INSTITUT D’ELEVAGE ET DE MÉDECINE VÉTÉRINAIRE...
INSTITUT D’ELEVAGE ET DE MÉDECINE
VÉTÉRINAIRE DES PAYS TROPICAUX
REVUE D’ÉLEVAGE
ET DE
MÉDECINE VÉTÉRINAIRE
2.
DES PAYS TROPICAUX
I
I
Prospections malacologiques
aux Antilles françaises
Observations sur l’écologie et l’élevage
au laboratoire de Lymnaeu cubensis Pfeiffer
par Simon GRÉTILLAT
Tome XX (nouvelle série)
N’ 2 - 1967
- VIGOT FRÈRES, ÉDITEURS ~
23, rue de l’École-de-Médecine, PARIS-VI’

Rev. Elev. Méd. véf. Pays trop. 1967, 20, 2 (279-289)
Prospections malacologiques
aux Antilles françaises
Observations sur l’écologie et l’élevage
au laboratoire de Lymnaea cubemis Pfeiffer
par Simon GRÉJILLAJ
RÉSUMÉ
Des prospections malacologiques faites dans les cours d’eau et mares de la
Martinique, de la Guadeloupe et de ses dépendances (Marie-Galante et lies
des Saintes) permirent la récolte d’un certain nombre de gastéropodes d’eau
douce : Lymnaea cubensis Pfeiffer, Biomphalaria havanensis Pfeiffer, Austrolorbis
peregrinus (d’orbigny), Ausfralorbis glabrofus (Say) ; Drepanofrema cultrafum
(d’orbigny), Physa marmorata Guilding, Poiamopyrgus coronatus Pfeiffer, Nereiina
punctulaia Lamark. Quelques-uns d’entre eux n’avaient encore jamais été
signalés dans ces îles.
Sur une souche de i. cubensis rapportée de la Martinique et mise en élevage
à Dakar, ont été étudiées quelques particularités écologiques de ce mollusque.
II peut vivre en dehors du milieu aquatique pendant longtemps. Pour le main-
tenir en élevage, il est nécessaire de l’installer dans des aquariums à fond vaseux
avec eau très aérée. Une alimentation riche, constituée de feuilles de laitue
crue, accélère sa croissance et fournit des exemplaires de taille au-dessus de la
normale qui perdent la propriété d’entrer en diapause quand le milieu se
dessèche. Les individus alimentés seulement avec les matières organiques en
suspension dans l’eau, se développent très lentement, mais gardent la faculté
de pouvoir entrer en diapause.
Tout récemment ont été reconnues la présence
Depuis 1945, plusieurs enquêtes ont été faites
en Martinique, de Fasciola hepotica et celle de
aux Antilles françaises sur la répartition géo-
son vecteur iymnaeo cubensis Pfeiffer, mollusque
graphique, la nature et la fréquence des gîtes à
fréquent aux Grandes Antilles, aux U. S. A., au
Planorbes pouvant héberger les formes larvaires
Venezuela, mais signalé pour la première fois
de Schistosoma mansoni Sambon, 1907 agent
dans cette île (GRÉTILLAT, 1966).
causal de la bilharziose intestinale humaine
Les prospections malacologiques effectuées sur
qui règne à l’état endémique dans ces îles (DES-
le terrain au sujet de I’épidémiologie de la douve
CHIENS et Coll., 1955) (COURMES et Coll.,
du foie et de sa répartition géographique ont
1964). Seul Austrolorbis glabrafus, vecteur de ce,
abouti à la récolte d’un certain nombre de gas-
schistosome, est signalé dans ces travaux.
téropodes d’eau douce récoltés dans des mares,
En ce qui concerne I’helminthologie vétéri-
ruisseaux et torrents de la Martinique, de la
naire, plusieurs affections à trématodes existent
Guadeloupe et de ses dépendances (Marie-
aux Antilles françaises. II a donc paru intéres-
Galante et Iles des Saintes).
sant de relever en vue de travaux ultérieurs,
279
i

la fréquence et la répartition des mollusques
les ruisseaux de cette région. En effet, il y a quel-
d’eau douce, vecteurs éventuels de ces helmin-
ques années, des cas de distomatose ont été
thiases (Fasciolose, Paramphistomose, Gastro-
observés par le Service vétérinaire des Abattoirs
discose).
de Fort-de-France sur des bovins provenant du
La liste de ces gastéropodes avec la descrip-
Lorrain.
tion sommaire de leur habitus, le ou les lieux de
leur capture, leur fréquence, la nature de leur
biotope avec quelques observations sur leur
écologie sont données ci-dessous.
La prophylaxie de la distomatose en Marti-
nique, affection jusqu’à présent très peu répan-
due dans l’île, demande la mise en ceuvre d’un
programme visant à la destruction du mollusque
vecteur : Lymnaea cubensis. Une étude de son
écologie et de son comportement au laboratoire
termine ce travail préliminaire sur la faune
malacologique dulcaquicole des Antilles fran-
çaises.
RÉSULTATS DES PROSPECTIONS
MALACOLOGIQUES
Celles-ci sont loin d’être complètes, mais
apportent cependant une légère contribution
à la connaissance des mollusques d’eau douce
des Antilles françaises.
Lymnaea cubensis Pfeiffer (Fig. 1).
C’est le vecteur de Fasciola heeatico L. 1858 à
La Martinique (GRÉTILLAT, 1966).
Ce mollusque à coquille dextre mesure 6 à
7 mm de long sur 2,6 à 3 mm environ. Gris plus
ou moins clair, certains exemplaires sont ponc-
tués de jaune sale sur la première convexité à
partir de l’ouverture. Une fine striation visible
seulement à la loupe en lumière rasante épouse
les contours de la coquille qui a 5 tours de spires.
Le pied massif est coiffé à sa partie antérieure
de deux petites cornes trapues, aplaties de forme
Fig. 1. - Lymnaea cubensis Pfeiffer.
sensiblement triangulaire.
Gifes à la Marfinique
: a) Belle Fontaine, dans
un ruisseau et dans les canaux d’irrigation d’un
c) Comme autre localisation probable des
pâturage artificiel à Digitoria decumbens. Très
( gîtes à L. cubensis, il y a lieu de citer les cours
nombreux surtout dans les endroits où l’eau est
j’eau des environs de Rivière Salée, puisque
fortement oxygénée (10 à 15 exemplaires par
:ertains animaux provenant de cette région
m2) (GRÉTILLAT, 1966).
;Ont atteints de fasciolose. Aucune prospection
nalacologique n’ayant encore été faite à ce
b) Rivière de I’Anse Charpentier (côte est entre I -sujet, il serait intéressant de rechercher ce gas-
Marigot et Sainte-Marie) (com. R. P. PIN-
éropode dans les nombreux canaux qui drainent
CHON). A quelques centaines de mètres du / 1es terrains de culture et les pacages de basse
littoral. Ce mollusque doit être fréquent dans
Iltitude.

Biomphalaria havanensis Pfeiffer (Fig. 2).
Prolifération abondante dans ces collections
d’eau créées par I’Homme (vieilles chaudières
en fonte servant autrefois à la fabrication du
rhum et utilisées actuellement comme abreu-
voirs).
60 Mares dans terrains de pacages de la
région du Robert (Martinique). Simples excava-
tions où s’accumule l’eau de pluie. Le fond argi-
leux imperméable en fait des points d’eau per-
manents dont certains sont alimentés partielle-
ment par une petite résurgence.
Densité malacologique variable suivant le
degré d’envasement et d’aération du milieu.
1 à 2 spécimens par mare.
Ces gîtes en état de repos en saison sèche
Fig. 2. - Biompholorio
hovanensis Pfeiffer.
[février-mars) doivent se repeupler dès le retour
des pluies en avril-mai.
Planorbe de taille moyenne 0,7 à 0,8 cm de
70 Canal d’irrigation d’un terrain de pacage à
diamètre à spires régulières, de couleur très
Baillif (Côte sous le Vent) (Guadeloupe) au flanc
foncée.
d’un contrefort montagneux dominant la mer.
Semble surtout proliférer dans des eaux aérées
Eau claire, un peu courante, fond vaseux. 5 à
ou renouvelées (eau de source), mais peut sur-
vivre dans des gîtes très vaseux, où sa multi-
6 exemplaires par mètre carré de surface de
plication semble alors arrêtée.
gîte.
II fuit les milieux trop acides et marécageux,
Ausfralorbis peregrinus (d’orbigny) (Fig. 3).
II serait intéressant de rechercher dans quelle
De taille plus grande que le précédent, sa
mesure, il peut être aux Antilles françaises un
coquille très foncée est plus épaisse, à ouverture
hôte intermédiaire de Schistosomo mansoni.
large et arrondie. Dimensions : 1 à 1,2 cm de
diamètre.
Gîfes reconnus ef prospecfés :
Au cours d’une prospection malacologique
faite en collaboration avec l’Institut Pasteur, la
10 Vallée du Fond Laillet (Martinique). Dans
Direction de la Santé et le Service des Eaux et
canaux d’irrigation, en eau claire, sur fond
Forêts de la Martinique dans la région de Saint-
sablo-argileux ou rocheux. pH = 6,8. Densité
Pierre où règne une haute endémicité bilhar-
allant de 2 à 20 exemplaires par mètre carré.
Tienne, ce gastéropode a été trouvé en grand
20 Dans canaux d’irrigation des pacages de
nombre (20 à 50 mollusques par mètre carré de
flancs de montagne au Fond Laillet (Martinique).
paroi) dans un bassin-piscine collectant les eaux
Très rares exemplaires.
d’un ruisseau (rivière Parnasse) à 7 km de
30 Salines (Sud-Est de la Martinique) dans
Saint-Pierre.
Ce bassin carré de 50 m de côté
mares vaseuses, pH = 7. Eau très peu aérée.
sur 2,50 m de profondeur, bâti en maçonnerie,
Végétation aquatique nulle. Rares exemplaires
est un endroit idéal pour la prolifération de
sans ponte.
A. peregrinus qui n’existe pas dans le canal
40 Sainte-Anne (Martinique) dans une retenue
d’amenée où l’eau est trop courante.
d’eau artificielle, pH = 6,8. Végétation aqua-
L’eau de ce bassin de pH = 7 est relativement
tique. Joncs et Cyperacées. Quelques exemplaires
claire et un peu aérée par renouvellement con-
trouvés le long du barrage en maçonnerie et
tinuel en amont, sans végétation aquatique,
parmi les plantes.
mais les murs recouverts d’un épais tapis d’algues
-1
50 Terrains de pacage des collines de la
entretiennent une faune malacologique très
région du François (Martinique). Dans des mares
dense.
vaseuses et surtout dans des abreuvoirs alimen-
Des tests de sortie de cercaires montrent que
tés en eau par la canalisation urbaine. pH = 6,8.
certains exemplaires hébergent les formes lar-
d
281

.
-0
.
1 cm
Fig. 3. - Ausfralorbis peregrinus d’orbigny.
vaires de Sch. mansoni. Ce réservoir d’eau est
précaution pour éviter la prolifération des mol-
donc un foyer de schistosomiase intestinale
lusques d’eau douce.
humaine qu’il serait facile de détruire par épan-
A la Martinique, en particulier, de nombreux
dage de molluscicides.
gîtes à bilharziose ont été ainsi créés alors que
Cet exemple montre tout le danger que
dans les ruisseaux descendant de la montagne,
représente l’intervention de l’homme dans la
les Ausfrolorbis sont très rares ou absents.
construction et l’aménagement des cours d’eau
Aasfralorbis glabrafus (Say) (Fig. 4).
à des fins d’irrigation quand on ne prend aucune
Fig. 4. - Ausfrolorbjsglobratus Say.
282

Planorbe de très grande taille. Coquille noire,
épaisse, à nombreux tours de spires. Dimen-
sions : 1,5 à 2 cm de diamètre.
Gifes reconnus ef prospectés :
10 Bassin d’une maison particulière au Robert
(Martinique). Quelques exemplaires de très
grande taille.
20 Fort-de-France, dans caniveaux de la ville
basse.
30 Marie-Galante : mares de Pirogue, de
Ducos, de Saint-Louis, de Grand-Bourg, de
Vallon, de Ménard (Nord de I’lle).
Toutes ces mares qui sont pour la plupart des
1 cm
collections d’eau de pluie à fond argileux et
Fig. 5. - Dre@nofremo
cultrafum d’Orb
dont le niveau baisse au cours de la saison sèche,
*
sont des gîtes à A. globratus qui est au repos
durant la période sèche. En effet, tous les exem-
Physo marmorafa Guilding (Fig. 6).
plaires récoltés sont des adultes de très grande
taille reposant sur la vase et en nombre relati-
vement restreint.
40 Mares de la région est de la Grande-Terre
(Guadeloupe), le long de la route du Moule à
Saint-François, Mares de Zevalos, de Saint-Louis.
En voie d’assèchement avec quelques A. glabra-
fus plus ou moins enfouis dans la vase des bords
envahis souvent par des joncs.
50 Mare de Terre de Haut (Iles des Saintes)
(Guadeloupe). De très nombreux A. glabratus
adultes fixés aux racines et sous les feuilles de
Plsiia siratiotes L. qui recouvrent la surface de
l’eau.
Des prospections malacologiques ayant été
faites à plusieurs reprises à la Guadeloupe au
sujet de ce mollusque par DESCHIENS et Coll.
Fig. 6, - Physo marmoraio Guilding.
en 1955, par MARILL en 1958, puis par COUR-
MES et Coll. en 1964, les recherches sur le terrain
n’ont pas été poussées plus loin.
Mollusque à coquille allongée, claire, globu-
Dreponofrema culfratum (d’orbigny) (Fig. 5).
leuse en avant, à ouverture senestre, à colu-
melle courte et pointue, très fréquent dans les
Petit mollusque ressemblant à une planorbe à
points d’eau à la Martinique et à la Guadeloupe
coquille claire asymétrique. II a une face plane
où il voisine avec Biom~halaria havanensis, Aus-
sur laquelle il se tient au repos sur la vase ou
tralorbis glabrafus et Lymnaea cubensis. Dimen-
sur des débris flottants (feuilles, branches tom-
sions : 1 à 1,2 cm de long sur 0,5 cm d’épaisseur.
bées, etc...). Dimensions : 0,6 à 0,9 cm de dia-
mètre.
II prolifère surtout dans les gîtes en eau claire
Ce gastéropode existe dans un étang perma-
légèrement oxygénée, à courant très faible avec
nent de Marie-Galante à 5 km au nord-est de
un peu de végétation aquatique.
Grand-Bourg (Mare Cosmobil).
II serait intéressant de rechercher dans quelle
C’est le premier Drepanotrema signalé des
mesure, il est susceptible de transmettre certaines
Antilles françaises.
affections à trématodes des animaux.

Gifes reconnus ef prospecfés :
alors qu’elles sont longues et filiformes chez
P. coronatus. II existe des exemplaires à coquille
10 Vallée du Fond Laillet (Belle-Fontaine,
lisse et d’autres à coquille épineuse (cf. dessin).
Martinique) canaux d’irrigation. 1 à 2 spécimens
Très nombreux exemplaires (20 à 30 par m*)
par mètre carré.
avec pontes dans un petit ruisseau côtier de la
20 Pâturages de I’Elevage du Fond Laillet.
«côte sous le vent» à 1 km au nord de Deshaies,
Dans canaux d’irrigation à flanc de montagne
« rivière de l’anse Mitan » le long de la route de
2 à 5 spécimens par mètre carré.
Sainte-Rose à Deshaies (Guadeloupe propre-
30 Mares de Salines (Martinique). Très rares
ment dite). Eau courante claire, coulant sur fond
spécimens au repos dans points d’eau en voie
vaseux avec lit du cours d’eau encombré de
d’assèchement.
graminées aquatiques et de fragments de feuilles
40 Retenue d’eau à Sainte-Anne (Martinique)
de canne à sucre en voie de putréfaction servant
fixée aux joncs des rives.
de support et d’aliment aux mollusques.
Cet hydrobiidé existe à Porto-Rico et aux U. S.
50 Mares de la région du Robert (Martinique).
Virgin Islands (FERGUSON et RICHARDS, 1963).
Très rares spécimens.
En 1965, DOBY, MANDAHL-BARTH, CHA-
60 Le Baillif (Guadeloupe) (Côte sous le Vent)
BAUD et DEBLOCK ont observé l’extrême pro-
dans un canal d’irrigation à flanc de montagne.
loficité de Pofamopyrgus jenkisi (SMITH, 1889)
Nombreux spécimens avec pontes en eau cou-
dans certains torrents du sud de la Corse ou
rante fixés sur les graminées.
Bulinus truncatus était fréquent il y a encore
Pofamopyrgus coronofus Pfeiffer (Fig. 7).
quelques années (BUTTNER et BOUCCART,
1957 ; GRÉTILLAT, 1963). D’introduction récente,
P. jenkisi avait éliminé Bulinus truncafus de ces
gîtes.
II serait intéressant d’étudier dans quelle
mesure Pofamo~yrgus coronatus serait suscep-
tible de se comporter de la même manière avec
!ymnaea cubensis, vecteur de Fasciola hepafica à
:a Martinique. En ce qui concerne la destruction
1’Australorbis glabrafus par des moyens biolo-
giques, seul Marisa cornuorietis a donné des
résultats satisfaisants à Porto-Rico (FERGUSON
et Coll. 1958, RADKE et Coll. 1951 et autres).
Des recherches seraient à entreprendre sur
les possibilités de lutte biologique avec Potomo-
5yrgus coronatus signalé pour la première fois
?I la Guadeloupe. Le dernier Comité d’Experts
sur la bilharziose de l’organisation Mondiale
de la Santé souligne l’intérêt et l’avantage d’un
tel procédé dans le contrôle malacologique des
viviers et exploitations aquicoles où l’emploi des
Fig. 7. - Poiomopyr-gus coronatus Pfeiffer.
molluscicides chimiques est interdit pour des
raisons pratiques.
Gastéropode d’eau douce operculé de très
Nerefina puncfulafa Lamark.
petite taille (1,8 à 2 mm) à coquille brune,allon-
Mollusque operculé, à coquille globuleuse,
gée, à ouverture dextre et à 5 tours de spires.
ornementé de points jaunâtres tranchant sur un
Petit mollusque gastropode hydrobiidé ne devant
fond sombre et fermé par un opercule épais.
pas être confondu avec Lymnoea cubensis qui
Existe dans presque tous les torrents de la Mar-
est de taille double, à coquille plus claire et dont
tinique et de la Guadeloupe où on le trouve en
les cornes sont courtes, plates et triangulaires
plein courant fixé aux rochers.
284

PREMIÈRES OBSERVATIONS
pied fixé à la paroi rocheuse au niveau de la
FAITES AU LABORATOIRE
surface de l’eau, aux endroits où par capillarité
SUR L’ÉCOLOGIE DE Lymnaeo Cube&s
le substrat est humide.
c) Dans le milieu précédent mais très forte-
Si l’on s’en réfère à la bibliographie, les
ment aéré par un oxygénateur à bulles, les
quelques essais de mise en élevage de L. cuben-
mollusques se déplacent lentement et ont ten-
sis au Laboratoire ont été décevants, les auteurs
dance à se rassembler aux endroits où l’aération
ayant pu difficilement le maintenir en survie en
est maximum.
utilisant certains artifices d’élevage tels que les
Dans les trois milieux a), b), c), les mollusques
aquaterrariums.
délaissent la laitue crue ou bouillie qui leur est
LEE en 1962, étudiant le cycle biologique
distribuée et aucune ponte n’est observée.
d’Heterobi/harzia
americana Price, 1929, parasite
du rancoon et d’autres mammifères du sud-est
d) Des matières organiques en putréfaction
,
des U. S. A., constate que L. cubensis, hôte inter-
ajoutées au milieu, telles que des fragments de
médiaire de ce trématode, s’adapte très diffi-
feuilles de canne à sucre ayant séjourné dans
cilement aux conditions d’élevage en labora-
l’eau pendant un certain temps, permettent de
nourrir partiellement L. cubensis, qui ne fuit plus
7
toire. Pour réaliser le cycle d’H. americana, il se
voit obligé de travailler sur des spécimens, infes-
l’aquarium.
tés naturellement, récoltés dans des gîtes du Delta
e) Sur fond vaseux (5 cm d’épaisseur) recou-
du Mississipi. LEE les maintient en survie en les
vert de 10 cm d’eau très fortement aérée, l’un
nourrissant avec de la laitue fraîche. En aqua-
des derniers survivants donne une ponte le 3/IV/
rium, la plupart des spécimens s’enfouissent
66. De cet amas d’oeufs (20 environ) en forme de
dans la vase humide où ils entrent en diapause.
virgule et de 1,5 à 2 cm de long, naissent le
VERGANI en 1955 au Venezuela avait déjà
12/lV/66, 5 Lymnaea cubensis qui sont la base de
fait cette remarque. Après un repos de 235 jours,
l’élevage.
45 p. 100 des mollusques sont capables de donner
Ces quelques exemplaires, ont, durant les
,
des pontes fertiles.
deux premières semaines de leur vie, une crois-
Avec beaucoup de précautions, il a été possible
sance très lente. Se maintenant fixés aux parois
de rapporter de la Martinique, une souche de
de l’aquarium, à égale distance du fond de vase
L. cubensis, maintenue en élevage depuis le
et de la surface, ils se nourrissent vraisemblable-
2 avril 1966.
ment des microorganismes en suspension dans
Des 50 spécimens adultes récoltés dans un
l’eau. Beaucoup moins « vagabonds » que leurs
canal d’irrigation de l’élevage du Fond Laillet
parents ramenés de la Martinique, ces jeunes
(Belle Fontaine), le 9 mars 1966, il ne restait
1. cubensis commencent à mangerdela laitue à
plus en arrivant à Dakar que 5 exemplaires
partir de leur troisième semaine. Ils mesurent
dont 2 en très mauvais état, les autres étant morts
alors 2 mm de long. Deux semaines plus tard,
au cours du transport ou au cours de leur séjour
ils ont atteint la taille des mollusques adultes
à la Guadeloupe du 12 au 30 mars 1966.
qui leur ont donné naissance et commencent à
Les différents milieux de survie ou d’élevage
pondre à l’âge de 34 jours. Le développement
ont été successivement essayés :
d’œuf à œuf a duré 43 jours, dont 9 pour I’éclo-
a) Dans une eau de source non aérée artifi-
sion des œufs, ce qui est extrêmement court.
ciellement de pH = 6,8 et à 26 OC, L. cubensis
Les pontes se succèdent nombreuses (26pour
fuit le milieu aquatique en quelques heures pour
5 mollusques en 14 jours) et deviennent le départ
s’immobiliser sur une paroi sèche où il entre en
de cet élevage. La courbe de croissance (poids)
diapause. Remis en eau dans les quelques heures
donnée plus loin, a été établie à l’aide d’exem-
qui suivent, il reprend son activité pour fuir
plaires nés de ces pontes.
encore et tenter de se remettre en diapause.
A partir du début de la période de ponte, la
Trois ou quatre fugues suivies d’une remise en
taille des mollusques s’accroît au point de dépas-
aquarium aboutissent à la mort du mollusque.
ser en longueur 2 fois celle des L. cuhensis récol-
b) En eau de source non aérée avec fond
tées sur le terrain, leurs poids étant environ 5 à
rocheux, certains exemplaires s’immobilisent le
6 fois plus élevé.
J

4
A 56 jours, ils mesurent 1,3 à 15 cm de long
1) Lot de 3 semaines . .
80 p. 100 de mortalité
sur OS60 à 0,80 cm de large et pèsent en moyenne
2) Lot de 4 semaines . 50 p. 100 de mortalité
Q28 à 0,35 g .
3) Lot de 5 semaines . 80 p. 100 de mortalité
Ces exemplaires élevés artificiellement ayant
4) Lot de 5 semaines
30 p. 100 de mortalité
une taille anormale sans doute parce que sou-
sans alimentation artificielle.
mis à un régime riche et régulier, il était inté-
ressant de savoir si leur faculté de résister à de
Les individus très jeunes sont moins résistants
mauvaises conditions du milieu, ne s’était pas
à la dessiccation que les plus âgés. Une alimen-
amoindrie.
tation artificielle riche et régulière amoindrit
Pour ce faire, ils ont été successivement placés
cette résistance.
dans des aquariums où ont été progressivement
supprimés, les éléments ayant permis leur crois-
Croissance de 1. cubensis dans les conditions
sance et leur multiplication (vase, laitue crue,
d’élevage au Laboratoire.
i
aération artificielle) :
La courbe de croissance a été établie d’après
10 Dans un aquarium en eau de source aérée,
le poids moyen de 25 exemplaires nés en aqua-
filtrée de pH = 6,8 à 24 OC, contenant de la
rium sur fond vaseux dans une eau de pH = 6,8
laitue crue. Aucune tentative de fuite hors de
fortement aérée, les mollusques étant nourris
l’aquarium n’est observée. Pendant une semaine,
avec de la laitue crue.
les mollusques continuent à se nourrir en pon-
Dans les quatre premières semaines, la crois-
dant régulièrement comme dans l’aquarium a
sance est régulière. Les L. cubensis ne s’ali-
fond vaseux.
mentent qu’avec des matières organiques en
20 Quand l’alimentation est supprimée mais
suspension dans l’eau. La courbe prolongée
l’aération du milieu maintenue, les L. cubensis
suivant cette pente initiale donne un poids moyen
ont un comportement normal et continuent à
de 30 à 40 mg à 8 semaines qui correspond à
pondre, mais certaines pontes sont stériles.
celui des spécimens adultes récoltés sur le terrain
30 Au bout de 7 jours, l’aération est interrom-
(courbe en pointillé).
pue ; les mollusques s’immobilisent sur le fond
A partir de la quatrième semaine, quand
et les parois de l’aquarium. Les pontes cessent,
L. cubensiscommenceà se nourrir avecde la lai-
mais en une semaine, aucun exemplaire n’es-
tue crue, la croissance s’accélère, le poids et la
saye de quitter le milieu aquatique pour entrer en
taille dépassent la normale en deux semaines
diapause.
pour aboutir à des individus atteints de gigan-
40 Pour reconstituer au laboratoire, les con-
tisme (300 à 400 mg à 7 et 8 semaines).
ditions d’assèchement d’un gîte, les mollusques
sont installés dans un aquarium à moitié rempli
CONCLUSION
de vase humide avec en son centre un fragment
de rocher dépassant de quelques centimètres la
Des observations faites sur le terrain et au
surface vaseuse. Dans ce nouveau milieu, les
cours de ces essais d’élevage en laboratoire, il
mollusques, après quelques déplacements de
ressort que :
peu d’importance, s’immobilisent, après s’être
à moitié enfouis dans la vase ou fixés sur la
10 L. cubensis ne peut vivre que dans des eaux
paroi rocheuse aux endroits où elle est un peu
très oxygénées où l’eau est renouvelée constam-
humide. Ils résistent 3 jours ainsi, puis s’en-
ment.
foncent tout à fait dans la vase, pour entrer en
20 Un fond vaseux avec des matières orga-
« diapause » et résister à I’estivation, mais
niques en suspension est indispensable à la sur-
meurent au bout de six jours.
vie, à l’alimentation et à la multiplication de
Par comparaison des lots de 20 Lymnaeo
L. cubensis.
cubensis âgés de 3, 4 et 5 semaines (alimentés
30 Quand le milieu manque d’oxygène ou
avec laitue crue) (lots 1, 2 et 3) et âgés de 5 se-
qu’il se dessèche, i. cubensis le fuit pourentrer
maines (sans laitue) (lot 4) ont été soumis à la
en diapause, en général en s’enfouissant dans
même série de tests :
le sol.
i
286
.

40 II est possible de maintenir en élevage
puis meurent, sans avoir pu entrer en « dia-
L. cubensis à condition d’aménager un aquarium
pause » pour estiver. Tout se passe comme si les
avec un fond vaseux épais de plusieurs centi-
conditions artificielles d’élevage, accélérant la
mètres et d’aérer très fortement le milieu.
croissance par une trop bonne alimentation,
avaient fait disparaître la résistance de L. cuben-
50 La croissance des L. cubensis en élevage est
sis au dessèchement.
considérablement accélérée si on les alimente
avec de la laitue crue. Ils délaissent la laitue
Lymnaeo cubensis est un gastéropode, dont
bouillie. Des spécimens de la taille et du poids
l’écologie un peu particulière pour une limnée,
des adultes trouvés dans les gîtes naturels sont
demande que certaines précautions soient prises
obtenus en 30 à 40 jours et commencent à pondre
lors des campagnes anti-mollusques. En état de
35 à 40 jours après la naissance.
diapause, il n’est pas détruit.
La souche martiniquaise semble assez ubi-
60 A partir du 35e jour, la taille et le poids de
quiste en ce qui concerne son mode d’alimenta-
certains spécimens d’élevage dépassent la nor-
tion, et il est à craindre que ce mollusque ne
male. Ces exemplaires résistent pendant plu-
colonise des cours d’eau ou ruisseaux où il
sieurs jours, à la suppression de toute alimenta-
n’existe pas encore. S’il envahissait des cresson-
tion, d’aération du milieu et leur activité dimi-
nières, cela poserait un grave problème de santé
nue progressivement.
humaine. Cependant, une alimentation riche et
70 Placés dans un terrarium de vase humide,
régulière fait apparaître des individus de taille
ils survivent quelques jours au dessèchement
et de poids dépassant largement la normale mais

qui ont perdu la faculté de se mettre en état de
Messieurs DUVERGER et CLÉMENT de I’lns-
diapause pour « estiver ». Leur destruction par
titut de Recherches Agronomiques Tropicales à
épandage de molluscicides est alors très facile.
Fort-de-France, des Docteurs MILLE, LE GONI-
DEC et LABOURDETTE de l’Institut Pasteur de
la Martinique, de Messieurs BULIT et DIGAT du
REMERCIEMENTS
Centre de RecherchesAgronomiquesdesAntiIles,
Le matériel malacologique a été déterminé par
des Docteurs M. SAINT-PRIX, BAGÉ et BOSSAR-
le Docteur MANDAHL-BARTH du Danish Bilhar-
DET des Services Vétérinaires de la Guadeloupe
ziasis Laboratory à Charlottenlund, Danemark.
et de Monsieur LIATARD du Service Vétérinaire
de Marie-Galante.
Les prospections malacologiques et épidé-
miologiques ont été possibles grâce à la colla-
Insfifut d’Élevage et de Médecine Vétérinaire
boration du Docteur L. SAINT-PRIX du Service
des Pays tropicaux.
i
Vétérinaire de la Martinique, du R. P. PINCHON
Labaratoire Nalional de /‘Elevage et de
du Séminaire Collège de Fort-de-France, de
Recherches VétGrinaires de Dakar-Llonn (SénGgal)
SUMMARY
Malacological survey in French Antilles.
Observations on ecology and laboratory rearing of Lymnaea cubensis Pfeiffer
Some malacological surveys have been made in the rlvers and pools cf Marti-
nique, Guadeloupe and Dependances (Marie-Galante and CC Iles des Saintes j>),
and some fresh water gasteropodes havc been found : lymnaeo cubensis
Pfeiffer, Biomphalaria havanensis
Pfeiffer, Ausfralorbrr peregrinus (d’orbigny),
Auslralorbis glabrafus (Say) ; Drepanotrema culirofum (d’orbigny), P h y s a mar-
morafa Guilding, Pofamopyrgus coronalus Ffeiffer, Nereiina punctulot« Lamark.
Some of thcse had previously never been repor!ed in those Islands.
Some of the ecological particularities of L. cubensis have been studied on a
strain of this snail coming from Martinique and maintained for rearing purpose
.
at Dakar. The snail was able to live a long lime outside the water. TO mainiain
it in rearing, it was necessary to keep it in aquaria with muddy boitom and
Will aerated water. 1.he growth was acceleraied by a rich food made of raw
lettuce leaves and the snails obtaincd by this method were bigger in size ihan
the normal ones but they were not able to get into diapause when the environ-
mental conditions became dry. The snails which had been fed only with organic
subslances in suspension in the water, grew very slowly but kept their ability
to get into diapause.
RESUME N
Investigaciones malacologicas en las Antillas francesas. Observaciones sobre
la ecologia y la cria de Lymnoeo
cubensis Pfeiffer en el laboratorio
Se hicieron algunas investigaciones malacologicas en /os rios y charcas de
la Martinica, de la Guadalupe y de sus dependencias (Maria-Galante y las Islas
de las Santas). Se recogi6 un cierto numero de gasteropodos de agua : Lymnaea
cubensis Pfeiffer, Biompholoria hovonensis Pfeiff?r,
Ausiralorbis eeregrinus (d’orbi-
gny) Ausfrolorbis glabrotus (Say), Drepanofrema culfrafum (d’orbigny) Physa
marmorota Guilding, Pofamopyrgus coronatus Pfeiffer, Neretina punciulato Lamark.
Nunca se habian notado todavia algunos de elles en dichas islas.
Se estudiaron algunas particularidades ecologicas de L. cubensis en una
cepa de este molusco de Martinica criado en Dakar. Puede vivir fuera del
f
medio ocubtico durante mucho t i e m p o . P a r a m a n t e n e r l e e n c r i a , s e necesito

ponerle en acuarios con fondo fangoso y agua muy aireada. Su crecimiento
aumenta con una alimeniacion rica, constituida por hojas de lechuga cruda.
Este método de cria do espécimenes de tamafïo superior al normal, perdiendo
la propiedad de diapausia cuando el ambiente se deseca. El crecimiento de 10s
moluscos solo alimentados con las materias organicas en suspension en el
agua es muy lento, pero se conserva la facultad de diapausia.
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Imprimé en Pranre. - ImD. JOUVE. 12. Rue de Tournon. Paris (G’)

C. R. Acad. SC. Priris. t. 269 (15 décembre 1969)
Série D -- 2381
-_
.__-__
PARASlTOLOGI F. -- Réceptivité Ru Phucoch&e (Phacochoerus aethiopicus) à
fr sou& mw.vt-ujiicaine de Trichinella spiralis. Note (*) de MM. Simon Grétillat
et Jean-Louis Chevalier, présentée par M. .C!ément Rressou.
cinfestatfc,n CrpcrimCntale
de t 1 phacochères montre la très grande réceptivité de ce suidé
,auvage ;i la sc,u&e 1,~te\\l afrl(alnC dc 7: .sjnhks, ators qu’il n’mt que très rarement et très kgkrenlcnt
infesté dans une r+iorl où ta trlchmosc du chacal est fréquente (Delta du Fleuve Sénégal).
La souche dtz Trichine& spiralis hébcrgee par certains mammifères sauvages
de la région du Delta du Fleuve Sénégal a étc isolée d’un chacal et d’un phacochère
[Grétillat ct Vassiliadeh (“)].
Depuis lorb, nous avons tente de déterminer par des enquêtes épidémiologiques
le nombre et la nature des réservoirs de parasites dans cette région de l’Afrique:
Les examens trichinoscopiques de viande de chasse (phacochère) et de chair
d’animaux sauvages abattus dans cette région (chacal, chat sauvage, civette, genette,
mangouste, renard des sables) montrent que le chacal (Cunis ad~~&.~) et le phaco-
chère sont deux réservoirs de parasites. Le premier est. très-souvent parasité : 6 cas
positifs sur 17 animaux abattus avec des taux d’infestation dépassant en général
plusieurs dizaines de kystes larvaires par gramme ; alors que le second ne l’est que
très rarement et très légèrement : 4 % seulement d’animaux positifs sur 450 examinés
avec des taux d’infestation très faibles 1 à 6 larves/g, un seul phacochère ayant
atteint le chiffre de 53 kystes larvaires pour un gramme de muscle.
Le porc domestique étant pratiquement non réceptif à cette souche [Grétillat
et Vassiliadès (“)], il nous a paru intéressant de rechercher dans quelle mesure
le phacochère. animal omnivore et volontiers (( charognard )) n’était pas lui aussi
plus ou moins rcfractaire. Le moyen le plus simple consistait à infester expérimen-
talement des phacochères non parasités par T. spiralis.
PROTOCOLE EXPÉRIM~W~AL. - Capture et mise en stabulation de 12 jeunes
.
phacochères âgés de 10 a 15 mois et pesant 15 à 25 kg. Biopsies musculaires (05
à 1 g de muscle fessier) effectuées sur chaque animal pour contrôle trichinoscopique
préalable. Infestation expérimentale par administration de chair de chat trichiné
(à la sonde gastrique sous préanesthésie au (( Largactil ))) avec des doses croissantes
allant de 4 à 300 kystes larvaires pour 100 g de poids vif d’hôte. Surveillance clinique.
Examens coprologiques hebdomadaires. Examens hématologiques : a. Formules
leucocytaires au moment de l’infestation, 10 jours, 30 jours après et en fin d’expéri-
mentation ; . b. Recherche et dénombrement des larves migrantes de T. spiralis
dans le sang artériel, par examen de 20 cc. de sang prélevé par ponction cardiaque
le 17e jour, suivant la technique préconisée par Gould et coll. (‘). et modifiée par
Nelson et coll. en 1966 (*). Contrôles trichinoscopiques d’infestation faits 40 à
76 jours après, soit sur biopsies musculaires (animaux non sacrifiés), soit sur pre-
lèvements musculaires effectués au niveau du diaphragme, des masseters, de la cuisse,
de l’épaule et du cou (animaux autopsies). La moyenne arithmétique de tous ces résul-

C. R. Acfq. SC. Paris, 1. 269 (15 dkembre 1969)
Numéro du
phacochére
Sexe
Poids début
expkriewz
Poids fin
expérimentation
Biopsie de contrdle
Nombre de
I
kystes/100 g
de
g
3.
/ poids VI~ d’h0te

/ Q
E
Nombre total de
5%
Nombre total de
1
kystes administrés a
P
kystes administrés a \\ ’
chaque
chaque phacochère
Dtbut ___
le 1Oe jour
le 30e jour
Fin de I’exp&ience
Début
Fin de I’expérlence
Biopsie’ musculaire
au bout de n jours
z
I 0 2=.
4utopsie de
;o
.Islrlwl~
K
00--m
zoontrale au bout de \\ g
v jours
R
Résu/fals: tauxd’infestation
ivalué en nombre de kystes
arvaires par gramme tk muscle

C. R. Acad. SC. Paris, t. 269 (15 dhembre 1969)
SérieD - 2 3 8 3
tats (examens effectués par écrasement de prélèvements de 1 g entre deux fortes lames
de verre) est considérée comme le taux moyen d’infestation pour chaque animal
en expérience (nombre de larves par gramme).
INTERPRETATION DES RÉSULTATS OBTENUS. --- Les variations du taux d’éosino-
philie sanguine pendant et après la phase d’enkystement larvaire sont difficilement
interprétables, il en est de même de la monocytose enregistrée pendant la même
période: La prése,nce de trichines adultes dans le contenu intestinal des animaux 4
et 6 montre que ce milieu est propice au déroulement normal de la phase initiale
du cycle biologique du parasite. L’examen du sang artériel du phacochère no 12
rétéle la présence de larves migrantes de T. .ykdi~ (4 larves pour 10 cm3 de sang)
le 17” jour après I’infestation.
Le phacochère se montre expérimentalement très réceptif & la souche ouest-
africaine de T. .rpirafis et aucun des animaux en eXpérience n’a présenté de kyste
larvaire calcifié ou en voie de calcification, comme cela se voit chez le porc dès
le 35ejour [Grétillat et Vassiliadès, 1968 (3)].
Comment expliquer de telles différences entre le taux de parasitisme très bas
du phacochère en brousse et ‘celui très haut obtenu expérimentalement au labora-
toire ?
a
I
Cannibale, ubiquiste quant au choix des charognes qu’il peut trouver dans
la savane (aptitudes contrôlées au laboratoire et sur le terrain à l’aide de 2 phaco-
chères apprivoisés), il devrait se contaminer plus souvent dans une région où existe
T. spiralis a l’état endémique chez le chacal.
S’agit-il d’une destruction des larves de trichine par fes processus de putréfaction
des carcasses et leur dessiccation par le soleil ? Comme expérience de contrôle
nous avons exposé aux rayons solaires pendant 12 jours plusieurs membres de
phacochères parasités. La température atteignait 30 à 35 OC aux environs de midi.
50 % des larves étaient encore vivantes et infectieuses à la fin de l’expérience.
Très réceptif et susceptible d’avaler fréquemment de la viande trichinée, te faible
taux de parasitisme du phacochére serait peut-être dû, à notre avis, à un facteur
extrinsèque écologique Mthologique qu’il reste à déterminer.
(*) Sthce du 3 décembre 1969.
(1) S. E. GOLJLD, H. J. GOMBERG, F. H. Br$~+u, J. B. VILUJA et C. 2. HERTZ, Amer. J. PU~., 31,

1955, p. 933.
(2) S. GR~ILLAT et G. VASSILIADÈ~, C:omptes rendus, 264, Série D, 1967, p. 12974300.
(3) S. GR~~ILLAT et G. VAWLIAD& Rev. Elev. Med. vet. Puys Trop., 21, 1968, p. 85-99.
(4) G. S. NELWN, E. J. BLACKIE et J. MUKUNJX, Trans. Roy. Soc. trop. Med. Hyg., 60, 1966, p. 471-480.
(Laboratoire de Recherches vétèrinaires,
Dakw, S&&a1 ;
Laboratoire de Purasitoiogie,
15, rue de L’Ecole-de-Mkdecine, 75-Paris, 6=.)