l'équipe système de Djibelor panai les
villages retenus dans son zonage.
. . ./ . . .

641
--
-.-
--
-*-
//
ONCLUSION FINAL //-
-.*-
__--- ----- ---_-------
----
-#-*-*-a-*-*-
La littérature que nous venons de synthétiser à travers les trois thèmes
* de l'organisation sociale, de la migration du système foncier, prouve l'impor-
tance du domaine social pour toute action envisagée dans le processus du
développement de l'agriculture en Basse-Casamance. Or la Casamance est devenue
4.1
l'enjeu, peut-être le plus important, dans la politique vivrière du Sénégal.
Eu égard à sa position on peut dire que la Basse-Casamance est encore
sur le plan des connaissances sociologiques, un terrain à peine défriché,
notamment lorsqu'on se préoccupe de la transformation qualitative du niveau
de vie des paysans. En effet longtemps isolée par la planification séné-
galaise, la Basse-Casamance est restée jusque dans les premières années de
notre indépendance la chasse gardée des ethnologues et des universitaires.
Depuis quelque quinze ans, le pays subit une sécheresse permanente
qui oblige à la revalorisation des potentialités agricoles de la région.
Dès lors des études y ont été menées dans le but d'installer des
barrages et de procéder à des aménagements.
Cependant, le moins, qu'on puisse dire est que ces études peu nombreuses
et quelquefois trop techniques n'ont pas abouti à une meilleure maîtrise des
systèmes de production en Basse-Casamance. Or il s'agit en dernier ressort,
que les aménagements en cours soient à la portée des populations pour lesquelles
ils sont prévus ; que ces populations qui sont au centre de ces projets soient
aussi à la fin de toutes les actions définies comme étant les leurs.
L'ethnie Diola qui domine cette région a maintenu encore très vivaces
_
un modèle culturel et une organisation sociale qui lui sont propres. Malgré
quelques traits homogènes, l'organisation sociale notamment dans son aspect
productif, divise les Diola en deux grands groupes : le groupe formé par les
pays du Sud et du centre, marqués par un individualisme très fort et par
l'autonomie économique des ménages ; le groupe du Nord "mandinguisé" où
on note, sur le plan de la production, un contrôle trÈ:s net des aînés sur les
cadets.
. . . / . . .

65/
Ce contrôle excercé sur les producteurs que sont ces cadets passe par
le contrôle de la terre, faisant ainsi des aînés, Anifanaaw, les gestionnaires
-
-
-
exclusifs de la production. Cette situation, comme l'ont montré nos résultats
de Boulandor, n'a pas été affectée par le développement des forces productives
5 qui se manifeste à travers l'adoption de la culture attelée.
Dès lors, on comprend que des décisions importantes de 1'Etat Sénégalais
se heurtent à des réalités sociologiques importantes dont il faut absolument
tenir compte : la loi sur le domaine national notamment pose des prob:Lèmes
dont la résolution suppose une meilleure compréhension de l'organisation
sociale et une prise en compte de ses composantes.
Cependant ce contrôle vigoureux des aînés sur les cadets et le contrôle
de leur reproduction en temps que force de travail, semble contribuer
éminemment au développement de l'éxode rurale, faisant ainsi reculer :L'âge
de mariage chez les jeunes. Cela a donc pour conséquences entre autres, la
baisse de la fécondite et le recul, voir la perte du ferment technologique
légué par les ancêtres.-
..a /. . .

11)
.--
-*-
/' ) IBLIOGRAPHIE GENERAL !-/-;
-*-
-A-. _____________---------
-*-*-*-a-*-*-
Cette bibliographie générale comprend six rubriques dont la dernière
ne comporte que des références d'archives coloniales.
A l'intérieur de chaque rubrique les ouvrages sont classés par ordre
alphabétique. Les principaux documents à caractére socio-économique se
rapportant à notre sujet de travail sont suivis d'une annotation.
'U
Les travaux dont les références sont incomplètes portent le code des
archives ou de la bibliothèque qui nous a permis de les consulter.
OUVRAGES ET ARTICLES HISTORIQUES RELATIFS
__-_____________---_----------------------
A LA CASAMANCE.-
------e-e-----
BOCANDE, E.B.
(1812- 1887). "Un nantais en Casamance".
Archives Nationales.-
Po III ao 1339.
PO II 8O 2.
BONNET, L. A.
(1892). "La Casamance", Bulletin de la Société (de Géo-
mnhie de Bordeaux 2* série, lére année, 1878 :p 25-27.
BONVALET, E.
(1967). "Quelques mots sur la Casamance", Bulletin de
12 Société de géographie de Lil.le, 13e année, t. 18,
--
2e semestre 1982, p 131 - 134.
BOULEGUE, J.
(1977). "Aux confins du monde malinké : le roya'ume du
Kasa (Casamance)".
iJ
Communication au congrès d'études manding. Londre Juillet
1972. (Dakar 1977). 27 cm, 14 p. ronéotypés.
BOULEGUE, J.
(1967). "Relation de francisco d'Andrade sur les îles
du Cap-Vert et la côte occidentale d'AFrique (l!J82)",
Bulletin de l'I.F.A.N., 29, B, :L - 2, janvier, iavril
1967, 67 - 87.
GIRARD. J.
(1969). "Genèse du Pouvoir Charismatique en Basse-
Casamance (Sénégal)". Dakar Institut Fondamental d'Afrique
Noire, 1969, 372 p.

67/
LEARY, A.
"The role of the mandinka in the islamization of the
Casamance" 1850 - 1901.
Archives Nationales.
bi 1 4O 1620.
LE HUNSEC, L.
"La mission en Casamance par"
Archives Nationales.
bi III 4O 1865.
ROCHE, C.
(1974). "Conquêtes et résistances des peuples de Casa-
mance", 1850 - 1820. Thèse présentée devant l'université
de Paris 1, le 9 octobre 1974.
ROCHE, C.
(1977). "L'affaire Benjamin DIATTA : 1942 - 1944".
Notes Africaines. No 155, Juillet 1977, pp. 70 '- 74.
ROCHE. C.
"Portraits des chefs Casamançais du XIXème Siècle".
Archives Nationales.
OUVRAGES ET ARTICLES SOCIO-ANTHROPOLOGIQIJE
-----------------------------e----------m--
RELATIFS A L'ORGANISATION SOCIALE DES POPULATIONS DE
-_---_______-----_----------------------------------
CASAMANCE.-
---------
ANONYME.
(1890 - 1940). "Economie and religions change among
the Diola of Boulouf"
Archives Nationales.
bi 1 4O 1575.
BAO FATOU DIENG.
(1979). "Quelques aspects de l'organisation socio-éco-
nomique en milieu Diola". - Dakar, Mémoire ENAM. 70 p.
ill. 1 carte, 30 cm.
RESUME.
Pour son mémoire de l'ENAM, l'auteur effectue d'us en-
quêtes sommaires dans l'arrondissement de Niassia et
apporte quelques informations sur le mode d'acquisi-
tion des terres ; l'organisation sociale et la migra-
tion. Elle parle des institutions liées au statut de
la femme Diola et donne un aperçu sur l'immigration
des populations venues du nord et des conséquences de
,,,++, ; ".-; -....-.a-; A... ^... D^^^^ r+----.----

w
-
Beranger-FERAND,
-
-
(1883).
"Etude sur les populations de Casamance (côte
Dr.
L. J. B.
--~
ouest intertropicale)". Revue d'Antropolozie sociale,
~-~
2 e série t. 6, 2 e fascicule, 1 5 Avril 1883, 284 - 298.
CISSE, A.
(1966). "L'évolution de l'organisation agricole et so-
ciale du Sénégal", Paris, EHESS, 1976, p. 67 - 102.
DIAGNE, P. M.
(1933). "Notes sur les coutumes Diola du Fogny",
Bulletin de l'Enseignement de l'Afrique Occidentale
--..----_
Française, No 83, Avril - Juin, 85 - 106.
DIARRA-NEUMANN-YUNG.
(1971). "Carré et processus de production". (Analyse
quantitative), Avril.
RESUME.-
Dans le cadre d'un programme destiné à mieux cc'mpren-
dre le fonctionnement des exploitations agricoles les
auteurs présentent une analyse quantitative et compa-
rative d'une centaine de carrés Mandingue et Peu1 com-
portant 1.634 sujets. ils dénombrent et hiérarchisent
les carrés en donnant un aperçu sur l'intensité de la
segmentation lignagère et le processus de production.
DIAW. H.
(1955). "Funérailles Diola en Basse-Casamance", Trait
d'Union, No 6, Janvier - Février, 21 - 22.
------
ENEA.
(1974). "Un village de Basse-Casamance : Elana". Rap-
port de stage d'analyse par un groupe d'élèves.
c
RESUME.-
Ce rapport d'analyse d'un groupe de stagiaires de l'ENEA,
est une monographie du village Id'Elana situé en Basse-
Casamance dans le département de Bignona et dans l'ar-
rondissement de Tandouck.
Avec comme unité d'observation le ménage, les auteurs
étudient plus particulièremetil'émigration des jeunes
vers les villes et ses conséquences sur le fonctionnement
des ménages.
..SI /.
.
.

69/
--.
Ils montrent comment les vi llageois d'Elana luttent
contre ce phénomène par des sanctions et des délais
imposés aux migrants. Les auteurs recommandent dans
ce sens la création d'un verger collectif pour les
jeunes ; l'exploitations des huïtres ; le maraîchage
et la création d'une coopérative.
ENEA.
(1975). "Rapport final de synthese sur le village de
Boutegol en Basse-Casamance", par un groupe de stagiaires.
RESUME.-
A l'issue de six mois de présence dans le village
de Boutégol en Basse-Casamance, ces stagiaires ont éla-
boré une monographie dans laquelle on trouve des
données sociologiques sur le régime foncier, le mode
de production et sur les causes et les conséquences
de l'exode rural. Compte tenu des clivages entre les
différents quartiers de Boutégol, les auteurs recom-
mandent d'abord l'entente villageoise, puis la séden-
tarisation des jeunespar l'implantation de projets ma-
raîchers etc..., la formation sanitaire et civique des
populations. La diffusion de ces thèmes pourrait être
faite selon les auteurs, lors du congrès du village.
JOURNET. 0.
(1975). "Rôles et statuts de femmes dans la société
Diola de Basse-Casamance" thèse de doctorat de 3e cycle,
université de Lyon, Juin.
RESUMES.-
Dans cette thèse, l'auteur tente de ressituer le rôle
et le statut de la femme en Basse-Casamance. JOURNET
défend l'idée selon laquelle la relation entre les sexes
établie dans la société Diola traditionnelle a été mo-
difiée depuis que cette société s'est trouvée insérée
dans les rapports politico-économiques néo-coloniaux.
. . . / . . .

70/
-
Pour elle, l'image folklorique de la femme esclave dans
la société traditionnelle est fausse de même celle de
la femme asservie par l'islam. Elle montre par ses re-
cherches que ce sont les nouvelles modalités de la di-
vision sociale du travail sur le plan global comme à
l'intérieur de chaque ménage qui sont apparues déter-
minentes en premier lieu.
IN
LEPRINCE, J.
(1905). "Les bayottes" ; A travers le monde, n.s., IIe
~-
année, No 40, 7 Octobre 1905, 313 - 316.
LINARES DE SAPIR, 0.
(1970). "Agriculture and Diola society", in P.P.
Mc loughlin, ed., African Food Production Systems
(Baltimore, johns Hopkins Press, 193 - 227).
LINARES DE SAPIR, 0.
(1939). Diola Pottery of the Fogny and the Kassa,
Expedion (University of peninsylvania), II, 3, 2 - III.
LOQUAY, A.
(1979). "Thionck-Essyl en Basse--Casamance - Evolution
de la gestion des ressources renouvelables". Thèse de
doctorat de 3e cycle, université de Bordeaux III,
U.E.R. de géographie, Novembre, 349 p.
RESUME.-
Dans cette thèse de géographie, l'auteur étudie l'évo-
lution des relations unissant le paysan Diola de Thionck-
Essyl à son terroir depuis vingt ans. L'environnement
physique est posé par LOQUAY comme un potentiel de res-
sources dont elle tente de saisir l'état et partant,
les conditions de son utilisation par la communauté.
Or la migration des jeunes a conduit à un déséquilibre
entre le système technique et l'organisation sociale
qui se transforme : dès lors, il s'agit d'apporter
des innovations techniques conformes aux aspirations
d'une population de riziculteurs.
MARZOUK, Y.
(1981). "Stratégie et Aménagement Paysans. Deux Eco-
types humains en Basse-Casamance à partir des monogra-
phies de Kamobeul et Niandane".
Dakar, Juin 193 p.

71/
-.
RESUME.-
L'auteur a travaillé dans deux villages opposés dont
l'un, situé au Sud pratique une monoculture d'auto-
subsistance de riz inondé ; l'autre situé au Nord pra-
tique une culture de rente et possède des instruments
modernes. Ces deux villages ont de commun les quatre
zones de terroirs que sont : la forêt, la brousse, la
pente rizicultivable, le fleuve et l'appartenance à
deux zones d'aménagements futurs.. Au travers des dif-
férences, l'auteur recherche des unités sociales, ou
des systèmes de fonctionnement communs aux deux villages.
Il saisit le travail de la terre comme un lieu de pro-
jection sociale qu'il importe d'etudier, ainsi que des
modifications foncières depuis la colonisation et les
nouvelles attitudes face à la réforme domaniale et aux
réalisations futures. Il conclut que la culture tra-
ditionnelle est une culture élaborée dont le re;iet en
bloc serait une grave erreur pour le développement.
MAYMARD, J.
(1974). "Structures africaines de production et con-
cept d'exploitation agricole". Première partie : un
exemple de terroir africain : les confins Diola - Manding
aux bords du Soungrougrou (Sénégal) ; Cahiers ORISTOM
sér. Biol., No 24, : 27 - 64.
PAIMERI, P.
(1982). "The statuts of women among the Diola of Mol
E'wii". Instituto di Psicologia, Universita di Fadova,
1982.
SARR, M.
(1979) "Quelques aspects de la dimension culturelle
du jola-Kassa", Mémoire Enam - 73 p. 30 m.
SNYDER, F.
"Bibliographie sur les Diola de la Casamance (Sénégal)",
Yale law School Studies in Law end Modernisation, No 7.
THomas, L. V.
(1968). "Analyse de la personnalité Diola : essais de
synthèse" ; Bulletin de l'IFAN, 30, B, 2 avril 536 - 585.
. . ./ . . .

THomas, L. Va
(1959). "Les Diola. Essais d'analyse fonctionnelle
d'une population de la Basse-Casamance" Mémoire de
l'IFAN, tome 2, Dakar.
RESUME.-
Pour l'auteur les Diola de Basse-Casamance ont mis
au point une civilisation du ris, dans l'anarchie
politique et la distribution en nébuleuse de l'habitat.
Cette société réalise un compromis original entre l'in-
dividualisme et l'esprit communautaire grâce au dynamisme
de ses structures dont la parenté qui comprend le clan,
le sous-clan et le lignage (groupe le plus homc'gène
et le mieux organisé). Les classes d'âge, à vocation
ludique et utilitaire, sont diversement hiérarchisées
selon les lieux.
Thomas. L. V.
(1968). "Les Diola Point de vue sur le Présent et
l'avenir d'une ethnie Sénégalaise".
Revue de Psychologie des Peuples, 23e année, No 3.
-
3e trimestre 1968, 65 - 79.
Thomas, L. V.
(1969). "Les Diola de Basse-Casamance, contribution à
l'étude d'une culture Ouest-Africaine", Afrique Documents,
"Les Diola de Basse-Casamance, contribution à
l'étude d'une culture Ouest-Africiaine", Afrique Documents,
51, B, 2, Avril, 452 - 530.
SNYDER, F.
(1971). "L'évolutLon du droit f'oncier Diola de Basse-
Casamance (R.S.) : étude d'anthropologie des rapports
entre les hommes et les terres (chez les Diola Bandial".
Thèse pour le doctorat présentée et soutenue publique-
ment par . . .
s. 1. n. d. (post-1971). é-; ((0 p. ronéo, Université
de Paris 1.
Thomas, L. V.
(1960). "Essais sur quelques problèmes relatifs au
régime foncier des Diola de Basse-Casamance" (Sénégal),
in Daniel BIEBUCK,
. . . / . . .

73/
-
YUNG - ZASLAVSKI.
(1972). CARRES et PROCESSUS de PRODUCTION AGRICOLE
cAsmANcE (ANALYSE QUALITATIVE).
S.O.M.I.V.A.C.
: 36.-
RESUME.-
C'est la réplique qualitative de l'étude de DIARRA-
NEUMANN YUNG (1971). On y trouve une analyse du fonc-
tionnement des carrés et des ménages ; de l'organisa-
tion du travail agricole à"l'intérieur de ces structures,
et à partir des notions de "marou" et de "kamagnan".
OUVRAGES ET ARTICLES RELATIFS AU SYSTEME FONCIER
-------_------__e----------m-----w--------
-s--m--
EN BASSE - CASAMANCE
--------e-------e---
CISSE, A.
(1983). "Système foncier et développement rural chez
les Diola du bassin versant du Kamobeul Bolon (Basse-
Casamance, république du Sénégal)", thèse de doctorat
de 3e cycle, Paris EHESS, 607 p*
RESUME.-
Cette thèse de troisième cycle est une étude sur l'évo-
lution des systèmes agraires dans le Bandial. Il com-
porte une analyse du'système foncier dans les villages
situés sur le bassin versant du Kamobeul ainsi que des
conditions d'application de la réforme foncière dans
ce terroir. L'ouvrage comporte une analyse sur le fonc-
tionnement des exploitations et une étude des causes
et des conséquences de l'émigration dans le Bandial.
L'auteur recommande pour ce qui est de l'émigration
des jeunes un compromis à l'issu duquel les migrants
partiraient assez tard et reviendraient assez tôt. En
ce qui concerne la réforme foncière Cissé recommande
la constitution d'une commission de contrôle.
DIATTA, K.
(1983). "La dynamique de l'espace rural dans la vallée
de Nyassia : le terroir de Baderne". (Basse-Casamance).
Mémoire de maîtrise, Dakar 1982 - 1983.-
. . . /, . . .

74/
GIRARD, J.
-
(1963).
"De la communauté traditionnelle à la collec-
tivité moderne
(essais sur le 'dynamique du droit
traditionnel )" ; Annales Africaines...., p. 137 - 165.
_~
RESUME.-
L'adoption d'un droit moderne d'inspiration occidental ;
la grande diffusion de tribunaux, institués selon un
modèle étranger et fonctionnant au-dessus des juri-
dictions anciennes, contribue à cristalliser l'idée
selon laquelle la justice tradi,tionnelle est sclérosée,
du fait même qu'elle donne l'ap!parence d'une certaine
rigidité. A travers une étude du droit foncier ancien,
des classes-d'âge et des associations villageoises,
le juriste et anthropologue Jean GIRARD, en comparant
trois ethnies dominantes de la Casamance démontre
notamment chez les Diola, que le dynamisme des structures
anciennes leur permet de s'adapter aux différents chan-
gements.
PELISSIER, P.
(1966).
"Les paysans du Sénégal. Les civilisations
agraires du Cayor à la Casamance", Saint Yrieux,
Fabrègue, 939 p.
RESUME.-
Etude géographique des civilisations agraires au Sénégal.
En ce qui concerne la Basse-Casamance, l'auteur donne
les conditions historiques de la formation du peuplement
2
il décrit les structures de l'habitat et met en évidence
les différents modes d'occupation de l'espace chez ceux
qu'il nomme les "populations des rivières du Sud". Par
ailleurs Pélissier présente une merveilleuse analyse
des techniques culturales chez les riziculteurs Diola.
Pour toute recherche en milieu rural Sénégalais, ce
document reste largement actuel et fondamental.
SNYDER, F.
(1970). "L'accumulation juridique du droit forestier
au Sénégal et en Côte-d'Ivoire", Law studies, 3 february,
3 5 - 76.
/
..II

.
.
.

75/
ed., African Agrarian Systems (studies presented
and discussed et the Second International Africain
seminar, Lovarium University, Leopold-ville, January
1960) London, Oxford University Press for the Interna-
tional African Institut, (1963), BI1 - 330 ;
THomas, L. V.
(1966). "L'espace social chez les Diola", Notes Afri-
caines III, Juillet, 89 - 97.
1
RESUME.-
Thomas définit dans cet article, les fondements reli-
gieux de la terre chez les Diola et pose les conditions
de son usage par les hommes. La terre étant une propriété
de Dieu, l'homme n'en détient que l'usufruit soumis à
deux obligations : le sacrifice périodique, la mise en
valeur des terres reçues. L'auteur aborde la question
de l'héritage foncier chez les Diola.
Thomas, L. V.
(1960). "L'organisation foncière des Diola (Basse-
Casamance)", Annales Africaines, 1, 199 - 223.
VAN DER DLEI, J.
"Anciens et nouveaux droits foncier chez les Diola du
(avec la collabora-
Sénégal et leurs conséquences pour la répartitions des
tion de Mme G.
terres".
HESSELING).-
African perspectives 1979/1, 65~.
RESUME.-
L'auteur part du constat selon :Lequel les Diola de
Basse-Casamance ne connaissent pas encore d'inegalité
sociale.Cependant l'évolution de la société depuis son
intégration à l'économie de marché traverse de
nombreuses étapes qui la conduisent progressivement vers
une société de classe. Parmi ces étapes la loi de
1964 sur le Domaine National dont l'application en
Basse-Casamance est effective seulement en 1978, remet
en cause les structures foncières traditionnelles et
favorise les inégalités sociales.
. . ./ . . .

761
OUVRAGES ET ARTICLES RELATIFS A LA MIGRATION
_-___-_____-_-----__----------------------~--
EN BASSE-CASAMANCE
---______________-
. CARREIRA, A. et
(1960). "Quelques notes sur les mouvements migratoires
MEIRELES, A.M.
des populations de la province portugaise de Guinée",
Bulletin de l'IFAN, 1960, série B.T. 22, No 3 - 4 390.
RESUME.-
Les auteurs décrivent les différents mouvements de popu-
lations guinéennes sous la domination portugaise. L'ar-
ticle montre comment certaines populations de ce
pays voisin (Papel, Balante etc...) sont venues se
fixer en Basse-Casamance au moment de la guerre d'in-
dépendance.
CONSEIL NATIONAL DES - "Rôle socio-économique des femmes de Basse-Casamance".
FEMMES NOIRES AMERI-
Vol. 1 Rapport de synthèse - Avril 1983.-
CAINES ; ( Divi-
RESUME.-
sion Internationale). L'enquête menée en milieu urbain Dakarois et en milieu
rural de Basse-Casamance par des stagiaires de l'ENEA,
a permis d'élaborer en 3 volumes des rapports compor-
tants des données quantitatives et qualitatives sur les
conditions de vie et de travail des femmes de Basse-
Casamance. Pour ce faire les femmes migrantes installées
à Fass (Dakar), ainsi que les associations de ressortis-
sants Casamançais ont fait l'objet d'enquêtes sur le
niveau de revenus, les conditions d'existence en ville
et les relations entretenues avec les lieux de départ.
L'étude montre en outre pour la zone rurale que les
conditions de travail des femmes Diola sont à améliorer
par l'apport de matériel d'allègement et la promotion
des travaux extra-agricoles.
- "La femme Casamançaise dans son milieu socio-économique",
Vol. 2 (Opinions et Aspiration).
- "Les femmes migrantes Casamanoaises à Dakar". Vo1.3,
. . . / . . .

77!
CRESTO, P.
-
Une déportation contemporaine : La migration
Casamançaise à destination de le. fiance. Thèse de 3e
cycle de géographie et sciences de la société,
Paris VII, 1975, 231, Ronéo.
. DE JONGE, K.
"Migration en Casamance - exemple de Birkama" ; Leiden ;
Africa-Stdiecentrum ; 1977, 30 p., tabl. en annexe.
RESUME.-
Cette communication de KLAAS DE JONGE au séminaire
Leiden, s'appuie sur une étude de la migration ii.
Birkama, village Balante situé au Nord du Fleuve
Casamance.
l'auteur qui n'entrevoie aucune possibilité
de freiner l'émigration, pense que celle-ci est la
seule issue pour les jeunes Balante d'acquérir Ides
revenues monétaires qui puissent leur permettre de cons-
tituer une dct. Il montre comment il y a inégalité des
chances dans la migration et comment les plus â,gés
monopolisent les moyens de production agricoles au
détriment des jeunes célibataires, ccntraints à sortir.
HAMER ALICE.
(1980jnL. COLVIN (ed) The uprooted of the Western Sahel.
Migrants Ouest for Cash in the Sénégambia, Praoger.
Chapitre VIII Les Femmes Diola et la Migration.
RESUME.-
L'auteur a mené une enquête sur l'évolution de la mi-
gration féminine à Thionck-Essyl. Les résultats obtenus
sur le plan historique sont complétés par de petites
enquêtes à Dakar, et en Gambie :sur les conditions
de vie des filles migrants en ville. En utilisant la
tradition orale , HAMER montre que la migration fémi-
nine est un phénomène très ancien dans le Boulouf
dont les objectifs et les motivations ont évolué avec
l'implantation coloniale.
Pour lutter contre ce phénomène l'auteur recommande
la création d'emplois en Basse-Casamance susceptibles
de fournir, sincn le même niveau de salaire, du moins
des salaires supérieurs à ceux offerts en ville.
. . . / . . .

KLAAS DE JONGE
(197O "Projet d'une recherche multidisciplinaire sur
JOS VAN DER DLEI
-
-
-
les facteurs socio-économiques ,favorisant la migration
HENK MEILINK
en Basse-Casamance et sur ses conséquences pour les lieux
ROELAND STORM
d'origine".
Afrika studiecentrum, Leiden Avril 1976. (Rapport final).
RESUME.-
Partis des recommendations du sgminaire de 1'IDEP en
1972 les auteurs étudient la migration en Basse Casamance.
L'ouvrage comporte une analyse Ides différentes théories
sur la migration et une approche pluridisciplinaire qui
met en exergue les causes et les conséquences socio-
économiques de l'émigration sur les lieux de départ,
en Basse-Casamance.
METGE, P.
(1968) Politiques migratoires. Les migrations et la
transformation de la société rurale traditionnelle
au Sénégal. In petit-Pont Marvenu, ed. Structure tradit.
et développement, Paris, Eyrolles, 1968.
STORM, R.
(1977) "La contribution de la migration dans les budgets
ruraux en Basse-Casamance (Sénégal)", Leiden, Afrika-
studiecentrum, 1977, 16 p. tabl.
RESUME.-
Il s'agit d'une communication présentée au séminaire de
Leiden en 1977, dans laquelle l'auteur présente une ana-
lyse de la contribution des revenus migratoirs 'dans le
fonctionnement des ménages en Basse-Casamance. L'auteur
compare les possibilités offertes aux ménages de mi-
grants et aux ménages non migra:nts qui cultivent l'ara-
chide, d'acquérir des revenus monétaires ; il observe
que la migration et l'arachide :sont en position de
concurrence.
Thomas, L. V.
(1960) "Esquisse sur les mouvements de populations et
les contacts socio-culturels en pays Diola (Basse-
Casamance)"
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diachronique.
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(1972) La Basse-Casamance, Sud-Ouest du Sénégal. Données
de base démographiques et socio-économiques.
RESUME.-
Il s'agit pour les auteurs d'apporter des données de
base démographiques sur la population de Basse-Casamance.
L'étude comporte cependant une analyse de système fon-
cier traditionnel, de son évolution face à la réforme
sur le domaine national. Les auteurs y livrent Ides
données préliminaires sur la migration, ses causes et
ses conséquences sur le fonctionnement des exploitations
agricoles, notamment sur les dates de départ et de retour
des migrants dont l'opportunité détermine le niveau de
contrainte pour l'agriculture.
OUVRAGES, ARTICLES ET ETUDES SOCIO-ECONOMIQUES
-------------------------------------------~---
REALISES SUR LA CASAMANCE.-
---------------------------
CAMARA. T.
(1974). "Les conditions du développement économique et
social de la Casamance et ses perspectives d'avenir".
Thèse de doctorat de 3e cycle Paris V, 271 p.
RESUME.-
Cette thèse de troisième cycle d'anthropologie economi-
que et politique consacrée à la Casamance est une analy-
se descriptive de l'évolution historique et économique
de la paysannerie de cette région. L'auteur accuse 1'Etat
Sénégalais et l'ensemble des structures d'encadrement
paysans (ONCAD) et même le parti au pouvoir d'être
directement responsable des malheurs paysans.

Au total, l'auteur engage le gouvernement Sénégalais
à appliquer une politique agricole plus loyale avec les
paysans et plus particulièrement avec ceux de Casamance,
région oubliée.
'CONNAISSANCE DU
(19'79) . "Connaissance du Sénégal, la Casamance". Au vent
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national
"Programme de développement de ].a val.lée de Baïla en
Inc. SECH-DEN AADI.
Casamance": Rapport final, Décembre.
RESUME.-
L'objectif de l'étude est de proposer des données de
base démographiques et socio-économiques concernant les
populations autour du marigot de Baïla, afin de permet-
tre au projet d'avoir une maîtrise des problèmes humains.
L'étude comporte par ailleurs, une analyse du regime
foncier, de la migration (émigration et immigration) de
l'élevage qui a permis de mettre en évidence les princi-
paux problèmes liés au développement de l'agriculture
dans la zone de Baïla. Les auteurs recommandent
l'utilisation de la traction bovine pour le transport
et dans certains cas pour les cultures.
MARK, P.
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(Archives Nationales : PO. II 8c' - 2).
MINISTERE DU DEVE-
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en Basse-Casamance". Campagne agricole 1982/83.
ISRA - DJIBELOR. (Equipe syst<:mes de production et
Transfert.... 61 p. + Annexes).
RESUME.-
A l'issue d'une première campagne agricole, 1"équipe
système de Djibelor a consigné dans ce rapport les
résultats préliminaires de son programme qui consiste
essentiellement à identifier les contraintes agro-
nomiques et socio-économiques des exploitations paysan-
nes en Basse-Casamance. Le rapport comporte une présen-
tation des différentes situations agricoles, les premiers
résultats des essais agronomiques sur la toposéquence
(plateau, nappe aquatique), ainsi que des éléments quan-
titatifs sur les temps de travaux, le calendrier agricole
et la main-d'oeuvre. On y trouve des informations sur
les niveaux d'équipement, le bilan vivrier et les
revenus.
SANE, 0.
(1980) Projet Intégré de Développement de la Elasse-
Casamance. Ziguinchor. Chronogramme 1979/1980. Proposi-
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SOMIVAC, s. d. pagination discontinue.
THIEBA, DANIEL.
(1983). Note sur L'Evolution des Systèmes Agraires Diola
de Basse-Casamance. ORSTOM.
RESUME.-
Ce rapport d'élève ORSTOM est une étude sur l'évolution
des systèmes agraires en Basse-Casamance. L'auteur qui
a séjourné à Sindian dans le Fogny (nord de la Basse-
Casamance) y a essayé de saisir les différents aspects
du fonctionnement des systèmes de production dans cette
zone à forte influence mandingue.

83i
On trouve dans cette étude des données relatives à l'or-
ganisation du travail agricole et un aperçu fort intéres-
sant sur les conditions historiques de l'introduction
de l'économie marchande, de la colonisation et de
l'Islam.
SATI - EWI.
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Lignage: maximal
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RECI-IERCHES .AGR ICOCE
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* DE RECHERCHES WR LES SYSTEbES DE PRODUCT ION ET TRANSFERT DE TECHNOLOG I ES
E N M I L I E U R U R A L B . P . 3 1 2 0 D A K A R - SEVEGAL
Mr Made DIOUF
Objet : Mémoire de confirmation
DAK AR
La Commission de'confirmation et d'avancement des
chercheurs de 1'ISRA vous propose le sujet suivant pour votre mé-
moire de confirmation :
"REVUE BIBLIOGRAPHIQUE DES ETlIDES SOCIOLOG1QUE.S SUR LA
BASSE CASAMANCE".
Le travail devrait consister à recenser les travaux
existants L:ur les problèmes de l'organisation sociale, le foncier et
la migration, et avec les références précises de faire pour chaque
ouvrage/document un résumé critique. Vous procéderez aussi à une
analyse critique d'ensemble de cette littérature en mettant l'accent
sur des méthodologies utilisées, les problèmes non ou insuffisamment
étudiés, etc. . . Compte tenu de cette analyse, vous identifk!?z les
thèmes d'é:udes sociologiques prioritaires et l.t!s mél:hodologies pouvant
être utilisées.
I
AMPLIATIuN::
- J. FAYE
- BINGEN
.
- S. SALL
- D/DJIBELOR
- DG,'ISRA
-- D.S.
- CIIHUF
- D/DEPARTEMENTS
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&lreau: LNERV, Route du Front de Terre .- DAKAR-H4\\N - Tel, : 22.04.42