Les Cal&s de la Recherche -7cxJ /lfJT * ...
Les Cal&s de la Recherche
-7cxJ /lfJT
*
INNOVATIONS TECHNIQUES EN MILI@U PAYSAN
DANS LE DELTA DU FLEUVE SEWGAL
POUR L’ALIMENTATION DU CH$PTEL
J.F. TOURRAND*, M. NDiAYE*’
RESUME
MOTS CLES :
INTRODUCTION
En 1993, démarra le programme de recherche sur les systemes de production dans le delta du
fleuve Sénegal ; la premke phase consistait à realiser une synthese bibliographique et à
mener des enquêtes informelles aupres des paysans afin de situer la place respective, de
l’agriculture et de Wevage dans les systemes de production de la zone (J.F.TOURRAND et col
1985).
En raison des conditions climatiques particulièrement defavorables (pluviometrie annuells de
l’ordre de 39 a100 mm en 1983 et 1984, crues bicentennales seches), les paysans du Delta et
principalement les eleveurs traditionnels devaient faire face à des problemes souvent
insurmontables pour satisfaire les besoins alimentaires de leur cheptel. Entre Juin et Novembre
83, nous avons enregistre dans différents troupeaux, des taux de mortaiit6 de l’ordre de 50 a 70
p. 100 pour les bovins, et de 30 a 70 p. 100 pour les petits ruminants (J.F.TOURRAND 1995).
Par ailleurs, au cours des enquêtes, les paysans revenaient systematiquement sur les
problemes d’alimentation du cheptel ; il nous a donc paru opportun de mener quelques actions
concernant l’élevage, afin d’acquerir une certaine cr6dbilite aupres des Eleveurs avec qui nous
devions a terme forcement travailler. L’operation “Sauvegarde du Cheptel” merke par la
FAO”’ a laquelle nous avons largement contribue, nous a permis de contacter l’ensemble des
éleveurs traditionnels du Delta, et nous avons profite de la motivation de certains paysans pour
tester des innovations techniques concernant l’alimentation du cheptel, innovations qui
devaient ulterieurement dans le cadre du programme faire l’objet d’essais visant à evaluer leur
rentabilite.
Ce document donne donc quelques informations relatives à diff Qrentes innovations techniques
mises en place en 1985 et 1986 chez des agropasteurs qui, pour en avoir fait explicitement la
demande, ne representent qu’une fraction Blitiste des paysans du Defta. Dans une premihre
partie nous exposerons les principales caracteristiques des systemes d’blevage du Delta qu’il
est indispensable de connaître pour comprendre le choix des.innovations techniques retenues.
Dans une deuxieme partie nous présenterons les modalités de mise en place de; ces
innovations et les conclusions auxquelles nous avons aticuti.
* ISRNCoordonnateur Equipe Systbmes Fleuve.
l
*** Cette opbration consistait A racensar le cheptel bovin du Delta puis A vendre a un prix subventionnb des aliments pour le bkail aux Eleveurs. Cetta
opbration a 616 mise en placa en 1984 a la suite des mortaJit6s enregistrh en 1983.

I - IDENTIFICATION DES INNOVATIONS TECHNIQUES
1. Typologie des systbmes dWvages :
Une typologie des systemes delevage a et6 BlaborBe et cinq grands systemes d’elevage ont
eté identifies (J.F.TOURRAND 1985) d’aprés l’importance du capital cheptel, la place de la
composante Qlevage dans les systemes de production et les objectifs de production retenus
par les Eleveurs pour leur cheptel. Ces cinq systemes d’elevage sont :
a) Le systeme d’elevage Maure (M)fait partie d’un systeme de production caractérisé
investissement
par l’association Commerce-Elevage. Le cheptel a, avant tout, une fonction de capital dans
de8 revenus du
lequel sont investis en partie les revenus du commerce. La taille moyenne du capital-cheptel
commerce
d’une famille est importante pour le Delta, environ 3 bovins et 5 petits ruminants par actif
(individu de plus de 10 ans). La gestion du cheptel est directe, la production laitiere qui a un role
social de tout premier plan, est essentiellement autoconsommee ; en periode de skheresse,
les aliments necessaires à la survie du cheptel sont achetes avec les revenus du commerce.
Le systeme d’elevage maure concerne environ 30 p.100 des bovins et 20 p. 100 des petits
ruminants du Delta.
b) Le syat9me grand-hlevage Peu1 (GE) fait partie d’un systeme agropastoral dans
lequel le cheptel joue plus une fonction de capital que dbutil de production, les principales
sources de revenus 6tant les cultures irriguees et/ou les activites extra-agricoles. Comme dans
le systeme maure une partie des revenus est investie dans le cheptel. La taille du capital-
cheptel est également importante pour le Delta, environ 2,5 bovins et 4 petits ruminants par
investissement
actif en moyenne pour une famille.
des
revenus~
La gestion du cheptel est directe, et si le rôle social du lait est fondamental, son rôle
a g r i c o l e s
économique apparaît faible, la production laitiere Btant en grande partie autoconsommee. Les
sous-produits issus des sytemes de culture irriiues ne suffisent pas à subvenir aux besoins
alimentaires en saison skhe de l’important cheptel ; ces éleveurs sont donc dans l’obligation
d’investir une partie de leurs revenus dans l’achat de sous-produits agroindustriels. En periode
de secheresse comme 1983 et 1984, en raison du manque de fourrages naturels, les sous-
produits agricoles issus de l’exploitation et les sous-produits agroindustriels achetes
constituent la base de la ration alimentaire du cheptel. Le systeme grand-elevage peul
concerne environ 35 p. 100 des bovins et 25 p. 100 des petits ruminants du Delta.
c) Le systbme petit-blevage Peu1 (PE) fait comme le pr&dent, partie d’un systeme
agropastoral mais la taille du cheptel est ici plus reduite, en moyenne un bovin et deux petiis
ruminants par actif. L’elevage apparaît donc comme une activite secondaire par rapport aux
B la fois capital et
outil de production
cultures irriguees et/ou aux activites extra-agricoles. Le cheptel a une fonction de capital mais
egalement une fonction d’outil de production importante en raison notamment du rôle
bconomique fondamental de la production laitiere. La gestion du cheptel est également directe.
Si lorsque la pluviometrie est normale, le disponible en fourrages naturels et en sous-produits
agricoles issus de l’exploitation couvrent à peu pres les besoins du cheptel, en période de
sécheresse, ces Eleveurs comme les pr&%dents sont tenus de s’approvisionner en sous-
produits agroindustriels. Le systeme petit-elevage peul concerne environ 10 p. 100 des bovins
et des petits ruminants du Delta.
d) Le systbme villageois
Confie (V.C)
c o r r e s p o n d à l’activite Elevage d e s
agriiulteurs, d’ethnie wolof pour la plupart, qui posskfent peu d’animaux (en moyenne 0,l bovin
et 05 petit ruminant par actif), et qui les confient aux eleveurs des trois systemes prwdents.
Ce systeme concerne environ 25 p. 100 des bovins et 10 p. 100 des petits ruminants du Delta
en annee pluviometrique normale. En periode de skheresse, ces animaux rejoignent le
systeme villageois intégre.
e) Le systhme villageols Integre (V.I.) fait partie d’un systeme agropastoral dans
lequel l’aspect pastoral est largement domine par l’agriiulture proprement dite. Le nombre
‘/..
d’animaux est restreint comme dans le systeme precedent, et ceux-ci sont alimentes en grande
sous la
partie avec les sous-produits issus des systemes de culture, dont les quantites produites par
dépendancede
chaque Eleveur sont superieures aux besoins de son cheptel en année normale, en période de
I’agrfculture
sécheresse et notamment lorsque les bovins passent du systeme confie au systeme int&e, le
bilan fourrager peut être largement déficitaire. En annee pluviometrique normale, ce systeme
concerne tres peu de bovins (environ 1 p. 100) et 35 p. 100 des petits ruminants du Delta. En
p&iide de secheresse, il peut concerner jusqu’a 25 p. 100 des bovins et 45 p. 100 des petits
ruminants.

nalyse de la typologie :
En analysant les caracteriitiques de chacun des cinq systemes d’iklevage, il est possible de
raisonner les themes d’innovations techniques envisageables pour chacun d’eux.

9 Pour le systeme delevage maure, les sous-produits distribues au cheptel en saison séche
surtout la
étant essentiellement achetes, le theme a retenir est l’elaboration de rations alimentaires
raforisafion de
concurentielles d’un point de vue 6conomique par rapport aux pratiques de complementation .
SOUS produits
actuelles, en tenant bien compte des objectifs de production retenus par ces éleveurs.
lricoles et dans
certains cas
Pour le système grand-élevage peul, les themes à privil6gier sont d’une part la valorisation
mplantation de
l
CUlllJ~S
optimale des sous-produits agricoles issus de I’exploitation, et d’autre part l’implantation de
fourragères
cultures fourraghres concurentielles par rapport au riz pendant la saison seche. L’objet de ces
innovations est d’arriver à un bilan fourrager équilibre, dans lequel la part des sous-produits
achetes serait minimale, tout en maintenant une production laitiere sufffsante.
Pour le systeme petit-élevage peul, l’objectif est le même que dans le cas pr&dent, mais il ne
l
semble pas ici utile d’introduire des cultures fourrageres dans la mesure où les quanti& de
sous-produits issus de l’exploitation suffisent à couvrir les besoins du cheptel si elles sont bien
valoriiées.

Pour le systeme villageois confie, la gestion du cheptel 6tant confi’& à un tiers peul ou maure,
l
c’est au systeme dUlevage de celuici qu’il faut s’adresser.
Pour le systeme villageois integré, le bilan fourrager en sous-produits est, en annee normale,
l
excedentaire par rapport aux besoins et les innovations doivent porter essentiellement sur la
valorisation optimale des sous-produits agricoles disponibles dans le systeme de production.

Par manque d’eleveurs maures motives, nous n’avons retenu que des themes concernant les
systemes d’elevage peuls et le systeme villageois int6gre. a savoir la valorisation des sous-
produits agricoles et Ilmplantation de cultures fourrag&res.
les cultures
Pendant la saison s&che, en raison des faibles disponibilitds en eau, les cultures fourrageres
ourragères sont
peuvent être menees exclusivement dans des parcelles riticoles (rotation riz de saison des
1 rotation avec le
pluies-fourrages de saison seche) ou bien dans des jardins maraîchers en association avec les
riz ou en
plantes maraîcheres. Pour le choix des plantes et des varietes nous avons fait appel au
association avec
LNERV/ISFtA(l) qui disposait de nombreuses donnees mais recueillies dans des zones
les plantes
écologiques fort différentes du Delta quant à la nature des sols, le mode d’irrigation et la saison
maraichkes :
sorgho et nièb6
de culture. Notre choix s’est porte sur deux plantes annuelles (un sorgho et un niébé
fourrager
fourragers) susceptibles d’être cuftivees à la fois dans des parcelles rizicoles (rotation riz de
saison des pluies/cultures fourrageres de saison seche) et dans les jardins en association ou
non avec les cultures maraîcheres. Nous avons Qgalement retenu trois graminées fourrageres

p&ennes .(Panicum maximum, Brachkia mutica, Pennisetum putpureum) à mettre en place
seulement dans les jardins maraichers.
En saison seche, les agropasteurs disposent des sous-produits suivants : la paille de riz
es sous produits
restant après la recolte et le battage, qui peut étre stockee dans les concessions ; le son de
peuvent &e
trait& par
riz issu des décortiqueuses villageoises où les paysans font usiner une partie de leur
xemple par lu&
paddy ; les adventices de culture recoltees pendant la campagne et stockees dans les
St com~k$rnentés
concessions ; on peut egalement ajouter à cette liste les gousses d’Acacia et les herbes de
par la m&asse
marigot que les paysans ramassent et stockent egalement.
A partir de ces sous-produits, les paysans ont Qlabore de façon empirique des rations
generalement coherentes qui tiennent compte de la valeur alimentaire de chaque sous-produit.
Seule la paille de riz est d’utilisation recente, et sur les conseils des chercheurs du
LNERWISRA, nous avons retenu comme innovation technique le traitement de la paille par
I’uree (paille ammoniaquee) pour augmenter
sa teneur en matibres azotees, et/ou par la
melasse (paille melassee) pour accroître sa valeur Bnergetique (LNERVIISRA).
- LES REALISATIONS
Elles concernent donc la valorisation de la paille de riz et l’introduction d’une sole fourragere en
fonction des besoins et des disponibilites en fourrages de chaque Bleveur.
LNERVIISRA : Laboratoire National &Elevage et de Recherches v&&inairesl ItWitut SMgalais de Recherches Agricmles.

1) La valorisation des sous-produtts
a) en millsu vlllagsots
La composition de la ration alimentaire du cheptel int6gr6 varie selon les zones en fonction du
des sous produits
disponible fourrager, mais elle est essentiellement constitu6e de sous-produits : paille de riz
trbs varlrh
consommee directement dans les parcelles ou distribube & l’auge pour les animaux à l’attache,
i son de riz , adventices, gousses d’acacia, herbes de marigots ; on peut y rencontrer
Egalement des sous-produits agroindustriels mais toujours en petites qu&kGs -(drkhes de
tomates, farine de riz, tourteau d’arachide, etc . ..).
dea Bl~ellta
Certains villageois qui detenaient pour le Delta, un important cheptel int6gr8, ne disposaient pas
demandeurs
de quanti& suffisantes de sous-produits agricoles pour compkmenter convenablement leur
d’innovations
cheptel jusqu’à la fin de la saison skhe et Btaient donc oblig6s de se procurer des sous-
techniques
produits agroindustriels dans le commerce. Ceux-ci 6taient g6nkalement demandeurs
d’innovations techniques .leur permettant de faire lkoncmie d’un achat d’aliments. D’autres
paysans qui, d6sireux d’augmenter la taille de leur cheptel ou d’en accroître la productivit4,r
devaient forcement acheter des sous-produits agroindustdels, Btaient Bgalement demandeur9
d’innovations techniques.
Nous avons retenu trois bleveurs dans le premier groupe et un dans le deuxibme, plus selon les
critbres Ii& & kleveur (disponibilitb, int&&, skieux) qu’au troupeau (espkes, composition,
taille etc ).
Les caract6ristiques du cheptel des quatre éleveurs villageois retenus figurent dans le tableau
no 1.
Tableau 1 - Efcectifs en bétail des &veum villageois retenus
I
chewel
1 I
Bovin
ovins
concessicn
no 1
17
n” 2
7
no 3
6
t-l
n” 4
25
Le traitement de la paille par l’ur6e permet a l’dleveur de rbaliser une Bconomie de son de riz qu’il
le traitement de la
peut r6server à ses monogastriques (chevaux et volailles) le plus souvent sous-aliment&.
pailla s permis
L’adjonction de melasse & de la paille entraîne une augmentation de la valeur énergbtique de
d%conomiser le
cette paille (doubke avec la m&hode retenue) el augmente Qgalement la quantité ingbrée et
son du riz et une
meiil~rs
donc m6tabolis6e.par I’animal.
alimentation du
Pour rt5aliser le traitement de la paille par IMe, nous avons retenu la technique mise au point
cheptel
par les chercheurs du LNERWISRA. On met dans un rkipient etanche (fosses ou fûts selon les
quant&& a fabriquer) à parts Egales (en poids) de la paille et de l’eau additiinnde de 5 p. 100
d’ur6e ; on laisse fermenter pendant trois semaines, puis on distribue aux animaux. II est
nkessaire de disposer d’un nombre suffisant de rkipients afin d’effectuer une rotation.
selon la mt+thode
Lorsque les animaux ne sont pas habit& a consommer de la paille ammoniaqube, l’app&ence
LNERVIIS~A
est faible et il est recommand6 de saupoudrer sur cette paille du sel en debut d’expkience, si
l’on ne dispose pas de mksse.
Pour la distribution de la mdlasse, chaque Eleveur pouvait tester plusieurs traitements et porter
4 mises en œuvre
son choix sur l’un ou sur l’autre en fonction de ses contraintes et des ses objectifs propres. Les
possibles’
quatre traitements suivants Btaient r6alisables :
broyer Eventuellement de la paille, puis additionner une part (en poids) de m6lasse a trois parts
l
de paile ;
plus simple mais Qgalement moins intkessant d’un point de vue nutritionnel, verser la m6lasse
l
sur la paille, m&nger ou non et faire consommer par les animaux ;
traitement identique au pr@dent mais en diluant la mdlasse dans de l’eau pour faciliter
l
I’opktion ;
distribuer la m6lasse s6par6ment de la paille.
l

chaque éleveur
Nous avons dans un premier temps expliqu6 à chaque 6leveur le principe du traitement de la
choisit le
paille par I’ur6e et par la mélasse, el nous avons pn5sent.4 les diffbrentes méthodes possibles.
traitement
Ensuite chacun Qtait libre d’utiliser à sa guise le paquet technologique mis à sa disposition.
Par la suite, nous avons discut6 avec les quatre aleveurs de l’int6rêt de ces nouvelles
techniques. II ressort des diffbrents entretiens, que ces techniques de valorisation des sous-
produits en g8n&al et de la paille de riz en particulier (2), prbsentent un int6rêt en milieu
les éleveurs
villageois exclusivement en pbriode de s6cheresse en raison de la présence des bovins dans
estiment que cette
les villages. Lorsque la pluviom&rie est normale, les bovins des villageois sont confiés toute
innovation est
utile
l’ann6e et les ressources en sous-produits agricoles (paille el son de riz) couvrent largement
exclusivement en
les besoins du cheptel intégr6 compos.6 essentiellement de petits ruminants. Mais dans la
période de
perspective d’un dhveloppement de l’embouche ovine el éventuellement bovine, ces
sécheresse
techniques de valorisation des sous-produits agricoles peuvent s’av6rer rentables d’un point de
vue hnomique.
b) En milieu peut
En annde pluviom&rique normale, les peuls ne stokent pas de paille de riz dans les
campements ; *11s prrJf&trent amener leurs animaux pâMturer directement .sur les parcelles
rizicoles pour diverses raisons (les quantites à stocker seraient trop importantes en raison de la
taille des troupeaux, les campements sont souvent BloignBs des parcelles, les peuls ne
disposent pas toujours de moyens de transport, etc...). Ces agropasteurs, et principalement
dans les systbmes grand-Qlevage peuls, ne disposent que de faibles quantités de son de riz par
rapport A la taille de leur cheptel, et sont donc tenus de se procurer des sous-produits
agroindustriels (farines de riz, tourteaux etc . ..).
les éleveurs ont
En p&iode de &heresse, ces mêmes 6leveurs face à la p6nurie de fourrages naturels,
choisi de
stockent de grandes quanti& de paille dans les campements et en distribuent en complément
distribuer
d’alimentation à leurs animaux. II nous a paru opportun de proposer, aux éleveurs int&essés,
séparément de la
de traiter cette paille par la m6lasse afin d’en accroître la valeur énergktique. PlutOt que de
paille et de la
fabriquer de la paille de riz mélas&e, les Eleveurs ont préf6r6 distribuer s6par6ment la paille et
mélasse
la mblasse à l’ensemble des animaux (des roues & m6lasse ont ét6 construites), el r&server le
son de riz et les sous-produits agroindustriels achet6s aux animaux les plus nécessiteux.
Les caractéristiques du cheptel des huit 6leveurs peuls retenus figurent dans le tableau no 2. Le
choix de ces 6leveurs s’est fait selon les mêmes crii&es qu’en milieu villageois.
Tableau 2 - Effectifs en Mail des éleveurs peuk retenus
I cheptel I
Bovins
conce55ion
no 5
4
1 4
3 0
no 6
0
6
10
no 7
60
3 0
4 1
no 8
30
67
3 7
no 9
20
46
1 6
no 1 0
1 2
4
2 0
no 11
47
1 1
2 4
no 1 2
35
5
3 0
Comme les villageois, les peuls ont d6clar6 que la melasse ne présente un intérêt qu’en période
les éleveur5
de s6cheresse lorsqu’il est impossible de se procurer suffisamment de sous-produits
estiment que la
agroindustriels classiques (farines de riz et tourteaux). En effet lorsque la pluviom&rie est
mélasse n’est
normale, de part la présence d’un disponible fourrager naturel important, les besoins en sous-
intéressante qu’en
produits sont plus faibles et malgr6 les diff icuk qu’ils rencontrent pour se procurer de la farine
période de
de riz, celle-ci présente pour un prix équivalent plus d’avantages que la melas-
sécheresse
se : l’approvisionnement en farine de riz quoique d&icat pose moins de probl8mes que celui de
la mélasse, le transport jusqu’aux campements et la distribution aux animaux sont plus aisés,
les gains de productivit6 consta& sont sup&ieurs, etc...
Des techniques permettant de valoriser d’autres sous-produits (son de riz par exémple) ont Bçalemant 816 tast6as.

Dans le contexte actuel de l’élevage aussi bien en milieu peul qu’en milieu villageois, on
constate que les techniques de valorisation des sous-produits ne presentent un inter& qu’en
periode de secheresse ; en milieu villageois, ces techniques et notamment le traitement de la
paille de riz par l’uree permettent I’economie d’un achat d’aliments ; en milieu peul, elles offrent
la possibilite d’avoir actes à d’autres sous-produits que ceux commurfbment utilises.
Neanmoins. si à terme le contexte de l’elevage change, c’est-à-dire qu’apparaissent d’autres
formes d’elevage (embouche et production
laitiere intensives) relevant d’objectifs
productivistes, il est certain que ces techniques seront plus appropriees.
Les cuftures fourragkes
Dans le Delta, la double culture étant encore peu répandue pour diverses raisons, les parcelles
possibilité de
rizicoles cultivees d’Août à Janvier sont libres en saison seche chaude, et il est possible d’y
rotation
implanter une culture fourragere annuelle si les disponibilites en eau d’irrigation le permettent.
Dans les jardins maraîchers, les Qleveurs, interesses peuvent reserver quelques parcelles pour
cultiver des plantes fourrageres p&ennes ou annuelles.
a) Cultures fourragbres sur parcelles rizlcoles
Un seul eleveur fut dans un premier temps retenu ; il s’agissait d’un agropasteur exploitant un
casier prive d’une quarantaine d’hectares et detenteur d’environ 25 bovins. Ce paysan n’est
absolument pas representatif des paysans du Delta qui, dans leur grande majorite, exploitent
des surfaces de 05 à 5 hectares dans le cadre de groupements de producteurs encadrés par la
societe de developpement de la zone. Neanmoins, nous l’avons choisi justement parce qu’il
pouvait contrôler tous les facteurs de production.
Dans un deuxième temps, nous avons retenu un groupe de 15 éleveurs peuls confrontes,
comme beaucoup, à de gros problemes d’alimentation de leur cheptel, mais exploitant en
commun un casier prive d’une dizaine d’hectares.
Ces deux premieres experiences ont montre que, si on voulait vulgariser les cultures
fourragères, il fallait dans un premier temps proposer des itineraires techniques peu coûteux en
privilégier des
intrants et en temps de travaux ‘: impasse sur le travail du sol, mode de semis rapide,
Itinérsires
fertilisation reduite, irrigations espacees. Les temps de travaux nécessaires pour une
techniques peu
coûteux
implantation de type manuel en ligne (comme cela se fait traditionnellement pour les cultures de
décrue) ont 616 jugés inacceptables par les paysans. La maîtrise de l’eau et la salinité ont joué
un rôle important sur le comportement des cultures. Les résultats obtenus avec les variétés de
sorgho resistantes au sel sont encourageants (environ 10 tonnes de matiere verte par hectare
et par coupe), avec le niebe il y a eu plus de problemes (5 tonnes de matière verte en une coupe
à deux mois et demi).
L’annee suivante, les conditions climatiques étant redevenues normales, les paysans ne se
sentirent pas dans le besoin de renouveler l’experience.
b) Cultures fourrageres dans les Jardins marakhers
Maigre le nombre de paysans interesses, seulement deux furent retenus. L’objectif du premier
Btait de disposer tout au long de l’année de fourrages verts pour alimenter ses animaux à
pour obtenir du
l’attache (4 bovins et 7 ovins) en raison de la pénurie de fourrages naturels. II a donc mis en
wrage vert toute
place les trois plantes P&ennes (Panicum maximum, Brachiaria mutica et Pennisetum
l’année
pupreum), chacune sur trois microparcelles de 25 m2. Ces fourrages étaient régulierement
coup& et distribues aux animaux. Nous avons estime les rendements du Panicum et du
Brachjaria à 50 tonnes de matiere verte par hectare et celui de Pennisetum à 30 t M V/ha (la
fumure Qtait constituee de dejections animales, mais nous n’avons pas pu estimer les quanta&
appoflw.
Le second Eleveur possedait une cinquantaine de bovins confiés à un berger, et mettait
pour couvrir la
temporairement a l’attache dans sa concession les animaux faibles pour les remettre en etat.
saison s&che
Son objectif etait donc de disposer d’un stock de fourrages suffisant pour couvrir toute la duree
de la saison s8che. II a mis en cufture quatre parcelles d’environ 500 m2 (2 en sorgho et 2 en
niébe) mais nous n’avons malheureusement pas pu estimer le rendement.
II apparaît que la conduite d’une culture fourragere en petites parcelles dans les jardins
culture facile
maraîchers pose moins de problemes que la conduite en grandes parcelles sur les casiers
rizicoles pour diverses raisons : sols plus légers et donc plus adaptes, meilleure maîtrise du
planage et de f’irrigation, etc... Par ailleurs, comme pour la valorisation des sous-produits, dans
le contexte actuel de l’elevage, il est certainement plus rentable pour un paysan de privilegier
une culture de riz ou des plantes maraîcheres plutôt qu’une culture fourragere. Dans l’avenir
peut-être, lorsque les conditions auront change avec l’apparition d’autres formes d’elevage, la
diierence sera moins Bvidente.

ZLUSION
La mise en place d’innovations techniques en milieu paysan pour l’alimentation du cheptel
relevait d’une volont paysanne de trouver dans l’immediat des techniques permettant de
satisfaire les besoins alimentaires des animaux en raison de la penurie de fourrages naturels
fi& i la secheresse.
En concertation avec les Qleveurs, et en fonction des possibilites de chacun, nous avons
raisonne differentes innovations techniques concernant la valorisation des sous-produits et les
cultures fourrageres. Ces tests d’adaptation nous ont permis de preciser les objectifs réels de
chaque paysan interes&, et d’identifier les limites de ces innovations techniques dans le
contexte actuel de f’elevage dans le delta du fleuve SBnBgal.
Actuellement, pour tous les systemes de production du Delta, le premier rôle assigné au cheptel
n’est pas d’être un outil de production, mais un capital ; par là même l’eleveur qu’il soit Peul,
Wolof ou Maure recherchera avant tout un niveau de production correspondant à un
investissement minimal. Mais en pkiode de secheresse lorsque les animaux commencent à
mourir, l’éleveur quel qu’il soit, sera prêt à investir, même dans des techniques relevant de
formes intensives d’elevage, dans le seul but de preserver son capital.
Dans ces conditions, parce que I’Qlevage apparaît (peut-être a tort) peu rémunérateur compare
aux cultures irriguees ou aux activit& extra-agricoles, les possibilites de vulgarisation de
techniques productivistes semblent faibles excepte dans des conditions extrêmes lorsque le
recours aux techniques et pratiques “traditionnelles” et parfaitement rationnelles s’avere
insuffisant.
Dans le Defta, les paysans ont conscience que comme pour la riziculture, l’alevage devra
s’engager dans la voie de I’intensification. Des formes plus intensives delevage commencent a
apparaître et vraisemblablement d’ici à quelques annees, ces techniques de valorisation de
sous-produits auront leur place, il est important que rapidement un travail de recherche soit
mene dans ce sens.
.tOGRAPtiIE
LNERV/fSRA : Rapports d’activft& : service Cultures Fourregéres
LNERVIISRA : Rapporte d’actfvft&s : servfce Alimentation
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Francs : IEMVT-CIRAD
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x9$ the
the droughf:$h,i&$a
:droUghf::.~h~~.a~~i8a’i~~ Senegaf River ‘bella..resulted in a considerable
reduction in ?he..amount’lof
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?odder~$v&%tbfë~~
fodder$v~~tabfe;~ Fac,
Fac,ed.with, the’ ‘j$$lem%f .feeding thek livestock,
some farmers’ Were te!
ted to usk$:metho&? to increase their oWn fodderreiources. Two technical
to&cs wère pro&ed,: :edd&f&fue
:edd&f& fue ti~l~~~tio~::.~~~~~c~ltu~ai”b~~~~’~~cts
,ut$s&$$::.o f&gric
and the introduction
offoddercfOps .jn

.jn rotaf;on’wn~.~~~:~~.~~b;~~~~~~t~m.~et:g~idt
rotafion’wn~.~~~:~~.~~b~~~~~~~t~~.~?t:g~iden’~~~s~
In the present context of livesto&
In the present context of

livesto& fgmfng

‘in j:the delta,. if
fari7iing’in:th~,de/ta’ if ai
appea$.:that these techniques are
only advantageous during’drou&i
dunng

‘droughi tihen
.$h,en the

amount
a$to)~M of
I
of,natùraf fodder and agricultural and agro-
industrial
industria/
by-eroducts
by-eroducts ‘do
not,&@r j fe’@requrrements. However, thé emerging of more intensive
Iivestock farming tecmiiques .tnc
.tf t?e;,n@r
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promoting
these techniques by e@(nsiona.ctrv?Je~;~~
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‘.:,
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?SUMEN
En 1983 y 1984, la, sequia que
sequia que .afectd”af
.afectoAf &ta’del rfo Senegsl tuvo&mo consecuencia una
importante ‘reduccion ‘de. la ~~disponib$tdad .‘en forrajes. Confronf&fos con problemas de
alimen tacion. de eu ganado, algunos : camp@nos ee vieron mo:tivadc$para implantar técnicas

que les permitîrfan aumentar su p,ropi~ dr’sponibilidad en forrajes. Se les propusieron dos temas
tecnicos : la valorizacion de Wsub-productos agrcolas y la intfoduccion de cultivas forrajeros

en rotaci& con un cultiva de .arroz 0 en atiiaci&icon cuftfvos hotiicolas.
En et contexte actual de’ h. ganaderia en et Delta, se ve, que estas técnicas representan un
interés soiamente en geriodo .de sequla, cuando la. disponibitidad en fonajes naturales, en sub-
productos agrfcolas y agro-industriales no atcanta a cubrir las necesidades de/ ganado, Pen,
en un porvenir cercano, la aparicidn de formas mas intensivas de ganaderia deberfa permitirque
se considere la vuigarizacion de estas técnicas,