SEFINAIRE PRODUCTION ANIXALE 24 - 26 MARS 1981 ...
SEFINAIRE PRODUCTION ANIXALE
24 - 26 MARS 1981
VALORISATION DES FOURRAGES PAUVRES
PAR LES RUMNANTS
Par H. GUERIN
Service de Physiologie du LNERV
REF. No 057/PHYSIO.
t!ARS 1981

VALORISATION DES FOURRAGES PAUVRES
PAR LES RUMINANTS
INTRODUCTION : DEFINITION DES FOURRAGES PAUVRES
1 - TECHNOLOGIE DES'FCXJRBAGES PAUVRES : SES LIMITES
I/l - Rkolte en foins
1/2 - Ensilages
1/3 - Traitements chimiques et bactériologiques
1/4 - Hachage
II - AMELIORATION DE L'UTILISATION TRADITIONNELLE DES FOURRAGES PAWRES
PAR L'ANIMAL :
II/1 - Actions L;UT le milieu
II/2 - Actions nutritionnelles
II/2/1 - Complémentation minérale
11/2/2 - Complémentation énergétique et azotée par les tourteaux
11/2/3 - kféthades d'étude de la valeur alimentaire des parcours
et des effets de la complémentation,
CONCLUSION.

VALORISATION DES FOURRAGES PAUVRES
PAR LES RUMINANTS
Cet exposé ne s'appuie pas sur des résultats expérimentaux mais
sur des réflexions formulées après une premi&e expérience en pays
sah&ien et un bref séjour au Sénégal. Les idées avancées peuvent dom
ZXre largement discutables et discutées, ce qui est l'objet de ce
séminaire.
INTRODUCTION : DEFINITION DES FOURRAGES PAUVRES
On entend habituellement par fourrages pauvres les plantes ou
organes de plantes, arrivés à rraturité, riches en matières cellulosiques
et pauvres en azote. Ces caractéristiques chimiques sont les facteurs
limitants de leur utilisation digestive :
- l'irazrustation des glucides pariétaux par la lignine, fonction de
l'âge de la plante, de l'espèce, de l'organe, etc... fait diminuer
la digestibilité de la cellulose et de la matière organique ;
- l'apport d'azote insuffisant, mkns de 6 à 7 p.100 de matières azotées
totales dans la matière sèche, limite la croissance et l'activité
microbiennes, en particulier l'activitg cellulolytique. Cette carence
en azote au niveau du rumen peut être facilement mise en évidence par
le dosage de l'azote ammoniacal, facteur limitant primkre de la
digestion microbienne, les facteurs limitants secondaires étant la
disponibilité en énergie fermentescible et en certains mikaux.
Les conséquemes pour l'animal sont bien connues : la digestion
est lente et incomplète, l'effet d'encombrement est élevé limitant
ainsi, la consomn&ion spontanée d'un fourrage déjà peu appét6. La
faible digestibilité de la matière organique en-traîne une sous-nutrition
énergétiqw, et l'apport en matières azotées digestibleest souvent nul.
. . ./ . . .

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Ces fourrages peuvent être divisés en deux groupes du point de vue
de leur appétibilité :
- les pâturages sahéliens domin& par les graminées annuelles, les
pailles de riz, les coques d'arachide ou de coton consommables avec
un minimum de refus ;
- deuxièmzrwnt, les pZkti-,qmes soudano-guinéens constitués de graminées
pérennes, les feuilles et tiges de mil, maïs et sorgti, objets de
refus importants.
1 - TECIiNOLoGIE DES'FOURRAGES PAUVRES : SES LIMITES
De nombreuses solutions ont été envisagées pour améliorer l'utilisa-
tion de ces disponibles fourrager% :
- fawhes des prairies naturelles avant maturité et conservation en foin
ou en ensilage
- traitements mkaniques, chimiques ou bactiiriologiques des pailles de
céréales ou des coques d901fsgineux.
L'ensemble de ces procédés pose d Innombrables problèmes techniques
et, en supposant qu'ils soient rés.nlus, il apparaît que les fourrages
ainsi traités ne rep$kenteront toujours qu'une infime partie de la
masse fourragère totale et seront réservés à des productions ou à des
stades physiologiques des animaux bien spécifiques : embouche paysanne
ou tiustrielle, animaux de culture attelée, jeunes en période de sevrage,
etc...; ceci sans compter que l'utilisation de la biorrasse à des fins
énergétiques v,a être de plu.1s en L D~US concurrente de l'alimentation
animle : le problème est déjà réel pour les coques d'oléagineux.
L'essentiel des troupeaux'naisseurs!'
ou en croissance risque donc de
consommer encore longtemps les pailles s&hes de graminées naturelles
sur pied ainsi que les rkidus de cultures sur les champs.
. . /. ..*

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C&aillons cepm%mt les limites de ces techniques de consw+vatim
ou de tr+G,temnts amh1imateu.m de la digestibilitG.
I/l - R&olta en foin
Laholteen foin en zone sahélienne 6emtoujoursUmit& par la
faiblesse des xwxkmnts, le plus souvent infkrieur a 1 tonne par hwtare,
le travailde fauche étantpropartionnel mn pas 3 la productimrmia a
la surface.
\\
Eh zone plus humide oii les rendmnts sont supériam, 2 a 3 tcwmes
par hectare:, la fenaison n'est possible, en raison des contraintes cli-
mxtiques, que bkvque le$ grmm+es sont dOja très lignifiées.
1/2 - Ehsî.hges
L'ensilage dev&.t permttre une rholte a un stade plus phcoce,
mis les gt?amin&6 pdJ?i.deS tl?opiCaks paLIvre 633 ghXideS 6OhAbhS
se pr@tent rml 3 ce nwde de conservaticm. Il fauhit pour r&.wir ces
,
ensilages dispxxr de matériels de fauck, de hxhage, de txwmpmt @t
de tassage t&s performnts ct sans doute utilibx?r"l de6 corwerwtews,
ce qui suppose une technologie et une kmncmie de l'élevage titi k%i-
gnées da ce qu'elles sont actuellement. M&m en station, In qualit de
ces ensiJ.ages n'est pas régulière ; et si celui des m!i6 et mil '$kmte
~$Zre", riclw 6n amidon, donne d'xmzz bons résultats, toujours en
statim, les quelques tentativea quu xxx6 won6 obowvhso en milieu
viAwis se ~so'l&rent peur la distrihtion aux ar&mux d’un fourrage
plu6 pwrri qu'ensi% et en tout ~3s mins bien con4 que 1~ r&m
fourmge distrilm~ sec. Ici le nwnquede mtériel, très onéreux, ml6
pzwaît @us limitant que le nmnque de technicité.
.L. / . . .

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1/3 - TraitementS chimiques et bact6riOlogiques
Les traitements chimiques et bactériologiques des pailles de c&&-
les ou coques d'oléagineux nécessitent er~ore de nombreuses mises au
point. D'ores et déjà, outre les différents problèmes techniques qu'ils
posent, il. semble que les traitements chimiques ne peuvent être rentables
dans le contexte actuel de l'élevage.
1/4 - Hachaee
Le M%age par contre est unetechnique simple, vulgarisable ; il
reste néanmoins à en préciser les no^mes, la valeur alimentaire des
fourrages obtenus et à proposer des rations types aux éleveurs suscepti-
bles de les utiliser.
Le développent de ces différent~techniques, je m'excuses d'insis-
ter, ne profitera qu'à une faible partie du troupeau. La mjorite des
bovins, ovins et caprins continuera encore longtemps sa quête sur les
parcours et les résidus de récolte. Heureusement ces animaux dispsent
de pas mal d*atouts :
- possibilité de ckusix des organes et des espèces les plus riches pen-
dantlapremière partiedela saison s&he ;
- p?iturages aériens de lémeuses arbustives riches en azote ;
- adaptation physiologique à une alimentation pauvre sujette à de grandes
variations saisonnières ; par exemple :mobilisation des r&erves,
croissance compensatrice, capacité d'ingestion et possibilité de
recyclage de l'urée su$rieures à celles des animaux des zones tempérées.
. . . / . . .

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II - AMELIORATION DE'C'UTILISATION TRADITIONNELLE DES FOURRAGES PAWRES
PARL'ANIMAL
Par quels rfr~yens peut-on intervenir pour favoriser encore l'adapta-
tion de l'animal à son milieu ?
II/1 - Actions Gur le milieu
En premier lieu par l'amélioration de la composition floristique,
introduction d'arbres fourragers par exemple, et de la gestion des
fi-h-rages n&urels ce qui est du domaine de l'agrostologie.
IIi2 - Actions nutritionnelles
Parallèlewnt, des actions nutritionnelles doivent permettre
d'optimiser l'utilisation de ces fourrages. Il faut chercher à mettre
au point des complémentations agissant doublement sur l'état nutrition-
neldel'animal et surceluide sa floremicrobienne poüraméliorer
l'utilisation de la ration de base. En effet, alors que les aliments
cowent&s ont des effets négatifs (acidification du jus de rumen, compé-
tition pour l'utilisation des nutriments entre les flores amylolytique
etcellulolytique . ..) sur l'utilisation digestive des fourrages moyens
ou riches, on observe des intéractions positives entre ces mêmes aliments
concent& distribués en quanti-t& moderées (10 à 30 p.100 de la ration
totale) et les fourrages pauvres,
Ces interactions positives sur l'ingestibilité et la digestibilité
augmentent avec la teneur en azote de l'aliment concentr6 et s'annulent
pour devenir négatives au delà d'un certain niveau de complémentation
d'autant plus élevé que le fourrage est pauvre.
. . /. . . .

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II/2/1 - Com@émentation miri&ale
--- ----------------u---
Les besoins en mineraux des animaux comnerzent à être connus, des
c-es ont été identifiées et des formüles établies, il reste peut-être
à les Pr&iser régionalement. Nais la flore du rumen a aussi des besoins
spécifiques, ~ET exemple une amélioration de l'activité cellulolytique
a été observée en complémentant des fourrages pwvres avec du cobalt,
du cuivre ou du molybdène. Les recherches dans ce sens sont donc très
importantes.
11/2/2 - Com@nentation énerg&ique et azotée : utilisation
--- c.m----M--------I m-e ------------------_-------
des tourteaux
."---m.--------
Dans le cadre d'une complémentation économique où les aliments
concentr& ne représentent que 10 à 20 p.100 de la r&ion, l'apport
énergétique et azoté peut @tre assure F les tourteaux seuls.
Ils ont une teneur en énergie ccznpzable à celle des céréales et
contiennent 10 à 15p,lOC de gluç:ides solubles.
Les risques d'une suralimentation azotée et de gaspillage de l'azote
ne sont malheureusement pas à craindre. Les aliments concent&s énergétiques
au sens &ict semblent d'ailleurs sans grand avenir dans l'alimentation
des animaux au @tu-rage : en effet, si l'agriculture arrive à produire
un excédent deV&éales grains" disponible pur l'élevage, il sera
destiné préférentiellement aux rronogastriques, porcs et volailles, pur
lesquels ce type d'aliments doit représenter la plus grande partie de
la ration. Les autres sous-produits agro-industriels riches en énergie,
les &ulages, les farines basses et même les sons peuvent être aussi
utilisés par les m3nogastriques.
Seuls les excédents de ces produits
de moindre valeur et la mélasse seront probablement dispnibles pour
les ruminants. Le coût des transparts et les faibles tonnages disponibles
conduir3nt à valoriser ces produits sur leurs lieux de production, ou>
tout au moins, le long des grands axes de communication pour l'emb~che
intensive ou peut-être la prcduction laitière.
. . . / . . .

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Les tourteaux constituent donc l'aliment complémentaire privilégié
pour l'élevage extensif. Il faut n&a.nmins en prkiser le rrcde d'utilisa-
tion en fonction de leur nature, arachide, coton ou autre, du type
d'animal, de la saison, du dispnible fourrager caract&isé qualitative-
ment et quantitativement tout en chexchant à atteindre un optirmm
économique.
11/2/3 - MétMes d'étude de la valeur alimentaire des Tours
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et des effets de la com@émentation
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Ce problème constitue un des ;rrogmmes de recherche du service
d'Ali.mentation du Labxatoire. Voici brièvement quelques unes des m6thzdes
que nous utilisons ou que nous souhaitwions mettre en oeuvre avec dgautres
centres de recherches ou sociétés de développement pur étudier la valeur
alimentaire des gra&s types de p%urages s&-&alais ainsi que les actions
nutritionnelles susceptibles de l'ameliorer.
Chaque fois que cela sera pssible, nous étudierons donc la valeur
alimentaire du pâturage seul, l'effet d'une complémentation azotée et
minérale ainsi que celui du rythme d'abreuvement.
Nous utilisons des animaux en cages ~XXE mesurer l'ingestibïlité
et la digestibilité du fourrage fauch6. En lzrallèle, des aninwx sont
conduits sur les -@turages et nous esttins la quantit6 de fécès qu'ils
émettent soit pcar collecte totale, soit en utilisant des marqueurs. E~S
aninwx munis de fistules du rumen ou de lfoesophage servent ou servi-
ront à collecter le bol alimentaire, donc à d@k.rminer les choix de
l'anirrnl sur le p%urage.
Toutes ces mesures visent à caractériser quantitativement et qualita-
tivement le fourrage ingéré et à d&zeminer sa valeur alimentaire.
Les premiers rksultats obtenus à Tessékr6 dans le Ferlo, en saison
sèche froide, nxx&rent que l'ingestibilité du fourrage seul est de
l'ordre de 2 kg de matière sèche par 100 kg de pids vif et qu'un apprt
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de 500 grms de tourteau d'arachide par U.B.T. fait augmenter cette
consommation s~ntan& de 10 p.100 environ. Ces rkultats sont provisoires
et nous n'avons Fas encore les résultats d'analyses, rrais il semble que
les ani.rfk3u.x atteignent avec cette complémentation un niveau de couverture
des besoins légèrement sup&ieur à celui de l'entretien pur l'énergie
et l'azote, alors qu'il lui est inferieur pour l'énergie et presque nul
pur l'azote lorsque le fourrage est consomm6 seul.
C'est justement cette estirration des besoins réels d'entretien et
de production en élevage extensif qu'il. faudrait préciser ; il est donc
très im~rtant que siwltanément à nos mesures de consormration et de
digestibilité, pour chaque -&pe de pâturage et chaque niveau de complé-
mentation, nous effectuions des mesures zootechniques concernant aussi
bien l'évolution E\\ondérale des femelles re-productrices,de leurs veaux,
des anin-aux en réglevage, que les i>erfomrunces de reproduction et ceci
durant toute la carrière des animaux. Dans un premier temps, ces
mesures zooteclmiques~ont réalisables que ckns le cadre de stations
de recherches ou de ranches, ce qui permettra fie mettre au point une
métl-rxlologie fiable, mais progressivement il sera indispensable de les
effectuer chez les éleveurs au fur et à mesure de l'encadrement de ceux-
ci F les sociét& de développement.
CONCLUSION
En conclusicn, je dirais que contrairement à l'embouche intensive
pur laquelle tout a été essayé et écrit? les connaissances en matike
d'élevage extensif sont limitées. Ce m2de d'élevage re~résen-&a.nt
l'essentiel des effectifs et la plus grande partie de la vie des animaux
destinés à lvembouche, tous nos efforts doivent se concentrer pour en
améliorer la productivité par la mise au pint de technique dvélevage et
d'aX.mentation lxrmettant une gestion rationnelle du dispnible fourrager
qui est et restera encore longtemps de mauvaise qualité. L'augmentation
de la productivité permettra de diminuer la part des besoins alimentaires
d'entretien par rapport à ceux de Fcduction et autorisera alors une
augmentation des effectifs sans risquesd'awver e~~oreles~blèmes
nutritionnels.