REPUBLIQUE DU SENEGAL DIRECTION DES RECHERCHES ...
REPUBLIQUE DU SENEGAL
DIRECTION DES RECHERCHES
SUR LA SANTE ET LES
MINISTERE DE L’AGRICULTURE
PRODUCTIONS ANIMALES
INSTITUT SENEGALAIS DE
LABORATOIRE NATIONAL
RECHERCHES AGRICOLES
D’ELEVAGE ET DE
RECHERCHES VETERINAIRES
L’Elevage au Sénégal :Politique de Développement et Gestion des
Ressources génétiques des Animaux domestiques.
d
Racine Samba SOW, Mamadou DIOP et Mamadou MBAYE.
Novembre 1997
Réf. :Olrs/LARISE.doc

Entre 1950 et 1970, les productions animales ont connu en Afrique au Sud du
Sahara un développement remarquable. Les quantites produites de viande et de lait
avaient augmenté de plus de 2% par année (C. LY, 1989). On a toutefois noté une
baisse régulière du disponible par habitant car ces augmentations étaient inférieures
au croît annuel de la population.
Dune manière générale, les expériences de développement de l’élevage se sont
révélées décevantes au point qu’aujourd’hui la situation générale de l’élevage est
jugée préoccupante.
Les augmentations relatives de production sont principalement dues à un croît de la
taille des troupeaux plutôt qu’à des gains de productivité. Les systèmes traditionnels
de production se sont simplement étendus avec .une persistance des techniques
archaïques.
\\,r’Avant 1960, le Sénégal fut naguère une région d’exportation de produits animaux
tant vers la Métropole que vers les Colonies. Dans un environnement économique
dominé par l’économie de traite, l’Elevage n’était pas une priorité pour le
Colonisateur. Le Service de Zootechnie et des Epizooties créé en 1904 s’était alors
orienté vers la protection sanitaire du cheptel. La decouverte de la nappe profonde
maestrichienne, le développement d’une politique d’hydraulique rurale et la
création de réserves sylvopastorales ont déclenché un processus de sédentarisation
des Peul.
Dès 1970, l’option fondamentale prise fut la stratification de l’élevage selon les zones
agro-écologiques et l’intensification des productions animales. Cette option a été le
cadre de la plupart des actions de développement entreprises dans le sous-secteur.
La dévaluation du frac CFA en 1993 a donné un coup de fouet aux productions
locales de la zone. L’Elevage en a profité.
L’année 1997 a été consacrée par le Gouvernement (du Sénégal, année de relance de
‘A
l’Agriculture.

L’Elevage, dont la part dans le PIB d,u secteur primaire a atteint 34%
’ G 1996, occupe 300.000 familles. L’élevage a dépassé en 1996 le taux de croissance
de 4% que lui avait fixé le PASA (Programme d’Ajustement Structure1 de
l’Agriculture), si l’on en juge par l’augmentation des quantités de viandes bovine,
ovine et caprine et de volaille produites et contrôlées.
Plusieurs contraintes techniques, institutionnelles et économiques font
toujours obstacles au développement de l’élevage dont le potentiel n’est pas encore
pleinement valorisé pour lui faire jouer ses fonctions importantes en matière de
sécurité alimentaire, de formation de revenus, de création d’emploi et d’intrants à
l’agriculture. Pour satisfaire cette volonte de relancer l’Agriculture, I’Elevage doit
rompre avec toute routine stérile et oeuvrer vers un renouveau, Cela doit se traduire
au travers d’actions multiformes visant avant tout au renforcement de l’efficacité de
l’encadrement des producteurs dont la capacité d’intervention sera majorée grâce à
leur plus grande professionnalisation et à un partenariat fécond avec le privé.
Le présent document fait le point sur la politique de développement de l’élevage au
Sénégal et aborde la situation des ressources génétiques.
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2.1 - Les orientations et les objectifs de cette politique
En matière de politique de développement de l’élevage , les orientations ainsi
que les objectifs retenus sont conformes à ceux de la LPDA (Lettre de Politique de
Développement Agricole) et du PISA (Programme d’investissements du secteur
agricole).
2.1.1- Ch+&utions f&u+ales
0 créer un environnement institutionnel, législatif et réglementaire propice à la
relance des productions animales ;
0 améliorer les techniques d’exploitation des ressources animales ;
0 promouvoir un partenariat entre les organisations socio-professionnelles et
l’Etat ;
Q impliquer davantage le secteur privé dans le développement de l’élevage ;
Q gérer de façon durable les ressources naturelles ;
Q améliorer les infrastructures sociales et physiques de base ;
0 restructurer les services de l’Elevage.
2.1.2 - En matiitre d’objectifs
Q Accroître les productions animales de manière soutenue
Q améliorer la sécurité animale ;
0 générer des emplois et accroître le revenu des producteurs ;
0 promouvoir Yinvestissement privé ;
0 rendre plus efficace les dépenses publiques.
2.2 - Les stratégies d’action
Pour la réalisation des objectifs globaux sus-indiqués, il est proposé une
stratégie d’actions qui s’articule autour de Plans d’opérations (PLANOP) ; il s’agit
de mécanismes destinés à accélérer la production pastorale et lever à court terme les
contraintes spécifiques.
r)
3-l-Situation des effectifs
Le cheptel en 1996 se présentait ainsi qu’il suit :
0 Bovin :
2 870 000 têtes
0 Ovin:
4 045 000 têtes
0 Caprins
3 440 OOOtêtes
0 Porcins
171000 têtes
0 Chevaux
436 000 têtes
0 Anes
367 000 têtes
0 Chameaux
5 000 têtes
0 Volailles
15 530 500 têtes (dont 11195 000 en élevage traditionnel)
On rencontre 3 types de bovin de race locale :
n le zébu Gobra localisé au Nord et au Centre du Pays.
W le taurin Ndama, au Sud et à l’Est.
n le Djakoré, croisé naturel taurin-zébu, à la frontière entre les 2 races.
Les races exotiques sont :Montbéliarde, Jersyaise et Holstein.
Les races de mouton sont :
le Peu1 Peu1 et le Touabire, au Nord et au Centre du Pays
le Djallonké, au Sud et à l’Est.
Dans le Centre du Pays existent différents variants de métisses Peul-Touabire. En
outre depuis quelques années on assiste à l’émergence de croisés Peu&-Bali Bali.
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Les Caprins se répartissent en 2 races :la chèvre du Sahel, au Nord et au Centre, la
chèvre Djallonké, au Sud et à l’Est.
Il existe 4 races de chevaux :
- le cheval du Fleuve, au Nord ; il est issu du croisement M’bayar et Barbe.
- au Centre du Pays on rencontre les races Mpar, M’bayar (type poney) et le
Foutanké.
Les Camelins sont représentés par le Chameau du Sahel originaire de Mauritanie.
Les Asins sont principalement concentrés au Nord (Ane du Sahel).
Les Porcins sont représentés par le porc africain d’origine ibérique (robe blanche
avec des tâches noires).
La Volaille se répartit en races exotiques élevés en systsme intensif pour la
production de chair et d’oeufs. En milieu villageois la poule locale a subi quelques
croisements plus ou moins importants, résultats des opérations coqs raceurs.
Les effectifs par race, estimés pour les bovins et les petits ruminants à partir des
données de la Direction de I’Elevage (recensement de 1993) sont les suivants :
- Zébu Gobra :1.188.860
- Taurins Ndama :636.240
- Croisés Djakoré :767.900
- Bovins exotiques :1.700 (données de 1997)
- Moutons Peu1 :2.625.900
- Moutons Touabire :500.000
- Moutons Djallonké :1.031.200
- Chèvre du Sahel :2.347.1000
- Chèvre Djallonké :729.100
” Le croît moyen annuel des effectifs calculé sur une periode allant de 1960 à 1995 est
le suivant :
- bovin :l%
- ovins :5%
- caprins 4%
- porcins :12%
- équins :7%
- asins :8%
- camelins :3%
- volaille traditionnelle :4%
- volaille industrielle :15%
Les espèces décrites (bovins et petits ruminants locaux présentent des
caractéristiques d’adaptation à l’environnement alimentaire (valorisation des
fourrages grossiers), et de résistance à certaines maladies (trypanotolérance).
Cependant depuis quelque années, on note l’introduction de bovins laitiers
exotiques dans le Pays. Ces animaux importés par des entrepreneurs sont élevés
dans des fermes possédant parfois plus de 300 vaches. Des mâles issus de ces fermes
commencent à être utilisés comme géniteurs sur des femelles locales pour améliorer
la production laitière. En outre on assiste à l’introduction de semence de race
exotique laitière. On peut donc s’attendre dans le futur à ce que les espèces locales,
en particulier les Bovins, ne soient pas à l’abri d’une menace de dilution du sang
local par introduction progressive de sang exotique.
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Le taurin Ndama trypanotolérant est dans une certaine mesure menacé par
l’intrusion au Sud d’animaux zébus à la recherche de pâturage ou à la suite d’un
engouement certain des pasteurs pour des animau:x de grand format.
3-2-Systèmes d’élevage
’ Le système d’élevage est défini ici comme un ensemble de techniques et de pratiques
mis en œuvre par une communauté pour exploiter dans un espace donné des
; ressources végétales par des animaux, en tenant compte de ses objectifs et des
contraintes du milieu.
3-2-l.le système d’élevage dans la vallée du fleuve Sénégal.
\\
Dans cette zone l’élevage est pratiqué par les peu1 et d’autres ethnies (maure,
woloff...).Il constitue l’activité principale des Peul, malgré les mutations intervenues
à la faveur des aménagements hydro-agricoles.
En effet, avant la mise en œuvre des programmes d’aménagement, la val& avait
une vocation essentiellement pastorale, en plus de l’exploitation des terres pour la
culture de décrue. Ainsi les animaux utilisaient alternativement les parcours du
Diéri en saison des pluies et les cuvettes du Waloo en saison sèche. Au cours de la
même période les Peu1 s’adonnaient à la culture de décrue.
Les aménagements hydro-agricoles et le développement subséquent des cultures
irriguées ont modifié l’espace pastoral en réduisant le disponible en ressources
fourragères naturelles. Néanmoins des sous produits agricoles utilisables par les
animaux existent. Des mutations sociales se sont traduites par l’occupation des Peu1
dans la culture irriguée et le salariat.
En définitive, l’élevage dans la zone est menée par des personnes qui s’occupent
d’activités à la fois agricoles et pastorales. Malgré cette évolution favorable on note
une tendance d’exclusion des activités d’élevage dans l’occupation de l’espace.
3-2-2.Le système dans la zone svlvopastorale
” Cette zone se présente comme une immense steppe arbustive dont la vocation
première déclarée est l’élevage. Dans un passé récent, il existait une complémentarité
entre cette zone et le delta du fleuve Sénégal dans l’exploitation de l’espace
(mouvement pendulaire des troupeaux selon les saisons). Cet équilibre a été rompu
du fait de plusieurs facteurs :
l
réduction de l’espace pastoral à la suite des aménagements dans la vallée.
l
baisse significative des précipitations avec réduction de la productivité des
parcours.
l
l’implantation de forages profonds a provoqué une dégradation.
Aujourd’hui l’élevage y demeure encore extensif, avec une fragilisation du système
liée aux fortes concentrations du bétail autour des points d’eau. Toutefois, la remise
en eau des vallées fossiles laisse présager des perspectives d’intensification de la
production. 3-2-3Je système dans le bassin arachidier
Dans cette zone, l’élevage est associé à l’agriculture qui constitue l’activité principale
Dans l’occupation de l’espace, les animaux exploitent en saison des pluies les
jachères. Mais on assiste à une réduction des jachères à la suite d’une extensification
des cultures. Ainsi la zone sylvopastorale constitue de plus en plus une zone de
refuge pour une partie du cheptel du bassin pendant la saison des pluies.
L’agriculture génère beaucoup de sous-produits utilisés dans l’alimentation des
animaux d’embouche et de trait.
3-2-4.1e système en zone cotonnière et en Casamance
Les conditions pluviométriques satisfaisantes confèrent à la zone un paysage de
savane arborée avec une bonne biomasse *Toutefois, les parcours de cette zone
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présentent pendant une partie de l’année une faible valeur nutritive, du fait d’une
forte teneur en lignine. Dans cette zone une forte pression glossinaire limite
l’élevage. En effet, seuls les taurins Ndama et les moutons et chèvres nains peuvent
vivre dans les zones infestees de glossines.
Comme dans le bassin arachidier, l’élevage est basé sur une exploitation des
parcours naturels et des résidus et sous-produits de récolte.
Les troupeaux sont de petite taille comparés à la zone sylvopastorale. En saison des
pluies ils sont conduits au pâturage sous la surveillance d’un berger peu1 ou d’un
enfant du village. En saison sèche, ils divaguent sur tous les parcours, l’activité du
berger étant limitée à l’exhaure de l’eau d’abreuvement.
3-2-5 Importance économique du cheptel
Ces espèces animales fournissent aujourd’hui l’essentiel de la production de viande
et de travail du Pays. Cependant elles présentent des aptitudes laitières très
faibles ;ainsi plus de la moitié de la consommation de lait est importée.
4-l Programme d’amélioration génétique des races locales :
L’amélioration génétique des races locales pour la production de viande et de lait a
été pendant longtemps partie intégrante de la stratégie globale d’amélioration du
cheptel. Ainsi des programmes de sélection sur les races locales ont vu le jour dès les
années 1960. Au Nord, en plus de la sélection du Zébu Gobra, un programme de
multiplication de races indo-pakistanaises (Guzérat et Sahiwal/Red Sindhi) et de
croisement avec le Gobra avait été initié. Ce programme fut arrêté très tôt après
évaluation des FI.
Les programmes de sélection ont été maintenus jusqu’à la fin des années 80.
L’évaluation de ces programmes révéla que leur impact sur le cheptel local a été très
peu visible. Ceci était dû au fait que le schéma s’appuyant sur un noyau fermé, élevé
en Station a donné très peu ou pas de progrès génétique. L’autre faiblesse du schéma
a été l’objectif viande qui lui a été assigné alors que le lait est l’objectif majeur des
éleveurs. Face à cette situation, un nouveau programme d’amélioration génétique dit
à noyau ouvert a été conçu et testé sur le taurin Ndama. Ce programme consiste à
recruter, après un dépistage sur une large population, les meilleurs laitières et à les
faire reproduire en Station avec des taureaux connus. Les produits issus de cette
reproduction sont ensuite transférés en station après le sevrage en vue de leur
évaluation. Les meilleurs sujets issus de l’évaluation serviront pour le
renouvellement dans le noyau. Le noyau est dit ouvert si une partie des animaux du
renouvellement provient de femelles recrutées après le dépistage.
Dans le schéma de sélection à noyau ouvert, les mâles sont sélectionnés sur la base
d’un index intégrant leur croissance propre et la production laitière de leur mère.
Les femelles sont sélectionnées sur leur croissance propre et leur production laitière
en première lactation.
Devant l’introduction croissante d’animaux exotiques pour améliorer le lait, la
Direction de l’Elevage a décidé de mettre sur pied un Centre National
d’Amélioration Génétique. Ce Centre sera chargé de lia coordination des actions en
matière de croisements laitiers, de conseiller et d’appuyer techniquement les
producteurs. Le Centre se chargera également de la coordination de l’amélioration
génétique des races locales et disposera d’une banque de semences/gènes pour la
conservation du patrimoine génétique des races locales.
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Les autres espèces ont fait l’objet de programmes d’amélioration génétique par la
sélection (moutons Peul, Touabire et Djallonké). En outre il existe aujourd’hui un
programme de métissage Peul-Touabire dans le Bassin Arachidier. Auparavant ce
programme a utilisé des béliers Sardi et Caussenarde du Lot.
42 Caractérisation génétique des races
42-l caractérisation des bovins
La caractérisation génétique des bovins du Sénégal a été entreprise dans le cadre
d’un vaste programme de caractérisation des bovins d’Afrique centrale et
occidentale.
L’ADN mitochondrial et le chromosome Y ont éte étudiés. Vingt marqueurs
microsatellite ont été typés au niveau de populations bovines Maure, Gobra et
Ndama du Sénégal de Gambie et des 2 Guinée. On a retrouvé un gradient
d’intrusion d’haplotypes zébu au niveau des populations taurines.
42-2 caractérisation des petits ruminants
Les moutons Peul, Touabire et Djallonlsé ont fait l’objet dune caractérisation
morphobiométrique et d’un typage sanguin.
42-3 recherche des bases génétiques de la résistance bovine à la
trypanosomose
Il s’agit d’identifier quelles régions de chromosome renferme les gènes majeurs
conférant la trypanotolérance (marqueurs).
Références bibliographiques :
1 BRADLEY D. 1994
Genetic characterisation of cattle in West and Central Africa.
2 Direction de l’Elevage :1997
Rapport annuel d‘activités.
3 GUEYE A. :1997
Moutons et Chèvres du Sénégal :Caractérisation morphobiométrique et typage
sanguin.
4 LY C. :1986
La politique de développement de I’Elevage au Sénégal :repères sur l’évolution, les
réalités et les perspectives de l’élevage des bovins et des petits ruminants.