Séminaire Régional sur les Fourrages et...
Séminaire Régional sur les Fourrages et 1'Alimentation des Ruminants
1-R-Z. / I.E.M.V.T.
- N'Gaoundérb (Cameroun) - 16-20 novembre 1987
(Etudes et synthhses de 1'I.E.M.V.T. n'30 :189 - 204)
LA FOUGERE AIGLE, PTERIDIUM AQUILINUM (L.) KUHN
AU NORD-OUEST CAMEROUN
G. Mandret, P. Merlin*
L
.
*I.R.Z./I.E.M.V.T.-C.I.R.A.D.
- Station de Bambui - B.P.80
Bamenda - Cameroun
adresse actuelle : L.N.E.R.V.-B.P. 2057 - Dakar - Sénkgal
191
LA FOUGERE AIGLE, PTERIDIUM AQUILINUM (L.) KU'HN
AU NORD-OUEST CAMEROUN
G. Mandret, P. Merlin
I-R-I.,'I.E.M.V.T.-C.I.R.A.D.
- Station de Bdmbui - B.P. 8û
Bamenda - Cameroun
adresse actuelle : L.N.E.R.V. - B.P. 2057 - Dakar - Sénégal
RESUME
En l'absence de traitements chimiques
sur Pteridium
aquilinum (L.) Kuhn,
suivis d'une gestion appropriée des
parcours naturels,
les pâturages d'altitude du Nord-Ouest
Cameroun sont progressivement envahis par cette fougére. Les
auteurs étudient l'écologie de la plante et l'intoxication
provoquée sur les bovins par la consommation de fougère
aigle, Pteridium aquilinum (L.) Kuhn, ainsi que les moyens de
lutte pour son éradication. L'Btude clinique de cette intoxi-
cation est complétée par des examens hématologiques. La lutte
chimique, a base d'Asulame (3 et 4,5 kgjha matiere active)
est entreprise a des altitudes de 1 800 m et 2 000 m.
L'observation des résultats est effectuée par comptage des
frondes pendant les 4 années qui ont suivi le traitement.
La recolonisation des pâturages par la fougère est fonc-
tion de la dose et de la concentration en herbicide employé
lors du premier traitement. L'emploi de 4,5 kg/ha d'asulame a
permis un
contrale très efficace et significatif
de la
fougère aigle,
permettant une réimplantation des espèces
fourragères. L'amélioration des pâturages d'altitude de cette
région passe donc par l'éradication de la fougère aigle.
Mots-clefs : FOUGERE AIGLE ; PLANTE TOXIQUE ; HERBICIDE ;
ASULAME ; CAMEROUN ; HEMATURIE
193
THE BRACKEN FERN, PTERIDIUM AQUILINUM (L.) Kuhn IN THE N0RTI.I
NEST OF CAMEROUN
G. Mandret et P. Merlin
I.R.Z./I.E.M.V.T.-C.I.R.A.D. - Station de Bambui - B.P.80
Bamenda - Cameroun
In absence of follow-up treatments or an appropriate
grazing management following an initial spray of the bracken
fern, Pteridium aquilinum (L.) Kuhn, hi11 grazing pastures in
the North West of Cameroon are colonized by this bracken
fern. This study evaluates the effect of Pteridium aquilinum
(L.) Kuhn infested pastures on cattle poisoning and the ef-
fect of chemical control on Pteridium aquilinum reinfesta-
tion. Cattle poisoning analysis was done by clinical obser-
vations and by comparing blood cells in suffering cattle to
those from non suffering cattle. Chemical control was done
using Asulam at rates of 3 kg/ha a-i.. and 4,5 kg/ha a.i. on
pastures situated at 1 800 m and 2 000 m above sea level.
Assessment of treatments were made by counting annually the
total number of fronds in each treatment. Vegetation compo-
sition was assessed by measuring caver of individual species
after 3 years of regrowth.
Reinfestation of treated areas depended very much on the
effectiveness of initial treatment. Areas sprayed at rate of
4,5 kg/ha a-i. were significantly a.i. Sprayed areas showed
substantial increase in forage grass species. Thus the qua-
lity of hi11 grazing pastures cari be upgrated by controlling
bracken fern on infested areas.
Keywords: BRACKEN FERN; TOXIC PLANT: HERBICID; CAMEROON
HAEMATURIA
195
Introduction
La fougère Aigle, Pteridium aquilinum (L.) Kuhn, est une
plante
cosmopolite.
En zone tropicale,
elle
envahit les
paturages naturels d'altitude.
Très largement répandue sur
les hauts plateaux du Nord-ûüest Cameroun, on la trouve SUT
des sols acides (pH = 5,5) où elle envahit 60 à 90 p.100 des
surfaces pâturables. Son expansion est favorisée 8 la fois
par deux feux de saison sèche dont les cendres augmentent le
pouvoir germinatif des spores, et par des mécanismes d'allé-
lopathie ainsi que par des rhizomes agressifs.
En zone d'élevage extensif,
cette fougère présente un
risque d'intoxication des animaux,
risque qui est très mal
connu des éleveurs.
Face
aux
problèmes
qu'entraîne
l'envahissement
des
pâturages naturels par Pteridium aquilinum
(L.) Kuhn, la
meilleure solution est actuellement la lutte chimiaue oar
application d'Asulame sur la fougère a son stade adulte. Sur
huit matières actives testées a la station expérimentale de
1'IRZ Bambui,
dans le Nord-Ouest Cameroun,
les meilleurs
résultats ont eté obtenus avec 4,5 kg/ha d'Asulame.
1. Description botanique
Pteridium aquilinum (L.) Kuhn appartient 8 la classe des
Filicinae, c'est-à-dire des fougères d feuilles aénéralement
pennées et de grande taille, macrophylles. Les fougères font
partie d'une classe de plantes trés anciennes (Dévonien) et
sont classées,
d'après l'épaisseur de la membrane de leurs
sporanges, en Eusporangiatae. Pteridium aquillnum (L.) Kuhn,
Pteridaceae, ordre des Filicales,
est dans la sous-classe des
Leptosporangiatae,
laquelle se caractérise par un sporange a
paroi mince, formée d'une seule couche de cellules (Boedyn,
1966). Les sporanges sont généralement groupés en bouquets ou
en sores, sur le bord de la feuille, sur le limbe ou le long
de la nervure centrale, protégés par une differenciation de
l'épiderme ou indusie.
Pteridium aquilinum (L.) Kuhn est une fougère terrestre.
Les feuilles composées, très divisees. pennées, sont plus ou
moins poilues et ont une consistance dure. Les sores,-dispo-
sés le long des bords des pinnules,
sont recouverts par le
bord replié de la feuille et protégés par une indusie vraie.
Les sporanges ont un anneau vertical incomplet. Les spores
sont plus ou moins tétraédriques et lisses.
196
Cette plante doit son nom de Fougère Aigle à la figure
que forment les faisceaux vasculaires du pétiole en coupe
transversale.
Les sporophytes* vont former une communauté qui devien-
dra plus vigoureuse sur les contours qu'au centre. Ceci
correspond au déplacement des rhizomes qui sont de trois
ordres : profonds, superficiels et intermédiaires.
Les
rhizomes profonds sont des organes de réserve,
tandis que les rhizomes superficiels portent les bourgeons
qui se développeront en frondes. Les rhizomes intermédiaires
peuvent évoluer vers l'une ou l'autre forme.
A la base de la fronde se trouve un bourgeon (visible OU
non) et qui peut être viable plusieurs annees, pouvant pro-
duire des ramifications latérales si les rhizomes superfi-
ciels meurent (Watt, 1976).
Le rachis principal se terminé en une crosse qui se
déroule pour émettre des rachis secondaires. La crosse est
complètement déroulee en fin de croissance, c'est-à-dire fin
août dans cette région du Nord-Ouest Cameroun. La croissance
dure environ 2 mois et un sporophyte produit plusieurs
frondes par an. Son âge peut être déterminé au nombre de
noeuds par rhizome superficiel.
2. Ecologie de la fougêre Aigle
Selon D. Rousvoal (1981), dans le Nord-Ouest du Cameroun
l'envahissement par Pteridium aquilinum (L.) Kuhn se fait
progressivement depuis la lisiere des galeries forestières
(ou la fougère Aigle se situe de preférence) vers le sommet
des interfluves. Les frondes sont plus hautes vers les bas de
pentes proches de la galerie forestière que vers les sommets.
L'exploitation traditionnelle des paturages d'altitude
du Nord-Ouest Cameroun s'accompagne d'un feu annuel de saison
sèche, en décembre ou janvier, qui favorise l'expansion de la
fougère Aigle. Les facteurs favorables sont :
a) des rhizomes agressifs et persistants par leur profon
deur (jusqu'à 30 cm),
----------------------
* partie de l'organisme végétal dont le developpement débute
à la fécondation et s'achève avec la formation des spores.
197
b) un mécanisme d'allélopathie qui, selon S.R. Gliessman et
C.H.
Muller (1977) inhibe la croissance des espèces
fourragères. Les phytotoxines contenues dans les frondes
mortes
seraient lessivées par les premières pluies
(début mars) et entraînées au sol.
c) la reproduction sexuée (13 x 108 spores/fronde). Dans
les montagnes du Nord-Ouest Cameroun, la germination des
spores est favorisée par l'humidité au niveau du sol;
présence quasi constante de nuages au niveau du sol de
juin a octobre, pluies importantes de mars à novembre et
sporadiques en saison sèche,
dl
les feux de saison sèche qui, par l'accumulation de
cendres à la surface du sol, transforme le pH du sol.
Immédiatement après les premiéres pluies, un pH de 5,5
(dans cette région) peut btre ainsi élevé à 7. L'élé-
vation du pH à 7,l'humidité et la réduction de la
diversité
microbiotique par le feu sont extrêmement
favorables a la germination des spores. Au Costa Rica,
S.R.Gliessman (1978) a observ$ sur brûlis des densités
de 92 gamétophytes sur 10 cm
dont 20 p-100 ont donné
des sporophytes ;
ce qui équivaut à une couverture
presque totale du sol.
L'implantation des jeunes sporophytes peut s'effectuer
en moins de dix semaines aprés le debut des pluies. Toujours
selon Gliessman, les bas de pentes où s'accumulent les cen-
dres sont encore plus favorables à la germination des spores.
Ces données concordent avec les observations de D. Rousvoal
(1981) sur l'importance des fougères dans les bas de pente à
la lisière des galeries forestieres.
3. Intoxication par la Fougère Aigle
3.1. Epidémiologie
A maintes reprises nous avons eu a constater des foyers
d'intoxication des bovins dans le$ hauts plateaux de l'Ouest
du Cameroun (régions administratives de l'Ouest et du Nord-
Ouest). Cette maladie y est récente, comme l'envahissement
des paturages par la fougère, et est encore três mal identi-
fiée par les éleveurs et les infirmiers vétérinaires.
Les éleveurs Fulani décrivent sous le terme Samore plu-
sieurs entités pathologiques se traduisant par de la fatigue,
de l'essouflement,
de l'anorexie et un poil pique. Parmi
celles-ci,
le Sile ihyâm ("pissement de sang") regroupe en
fait les hémoglobinuries (babésiose et anaplasmose) et les
hématuries.
198
Lorsque les caillots de sang sont émis, certains parlent
de Dàudàm. Il s'agit pour eux d'une forme de la même affec-
tion.
Cette intoxication n'est donc pas Identifi&e comme une
entité particulière,
son étiologie est insoupçonnée.
Une
étude epidémiologique par interrogatoire des éleveurs s'avère
donc difficile.
Les éleveurs rapportent que les bovins consomment les
jeunes frondes alors que l'herbe est séche ; à l'inverse,
Hayakawa (1975) observait que les bovins consommaient la
fougère sèche quand l'herbe était trop riche en eau, pour
augmenter la teneur en fibre de la ration.
Même si la fougère est consommée plut&& en saison sèche,
les apparitions de cas d'intoxication s'étalent tout au long
de l'année. Etant donné l'allure rémittente de l'affection,
il est difficile d'être sûr que la première constatation
correspond bien aux premières manifestations.
Seuls les bovins adultes sont atteints sans distinction
de sexes ou de races locales ou exotiques. Les foyers se
développent aussi bien en élevage traditionnel extensif qu'en
élevage fermier, car la fougére envahit les pâturages natu-
rels mais aussi les champs cultivés ou en jachère.
3.2. Etude clinique
Chez les bovins,
trois formes d'intoxication peuvent
être décrites :
- l'hématurie enzootique (Rosenberger, 1971) est la forme
de loin la plus fréquente dans la région. Elle entraîne une
anémie persistante et un amaigrissement progressif, menant
lentement à la mort.
- l'intoxication aiguë (Evans et al, 1982) est plus rare.
Elle se traduit surtout par des hémorragies intestinales,
parfois des écoulements sanguinolents par les naseaux ou la
vulve.
Il est arrivé de trouver de volumineux caillots de
sang dans le rectum et une fois dans la cavité péritonéale,
ainsi que des pétéchies sur divers organes.
- la forme laryngitique du veau n'a jamais éte observée.
3.3. Examens hématologiques
Lors d'intoxication aiguë, il a été possible de mettre
en évidence, en plus3de l'anémie, une forte leucopénie (2 600
leucocytes
par mm 1
sans
modification de la
formule
leucocytaire. Ceci traduit une forte diminution de l'activité
199
de la moelle osseuse due à une aplasie des séries granulocy-
taires et thrombocytaires (Evans et al, 1982).
28 vaches atteintes
d'hematurie essentielle ont éte
examinées et les résultats comparés aux normes établies par
ailleurs pour les bovins de la region :
- individuellement, cinq animaux ont un nombre d'érythro-
cytes inférieur au minimum admis (5,4 millions), et deux
animaux un nombre de leucocytes supérieur à la norme maximale
(16 000). Toutes les formules leucocytaires sont normales.
- sur l'ensemble de l'échantillon (cf. tableau l), nous
avons une diminution du nombre de globules rouges et une
augmentation du nombre de lymphocytes alors que Prasad (1983)
observe une lymphoponie associée à une neutrophilie.
Tableaul- Valeurs hématologiqes des 28 bovins atteints
d'hkmaturie (par mm de sang)
En résumé,
dans l'hématurie nous n'avons aucun signe
d'altération importante de la moelle osseuse. Ce qui confirme
que les deux formes correspondent à deux pathogénies diffé-
rentes.
Quoiqu'il en soit, il n'existe pas de traitement curatif
.
ou préventif de cette intoxication.
4. Moyens d'bradication de Pteridium aquillnum
Matkriel et méthodes
Des essais ont été pratiqués sur la station expérimen-
tale de Bambui ainsi que sur le ranch SODEPA de Jakiri à des
altitudes de 1800 metres et 2000 mètres
- par D. ROUSVOAL de 1983 B 1985
- par G. MANDRET de 1986 a 1987
200
Les traitements herbicides,
à base d'Asulox (matière
active : asulane) ont été effectuks en ann&e 1,
aux doses
Suivantes :
Traitement 1 : 3 kg m.a. dans 750 l/ha
Traitement 2 : 4,5 kg m.a. dans 750 l/ha
Traitement 3 : 4,5 kg m-a. dans 500 l/ha
Après pulv&risati.on de l'herbicide sur les
frondes
*
adultes,
les observations ont Bté faites par comptage du
nombre de frondes produites chaque année par traitement.
t
RBsultats et discussion
a) Effet des différentes doses sur le contr6le de la fougère
Aigle
Le traitement 8 la dose de 4,5 kg/ha M.A. dans 750 l/ha
de mélange aqueux a montré un effet significatif (P < 0,011.
Tableau 2 - Effet de deux doses d'Asulama
Année après traitement
1
2
3
DOSE
84,l
78,3
70,o
réduction
” 6,6
k 9,6
2 11,9
3,0 kg/ha
du nombre
4,j kg/ha
de frondes
p.100
La vitesse de réenvahissement par Pteridium aquilinum
dépend de l'efficacité du traitement.
Ceci
confirme les
résultats obtenus par Williams (1980).
l
En dessous de 4,5 kg/ha de M.A., une partie des rhizomes
n'est pas détruite. A Bambui, 00 le maximum pluviométrique se
situe entre les mois de juillet et septembre, il est impéra-
tif d'effectuer les traitements début juin. Le mois de juin
correspond, en plus, d la periode de maturitb des frondes,
moment pendant lequel la fougère Aigle est la plus sensible
aux traitements.
L'effet du traitement peut être accentuk en augmentant
la concentration. Ainsi, le même taux de M.A. dilué dans 500
l/ha a permis un meilleur controle (tableau 3).
201
Tableau 3 - Effet de 1'Asulame SI la dose de 4,s kg/ha de M.A.
dans 500 l/ha de mélange aqueux.
~103 de réduction
des frondes
-
99.5
98.5
97,6
L
a
Veersaselcaran et al.
(1976)
avaient
obtenu
des
résultats similaires avec 4,4 kg/ha de M.A. dans 336 l/ha de
mélange aqueux.
b) Effet du traitement sur le couvert v&gétal
L'élimination de la fougère aigle facilite le dévelop-
pement des espèces fourragéres présentes.
Celles-ci vont
recoloniser
l'espace préalablement
occupé par la fougère
(tableau 4).
Tableau 4 - Effet du traitement sur le couvert v&gétal trois
ans aprês traitement
Espéces
p.103 ténuin 'p.lCCl traiti
Graminées
Spc-rcbcLu6 a&icanud
34.0 2 5.7
45.6 t 2.3
Parxum hachtottti
3.0 2 1.4
8,5 2 2.1
Pa)p&m~ a&bicLCeCJLe
4,5 + O,?
5.0 2 2.8
Vigititi debit%
8.0 t 2,3
6.5 t 3.5
PenrtiC.twn chndeatinum
1.5 i 0,7
1.4 r 1.2
.Stiti bphaceti
0,s + 0.3
2.5 t 1.2
tigunineuses
Cchpogonium mucunoîded
0,s f 0,4
1,2 2 0.4
Tti~o&i.um wambanencr
6.0 Z 3.8
4,0 t 0.8
U~mociim nepandum
0.7 t 0.2
1.3 t 0.2
Autres
G~vm.ium oc-
a.5 f 3,4
12.0 * 7.0:
PbOZObperUnUJll 6ebti,jugwn
2000 t 816
30.0 + 3,Ol
Ptehiduun aqu.iCnwn
23.0: 4.7
3.0 ? 2.4
Hypticum PnnceoLalm
7.0 t 3.4
a.0 + 3.4
sida nhombidoein
24.2 + 11,5
20.2 1. 5.2
Ccoton mumobfizchyu4
10‘6 f 4.6
7.6 2 2.5
Rubu pinna&.h
1,6 f 0.9
1.7 + 1.3
202
Or,
remarquera
que
des
graminées
comme
Sporobolus
africanus,
Panicum
hochstetteri et
Setaria
sphacelata
(intéressante
pour
les
animaux)
recolonisent de
façon
significative (P < 0,05) les parcelles traitées. Pennisetum
clandestinum était moins abondant car son mode de propagation
est favorisé par le pbturage très intensif, le piétinement et
l'accumulation de fécès, ce qui n'était pas le cas des
parcelles en expérimentation.
La recolonisation par les espèces fourragères dépend de
l'importance de la litière laissee par la fougère Aigle.
Cette
litière
était
importante
sur
certaines
parcelles
traitées
et l'envahissement par les adventices fut
plus
rapide que la recolonisation par les espèces fourragères.
Sur les pâturages d'altitude du Nord-Ouest Cameroun,
l'embuissonnement consécutif a l'éradication de la fougère
Aigle est rapide si le paturage n'est pas exploité intensive-
ment ou s'il n'est pas brûlé. Ainsi, sur les parcelles
traitées, Psorospermum febrifuqum était plus abondant que sur
les parcelles non traitées (P < 0,05).
5. Conclusion
Dans le Nord-Ouest du Cameroun la fougère Aigle gagne
chaque année du terrain. Bien qu'aucune cartographie annuelle
des pâturages envahis par Pteridium aqui.linÜm (L.) Kuhn ne
Soit faite, on peut constater aisement son exoansion. Cette
dernière,
favorisée par des
feux de saison sèche,
des
mécanismes d'allélopathie et des rhizomes agressifs, entraîne
une constante régression de la productivité des pâturages
d'altitude dans cette région.
En
zone
traditionnelle
d'élevage
les
retombées
économiques d'un tel envahissement peuvent être,
à long
terme,
graves ;
car
aux
risques
de diminution de la
production fourragère s'ajoutent ceux de l'intoxication des
animaux par la fougère.
11 n'existe pas actuellement de
traitement contre cette intoxication et la prévention passe
nécessairement par l'éradication des fougères ou la mise en
defens des zones envahies pendant les périodes où elles sont
consommées.
La lutte chimique avec 4,5 kg/ha d'Asulame permet une
éradication
presque
totale de la
fougère
Aigle,
mais
n'empèche pas la recolonisation (très lente il est vrai) par
cette même fougère et par les plantes adventices.
Une sensibilisation des Eleveurs est indispensable car
tant l'intoxication que les moyens d'éradiquer cette fougère
sont méconnus de ceux-ci.
203
F i q u r e 1 - P~e~&wn aquiLinum
- cJxE.se terin.nale
_---- rachis
rhizome
_-Ve--
204
Bibliographie
BOEDYN (K.) - Les plantes du monde. Paris, Hachette, 1966.
Vol. 3 pp. 360-364.
EVANS (W.C.),
PATEL (M.C.),
KOOHY (Y.) - Acute bracken
poisoning in monogastric and ruminant animals. Proc. r. Soc.
Edinburg, 1982, 81B : 29-64.
GLIESSMAN (S-R.) - The establishment of bracken following
'
fire in tropical habitats. Am. Fern. J., 1978,
68 (2) :
-
41-44.
.,
GLIESSMAN (S.R.), MULLER (G.H.) - The allelopathic mechanisms
of dominante in bracken (Pteridium aquilinum) in southern
California. J. Chem. Ecol., 1977, 4 (3) : 337-362.
-
HAYAKAWA (Y.) - Bracken feeding by cattle in the pasture. 4.
Positive
bracken
feeding by
Young
heifers on
the
supplementing for-m. Herb. Abstr., 1975, 45 : 109, n"1100.
-
PRASAD (M.C.) - Haematological and biochemical alterations in
enzootic bovine haematuria.
Acta Vet.
Brno,
1983, 52 :
-
157-181.
ROSENBERGER (G.) - Nature, manifestations, cause and control
of chronic enzootic haematuria in cattle. Vet. Med. Rev.,
1971, (2-3) : 189-206.
ROUSVOAL (D.) - Lutte contre la fougère Pteridium aquilinum
dans les pâturages d'altitude du nord-ouest du Cameroun. Note
sur les essais préliminaires menés à la station I.R.Z. de
Bambui.
Revue Elev. Med. vét. Pays trop., 1981, 34 (1)
-
:
101-107.
SCRABB (E.B.), MCKELVIE (A.D.), KILGOUR (D.W.) - Further work
on the control of bracken in the north of Scotland. In :12 th
British Weed Control Conference, Brighton, England, 1974.
n
VEERASELCARAN (P.), KIRKWOOD (R.C.) and FLETCHER (W.W.) - The
mode of action of Asulam (methyl,
4-aminobenzensulphonyl, >I
carbamate) in bracken. Bot. J. Linnean Soc.,
1976, 73 :
-
247-268.
WATT (A.S.)
- The ecological status of bracken.
Bot. J.
Linnean Soc., 1976, 73 : 217-219.
-
WILLIAMS
(G.H.) - Follow-up treatment for control of
Pteridium aquilinum. In : Proc. Brit. Crop. Protect. Conf.
Weeds., 1980. pp. 423-46.
WILLIAMS (G.H.), FRASER (D.) - The effects of Asulam, frond
cutting and ground minera1 phosphate on the yield of swards
dominated by bracken. Grass For. Sci., 1974, 34 : 95-100.
-
1-R-Z. / I.E.M.V.T.
- N'Gaoundérb (Cameroun) - 16-20 novembre 1987
(Etudes et synthhses de 1'I.E.M.V.T. n'30 :189 - 204)
LA FOUGERE AIGLE, PTERIDIUM AQUILINUM (L.) KUHN
AU NORD-OUEST CAMEROUN
G. Mandret, P. Merlin*
L
.
*I.R.Z./I.E.M.V.T.-C.I.R.A.D.
- Station de Bambui - B.P.80
Bamenda - Cameroun
adresse actuelle : L.N.E.R.V.-B.P. 2057 - Dakar - Sénkgal
191
LA FOUGERE AIGLE, PTERIDIUM AQUILINUM (L.) KU'HN
AU NORD-OUEST CAMEROUN
G. Mandret, P. Merlin
I-R-I.,'I.E.M.V.T.-C.I.R.A.D.
- Station de Bdmbui - B.P. 8û
Bamenda - Cameroun
adresse actuelle : L.N.E.R.V. - B.P. 2057 - Dakar - Sénégal
RESUME
En l'absence de traitements chimiques
sur Pteridium
aquilinum (L.) Kuhn,
suivis d'une gestion appropriée des
parcours naturels,
les pâturages d'altitude du Nord-Ouest
Cameroun sont progressivement envahis par cette fougére. Les
auteurs étudient l'écologie de la plante et l'intoxication
provoquée sur les bovins par la consommation de fougère
aigle, Pteridium aquilinum (L.) Kuhn, ainsi que les moyens de
lutte pour son éradication. L'Btude clinique de cette intoxi-
cation est complétée par des examens hématologiques. La lutte
chimique, a base d'Asulame (3 et 4,5 kgjha matiere active)
est entreprise a des altitudes de 1 800 m et 2 000 m.
L'observation des résultats est effectuée par comptage des
frondes pendant les 4 années qui ont suivi le traitement.
La recolonisation des pâturages par la fougère est fonc-
tion de la dose et de la concentration en herbicide employé
lors du premier traitement. L'emploi de 4,5 kg/ha d'asulame a
permis un
contrale très efficace et significatif
de la
fougère aigle,
permettant une réimplantation des espèces
fourragères. L'amélioration des pâturages d'altitude de cette
région passe donc par l'éradication de la fougère aigle.
Mots-clefs : FOUGERE AIGLE ; PLANTE TOXIQUE ; HERBICIDE ;
ASULAME ; CAMEROUN ; HEMATURIE
193
THE BRACKEN FERN, PTERIDIUM AQUILINUM (L.) Kuhn IN THE N0RTI.I
NEST OF CAMEROUN
G. Mandret et P. Merlin
I.R.Z./I.E.M.V.T.-C.I.R.A.D. - Station de Bambui - B.P.80
Bamenda - Cameroun
In absence of follow-up treatments or an appropriate
grazing management following an initial spray of the bracken
fern, Pteridium aquilinum (L.) Kuhn, hi11 grazing pastures in
the North West of Cameroon are colonized by this bracken
fern. This study evaluates the effect of Pteridium aquilinum
(L.) Kuhn infested pastures on cattle poisoning and the ef-
fect of chemical control on Pteridium aquilinum reinfesta-
tion. Cattle poisoning analysis was done by clinical obser-
vations and by comparing blood cells in suffering cattle to
those from non suffering cattle. Chemical control was done
using Asulam at rates of 3 kg/ha a-i.. and 4,5 kg/ha a.i. on
pastures situated at 1 800 m and 2 000 m above sea level.
Assessment of treatments were made by counting annually the
total number of fronds in each treatment. Vegetation compo-
sition was assessed by measuring caver of individual species
after 3 years of regrowth.
Reinfestation of treated areas depended very much on the
effectiveness of initial treatment. Areas sprayed at rate of
4,5 kg/ha a-i. were significantly a.i. Sprayed areas showed
substantial increase in forage grass species. Thus the qua-
lity of hi11 grazing pastures cari be upgrated by controlling
bracken fern on infested areas.
Keywords: BRACKEN FERN; TOXIC PLANT: HERBICID; CAMEROON
HAEMATURIA
195
Introduction
La fougère Aigle, Pteridium aquilinum (L.) Kuhn, est une
plante
cosmopolite.
En zone tropicale,
elle
envahit les
paturages naturels d'altitude.
Très largement répandue sur
les hauts plateaux du Nord-ûüest Cameroun, on la trouve SUT
des sols acides (pH = 5,5) où elle envahit 60 à 90 p.100 des
surfaces pâturables. Son expansion est favorisée 8 la fois
par deux feux de saison sèche dont les cendres augmentent le
pouvoir germinatif des spores, et par des mécanismes d'allé-
lopathie ainsi que par des rhizomes agressifs.
En zone d'élevage extensif,
cette fougère présente un
risque d'intoxication des animaux,
risque qui est très mal
connu des éleveurs.
Face
aux
problèmes
qu'entraîne
l'envahissement
des
pâturages naturels par Pteridium aquilinum
(L.) Kuhn, la
meilleure solution est actuellement la lutte chimiaue oar
application d'Asulame sur la fougère a son stade adulte. Sur
huit matières actives testées a la station expérimentale de
1'IRZ Bambui,
dans le Nord-Ouest Cameroun,
les meilleurs
résultats ont eté obtenus avec 4,5 kg/ha d'Asulame.
1. Description botanique
Pteridium aquilinum (L.) Kuhn appartient 8 la classe des
Filicinae, c'est-à-dire des fougères d feuilles aénéralement
pennées et de grande taille, macrophylles. Les fougères font
partie d'une classe de plantes trés anciennes (Dévonien) et
sont classées,
d'après l'épaisseur de la membrane de leurs
sporanges, en Eusporangiatae. Pteridium aquillnum (L.) Kuhn,
Pteridaceae, ordre des Filicales,
est dans la sous-classe des
Leptosporangiatae,
laquelle se caractérise par un sporange a
paroi mince, formée d'une seule couche de cellules (Boedyn,
1966). Les sporanges sont généralement groupés en bouquets ou
en sores, sur le bord de la feuille, sur le limbe ou le long
de la nervure centrale, protégés par une differenciation de
l'épiderme ou indusie.
Pteridium aquilinum (L.) Kuhn est une fougère terrestre.
Les feuilles composées, très divisees. pennées, sont plus ou
moins poilues et ont une consistance dure. Les sores,-dispo-
sés le long des bords des pinnules,
sont recouverts par le
bord replié de la feuille et protégés par une indusie vraie.
Les sporanges ont un anneau vertical incomplet. Les spores
sont plus ou moins tétraédriques et lisses.
196
Cette plante doit son nom de Fougère Aigle à la figure
que forment les faisceaux vasculaires du pétiole en coupe
transversale.
Les sporophytes* vont former une communauté qui devien-
dra plus vigoureuse sur les contours qu'au centre. Ceci
correspond au déplacement des rhizomes qui sont de trois
ordres : profonds, superficiels et intermédiaires.
Les
rhizomes profonds sont des organes de réserve,
tandis que les rhizomes superficiels portent les bourgeons
qui se développeront en frondes. Les rhizomes intermédiaires
peuvent évoluer vers l'une ou l'autre forme.
A la base de la fronde se trouve un bourgeon (visible OU
non) et qui peut être viable plusieurs annees, pouvant pro-
duire des ramifications latérales si les rhizomes superfi-
ciels meurent (Watt, 1976).
Le rachis principal se terminé en une crosse qui se
déroule pour émettre des rachis secondaires. La crosse est
complètement déroulee en fin de croissance, c'est-à-dire fin
août dans cette région du Nord-Ouest Cameroun. La croissance
dure environ 2 mois et un sporophyte produit plusieurs
frondes par an. Son âge peut être déterminé au nombre de
noeuds par rhizome superficiel.
2. Ecologie de la fougêre Aigle
Selon D. Rousvoal (1981), dans le Nord-Ouest du Cameroun
l'envahissement par Pteridium aquilinum (L.) Kuhn se fait
progressivement depuis la lisiere des galeries forestières
(ou la fougère Aigle se situe de preférence) vers le sommet
des interfluves. Les frondes sont plus hautes vers les bas de
pentes proches de la galerie forestière que vers les sommets.
L'exploitation traditionnelle des paturages d'altitude
du Nord-Ouest Cameroun s'accompagne d'un feu annuel de saison
sèche, en décembre ou janvier, qui favorise l'expansion de la
fougère Aigle. Les facteurs favorables sont :
a) des rhizomes agressifs et persistants par leur profon
deur (jusqu'à 30 cm),
----------------------
* partie de l'organisme végétal dont le developpement débute
à la fécondation et s'achève avec la formation des spores.
197
b) un mécanisme d'allélopathie qui, selon S.R. Gliessman et
C.H.
Muller (1977) inhibe la croissance des espèces
fourragères. Les phytotoxines contenues dans les frondes
mortes
seraient lessivées par les premières pluies
(début mars) et entraînées au sol.
c) la reproduction sexuée (13 x 108 spores/fronde). Dans
les montagnes du Nord-Ouest Cameroun, la germination des
spores est favorisée par l'humidité au niveau du sol;
présence quasi constante de nuages au niveau du sol de
juin a octobre, pluies importantes de mars à novembre et
sporadiques en saison sèche,
dl
les feux de saison sèche qui, par l'accumulation de
cendres à la surface du sol, transforme le pH du sol.
Immédiatement après les premiéres pluies, un pH de 5,5
(dans cette région) peut btre ainsi élevé à 7. L'élé-
vation du pH à 7,l'humidité et la réduction de la
diversité
microbiotique par le feu sont extrêmement
favorables a la germination des spores. Au Costa Rica,
S.R.Gliessman (1978) a observ$ sur brûlis des densités
de 92 gamétophytes sur 10 cm
dont 20 p-100 ont donné
des sporophytes ;
ce qui équivaut à une couverture
presque totale du sol.
L'implantation des jeunes sporophytes peut s'effectuer
en moins de dix semaines aprés le debut des pluies. Toujours
selon Gliessman, les bas de pentes où s'accumulent les cen-
dres sont encore plus favorables à la germination des spores.
Ces données concordent avec les observations de D. Rousvoal
(1981) sur l'importance des fougères dans les bas de pente à
la lisière des galeries forestieres.
3. Intoxication par la Fougère Aigle
3.1. Epidémiologie
A maintes reprises nous avons eu a constater des foyers
d'intoxication des bovins dans le$ hauts plateaux de l'Ouest
du Cameroun (régions administratives de l'Ouest et du Nord-
Ouest). Cette maladie y est récente, comme l'envahissement
des paturages par la fougère, et est encore três mal identi-
fiée par les éleveurs et les infirmiers vétérinaires.
Les éleveurs Fulani décrivent sous le terme Samore plu-
sieurs entités pathologiques se traduisant par de la fatigue,
de l'essouflement,
de l'anorexie et un poil pique. Parmi
celles-ci,
le Sile ihyâm ("pissement de sang") regroupe en
fait les hémoglobinuries (babésiose et anaplasmose) et les
hématuries.
198
Lorsque les caillots de sang sont émis, certains parlent
de Dàudàm. Il s'agit pour eux d'une forme de la même affec-
tion.
Cette intoxication n'est donc pas Identifi&e comme une
entité particulière,
son étiologie est insoupçonnée.
Une
étude epidémiologique par interrogatoire des éleveurs s'avère
donc difficile.
Les éleveurs rapportent que les bovins consomment les
jeunes frondes alors que l'herbe est séche ; à l'inverse,
Hayakawa (1975) observait que les bovins consommaient la
fougère sèche quand l'herbe était trop riche en eau, pour
augmenter la teneur en fibre de la ration.
Même si la fougère est consommée plut&& en saison sèche,
les apparitions de cas d'intoxication s'étalent tout au long
de l'année. Etant donné l'allure rémittente de l'affection,
il est difficile d'être sûr que la première constatation
correspond bien aux premières manifestations.
Seuls les bovins adultes sont atteints sans distinction
de sexes ou de races locales ou exotiques. Les foyers se
développent aussi bien en élevage traditionnel extensif qu'en
élevage fermier, car la fougére envahit les pâturages natu-
rels mais aussi les champs cultivés ou en jachère.
3.2. Etude clinique
Chez les bovins,
trois formes d'intoxication peuvent
être décrites :
- l'hématurie enzootique (Rosenberger, 1971) est la forme
de loin la plus fréquente dans la région. Elle entraîne une
anémie persistante et un amaigrissement progressif, menant
lentement à la mort.
- l'intoxication aiguë (Evans et al, 1982) est plus rare.
Elle se traduit surtout par des hémorragies intestinales,
parfois des écoulements sanguinolents par les naseaux ou la
vulve.
Il est arrivé de trouver de volumineux caillots de
sang dans le rectum et une fois dans la cavité péritonéale,
ainsi que des pétéchies sur divers organes.
- la forme laryngitique du veau n'a jamais éte observée.
3.3. Examens hématologiques
Lors d'intoxication aiguë, il a été possible de mettre
en évidence, en plus3de l'anémie, une forte leucopénie (2 600
leucocytes
par mm 1
sans
modification de la
formule
leucocytaire. Ceci traduit une forte diminution de l'activité
199
de la moelle osseuse due à une aplasie des séries granulocy-
taires et thrombocytaires (Evans et al, 1982).
28 vaches atteintes
d'hematurie essentielle ont éte
examinées et les résultats comparés aux normes établies par
ailleurs pour les bovins de la region :
- individuellement, cinq animaux ont un nombre d'érythro-
cytes inférieur au minimum admis (5,4 millions), et deux
animaux un nombre de leucocytes supérieur à la norme maximale
(16 000). Toutes les formules leucocytaires sont normales.
- sur l'ensemble de l'échantillon (cf. tableau l), nous
avons une diminution du nombre de globules rouges et une
augmentation du nombre de lymphocytes alors que Prasad (1983)
observe une lymphoponie associée à une neutrophilie.
Tableaul- Valeurs hématologiqes des 28 bovins atteints
d'hkmaturie (par mm de sang)
En résumé,
dans l'hématurie nous n'avons aucun signe
d'altération importante de la moelle osseuse. Ce qui confirme
que les deux formes correspondent à deux pathogénies diffé-
rentes.
Quoiqu'il en soit, il n'existe pas de traitement curatif
.
ou préventif de cette intoxication.
4. Moyens d'bradication de Pteridium aquillnum
Matkriel et méthodes
Des essais ont été pratiqués sur la station expérimen-
tale de Bambui ainsi que sur le ranch SODEPA de Jakiri à des
altitudes de 1800 metres et 2000 mètres
- par D. ROUSVOAL de 1983 B 1985
- par G. MANDRET de 1986 a 1987
200
Les traitements herbicides,
à base d'Asulox (matière
active : asulane) ont été effectuks en ann&e 1,
aux doses
Suivantes :
Traitement 1 : 3 kg m.a. dans 750 l/ha
Traitement 2 : 4,5 kg m.a. dans 750 l/ha
Traitement 3 : 4,5 kg m-a. dans 500 l/ha
Après pulv&risati.on de l'herbicide sur les
frondes
*
adultes,
les observations ont Bté faites par comptage du
nombre de frondes produites chaque année par traitement.
t
RBsultats et discussion
a) Effet des différentes doses sur le contr6le de la fougère
Aigle
Le traitement 8 la dose de 4,5 kg/ha M.A. dans 750 l/ha
de mélange aqueux a montré un effet significatif (P < 0,011.
Tableau 2 - Effet de deux doses d'Asulama
Année après traitement
1
2
3
DOSE
84,l
78,3
70,o
réduction
” 6,6
k 9,6
2 11,9
3,0 kg/ha
du nombre
4,j kg/ha
de frondes
p.100
La vitesse de réenvahissement par Pteridium aquilinum
dépend de l'efficacité du traitement.
Ceci
confirme les
résultats obtenus par Williams (1980).
l
En dessous de 4,5 kg/ha de M.A., une partie des rhizomes
n'est pas détruite. A Bambui, 00 le maximum pluviométrique se
situe entre les mois de juillet et septembre, il est impéra-
tif d'effectuer les traitements début juin. Le mois de juin
correspond, en plus, d la periode de maturitb des frondes,
moment pendant lequel la fougère Aigle est la plus sensible
aux traitements.
L'effet du traitement peut être accentuk en augmentant
la concentration. Ainsi, le même taux de M.A. dilué dans 500
l/ha a permis un meilleur controle (tableau 3).
201
Tableau 3 - Effet de 1'Asulame SI la dose de 4,s kg/ha de M.A.
dans 500 l/ha de mélange aqueux.
~103 de réduction
des frondes
-
99.5
98.5
97,6
L
a
Veersaselcaran et al.
(1976)
avaient
obtenu
des
résultats similaires avec 4,4 kg/ha de M.A. dans 336 l/ha de
mélange aqueux.
b) Effet du traitement sur le couvert v&gétal
L'élimination de la fougère aigle facilite le dévelop-
pement des espèces fourragéres présentes.
Celles-ci vont
recoloniser
l'espace préalablement
occupé par la fougère
(tableau 4).
Tableau 4 - Effet du traitement sur le couvert v&gétal trois
ans aprês traitement
Espéces
p.103 ténuin 'p.lCCl traiti
Graminées
Spc-rcbcLu6 a&icanud
34.0 2 5.7
45.6 t 2.3
Parxum hachtottti
3.0 2 1.4
8,5 2 2.1
Pa)p&m~ a&bicLCeCJLe
4,5 + O,?
5.0 2 2.8
Vigititi debit%
8.0 t 2,3
6.5 t 3.5
PenrtiC.twn chndeatinum
1.5 i 0,7
1.4 r 1.2
.Stiti bphaceti
0,s + 0.3
2.5 t 1.2
tigunineuses
Cchpogonium mucunoîded
0,s f 0,4
1,2 2 0.4
Tti~o&i.um wambanencr
6.0 Z 3.8
4,0 t 0.8
U~mociim nepandum
0.7 t 0.2
1.3 t 0.2
Autres
G~vm.ium oc-
a.5 f 3,4
12.0 * 7.0:
PbOZObperUnUJll 6ebti,jugwn
2000 t 816
30.0 + 3,Ol
Ptehiduun aqu.iCnwn
23.0: 4.7
3.0 ? 2.4
Hypticum PnnceoLalm
7.0 t 3.4
a.0 + 3.4
sida nhombidoein
24.2 + 11,5
20.2 1. 5.2
Ccoton mumobfizchyu4
10‘6 f 4.6
7.6 2 2.5
Rubu pinna&.h
1,6 f 0.9
1.7 + 1.3
202
Or,
remarquera
que
des
graminées
comme
Sporobolus
africanus,
Panicum
hochstetteri et
Setaria
sphacelata
(intéressante
pour
les
animaux)
recolonisent de
façon
significative (P < 0,05) les parcelles traitées. Pennisetum
clandestinum était moins abondant car son mode de propagation
est favorisé par le pbturage très intensif, le piétinement et
l'accumulation de fécès, ce qui n'était pas le cas des
parcelles en expérimentation.
La recolonisation par les espèces fourragères dépend de
l'importance de la litière laissee par la fougère Aigle.
Cette
litière
était
importante
sur
certaines
parcelles
traitées
et l'envahissement par les adventices fut
plus
rapide que la recolonisation par les espèces fourragères.
Sur les pâturages d'altitude du Nord-Ouest Cameroun,
l'embuissonnement consécutif a l'éradication de la fougère
Aigle est rapide si le paturage n'est pas exploité intensive-
ment ou s'il n'est pas brûlé. Ainsi, sur les parcelles
traitées, Psorospermum febrifuqum était plus abondant que sur
les parcelles non traitées (P < 0,05).
5. Conclusion
Dans le Nord-Ouest du Cameroun la fougère Aigle gagne
chaque année du terrain. Bien qu'aucune cartographie annuelle
des pâturages envahis par Pteridium aqui.linÜm (L.) Kuhn ne
Soit faite, on peut constater aisement son exoansion. Cette
dernière,
favorisée par des
feux de saison sèche,
des
mécanismes d'allélopathie et des rhizomes agressifs, entraîne
une constante régression de la productivité des pâturages
d'altitude dans cette région.
En
zone
traditionnelle
d'élevage
les
retombées
économiques d'un tel envahissement peuvent être,
à long
terme,
graves ;
car
aux
risques
de diminution de la
production fourragère s'ajoutent ceux de l'intoxication des
animaux par la fougère.
11 n'existe pas actuellement de
traitement contre cette intoxication et la prévention passe
nécessairement par l'éradication des fougères ou la mise en
defens des zones envahies pendant les périodes où elles sont
consommées.
La lutte chimique avec 4,5 kg/ha d'Asulame permet une
éradication
presque
totale de la
fougère
Aigle,
mais
n'empèche pas la recolonisation (très lente il est vrai) par
cette même fougère et par les plantes adventices.
Une sensibilisation des Eleveurs est indispensable car
tant l'intoxication que les moyens d'éradiquer cette fougère
sont méconnus de ceux-ci.
203
F i q u r e 1 - P~e~&wn aquiLinum
- cJxE.se terin.nale
_---- rachis
rhizome
_-Ve--
204
Bibliographie
BOEDYN (K.) - Les plantes du monde. Paris, Hachette, 1966.
Vol. 3 pp. 360-364.
EVANS (W.C.),
PATEL (M.C.),
KOOHY (Y.) - Acute bracken
poisoning in monogastric and ruminant animals. Proc. r. Soc.
Edinburg, 1982, 81B : 29-64.
GLIESSMAN (S-R.) - The establishment of bracken following
'
fire in tropical habitats. Am. Fern. J., 1978,
68 (2) :
-
41-44.
.,
GLIESSMAN (S.R.), MULLER (G.H.) - The allelopathic mechanisms
of dominante in bracken (Pteridium aquilinum) in southern
California. J. Chem. Ecol., 1977, 4 (3) : 337-362.
-
HAYAKAWA (Y.) - Bracken feeding by cattle in the pasture. 4.
Positive
bracken
feeding by
Young
heifers on
the
supplementing for-m. Herb. Abstr., 1975, 45 : 109, n"1100.
-
PRASAD (M.C.) - Haematological and biochemical alterations in
enzootic bovine haematuria.
Acta Vet.
Brno,
1983, 52 :
-
157-181.
ROSENBERGER (G.) - Nature, manifestations, cause and control
of chronic enzootic haematuria in cattle. Vet. Med. Rev.,
1971, (2-3) : 189-206.
ROUSVOAL (D.) - Lutte contre la fougère Pteridium aquilinum
dans les pâturages d'altitude du nord-ouest du Cameroun. Note
sur les essais préliminaires menés à la station I.R.Z. de
Bambui.
Revue Elev. Med. vét. Pays trop., 1981, 34 (1)
-
:
101-107.
SCRABB (E.B.), MCKELVIE (A.D.), KILGOUR (D.W.) - Further work
on the control of bracken in the north of Scotland. In :12 th
British Weed Control Conference, Brighton, England, 1974.
n
VEERASELCARAN (P.), KIRKWOOD (R.C.) and FLETCHER (W.W.) - The
mode of action of Asulam (methyl,
4-aminobenzensulphonyl, >I
carbamate) in bracken. Bot. J. Linnean Soc.,
1976, 73 :
-
247-268.
WATT (A.S.)
- The ecological status of bracken.
Bot. J.
Linnean Soc., 1976, 73 : 217-219.
-
WILLIAMS
(G.H.) - Follow-up treatment for control of
Pteridium aquilinum. In : Proc. Brit. Crop. Protect. Conf.
Weeds., 1980. pp. 423-46.
WILLIAMS (G.H.), FRASER (D.) - The effects of Asulam, frond
cutting and ground minera1 phosphate on the yield of swards
dominated by bracken. Grass For. Sci., 1974, 34 : 95-100.
-