I "LA SOLUTION N'EST PAS DE LIQUIDER ...
I
"LA SOLUTION N'EST PAS DE LIQUIDER
("jk
NOS ELEVAGES EXTENSIFS
MAIS DE LES GERER DE FACON
PARTICIPATIVE ET DURABLE."
(Anonyme)
DE LA CAFWCTERISATION
DE L'UNITE PASTORALE
Cheikh Mbaczké NDIONEl
Abdou A. THIOUNEz
NOVEMERE 1993
1 CHEIKH Mbacké Ndione: zoo-écowmiste ISRA
' ABDOU Aziz THIOUNE: consultant indépendant.

R E S U M E
‘De la caracterisation de l’unité pastorale”, UP est une
contribution pour aborder une problématique de gestion des ressources
pastorales. Apres un rappel du contexte institutionnel, ce document met
l’accent sur une approche conceptuelle, en identifiant trois cadres qui
caract &isent l’opkrationnalité de 1’UP: un cadre geopolitique, institutionnel et
juridique. Ces trois cadres sont nécessaires mais insuffisants pour garantir
l’opérationnalite de 1’UP .
Pour améliorer cette opérationnalite, il est suggkré de profiter
des enseignements du pastoralïsme concernant l’importance de la fraction chez
l’ethnie al pulaar, l’occupation de l’espace et la responsabilisation effective.
Des enseignements techniques renforceront cette op&rationnalité
car ils introduisent une autre façon d’approcher les probl&nes de charge
animale et de dégradation. Pour finir les auteurs sugg&rent quelques lignes
directrices et des mesures d’accompagnement à travers la skurisation du
pastoralisme et 1Yncitation à l’entrepenariat pastoral.

INTRODUCTION
La tâche fondamentale assignée à la recherche dans le cadre du
P .AP. EL (projet d’appui a l’élevage) est la caractérisation d’unités pastorales
(UP) dans lesquelles un nouveau système concerté de gestion sera mis en
place. Jusqu’ici l’aire de desserte d’un forage a été considérée comme l’espace
pastoral. Cet espace est del.imite par l’ensemble des campements dont les
animaux fréquentent le forage pour leur abreuvement. Il semble que dans
l’approche du P. AP. EL cette définition a été reprise pour representer 1’Up
avec toutes les limites que cela comporte. On peut penser:
- à l’hétérogénéité des groupes ;
- aux relents de sédentarisation ;
- à la minimisation du caractere instable de ces écosystemes etc. . .
Cette nouvelle approche appelant à la concertation avec les populations
interdit la précipitation (a lier à un deficit de connaissances de base) et le
manque de souplesse. La précipitation risque d’entraîner les partenaires, à
savoir le développement et la recherche, à ne pas avoir le même rythme de
travail. Le manque de souplesse peut ètre à l’origine de phénomènes de rejet
des modes de gestion des unités pastorales par les populations.
Au moment où le theme, gestion des ressources naturelles fait l’objet
d’un consensus, il devient urgent de conceptualiser une UP la plus
opérationnelle possible. Comment apprécier l’operationnalité de l’UP? Il peut y
avoir plusieurs critères d’appréciation avec une hiérarchisation des critères.
Sans doute l’adhésion des populations serait le premier critère.
Les populations ont un passé, un présent et souhaite voir se réaliser
leurs projet d’ avenir. Au moment de l’introduction des concepts nouveaux I il
est important de vérifier s’il n’en existe une correspondance locale. Il est fort
possible qu’au niveau local, un représentation opérationnelle de 1’UP existe
déjà dans le sub-conscient des populations. Serait-ce une mauvaise idée de
s’appuyer sur ce qui existe déjà?
Le premier pas serait de profiter des enseignements du système pastoral
en se referant au principe de la valorisation du savoir traditionnel si cher à la
“méthode accélérée de recherche participative” ou MARP.

Susciter le débat autour de cette question d’UP constitue la principale
contribution de ce document de travai13.
La seconde consiste a présenter une
approche se fondant sur les enseignements des systémes pastoraux. La
troisième présente les principes sur lesquels reposent une approche
participative
La zone Sylvo-pastorale4 comprend un ensemble de réserves sylvo-
patorales tombant, juridiquement parlant, sous le coup de la “loi sur le
domaine national” car appartenant, en grande partie, à des réserves
forestières particulières. La particularité de ces rkerves tient au fait que
l’état ne leur a pas assigné une vocation agronomique à l’exception de
quelques zones de terroirs ou pionnieres.
La zone est vaste et s’étend de la vallée du Fleuve Sénégal à la région
de Tambacounda. Sur sa partie extrême nord, les conditions climatiques
imposent aux systèmes de production un environnement difficile. BEHNKE et
SCOONES (1992) qualifient ces syst&mes d’instables ou de ‘d&équilîbr&s’ .
Cette instabilité a introduit un système de gestion très flexible qui se traduit
par la mobilité qui est fonction des disponibilites en eau et en paturages et de
stratégies particulières.
Cette logique interne au pastoralisme lui a permis de survivre malgré les
pronostics pessimistes de ses détracteurs qui le croyaient au bout de sa
logique.
La caractérisation des UP dans un tel contexte procède tout d’abord
d’une approche conceptuelle s’appuyant sur un vécu empirique.
3 Cette contribution à la caractérisation de 1’“UP’ n’est pas forcément
la meilleure que nous aurions proposée. A la limite notre conception de
l’espace pastoral serait beaucoup vaste et englobante que l’aire de desserte
de forage afin de tenir compte de la mobilité. Mais nous étions invités à
réfléchir dans un cadre prédéterminé dans lequel l’option était d’attirer
l’attention du P.AP.EL sur des critères socio-économiques et ethnologiques
qui risquent de remettre en cause l’opérationnalité de 1’Up.
4 Cette zone comprend en plus de la zone des six forages située au
nord, plusieurs réserves sylvo-pastorales. Elle s’éten entre les régions de
saint-Louis, Louga, Tambacounda et le Bassin arachidier,
2

En utilisant, pour l’instant, une approche sédentariste’ l’on pourrait
considérer 1’UP comme étant une unité de gestion d’écosystèmes pastoraux; ce
qui lui confère :
- une dimension géo-politique, sociale et ckonomique gravitant
autour d’intérêts communs par le biais d’un systeme dominant de valorisation
des ressources ;
- un cadre institutionnel comprenant aussi bien les intitutions
locales traditionnelles et celles mises en place par l’état moderne ;
- un cadre juridique’ issu des reformes administratives
successives.
L’espace géo-politique délimite 1’UP , identifie les ressources, les
structures organisationnelles et les modes de gestion.
Le cadre institutionnel tirant sa légalité du cadre juridique, il se doit de
spécifier les relations entre l’organe de gestion et l’autorité administrative que
représente la communauté rurale. Dans certains cas de figure, la d&éQatiOn
de pouvoir est envisaQable et souhaitable.
Le cadre juridique définit l’étendue des compétences des cadres
institutionnels et recouvre l’ensemble des lois et décrets qui sont â l’origine de
sa légalité. Cependant il ne saurait être en contradiction avec les règles
acceptées par la socièté pastorale. Ces règles ayant garanti une stabilité
sociale au pastoralisme ne peuvent être abrogées sans faire subir au système
une menace d’instabilité et occasionner une source supplémentaire de conflits.
5 Une approche respectueuse de la mobilité pastorale aurait due
considérer un espace plus vaste (peut-être la totalité de la zone sylvo-
pastoralej pour tenir compte des mouvements de transhumance qui ne
constituent pas l’exception. Dans l’espace, les risques de sécheresse totale
suivent un gradient décroissant (allant du nord au sud) superposé aux
isohiètes. Dans la pratique, le fait de confiner les programmes de promotion
du pastoralisme au nord de la zone sylvo-pastorale n’est pas pour améliorer
la sécurité du patoralisme. En effet en période de détresse c’est le sud de
la zone sylvo-pastorale qui atténue les pertes en servant de refuge .
’ Le cadre juridique issu de la réforme administrative confectionnée
pour l’ensemble des communautés rurales du Sénegal ne peut etre spécifique
au développement pastoral. Cependant il est là et il faut faire avec pour ne
pas avoir une attitude attentiste.
3

Il ressort de ce qui préc&de que l’unitSi pastorale pourrait être un
espace géopolitique doublé de cadres institutionnel et juridique lui conférant
sonoperationnalité maiselleappartientaunecommunauté partageant des
intrt?retscommunsetdesconflitsquidflsirelame~eenva2eursuivantleurs
règles et coutumes. Reconnaissons que noussommeslà en face d'une approhe
sédentaxiste du pastoralisme qui a inventé la mobtit& pour survivre.
Toutes ces conditions n'étant pas réunies. a l'heure actuelle. il apparait
quele processus de mise en place des UP exigeuntravail rigoureux pour
eviter les lacunes d'une réglementation faite à la hâte.
Ainsil'urgenceestde réunir cesconditionsauxquelles il fautajouterla
nécessaire opérationnalite qui fait penser aux organes de gestion qui prennent
en chargeles preoccupations del'ensemble dela populationtoutentenant
compte des spécificites géographiques, ethniques et culturelles. Par
consequent, cesorganes naissent del'identification des préoccupations et de
la manierela plus fficace deleurtrouver des solutions appropriées dans des
delais acceptablees.
Mais, de parlescaractéristiques du système de production (mobilité et mode
de conduite du troupeau), 1'UP est perméable, extensible et sans frontiêre
fixe.
D'où le principe d'exclusion fragilise la cohésion globale et peut introduire un
risquesupplrknentaire. Ce dernier se manifestera parla destruction dela
solidarité
seculaire.
Ce plan concerté doit se préoccuper del'efficacité du programme de
gestion des écosystèmes pastoraux et se doter des moyens de faire une
évaluation ex ante decetteefficacité. C'estsurtoutun document concerné par
la planification des actions à entreprendre pour parvenir aux objectifs fixés'.
Ce plan repose sur :
un arsenal réglementaire régissant les rapports entreles
différents acteurs et entre ces derniers et le milieu ;
desoutils de gestion comprenant des cartes de terroirs
matérialisant des plans d'utilisation des parcours, le
cadastre et les fac&% ;
un plan d'investissementet/ou d'aménagement (inventaire,
tout et localisation).
Tout ceci représente une approche assez genérale quiseraklairée par
une bonneconnaissance des terrains spécifîques.
' Ce plan peut contenir de annexes .
4

Le pastoralismes&négalaisafaitl'objetde nombreusesétudeset
expériences aboutissant â des constats pertinents. Il est devenu possible de
s'appuyersurcesconstats pour-caractériser des UP.
Le mode de colonisation del'espace pastoraletson occupation peuvent
être révélateurs d'affinité entre des groupes peuplant l'aire de desserte de
forage, ADF, Au sein des groupes ethniques se sont formes des sous-groupes
ou XEET' très caractéristiques appelés fractions chez les populations
pastorales.
Dans le cas particulier de1'ADF de Mbiddi, la surprise a été grande
d'avoirautantdechefs de village que de fractions . Iln'estpas rare quele
chef de village detellefraction réside dans le village d'origine situé dans le
Waalo.
On peut dire sans exagération quela fraction a autant guidé
l'occupation del'espacelors de la colonisation desespaces pastoraux quela
mare temporaire. Une fois le point d'eau identifié par une fraction donnée, le
grégarismeeutcomme conséquencelacréation des secteurs de colonisation
tres homogèneeu égard aux groupes humains.
Dans leur relation avecl'administration, l'expérience montre queles
individus se refèrententièrementâleur fraction ethnique. Les Peul ont
l'habitude de dire que la fraction ethniqueestune carte d'identité naturelle
qui relie l'individu â une origine géographique donnéeidentifiantle groupe.
La reférenceétantla fraction, ilestindiqué de ne pasignorercette donnée.
Lesespaces pastoraux bien avantl'avènementdes forages, ontété
subdivisésen houroum (espace precisoùle droit de proprièté s'exerce de
mani&revariableselonsaproximit&ounonducampement) , nokku (secteurs
regoupantdes houroum voisins) présentant un certain degré d'homogénéité.
Cette partition a été favorisée parla distribution éclatée des mares
temporaires autour desquelleschaque wouroou campements'estréservé un
espacevitalreconnu appeléhouroum. L'ensemble des houroum d'une zone
homogène constitue le nokku,
Cette règle fondamentale d'occupation de l'espace basée sur le point
d'eau constitua le premier balbutiement (du systême pastoral) en matière de
a l'ethnie peu1 est subdivisée en petits groupes qui se
differencie des autres par l'origine geographique. Par exemple,
les dekolnaabe viennent de Taredji, les leraabe de Guede, les
Ourourbe de dioum.
5

gestion des écosystèmes pastoraux. Le resultat immédiat en a été une
dispersion de la charge animale évitantainsila concentration et le
piètinement.
Dans les célèbres descriptions du système pastoral, peu d'attention a
été consacrée al'analyse del'occupationéclatée de l'espace. Ila été porté un
intérêt superficiel à la mare temporaire etala mobilité (NDIONE. 1992). Pire,
asonavènement, le point d'eau uniqueetpermanentou forageestvenu
bouleverser tout un système basé sur la mobilite et la dispersion de la charge
animale grâceâla mare temporaire. La création decette situation nouvelle fut
aggravée parles politiques mettant l'accent sur la sédentarisation et le
productivisme.
La dispersion et la mobilité représentaient des stratégies appropriées de
minimisationdesrisquessanitairesetécologiques. Ilyacloisonnementpartiel
et temporaire entre troupeaux de zones différentes permettant une
intervention rapideafin dejugulerla propogation defoyersinfectieux. La
mobilite permet de quitter des pâturages mauditsouinfestes de tiques.
Lorsqu'il est demandé aux pasteursoù s'arrètentleur responsabilitéen
matière de police forestière, ils répondent dans leur houroum. De la MARP
tenue â Mbiddi. il ressort quel'ADF est un concept "dépersonnalise" parle
simple fait qu'elle appartientâtoutle monde. Et les groupes pris
individuellement, n'adoptent pas de stratêgies propres de gestion des
ressources pastorales en ayant une vision globale de 1'ADF. L'attachement est
plusfortpar rapport au houroum quiestpersonnaliséâl'opposé de l'ADF.
Sil'objectif est de responsabiliser les populations, on est en droit de se
demander quelle est la forme de responsabilisation la plus effective et la plus
gérable? En 1991, uneéquipe dechercheurs du CRZ de Dahra attirait
l'attention sur le fait que l'adf n'est pas un village et son peuplement pastoral
est hétérogène et éclate. La notion de village recoupe plus, en milieu pastoral,
celledenokku quis'avèrecomposée degroupes humains plus homogèneset
plus solidaires.
L'étendue de l'UP etlalocalisation des évênementsinterpellentle
P.AP.EL sur la rapidite d'intervention commecritère de choix des
organisationsayantune responsabilité dansla gestion des UP. Par exemple, le
feu de brousse éclateen un point précis de 1'ADF; cet évènementexige une
rapidité d'intervention pour le juguler. Certainement une brigade
communautaire basée sur la notion d'ADF serait moins opérationnelle qu'une
autre formée sur la base du nokku.
On peut continuer â citer les exemples en évoquant les coupes abusives
d'arbres, les émondages abusifs, la carbonisation etc... PLUS de vigilance
enseigne de tenir compte de l'habitat éclaté et de l'homogénéité des groupes
humains. Cependant, il nes'agit passeulementd'exclurel'approche ADF en
montrant les avantages d'une autre approche mais aussi d'enidentifierles
limites.
6

L’avènement du point d’eau unique ai-té reconnu comme étant un mal
nécessaire". Il s’est accompagné de dégradation des écosystèmes pastoraux,
d’ins&urité croissante du pastoralisme et de baisse de surplus
commercialisable par rapportàlacroissance démographique et de
regroupement artificiel en village. Cette derni&re tend à “dépersonnaliser”
1’ADf comme UP car la notion d’appropriation n’y est pas explicite. Cet tend à
transformertouthouroum en houroum laddeouespace non controlé.
L'ADF-UP tend aussi à globaliserlesconflits et instances de réglement
de conflits emp&hantquele lingesaleselaveen famille.
L'ADF-UP ne gère pas les problèmes de piètinementinduit par le point
d’eau unique et permanent.
L'ADF-UP fusionneles centres de prise de décision et s’accapare de
l’autonomie des fractions.
L'ADF-UP se prète peu à favoriser des efforts de reconstitutian des
ressources naturelles parle reboisement.
Behnke et Scoones (1992) rapportent que la mobilité permet d’augmenter
la capacité de charges par rapport à un système sédentaire. Dans ce dossier,
ils remettentlargementen causel’approche conservatrice basée surl’équilibre
entre charge animale et offre alimentaire disponible.
De célébres pastoralistestels que Behnke, Scooneset Sanford etc..
attirent l’attention des decideurs sur les conclusions rapides. Surtout quand
ces dernières, d’apparence révolutionnaires et attractives, font, en réaXt8,
plus de mal que de bien. C’estlecas dela notion decapacite dechargeetde
l’appr&àation desindicateursde dégradation.
-capacité decharge :
L’offre de biomasse et la demande animale Ibiomasse) sont des
indicateursinsuffisants pour déterminer la capacité decharge dans un espace
donne. Il faut considérer deux notions quî vont de paire à savoir la charge
écologigue qui préserveles éléments essentiels del’environnementetla
charge economique qui se définit en fonction de l’objectif assignéau système
par ses exploitants.
’ malgré les nombreuses critiques, le forage reste l’une des
innovations les plus appréciées des pasteurs.
7

Behnke et Scoones (1992) definissent la charge economique comme étant
Ya densite d’animaux et de plantes permettant aux gestionnaires d’obtenir ce
quY.ls veulent du système”. En plus, l’approche conservatrice qu’est la
capacité de charge [ bas& sur les besoins d’entretien), a abouti â une
conclusion de surcharge des espaces pastoraux. A l’observation de la réalite
têtue, cette approche reste non verifi& car les animaux réussissent non
seulement a satisfaire leurs besoins d’entretien mais encore 8 assurer des
fonctions de production (lait, viande, reproduction etc. . ) .
- l’appr&iation de la dégradation :
Pendant longtemps, on a considere les seuls indicateurs végétaux
comme révélant la dégradation. Dans le cas du Senégal, on cite Borreria
Stachydea, Cassia tora, zornia Glochidiata, Calotropis procera etc. . comme
des indicateurs de dégradation. Aujourd’hui, d’autres indicateurs
biophysiques viennent enrichir les éiements d’appréciation. Ces indicateurs
biophysiques sont: la modification du sol, de la vegetation et la productivité
du bétail. L’essentiel dans l’appreciation de la dégradation est d’être certain
de la reversibilité ou non du phénomène.
Pour caract&iser des UP, il faudra certes définir un espace géo-
politique, doter les cadres (institutionnels informels) d’une capacité
institutionnelle plus accrue et de pouvoirs juridiques pr&is et facilement
interprétables. Il faudra aussi harmoniser les démarches par des campagnes
de formation et d’animation pastarales. Il faudra un outil performant de
communication entre les différentes parties prenantes6 .
Cependant E si ces conditions sont necessaires, elles ne sont pas
suffisantes pour garantir l’opérationnalité de 1’UP. Les particularites
ethnologiques doivent être prises en compte. Surtout il sera important de
tenir en considération l’homogénéité des groupes et sous-groupes comme un
facteurs d’harmonie sociale.
La mobflite. stratégie à inventer si elle n’existait pas, merite d’être
renforcite en cr&ant des zones refuges pour accueillir les pasteurs en situation
de détresse. Cette détresse est inévitable tant qu’il n’y a pas stabilite
climatique. La
théorie réaliste est celle qui recherche des solutions aux
situations instables provoquées par les cycles de -eresse. C’est en ce
moment qu’apparait la supériorité? d’un système basé sur la mobilité par
rapport a la sédentarisation . Cette dernière, si appliquee, sera â l’origine de
pertes sociales elev&es et d’insécurité pour les pasteurs,

Le plan de gestion se doit de fournir des élements spécifiques en
fonction des préoccupationset des secteurs ou nokku. Une strategie pour
l'ensablement des mares n'est plus valable pour les options de reboisement.
Tout ceci pour direquela gestion des écosystèmes pastoraux se pose en terme
de diversité, d'efficacité et de flexibilité des actions qui doiventtendreà
s&curiserle pastoralisme.
~esinterventions en milieu pastoralsont, de manièreévidente,
multiples et multiformes, Dire qu'il y a un deficit de coordination n'est pas une
exagération ni uneobservation non fondde. Cescritiquesexigentcomme
rectificatif une prise de mesures allantdansle sens d'uneharmonisation et
d'une spécialisation par fonction. Deux grandes fonctions viennent à l'esprit à
côté de la gestion de l'espace pastorale: lasécurisation du pastoralismeet
l'incitation àl'entrepreunariat pastoral.
Lasécurisatîon dupastoralismepasse :
- par uneaugmentation dela flexibilité du système en
favorisantetorganisantla mobihte. Cette organisation peut s'appuyer sur la
création dezones-refuges et leur aménagement en vue d'accueillir les
troupeaux excédentaires des zones déficitaires. De retour de Dolî, nombreux
pasteurs mettent aujourd'hui plus sousïecompte delasoif que del'inanition
les pertesimportantesen bétail. Si ceci devait se vérifier, il seraiturgentde
mettrel'accentsurla sécurisation
del'abreuvement,
- parla protection des ressources disponibles, par une
lutte plus efficace contre les feux de brousse parce que plus bas&e sur la
préventionetla mobilisation des entitéssocio-économiques;
- parla mise en place d'un système de commercialisatîon
efficace qui participe, à côté du système traditionnel, entant que acheteur de
dernier ressort pour stabiliser les prix en période de ventes forcées;
- parla miseen place d'une structure Charg&e* de gerer
les animaux destockés dans le cadre d'un processus d'embouche en partenariat
aveclesagro-pasteurs du Bassin arachidier;
L'incitation àl'entreprenariatpastoral
peut s’appuyer :
- surlajeunesse pastorale pour meneràterme des projets
de production associésà unestratégie de gestion et deconservation des
ressources naturelles ;
8.
Voir commercialisation et sécurisation du pastoralisme (NDIONE? a
paraitre)
9

-sur la venue de néo-pasteurs’au sein du monde pastoral
en s’insérant dans des créneaux peu exploités mais intéressants,
A defaut d’avoir une repritsentation plus acceptable de I’UP, il est
apparu important d’en atténuer les effets indésirables en considerant des
aspects sociologiques; ethnologiques, institutionnels etc... Une
représentation correcte del’up ne peutselimîter à l’aire de desserte de
forage sinon elle reconduitdefaçonimpliciteles thr3ses éculees de
sédentarisation
’ Au niveau du Crz de Dahra et de Dali, on observe de plus
en plus des investisseurs venus des villes qui s’insèrent dans
le créneau de l’élevage extensif.
10

D O C U M E N T S C O N S U L T E S
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12