EPIDEMIOLOGIE DES TREMATODOSES DU BETAIL ET ETUDE DES...
EPIDEMIOLOGIE DES TREMATODOSES DU BETAIL
ET ETUDE DES MOLLUSQUES HOTES INTERMEDIAIRES
DANS LE DEPARTEMENT DE TAMBACOUNDA
- RAPPORT DE SYNTHESE -
Par
O.T. DIAW
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?
Dans le Département de Tambacounda, le réseau hydrographique n'est pas très
important.
Le Sandougou, marigot rattaché à la Gambie, est temporaire, il est en eau de
mi-juin à novembre-décembre. Le lit est sinueux de Sandoumana à Maka, le fond
est argileux. Il est fortement fréquenté. Le marigot de Koussanar se rattache
au Sandougou de Fadiacounda à Koussanar.
Le Niaoulé est le 2è cours d'eau très fréquenté pendant l'hivernage, il provient
de la Gambie. Fond argilo - latéritique, il alimente 3 mares temporaires gardant
l'eau pendant 4 mois jusqu'en septembre-octobre : ce sont les mares de Dioundala,
Belel Demba et Casadala.
A part ces deux principaux cours d'eau, il existe beaucoup de points d'eau qui
sont des mares temporaires créées par le débordement de la Gambie.
Au niveau de Geneto, il y a la grande mare de Diadala à fond agileux, fortement
fréquentée et gardant l'eau jusqu'en octobre-novembre. Il existe d'autres mares
moins importantes : Diadarou et Feterou.
Tous les autres points d'eau sont constitués par des mares temporaires alimentées
par les pluies.
L'écologie de ces points d'eau joue un rôle important dans l'épidémiologie des
Trématodoses humaines et animales dans cette zone.
Des enquêtes ont été réalisées dans le Département de Tambacounda pour étudier
l'épidémiologie des Trématodoses du bétail : infestation des animaux (nature
des parasites, taux d'infestation et charge parasitaire).
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Ecologie et biologie des Mollusques hôtes intermédiaires (systématique, réparti-
tion, rôle épidémiologique, et résistance à la sécheresse).
MATERIEL ET METHODE
Cette étude épidémiologique est réalisée à partir, d'une part, des animaux abat-
tus aux abattoirs et, d'autre part, des Mollusques récoltés dans les différents
points d'eau de la zone.
a) Etude de l'infestation naturelle des animaux
Des enquêtes ont été effectuées de 1983 à 1984 à des périodes différentes aux
abattoirs de Tambacounda.
Observation du foie, du mésentère et de la panse de tous les animaux abattus
pour mettre en évidence les différents trématodes. Cette observation macrosco-
pique est complétée par une étude microscopique (observation entre lame et
lamelle de fragments de parenchyme hépatique et du produit de raclage de la
muqueuse de rectum) pour la différenciation des Schistosomes par leurs oeufs.
Ainsi, les différents trématodes sont identifiés. Ce qui permet d'établir le
taux d'infestation pour chaque espèce de parasite chez les bovins (757), les
ovins (336) et les caprins (457).
b) Etude malacologique : détermination et infestation naturelle
Des prospections malacologiques sont effectuées à Tambacounda et environs
(fleuve, marigots, mares, etc...). Tous les Mollusques, fixés sur les plantes
aquatiques,
sur les débris végétaux, au fond et autres, sont récoltés et conser-
vés dans des pots de prélèvements. Ces Mollusques sont ramenés au laboratoire
pour identification (détermination suivant la clef de MANDAHL BARTH ; puis
confirmation par le Danish Bilharziasis Laboratory). Ils sont groupés par
espèce et sont tous comptés. Une grande importance est accordée aux gastéro-
podes pulmonés.

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Pour l'étude de leur infestation, ces Mollusques sont exposés à la lumière du
soleil ou d'une lampe pendant 10 à 15 mn pour favoriser la sortie des cercaires.
Ces dernières sont alors récoltées et identifiées par la chétotaxie et/ou l'in-
festation expérimentale d'animaux permettant d'obtenir des trématodes adultes.
Ainsi, pour chaque espèce de Mollusque récolté, on détermine la nature et le
taux d'infestation parasitaire, ce qui permet de fixer leur rôle dans la trans-
mission des trématodoses.
Une étude de la résistance à la sécheresse de certains Mollusques a été entre-
prise au niveau de 3 mares temporaires : biologie et dynamique de populations.
RESULTATS
1. TREMATODOSES DU BETAIL
1. Principaux trématodes
a) Bovins
. Canaux biliaires : Fasciola gigantica, Dicrocoelium hospes
. Appareil circulatoire (veines mésentériques) : Schistosoma bovis,
Schistosoma curassoni
. Panse : Paramphistomum microbothrium, Cotylophoron cotylophorum, Carmyerus
spatiosus
b) Ovins - Caprins
. Canaux biliaires : Fasciola gigantica, Dicrocoelium hospes
. Appareil circulatoire : Schistosoma curassoni
. Panse : Paramphistomum microbothrium.
Les espèces de trématodes sont peu nombreuses surtout au niveau des petits
ruminants.
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2. Taux d'infestation (cf. tableau)
Pendant cette période d'étude, les taux d'infestation les plus élevés sont
ceux observés chez les bovins les affections les plus importantes sont celles
dues aux Schistosomes et à Dicrocoelium hospes. Chez les petits ruminants, la
Schistosomose est la plus importante. On remarque que la Distomatose est presque
inexistante aussi bien chez les bovins que chez les ovins et caprins.
Dans l'ensemble, la situation n'est pas alarmante, les taux d'infestation sont
faibles ainsi que les charges parasitaires. Le pouvoir pathogène des parasites
les plus répandus : Schistosomes et Dicrocoelium est moins grave que celui de
la douve (Fasciola gigantica).
L'épidémiologie de ces différentes affections est fonction des points d'eau fré-
quentés par le bétail.
Ces derniers sont presque tous constitués par des mares temporaires alimentées
par les pluies et sonten eau de juillet à octobre. C'est à cette période où les
Mollusques hôtes intermédiaires sont les plus nombreux pour assurer la transmis-
sion. Les taux d'infestation les plus élevés se situent après la saison des pluies.
Tableau 1 : Trématodoses dans le Département de Tambacounda
(Abattoirs de Tambacounda : octobre 1983 à décembre 1984)
:x Distomatose
Paramphisto-
Schistosomose
Dicrocoeliose
mose
Bovins
10/636 soit
981636 soit
178/636 soit
23/636 soit
(636)
1,57 %
15,40 %
27,98 %
3,61 %
Ovins
0/56 soit
9156 soit
1/56 soit
1/56 soit
(133)
0 %
16,07 %
1,78 %
1,78 %
Caprins
l/lOO soit
11/100 soit
2/100 soit
_
(381)
1 %
11 %
2 %
. . . / . . .

s
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II. ETUDE MALACOLOGIQUE
Les enquêtes malacologiques ont été effectuées à Tambacounda et environs au
niveau des marigots, mares et divers points d'eau durant les différentes saisons,
mais surtout à la période des pluies : de juin à décembre.
Le choix des principales stations de prospection et de récolte a été guidé par
l'existence d'agglomérations villageoises et de populations animales au voisinage
de ces points d'eau.
La plupart
de ces points d'eau ont la particularité d'être temporaires et ne
sont fonctionnels
que pendant 4 à 6 mois dans l'année. Ces Mollusques doivent
s'adapter à ce cycle court de l'eau afin d'assurer la pérennité de l'espèce et
jouer leur rôle dans la transmission des trématodoses humaines et animales.
1. Zones de prospection et de récolte
Les points d'eau se répartissent en plusieurs zones, les uns sont en relation
avec les quelques marigots de la région ; d'autres sont uniquement alimentés
par les pluies.
a) Zone de Tambacounda
Ont été identifiées de grandes mares à fond argilo-latéritique comme Fétéboké,
Mayel Dibi, Pigna, Sory et Médina Niana. Seul Mayel Dibi est alimenté par le
marigot Sandougou. La végétation n'est pas dense, et se compose de nénuphars
et de Pistia. Certains gardent l'eau jusqu'à novembre-décembre.
b) Zone de Missira
Il n'y a pas beaucoup de mares dans cette zone, et elles sont moins grandes et
peu profondes. Ce sont les mares de Bancouma, Hamdalaye et Saeko.
c) Zone de Neteblou
Ce sont de petites mares à fond argileux, peu profondes : Fafadjba et Neteblou.
Diadala est plus grande et alimentée par le débordement du Geneto.
. . . / . . .

.
c
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d) Zone de Sinthiou Malem
Il y a la grande mare de Sinthiou Malem passant sous le pont et alimentée par
le Sandougou. Puis une autre mare plus petite, Bambaradougou qui est peu
fréquentée.
e) Zone de Nioulé
Il y a 3 grandes mares qui sont alimentées par le débordement du marigot Nioulé :
ce sont Dioundala, Belel Demba et Casadala.
Tous ces points d'eau connaissent souvent de fortes fréquentations humaines et
animales de par leur situation à proximité des habitations ou sur la route des
parcours du bétail.
2. Mollusques récoltés
Dans l'ensemble, beaucoup de Mollusques ont été récoltés, et ils se répartissent
en 7 espèces qui sont :
- Bulinus umbilicatus
- Bulinus senegalensis
- Bulinus globosus
- Bulinus truncatus
- Lymnaea natalensis
- Gyraulus costulatus.
Toutes ces espèces sont rencontrées sur la végétation environnante, les débris
végétaux,
ou divers supports et aussi dans la boue de certaines mares.
3. Densité de population et variation saisonnière
B. umbilicatus et B. senegalensis sont les espèces les plus fréquentes. Elles
sont récoltées en grand nombre et dans presque tous les points d'eau, surtout
ceux à fond latéritique.
B. forskalii, B. globosus et B. truncatus sont plus rares et moins abondants.
On les rencontre dans certaines mares à fond argileux.
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Les Gyraulus sont récoltés en petit nombre surtout dans la végétation (Pistia).
Les Lymnées sont les espèces les plus rares. On les trouve au niveau de quelques
points d'eau à proximité des marigots.
Le maximum des populations de Mollusque est rencontré en août ou septembre après
les premières pluies de juin-juillet
car les mares sont presque toutes tempo-
raires. Cette dynamique des populations de Mollusques est gouvernée par le rythme
des précipitations et l'assèchement de ces points d'eau.
Les Bulins sont plus adaptés à cette écologie et ils constituent l'essentiel de
la population malacologique.Lymnaea natalensis est très rare et se localise dans
les points d'eau permanents.
4. Ecologie et rôle épidémiologique
Une étude de l'écologie des Mollusques a été réalisée afin de préciser leur
comportement au niveau de ces mares qui s'assèchent 6 à 8 mois dans l'année.
Trois mares ont été choisies et leurs populations étudiées pendant 2 ans. Les
résultats montrent que B. umbilicatus et B. senegalensis peuvent résister pen-
dant 6 à 8 mois à l'assèchement des points d'eau, et que ce sont les Mollusques
de taille moyenne qui sont les plus aptes (cf. documents joints).
Pour ce qui est de l'infestation des Mollusques, seuls les B. umbilicatus se
sont révélés infestés dans cette zone d'étude (transmission de S. haematobium
et S. curassoni). Les autres Mollusques hôtes intermédiaires potentiels de
trématodes d'intérêt vétérinaire et médical, ne jouent aucun rôle dans le trans-
mission de ces affections.
On observe que les trématodoses animales ont un taux très faible. La Distoma-
tose presque inexistante correspond bien à la rareté de Lymnaea natalensis hôte
intermédiaire de Fasciola gigantica.
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TREMATODOSES HUMAINES
Seule la Bilharziose à S. haematobium existe dans cette zone. Les mares tempo-
raires sont fortement fréquentées par les populations humaines et les bulins
hôtes potentiels (B. umbilicatus, B. globosus, B. senegalensis et B. truncatus)
sont présents et souvent en grand nombre.
En 1979, le service des Grandes Endémies a enregistré une prévalence de 57 %
dans les zones du PDESO. Les Mollusques s'adaptent bien à l'écologie du milieu
et tout le cycle (infestation et transmission) se déroule en 3 à 4 mois.
Tableau II : Mollusques récoltés dans les différentes mares prospectées
ZONE
MARES
MOLLUSQUES
l Fétéboké
B. umbilicatus - B. senegalensis
B. umbilicatus - B. senegalensis
Tambacounda
B. umbilicatus - B. senegalensis
B. umbilicatus - B. senegalensis
M&ina Niana
B. umbilicatus - B. senegalensis
B. umbilicatus - B. forskalii
I
Missira
B. umbilicatus - Gyraulus - B. senegalensis
I
B. senegalensis - B. forskalii - Lymnaea - Gyraulus
l
Fafadjiba
B. globosus - B. umbilicatus - B. truncatus
I
Neteblou
B. senegalensis - B. forskalii - Gyraulus
I Neteblou
B. senegalensis - B.umbilicatus - Lymnaea - B. truncatus
B. umbilicatus - B. senegalensis
Sinthiou Malem
l/sE?
B. umbilicatus - B. truncatus
Dioundala
B. senegalensis - Lymnaea - Gyraulus
Nioulé
Belel Demba
B. senegalensis - Lymnaea - B. umbilicatus
Casadala
Mare L
Sandougou
Mare 2

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CONCLUSION
Les Trématodoses du bétail ne sont pas très développées dans la région de
Tambacounda. Les prévalences sont très faibles, et la Distomatoses, affection
la plus grave, est presque inexistante.
La Schistosomose et la Dicrocoeliose sont les plus fréquentes (15 et 28 W)
mais les charges parasitaires sont faibles et elles ne confèrent pas à l'animal
une affection grave.
Cependant,
cette étude a été riche d'informations en ce qui concerne l'écologie
des Mollusques hôtes intermédiaires de Trématodes : adaptation et résistance à
la sécheresse en zone nord-soudanienne.