L’INTERVENTION DES OPE1 ATEURS PRIVES DANS LE MARCHE ...
L’INTERVENTION DES OPE1 ATEURS PRIVES DANS LE MARCHE
DES PRODUITS AGRICOLES 1 U SENEGAL : REALITES ACTUELLES
ET IMPLICATIONS SI. 1 LA FLLIERE COMMERCIALE
Par
[star Gaye
avec le concours de
OU: nane Badiane
chri opher Delgado
Policy Research Institute
Institut Séuégalaiq de Recherches Agricoles
D~$U, Sénégal
novp*mbre, 199 1
.-
_. .-
-

.
1. INTRODUCTION
1.1 Justificatifs de l’etude
1.2 Objectifs de l’étude
1.3 Approche méthodologique
II. VUE D’ENSEMBLE SUR LES OPI $ATEURS
‘I
2.1 Domaines d’activites
2.2
Motivations dans le choix de produits
2.3 Niveau, d’intervention
2.4 Identite légale
2.5 Ressources logistiques
III. DYNAMIQUE DU MARCHE INF RMEL
3.1 Fluctuations saisonnières
3.1.1 Marché des céréales
3.1.2 Marché de l’arachide
3.2 Variabilité inter-annuelle
3.2.1 Marche des c&eales
3.2.2 Marché de l’arachide
IV. TRANSFERTS DANS L’ESPACE ET DANS LE TEMPS
4.1 Transferts dans l’espace
4.1.1 Situation d’ensemble
4.1.2 Réseau intérieur des f Lx
4.1.3 Echanges transfrontali TS
4.2
Transferts dans le temps
4.2.1 Observations à l’échel : hebdomadaire
4.2.2 Stockage durable

I
.
V. PRIX, COUTS D’INTERVENTIOb ET MARGES COMMERCL4LES
5.1 Niveau des prix
5.2 Coûts d’intervention
5.2.1 Structure génerale l
5.2.2 Structure par type de produits
5.3 Marges commerciales
l
5.3.1 Marges brutes moyerm
5.3.2 Marges brutes et trans erts dans l’espace
5.3.3 Marges brutes et stoc tge durable
5.4
Confrontations des marges cobmerciales avec les coûts d’intervention
5.4.1 Résultats globaux
~
5.4.2 Coûts et marges com&rciales selon les axes
Vi. CONTRAINTES AUX ACTIIVITE$ COMMERCIALES
6.1
Classification hiérarchique de$ problèmes
6.2 Financement et accès au crkl‘t
6.3 Problème des taxes et contrôl s
\\
6.4 Problème du transport
6.5
Problémes relatifs au marche ~
VII. CONCLUSION
l
l
.--

LISTE bES TABLEAUX
, L
Tableau 2.1
Structure des transacti ns de produits agricoles
Tableau 2.2
Répartition des comm çants selon leur niveau de collecte et d’écoulement
t
Tableau 2.3
Raisons de non-passes ion des papiers legaux
1
Tableau 4.1
Importance des ventes hors lieu d’achat et distances moyennes de transferts
Tableau 4.2
Expériences récentes
le commerce transfrontalier
i”

Tableau 4.3
Plus durable stock par ~ commerçant au cours des deux dernières armées
l
Tableau 5.1
Prix observes pour les 1 principaux produits
Tableau 5.2
Structure des coûts dirPts par type de produit
Tableau 5.3
Marges brutes moye les pour les céréales et l’arachide
y
Tableau 5.4
Décomposition des marges et coûts par Kg
l
Tableau 5.5
Coûts et marges unita’ es pour le mil selon les axes
Tableau 5.6
Coûts et marges uni ,!-es pour l’arachide “bonnes graines” selon les axes
Tableau 5.7
Structure des coûts sel II les axes pour le mil
\\
Tableau 5.8
Structure des coûts sel n les axes pour l’arachide “bonnes graines”
P
Tableau 6.1
classification des problbmes soulignes par les commerçants
l
l
Tableau 6.2
Sources et caractéristiques des credits obtenus au cours des douze mois
précedents
LISTE i DES FIGURES
Figure 1
Principaux axes pour les c&réales et l’arachide

LISTE DES MARCHE!
:OUVERTS PAR L’ENQUETE
1. Wirkelane
2. Dinguiraye
3. Dioly
4. Faraf%nié (Gambie)
5. KhfYi-ine
6. Kaolack
7. Keur Madiabel
8. Keur Pathé (Gambie)
9. Koungheul
10.
Mabo
11.
Maina Sabakh
12.
NDiba
13.
NDiotb
14.
Ndramé
15.
Nioro
16.
Passy
17.
Porokhane
18.
Touba Mouride
19.
Wack NGouna

1. I.lqrRODUmION
1.1. J&.t$cat.ifs de I’Etude
L’instabilité des marchés agricoles dans les pays du Sahel constitue une donnée
l
pratiquement devenue structurelle. ~ Par conséquent, sa prise en compte s’impose au
niveau des politiques de développement en géneral et agro-alimentaires en particulier.
Dans le cas spécifique des ceréales, ~l’enjeu principal est celui de la sécurité alimentaire.
Celle-ci est une préoccupation de i premier ordre aussi bien pour les gouvernants à
l’échelle nationale que pour les populations et collectivités au plan local. Une étude
réalisée par I’IPPRI aboutit à la conC lusion qu’une politique d’intégration sous-régionale
des marches permettrait de réduire sensiblement l’impact négatif des facteurs d’instabilite
au sein des entités nationales (Badiane, 1990). Cela peut dans une certaine mesure être
transposd entre les différentes Zones~& l’intérieur d’un pays donné. Quel que soit l’angle
sous lequel on aborde le problème les questions de base gravitent autour des
~
f
mécanismes qui régissent le fonctiopnement des marchés nationaux. Leurs aspects les
plus déterminants sont ceux relatifs aux acteurs, ce qui pose directement le problème de
la libéralisation et donc de 1Ynterv~tion des operateurs prives.
1.2. Objectifs de 1’Etude
L’Etude est une composante d’un programme plus général d’analyse de la problématique
du commerce des produits agricoles en Afrique de l’Ouest. Ce volet qui concerne le
l
Sénégal vise 3 cerner les r&lit&s au peau du circuit informel animé par les opérateurs
privés. D’une manière globale, il s!agit de contribuer au debat sur la libéralisation des
marchés agricoles surtout à l’échelle nationale mais aussi sous-regionale. Les objectifs
spécifiques s’articulent autour de cinq grands points.

6 &
‘5’
ÎiL
- 8 -
, ’
Dégager les caractéristiques g&k-ales des opérateurs commerciaux en mettant
l’accent sur celles qui sont directement liées à leurs activités.
Identifier les différents aspects de l’évolution du marché informel des principaux
produits.
~
Examiner les transferts de de ées aussi bien sous l’angle spatial que temporal.
Etahlir et expliquer la structu1e des coûts d’intervention et les mettre en rapport
avec les marges commerciale’ .
s
Situer les problèmes majeur au niveau des opérateurs eux-mêmes et de leur
t
environnement au sens large. ~
~
Tous ces éléments convergent vers une préoccupation centrale qui est d’apporter un
l
éclairage factuel à la problématiq ‘e du commerce agricole privé dans ces multiples
“i
dimensions.
l
1.3. moche Méthodologiw
les enquêtes sur le terrain ont ete menses pendant trois mois allant d’avril b juin 1991 1
Les marches cibles sont au nombre de 19 dont deux en territoire Gambien sur la
frontière avec le Sénégal. Le choqx a été guidé principalement pas l’importance des
transactions de produits agricoles jt du nombre de commerçants qui les fréquentent.
Précisons que parmi ces marchés, quatre sont permanents et urbains tandis qui les autres
sont ruraux et hebdomadaires.
l
Les investigation ont plus porté sur les opérateurs et leurs activités que sur les localités.
Elles ont été men&s à ~krtir d’un questionnaire en deux volets. Le premier administré
une seul fois à chaque répondant vfse à collecter diverses données de base aussi bien
quantitatives que qualitatives. Le second administré de façon répétitive est axé sur le

- 9 -
, *
suivi des opérations avec les coûts 4 rrespondants. Tout commerçant rencontré pour la
premike fois doit d’abord répon’
‘e aux questions du volet 1. Pour toute autre
rencontre ultérieure, l’interview p te sur la volet 2 et couvre les opkations de la
semaine écouk Le recul est vol01 tirement limité à cette dur& pour éviter les erreurs
qu’entraîneraient des defaililances le memoire.
Dans les situations où tous les
commerçant présents et disponibles Le pouvaient pas être enquêtes le même jour, ceux
dont les affaires semblaient plus in ortanks étaient visés en priorité. Chaque marché
était visité par les enquêteurs une f s par quinzaine. Au bout du compte, nous avons
obtenu 142 interlocuteurs et le non re de s&nces avec chacun d’eux varie de 1 à 10.
Vers la fin du troisième mois, no ne rencontrions pratiquement plus de nouveaux
individus dans les marchés visitk
Cela indique une assez bonne couverture des
opérateurs à l’exception des petits I killants locaux qui n’&aient pas ciblés.
Les cas de réticence ne sont qu’a nombre de deux et tous les autres se prétaient
volontiers aux interrogations parfoi en venant eux-mêmes vers les enquêteurs. Après
chaque rencontre, il était demandé
iotre interlocuteur de noter toutes ses opérations
pour faciliter la prochaine séance.

- lO-
I *
II. VUE D’EiWEMBWP,
SUR LES OPERATEURS
i’$
2.1 Domaines d’Activit&
Le commerce constitue la profession principale de 92% des opérateurs de l’échantillon.
Pour les autres qui sont avant tout des agriculteurs, l’activité de commerc;ant est plutôt
considérée comme secondaire.
Par ailleurs, près de 82% des commerçants
professionnels ont l’agriculture comme deuxième activité et ceux qui ne font rien d’autre
que le commerce représentent environ 15 96.
Si l’on considère le principal domaine d’intervention de chaque opérateur, les c&-&les
traditionnelles à savoir le mil, le sorgho et le maïs viennent en tête dans 92 % des cas.
Les fruits sont en seconde position mais de trks loin puisque seulement 3.5 % des
commerçants interroges s’y spécialisent contre 1 sur 142 pour les légumes. Quant aux
autres commerçants et aux autres produits, il n’y a pas de dominante suffkamment
marquée pour qu’on puisse parler de spe&&ation.
En confrontant la spécialité actuelle de chaque commereant à celle qu’il avait à ses
debuts dans le metier, on observe un certain glissement vers les céréales traditionnelles.
Au niveau de l’échantillon, celles-ci ne concernaient que 62% des opkateurs contre 92%
à present. Parmi ceux qui ont commencé avec les céréales, plus de 94% sont restés
tandis que 48 autres opérateurs soit le tiers de l’échantillon ont changé de spécialite pour
les rejoindre. Ce glissement s’est opére surtout aux dépens des produits manufacturés
mais aussi des fruits et légumes. La question se pose de savoir dans quelle mesure le
phénomene peut être lié à la libéralisation du marché céréalier décidée par les pouvoirs
publics en 1985. On note que 30% des commerçants sont entrés dans le circuit des
cér&les apr&s la libéralisation et parmi eux, 62% ne faisaient pas le commerce

- 11 -
I ’
auparavant. Par ailleurs, si l’on considere tous ceux qui sont devenus commercants à
partir de 1986, 89% se sont spécialités dans les céréales. A l’échelle de l’échantillon,
les premieres expériences en matiere de comerce céréalier remontent a 40 ans et
seulement 2% des op&ateurs n’ont jamais éte impliqués.
Etant donné que les investigations, ont eu lieu dans le bassin arachidier, on peut
s’étonner du fait que plus d’un quart des commerçants n’ont jamais inclus l’arachide
dans leurs activités. Cela pourrait ~ &re une conséquence de la réglementation qui a
toujours été plus étroite au niveau de ce secteur.
Sur toute la période de suivi, lest transactions de produits agricoles réalisées par
l’ensemble des commerçants de l’echantillon présente la structure suivante :
Tableau 2.1 :Structure des transactions de produits agricoles
Denrées
1
Achats
Ventes
Volume
Valeur
Volume
Valeur
Mil
75.4%
68.8%
77%
69.8%
Sorgho
2%
1.8%
1.4%
1.6%
Maïs
7.8%
8.2%
‘! I
5%
5.4%
Arachide
12%
*’ Y’ 20.2% .
10.9%
19.3%
Fruits
2.7%
i
‘Y 0 . 7 %
5.4%
3.8%
Source: Calculs à partir des donn@ de l’enquête.
6
Les transactions portent essentiellement sur les cereales et en particulier sur le mil dont
la culture est très répandue. La relative marginalité du sorgho ne fait que refléter sa
place au sein du système de production agricole. Quant au maïs, son introduction plus
récente a été appuyée par 1’Etat dans l’optique de le substituer partiellement au riz
._
-

- 12 -
importk
Sa culture est plus concentrée au Sud du bassin arachidier et le taux de
production écoulé sur le marché est nettement plus élevé que celui des autres cér6ales
(Gaye, 1991).
Les transactions sur l’arachide portent essentiellement sur les graines décortiquées. Pour
une culture aussi rdpandue que le mil, sa place dans le commerce informel est tout à fait
disproportionnée.
Pour ce qui concei-ne les fiuits, il s’agit en particulier des mangues
et du pain de singe ou fruits de baobab. Cette dernier filière gagne de plus en plus
d’importance car le produit est titilisé dans la fabrication des crèmes glacées dont le
commerce est en pleine expansion en milieu urbain. Les autres produits non mentionnés
& savoir le niébé et les légumes ont une place négligeable dans les transactions
enregistr6es.
2.2. Motivations dans le Choix des Produi$
Les motivations dans le choix des produits peuvent être cernées ZI partir de trois
questions complémentaires 2 savoir: Comment l’optkateur justifie sa spécialisation
A:
actuelle? Pourquoi ses activjtés n’ont jamais port6 sur certains produits? S’il y en a
. .
d’autres dont il a cessé de faire le commerce, quelles ont été les raisons de l’abandon?
S’agissant de la demiere question, on note que l’abandon a été plus frdquent pour les
légumes, les fruits et le nimbé. Ikns les deux premiers cas, la détérioration rapide vient
en tête parmi les raisons évoquées. Le même argument reste prédominant chez ceux qui
n’ont jamais fait le commerce des fruits et lbgumes.
Ceux qui sont actuellement
impliqués surtout B cause d’une marge bénéficiaire jugée intéressante le soulignent parmi
les principaux problémes rencontrés. De ce fait, la facilité de conservation apparaît
c.
--

comme étant un critère non négl&&ble dans le choix des produits lorsqu’il y a
alternative.
Si l’on examine le cas de ceux q$ bnt cessé le commerce du nimbé, les difficultés
d’écoulement mais aussi d’approvisionnement constituent le principal facteur. Ii s’agit
en même temps de la première @on évoquée par les optkateurs qui n’ont jamais
explore la filière du nimbé.
Cette ;denr& n’est pratiquement consammée au Sénegal
qu’en qualité de condiment, ce qui explique la relative faiblesse de la demande.
L’absence de débouché à grande échelle réduit donc la motivation des opérateurs en cc
qui concerne la nieTbé plut& confin+ dans le petit commerce de détail.
Quant à la question de savoir qu’k-ce qui justifie les spécialisations actuelles, les
réponses obtenues concernent partic$ièrement les céréales et se répartissent comme suit:
Facilité d’approvisionnement ~
35.5%
Marge bénéficiaire intéressanfe
25.5%
Faciliti d ’ é c o u l e m e n t
22.5%
Moindre risque de détérioration
7.5%
Possibilitè de fmancement par les grossistes
5.5%
Demande moins de fonds
,
3.5%
La facilité d’approvisionnement quii vient en premier lieu est à interprdter dans un sens
relatif. Par comparaison A l’arachide qui est le principal produit concurrent, les céréales
sont plus faciles à trouver dans les marchés ruraux.
Ces derniers permettent de
centraliser l’offre très dispersée et l&r prolifération a largement facilitb la collecte. En
outre, contrairement aux fruits dont:le commerce est très saisonnier, l’offre de céréales
est étalée sur une longue période, ce qui assure une certaine continuit dans les activités.
L’étalement résulte de plusieurs facteurs dont la contrainte du battage et le fait que la
plupart des producteurs ne vendent leurs cér&les qu’en cas de besoin puisqu’elles sont
avant tout destinées à l’autoconsommation.

- 14 -
I ’
11 va sans dire que la simple disponibilité du produit ne suffrt pas pour motiver les
commerçants si les affaires ne sont’ pas rentables. Ainsi, la marge bénéficiaire jugée
inttlressante dans l’ensemble constitue le second facteur justifiant l’option cé&lière
dominante.
La facilité d’écoulement est une conséquence du fait que la demande existe en tout temps
et en tout lieu y compris les zones rurales. L’existence de débouchés surs plus ou moins
instantanés combinée à la disponibilité quasi permanente de l’offre permet une rapide
rotation des stocks. Cela convient ~particulièrement aux petits capitaux dont disposent
la plupart des opérateurs.
Pour ceux qui font le stockage, les &&.les presentent l’avantage de se conserver mieux
que les autres produits agricoles et notamment l’arachide décortiquée. Le risque de
détérioration qui a poussé certains à abandonner le commerce des fruits et légumes est
nettement moins grand.
La possibilite de financement par les grossistes attire surtout les collecteurs n’ayant pas
de capitaux propres. Cette opportunite n’existe pratiquement que dans le commerce
c&éalier pour des raisons surtout liées (I la forte Comp&ition au niveau des marches de
collecte.
Enfin, le dernier argument en faveurjde l’option cékalikre est que celle-ci demande
moins de fonds si on la compare à l’alternative de l’arachide par exemple. Cela apparaît
au tableau prkklent où l’arachide ‘représente 12% du volume des achats de produits
agricoles et plus de 20% de leur valeur.

- 15 -
2.3. Niveaux d’intervention
La r@rtition des commerçants selon leurs niveaux de collecte et d’écoulement se
résume ainsi :
Tableau 2.2 :Répartition des commerçants selon leur niveau de collecte et d’écoulement.
Collecte
Producteurs
Autres
Total
Commerçants
Ecoulement
Consommateurs
3.5%
1.5%
5 %
Autres Commerçants
75%
20%
95%
Total
78.5%
21.5%
1 0 0 %
--ce: Calculs a partir des données p l’enquête.
La répartition ainsi obtenue est ba.s&‘sur les pratiques dominantes qui sont rarement
exclusives.
La forte proportion des commerçants qui s’approvisionnent aupres des producteurs donne
une idée de la compétition au niveau des marchés de collecte. Les trois quarts qui
achètent à la base pour vendre à d’autres commerçants forment la catégorie dominante
des intermédiaires demi-grossistes. En regle gén&ale, ils op&ent dans les marchés
hebdomadaires et écoulent tout ce qu’ils achètent en fin de journée. Le transfert d’un
lieu Zt un autre et le stockage même de courte duree sont des pratiques exceptionnelles
chez ceux qui n’ont pas un contrat de livraison les liant à d’autres commerçants basés
ailleurs.

- 16 -
, *
Ceux qui achètent à des commerçants pour vendre a d’autres commerçants constituent
la classe des grossistes représentent 20% de l’Uantillon. Ils sont principalement basés
dans les marchés urbains et contrôlent le mouvement des produits sur les grands axes.
Le stockage volontaire de longue durée n’est pratiqué que par les grossistes dont la
surface fmanciere n’impose pas une rotation rapide du capital.
Quant aux détaillants, on peut distinguer ceux op&a.nt directement entre producteurs et
consommateurs (3.5 %) et ceux qui s’approvisionnent aupres d’autres commerçants
(1.5%). Ces deux catégories se rencontrent respectivement en milieu rural et dans les
villes. La faible représentation des détaillants est due au fait que les petits commerçants
n’étaient ciblés qu’en dernier lieu compte tenu des orientations de l’étude.
2.4, Identité IA&
La profession de commerçant est régie par un certain nombre de dispositions
reglementaires .
En premier lieu, il y a l’identification légale qui commence par
l’inscription au registre du commerce. Sur l’ensemble des 142 commerçants de notre
échantillon, 63 soit 44% ne sont pas inscrits et par conséquent ne sont pas officiellement
reconnus .
Dans l’ensemble, on note que 35% des inscriptions ont eu lieu après la
libéralisation du marché ceréalier à partir de 198586 et les premières remontent à une
trentaine d’années.
Pour ce qui concerne les autres papiers à l’échelon supérieur, 22 individus, soit 15.5 %
de l’échantillon ont la carte de commerçant. Celle-ci donnerait droit à la liberté de
transfert des produits partout dans le pays. Pour pouvoir aller au-del& des frontières
nationales, il faut la carte d’importateur-exportateur. Toutefois, dans le cas de la
Gambie, les commerçants disent qu’il leur suffit d’une licence spéciale vendue à 50,000
F et valable pour une année.

- 17 -
I ‘
En interrogeant les operateurs sur la non-possession des différents papiers relatifs à
l’exercice de leur metier, les princ gales raisons avancees se répartissent comme suit :
Tableau 2.3 :Raison de non-passa;S.ion des papiers legaux
Registr de
Carte de
Carte Import-Export
Comme ces
Commerçant
Manque de moyens
392
38%
48%
Utilité non perc;ue
33%
20%
36%
Méconnaissance
234
39%
14%
proctkhu-es
5%
3%
2%
Autres raisons
l Nombre de réponses
61
9 9
118
traitées
I
Source: Calculs à partir des données de l’enquête.
S’agissant des coûts, les chiffres communiqu& pour les cas les plus récents (un an au
maximum) vont de 9.850 à 12.000 F pour l’inscription au registre du commerce et de
5.000 à 15.000 F pour la carte de commerçant. De telles disparités soulèvent des
questions quant à la transparence dans l’octroi de ces papiers. Pour ce qui concerne la
& ,$
carte d’importateur-exportateur, les? trois individus qui en disposent ont payé
respectivement 8.000 F il y a 12 ans, 60.000 F il y a 5 ans et 100.000 F il y a 3 ans.
t
Cela reflète une croissance exponentielle du coût sans compter les redevances annuelles
qui s’y ajoutent, poussant certains opérateurs a suspendre leur carte inutilisée. Bon
nombre de commerçants sont d’avis que tous ces papiers administratifs sont inutiles
parce que ne donnant aucun privilege spécial. Ils n’assurent même pas selon eux une
protection contre la concurrence de ceux qui ne sont pas en rkgle.

A propos de la méconnaissance des procédures, quelques uns de nos interlocuteurs
soulignent le besoin d’une certaine formation ou information qui leur permettrait d’être
plus à l’aise au sein d’un environnement institutionnel changeant. Ce besoin est en
mettre en rapport avec le fait que contrairement aux autres filières, le commerce des
denrees agricoles est largement domine par les paysans et plus de trois quarts des
commerçants de l’échantillon r6sident en milieu rural.
. *
2.5. ~gurces Loet.&ques
Les principales ressources logistiques ‘sont les moyens de transport, les instruments de
pesage et les infrastructures de stockage.
v
Pour ce qui concerne les moyens de transport, 1’6&antillon ne compte que cinq
commerçants qui en possèdent. Il s’agit de cinq camions et deux camionnettes pour une
charge utile totale de 62 tonnes. Les autres ne possèdent au mieux que des charrettes
qui ne sont que rarement utilisées dans le cadre des activités commerciales peut être en
raison des besoins domes$ques.
Quant aux instruments de pesage, on dénombre 66 commerçants dotés de bascules leur
appartenant, soit 46% de l’échantillon. Toutefois, avec le système de collecte itinérante,
la possession d’instruments n’exclut pas le recours à ceux des autres moyennant
paiement car il est difficile de se delacer avec une bascule. Dans les marchés ruraux,
des bascules sont installées en permanence sur les lieux de transaction. Elles
appartiennent soit à des propriétaires locaux, soit à des commerçants non résidents mais
qui fréquentent principalement ces marchés. Ainsi, pour les opérateurs à faible degré
de sédentaritt5, la question se pose de savoir s’il est opportun d’investir dans des

- 19-
, .
instruments qui seront tres sous-exploites. En définitive, la possession de bascule n’est
pas un important facteur de différence dans les conditions d’activité des commerçants.
Pour ce qui concerne les infrastructures de stockage, environ 44% des commerçants
disposent de magasins leur appartenant et plus de la moitié des autres ont recours à la
location.
La capacité totale de stockage composée de 129 magasins se chiffre à 5,282 tonnes de
cére.ales.
Gela fait une moyenne d’environ 50 tonnes par commerçant si l’on exclut les
26% qui ne disposent pas d’infrastructures. Dans certains marchés urbains, il existe des
emplacements spécifîques pour le stockage sous bâche ou à ciel ouvert avec gardiennage
collectivement payé.
Au niveau des lieux de collecte, il est presque toujours possible de stocker
temporairement dans des locaux particuliers moyennant paiement.

- 18 -
III. DYNAMIQUE DU MARCHI? INFORMEL
L’activité commerciale menée autour des produits agricoles dans le marché informel est
soumise à l’influence d’un certain nombre de facteurs. Leurs effets sur la dynamique
du systkme peuvent etre scindés en trois éléments, à savoir les fluctuations saisonnières,
la variabilité inter-annelle et ce qu’on pourrait appeler les grandes tendances. Nous
retiendrons ici les céréales traditionnelles et l’arachide qui polarisent l’essentiel du
commerce des produits agricoles au Sénégal, particulièrement au niveau du bassin
arachidier.
3.1. j%c@&ions Saisonnières
3.1.x.
Marché des C&?ales
Les kcoltes céréalières sont faites en octobre et les pre.miers apports arrivent sur le
marché à cette période. Les paysans dont la plupart traversent la soudure sans argent
s’empressent en g&&al d’écouler une partie de leur production pour faire face aux
besoms financiers les plus urgents. A ce propos, les céréales recoltées avant les cultures
de rente constituent leur principal recours bien qu’elles soient traditionnellement
destin6es à l’auto-consommation. De ce fait, les ventes réalisées en pkiode de récolte
le plus souvent par manque d’alternative se font même lorsque le producteur est
déficitaire. En régle générale, les premiers flux alimentant le marche viennent des plus
démunis dont la plupart sont contraints de vendre pour acheter après. Ainsi, on peut
supposer que l’importance des quantités vendues au moment de la récolte détermine dans

une certaine mesure celle de la demande paysanne ultérieure sur le marché. Au plan
quantitatif, les premiers apports sont limités par le fait que les récoltes n’&nt pas
encore bien sèches se pr&ent mal au battage très contraignant. Cela pousse certains
paysans à s’orienter vers le maïs dont la commercialisation en épis verts connaît une
expansion remarquable.
L’intervention de 1’Etat dans la collecte des cér&les vise à garantir aux producteurs un
prix-plancher. Toutefois, le Commissariat à la Sécurité Alimentaire (CSA) mandaté par
les pouvoirs publics n’est pas sur le terrain au moment des récoltes. Une des raisons
est qu’à cette période, la teneur en eau des céréales est trop élevee pour qu’on puisse
les stocker de façon durable. Ainsi, les premières collectes ne sont assurées que par les
O@rateurs privés et il s’agit surtout des commerçants locaux. En raison de la faiblesse
t
des quantités, ceux qui sont éloignés n’ont souvent pas intérêt à faire le deplacement
dans les marchés ruraux si c’est uniquement pour les ceréales. Cela tend à réduire la
concurrence en période de récolte qui correspond à celle des plus bas prix au
producteur.
La seconde phase du mouvement saisonnier debute avec l’ouverture de la compagne de
commercialisation officielle des arachides en novembre-décembre. Les activités ont
tendance à ralentir dans le marché céréalier car la finition des derniers travaux dans les
champs d’arachide occupe toute la main d’oeuvre y compris les femmes. Celles-ci n’ont
donc le temps de battre les céréales que pour les besoins quotidiens de consommation.
Par ailleurs, les revenus tires des premières ventes d’arachide font que les paysans sont
à l’abri des ventes de céréales par contrainte comme c’était le cas en période de récolte.
:t”

- 20 -
Le marché se réanime à partir de février, lorsque les batteuses mecaniques sillonnant les
campagnes entrent pleinement en activité. Sans le recours à ces machines, le battage
manuel très dur et dévolu uniquement aux femmes constitue une grosse contrainte de
commercialisation à grande échelle. Ainsi, les gros producteurs excédentaires qui
constituent la clientèle des batteuses n’arrivent sur le marché qu’a partir de cette
7,’ ‘-
troisième phase. L’offre devient pluy importante et moins atomisée, ce qui rend la
collecte relativement plus aisée. ’ Pour les commerçants, c’est la période du grande
“rush” et la compétition atteint son point culminant. Elle est accent& par la présence
(parfois symbolique) du CSA et l’arriv6e des premiers producteurs deficitaires qui
achètent (ou rachètent) avec leurs revenus tires de la vente des arachides. Pour fructifier
ces revenus, bon nombre de paysans se transforment en commerçants saisonniers de
céréales et l’envahissement du marché par ces concurrents “déloyaux” est dénoncé par
les opf%ateurs “en règle”.
Le nombre réduit de batteuses implique un certain étalement dans l’arrivée des surplus
sur le marché. Selon l’importance de la récolte à traiter, l’afflux peut durer jusqu’en
avril-mai.
A la veille de l’hivernage (juin), les petits producteurs reviennent sur le marché, les uns
pour vendre en vue de preparer la saison (semences, rtcparations des équipements,
etc.. .), les autres pour renforcer leurs stocks en vue de mieux assurer la soudure.
Durant cette quatrieme phase, le marché redevient dominé par les commerçants locaux
comme c’était le cas en période de recolte. Toutefois, la différence est qu’ici une partie
des transactions se r&lisent directement entre paysans.
I


- 21 -
Enfin, la cinquième et dernière phase est celle de l’hivernage avec une offre primaire
négligeable. Les grands commerçants stockeurs deviennent seuls maîtres du circuit et
leurs opérations se déroulent presque exclusivement au niveau urbain et inter-urbain.
3.1.2.
Marché de l’arachide
Le marché informel de l’arachide porte essentiellement sur les graines décortiqués. A
ce propos, il faut rappeler que le circuit de commercialisation des gousses a toujours &é
contrôlé par 1’Etat. Ce dernier ne tolérait la circulation de certaines quantités que pour
l’arachide décortiquée. L’absence d’intervention commerciale officielle dans ce secteur
fait que le circuit informel n’est peut être pas perçu comme un concurrent, ce qui serait
tout à fait illusoire. Même si le controle est actuellement moins vigilant, cela peut
expliquer la place assez restreinte du commerce informel des gousses qui ont en plus
l’inconvénient du volume.
Contrairement au cas des céréales où la differenciation qualitative est pratiquement
inexistante sauf d’un type de céréale à l’autre, la notion de grade est très importante
pour l’arachide décortiquée. En simplifiant, on peut distinguer la catégorie des bonnes
graines et celle des écarts de triage ou “rebuts”. Les bonnes graines font leur apparition
sur le marché vers le mois de décembre. L’offre est encore plus atomisée (petitesse des
quantités par vendeur) et beaucoup moins importante que celle des c&%ales.
L’approvisionnement du marché par les producteurs se caractérise par une plus grande
stabilité tout au long de la saison sèche. L’offre primaire est inexistante en hivernage
sauf lorsque les pluies sont exceptionnellement tardives, poussant certains paysans à

- 22 -
vendre leur semences. S’agissant des écartes de triage, leur période d’afflux est celle
du décorticage des semences en mai-juin, pendant que les stocks de bonnes graines
trouvent l’occasion d’être &oulés avec la demande de semences &nanant des populations
rurales. Quant à la demande urbaine plutôt tournée vers la consommation, elle est, si
l’on peut dire, uniformément répartie dans le temps, ce qui exclut toute variation
;G >
saisonnière spéciale.
:>Y
;Y
3.2. Variabilité Inter-annuelle
3.2.1.
Marche des C&?al~
La variabilité inter-annuelle résulte en particulier de l’instabilite de la production. Celle-
ci est très fluctuante à l’échelle nationale et sur la période 1976-1984, le coefficient de
variation (&.rt-type/moyenne arithmétique) est t?gal à 22 % . Le tonnage enregistré en
1983-84 ne représente environ que la moitié de celui obtenu en 1978-79. Les
différences d’une zone à l’autre sont déterminantes dans le mouvement des flux. En
règle gén&ale, chaque fois que la récolte s’avere bonne dans le Nord du pays, ce qui
est exceptionnel depuis des années, les debouchés deviennent relativement limités et se
confinent pour l’essentiel à la demande urbaine.
Si l’on consid&e les différentes phases saisonnières précédemment identifiées, seule la
première qui correspond à la période des récoltes n’est pas sensiblement affectée par le
volume de la production. En effet, les ventes réalisées par les producteurs à ce moment
précis sont indépendantes de leur niveau d’autosuffisance.

i
L’importance des revenus tir& de l’arachide constitue le second facteur dont l’impact
sur le marché céréalier est inddniable. Moins ces revenus sont élev&, plus la vente de
cér&les est favorisée pour compenser la baisse. Dans le bassin arachidier, on a constat6
que la baisse inopinée du prix de l’archide au producteur (90 h 70 F/kg) intervenue en
1988-89 alors que la récolte était assez médiocre s’est accompagnée d’un doublement
du taux de commercialisation des cér&les par rapport à la campagne précédente. Ce
taux est passé de 93% à 193% au niveau d’un échantillon composé de 240
exploitations agricoles (Gaye, M. 1991). Par aillerus, la stabilité des prix officiels dans
un contexte de production fluctuante est aussi un facteur d’instabiliti des revenus
arachidiers et donc du marche céréalier.
3.2.2.
Marche de 1’Arachids;
La configuration du marché informel de l’arachide est surtout fonction d’un certain
nombre de circonstances au niveau du circuit officiel. La collecte parallèle dépend des
prix offerts par 1’Etat en rapport avec le volume de la production. Paradoxalement, une
hypoth&e qui nous semble tr&s plausible est que la quantité d’arachide inject& dans le
circuit parallèle tend à être en corr&ation m?gative avec le volume des récoltes. Lorsque
celles-ci sont mauvaises, le jeu d’une certaine “loi du marchtf” aboutit dans le circuit
parallèle à des prix plus attractifs que ceux offerts par 1’Etat. Toutefois, l’absence d’une
libéralisation totale limite la concurrence ouverte sur le terrain. Inversement, lorsque
la production est abondante, la même “loi du marché” rend le circuit officiel plus
attractif, ce qui réduit le volume des ,flux dans le marché informel.

- 24 -
I a
Par ailleurs, la date d’ouverture de la campagne officielle de commercialisation, le
nombre de points de collecte autorisés, leur répartition géographique et surtout la
disponibilité d’argent pour un reglement immédiat des apports sont autant de facteurs
qui conditionnent le recours au circuit parall&le et qui peuvent varier d’une année à
l’autre.
Dans le cas particulier des semences d’arachide, la demande sur le marché informel
dépend étroitement de l’importance du crédit offkiel qui a été b-es fluctuante au cours
de ces dernières axées.
3.3. Grandes Ta
3.3.1.
Marchés des Cereda
‘*
2
Les cért?ales traditionnelles ont historiquement et6 des cultures de subsistance et cette
caractéristique a survécu apres l’introduction de l’arachide par le colonisateur. De nos
jours, la dualité subsistance-rente au niveau du secteur agricole tend à s’estomper en
raison d’un certain nombre de facteurs. Le plus ancien n’est autre que le phénomène
d’urbanisation accentué par l’exode rurale. Les villes deviennent de plus en plus des
pôles de demande pour les c&%les traditionnelles, ce qui favorise leur pén&.ration
progressive dans l’économie marchande. Par ailleurs, la tendance à une diversifïcation
du régime alimentaire entraîne un glissement de la demande des zones rurales vers les
villes. En effet, la diversifïcation implique le plus souvent une substitution au détriment
I
des denrks dont la part dans le régime alimentaire est très élevée, ce qui est le cas du
riz chez le consommateur urbain et des cMa.les traditionnelles en milieu rural. (Gaye,
1991)

- 25 -
, *
Le second facteur résulte des changements geo-climatiques qui ont bouleversé le milieu
naturel. Tandis que le nord du pays devient chroniquement déficitaire, l’epicentre de
la production glisse vers le sud. Cette “distanciation” entre l’offre et la demande a
favorisé l’émergence d’opkateurs faisant trait d’union entre producteurs et
consommateurs qui sont de moins en moins confondus. La prolifération des marchés
ruraux hebdomadaires au cours de la dernikre décennie a eu un impact très décisif
particulièrement dans la collecte de l’offre.
Les tendances au niveau du marché céréalier sont aussi marquées par la politique de
1’Etat. A ce sujet, il faut souligner que depuis l’ère coloniale, l’intervention des
pouvoirs publics a toujours eté biaiske en faveur des cultures de rente. Le système de
crédit, l’encadrement, la vulgarisation et les circuits commerciaux n’étaient pratiquement
conçus que pour ces dernières. L’orientation actuelle dictée dans une large mesure par
la crise alimentaire traduit une plus grande volonté de promouvoir le secteur céklier.
De ce point de vue, les mesures qui semblent influencer le marché de façon significative
sont intervenues à partir de 1985 avec la Nouvelle Politique Agricole (NPA). 11 s’agit
de la restriction du crédit offkiel pour le semences d’arachide et de la libéralisation du
commerce des ceréales .
L’accès plus difficile aux semences d’arachide conduit certains producteurs à se rabattre
sur les cérkdes dont le capital semencier ne pose pratiquement pas de problème, tout au
moins sur le plan quantitatif (Gaye, 1991). Ainsi, lorsque les céréales sont cultivées en
substitution à l’arachide, elles sont surtout destinées B la vente.
Cela est
particulièrement vrai chez les producteurs qui ne sont pas chefs de famille et qui ne
cultivent en général que pour avoir de l’argent. Ainsi, toute politique qui les pousse à

- 26 -
produire des céréales même malgré eux favorise une hausse du taux de
commercialisation dans le secteur.
Quant à la libéralisation du marché, son effet le plus visible porte sur la concurrence par
l’accroissement du nombre d’opérateurs commerciaux. A ce propos, nous avons déjà
souligné que beaucoup de paysans se transforment en commerçants de céréales pendant
la saison sèche sans compter le nombre grandissant de professionnels qui se spécialisent
en le matiere.
Avec la politique de promotion des emplois non salariés, on assiste à la naissance d’une
nouvelle classe d’opérateurs qui cherchent à s’insdrer dans le créneau. Leur particularité
est que ce sont des intellectuels dotés; d’un capital financier relativement important mais
(péculs de départ volontaire de la fonction publique) sans expérience dans le commerce.
Leur avènement peut dans une certain mesure être vu comme le résultat d’une certaine
restructuration de la demande. La nouvelle filière qu’ils semblent cibler est celle
approvisionnant la transformation industrielle que 1’Etat cherche à encourager. Les
exigences qualitatives des usines imposent la prise en compte des notions de grade et de
pureté contrairement aux pratiques qui caracterisent le commerce informel. En outre,
le simple fait de traiter avec une institution implique des formalites que le commun des
opérateurs de “l’ancienne génération’iYne saurait maîtriser sans difficulté.
En somme, la question se pose de savoir si le marché céréalier évolue vers une
segmentation qui verrait un sous-secteur plus formalisé coexister avec le circuit informel
ou si ce dernier est le seul qui soit compatible avec le systeme de production actuel. Les
commerçants quant à eux se disent persuades que les O@rateurs de la “nouvelle
génération” qui veulent s’essayer au métier ne pourront pas réussir, handicapes qu’ils

- 27 -
sont par leur inexpérience mais surtout par un formalisme qui ne s’accommode pas avec
la nature du travail.
Dans la mouvante du désengagement de YEtat, la place du circuit officiel s’amenuise
et les pouvoirs publics se confinent de plus en plus dans un rôle de catalyseur de la
concurrence entre les opérateurs privés. Cela se fait par la diffusion régulière des prix
collect& au niveau des principaux marchés ruraux et urbains. Ce systbme d’information
a affecté le mode de circulation des céréales. Auparavan& les grandes zones de
consommation s’approvisionnaient s,mut à partir des villes situées dans les centres de
P’ ,;
production.
Avec la diffusion des? prix accompagnée de renseignements sur la
disponibililité des produits, certains de nos interlocuteurs soulignent que les commerçants
qui viennent de loin ont actuellement tendance à descendre jusque dans les marchés de
collecte.
Quand ils n’étaient pe renseignés, ils n’osaient pas prendre la risque et
faisaient leur cargaison auprès des grossistes dans les centres urbains. Le rôle de transit
des villes du bassin c&alier comme Kaolack est sérieusement bouleversé, ce qui met
en question l’intérêt du stockage à grande &helle par les grossistes résidents.
S’agissant de la zone Nord devenue un detiuch6 de première importance, les
perspectives d’avenir qui se dessinent suscitent aussi des interrogations. En effet, la
mise en service du barrage de Diama sur le fleuve pelmet de développer la riziculture
dans le cadre de l’aménagement progressif des périmètres irriguées. La question se pose
de savoir quel sera à moyen et long terme l’impact de cette mutation sur le ma-t-ch6
intérieur des céréales.

G ‘F
? 0 il- 28 -
I .
Enfm, un dernier point sur les grands tendances du marché céréalier concerne le volet
organisationnel.
A ce propos, on observe que le phénomene des groupements d’interêt
économiques (GIE) très repandu en milieu rural commence a faire tache d’huile au
niveau des commerçants. Comme dans le cas des paysans, l’objectif déclaré est l’accès
au crédit qui est plus difficile sur une base individuelle. Toutefois, l’avenir de ces
organisations naissantes dépendra étroitement des conditions de partenariat avec le
système bancaire dont les exigences sont pour le moment jugees dissuasives.
3.3.2.
.
Marche de 1,Arachide
Du temps où les semences étaient généreusement c&es à crédit par l’Etat, le marché
informel de l’arachide canalisait d’importants flux. Les semences distribuées & la veille
de l’hivernage (mai) étaient en grande partie revendues aux commercants et le
phénomkne était connu sous la dénomination de “seconde traite”. En effet, les paysans
mettaient a profit la facilité du crédit pour faire face à tous leurs autres besoins; il
suffisait de prendre beaucoup et revendre ce qui n’etait pas utilisé comme semences.
La fm de ce système depuis le debut des annees 80 s’est fortement répercutée sur le
marché informel de l’arachide qui ne connaît plus de véritable pointe dans son évolution
saisonnière.
Les commerçants déclarent que la Mauritanie absorbait une bonne partie des quantités
collectées et les transferts se faisaient de manière clandestine. La fermeture de la
frontière suite au conflit d’avril 1989 a sensiblement limité les de’bouchés selon les
témoignages.
Cela permet à 1’Etat de mieux contrôler la production commercialisée

- 29 -
dans la mesure où la collecte paralkle devient relativement moins attractive. Toutefois,
en raison du caractere conjoncturel de cette situation, un renversement de tendance est
tout a fait envisageable.
Enfin, un aspect qui mérite d’être retenu dans l’evolution du marché informel de
l’arachide a trait au développement de la trituration artisanale que les pouvoirs publics
semblent tolérer actuellement puisqu’elle n’est plus réprimée. Avec la prolifération très
rapide des presses en milieu rural, les paysans ont de plus en plus fa possibilité de
vendre de l’huile et des tourteaux plutôt que de l’arachide. Cela entraîne une profonde
mutation dans la mesure où la trituration artisanale est essentiellement une affaire de
femmes et leurs produits incorporent une plus grande valeur ajoutée.

IV. TRANSFERTS DANS L’ESPACE ET DANS LE, TEMPS
,
4.1. msferts dans 1 Egggg
4.1. II.
S i t u a t i o n d’EnsembIe
Les ‘142 commercants de produits agricoles identifiés au cours de l’enquête desservent
un réseau de quelques 50 march& ruraux et urbains.
Un premier indicateur de
l’importance des transferts dans l’espace est le nombre de cas où le principal lieu d’achat
ne Co*ïncide pas avec le principal lieu de vente pour chaque opérateur.
Ces cas de non coïncidence se répartissent comme suit pour les différents produits, les
pourcentages s’appliquant au nombre d’opérateurs impliqués dans le commerce de
chaque denrée concernde :
Mil
41%
Sorgho
35%
Maïs
41%
Arachide
44.5%
Niébé
62.5%
F r u i t s
83%
Légumes
100%
L.e transfert d’un lieu à un autre constitue la règle pour les légumes, les fruits et dans
une certaine mesure le niebé. Les fruits et légumes ont la particularité d’être produits
de façon concentrée à des points gtigraphiques précis. Cette concentration de l’offre
réduit la chaîne des intermédiaires qui, dans le cas des céréales, explique le grand
nombre de collecteurs primaires vendaut sur leurs lieux d’achat. A cela s’ajoute le fait
que dans les zones de cérdaliculture, bon nombre de producteurs sont d&icitaires d’où
l’existence d’une demande locale sur le marche. Quant au niébe, sa position par rapport
au transfert dans l’espace découle du fait qu’il est surtout cultivé au nord du pays.

- 32 -
la simple proportion des opkateurs impliqués dans le mouvement des produits ne
constitue toutefois qu’un indicateur sommaire. Une petite proportion ne veut pas dire
que lies volumes correspondantes sont faibles puisqu’à ce niveau il s’agit surtout de
grossistes.
Si l’on considère l’ensemble des ventes effectuées par les 142 opérateurs durant toute
la période de suivi, les ventes hors lieu d’achat sont caractérisées dans le tableau suivant
pour les principaux produits :
Tableau 4.1 :Importance des ventes hors lieu d’achat et distances moyennes de transfert
Produits
Quantités
Pourcentage de ventes totales
Distance
Nombre de
@OMeS)
moyenne
de transfert transactions
(km)
Mil
386
: ,,s39
7 7
56
Sorgho
1 6
‘86
195
2
Maïs
1 6
2 5
1 8 4
8
Arachide
2 9
71
,
3 2
3 6
Fruits
6 2
8 9
240
8
Source: Calculs à partir des données de l’enquête.
Les transferts dans l’espace sont nettement plus accentués pour les fruits et le sorgho
tandis que les mouvements de l’arachide sont plutôt limités aussi bien swr le plan du
volume que de la distance.

- 33 -
4.1.2.
II
Reseau Intérieur des Flux
Le r&eau intérieur des flux de produits agricoles est représenté à la Figure 1. Seuls les
principaux axes fréquent& par les commerçants de l’échantillon ont &5 retenus. Il n’y
a pas de séparation entre les céréak et l’arachide qui dominent largement le commerce
!y
des produits agricoles au Sén@al. D’une manière générale, les flux vont du Centre-Sud
vers le Nord et l’Ouest du pays. A l!exception d’un seul opérateur impliqué dans le
commerce des arachides entre Dioly et Tamba, aucun axe menant vers la zone orientale
(frontière malienne) n’a été identifié. Pour le mil et l’arachide, les commerçants
impliqués dans des opérations de transfert se répartissent comme suit en fonction des
axes les plus fréuuentés à l’échelle d’une année.
Tableau 4.2:Répartition par axe des commerçants qui effectuent des transferts
dans l’espace
Mil
Arachide
Pas de tmnsferts
81
61
Transferts entre marchés ruraux locaux
19
20
Transferts vers les villes locales
9
9
Transferts vers l’Ouest (Thiès, Bargny,
10
9
Dakar)
7
9
Transferts vers le Nord (Touba, Dahrd,
0
1
L43Q
1
1
Transferts vers l’Est (Tamba)
Transferts vers le Sud (Bignona)
137
110
Nombre total de commerçants
Source: DOM&S de l’enquête auprès de 142 commerçants

-.34 -
La majorité des intervenants sont des collecteurs qui vendent leurs produits sur les lieux
d’achat. En règle générale, les flux entre marchés ruraux partent des zones enclavées
vers les axes routiers. Pour le mil, les commerçants impliqués dans les transferts sur
longues distances prennent surtout la direction nord. La plupart de ceux qui empruntent
cet axe s’approvisionnent dans les march& situés à l’Est (NDioté, Dioly, Kaffrine).
Quant à la destination ouest, elle est principalement desservie à partir des marchés du
Sud (NDiba, Porokhane, Passy, etc.)
Ceux qui partent des villes locales vers d’autres régions ne sont qu’au nombre de quatre
pour le mil et deux pour l’arachide. Par ailleurs, il n’y a pratiquement pas d’activités
sur les axes inter-urbains locaux. Tout cela signifie que les marches de collecte et de
consommation sont liés de manière assez directe.
Les données d’ensemble ne laissent pas apparaître des renversements de flwr c’est à dire
des retours de produits vers leurs points de départ. Dans le cas des cér&les, on pourrait
penser à une telle éventualité en période de soudure. Cependant, en cas de nécessité,
les paysans font le déplacement pour se ravitailler dans les marches urbains.
Quant aux flux croisés de produits agricoles non identiques, leur absence entre marchés
ruraux traduit la marginalité des échanges intra-sectoriels. Les principaux produits à
savoir les céréales et l’arachide sont cultivt% pour l’essentiel non seulement dans les
mêmes zones mais aussi dans les mêmes exploitations. Quant à la réciprocité entre
march& ruraux et marchés urbains, ces derniers fournissent plutôt des c&!ales importées
et dans une moindre mesure des légumes et condiments de provenance mixte.
_..

- 35 -
4.1.3.
Echanges Trans-frontaliers
Il ressort de la Figure 1 que la seule frontière traversee par les grands axes identifiés est
celle de la Gambie. Les flux a sens unique vont de la Gambie vers le S&&a1 pour tous
les produits concernés à savoir les céréales, l’arachide, les fruits et les Iégumes. Ce sont
les commerçants sénégalais qui vont chercher les produits que n’amenent pratiquement
jamais leurs homologues Gambiens.
Sur les marchés frontaliers, ces derniers ne peuvent pas concurrencer les collecteurs
sén6galais en raison d’une forte préfërence pour le franc CFA dans ces zones. Le sens
des flux peut donc résulter du rapport entre le CFA et le Dalasi plus que de tout autre
facteur.
Deux marchés Gambiens situes sur la.frontiere ont et6 ciblés dans nos enquêtes à savoir
1’ ,:.
Farafenié et Keur Pathé. Ils sont fr&qtient& par 9% des commerça& de l’échantillon.
Le premier est physiquement tr& accessible parce que situé sur la route goudronnée
Kaolack-Banjul à tratic assez dense. En revanche, elle est étroitement surveillée de
façon permanente par les forces de l’ordre. A l’opposé, Keur Pathé est une frontière
de brousse sans obstacle de ce genre mais on ne peut y accéder que par des pistes très
difficiles. Malgré cela, nous constatons que l’essentiel des flux provenant de la Gambie
partent de ce marché. Si l’on considère les principaux lieux d’approvisionnement des
commerçants interrogés, Keur Pathd est mentionne sept fois contre deux fois pour
Farafénié. Les contraintes d’acctis physiques semblent donc moins dissuasives que celles
li&s à la surveillance frontalière. Toutefois, quand l’opportunité de transactions est
évidente, les stratégies ne manquent pas pour contourner la barrière du contrôle. C’est
l
-

- 36 -
ainsi que dans le cas de Farafénié, un marche jumeau se tenant le même jour fut crée
!f
de l’autre côté de la frontière, juste à deux km. Ce marché presente des spécificités qui
confirment son caractère tout à fait artificiel. C’est le seul où les transactions ne portent
pratiquement que sur les céréales et il ne debute qu’à partir du moment où ceux qui sont
partis à Farafénié commencent CL rentrer. Les céréales sont transportées par petites
quantités sur des charrettes. Elles sont en général affrétées par descollecteurs résidents
qui connaissent bien la zone et les grossistes les attendent à la place du marché avec
leurs v6hicules.
La police Gambienne tolère la sortie des céréales par charrette mais elle s’y oppose
quand il s’agit de camion. Cette attitude traduirait un souci de sécurité alimentaire que
I’exportation massive vers le Sénégal risque d’hypothéquer. Selon les commerçants, la
douane sénégalaise réclame 5OOF par sac à titre d’ “arrangement” en cas de prise.
A l’exception de la Gambie, aucun échange avec les autres pays limitrophes n’a été
enregistré au cours de la période de suivi. Toutefois, la présence des commerçants
maliens venus chercher des céréales a été signalée dans la zone de Koungheul mais
c’était entre novembre et janvier.
Pour voir au-delà de la situation réelle durant la pkiode de suivi, nous avons interrogé
chaque commerçant sur sa plus récente expérience en matière d’échanges trans-
frontaliers.
~ Les informations obtenues sont prbentées dans le tableau ci-aprks :

- 38 -
Tableau 4.2: Expérience &entes dans le commerce @ans-frontalier.
?roduits
Iml
Exportation
Pays
Nombre de
Pays
Nombre de
Commerçants
Commerçants
Mil
Gambie
4 1
Maïs
Gambie
20
Sorgho
Gambie
15
Arachide
Gambie
24
Mali
1
Aliment de bétail
Gambie
1
Piment
Gambie
1
Guinde
1
Mangues
Gambie
2
Bissau
Riz paddy
Gambie
2
Pomme de terre
Oignons
Gambie
Cola
Gambie
Nie%&
Guinée
Bissau
Gambie
Source : Données de l’enqu te
Ces expériences s’inscrivent pour la plupart (86% des cas) sur la période 1988-91 et
concernent au total 49 commerçants, soit 34.5% de l’échantillon. La Gambie constitue
de loin le principal partenaire et le seul pays d’importation, Pour les légumes, les cas
mentionnds d’exportation vers la Gambie datent de 1980 et leur petit nombre ne permet
pas de conclure que le sens des flux s’est renversé par rapport à la situation actuelle.
Il y a également lieu de ne pas perdre de vue que la grande diversité des ldgumes
autorise l’existence de flux réciproques pour ce type de denrée.
Quant au commerce
avec les autres pays, il ne s’agit pratiquement que d’exportations. Un seul cas datant
de 1988 est noté pour le Mali et concerne l’arachide décortiquée.

- 39 -
, L
Selon l’appréciation des commercants interroges, des opportunités d’echange inexploitées
surtout à cause des contraintes réglementaires existent avec les pays limitrophes.
A la question de savoir quelles sont les potentialités dans le domaine des produits
agricoles, 98 réponses ont et& obtenues des 142 commerçants si l’on exclut celles ayant
trait aux echanges avec la Gambie. Au total, 83% de ces réponses identifient des
possibilités d’exportation avec une nette dominante de l’arachide et des céréales vers la
Mauritanie et le Mali. La Guinée-Bissau et la Guinde-Konakry sont vus comme des
fournisseurs potentiels de fruits tandis qu’aucune possibilité d’importation n’est apparue
pour la Mauritanie. Concernant le Mali, les potentialités portent sur les fruits mais aussi
sur les céréales, ce qui semble quelque peu paradoxal à moins qu’on ne prennent en
compte des différentiations dans les produits. Par ailleurs, une certaine subjectivite dans
l’appreciation des commerçants peut bien expliquer quelques oppositions des points de
vue.
Pour ce qui concerne le niebé dont la faible consommation nationale est une contrainte
de taille au développement de la production, le marché Gambien offre des possibilités
que certains jugent intéressantes. Ces jugements se fondent sur l’importance de la
clientile GambieMe chez les d&aillants de ni& dans les marchés sénégalais.
c, :.
:y

- 40 -
4 2. Transferts dans le Temps
4.2.1.
Observations à 1’Echelle Hebdomadaire
Durant toute la pkiode de suivi, la balance hebdomadaire des opérations achats-ventes
est équilibrée à 96% en terme de volume global. Le plus grand écart s’observe pour le
maïs accusant un reliquat moyen de 38% contre 11% pour l’arachide, 10% pour le
sorgho et 2% pour le mil. Quant au niébé dont la place est tout à fait marginale, les
ventes ne représentent que 6% des achats. Pour cette denrée particuliere faiblement
consommée, la vente se fait surtout au détail, ce qui explique l’écart exceptionnel
constaté.
Dans le cas des cérkks, la question se pose de savoir qu’est ce qui peut
expliquer les differences observées. Curieusement, le critère de cherté donne le même
classement que celui du désequilibre de la balance des opérations, le maïs venant en tête,
suivi du sorgho et du mil. On peut donc penser que la demande partiellement lice aux
prix est un facteur de diffkrenciation.
Toutefois, l’hypothèse qui nous semble la plus plausible est celui du seuil minimum
d’écoulement.
En effet, le sorgho et le maïs etant plus rares, la collecte d’un volume
donné demande plus de temps, ce qui implique un stockage intermédiaire des faibles
quantités. Dans certains cas plus frequents pour le sorgho, les petites quantités finissent
simplement par être mélangées au mil et cette pratique s’observe aussi chez les paysans.
Au niveau des marchés ruraux, le stockage se fait en g&&al de manière provisoire
surtout par les collecteurs qui transfrent leurs produits vers d’autres zones. Cela leur
permet de n’engager un veticule pour le transport qu’après avoir suffisamment collecté.

La durée de ce stockage dépend donc :de l’offre sur le marché mais elle n’excède une
semaine que rarement.
L’intérêt des observations à l’&helle hebdomadaire reste très limité quand il s’agit
d’analyser les transferts dans le temps. Ainsi, pour mieux cerner les pratiques en
mati&e de stockage, nous avons élargi le cadre de référence en prenant un recul de deux
ans. Chaque opérateur de l’échantillon devait fournir des précisions sur le plus durable
stock detenu sur cette période.
4.22.
Stockage durables
En prenant les deux dernières années comme cadre de référence, nous avons fait la
distinction entre le stockage volontaire et le stockage involontaire. Les informations
fournies par les commerçants se résument dans le tableau suivant, “V” signifiant
volontaire et “In involontaire.
Les transferts dans le temps sont plus marquées pour le mil aussi bien en terme de
quantité, de dur& que du nombre de commerçants impliqués. Cela résulte certainement

- 42 -
de la place qu’occupe cette céréale dans le système de production agricole. A ce sujet
il faut rappeler que l’arachide également cultivée à grande échelle est surtout
commercialisée dans les circuits officiels, laissant les céréales en première ligne au
niveau du commerce informel.
La plus longue durée de stockage volontaire n’a pas dépassé une semaine chez 36% des
commerçants impliqués dans le cas du mil et 30% dans celui de l’arachide. Si l’on se
réfi?re à la durée moyenne de détention des stocks, le degrt? de conservabilité des
produits ne semble pas constituer une contrainte majeure. Toutefois, dans les cas
extrêmes constates notamment pour le mil, le problème de conservation peut bien se
poser. De ce point de vue, les cQ&les sont relativement moins vuhrerables que les
autres produits. S’agissant de l’arachide, le décorticage augmente de manier-e sensible
la vulnérabilite des stocks même si cela permet des économies d’espace.
La durée de 300 jours mentionnée pour les fruits peut paraître quelque peu singulier-e
si l’on ne sait pas qu’il s’agit du “pain de singe” ou fruits de baobab.
En regle génerale, le stockage involontaire est plus fréquemment observé sauf dans le
II
cas de l’arachide. Pour ce produit, on peut penser que l’opportunité de spéculation est
plus réelle en raison de la demande de semences à la veille de l’hivernage. La demande
est plus uniformément répartie dans le temps pour les autres produits, réduisant ainsi les
tentations aux pratiques spéculatives.
En moyenne, la durée de stockage s’avère nettement moins longue pour ceux qui gardent
leurs produits contre leur gré. Cela arrive par absence temporaire de clients ou lorsque
le prix du marche ne garantit pas une marge bénéficiaire acceptable. Le stockage
volontaire de longue durée se fait le plus souvent en prévision de p&mrie et la tentation

- 43 -
est plus forte lorsque les récoltes sont mauvaises. Par ailleurs, l’arrivée des nouvelles
récoltes sur le marche entraîne toujours des difficultés d’écoulement d’éventuels résidus
d’anciens stocks. Tel a été le cas du seul commerçant qui a garde du mil pendant une
année. Il a fallu qu’il le cède à cr&iit au prix d’achat pour s’en débarrasser (10 tonnes).
Le dilemme qui se pose est qu’avec une bonne recolte à l’échelle nationale, les
commerçants ont la possibilite de stocker beaucoup mais ils peuvent ne pas être incités
.’
?
a le faire compte tenu de leurs prévisions quant à la conduite future du marche. Selon
les t6moignages, l’année 1985 est chargee de souvenirs, car beaucoup de commerçants
ont constitué de grands stocks de c&5ales dont 1’cZcoulement a et6 très difficile par la
suite en raison d’une bonae récolte même au nord du pays. Cette expérience qui a
poussé un d’entre eux à se retirer temporairement n’est pas encore oubliée. La méfiance
qu’elle peut susciter est de nature à faire r6fléchir sur l’opportunité du stockage durable
chaque fois que la production s’avere abondante.
Si les récoltes sont faibles, la
distribution éventuelle d’aide alimentaire constitue un facteur d’incertitude (Newman,
M.D. et al, 1988).
Le phénomène de dépréciation induit par l’arrivbe des nouvelles r6coltes même quand
celles-ci sont faibles est une autre contrainte structurelle non négligeable. Par ailleurs,
lorsque pour une raison ou une autre le marché n’absorbe pas toute l’offre émanant des
producteurs en année d’abondance, on peut s’attendre à une réduction des superficies
céréali&res pour la saison suivante. Tout cela met en exergue le caractère délicat de
l’auto-régulation inter-annuelle du marché domestique à partir du stockage durable par
les opérateurs prives.

V. PRIX, COUTS D’INTERVENTION ET MARGES COl@SERCIALES
,<
.
5.1. Niveau des PI-I%
Pour les diff4rents produits, nous distingons les prix d’achat, les prix de vente sans
transfert dans l’espace et les prix de vente hors lieu d’achat. Ces trois situations sont
respectivement désignees par “A”, “Vl”, et 772” dans le tableau suivant:
131
9 0
B
201
1 5 5
1 27
11 13; 1 114 1 9
L’examen des chiffres laisse apparaître un certain nombre de points frappants.
On observe tout d’abord une assez nette differenciation entre le mil, le sorgho, et le
maïs en ce qui concerne le niveau des prix. Cet aspect mérite d’être retenu si l’on sait
que le prix-plancher au producteur défini et applique par 1’Etat est uniforme pour ces
trois types de céréales. Cette uniformité ne reflète donc pas les réalités du marché.
Compte tenu de ce que nous connaissons sur les préferences des consommateurs dans
leur grande majorité, le prix du sorgho plus élevé en moyenne que celui du mil est un
résultat inattendu. Il a été d’habitude la moins chere des céréales notamment quand il
s’agit de la variét& rouge. Notre hypothese est qu’il y a un renchérissement de ce
produit en rapport avec le développement de l’aviculture. La taille du grain constitue
un critère de choix et de ce point de vue, le sorgho est préféré au mil. Etant damé que
l’aviculture est surtout pratiquée dans la région de Dakar, l’hypothèse est appuyée par
les distances observées pour le transfert. Comme nous l’avons de-jjà noté, ces distances
,‘Z y.

- 46 -
sont nettement plus grandes pour ce qui concerne le sorgho. Quant au maïs, son prix
est habituellement plus élevé que ceux du mil et du sorgho en raison de plusieurs
facteurs. Il y a tout d’abord la preference des ménagères qui le trouve plus facile à
traiter notamment dans la phase du décorticage (Gaye, 1991). En outre, le maïs dont
la culture est techniquement plus exigeante comporterait des coûts de production plus
élevés, ce qui peut aussi justifier son prix supérieur à celui des autres ceréaies.
Dans l’ensemble, 83% de la collecte de mil par les commerçants ont et& effectués à des
prix supérieurs au plancher officiel de 70 F/kg. Ce plancher a etté “percé” pour environ
4% des achats.
Pour le maïs, toute la collecte s’est faite au dessus du prix-plancher et l’exception pour
le sorgho ne porte que sur une seule transaction.
Après la lib&alisation du marche céréalier en 1985, les pouvoirs publics ont décide de
n’intervenir dans la collecte que si les prix tombent au-dessous de 70 F/kg. En même
temps, 1’Etat avait le souci de stabiliser le marché de consommation. Cela impliquait
necessairement la détention d’un stock régulateur et donc la collecte quel que soit le
L’ ,;,
niveau du prix au producteur. Un tel,dilemme devait conduire en 1989-90 à l’adoption
d’une stratégie de “plancher glissant” fixe p&iodiquement en fonction des tendances du
marche. Ndanmoins, ce système ne s’est pas averé efficace en raison des lourdeurs de
procédures et de la volatilite des prix. Il arrivait même que ceux qui étaient arrêtés par
I’Etat fussent caducs avant d’être communiqués aux agents sur le terrain.
L’amplitude des &rts de prix indique des différences spatiales non négligeables qui
guident le mouvement des flux. La grande variabilité caractérisant l’arachide (écart-
type) est surtout liée du facteur qualité. En effet, nous n’avons retenu que deux grandes

- 47 -
catdgories par simplification mais en réalité il en existe beaucoup plus. Les “bonnes
graines” ne sont pas toujours triées et même lorsqu’elles le sont, le degr6 de sélectivité
du tri ddtermine des grades intermddiaires. Quant aux karts de tri (rebuts) leur valeur
marchande dépend surtout du tant de bruchage.
5.2. Coûts d’intervention
5.2.1.
&-ucture Générale
ir
Si l’on considère l’ensemble des charges directes supportés par les opérateurs dans le
cadre du commerce des produits~agricoles, les chiffres obtenus sur toute la période de
suivi donne la structure suivante :
Transport
52%
Manutention
18.5%
Commissions
11.3%
Taxes
9%
Conditionnement
3.4%
Divers
5.8%
Pour ce qui concerne le transport, l’utilisation de véhicules personnels n’a été observde
que dans deux cas.
Les charges directes retenues portent essentiellement sur le
carburant.
Les commissions se composent de la rémunération souvent à l’amiable des aides et
accompagnateurs. Ces derniers rendent divers services comprenant la manutention des
petites quantités, le remplissage et la cousure des sacs. Cela implique une sous-
estimation de la part effective des rubriques manutention et conditionnement. Cette
demitire a pour composante principale le coût des emballages. Sa part relativement

faible résulte du fait qu’au-delà d’urie certaine quantité (environ 50 kg pour les cereales
et l’arachide), le vendeur laisse le sac P l’acheteur. Les bt?n&iciaires ultimes seront les
consommateurs qui ach&ent en demi-gros et les commerçants qui vendent au détail.
Concernant les taxes, celles qui sont Pay&s sur une base annuelle (patente) ne sont pas
inclues.
L’enveloppe globale de la patente dont les commerçants interrogés sont
redevables équivaut à 5.5 fois la somme des autres taxes supportees au cours de la
période de suivi. Cependant, les magasins dont la taille et l’emplacement semblent
déterminer le montant de la patente ne sont pas exclusivement utilises pour le commerce
des produits agricoles, ce qui pose un probleme d’imputation même pour les loyers.
Les charges diverses se composent essentiellement des frais de séjour dans les marches
et des coûts lies a l’utilisation d”inf%astructures de stockage ou d’instruments de pesage
sur le lieux de collecte.
5.2.2.
Structure par Type de Produits
Nous consid6rons trois groupes dem produits à savoir les ctW.ales prises globalement,
l’arachide et les fruits. Le ni&? et les @urnes ne sont pas pris en compte car leur
place dans les transactions enregistrées est tout à fait marginale.
La structure des coûts directs pour ces trois groupes de produits se présente dans le
tableau suivant :
- -----
-.c---

- 49 -
Tableau 5.2 :Structure des coûts directs par type de produits
C&&ales
I Arachide
I Fruits
1
Transport
52.7%
I 56.6%
62%
Manutention
19.5%
21.5%
11.2%
Commissions
12.4%
2.7%
8 %
Taxes
9.2%
12.4%
6.8%
Conditionnement
2.4%
2.6%
12%
Divers
3.8%
4.2%
I Total
iTE--
100%
l
Source: Calculs à partir des donnees d’enquête
Les coûts directs non imputables à un type de produits donné représentent environ 4.8%
des charges liquides totales.
Pour tous les types de produits, le transport constitue la composante principale des coûts
directs d’intervention. Son caractère encore plus accentué dans le cas des fruits
s’explique par le fait que ces produits sont transférés sur de plus longues distances. Les
zones d’approvisionnement sont plus ,$loignées et pour les manques il s’agit surtout de
0’ ;.
la Cwmance (Bignona).
i(
Les commissions sont assez spécifiques aux ckéales et dans une moindre mesure aux
t
fruits.
Pour le cas des céréales, c’est le système de collecte découlant des
caractéristiques de l’offre qui est le facteur principal. Nous avons déjà souligné le
recours a des aides et accompagnateurs lors des déplacements dans les marchés
hebdomadaires. Il s’y ajoute l’effet de la concurrence qui pousse certains commerçants
à “recruter” pour ainsi dire des rabatteurs locaux dans les principaux marchés visites.
Leur rôle consiste surtout à intercepter les charrettes quand elles transportent des

- 50 -
céréales pour les diriger vers leur “patron”, la connaissance mutuelle aidant parfois. En
fin de journée, ils empochent le “prix de la cola” et rendez-vous est fixe au prochain
jour de marché. Pour l’arachide, la concurrence est moins forte et l’offre vient surtout
des femmes qui vendent de petit& quantités le plus souvent pour acheter des
‘/’
condiments.
Les rabatteurs ciblent ‘surtout les vendeurs qui ont d’assez grandes
quantités, ce qui est exceptionnel pour, l’arachide décortiquée.
$7
La part non negligeable des commissions dans le domaine des fruits découle du fait que
pour les mangues qui constituentle gros du lot, les commerçants négocient des vergers
et font appel à des enfants pour faire la cueillette, 11 leur revient ensuite d’acheter des
paniers que les artisans locaux fabriquent en grandes quantités dans toutes les zones de
production fruitiere. Cela explique l’importance de la rubrique “conditionnement” pour
les fruits par comparaison aux autres produits.
Parmi les charges diverses, il y a celles relatives au stockage constitués par les frais de
gardiennage et les coûts d’utilisation d’infrastructures dans les marches de collecte pour
stocker provisoirement. Ce stockage provisoire concerne en particulier les céréales
lorsqu’elles deviennent rares. Dans pareille situation, les commerçants qui viennent
s’approvisionner n’arrivent en général à collecter suffisamment qu’après avoir visité
plusieurs marchés. Le tarif en vigueur est de 25 F/sac indépendamment de la durée.
La seconde catégorie de charges diverses se composent de droits d’usage de bascules et
balances au niveau des lieux de collecte. En effet, les commerçants ne peuvent pas
toujours se dgplacer avec leurs propres instruments surtout quand il s’agit de bascule.
Pour celle-ci, le droit d’usage indiqw? est de 25 F/quintal tandis la balance peut être
louée pour 200 F la joum&e.

-5l-
Entïn, les frais de séjour dans les marches constituent le troisième elément des coûts
divers et il s’agit surtout de la restauration.
5.3. Marues Commerciales
5.3.1.
Marpres Brutes Movenues
En faisant la distinction entre les ventes sur lieux d’achat et celles réalisées après
transfert dans l’espace, les marges brutes moyennes calculées pour les céreales et l’arachide
sont les suivants:
Tableau 5.3: Marges brutes moyennes pour les C&ales et l’arachide (FCFA/kg)
M i l
Sorgho
Maïs
Arachide
Arachide
“bonnes
“rebuts”
graines”
Ventes sur lieux d’achat
3.34
3
5.33
9.45
6.72
Vente hors lieux d’achat
5.43
15.6
11.92
12.5
9.68
Source : Calculs à partir des données de l’enquête
Selon Ouédraogo et N’Doye (1988), les collecteurs de céréales qui achetent et vendent
sur place visent une marge brute de 5 F/kg alors que les grossistes opérant dans les
mêmes conditions cherchent à rihaliser la moiti& soit 2.5 F/Kg. De ce point de vue, les
trois types de céréales ne semblent pas offrir les mêmes opportunités.
*’ :.
L’ampleur des differences entre les/ deux types de marges calculées est surtout
déterminée par les distances moyennes de transfert. L’observation faite à ce sujet pour

- 52 -
ce qui concerne le sorgho réapparaît ici de mani&re frappante. L’effet du temps est
négligeable compte tenu de l’inexistence de stocks durables sur toute la période de suivi.
Pour l’ensemble des céreales, plus de 94% des achats sont écoulés dans la même
semaine et pour l’arachide le chiffre est dans l’ordre de 89%.
5.3.2.
MarPes Brutes et Transferts dans l’Espace
Pour établir la relation entre marges byutes et distances de transferts, nous avons exclu
tous les cas de vente sur lieux d’achat plutôt que de les considérer avec une distance de
zéro. Un nombre suffisant d’observations existent pour le mil et l’arachide. Dans le
cas du mil, la régression lineaire simple avec la marge brute en FCFA/Kg comme
variable dépendante et la distance en km comme variable explicative donne un “R carre”
ajusti de 0.64 avec une droite de pente égale à 0.034. Ainsi, pour un transfert sur 100
km, on peut s’attendre à ce que la marge brute augmente de 3.4 F/kg. Pour que
l’opération se justifie, il faut que le coût de transport associé soit donc inferieur ou au
plus egal à ce chiffre. Celui trouve par Ou&haogo et N’Doye en 1988 est de 3 F/kg.
En ce qui concerne l’arachide, la corrélation entre marge brute et distance de transfert
n’est pas statistiquement significative et la droite de regression affiche une pente plutôt
négative pour la catégorie “rebuts”.

. - 5 3 -
5.3.3.
,
Marqes Brutes et Stock durable
Les informations sur les plus durables stocks au cours des deux dernières années
comportent des pr&cisions sur les prix d’achat et de vente. Si nous nous limitons aux
cas où les stocks ont été volontairement gardes, les coefficients de corrélation suivants
sont obtenus entre marges brutes en FCFA/kg et durée de stockage en jours.
Mil
0.47
Maïs
0.45
Arachide
0.44
Le petit nombre d’observations n’autorise pas le calcul pour les autres produits. Dans
l’ensemble, la relation entre marge brute et durée de stockage est assez faible. Bien que
les tEquations de régression indiquent avec certitude (teste F) l’existence d’une relation,
la durée de stockage n’explique environ que 20% de la variabilité des marges.
Quoiqu’il en soit, l’effet du stockage sur les marges ne peut pas être cerné de façon
exacte uniquement ài partir des prix d’achat et de vente. Cela suppose que l’achat, le
stockage, et la vente soient réalisés au même endroit, ce qui n’est pas assuré ici.
L’existence de marges négatives ou nulles n’a été révélée que pour le mil et 13
commerçants de l’&tantillon ont été concernés. Une dépréciation due soit 5 l’arrivée
des nouvelles récoltes sur le marché ou à une dégradation qualitative en est la cause
principale. Dans certains cas, les stocks résiduels sont vendus à bas prix lorsque cette
dépréciation non encore effective devient imminente.

- 54 -
5.4. Confrontation des Mawes Commerciales avec les Coûts d’htervention
5.4.1.
Résultats Globaux
La marge brute permet en principe de couvrir les coûts d’intervention et d’assurer un certain
profit. En maintenant la distinction entre les cas avec transfert dans l’espace “AT” et ceux
sans transfert “ST”, nous obtenons la décomposition ci-dessous :

- 55 -
rab1aau 9.4
: Woonposition des marqes et coûts par Kg
" i
I
Hi1
I
s&ho
I
M .lS
Arachlds 'bonnas
I
Wachida*rabut'
I
I
1
A T
S T
,hT
S T
A T
ST
marges brutes (HB)
5.43
3.34
15.5
3
11.92
5.33
I
I
I
I
I
Transport
1.097
0.302
1.527
0.439
2.729
0.130
Manutention
0.681
0.158
0.7*9
,~0.569
0.564
0.83.
CO~~iSSiOll
0.349
0.309
0
o-:43
0.636
0.301
Conditionnement
0.062
0.061
0.027
0.052
0.049
Taxes
0.583
0.002
1.879
0
0.439
0.027
1.127
0.015
0.061
0 . 0 3 3
DiVUXsr
.0.154
0.068
0.016
0.075
0.202
0.017
0.208
0.022
0.226
0 . 0 5 5
I
I
I
Total coQta directs (TO)
2.826
1.200
7.239
1.126
4.426
1.058
Io+TcD
2.604
z-a.0
8.262
1.874
7.494
4.272
Praia GCnCrsUx {FG)
0.123
0.121
0.12
0.35
0.143
0.137
?mrgaa nattas
2.481
2.019
8.142
1.524
7.351
..13?3
7.730
8.542
5.591
( 3 . 2 9 2 ) ( 2 , 7 1 1 ) (9,65%)
( 2 % )
18,49%)
(4.85%)
( 5 . 0 7 % ) ( 5 , 6 4 5 ) (4,7OL) (:,-WY
I
1
1
Hombre d'observations
56
297
2
11
8
90
27
158
1 0
118
sollrcc : CalLculs a partir des donndas de l'anquate.
Dans la ligne “marges nettes”, les chiffres entre parenthèse dorment les pourcentages
par rapport aux prix de revient. Pour les ventes effectuées sans transfert dans l’espace,
les frais de transport mentionnés correspondent aux billets de voyages à travers les
marchés. Les différences observks d’un produit à l’autre rcv’sulte encore du facteur
distance. En dehors du tmnsport, la rubrique qui accuse le plus de variation selon que
le produit est mouvementé ou non est celle des taxes. En effet, les transferts se font en
grande partie vers les centres urbains où le droits & l’entrée s’ajoutent aux autres taxes
municipales.
ks ftis généraux ont été imputés proportionnellement à la valeur d’achat lorsqu’ils
concernent plusieurs produits.
Les marges nettes dégagées doivent couvrir les charges indirectes non inclues dans les
calculs. Il s’agit en particulier de la patente et des coûts d’usage des biens capitaux.
On constate que pour toutes les céréales, ceux qui font le transfert dans l’espace
obtiennent des gains plus élevk, notamment pour le sorgho. Toutefois, des ventes à

- 56 -
perte ont et6 observées chez les commerçants qui font le transfert. La façon
d’interpréter les informations diffust?es par I’Etat au sujet du marché céréalier en est
souvent la cause.
Une première source de confusion est la pluralité des prix
communiques (producteur, gros, détail). Il y a ensuite le décalage entre la date de
relevé et celle de diffusion qui induit parfois en erreur. Ainsi, lorsque le prix trouvé
sur le marché est plus bas que celui auquel on s’attendait, l’alternative de retourner avec
sa cargaison est gén&alement exclue. Pour éviter ce risque, certains commerçants ne
font le deplacement que sur commande et la possession d’un téléphone confkre à cet
égard d’importants privikges.
Pour l’arachide, il s’avère que dans l’ensemble la vente sur lieux d’achat est préferable,
les marges nettes correspondantes &a.nt plus élevées. Ce résultat est en concordance
avec la corrélation négative décelée auparavant entre la marge brute et la distance de
transfert. Il s’agit plus d’une logique que d’un paradoxe dans la mesure où les transferts
se font en gk%al vers les villes alors que la demande pour l’arachide émane surtout du
monde paysan. Tandis que les bonnes graines sont utilisables comme semences, les
karts de triage servent dans la cuisine, notamment chez les populations moins aisées,
ce qui accentue le caractère rural de la demande.
Toutefois, les données ont été
collectées % une période où les paysans préparent l’hivernage, ce qui a pu avoir une
incidence sur les résultats.
0 ;.

- 57 -
5.4.2.
Coûts et marges commerciales selon les axes
Les transfer& effectivement enregistres au cours de la période de suivi ont été r-Misés
selon quatres grandes modalités en fonction des axes. On peut ainsi distinguer les
mouvements entre marchés ruraux dans les zones de production, les transferts vers les
villes locales (&mhtCk, Kaffrine, Nioro), vers l’ouest (Thiès, Bargny, Dakar) et vers
le nord (Touba, Dahra, Louga).
Nous retenons ici les deux principaux produits commercialises à savoir le mil et
l’arachide de la catégorie dite “bonnes graines”. Les rt?sultats quantitatifs sont présentés
dans les quatre tableaux 5.5 à 5.8. ,*: ;:.
Les transferts de mil vers les villes l&ales et de l’arachide vers le Nord ont rarement
été observés. Le premier cas serait un indice du changement souligne à propos du rôle
*
des villes locales comme centres de transit des céréales. Quant à la faiblesse des flux
d’arachide vers le Nord, on peut se demander dans quelle mesure cette situation est lice
au blocage du marché mauritanien souligné par les commerçants.
Le mil est surtout achemine vers le nord qui a absorbé 57% des quantités mouvementés
tandis que la direction ouest a draine 19.6% du volume des flux.

Tableau 5.5: Coûts et marges unitaires pour le mil selon les axes
Transferts entre
Transferts vers
Transferts
marches ruraux
l’Ouest
vers le Nord
Quantités totales (tonnes)
’ 79,92
7 6
220
Distances moyennes (Km)
15,5
242
230
Prix moyens d’achat
72,08
74,46
73,02
Prix moyens de vente
75,05
84,70
83,25
Marges brutes (CFAIKg)
2,97
10,24
10,23
Transport
1,496
4,042
3,529
Manutention
0,543
0,438
0,730
Commissions
0,011
0,631
0,616
Conditionnement
0,210
0,010
0,019
Taxes
0,035
2,172
0,252
‘Frais généraux
0,024
0,057
0,061
‘Divers
0,053
0,203
0,122
Coûts totaux
2,372
7,553
5,329
Marges nettes en CFA/Kg
0,598
2,687
4,901
Marges nettes en 46 du prix de
0,80
3,27
ii,25
revient
Nombre d’observations
37
5
1 2
Source : Calculs à partir des donnks de l’enquête

- 59 -
, ’
‘hbkau 5.6: Coûts et marges unitaires pour l’arachide “bonnes graines” selon les axes
Tr@sferts
Transferts vers
Transferts
les villes locales
vers l’Ouest
Quantités totales (tonnes)
7,12
6,96
7,21
Distances moyennes (km)
8 ~
49
1 3 0
Prix moyens d’achat
1.4+,18
1.44,06
1 6 0
Prix moyens de vente
1Sf
148
1 8 6
Marges brutes (CFA/KgO
9,#2
3,94
26
Transport
O,tj65
2,585
6,129
Manutention
0,1~96
0,580
0,928
Commissions
0 ’
0,348
0,222
Conditionnement
0,015
0
0
TaXeS
0,316
3,106
Frais généraux
0,072
0,112
Divers
0,035
0,603
coûts totaux
3,936
11,100
Marges nettes en CFA/Kg
o,ooQ
14,892
Marges nettes en 46 du prix de
nc?gligeable
8,70
revient
5
5
Nombre d’observations
Source : CZa.lculs a partir des donn+s rie l’enquête

- 59 -
, .
Tableau 5.6: Coûts et marges unitaires pour l’arachide “bonnes graines” selon les axes
-
Transferts
Transferts vers
Transferts
entre march&
les villes locales
vers l’Ouest
-
ruraux
QUZmtités totales (tonnes)
7,72
6,96
7,21
~Dis tances moyennes (km)
8
49
1 3 0
IPrb Y moyens d’achat
147,18
144,06
1 6 0
Y moyens de vente
157
148
1 8 6
rges brutes (CFA/KgO
9,82
3,94
26
nsport
0,865
2,585
6,129
nutention
0,196
0,580
0,928
p01 nmissions
0
0,348
0,222
O IIditionnement
0,015
0
0
F Les
0
0,3 16
3,106
ffl is généraux
0,042
0,072
0,112
ivers
0,001
0,035
0,603
(hiits totaux
1,119
3,936
11,100
parges nettes en CFA/Kg
8,701
O,ooQ
14,892
pa rges nettes en % du prix de
536,
négligeable
8,70
ev.ient
i) .;-
15’ ,y
5
5
mbre d’observations
Source : Calculs à partir des données de l’enquête

-6o-
Tableau 5.7: Structure des coûts selon les &es pour le mil
Transferts entre
Transferts
Transferts vers
mat-ch& ruraux
vers l’ouest
le Nord
Tl-aflSport
63%
53,596
66,22%
Manutention
23% 1
5,8%
14%
Commissions
O,S%
8,3%
11,55%
Conditionnement
8,8%
O,l%
0,35 4%
Taxes
l,S%
28,8%
4,72%
Frais généraux
1%
, 0,8%
1%
Divers
2.2%
~
2.7%
2.3%
Total
100%
/
100%
100%
Source : Tableau 5.5
Tableau 5.8: Structure de coûts selon les axes pour l’arachide “bonnes graines”
Transferts entre
Transferts vers
Transferts vers
marchés ruraux
les villes locales
l’Ouest
Transport
77,3%
‘66%
55,2%
Manutention
17,5%
15%
8,956
Commission
0%
9%
2%
Conditionnement
1,4%
0%
0%
Taxes
0%
8 %
28%
Frais généraux
3,7%
1,9%
1%
Divers
1 O,i%
0,196
5,4%
i
Total
I 100%
100%
100%
.
Source : Tableau 5.6

- 61 -
,
L’examen des coûts révèle que les grands diffkences se situent en particulier au niveau
du transport et des taxes.
Le transport du mil entre marchés ruraux revient en moyenne à 96,5 F par tonnekm.
Sur les grands distances, les chiffks sont respectivement de 16,6 F pour ceux qui vont
vers l’Ouest et 15,3 F sur l’axe nord. Les facteurs de différences sont essentiellement
la nature des routes et l’khelle des activités vue à travers les quantités par op&ation et
les d&ances de transfert. Le transport entre marchés ruraux se fait généralement par
piste et avec des véhicules moins lokls dont les tarifs sont plus t5levés.
Par contre, sur
les longues distances, on a plutôt des routes bitumées et des camions. Le facteur échelle
apparaît lorsqu’on fait la confront#tion entre les quantit& transférées et le nombre
d’op&ations correspondantes ainsi que les distances. Cela donne une moyenne
d’environ deux tonnes sur 15,5 km pour les mouvements entre marchés ruraux. Quant
aux axes ouest et nord, on a respecji~ement 15 et 18 tonnes sur 242 et 230 km.
;’ :
Pour ce qui concerne l’arachide, 14s tifs moyens par tonnelkm sont de 108 F entre
marchés ruraux, 53 F vers les vil@ locales et 47 F sur l’axe ouest. S’agissant de
l’&helle des opérations, on a respecbvement 0,5 tonnes sur 8 km, 1,4 tonnes sur 49 km
et 1,4 tonnes s’ur 130 km.
.
On note au passage que pour le mil comme pour l’arachide, les fmis de conditionnement
sont beaucoup plus élevés chez les <ommerçants qui opèrent entre marchés ruraux alors
que la situation contraire s’applique kux commissions. Cela caract&ise non pas les axes
mais les commerçants eux-mêmes. ~ En fait, les mouvements sur courtes distances sont
surtout effectués par les collecteurs achetant au d&ail, ce qui les oblige à se procurer les
sacs par la suite. Contrairement aup grossistes qui font le transfert de grands volumes

J ::.- 62 -
, .
sur longues distances, il ne font recours à des assistants que de façon exceptionnelle, ce
.J
qui explique les dïffkences dans la rubrique des commissions.
A propos de taxes, les disparités précédemment soulign&s entre les diff&entes zones
ressortent de façon t&s claire. Pour le mil, les moyennes par kg sont dans le rapport
de 1 à 8,6 entre les axes nord et ouest. Cela confirme les observations faites par nos
interlocuteurs sur la destination Dakar (axe ouest) par comparaison aux autres. Les
commerçants qui transportent le mil vers le nord obtiennent des profits presque deux fois
plus élevés que ceux de leurs homologues desservant l’ouest pour des marges brutes
identiques. Les disparités dans la taxation expliquent 86% des dïff&ences entre les deux
axes au niveau des coûts unitaires totaux.
En comparant les tableaux 5.4 et 5.5, on constate que les achats et ventes de mil sur
place sont plus rentables que les transferts entre marches ruraux notamment en raison
des coûts de transport. Il y a lieu de préciser que les mouvements du mil entre marches
rurdux sont en général effectu& par des collecteurs en “liaison contractuelle” avec des
grossistes qu’ils doivent trouver à des lieux précis.
S’agissant du commerce arachidier, il est plus rentable que celui du mil sur les mêmes
axes. Toutefois, les profits sont négligeables lorsque le transfert se fait en direction des
villes locales.
Apparemment, le probleme se situe non pas au niveau des coûts mais
des prix de vente assez bas pour des raisons qui ne sont pas bien cernées.
Une
explication possible serait le développement des importations de pâte d’arachide en
provenance de la Gambie. Ce commerce n’est en fait qu’un suterfuge trouvb par les
femmes qui profitent de toute occasion pour acheter des ustensiles beaucoup moins chers
sur le marché gambien. Pour faire passer les récipients sans être inquit?t&s par la

- 63 -
douane, elles les remplissent de pâte d’arachide qui est un produit qu’on laisse passer.
La marchandise est alors vue comme étant le contenu plutôt que le contenant. Il va sans
dire que la pâte d’arachide ainsi introduite concurrence celle produite localement, d’où
un effet depressif sur les prix de l’arachide qui en est la matière première. Pr&isions
que la plus éloignée: des villes locales (Kaolack) n’est qu’à 85 km de la frontière
gambienne.
Tout cela ne constitue cependant qu’une hypoth&e qui reste à v&ifïer.
Quoi qu’il y en soit, la question se pose de savoir pourquoi les commerçants s’engagent
dans une activité si peu rentable. A ce propos, il faut noter que contrairement au cas
des céréales, aucune information n’est diffusée sur le marche de l’arachide. Ainsi, les
opérateurs prives n’ont pas toujours une solide base d’arbitrage pour effectuer les
transferts d’un lieu à un autre de la maniere la plus optimale possible.

Vi. CONTRAINTES AUX ACTIVITES COMMERCIALES
6;. 1. Classification Hikarchiaue des Problemes
Chacun des 142 opérateurs concernés dans l’étude devait préciser py- ordre les trois plus
,gr-ands problemes rencontrés dans le cadre de ses activités.
En vue d’établir une
classification hi&a.rchïyue, nous avons adopté la méthode suivante: Pour chaque
problème soulevé, nous avons compté le nombre de fois qu’il apparaît en première
position (Nl), en deuxième position (N2) et en troisième position (N3). L’importance
attribuée dans l’ensemble à un probleme dorme est déterminée par un nombre P = 3 Nl
+ 2 N2 + 1 N3.
Les coefficients 3, 2, et 1 permettent jainsi d’attacher un poids à chaque problème en
fonction de sa place dans le classement fait par la personne interrogée. Les contraintes
soulevées s’articulent autour de cinq points hi&archisés comme suit à partir de la valeur
de P indiquée pour chaque rubrique :
urce: Donnés de l’enquête

- 65 -
Toutes les réponses relatives à un même problème mais formulées différemment ont été
regroupees. Les infrastructures de stockage ne représentent pas une contrainte majeure.
Nous allons nous focaliser sur les autres points et en particulier sur le financement qui
constitue la plus grosse difficulté rencontrée par les commerçants.
612. Financement et Accès au Crédit
Le problème de financement est posé surtout en terme d’accès au crédit. La première
image qu’on obtient du crédit se reflète à travers les modalités de fmancement des
inves&issements durables. II s’agit des infrasbuctures de stockage, des moyens de
transport et des instruments de pesage dont nous avons parlé au début.
) Ces investissements réalisés presque en totalite au cours des dix dernières années
concernent 86 commerçants (60.5% de l’échantillon) qui n’ont pratiquement bénéficié
d’aucun apport de crédit. Deux seuls cas d’exception sont notés pour une somme totale
représentant moins de un millierne des investissements durables cumulés pour tout
l’échantillon. Ils concernent tous la réalisation d’infrastructures de stockage.
Dans le premier cas qui date de 1975, il s’agit d’un crédit accordé par un autre
commerçant pour 18 moins à un taux de 6.6% rapporté à l’année. Le second cas date
de 1990 avec un délai de remboursement non précisé et sans aucun intérêt parce que le
~ créancier est un proche parent.
Si l’on en vient au financement des activités courantes, nous avons retenu comme
p&iode de référence celle des 12 mo$ précédents.

- 66 -
Les cr&lits obtenus sont entièrement destinés à l’achat de marchandises. La part des
fruits est de 0,38% (mangues) contre 3% à l’arachide. Tout le reste concerne les
céréales à l’exception de deux cas (crédit US-AID) où celles-ci ont rfté associ&es à
d’autres produits non agricoles.
Dans l’ensemble, 30 commerçants soit 21% de
l’&hantillon en ont bénéficié et le tableau suivant résume la situation globale.
Tableau 6.2:
Sources et caract@tiques des cr&its obtenus au cours des 12 mois
;ource
US-AID
Autres
Parents
Total
,, Commerçants
‘art relative
6
7
%
16.8%
16.2%
100%
qombre de btiéficiaires
4
14
12
3 0
Znveloppe moyenne
2,815.pO
205.700
230.830
571.670
)Urée moyenne (jours)
285
3 8
120
109
raux d’intgrêt
17%
51.1%
0%
23.8%
Source : Données de l’enquête d’avril - juin 1991.
Le crédit US-AID est dispensé dans le cadre du projet de Développement des
Collectivités Locales et de l’Entreprise Privée aywt une base à Kaolack. Malgré sa part
très importante dans la masse des crédits octroyés aux commerçants, le nombre de
bénéficiaires est relativement faible. Cela résulte du fait que l’exigence de garantie
matérielle (titres fonciers, véhicules, etc.) est systématique. Ceux qui ne peuvent ou ne
veulent pas en produire sont inéligibles,
Les commerçants qui octroient le crédit ZI d’autres sont en général de grands grossistes.
Ils rendent service à leurs principaux fournisseurs de produits agricoles, la solidité des
relations d’affaires assurant une certaine garantie. Pour six cas sur les quatorze
enregistrés, le remboursement s’est fait en cér&les 2 un prix ult&ieurement convenu en

fonction des r&dit& du marché. Ces cas n’ont pas été pris en compte dans le calcul du
taux d’intérêt qui varie entre 0 et 243 % . Une situation plus fréquente est celle où un
commerçant reçoit de l’argent d’un grossiste à qui il doit. livrer dans un délai court
(gén&alement une semaine) des c&ales à un prix fixé d’avance. Des pratiques
similaires ont egalement été observées au Mali (Eleni, 199 1).
Nous n’avons pas
considére cela comme un crédit mais plutôt comme un achat avec r&glement immédiat
et livraison differee. La masse monétaire correspondante équivaut LL 3.8 fois l’enveloppe
globale des crédits toutes sources confondues. Pour les 15 opérateurs qui en ont
bénéficié, la moyenne annuelle est de 4,392,OOO FCFA. Cette possibilite d’être financé
par les grossistes à été évoquée par quelques commerçants comme le principal motif de
leur option pour les c&?ales. Notons au passage que la fixation des prix à l’avance crée
parfois de conflits car lorsque ceux du marché s’averent plus intéressants, le “débiteur”
est tenté de ne pas respecter son contrat tacite.
Le crédit octroyé par des parents à la particularité d’être sans intérêt avec un délai
d’exigibilité relativement plus long que celui du crédit commercial,
Enfin, un point qui frappe l’attention est l’absence totale d’intervention bancaire dans
le tïnancement des activitk
Cela ne saurait s’expliquer par le problème d’identité
légale précédemment discuté dans la mesure où mêmes ceux qui sont en règle n’ont pas
fait exception. Une différence de taille entre le circuit bancaire et celui du projet US-
AID est que dans ce dernier cas, les demandeurs de crédit sont assistés dans la
confection de leurs dossiers par un personnel de terrain. L’appui sur ce plan est très
décisif compte tenu du niveau gén&al d’ins&-uction des opérateurs dont plus de trois
quarts résident dans les zones rurales: Par ailleurs, les banques ne sont implant&s que
*c >

- 68 -
dans les capitales regionales où ne sont basés que 13% des commerçants de produits
agricoles.
Nous avons mentionné auparavant la création de GlE par les commerçants en vue
d’avoir accès au credit bancaire. 11 S’agit notamment de la caisse Nationale de Crédit
Agricole du Sénegal (CNCAS). Ces GIE doivent regrouper 3 à 10 personnes et un
apport personnel de 20% est exigé en plus des frais de dossier. Lorsqu’il y a accord,
le crédit est debloqué en trois tranches de 40%, 30%, et 30% sur la base de justification
des achats qui ne peuvent porter que sur des céréales. Le stockage se fait dans des
magasins spéciaux géres par la chambre de Commerce et les recettes des ventes sont
ip
directement versées à la banque avec factures a l’appui. Dans l’ensemble, les
commerçants s’accommodent mal de toutes ces formalités et un seul groupement financé
a été identifie. Un autre s’est retire aprks avoir effectué l’apport personnel car les
membres mis tardivement au courant des autres conditions ne les ont pas acceptées.
Ainsi, l’avenir des CIE comme porte d’actes au credit bancaire reste incertain.
Par
ailleurs, leur mise sous tutelle de la Chambre de Commerce implique que seuls les
opdrateurs légalement identifiés pourront en profiter au cas où les conditions de
: financement deviennent plus acceptables.
613. Problème des Taxes et Contrôles
~ Les taxes sont celles Pay&es aux municipalités à I’entree des villes, la patente annuelle
~ et les redevances sur certains produits spéciaux. La taxe municipale est très variable non
~ seulement d’une région à l’autre et d’une ville à l’autre, mais aussi d’un commerçant
) à l’autre, voire même d’un passage à l’autre selon ceux qui sont au poste de contrôle.
-IL-

Le cas le plus decrié est celui de &trgny à l’entrée de Dakar. Jusqu’à 300 kg, le tarif
dit normal y est de 14OF/quintal pour les céréales et l’arachide décortiquée et, au-delà
il est de 240 F/quintal.
A titre de comparaison, le coût du transport entre Dakar et
Kaolack distants de 200 km est dans l’ordre 3OOF/quintal. La lourdeur de cette taxe a
favorisé le développement d’un trafic secret autour de l’affaire. Le systéme fonctionne
en rt%eau établi entre les agents de contrôle et certains commerçants qui FrcSquentent les
axes menant à Dakar. Par exemple, si un parmi eux arrive avec un camion de 10
tonnes, il paie 24,000F pour ne pas éveiller de soupçons et on lui délivre un tiquet en
omettant de remplir certaines lignes. Plus loin sur la route ou arrivé à destination, il
le remet à un autre agent du réseau qui lui restitue disons la moitié de son argent. Le
tiquet est retourné au poste pour etre cedé à plein tarif un prochain commerqant qui
passe avec un camion de dix tonnes et qui n’est pas du réseau. Les agents empochent
donc 12,000F dans cette op&ation et le tiquet détaché du carnet rapporte 24,000 F à la
municipalité. Cette situation est un obstacle au libre jeu de la concurrence que 1’Etat
cherche à encourager dans la mesure où pour un meme marché, la pression fïseale qui
se répercute sur les coûts passe du simple au double selon les individus. Quant aux
disparités régionales, elles conduisent à l’inondation des marchés où la taxation est plus
clémente. c’est ainsi que bon nombre de commerçants boycottent la destination Dakar
tant qu’il leur est possible de vendre ailleurs leurs produits.
La grande différence
observée entre les axes nord et ouest en ce qui concerne les taxes et la rentabilité des
oHrations constitue un indice éloquent. Dans les lieux de collecte, les commerçants
s’acquittent d’une taxe journalière fixe. Elle est généralement de 1OOF et l’incidence
sur les coûts est tout à fait minime.
I
_--

- 70 -
Les redevances spéciales concernent en particulier les produits de cueillette qui sont
contr6lés par le service des Eaux et Forêts. Pour le pain de singe dont le commerce se
d&eloppe de plus en plus, le tarif rapporte est de 2OF/kg pour un prix d’achat dans
l’ordre 25F/kg. Cette fiscalité excessive conduit les commerçants à user de toutes leurs
astuces pour ne pas payer. Puisque certains arrivent Zt échapper, disait l’un d’eux, ceux
qui paient n’arriveront à écouler leur produit qu’en cas de p&urie.
S’agissant des Contrôles, le problkme réside en partie dans le fait que la plupart des
produits agricoles mouvementés à l’intérieur du pays viennent des régions frontalières
avec la Gambie. Ainsi, les forces de l’ordre arrêtent pratiquement tous les vehicules,
prétendant soit que les produits transportés viennent de ce pays, soit qu’ils cachent de
la fraude. L’inexistence de factures d’achat ne permet pas de prouver matériellement
la provenance des marchandises dont le sort ne dépend en g&&a.l que de l’humeur des
hommes de loi. Certains commerçants racontent avoir été obligés de décharger % leurs
; ,;
~ frais leurs camions pour vérifïcation“rtu bout d’une longue immobilisation. Le risque
d’être longuement immobilisé est surtout pris en compte lorsqu’il s’agit de denrées
périssables comme les fruits et légumes.
En dehors des questions fiscales et douani&res, bon nombre de commerçants soulignent
~ les tracasseries de l’inspection technique des instruments de mesure par les services du
~
Contrôle Economique. Le poinçonnage annuel obligatoire des bascules, balances et
poids est jugé trop coûteux.

614. Problème du Transport
Rappelons que pour l’ensemble des commerçants de l’échantillon, on n’a denombré que
,
cinq camions et deux camionnettes comme parc automobile pour le transport de
marchandises. La faiblesse des investissements dans ce domaine est comprehensible car
l’acquisition des véhicules demande beaucoup de fonds et l’accbs au crédit est tres
diffkile.
Cependant, on peut pas prétendre qu’il s’agit des seuls facteurs qui expliquent
la situation. Les propriétaires sont au nombre de cinq, ce qui correspond a 3.5 % de
l’échantillon. Par consequent, la presque totalité des commerçants doivent faire appel
au marché lorsqu’ils ont des besoins en matiere de trans~rt. A ce sujet, les diffkultés
soulignées ont surtout trait à la disponibilité du service. Celle-ci obéit à certains
~ paramètres dont la demande au niveau des secteurs concurrents. Sur ce plan, la période
d’intenses activités pour les céréales coïncide avec celle de l’évacuation des récoltes
~ arachidières vers les huileries. Ouédraogo et N’Doye (1988) sont d’avis que le trajet
à vide effectué par les camions vers les lieux de chargement peut être mis à profit par
les commercants céréaliers. Nous estimons que cela n’offre pas de grandes opportunités
~ pour la simple raison que toutes les huileries sont situées en zone urbaine. Les camions
ne roulent à vide que quand ils vont vers les campagnes d’où partent les céréales en
direction des villes. Par contre, la situation est favorable aux commerçants de produits
manufactures et de céréales importe?es.
S’agissant des tarifs, les quelques individus qui ont fait allusion à leur cherté attribuent
cela tantôt à l’absence de réglementation comme pour les voyageurs, tantôt aux lourdes
charges qui pksent swr les transporteurs. En outre, certains marchés de collecte ne sont
accessibles que par les moyens de transport plus légers qui sont g&n?ralement plus chers.

- 72 -
i. Problèmes Rélatifs au Marché
Les problèmes soulevés au sujet du marché concernent spécialement les céréales. Ils
.
sont tous en rapport avec les mutations induites par la nouvelle politique de I’Etat.
Ainsi, pour les commerçants professionnels, la libéralisation a favorisé l’arrivée massive
de “marginaux” qui leur font concurrence de manière “d6loyale”. Nous avons à ce
propos soulignée que 44% des commerçants de l’échantillon ne sont pas légalement
reconnus comme tels. Les autres qui ne sont pas gratuitement entrés dans la profession
sentent qu’ils n’ont plus de privilège, ce qui entraîne un certain désarroi. Les anciens
commerçants se plaignent d’une baisse de rentabilit6 de leurs activités due a la vive
concurrence notamment au niveau de la collecte. Par ailleurs, ils soutiennent que la
rentabilité du commerce repose principalement sur le “secret” qui n’existe plus à cause
des informations diffusées par 1’Etat concernant les prix dans les principaux marchés.
Ce système a surtout pénalisé les grossistes des zones de production qui perdent de plus
en plus la clientèle que constituent ceux venant d’autres regions. Nous avons à ce sujet
déjà mentionné que ces derniers ont tendance à descendre dans les marchés ruraux pour
s’approvisionner à la base.
En défmitive, l’ensemble de ces problèmes relatifs au marché se posent plutôt en terme
de conflit d’interêt entre les opérateurs privés eux-memes, le bonheur des uns faisant le
$1 ,‘*
malheur des autres.
;y

VII. CONCLUSION
L’intervention des opérateurs privés dans le commerce des produits agricoles au Sénégal
n’est pas un fait nouveau. Cependant, elle a été largement favorisée par la libéralisation
du marché céréalier décida dans le cadre de l’ajustement structurel. Tandis que le
secteur informel réussit à se tailler une place non négligeable dans le circuit de
l’arachide régi par l’Etat, ce dernier n’arrive pratiquement pas à se maintenir sur le
marché cér&.lier libéralisé. La compétitivite des commerçants privés repose entre autres
facteurs sur leur grande mobilité’ et leur capacité de réagir instantanément à la
dynamique du marché dans toutes ses dimensions. Le profil des op&ateurs révèle que
I
la grande majorité d’entre eux sont également producteurs. En favorisant l’ent& des
,r .:.
~ paysans dans le circuit commercial, la ,Jibéralisation permet au monde rural de bénéficier
( d’une plus grande part des revenus g&r&és par l’agriculture.
! La forte concentration des intervenants au niveau de la collecte primaire constjtue un
trait saillant du marché des céréales.
,
La vive compétition qui en résulte profite
: spécialement aux producteurs excédentaires qui, bénéficient de meilleures conditions
d’écoulement. A l’opposé, les déficitaires concurrencés par les collecteurs commerciaux
s’approvisionnent avec plus de difficult&s et à des prix plus élevés. Il est donc permis
de penser que les paysans deviennent moins tentés par la strat&gie du déficit optionnel
qui consiste à mettre l’accent sur les cultures de rente pour acheter les céréales après.
L’epoque n’est plus celle où les rares acheteurs étaient rois dans les marchés ruraux.
Tous ces changements ne peuvent que motiver davantage les producteurs soit pour
degager des surplus à vendre soit pour ne pas être obliges d’acheter.

*
- 76 -
p< ,$
I,’
I
Le stockage commercial durable conkitue dans l’ensemble une pratique relativement
Iimitée. En milieu rural, la fonction de stockeur est plutôt assumée par les producteurs
eux-mêmes.
C’est ainsi que les transactions de c&%les notamment à la veille de
l’hivernage sont en partie réa1is.ée.s entre paysans excédentaires et leurs homologues
deficitaires. Le rôle des producteurs dans le transfert par rapport au temps d&oule aussi
du fait que les stocks de vivres remplissent parfois une fonction d’épargne liquide. On
~ y a recours pour faire face à certains besoins au fur et à mesure qu’ils se présentent, ce
~
~ qui explique entre autres causes l’étalement de la commercialisation dans le temps.
~ Chez les commerçants, le stockage durable est une entreprise a haut risque surtout
~ lorsque les récoltes sont abondantes. Leur conduite en la matière tend à être dictée non
~ seulement par la contrainte de rotation rapide qu’impose le capital financier limité mais
aussi par la prudence quant aux anticipations concernant le marché. S’agissant des
~ céréales en particulier, la dépréciation automatique liée au cycle des récoltes est une
~ donnée qui pèsera sur les éventuelles stratégies de régulation inter-annuelle du marché
domestique. Le concept d’espace céréalier trouve ici tout son sens car indépendamment
~ de toutes autres considérations, les surplus et déficits se compensent plus facilement par
( rapport à l’espace que par rapport au temps.
~ Les flwr traversant la frontière Gambienne vers le Sénégal sont apparemment loin d’être
négligeables malgré les obstacles du contrôle exercé par les forces de l’ordre. Toutefois,
, il y a lieu de se demander si le mécanisme de compensation spatiale peut jouer de façon
l
~ symétrique dans le contexte monétaire qui prévaut.

- 77 -
A l’échelle nationale, le transfert des produits vers les centres urbains et le nord du pays
constitue un aspect fondamental de l’intervention des op&ateurs privés. Cela explique
la part largement dominante des frais de transport dans la structure des coûts. Quant
aux charges d’origine institutionnelle, elles découlent de la réglementation officielle qui
se trouve doublée d’un volet parallkle offkieux. Cette catégorie de charges reckle de
grandes disparités qui influencent d’une certaine mani&e la compétition sur le terrain.
La concurrence est sans entrave au niveau des marchés de collecte dont l’entrée est
pratiquement libre, ce que les commerçants en règle considèrent comme inéquitable.
Par contre, elle est relativement biais& en aval du fait des disparités dans la taxation des
produits mouvementés.
Si la concurrence est stimulante pour les producteurs, les consommateurs ne doivent pas
pour autant être perdus de vue. A ce sujet, les coûts d’intervention qui se répercutent
sur les prix à la consommation affectqnt la compétitivité des céréales traditionnelles par
n: :,
rapport au riz importe. Même s’il. ,grrive quelques fois que les marges brutes ne
couvrent pas la totalité des charges, le commerce des produits agricoles est dans
l’ensemble jug4 lucratif par les opérateurs privés. Néanmoins la rentabilité semble avoir
baissé pour certains commerçants que les mutations induites par la politique de 1’Etat a
quelque peu penalisés.
Chez les uns et les autres, les ressources financières constituent l’élément commun des
facteurs limitants.
Toutefois, la question se pose de savoir dans quelle mesure
l’intégration au système du cr6dit formel peut être promue sans bouleverser le caractère
informel des activités et tout en préservant la place dominante qu’y occupent les
opf%ateurs ruraux.

- 78 -
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