INSTITUT D’ELEVAGE ET DE MEDECINE VETERINAIRE DES...
INSTITUT D’ELEVAGE ET DE MEDECINE
VETERINAIRE DES PAYS TROPICAUX
REVUE D’ÉLEVAGE
ET DE
MÉDECINE VÉTÉRINAIRE
DES PAYS TROPICAUX
Etat immunitaire actuel, naturel ou acquis
du cheptel sénégalais vis-à-vis
i
de la peste bovine, de la maladie
/
des muqueuses, de la rhinotrachéite
infectieuse et de la maladie respiratoire
\\I
à virus Parainfluenza III
par G. BERNARD et P. BOURDIN
Tome XXIV (nouvelle série)
No 2 - 1971
VIGOT FRERES, EDITEURS
23, rue de I’Ecole-de-Médecine, Paris-VI’

Rev. Elev. Méd. vét. Pays trop., 1971, 24 (2) : 183-89
Etat immunitaire actuel, naturel ou acquis
du cheptel sénégalais vis-à-vis de la peste bovine,
de la maladie des muqueuses, de la rhinotrachéite
infectieuse et de la maladie respiratoire à virus
Parainfluenza III
par G. BERNARD et P. BOURDIN
RESUME
Les auteurs ont contrôlé par des techniques sérologiques appropriées
l’immunité naturelle ou acquise des bovins, ovins et caprins sénégalais
vis-à-vis des maladies contagieuses suivantes: la peste bovine, la maladie
des muqueuses, la rhinotrachéite infectieuse et l’affection respiratoire à
parainfluenza III.
En ce qui concerne la peste bovine, après les trois années de la cam-
pagne conjointe de vaccination des bovins, le taux d’animaux immunisés
est égal à 80 D. 100. Un contrôle fait chez les petits ruminants montre
que 55 p. 100 dès moutons et des chèvres ont à l’état naturel des anticorps.
neutralisant le virus pestique. Pour la maladie des muqueuses et la maladie
respiratoire à Parainfluenza III, 50 p. 100 des bovidés et des petits
ruminants ont des anticorps. Quant à la rhinotrachéite infectieuse, seuls
les bovidés ont des anticorps.
INTRODUCTION
l’Ouest Africain à partir de 1966, s’est traduite
par une diminution du nombre des foyers, et la
Les états du Centre et de l’Ouest Africain,
disparition de la maladie en 1967. L’enquête
situés dans la zone sahélienne ont une éco-
sérologique effectuée au cours de cette campa-
nomie rurale en grande partie basée sur l’éle-
gne a pour but de vérifier si la diminution des
vage. Pour protéger leur cheptel, ils ont entre-
cas de peste bovine est en rapport avec une
pris, sous l’égide de la Commission Scientifique,
augmentation du pourcentage des animaux
Technique et de la Recherche, une campagne
immunisés.
conjointe de lutte contre la peste bovine, finan-
cée par la communauté économique européenne
Cette enquête a été étendue aux petits rumi-
et les Etats-Unis.
nants, ceux-ci pouvant, soit, comme l’ont cons-
taté ZWART et MACADAM (1967) dans de
Au Sénégal, malgré les campagnes annuelles
très rares cas héberger le virus pestique virulent
de vaccination entreprises par le Service de
et le transmettre aux bovins, soit le plus sou-
l’Elevage, la peste bovine était régulièrement
vent, du moins au Sénégal, faire une affection
signalée chaque année surtout dans les régions
spécifique, décrite par MORNET, ORUE et
de transhumance.
collab. (1956) sous le nom de peste des petits
La mise en œuvre de la campagne conjointe
ruminants. Cette maladie est due, comme l’ont
de vaccination contre la peste bovine pour
montré GILBERT et MONNIER (1962)
- 183 -

BOURDIN et LAURENT-VAUTTER (1967)
Pour la recherche des anticorps neutralisant
à un mutant du virus pestique adapté aux
le virus PB dans les sérums bovins et celle des
petits ruminants.
anticorps neutralisant le virus PPR dans les
sérums ovins et caprins, seul le virus PB a été
En outre, la vaccination généralisée d u
utilisé en partant du fait que les virus PB et
cheptel en entraînant la disparition de la
PPR ont des rapports antigéniques très étroits.
peste bovine peut révéler la présence de
maladies apparentées qui jusqu’ici ont Pu
Autre point à préciser, pour la recherche
être confondues avec elle, ainsi que l’ont
des anticorps neutralisant les virus MM et RBI,
montré,
en Afrique Centrale, PROVOST
il n’a pas été ajouté de soude décinormale et
BORREDON et FEREOL (1964), PROVOST,
de bicarbonate de sodium en dehors de la
BOGEL, BORREDON et MAURICE (1967)
quantité normale de bicarbonate contenue dans
et PROVOST BORREDON, QUEVAL et
le milieu de Hanks LAYE.
MAURICE (1967).
Les temps de lectures sont fixés au 4’ jour
Parmi ces affections, il faut citer par ordre
pour le virus MM et au 3r pour le virus RBI.
de gravité décroissante la maladie des mu-
queuses, la rhinotrachéite bovine infectieuse
L’hémagglutination et son inhibition
et les maladies dues à des virus Parainfluenza.
Nous avons utilisé cette méthode pour
Pour confirmer l’existence au Sénégal de
la recherche des anticorps antivirus parain-
ces maladies apparentées à la peste bovine et
fluenza, grâce à une adaptation de l’épreuve
connaître leur importance, de nombreux échan-
standard d’inhibition de l’hémagglutination
tillons de sérums ont été examinés en vue de
pour le diagnostic de la grippe (O.M.S.? 1959).
rechercher la trace d’une affection apparente
ou non.
A. Les réuctifs en présence
a)~ Les milieux : on emploie comme milieu
de dilution et de suspension des hématies, du
1. MATERIEL ET METHODES
sérum physiologique à 85 p. 1.000. D’autre
part le sang du mouton est recueilli dans du
i<
Il a été nécessaire d’utiliser des procédés
citrate de soude à 2 p. 100 dans du sérum
différents d’étude adaptés à chaque virus.
physiologique.
6) Les hématies de mouton : le sang est
La séro-neutralisation
recueilli dans un tube contenant 20 p. 100 de
En ce qui concerne les virus de la peste
citrate de sodium puis est lavé et centrifugé, le
bovine (PB) et de la peste des petits ruminants
culot globulaire est recueilli et conservé à
(PPR) la réaction de séro-neutralisation clas-
+ 4” C. Au moment de leur utilisation les
sique décrite par PLOWRIGHT et FERRIS
hématies sont remises en suspension à la con-
(1961) a été utilisée. Puis pour des raisons de
centration de 0,5 p. 100.
commodité, il a été fait une adaptation de la
La conservation du culot étant limité -
méthode cinétique de séro-neutralisation mise
l’utilisation des hématies fraîches a été rem-
au point par LEPINE, ROGER et ROGER
placée par celle des hématies formolées selon
(1959) pour la recherche des anticorps neutra-
la méthode préconisée par FLICK (1948) et
lisant la poliomyélite.
FAUCONNIER (1958-1959).
L’immunité du troupeau vis-à-vis de la mala-
Ici le culot globulaire est repris dans du
die des muqueuses (MM) et de la rhinotra-
sérum physiologique tamponné auquel on
chéite bovine infectieuse (RBI) a été contrôlée
ajoute 20 p. 100 d’une solution au demi de
par des épreuves de séro-neutralisations ciné-
formol à 30 p. 100. On agite et l’on met
tiques adaptées à ces espèces virales.
au bain-marie à 37” C pendant une heure.
Les hématies sont alors lavées trois fois puis
Nous ne reviendrons pas aux détails de la
on recommence l’opération avec le formol suc-
méthode classique de séro-neutralisation, ni
cessivement trois fois.
sur l’adaptation de la séro-neutralisation ciné-
tique du virus PB, décrite par BOURDIN et
Le culot du dernier lavage est remis en
BERNARD (1967).
suspension à 25 p. 100 dans du sérum physio-
i
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logique tamponné. On ajoute 0,3 p. 100 de
par la dilution suivant la dernière où il y a
c
formol et l’on répartit en flacons bouchés. La
eu agglutination complète. Lors de la réaction
conservation de cette suspension est de plu-
de l’inhibition de l’hémagglutination, la sus-
sieurs mois à + 4” C.
pension virale contient 8 unités hémaggluti-
nantes 50 p. 100 pour 0,2 ml.
Lors de l’emploi, la concentration en héma-
ties qui était de-O,5 p. 100 pour la 1” méthode
C. La riaction d’inhibition de
devra être portée ici à 1 p. 100.
l’hémagglutination
c) Le virus ou antigène : on utilise une
Les sérums sont dilués au 1/40, 0,2 ml sont
souche adaptée aux cellules de 1’” explantation
placés dans une capsule de la plaque puis
de rein d’embryon de veau dans un milieu
on ajoute 0,2 ml de l’antigène convenablement
nutritif de HANKS LAYE avec sérum de
dilué et 0,2 ml d’une suspension d’hématies.
cheval. Au 6” jour de culture, la suspension
virulente est mise au congélateur.
Après agitation la plaque est mise 3 heures
à + 40 C, après ce délai on procède à la lecture.
d) Sérums à tester : comme pour les autres
méthodes, les sérums sont recueillis sur les
Dans certaines cupules où il y a inhibition de
lieux mêmes d’habitat des troupeaux. Les sangs
l’hémagglutination le sérum correspondant pos-
prélevés par ponction de la veine jugulaire sont
sède des anticorps au 1/40.
centrifugés sur place puis récoltés et acheminés
Dans d’autres il y a agglutination : le sérum
sous glace au laboratoire où ils sont décomplé-
correspondant ne possède pas d’anticorps au
mentés 30 minutes à 560 C et conservés à
1140.
- 20” C en attendant leur emploi.
Ils ne subissent pas un traitement spécial
II. RESULTATS
afin d’éliminer les mhibiteurs non spécifiques
car comme PROVOST et BORREDON (1965)
7.487 examens sérologiques ont été réalisés,
l’ont fait remarquer, au-delà de l/lO ils sont
rePartis ainsi :
trop dilués pour être perceptibles. Or pour la
- Recherche des anticorps anti-PB chez les
réaction la dilution des sérums est 1/40.
bovins : 969.
B. Titrage du virus
- Recherche des anticorps anti-PB chez les
petits ruminants : 1.576.
On réalise des dilutions du virus du 1/2 au
1/5 12 dont on répartit 0,2 ml dans des capsules
- Recherche des anticorps anti-PI : 2.325.
d’une plaque en matière plastique type SALK
- Recherche des anticorps anti-RBI : 1266.
(1948): ôn ajoute 0,2 ml d’une suspension
d’hématies formolées à 1 p. 100. Après agita-
Il s’est avéré plus simple de grouper l’ensem-
tion on place la plaque à + 4” C pendant trois
ble des résultats dans un tableau unique. Il
heures.
convient de rappeler que les résultats sont
uniquement d’ordre qualitatif et sont obtenus
On détermine alors le point terminal de
sur des sérums dilués au l/lO pour la recherche
l’hémagglutination partielle (50 p. 100) donné
des anticorps neutralisant les virus pestiques,
anti-pestiques
anti-parainfluenza
anti-rhinotrachéite
FkllW
69
25
Fer10
80
45
66
37
23
28
67
41
60
48
0
0
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