REPUBLIQUE DU SE: EGAL OPPA MINISTERE DU...
REPUBLIQUE DU SE: EGAL
OPPA
MINISTERE
DU DEVELOPPEMENT RURAL
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C~m~34 0
INSTITUT SENEGA AIS
DE REtZ.RRCBES AGi ICOLES
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DEPARTEHENT DE R: CHERCHES
SUR LES SYSTEMES AGRAIRES
ET L'ECONOMIE AI RICOLE
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PROGRAMME DE RI31 HERCHE
SUR LES SYSTJH S DE
PRODUCTION DU 1 ELTA
FL&uvE SENEI AL
------se
MISATIONS PAYSANNES ET POLITIQUES AGRICOLES
DE DEVRLOl?PEMBNT DANS LE DELTA
DU FLEXJVE SENEGAL
COMMUNICATION PRESENTEE A L'ATELIER SUR "LES ORGANISATIONS
PAY!$NNES ET LES POLITIQUES AGRICOLES EN AFRIQUE"
M.S.U. DIJ 23 AU 28 JUIN 1989
Maradou NDIAYE
CENTRE DE RECHERC IES AGRICOLES Dl9 SAINT-LOUIS
JUIN 1989

1
Au début de,l’indépendance du Sénégal, l’agriculture était la
principale activité des populations : elle occupait 85 % des actifs. Cette
agriculture était caractérisée par une prédominance de la culture de
l’arachide et un déséquilibre
vivrier dû essentiellement aux faibles
rendements en cér&ales.
/
A cause de son importance dans la mobilisation de la population et du
taux d’échange (eiportation de l’arachide), le secteur rural a été considéré
comme devant êtrd le moteur de l’économie sénégalise : le développement
agricoledevraitstimuler les autres secteurs et particulièrement l’industrie.
Ainsi l’augmentation de la production agricole devrait se faire par une
diversif ication dos cultures et une promotion du producteur, le tout reposant
sur une intensification de l’encadrement, la vulgarisation de techniques
modernes et l’organisation du monde rural en communuatés de base dynamiques.
i
Dans ce cadre, le Delta du Fleuve Sénégal, avec un potentiel en terres
irrigables important a occupé une place privilégiée.
ORGANISATIONS PAYhNNES EXISTANTES DANS LE DELTA
Traditionnellement le Delta était une zone à vocation pastorale, les
conditions du mil& n’étaient guerre favorables à une occupation permanente.
Seuls quelques villages au bord du fleuve étaient habités en permanence par
des pêcheurs-agrioulteurs.
Avec les amqnagements hydro-agricoles qui y seront réalisés, le milieu
sera fortement pertubé : un des directeurs de la Société d’Aménagement et
d’Exploitation de$ Terres du Delta (SAED) résumait ainsi les préoccupations
de sa société : ‘“transformer le milieu initialement vierge en un ensemble
d’exploitations hybro-agricoles gerées par des coopératives” (Cissoko, 1974).
Avec l’installation des populations et les différents aménagements qui
se sont succédés, !Plusieurs organisations paysannes vont connaître le jour,
se suivre ou même: cohabiter pour le même objectif : mettre en valeur les
périmètres hydro-agricoles.
I
Les Coopératives dmicoles
/
Dans le cadr& de la politique agricole définie en 1960, ces structures
qui couvraient l’ensemble du territoire, devraient être une charnière entre
le paysan et les’ structures d’encadrement (redistribution des intrants,
commercialisation);.
Au niveau du Delta, les coopératives étaient chargées de cultiver des
cuvettes de 100 à’1.000 ha où l’aménagement très sommaire consistait en un
endiguement et clVisonnement par un système de diguettes intérieures très
lâches (aménagemenk primaire). Pour chaque coopérative on dénombrait entre 60
et 400 chefs d’exploitation : entre 1960 et 1965, on avait procédé à une vaste
opération de “p&plement” du Delta avec l’installation de “paysans”
volontaires.
Ainsi le Del:ta a été découpé en 30 coopératives, mais dont 13 seules
correspondaient à iacirconscription du village, les autres couvrant plusieurs
villages.
/

2
A cause de diffél ntres raisons :
- D’< dre socio-organisationnel :
* conflits ent:re coopérateurs d’origines différentes
* absentéisme très élevé et conflits au sein des
villages de migrants
I
inexistences de couteau solidaire au moment des
remboursements des dettes
* accaparement des pouvoirs par un noyau réduit
(président et peseurs).
/
- D’oçdre technique ::
* mauvaise maîtrise de l’eau.
’ * enherbement très important
Les perform’nces des coopératives étaient très faibles :
é
I* faible niveau de remboursement
‘* surplus commercialisable médiocre.
Les adhérents maintenaient des méthodes de culture extensives qui
visaient juste à 4écuriser l’autoconsommation familiale.
Les groumaents di uroduction
I
Pour une am&lioration des conditions d’exploitation des cuvettes, il
était paru nécessaire de faire évoluer les techniques pratiquées sur des
parcelles de 2 à 4’ha, hydrauliquement indépendantes. Des stations de pompage
sont installées, la densité du cloisonnement intérieur a augmenté avec des
canaux d’irrigatidnj ( aménagement secondaire).
A ce nouvean type d’aménagement, sera également adaptée une nouvelle
forme d’organisation :
les groupements de producteurs (GP) . Ils sont
constitués à partir d’affinité sociale entre les paysans sélectionnés par la
SAED (éclatement
des coopératives , expulsion de paysans absentéistes,
déplacement de Ce!rtains). Ils sont de taille beaucoup plus réduite : en
moyenne 12 exploi tiants*. Chaque GP est attributaire d’une maille hydraulique
de 50 hectares environ et est dirigé par un chef de groupement qui est élu par
ses pairs.
D’autres mesures d’accompagnement sont en faveur de l’intensification
qui est notée : I
- Equ$pement des paysans en boeufs de trait et matériel de
tra ail
d
du sol.
(*) Au niveau de lia Moyenne Vallee, les GI? ont des effectifs beaucoup plus
importants : 40 à 60 adhérents pour 20 à 10 ha.
t

3
- Injensification de l’encadrement.
- Mise sur pied de contrats entre paysans et GP d’une part et
GP [SAED d’autre part.
- Uti/lisation de variétés plus productives.
Les cycles de sécheresse qui suivront à partir de 1974 mettront en
exergue les faiblesses de ce système d’exploitation : mauvaise maîtrise de
.
l’eau, inaptitudei des paquets techniques à l’époque avec la réduction de la
durée de l’hivernbge, La préparation du sol aux boeufs et le semis mécanique
seront abandonnés,
la SAED s’equipera à nouveau pour assurer la façon
culturale (ce qui accroîtra la dépendance des GP). Une amélioration des
aménagements est ‘faite : maîtrise de l’eau avec un système tertiaire, avec
maintien du groupement de producteur comme organisation interlocutrice.
Les Sections Vill/a@oises
t
A partir de 1983-84 est promulguée une Nouvelle Politique Agricole
(NPA). Celle-ci pkévoit le désengagement de 1’Etat de certaines fonctions et
une
meilleure responsabilisation du paysan. Une restructuration des
coopératives rurales est entreprise, celles-ci doivent se décentraliser au
sein des villages ‘ou quartiers avec la mise sur pied de sections villageoises.
Le Delta qui n’a pas échappé à la règle de la NPA se doit d’intégrer ces
nouvelles structu$es qui doivent relayer la SAED dans :
- l’approvisionnement en intrants (engrais, semence,
; p e s t i c i d e s ) ;
- la réalisation des façons culturales ;
- la commercialisation des productions.
Les groupements de producteurs tout en restant des unités autonomes se
sont regroupés à dlusieurs pour former ces sections. On note en quelque sorte
une répartition des tâches : la section s'occupe des activités en amont et en
aval de la produbtion et le GP de la production, de son organisation en
assurant le lien kntre l’adhérent et la section.
/
Les Grouwments di>Intérêt Econom&gg
!
Initiés parles paysans mais dans un cadre juridique mis en place par
I’Etat, ces nouvklles organisations se sont très vite multipliées. Cet
engouement est certainement dû à leur reconnaissance juridique qui leur
permet, moyennant’une certaine somme, d’accéder à un crédit.
On dénombre actuellement plus de 200 G.I.E. dans le Delta. Les effectifs
sont très variablbs,
et ils sont généralement orientés vers l’agropastora-
lisme, mais peuvent intégrer par.Fois la sylviculture.

4 -
Les Foyers de Jedes
.
Ce sont des’organisations de jeunes dont les premières sont nées vers
1963, mais étaierit essentiellement accès sur des activités sportives et
c u l t u r e l l e s , I
En 1972, 1e’Foyer de Ronkh réussit à aménager son premier périmètre,
Avec des slogans tel “fixer les jeunes et limiter l’exode rural”, ces foyers
ont pu bénéficier’ de 1’Extérieur (ONG) des financements, et de 1’Etat des
dérogations facilitant leur équipement et leur orientation vers l’agriculture
(à cette époque, <es pouvoirs publics étaient fortement inquiétés par l’exode
rural ) .
1
/
Depuis le nbmbre de foyers s’est multiplié, chaque village ayant son
“périmètre-foyer” ‘qui constitue .le pôle d’attraction des jeunes du village.
b
Pour mieux consolider leurs acquis, ces foyers vont se regrouper au sein
d’une structure P~/US grande : l’Amicale du Waalo. Bien que l’agriculture soit
devenue l’activite dominante, les activités socio-culturelles ne sont pas
abandonnées, et *‘autres vont i%re créées (magasins d’approvisionnement,
transport, prestabion de service...).
TMPLZCATIONS
DES ~GANI~ATION ~Ammm DANS LA POLITIQUE AGRICOLE
DU DELTA
Comme ailleurs dahs le pays des organisations paysannes du Delta érigées par
les pouvoirs Publ!ics n’ont pas eu beaucoup d’implications dans le but de
changer ou modifibr la politique de développement définie,
Ceci peut êkre lié à plusieurs phénomènes :
- absbnce de structure traditionnelle dynamique, liée même à
l’h/istoire du Delta.
l
- monQpole par la société des principaux facteurs de production
(tepre, intrant).
Ce monopole a rendu le dialogue société
d’ebcadrement-paysan inégal, ce dernier faisant que recevoir et
exéicuter. Et ceci s’est traduit généralement par une bonne
maîbrise des* thèmes techniques alors que du point de vue
orgbnisation,
tâche qui revenait plus au paysan, on note
beabcoupd’insuffisance (manqued’initiative et de créativité).
- rôl$ dévolu à l’agriculture. Les paysans de la zone, marqués par
une; agriculture rudimentaire et de subsistance, ont eu du mal
à d’adapter à la nouvelle agriculture qui leur est proposée
vo& assignée et qui est coûteuse et exigeante. Ainsi la
plubart des paysans ne visant que l’autoconsommation ont essayé
d e :S’adapter en ne s’impliqant pas trop aux structures
d’organisations qu’on leur proposait.
I
Pour les fo&ers des jeunes, les succès résident d’abord dans l’aména-
gement de périmè&re. Jusqu’à une date récente, ils ont été les seuls, en
dehors de la SAEq à pouvoir aménager et mettre en valeur des terres. Ce qui

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!
5
explique l’intérêt que leur portent les populations rurales. Les attributions
au niveau des périmètres ne sont généralement pas limitatives : le périmètre
n’appartient pas :Seulement
aux ,jeunes, mais à l’ensemble du village, tout
actif y a droit. i
Même si les ‘instances dirig’eantes sont tenues par des jeunes, les vieux,
par leurs conseil/3 y participent.
Les résultats économiques ne sont cependant pas toujours performants :
- la inature des sols et le type d’aménagement ne sont pas à la
fav ur d’une intensification.
1
/
- la hature des parcelles des exploitations ou foncier important
ne i permettant pas une bonne conduite des parcelles (les
exp3oitations
ont aussi droit aux parcelles SAED où les
Obl/igations sont beaucoup plus accentuées).
/
- disi ersion des act:ivités au niveau des foyers, ce qui pose les
pro lèmes de gestion et d’organisation,
i:
Concernant les sections villageoises et les groupements d’intérêt
économique, il es’t prématuré d’y porter un jugement. Mais avec la multitude
des GIE, on peut ‘déjà dire qu’il. y a tentative de s’adapter à la politique
définie : 1’Etat ne fournissant plus de crédit, il faut trouver le moyen de
se le procurer. 1
Les organidations paysannes initiées par les producteurs sont peu
nombreuses dans lk Delta. Pour promouvoir au développement de l’agriculture
dans la région, ‘il est indispensable de s’intéresser à celles-ci, mais
également aux strhctures mis “en place” par les pouvoirs publics ou dans un
cadre Juridique tbacé par 1’Etat et qui dans le cadre actuel sont appelées à
a l l e r d e m ê m e .
Des
é tudei
s’imposent donc
sur
les
contraintes dans
leurs
fonctionnements e/t les possibilités de les lever.
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j
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I
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b
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I
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I
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r
BIBLIOGlUPHIE
Anonyme, Premier Plan Quadriennal de Développement Economique et
Social.
Journal officiel bu Sénégal du 12 Février 1962.
!
Cissoko, Ch., 1971, “,A ménagement et Equipement du Delta sur le Fleuve
Sénégal”.
,
Minist&re du P1a.n: et de la Coopération, 1973. Quatrième Plan
Quadriennal de DE ?PI eloppement Eccnomique et Social, 1973-1977, (Juillet 1973).
I
Ministère du Déve: loppemnt Rural, 1984. Nouvelle Politique Agricole.
il