INSTITUT D’ELEVAGE ET DE MEDECINE VETERINAIRE DES...
INSTITUT D’ELEVAGE ET DE MEDECINE
VETERINAIRE DES PAYS TROPICAUX
REVUE D’ÉLEVAGE
ET DE
MÉDECINE VÉTÉRINAIRE
DES PAYS TROPICAUX
I
1
Emploi d’un vaccin antibovipestique
produit sur cultures cellulaires
dans la prophylaxie de la peste
des petits ruminants au Dahomey
par P. BOURDIN, M. RIOCHE, A. LAURENT
Tome XXIII (nouvelle série)
No 3 - 1970
VIGOT FRERES, EDITEURS
23, rue de I’Ecole-de-Médecine, Paris-VI’

Rev. Elev. Méd. vét. Pays trop., 1970, 23 (3): 295-300
Emploi d’un vaccin antibovipestique produit
sur cultures cellulaires dans la prophylaxie de la peste
des petits ruminants au Dahomey
NOTE PRELIMINAIRE
par P. BOURDIN, M. RIOCHE, A. LAURENT
RESUME
La peste des petits ruminants (P. P. R.) provoquant des pertes
croissantes chez les moutons et les chèvres de certains Etats d’Afrique de
l’ouest, des recherches ont été entreprises en 1969 afin de mettre au
point une méthode de prophylaxie médicale efficace. Après un bref rappel
concernant la maladie et les travaux s’y rapportant, les auteurs rapportent
leurs expérimentations sur l’emploi et l’efficacité du vaccin contre la peste
bovine produit sur cultures cellulaires dans l’immunisation des petits
ruminants contre la P.P.R. Ce vaccin a été choisi en raison des relations
antigéniques étroites existant entre le virus P.P.R. et le virus P.B. et de
sa préparation aisée.
Si les résultats des essais expérimentaux peuvent être discutés, ceux
des vaccinations effectuées « sur le terrain » dans les conditions naturelles
d’élevage sont excellents et l’immunité dure au moins un an. L’appré-
ciation de l’immunité naturelle et acquise par la méthode cinétique
de titrages des anticorps neutralisant le virus de la peste bovine pose
des problèmes dont l’étude fait actuellement l’objet de recherches
complémentaires.
La peste des petits ruminants ou P.P.R.
A. RAPPEL SOMMAIRE
existe à l’état endémique au Dahomey. En
SUR LA P.P.R.
1966, le Gouvernement de ce pays s’est inquiété
de l’augmentation constante des pertes et a
Epidémiologie :
demandé au Gouvernement français de finan-
L’étude épidémiologique révèle que la P.P.R.
cer les recherches visant à la mise au point
est en progrès constants au Dahomey. Entre
d’une prophylaxie médicale efficace. Ces re-
1953 et 1968, le nombre des foyers a augmenté
cherches ont débuté en janvier 1969, et un
de 2 à 230, celui des malades de 180 à 4.200
an après les premiers essais, il est possible de
et les morts de 18 à 4.200; ces chiffres pro-
donner quelques résultats intéressants sur la
viennent des archives du Service de YElevage
valeur du vaccin utilisé. Auparavant, il sera
du Dahomey. Une enquête faite en 1969 dans
fait un bref rappel des principaux caractères
le cadre de la convention révèle que ces éva-
de la maladie.
luations sont très en-dessous de la réalité.
- 295 -

Du point de vue géographique, la maladie
Prophylaxie médicale
sévit surtout dans le Sud et le Centre du pays;
CATHOU (1947-48-49-51) fait des essais
elle est rarement observée dans le Nord. La
P.P.R. existe au Togo, au Nigéria et en Côte
de séro-protection sur des animaux sains ou
d’ivoire. Au Sénégal, il y a eu deux grandes
malades avec du sérum de bovins hyperimmu-
épizooties en 1956 et 1962.
nisés contre la peste bovine. Il obtient des
résultats encourageants mais le prix de revient
Au Dahomey, la race joue un rôle impor-
de cette méthode est très élevé.
tant : en effet, les chèvres naines, dites de race
Des essais de vaccination ont également été
lagunaire sont beaucoup plus sensibles que les
faits, d’une part avec un vaccin antibovipes-
chèvres sahéliennes d’un format plus grand.
tique inactivé (GARGADENNEC et LALAN-
Symptomatologie
NE, 1942), d’autre part avec le vaccin anti-
bovipestique lapinisé (MORNET, ORUE et
La P.P.R. atteint uniquement les petits rumi-
collab. 1956). Les résultats ne sont pas con-
nants, les chèvres sont plus sensibles que les
cluants.
moutons. Après 3 à 4 jours d’incubation appa-
GILBERT et MONNIER en 1962, réussis-
raît la fièvre qui peut atteindre 42” C, rapide-
sent à modifier le virus P.P.R. par 51 passages
ment accompagnée de jetage muqueux, puis
sur cultures de cellules de reins d’embryon de
purulent. A partir du 61, jour, les gencives
mouton. Ce virus dépourvu de pouvoir patho-
s’ulcèrent. Une diarrhée suit habituellement,
gène pour les petits ruminants leur confère
provoquant une déshydratation rapide des
une immunité suffisante mais Ie nombre des
malades qui ne mangent plus, boivent beau-
résultats expérimentaux est trop réduit pour
coup et meurent dans un état de profonde pros-
être significatif. Nos récents essais d’immuni-
tration. (MORNET, ORUE et collab. 1955).
sation à l’aide de ce vaccin ont été décevants.
Les complications les plus fréquentes sont
soit d’origine bactérienne (pneumonie ou bron-
chopneumonie à partir desquelles on isole des
B. ETUDE DE L’EFFICACITE
pasteurelles ou des mycoplasmes), soit d’ori-
DE L’IMMUNISATION DES PETITS
gine parasitaire (réveil de coccidioses intesti-
RUMINANTS CONTRE LA P.P.R.
nales latentes). Le plus souvent les femelles ges-
PAR LE VACCIN
tantes avortent,
ANTIBOVIPESTIQUE
Etiologie
En raison des résultats obtenus avec le vac-
cin anti-P.P.R. de GILBERT et MONNIER
MORNET, ORUE et collab. (1955) ont mon-
(1962) et nous basant sur l’étroite parenté
tré que la P.P.R. est due à un virus. Ses pro-
antigénique des virus P.P.R. et P.B. nous avons
priétés physiques, chimiques et antigéniques
songé à tester le pouvoir protecteur du vaccin
sont pour la plupart identiques à celles du
antibovipestique vivant modifié, contre la
virus de la peste bovine (GILBERT et MON-
P.P.R. Ce vaccin largement utilisé dans la pro-
NIER, 1962) (BOURDIN et LAURENT,
phylaxie de la peste bovine est préparé sur
1967) (LAURENT, 1968). Comme celui-ci, il
cellules rénales d’embryon de veau inoculées
peut être classé dans la famille des Paramyxo-
avec le 60” passage de la souche RPKO/BK
viridae, sous-groupe M.R.D. (Measles, Rinder-
isolée et mise au point par PLOWRIGHT et
pest, Distemper).
FERRIS (1962).
Traitement
Il n’y a pas de traitement spécifique de la
1. MATERIEL ET METHODES
P.P.R.; cependant, l’administration de produits
actifs contre les complications microbiennes
Les essais du vaccin ont été faits ainsi :
ou parasitaires (antibiotiques, sulfadimarazine,
- Vaccination de lots expérimentaux consti-
phénothiazine) peut abaisser le taux de morta-
tués par des animaux achetés sur les mar-
lité. Leur emploi est malheureusement trop
chés, enfermés et soumis à une surveillance
onéreux.
constante.
- 296 -

- Vaccination sur le terrain des animaux de
En raison de l’étroite parenté antigénique
tout un village ou de tout un canton avec
existant entre les virus P.B. et P.P.R., on pou-
possibilité pour l’éleveur d’accepter ou de
vait penser a priori que la présence d’anticorps
refuser. Ce procédé a l’avantage de laisser
neutralisant le virus P.B. dans le sérum des
les animaux dans leur milieu naturel, de
petits ruminants était corollaire d’une solide
multiplier les vaccinations et permet aux
résistance à la P.P.R., aussi bien dans le cas
utilisateurs d’apprécier les résultats de cette
d’une maladie naturelle que dans celui d’une
opération.
inoculation expérimentale. Les recherches faites
au Dahomey puis au Sénégal ont montré que
Vaccination de lots expérimentaux
cette hypothèse ne se vérifiait pas chez tous
Ces essais sont faits conjointement au Daho-
les animaux. Aussi à l’heure actuelle tous les
mey, pays infecté, et au Sénégal où la P.P.R.
sérums prélevés en 1969 au Dahomey et au
4’
n’est actuellement pas signalée.
Sénégal sont-ils l’objet d’une double séroneu-
tralisation. Pour chaque sérum on titre les
A nimaux
anticorps neutralisants en présence de virus
La plupart des expériences sont faites sur
P.B. et également du virus P.P.R. Pour ce der-
des caprins, espèce plus sensible à la maladie
nier la souche utilisée a été adaptée auparavant
naturelle. Au Dahomey, les chèvres sont ache-
à la lignée cellulaire MDBKC.
tées sur les marchés après un examen clinique
qui ne permet malheureusement pas d’éliminer
Vaccin
les animaux contaminés ou en incubation.
Il est constitué par le vaccin antibovipestique
Enfermés dans des parcs, les animaux reçoi-
.
de cultures cellulaires mis au point par PLOW-
+
vent une alimentation à base de manioc, maïs,
RIGHT et FERRIS (1962) et préparé selon
tourteau d’arachide et coquilles d’huîtres, dis-
les recommandations de JOHNSON (1962).
tribuée sous la forme de provende. Dans la
Conservé à l’état lyophilisé, il est mis en sus-
;
mesure du possibIe, ils reçoivent, également un
pension au moment de l’emploi dans 50 ml
peu de verdure. Ce mode de vie <est très dif-
d’eau distillée refroidie. La dose habituellement
férent de celui auquel ils sont habitués et les
injectée est de 1 ml; elle correspond à envi-
met en état de moindre résistance.
ron 5.000 DI 50 CT. Au Dahomey, au cours
Au Sénégal, les animaux sont achetés directe-
d’un essai de titrage du vaccin fait sur des
dilutions décimales croissantes, les animaux ont
ment chez les éleveurs. Mis dans des bergeries,
ils reçoivent une nourriture variée, proche de
reçu environ 10.000, 1 .OOO, 100, 10 et 1 DI
50 CT selon les lots.
celle reçue habituellement. La maladie n’étant
pas signalée depuis 1962, la vaccination a
Epreuve des animaux et des témoins
toutes les chances d’être faite en milieu sain.
L’inoculum d’épreuve est une souche de
Contrôle sérologique
virus P.P.R. isolée au Dahomey en janvier
Les résultats exposés ici intéressent unique-
1969, immatriculée 45 G. Après deux passages
ment les chèvres. Les sérums des animaux
sur culture cellulaire de reins d’embryon de
sont testés avant et après vaccination par la
mouton, son pouvoir pathogène a été confirmé
méthode de séroneutralisation cinétique quan-
par inoculation à des chèvres sensibles. La
titative adaptée au virus de la peste bovine
suspension virulente lyophilisée est reconstituée
par BOURDIN et BERNARD (1967) et
au moment de l’emploi; son titre est de 10Zg”
RIOCHE (1968-1969) : le mélange virus-sérum
DICT 50/ml et chaque animal reçoit 500
est laissé une heure à 37” C dans des tubes à
DICT 50.
hémolyse puis on ajoute une quantité fixe de
cellules sensibles en suspension dans un milieu
nutritif; le tout est ensuite recouvert d’une
II. RESULTATS
couche d’huile de paraffine’ et laissé à 37” C.
Les cellules utilisées dans ce test sont issues
1. Vaccination et épreuve
de la lignée cellulaire MDBKC établie par
des lots expérimentaux
MADIN et DARBY (1968) à partir d’un rein
de bovin adulte.
a) Au Dahomey
- 297 -

.
0 Première partie
On peut simplement retenir que dans ce premier
80 chèvres sont achetées sur le marché et
lot la résistance à la maladie naturelle n’a été
76 vaccinées dans un délai de 2 à 5 jours;
acquise que 16 jours après le début de la
4 sont conservées comme témoins. Entre le 3’
vaccination puisque c’est à ce moment que les
et le 16(’ jour suivant la vaccination, 57 ani-
mortalités dues à la P.P.R. ont cessé.
maux meurent de P.P.R., à savoir les 4 témoins
La vaccination faite sur le deuxième lot
et 53 vaccinés. Passé ce temps, les mortalités
malheureusement reduit à 4 chèvres indique
cessent.
que malgré leur grande sensibilité à la P.P.R.‘,
Parmi les chèvres vaccinées mortes de
les chèvres résistent à l’inoculation d’épreuve
P.P.R. :
15 jours après l’injection vaccinale.
- 30 ont reçu de 1 à 100 Dl 50 CT de virus
vaccinal (la mortalité dans ce lot est supé-
Les essais sont repris sur 40 chèvres qui
rieure à 80 p. 100);
reçoivent de 5.000 à 10.000 DI 50 CT de
- 46 ont reçu de 1.000 à 10.000 DT 50 CT
virus vaccinal. Ces animaux sont conservés
de virus vaccinal (le taux de morta!ité dans
1 mois et pendant ce délai, 4 sujets meurent
ce lot est de 50 p. 100).
avec des syndromes pulmonaires. L’examen
33 moutons sont achetés et vaccinés dans
nécropsique montre des lésions de pneumonie
les mêmes conditions, 7 animaux seulement
à partir desquelles le service de bactériologie
meurent de P.P.R. entre le 1”” et le 16 jour
isole plusieurs mycoplasmes et plus rarement
suivant la vaccination.
des pasteurelles.
L’épreuve est faite sur 36 chèvres restantes
l Deuxième partie
1 mois après la vaccination. Durant les 4 pre-
L’état de résistance des animaux survivants
miers jours, 4 chèvres meurent de pneumonie,
pouvant être attribué aussi bien à la maladie
puis entre le 8” et le 12“ jour, deux autres
naturelle qu’à la vaccination, un deuxième
meurent de P.P.R. Les 30 animaux restants
essai est fait sur un petit nombre de chèvres
résistent.
acquis 1 mois après le dernier cas de morta-
lité observé dans le premier lot. 4 chèvres
sont achetées, saignées pour le contrôle séro-
2. Vaccination sur le terrain
logique
et immédiatement vaccinées
avec
Un relevé récent reçu du Dahomey précise
5.000 DL 50 CT de vaccin tissulaire.
que le nombre d’animaux vaccinés par les
Epreuve des chèvres et des moutons. Elle
agents du Service de 1’Elevage dépasse 20.000.
est faite sur les animaux suivants :
Tous les utilisateurs reconnaissent l’efficacité
du vaccin.
- 23 chèvres et 26 moutons vaccinés 60 jours
auparavant et ayant résisté à la maladie
Dans la région du Mono, située au sud-ouest
naturelle;
du Dahomey, habituellement très touchée par
- 4 chèvres vaccinées 15 jours avant;
la P.P.R., le chef de région indique que ses
agents ont vacciné 11.600 petits ruminants.
- 5 témoins acquis le même jour.
Dans ses commentaires, il déclare : « Tous les
Tous les animaux vaccinés résistent. Trois
animaux vaccinés ont résisté à une nouvelle
témoins sur 5 meurent de P.P.R.
flambée de la maladie. Les paysans qui, par
méfiance ou par négligence, n’ont pas présenté
On doit préciser que la première partie de
leurs animaux à la vaccination ont vu leur
cette expérimentation a été faite dans des con-
troupeau littéralement anéanti. )) 11 ajoute que
ditions extrêmement défavorables pour les ani-
même dans des foyers où ses agents sont inter-
maux. En effet, l’introduction de sujets en
venus, la mortalité a cessé brusquement une
incubation ou contaminés, le stress physiologi-
semaine après la vaccination.
que dû à la claustration et à la nourriture
mal adaptée favorisent l’apparition d’une épi-
3. Etude sérologique
zootie. En fait, le vaccin a été testé dans un
foyer et sur des animaux placés dans de mau-
Ce travail fera l’objet d’un article complet
vaises conditions d’hygiène et d’alimentation.
par la suite.
- 298 -

En résumé, les titrages faits par la méthode
être généralisés. Les recherches entreprises au
cinétique basée sur la recherche des anticorps
Dahomey et au Sénégal avaient pour principal
neutralisant le virus P.B. sur les sérums pré-
objectif de vérifier la valeur immunitaire du
levés avant et après vaccination montrent que
vaccin préparé à partir de la souche RP
l’utilisation de la souche vaccinale de PLOW-
KO/BK de PLOWRIGHT et FERRIS (1962)
RIGHT et FERRIS (1962), utilisée habituelle-
modifiée par 60 passages sur cellules rénales
ment dans la prophylaxie de la peste bovine,
d’embryon de veau et qui est très largement
provoque la formation d’anticorps neutralisants
employée pour la protection des bovins contre
ou en augmente le titre chez les petits rumi-
la peste bovine.
nants qui en possédaient auparavant. En effet,
Les résultats obtenus au cours des expé-
avant la vaccination 32,8 p. 100 des sérums
riences faites au Dahomey montrent que l’effi-
ont des anticorps et 682 p. 100 en sont dépour-
cacité du vaccin sur des animaux maintenus
vus; après la vaccination, tous les animaux
en claustration est parfois aléatoire en raison
ont des anticorps. Les titrages sérologiques
des difficultés à obtenir des chèvres non con-
faits les 8’, 14’, 21” et 30” jour qui ont suivi
la vaccination montrent que le titre en anti-
taminées et à les habituer ensuite à un mode
de vie très différent du mode habituel.
corps augmente régulièrement à partir du 14”
jour pour atteindre un maximum vers le 30”
Au Sénégal où la maladie n’était pas signalée
jour.
au moment de l’expérimentation, en 1969, il
En ce qui concerne la détermination précise
a été plus facile de vérifier l’efficacité du vac-
du titre en anticorps neutralisants, à partir
cin à condition de ne pas conserver les animaux
duquel une chèvre peut être considérée comme
trop longtemps dans les bergeries pour éviter
immunisée, la méthode utilisée ne permet pas
les affections pulmonaires le plus souvent dues
de le fixer avec précision. En effet, quand on
à des mycoplasmes.
compare les titrages faits sur des sérurrs pro-
Des recherches complémentaires actuelle-
venant d’animaux vaccinés et ceux faits sur
ment en cours permettront de fixer avec pré-
des sérums d’animaux non vaccinés, on
cision le moment à partir duquel les animaux
constate :
résistent à l’inoculation expérimentale.
- dans le cas des chèvres vaccinées que :
I
les sujets possédant des anticorps au 1/20 ou
Les résultats obtenus au cours des vacci-
au 1/40 résistent parfaitement à l’inoculation
nations massives qui ont été faites par les
expérimentale;
agents du Service de l”Elevage au Dahomey
sont beaucoup plus démonstratifs. A la lec-
- dans le cas des chèvres non vaccinées,
ture des renseignements reçus et après une
les sujets possédant des anticorps au 1/20 sont
enquête très récente effectuée par l’un de nous
sensibles dans 80 p. 100 des cas à la maladie
sur place, il ressort que la maladie a .disparu
naturelle et dans 50 p. 100 des cas pour celles
des localités où la vaccination a été faite sur
dont le titre est égal à 1/40.
tous les animaux en un seul temps. Les quel-
Comme cela a été dit auparavant tous ces
ques épreuves qui ont pu être faites sur des,
sérums sont l’objet actuellement d’un double
sujets vaccinés depuis un an ont révélé qu’ils
titrage en présence des virus P.B. et P.P.R.
étaient encore protégés. En outre de nombreux
afin de vérifier si les mêmes résultats sont
échantillons de sérums prélevés sur des ani-
observés en présence de ce second virus.
maux vaccinés à des intervalles de temps varia-
bles sont en cours d’examen.
III. DISCUSSION ET CONCLUSION
Tout récemment au Sénégal, la vaccination
a prouvé son efficacité dans deux foyers appa-
La P.P.R. sévit régulièrement dans plusieurs
rus l’un en janvier, l’autre en mars 1970. Une
pays de l’Ouest .africain et les pertes qui en
enquête effectuée en avril dans le dernier foyer
résultent sont en augmentation constante dans
a permis de constater la disparition de la P.P.R.
certains ‘états.
alors qu’elle continue à sévir dans un autre
foyer situé à une vingtaine de kilomètres. En
Les moyens de lutte mis en œuvre jusqu’à
raison de la facilité d’accès des lieux, des con-
présent sont peu efficaces ou trop chers pour
trôles pourront être faits l’année prochaine.
- 299 -

P
SUMMARY
.
A tissue culture vaccine agaiust pseudorinderpest of goats -
Fields experiments in Dahomey
The pest of sheep and goats (P.P.R.) causing crescent losses in some
countries of West Africa, new works have been carried on in 1969 in
order to develop an efficient method of immunization. After a brief
description of this disease and an accotint of past references, the authors
describe their experiments on use and efficiency of a rinderpest ce11
culture vaccine for protection of sheep and goats against P.P.R. This
vaccine was selected because the closed antigenic relationship between
P.P.R. and rinderpest viruses have bee’n demonstrated and the preparation
is an easy one. If the results of experimental trials in laboratory cari be
discussed, the vaccination in the field, in natural conditions, entails a
valuable immunity that lasts at least one year. The study of natural and
artificial immu’nity by the titration of neutralizing antibodies constitutes
an unsolved problem which is going to be studied thanks to further
immunological investigations.
RESUMEN
Empleo de una vacuna antibovipestica producida sobre cultivas celulares
en la profilaxia de la peste de 10s pequefios rumiantes en Dahomey.
Nota preliminar
La peste de 10s pequeiios rumiantes (P.P.R.) provocando cada vez
mas perdidas en las ovejas y cabras de ciertos Estados de Africa del Oeste,
se hàn emprendido en i969 investigaciones para establecer un método de
profilaxia medical eficaz. Desr>ués d e una breve descriocion de la
énfermedad y una revista de los’trabajos ya efectuados, 10s âutores notan
sus experimentaciones sobre el empleo y la eficacia de la vacuna contra
la peste bovina producida sobre cultivas celulares en la inmunizacion de
10s pequeiïos rumiantes contra la P.P.R. Se elegi6 dicha vacuna a causa
de las relaciones antigenicas estrechas existiendo entre el virus P.P.R. y el
virus P.B. y de su preparacion facil. Si se pueden discutir 10s ensayos
experimentales, son excelentes 10s de las vacunaciones efectuadas « sobre
el terreno » en las condicio’nes naturales de cria y la inmunidad permanece
por 10 menos durante un allo. La apreciacion de la inmunidad natural y
adquirida por el método cinetico de dosajes de 10s anticuerpos neutra-
lizando el virus de la peste bovina plantea problemas que se estudian
actualmente.
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- 300 -