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XEPUBLIQUE DU SENEGAL
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7
MINISTERE DE L'AGRICULTURE
ii
INSTITUT SENEGALAIS DE RECHERCHES
AGRICOLES (1.S.R.A)
DEPARTEMENT DE RECXERCHES SUR LES
PRODUCTIONS ET LA SANTE ANIMALES
ENVIRONNEMENT AGROPASTORAL ET MORBIDITE DANS
LES ELEVAGES EXTENSIFS TRADITIONNELS DE
PETITS RUMINANTS EN ZONE SOUDANIENNE
SUD DU SENEGAL
Par :
N. NDIAYE, E. TILLARD, P. MERLIN, 0. FAUGERE
REF. N"36/PAT.ANIM.
NOVEMBRE 1993.

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ENVIRONNEMENT AGROPASTORAL ET XORBIDITE
I
DANS LES ELEVAGES EXTENSIFS TRADITIONNELS DE PETITS REUHINANTS.
EN ZONE SOUDANIENNE SUD DU SENEGAL.
Hagatte NDIAYE, Emmanuel TILLARD, Paul HERLIN, Olivier FAUGERE.
Programme ISRA/CIRAD-EMVT “Pathologie et Productivite des Petits Ruminants”. BP 2057 Dakar-Hann. SENEGAL,
Trois années d’un suivi clinique global effectué dans un réseau de troupeaux extensifs traditionnels en milieu
soudanien ont permis de dégager les grandes tendances du facies épidémioclinique de ce type d’élevage. Les
pathologies dominantes sont enzootiques; il s’agit de Pneumopathies et de Pneumoenterites avec leur corollaire le
Mauvais État géneral. Une série de maladies d’élevage dont les affections cutanées, les indigestions, les
diarrhées de mises à l’herbe, les inflammations oculaires , les suites de mises-bas, sans être mortelles comme les
premières, retiennent l’attention du binôme éleveur-agent de suivi.
Les maladies épizootiques comme la clavelee et l’echtyma sévisent elles, de façon sporadique. Peste des Petits
Ruminants et Pasteurellose se trouvent comptabilisées au sein des syndrômes Pneumoentérites et Bronchopneumonies.
Hots Clefs:
morbidité - saison - âge - environnement - mode de conduite -mode d’exploitation.
INTRODWTION.
Cette étude propose des principes méthodologiques de suivi de la morbidité et livre les resultats, commentaires et
conclusions de 3 années d’ enquête clinique globale dans des ctroupeaux d’élevage extensif traditionnel en milieu
agropastoral.
Les résultats obtenus se révelent fortement tributaires des conditions matérielles de l’enquête mais aussi de
l’environnement physique, climatique, agricole et socio-économique de la zone d’étude.
Les termes de cette dépendance sont discutés et mis en exergue.
L’enquête couvre un réseau de 20 villages Peu1 sur un rayon d’environ 30 kilomètres autour de la ville de Kolda.
ENVIRGNMDM’ AGROPAS!l’ORAL ET CLIHATIQUE DES ELEVAGES SUIVIS.
La zone de Kolda se situe au sud du Sénégal à quelques deux cent kilometres de la côte atlantique dans la
région naturelle de la Haute Casamance. C’est une zone de plateaux dotée d’un réseau hydrographique dominé par le
fleuve Casam@ce qui y dessine des méandres d’est en ouest après avoir pris sa source depuis le Mont Fouta Djallon
situé à la limite sud est du pays.(PELISSIER)
Elle a une pluviométrie annuelle moyenne de 946 mm. L’hivernage va de Juin à Octobre.
La moyenne de température est de 28*C avec de fortes amplitudes thermiques journalières en saison sèche fraîche;
18’C a 4O’C de Novembre à Wars.
Les jours de brume humide se rencontrent surtout sur la période allant de Septembre à Décembre tout comme les
jours de brouillard. Parallèlement, les plus faibles degrés hygrométriques, 5% à 6% sont observées sur le premier
trimestre de l’année.
Les forces maximales de vent, soit 7 à 25 m/s, se rencontrent en saison des pluies sous forme d’orages.
Brume sèche et faible hygrométrie dominent de Décembre à Bars.
Ovins et caprins exploitent en début de saison séche, soit de Novembre à Janvier, les jachéres et
pâturages postculturaux de maïs, de mil, d’arachide, de coton. Ensuite, ils s’éloignent des habitations pour
pâturer sous les palmeraies puis sur les bas fonds portant un tapis herbace vert ou des restes de la récolte du
riz finie dès le mois de Janvier. C’est seulement à partir du mois d’Avri1 que les ovins mais surtout les caprins
s’aventurent à la lisiére des forêts. Les feux de brousse tantôt accidentels tantôt provoqués des le mois d’ Avril
par des cultivateurs préparant leur champ auront débuté et réduit sensiblement la biomasse des pâturages
postculturaux et des pentes des plateaux.
.En saison des pluies, les animaux sont tenus au piquet jusqu’après les récoltes au mois de Janvier par les
éleveurs qui s’adonnent tous aussi aux cultures précitées, En effet les aires de parcours en hivernage se trouvent
fortement limitées avec la reconstitution d’une végétation herbacée et arbustive soudanoguinéenne dense où l’on
compte des combretacés, des formations d’andropogons, de bambous...
Cette végétation est favorable aux égarements d’animaux et aux prédations par les chacals.

h LES TROUPKAUX ENQUETES.
11 s’agit de troupeaux de caprins de race guinéenne et d’ovins de race Djallonké (DOUTRESSOULE) entretenus
selon le mode extensif traditionnel: sur les espaces périvillageois sans surveillance ni programmation de cycles
de productions ni pratique rationnalisée de complémentation. Les agropasteurs pratiquant ce type d’élevage
appartiennent à l’ethnie Peu1 et sont sédentaires. Leur principal objectif zootechnique est une bonne productivité
numérique, laquelle est largement assurée par la prolificité de l’espèce et des ressources alimentaires naturelles
permettant largement l’expression de cette caractéristique de race (PAUGERE) .
Sur le plan économique, les coûts de production sont minimisés par la quasi absence d’intrants achetés et
de main d’oeuvre spécialement dévolue à cette exploitation. Les mâles surtout et dans une moindre mesure, les
femelles a carriere de reproductrice peu satisfaisante, sont exploités en fonction des besoins d’autoconsommation
ou des besoins en revenus monétaires. Un prélèvement massif est fait sur les sujets mâles atteignant l’âge d’un
an, principalement à l’approche de la fête du mouton et durant la période de soudure. Durant les années de suivi
clinique dont nous analysons les résultats, les ventes en vue de la fête du mouton et pour causes de soudure
coincident aux mêmes mois de Juin et Juillet.
Notons la pratique très répandue du confiage d’animaux entre troupeaux de villages diff6rents avec comme
principale raison invoquée la plus grande disponibilité en zones de pâture sur les villages à faibles surfaces
emblavées; 70% de ces confiages se font entre Juillet et Septembre (PAUGERE). Les entrées d’animaux se font
généralement par achat ou troc de femelles adultes souvent suitées ; ces achats recyclent en partie les revenus
issus des ventes de mâles à l’occasion de la fête du mouton.
La biomasse disponible couvrant largement les besoins de production et la présence permanente de mâles
dans les troupeaux expliquent les mise-bas survenant à toutes les périodes de l’année.
Une campagne annuelle de vaccination contre la Peste des Petits ruminants et la Pasteurellose et de déparasitage
au tartrate de morantel ou au panacur est faite par les agents de suivi dans le double objectif de fidéliser les
éléveurs et d’en tester l’efficacité. On n’a pu statuer sur l’impact sur la morbidité de ces protocoles du fait du
faible nombre de cas cliniques par lot prophylactique et de l’inégalité des troupeaux face aux risques
d’exposition aux affections ciblées. Aussi nous ne traiterons pas de l’impact clinique de ces protocoles
prophylactiques testés, alors que leur impact sur les performances a éte mesuré grâce une collecte exhaustive des
données zootechniques (TILLARD).
NATERIELS ET HKTEODES.
Cette enquête a porté sur 20 villages situés dans la région de Kolda totalisant un effectif annuel moyen d’environ
750 ovins et 750 caprins entre 1984 et 1985, répartis entre quelques 50 éleveurs. Quatre agents techniques
d’élevage, formés préalablement aux rudiments du diagnostic clinique ont été en permanence chargés du suivi des
troupeaux.
Collecte des données cliniaues.
Nous avons convenu de contenir la description des cas de morbidité dans les limites de fiches dites de suivi
sanitaire individuel et de ne prendre en considération que les cas cliniques avérés aux jours de passage de
l’agent.
Contrairement à celle de données zootechniques ou biopathologiques la collecte de données cliniques suppose la
participation de l’éleveur ou la présence quasi constante des agents de suivi dans l’élevage; l’év&nement clinique
étant par définition imprévisible.
Dans cette enquête, ces derniers sont passés une fois toutes les semaines dans chaque élevage et ont procédé à un
examen clinique des animaux sur la demande de l’éleveur ou de leur propre initiative guidés alors par la
constatation d’un signe, d’une lésion ou d’un symptome physiques. Ces examens donnant lieu a des traitements
gratuits, souvent symptomatiques, l’on peut penser que peu de cas cliniques graves n’aient fait l’objet de fiches.
Les diagnostics qui sont portés ont été regroupés sous les vocables synthétiques que nous explicitons ci-après:
-Les bronchopneumonies; pour les maladies respiratoires avec dyspnée, ce qui exclue les jetages simples
sans dyspnée.
-Les maladies inf lammatoires de l’oeil.
-L’ectoparasitisme. par portage de tiques, de puces ou de poux accompagné d’une atteinte locale ou de
l’état général, telle que l’éleveur propose l’animal à la consultation.
-Les Suites de mise-bas (avortements, métrites, faiblesse post partum, agalaxie).
-les affections génitales externes: mammite, vaginite
-Les blessures, fractures, contusions, abcés, traumatismes divers
-Les arthrites, piétin et autres affections de l’appareil locomoteur non liées à des blessures
accidentelles
-les diarrhées.

-Le mauvais état général; allant du simple amaigrissement avec poil piqué au stade ultime de cachexie et
’ qui procéde soit d’une maladie cachectisante en elle même ou anorexigène, soit d’un défaut d’alimentation soit
d’un déficit physiologique dès la naissance (troubles de croissance).
-L’indigestion suite a une perturbation des fonctions des préestomacs ou de la caillette sous forme de
métlorisation, d’empansement, d’ingestion accidentelle de céréales, d’engrais azoté (uree) ou de pesticide
agricole.-la clavelee.
-1’echtyma.
-Les pneumoentérites dont la Peste des Petits Ruminants.
-la gale et les maladies à lui différencier cliniquement (kératose, teignes, dermîtes autres que echtyma
et clavelée) .
-L-es maladies nerveuses: paralysie, crises , tetanos.. .
Collecte des donnees météorolocicues
Sont par ailleurs disponibles les données méteorologiques locales fournies par la station de Kolda. Parmi celles-
ci nous retenons les donnt5es ci-après réputées actives sur le microbisme et le parasitisme ambiants mais aussi sur
la physiopathologie des animaux (ESPINASSE).
Synthèse des données titdorologiques
de la station de Kolda 1984-1989
Hais
I 1
21 31 4) 51 6) 71
91 101 111 12
I
I
Vents )7m/s
l /1///ll//l/ll/,
fq@trie Ill Ill1 Ill
Brume
humide
skche chaude
hivernage
séche frai-
fraîche
Collecte de données d’environnment d’élevace.
Nous disposons aussi d’elements d’information générale consignés par les agents dans leur rapport mensuel
d’activités.
Ces rapports relatent tous les évènements climatiques, socioreligieux, agricoles et de gestion zootechnique qui
influent sur la configuration démographique des troupeaux, leur état sanitaire, leur mode de conduite, leur
exploitation .
Nous avons secondairement inventorie, avec KIRLIN la quasi totalité des pratiques d’elevage et des donnees
d’environnement agropastoral des élevages extensifs traditionnels de la zone de Kolda. Ces données se montrent
souvent explicatives de nombreuses situations sanitaires (FONTAINE).
.

A RESlJL!JM’S J)O SUIVI DE LA HORBIDITE DE 1984 à 1986,
Prévalence annuelle de la mbidite
chez les ovins;
cke les caprins.
r1984 1985 1986 Total 1984 1985 .986 Total
Broncfopneumo?ies
1 5
4 6
1 8
6 4
3 3
4
101
H$ai;es de 1 oeil
1 2
8
2”
1;
4
f4
2
:5
T
Ga e et dermatoses
4u
Suite de mises bas
21
58
2
3
124
212
i--
1 BleSSUKeS
1
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3
6”
2
:
1:
8
2’:
1Diarrhees
I¶auvals état
I 1 4
3 0
3 6
3 4
9
7 9
I Il@io
8
79
1
3
4
li
leuuoenterites
1
8 2
3
2 7
112
2
2
2
:
7
:
4
6
4
:
1;
145
6 9
275
.56
8 1
459
Incidences des cas de morbidité:
Cumul par mois
Cuau.l par classe d’âge
Haladies/sp/Hois
1 0 1 1
I
“1’2’w 12
BronchopneunoniesO
1 1 20
5
4
6
c
5
7 Jb
b 11
J
5
II
2
2
4
Pneumentérites 0c
2
1
20
12
;o 3 7 1 4 l.3 1
4
1
Indigestions
~l1410111:12121212111 1:
3 111 1 1 3 6 6
1 8 2 13 6 10 8 3
Arthrites
cII I l11
Blessures
0
5
1
1
1 1 3 1 6 1
c
1
1
1
1
3
2 2 2 1 2
0: ovins
C: caprins

$ANALYSES.
Rénartition des états de morbidité par espèce.
Le syndrôme nindigestionn reste exceptionnel chez les caprins.
La variole est inconnue des caprins et l’echtyma contagieux atteint les caprins plus souvent que les
ovins.
L’épisode de. clavelee observée en 1985 correspond en fait, selon les rapports mensuels de l’epoque, a une
introduction d’animaux venant de la zone sahélosoudanienne à l’occasion de la fête du mouton YabaskiO. Le retour
à une situation sans clavelée comme à l’accoutumée dès 1986 permet de penser que Kolda n’est pas une zone de
clavelée,Le syndrôme diarrhée est quant à lui plus marqué chez les caprins que chez les ovins.
Le syndrôme pneumoentérite est rarement diagnostiqué chez les ovins alors que chez les caprins, il est la
première cause de morbidite.
Les bronchopneumonies constituent la première cause de consultation chez les ovins.
Les affections oculaires bien que médicalement bénins n’en demeurent pas moins fréquentes et surtout
préoccupantes pour l’éleveur. Elles ne sont pas sans conséquences zootechniques et economiques.
Le port de poux, de puces et de tiques est constaté chez les deux espèces 2 des prévalences comparables
alors que la gale et les maladies analogues atteignent plutôt les ovins.
Le syndrôme “mauvais état généralw est une realité épidémioclinique chez les deux espèces.
Les états de morbidité consécutives aux mises bas tout comme les affections génitales externes sont de
loin plus fréquentes chez les caprins: ce qui peut être mis en rapport avec leur plus grande prolificité
(PAUGERE) .
La répartition interannuelle des svndrômes.
La gale, le port de poux et ou de tiques semblent sortir seulement certaines annees.
Les bronchopneumonies et les pneumoentérites evoluent sous une forme enzootique, présentes qu’elles sont
tous les ans à un niveau certes variable mais toujours élevé.
Ceci serait lie à la permanence de facteurs de contagiosité (brassage démographique incontrôlé) mais aussi à
l’existence de facteurs de prédisposition liés à l’animal comme le parasitisme chronique. Les stress
météorologiques intervenant surtout pour moduler la gravité épidémioclinique de ces bronchopneumonies ou
pneumoentérites (cf paragraphe suivant).
Les maladies inflammatoires de l’oeil sévissent certaines années avec de fortes fréquences ; 1985 chez les
caprins, 1986 chez les ovins. Cette évolution de type épizootique conforte l’hypothèse d’une étiologie contagieuse
rickettsienne plutôt qu’ allergique (poussière, pollen). Les traitements à l’oxytétracycline sont souvent
efficaces et appréciés par les éleveurs. La plus grande fréquence de portage de tiques connues pour transmettre
diverses rickettsies, lors des années a forte prévalence de maladies de l’oeil confirme par ailleurs cette
hypothèse.Le syndrôme diarrhée est toujours présent mais avec une prévalence inégale d’une année à l’autre.
La répartition des svndrômes dans l’année.
Chez les ovins et les caprins, les bronchopneumonies ont les fréquences les plus élevées durant les
périodes à très faible hygrométrie et à grands nombres de jours de brumes sèches soit durant les mois de Janvier à
WXS.
Les pneumoentérites chez les caprins culminent durant les mois de Wai à Août, soit en saison de pluies et
connaît un léger pic, tout comme les bronchopneumonies, en Février. L’infestation par les helminthes déjà
réinstallée à son niveau le plus haut dès les premières pluies aura rendu avec la mise au piquet les animaux plus
susceptibles aux infections virales et bacteriennes opportunistes.
L’assèchement par convection de la toison mouillée par la pluie ou la rosée entraîne un refroidissement
(ESPINASSE) favorisant une réceptivité accrue surtout des caprins aux affections pneumoentéritiques. C’ est ainsi
que les éleveurs aménagent régulièrement des abris couverts pour les caprins.
Le microbisme d’hivernage se trouve aggravé par les intenses brassages démographiques à l’occasion des confiages,
à partir du mois de Mai, puis à l’occasion des achats d’animaux adultes, au mois de Septembre.
Les états de morbidité consécutives aux mise-bas (mammites, métrites, avortements) sont constates toute
l’année avec une prévalence mensuelle presque constante chez les caprins alors que chez les ovins, on les retrouve
groupes entre les mois d’août à décembre malgré le fait que les mises bas se déroulent toute l’année, Cette
morbidité limitée dans le temps chez les ovins démontre le rôle important du parasitisme hivernal et des
restrictions alimentaires par la mise au piquet sur les performances de reproduction en particulier chez les
ovins.

Le syndrôme mauvais état qénbral évolue avec une incidence moyenne sur tous les mois de l’année.
1
Cependant, il connait chez les ovins et chez les caprins une légère recrudescence durant le premier trimestre en
même temps que les bronchopneumonies. Chez les caprins, un second pic de ce syndrôme est observe en Septembre en
même temps que les pneumoentérites.
La pathologie respiratoire a un retentissement zootechnique et commercial très nettement perçu par les éleveurs,
eu égard à la régularité avec laquelle ils sollicitent l’intervention des agents de suivi. Ils vont même jusqu’à
intensifier les ventes chaque fois qu’un épisode de pneumopathie se déclare pour se débarasser des individus les
plus susceptibles.
ROIGNANT a constaté la nette concordance entre pathologie respiratoire et mauvaises performances de reproduction
et de croissance chez les ovins, performances réputées par ailleurs corrélées avec l’état général ou
physionutritionnel. Etat que les zootechniciens apprécient par la note d’état corporel (DEDIEU).
La gale s’avere être une maladie de la saison des pluies avec une hygrométrie et des températures élevées
et assez constantes.
C’est aussi une maladie de la promiscuité et des restrictions alimentaires avec la mise en enclos au delà des
normes admises de concentration et la mise au piquet. Ces conditions de rassemblement et de conduite sur parcours
typiques de la saison des pluies favorisent le développement et la transmission des sarcoptes tout en provoquant
un état de relative dénutrition (NDIAYE).
Les tiques, poux ou puces sont tous les ans incriminés dans certains états de morbidité surtout durant la
saison des pluies; l’herbe verte, l’humidité et les fréquentes périodes de faible ensoleillement favorisent en
effet leur pullulation.
En définitive, la sortie des affections cutanées seraient fonction des paramètres bioclimatiques et des pratiques
d’élevage défavorables marquant la saison des pluies.
Les indigestions sont surtout observées entre Décembre et Janvier, soit durant les périodes d’abondances
en sous produits de récoltes et en restes de cuisine.
le syndrôme diarrhée connait un regroupement de nombreux cas en Juillet. Le changement de régime et la
recrudescence des charges parasitaires digestives (VASSILIADES) est à retenir comme étiologies de ces diarrhées de
début de saison des pluies.
La rénartition des svndrômes suivants les classes d’âae.
Les bronchopneumonies et les pneumoentérites dans les deux espèces, affectent d’avantage les sujets
sortant du sevrage et en pleine période de croissance, soit ceux de 7 à 12 mois. Ce qui suppose dans leur
étiologie une composante intrinsèque individuelle tenant au statut immunitaire et nutritionnel des jeunes sujets,
La plus forte incidence de la maladie chez les sujets de 7 a 12 mois se justifierait par le fait que ces derniers
appartiennent à une cohorte d’animaux qui ne bénéficie plus d’aucune immunité passive à partir de 4 mois d’âge;
les vaccinations ne concernent que les sujets de plus de 3 mois et la vaccination est faite sous forme de campagne
a date fixe.
Cette cohorte sert alors de révélateur à la circulation des agents microbiens de pneumoentérite dont ceux de la
Peste des Petits Ruminants et de la Pasteurellose ciblées par les vaccinations .
Les diarrhées simples sont une maladie de tous les âges. Il en est de même pour les blessures, la gale et
les maladies qui lui sont à différencier.
Le mauvais Ctat général est plus féquemment rencontré chez les sujets de plus 3 mois.
Les affections inflammatoires de l’oeil sont l’apanage des jeunes de moins de 12 mois. L’atteinte des
jeunes sujets en priorité conforte par ailleurs la these de l’étiologie infectieuse laquelle justifie incidemment
la mise en place chez l’adulte d’un phénomène de prénunition antirickettsienne.
Les états de morbidité consécutive aux mises bas concernent en priorité les sujets de moins de 12 mois qui
en sont à leur Premiere mise bas et qui n’ont pas encore atteint leur pleine maturité physio-anatomique et
immunitaire.
CtKLUSION
Il apparait de prime abord que les Pneumopathies sous la forme de Pneumoentérite ou de Bronchopneumonie
sont la principale dominante clinique.
Leur permanente présence dans. les élevages nous amène à retenir dans leur étiologie une intervention non
négligeable de facteurs structurels (macroclimat et mode de logement) et fonctionnels (modes de gestion
démographique).
Les suites de mises bas n’en sont pas moins importantes si l’on rapporte leur prévalence au nombre moyen
de femelles en âge de reproduire que l’on peut estimer à 70 % de l’effectif suivi (FAUGERE) .
Les autres affections comme les diarrhées simples, la morbidité accompagnant le port de tiques et de poux,
la gale, les maladies de l’oeil relèvent pour une bonne part de facteurs environnementaux et de mode conduite. Il
s’agit d’affections à faible léthalité mais qui déprécient le profil de croissance des animaux , leur esthétique

; et leur valeur marchande. Ces affections constituent le bruit de fond de la pathologie ovine et caprine en milieu
soudanien.Remarquons que l’echtyma et la clavelée ne revêtent pas toute la gravité epizootique qu’on leur connaît
habituellement.
La frequence du syndrône mauvais Btat général dans ce contexte de relative suffisance alimentaire est une
preuve de l’impact zootechnique des enzooties parasitaires et infectieuses et de pratiques d’elevage défavorables.
Cette méthode de quantification de la morbidité sans être des plus exhaustives, a l’avantage de refleter
la sensibilite qu’en a le binôme éleveur-agent de suivi. Ce dernier paramètre est fondamental. En effet, c’est de
la sensibilité de 1’ éleveur a l’impact clinique, zootechnique et economique des syndrômes que dépend
l’acceptation ou le rejet des stratégies de lutte qu’on lui propose. Cette méthode permet aussi de dresser un
éphéméride fort utile de la pathologie ovine et caprine en région sud soudanienne.
Il demeure enfin que les resultats d’un pareil systeme de suivi gagnent énormément en pertinence a la lumiere des
paramétres bioclimatiques, des conditions de logement, des pratiques d’exploitation et des modes de conduites.
Ces premiers résultats nous permettent déja de repondre aux questions; qui est atteint ? de quoi ? quand?
et pourquoi?.
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