IVèmes JOURNEES MEDICALES DE DAKAR - JANVIER 1265...
IVèmes JOURNEES MEDICALES DE DAKAR - JANVIER 1265
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RESULTATS D’UNE ENQUETE SUR LA BRUCELLOSE BOVINE AU SENEGAL ‘-
DANGERS DE CONTAMINATION POUR L’HOMME
par J. CHAMBRON”
La brucellose a attiré r&emment l'attention des Médecins
de Dakar, nvec la découverte par Armengaud et coll. en 1962 de deux cas
de m&litococcie humaine à l’hapital de Fann, et de deux autres cas au
village m&me des malades. L’isolement de Brucelln intermedia a confirmé
l e s diaghostics c l i n i q u e s , sérologiques et allergiques. L'origine de ce
foyer était vraisemblablement dQe à l’infection des petits ruminants
du village.
Le diaghostic de ces cas de bruccllose humnine à symptomato-
logie peu precise a Eté assez difficile. Il nous a donc paru digne
d’intérêt pour les médecins praticiens et les vétérinaires de donner
ici les rGsultats d’une cnquâte menée nu Laboratoire national de recher7
ches véterinaires de Hann à Dakar sur In brucellose bovine nu Sénégal,
et d'attirer l’attention une fois de plus sur une maladie qui est peut-
Etre moins rare qu’on ne le’ pensait dnns un pays où l’élevage est
particulièrement à l'honneur.
Cette enquête, commencee en 1960, s'est déroulée en deux
é t a p e s :
Dans le premier temps, des sondages sont menés, dans toutes
les régions du SrZndgal, en utilisant la technique de l’anneau de creme
(ou ring-test) sur des laits individuels, de petit melange (5 à 8 têtes
en moyenne) et de grand milange (laits de marchés, de collectivités).
Les laits positifs offrent en partie supérieure un nnneau de crême rouge
ou violet p?r ascension d’un antigène coloré. La crêrbe des laits negatifs
,
1
r e s t e blanche. Ln spécificite e t In iflid6lité d e c e t e s t s o n t assez hop-
nes pour une épreuve de simple d6pistage. Les laits de mélanges peuveat
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rassembler des échantillons de lnit d’une dizaine d’animaux au maximum ;
un seul
l,nit positif rend tout le mélange positif. Des renseignements
cliniques succincts accomp:.gnnnt les prélèvements permettent de poser
un diagnostic de suspicion de brucellose si les animaux testes ont déj5
avort6 ou présentent des lésions chroniques de brucellose.
.,. / . . .
*J. CHAMBRON, Docteur Vétérinaire microbiologiste au Laboratoire National
de recherches vétérinaires - DAKAR-HANN;

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Les renseignements fournis par cette enqu&te sont diijà intE-
ressonts. Sur 288 prélcvements correspcndnnt XIX loi-k de 768 vaches,
le rinq-test est positif pour :
- 3 laits de grand mélange sur 12,
- 38 laits de petit m&lange sur 136,
- 60 laits $ndividuels sur 149.
et au total, 35 p. 100 des 1oit.s sont positifs.
l
Sur 124 troupeaux intéressgs par cette étude et representant
un cheptel de plus de 5.000 têtes, 56 sa rt%Glent infectés, soit 45 pa
100. De nombreux animaux suspects sont signoUs.
LE nombre 5levé des réactions positives observées justifie
la continuation de 1'enquEte dons les secteurs les plus suspects, en
mettant en yeu cette fois une m&thode d'analyse individuelle plus scn-
sible. La
séro-agglutination Lente en tube est retenue ; elle se prête
bien aux analyses en serie et est suffisamment fidèle.
La deuxième partis de l'enquête intéresse des sérums en prove-
nance des ragions de ihiès, de Diourbel et du Cap Vert, La Casamance
Sembl(ant
particuli&rement atteinte, une tournée à Kolda et Vélingarn
permet de récolter 800 sirums et détudier l'épidémiologie de l'infection
sur place,
Les resultats sont lus suivants : 140 skums sont positifs
sur 1.051 analysés, soit 13,3 p. lC3 (un sérum est d&clarÉ! positif avec
l'sntiggne omployii lossqu'il agglutine totnlement au 1/40, ce qui
corres
po$d à un peu plus de 60 Unités internationales agglutinantes). Sur 63
troupeaux,39 possèdent un ou des snimaux réagissants,
L'apprkiation du taux d'anticorps circulantsdhez les animaux
positifs d'après leur titre ngglutinnnt donne la répartition suivante :
-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-;-:-:-:-:-:-:-:-~-
:-titre ogglutincnt: J-/40: 1/80: 1/160 : 1/320 :1/640:1/1280:1/2560:1/5120~
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~---.:~---y-: .: I
: nbre de sérums
:
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11; 5
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I 40:-
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p. 100
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. . . / . . .

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-7.
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Pour la plupart des sérums, le caractère positif est donc très
*et et signe des brucelloses cliniques évolutives caractéristiques.
L'infection brucellique bovine provoque habituellement l'avoi-
temeit, unique ou xiSpété, et souvent l'inflammation de poches séreuses
synoviales ou l'apparition d'abcès sous-cutanes. Ces dernières lésions
se traduisent extérieurement par des collectioes volumineuses aux articu-
lations ou autres endroits du corps, et que l'on nomme du terme parfois
impropre d'hygroma.
Nous avons voulu vérifier si les nombreux avortements et hygro-
mas constatés correspondaient aux résultats des séro-diagnostics brucelli-
ques. Or, ea Haute-Casamance, où la maladie semble txès répandue, OR cons-
tate que 39 auimaux c1 sérum positif sur 112 présentent de tels signes
cliniques, soit 34,8 p. 100 contre 1,5 p. 100 chez les animaux a sérum
négatif (11 sur 723). Ces lésions semblent donc en rapport dirert avec
la pr6sence d'anticorps brucelliques agglutinants. L'isolement de 6 sou-
whes de Brucella à partir de 23 liquides d'hygsomaa viert ooafirmer le
diagnostic elisique.
Toujours en Casamaace, la totalité des femelles de 30 troupeaux
choisis absolument au hasard est testée.
- 9,4 p. 100 oat un sérum positif,
- 60 p. 100 des troupeaux (17 sur 30) sort infectés, le tiers à plus
de 20 p. lO0 de leur effectif en femelles adultes ; le taux
d'infection varie de 1 à 70,s p. 100
Cette enquéte sérologique montre donc que la maladie est large-
mert xépandue au Sénégal,
Sass entrer dans le détail de la symptomatologie, nous vouloas
préciser trois points.
L'avortement, frequert, est taRti3t isolé, tant8-t à répétition.
Certains amimaux avorteot trois B quatre fois de suite.
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Les Mskons chroniques d'hygroma, Egalement très fréquentes,
frappent l'observateur le moins averti, De volume variable, elles peu-
vent contenir jusqu'à 20 litres de liquide, Certains animaux présentent
plusieurs hygromas, jusqu'à sept, rendant le dtigbostic clinique parti-
culièrement aisé. PonctionnCe, la lésion peut s'infecter ou récidiver,
Une forme rencontree de façon partj.culj.èrement fréquente est
l'infection inapparente, L'qnimnl, cliniquement indemne, a un séro-dia-
gnostic positif. En Casamance, l'infection de plus de la moitié des
troupeaux se présente sous cette forme ; le nombre des réagissants au
sein de ces troupeaux est loin d'être négligeable, puisqu'il peut
atteindre 23 p0 100 (7 vaches positives, nppnren,ment saines, sur Xl),
Au total, 65 p. 100 des femelles à séro-agglutination positive semblent
cliniquement indemnes. Burnet disait qu'en m;itiÈre de brucellose il y a
généralement plus d'infectés que de malades, L'un et l'autre trahissent
pourtant la morbidité assez élevée de la malcdie,
L'isolement de l'agent responsable est relativement ais6 par
ponction d'hygromn, Le germe est retrouvu dans 60 p. 100 de ces lésions
selon certnins auteurs,, Nous sommes loin de ces chiffres et avons récol-
té surtout beaucoup de souillures, par suite d'interventions antérieures
intempestives des éleveurs pour vides ces lésions,
Sur six souches que nous avons isolhes en culture pure, cinq
offrent les caractkes biochimiques et sérclogiques de Brucella abortus
avec une production intense de SH2, la sixième offre ceux de Erucella
melitensis, var. intermedia..^
Pour lutter contre In maladie au Sénégal, il faut tenir compte
des conditions économiques locales , qui ne justifient pas une vaste
action
d'éradication telle qu'elle est envisagée actuellement en France.
Dans un premier temps, une vaccination ùes jeunes et des femelles pleines
permettrait de faire regresser la maladie et de ramener les pertes écono-
miques à un niveau n6gligeable dans les troupeaux les plus atteints, La
vaccination seule n'entraîne pas l'éradication, mais évite l'avortement
qui est une des principales sources de contamination pour l'animal et
Yhomme
par le nombre élevé de germes virulents qu'il libère dans la
rature.
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Nous vaudrions terminer en attirant l'attention sur le danger
f
que repr%sente cette maladie pour l'homme. La brucellose, maladie anima-
le, est accidentellement
transmissible à l'homme. L'infection qu'elle
provoque chez ce dernier est souvent grave, et elle laisse fréquemment
des séquelles pouvant diminuer l'activité du sujet, Toutes les espèces
de
Brucella n'ont pas le même pouvoir pathogène ; Brucclln abortus, agent
le
plus fréquent de la brucellose bovine l'est beaucoup moins que Brucelia
melitensis,

Mais, outre que le bovin peut se voir contamine par cette 1
dernière. en zone où s5vi.t 1,~ mélitococcie, la maladie provoquée chez
l'homme est sensiblement aussi grave avec l'une et l'autre espèce.
La contamination humaine ee fait principalement par contact
(60 à 70 p. 100 des cas) ; elle est essentiellement professionnelle. Les
statistiques françaises montrent que les professions agricoles paient
le plus lourd tribut : 50 p. 100 des cas. Et 88 p. 100 des vétérinaires
français qui contractent la brucellose sont contaminés par des bovins ;
les
nrthrites, orchites, les Usions vertébrales, cardiaques, pulmonaires
sont fréquentes ; on note 20 p. 100 de rechutes, La contamination alimenT
taire, par le lait cru surtout, représente 20 p. 100 des cas.
En conclusion, la brucellose bovine est donc largement répandue
au SSnégnl. Pour les personnes qui sont en contact avec les troupeaux ;
propriétaires, éleveurs et même agents du Service de lIElevage au cours
de leurs interventions professionnelles, elle représente un danger non
nGgligeable.
Journées Médicales de Dakar 1965.
Reproduction,même partielle, interdite,
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