“Y 1 6 I ._“Y), 1;5. 2” A. Gueye I ...
“Y
1 6
I ._“Y), 1;5. 2”
A. Gueye I
Tiques et hémoparasitoses
M. Mbengue ’
du bétail au Sénégal.
A. Diouf ’
M. Seye I I 1. La région des Niayes
L es auteurs rapportent les résul- végétales a comme corollaire une évolution concomi-
tats d’une étude sur les tiques et
tante de la faune qui lui est associée. La distribution
les hémoparasitoses des bovins et des caprins dans la zone des
Niayes au Sénégal. Un détiquage systématique de 40 bovins et

des tiques dépend très largement de l’humidité
de 40 caprins est réalisé pendant 18 mois afin de déterminer la
ambiante ; ainsi les tendances climatiques actuelles
dynamique des populations et de préciser les sites préférentiels
laissent-elles supposer une nouvelle répartition des
de fixation des différentes espèces. Sur les bovins, les 8 espèces
récoltées sont par ordre d’importance : Boophilus decoloralus,
espèces et/ou une variation du niveau des popula-
Amblyomma variegalum, Hyalomma truncatum, H. m. rutïpes,
tions.
H. impressum, Rh. senegalensis, Rh. sulcatus, Rh. evertsi
evertsi. Sur les caprins : A. variegalum constitue l’essentiel des
Les maladies transmises par les tiques n’ont été
tiques, accessoirement on trouve H. trunca~um, B. decoloralus,
Rh. senegalensis, Rh. e. evertsi, Rh. guilhoni.
étudiées jusqu’à présent que de manière très partielle
Parallèlement, des études sont menées sur les hémoparasitosts
en Afrique de l’ouest, et les connaissances sur le rôle
par réalisation de frottis et de splénectomies. Chez les bovins,
vectoriel des diverses espèces présentent encore des
sont mis en évidence Anaplasma marginale, Theileria mulans,
Uabesia bigemina, Ehrlichia bovis, Cowdria ruminantium, Tr.v-
incertitudes. Les caractéristiques des enzooties au
panosoma vivax, T. theileri et des microfïlaires de Setaria labiafo
sein des différents biotopes méritent également d’être
papil/osa. Les infections fréquentes décelées chez les caprins
précisées dans la perspective de la mise au point
sont occasionnées par Cowdria ruminanfium et une Anaplasma-
SP- ; quelques cas d’infection à Theileria sont rencontrés. Les

d’une
éventuelle
prophylaxie. La
nécessité
caractéristiques de toutes ces enzooties sont précisées. Mois
d’approfondir les connaissances sur cette pathologie
clés : Bovin - Caprin - Tique - Hémoparasite - Protozoase -
motive les recherches entreprises dans les principales
Rickcttsic - Sénégal.
zones écologiques du Sénégal afin d’appréhender les
facteurs essentiels de l’épizootiologie des affections
causées par ces acariens. Les zones bioclimatiques
suivantes (2) font l’objet de ces recherches :
INTRODUCTION
- la région des Niayes ;
- la zone sahélienne (région de Louga) ;
- la zone de la savane sèche (le Sénégal oriental) ;
En Afrique occidentale, certaines données de base
- la zone de la savane humide ou soudano-guinéen-
sur les tiques ont déjà été obtenues, notamment en ce
ne (la Casamance) ;
qui concerne leurs hôtes, leur distribution géographi-
- la zone soudano-sahélienne (Siné-Saloum).
que, leur biologie et leur systématique. Les travaux de
Cet article présente les travaux qui ont été réalisés
MOREL (13, 15) sur les tiques de l’Afrique éthiopienne
dans les Niayes.
continentale et ceux d’AESCHLIMANN (1) en zone
forestière en sont de bonnes illustrations. Leurs pubIl-
cations précisaient la distribution des tiques avant ia
période de sécheresse actuelle.
Depuis une dizaine d’années, on assiste à une modi-
fication des écosystèmes pastoraux, et les principales
causes de ce bouleversement sont : une sécheresse
‘J!J?C;I r?nd&llque, la deforestntion et la mise ~?II cdtu!~?
La rtigiori ~1~:s N~ayes est cette bande c6tlCre dt,
de teries nouvelles. Cette évolution des communaute:;
quelques d~znrnes de kilomètres de large située .a?~
nord-ouest du S&n@al, entre le Cap-Vert ct Snint-
Louis (Fig. 1). Elle esicomprise entre les isohyètes tic:
300 mm et GO0 III~~ , cependant, grâce à I’~riflu~rtc~~
du c o u r a n t froici dt:s Canaries e t ;Iux :ilrti:s c Ii*’
tt:rri/)t?ri)nt
i’;iu:jitl’: C~(I c.lirii:11 cjht!r;il (113 /‘1rl1i:r;v.; ij

P
17
A. Gueye, M. Mbengue, A. Diouf, M. Seye
TABLEAU I
A
S
A
TM 1
1 climatologiques
1 82 1 82 1 82
82
82 82
83
83
83 83
- -Ï-
31,l
30,4
32,6
33,4
26,9
27,9 31,7
15.6
93,6
94,7
95,9
98,9
95,8
91,O
93,0
94,6
93,0
94,0
69,7
61,4
49,6
27,l
17.8
12,6
32,l
42,7
57,9 r
24,l
23,8
23,l
19,4
21,4 24,l
94,7
95,9
94,0
91,3 92,2
-
62,9
62,9
69,7
61,4
57,9
57,9 56,0
56,0
pays soumis à I’harmattan, cette zone écologique
bénéficie d’un microclimat particulier caractérisé par
des températures modérées et une humidité relative
assez élevée (Tabl. 1). La pluviométrie enregistrée au
cours des années 1982 et 1983 est indiquée sur le ta-
bleau II, mais les chiffres présentés ne reflètent pas les
normes (504 mm de moyenne annuelle de 1951 à
1980).
Le relief est caractérisé par une série de bandes du-
naires et de cuvettes interdunaires qui recèlent des
groupements végétaux particuliers (17). Vers le con-
tinent, le cordon littoral se termine par un front élevé
où s’accumule le sable avant de progresser vers I’inté-
rieur : c’est le front continental du cordon littoral. Cet-
Phoro 2 .
te zone surplombe la « Niaye a> proprement dite qui est
constituée d’un peuplement dense de palmiers à huile
Au-delà de la zone humide, apparaît une végétation
(Elaeis guineensis) situé dans un bas-fond inondé lors
de zone plus sèche avec un tapis graminéen composé
de fortes pluies. Cette « Niaye >a est prolongée par une
de différentes espèces (Pennisetum pedicellatum,
grande cuvette marécageuse en certains endroits et
Cenchrus biflorus et de buissons à Guiera senegalen-
dans laquelle sont pratiquées des cultures ma-
sis. Cette dernière espèce forme par endroits des
raîchères et fruitières (Photo 1). A la lisière de cette
peuplements assez importants qui définissent la limite
cuvette se localisent des Parinari macrophylla.
orientale de cette zone humide.
La sécheresse qui sévit depuis une décennie dans
les régions sub-sahariennes porte ostensiblement ici
ses empreintes sur une végétatio,n qui s’appauvrit en
espèces. Si quelques espèces plus sensibles, comme
le dattier nain (Phoenix reclinafa), ont déjà disparu de-
puis quelques années, d‘autres comme les palmiers à
huile sont en voie de l’être (Photo 2) à cause de la
baisse de la nappe phréatique.
L'élevage de bovins c( diakoré >> (') (N'Dama x Zébli)
et de caprins communément appelés chèvres du
(‘) c< dlakoré B) : terme local, probablement d’orginc peulh et d&-
gnant le produit du croisement du zébu (Bas ~to’~xsj et de in race
N’Dama (Dos f;,wosJ.

‘I 18
Sahel est l’une des activités traditionnelles de la ré-
gion. Depuis quelques années, dans le but d’une amé-
lioration de la production laitière en zone périurbaine,
de nouvelles races bovines ont été introduites dans les
exploitations : races montbéliarde, Red Sindhi et Sahi-
wal. Les animaux choisis dans le cadre de cette étude
sont les bovins et les caprins autochtones, choix justi-
fié par l’importance de leurs effectifs et par leur mode
d’élevage qui est du type semi-extensif.
w
Fig.
2 : Régions
a n a t o m i q u e s d e
l a f e m e l l e
Zébu.
-
région 1 : les oreilles ;
-
région 2 : tête + encolure ;
-
région 3 : la région du dessus : dos+ rein + croupe ;
-
région 4 : fanon + abdomen + pattes ;
-
région 5 : la région ano-génitale ;
-
région 6 : la queue ;
-
région 7 : les pieds.
Les tiques récoltées au niveau d’une région donnée
sont conservées dans de l’alcool à 70” contenu dans
un flacon réservé à cette région.
Ces tiques sont ensuite déterminées et dénombrées
Fig. 1 : Carte du Sénégal - Zone des Niayes
au laboratoire. Pour le cas particulier des larves d’-
Amblpmma variegatum (Fabricius, 1794) qui forment
souvent un tapis sur les oreilles des caprins, le
decompte peut se faire sur l’animal en dénombrant
directement les larves ou bien, lors de forte infestation,
en évaluant approximativement leur nombre par
MATÉRIEL ET MÉTHODES
l’appréciation de la densité des tiques au cm2 et la
mesure des surfaces occupées à l’aide d’un ruban
métrique.
Pendant 18 mois, d’avril 1982 à septembre 1983,
Parallèlement à ces investigations, des recherches
dans le but d’étudier la dynamique des populations de
sur les hémoparasites sont menées par confection de
tiques, 40 bovins et 40 caprins choisis parmi les trou-
frottis de sang fixés au méthanol et colorés au
peaux allant au pâturage ont été soigneusement déti-
Giemsa. Ces prélèvements sont faits à la fin de la
qués à la main à l’aide de pinces. Les bovins qui ont
saison sèche puis à la fin de la saison des pluies afin
été utilisés appartiennent à un seul troupeau qui
d’apprécier l’effet << saison >’ sur l’apparition des para-
compte une quarantaine d’individus. Par contre, pour
sites. Dans le but de préciser et de confirmer l’identité
les caprins, étant donné une plus grande disponibilité
des rares parasites observés sur les frottis, des
des animaux et des propriétaires ainsi que le niveau
splénectomies ont été réalisées sur des chèvres et des
élevé des effectifs, 3 troupeaux élevés dans des loca-
bovins provenant de la zone des Niayes.
lités différentes ont servi à cette étude. Par la même
occasion, on a procédé à la détermination des sites
Des frottis de cortex cérébral ont été souvent effec-
préférentiels de fixation des différentes espèces de
tués à partir des cadavres ou d’animaux sacrifiés in
tiques sur les bovins et les chèvres. Pour cette raison
extremis afin de rechercher la présence de Co~&in
7 regions anatomiques ont été arbitrairement définies
funJir7afJfiufJJ
(Cowdry, 1926).

1 9
A. Gueye, M. Mbengue, A. Diouf, M. Seye
TABLEAU II Pluviométrie (en mm) enregisirée dans les Niayes en 1982 et 1983.
M o i s
J u i n
J u i l l e t
A o û t
S e p t e m b r e
O c t o b r e
N o v e m b r e
T o t a l
A n n é e s
a n n u e l
1 9 8 2
111,2
137,2
44,2
45.2
-
337,8
1 9 8 3
9,5
0,3
102,7
92,4
7.2
-
212,l
TABLEAU III Récoltes mensuelles des iiques sur bovins.
-
-
Total
T o t a l Abon-
A
M
J
J
S
0 N D
J
F
M
A M
A M
J
J A S
A
par
par
dance
stase espèce relative
-
-
iP. l@.I
5
4
-
-
-
-
198
9 4
4 1
2 1
2
l
-
-
-
-
e
-
-
-
e
365
!27
295
154
4 4
2 0
7
1 1
6 4
8 8
8 5
6 6
38 98 39 6 2
38 98 39 6 2
-
1457
4 0
2 5
1 1 5
1155
4 4 3
307
7 0
1 9
6
2
3 7
4
42 376 599 577 178 4911 8% 28.75
1
-
1 7
516
2 9 7
1 4 9
1 8
6
1
-
-
-
20 139 295 115 1923
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
_
-
-
-
7 5
5 6
3 4 1
600
255
8 7
316
551
3 1
2 8
1 3
8
7 6
66 313 131
4 2 947 10302 34.21
1 8 9
116
2 5 9
573
9 5
8 3
127
516
7 5
8 7
1 8 0
35 115
93 156 155
1 2752
292
1 1 1
542
907
248
1 7 0
205
670
8 2
‘05
201
41 172 192 256 355
23 5603
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
_
_
-
2 8
-
-
-
-
-
-
-
-
_
-
28 7 626 25.32
157
158
1 7 2
560
578
270
8 9
7 2
1 1 3
!29
370
214
177 276 335 586 275 5133
177 276 334 586 275 5133
61
84
6 5
337
279
1 2 1
3 5
5 6
9 5
4 2
154
153 77
69 125 340 106 2 465
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
_
_
_
-
4 9
4 3
75
1%
15
6 7
7 2
6 0
2 6
45
10
Ji
5 7
109 140 173
74 1571 2085
2085 6.52
2 5
2 2
4 0
55
2 3
2 1
3 1
1 6
3 6
5 3
5 9
18 37 35
51 57 13
613
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
.-
-
-

20
RÉSULTATS
Populations de tiques
Les tableaux III, IV, V, VI illustrent les résultats des
récoltes de tiques sur les bovins et les caprins ainsi
que la répartition de ces acariens au niveau des
différentes régions anatomiques.
Les bovins Fabl. III, IV)
Boophilus
decoloratus (Koch, 1844)
C’est l’espèce dominante sur les bovins avec une
fréquence relative de 34,21 p. 100, sans tenir compte
des larves. Le site préférentiel de fixation est la région
4 (87,l p. 100) et plus précisément le fanon. Cette
observation concorde avec celle faite en Ethiopie par
ZELLEKE (22). La variation de l’abondance saisonnière
de cette espèce est caractérisée, d’une part, par la
permanence d’une certaine charge parasitaire sur les
niveau le plus bas au cœur de la saison des pluies
bovins et par l’existence de 3 vagues successives
(août ou septembre, selon les années) quand plus de
durant lesquelles l’intensité de I’infestation est
la moitié des précipitations annuelles sont tombées
nettement plus élevée. Cette infestation atteint son
(Graph. 1).
TABLEAU IV Uécolles de tiques par région analomique
sur bovins
Espèces
A. variegatum
8. decoloratus
H. truncatum
H.m rufipes
K impressum
Rh. sukatus
Rh senegalensa
Réglons
I
anatomiques
PI
I
PI
I
PI
I
PI
Orellle (réglon 1 )
39
7
79
10
1
1
-
- 7
(0.57 %) (0,38 %) (1,07 %) (0.33 %) (0,Ol %)
(0.03 %)
T E. (région 2)
30
163
23
8
(0.43 "6) (8.94 96)
10.31 X)
(O,lfl %) (0.10 %)
(0:: "I,
Desjtis (régron 3 )
-
:!
i9 68 $1
--_
A.P. (région 4)
4058
1020
5363
2 569
298
-
31
il
159,3 %) i55,9 %)
175 ô l)
(87,l %)
(3.92 %l
(2 :: $1
3 :: k;
A. (région 5)
-

*
2 1
A. Gueye, M. Mbengue, A. Diouf, M. Seye
Amblyomma variegafum (Fabricius, 1794)
Ces résultats concordent avec les observations
antérieures faites par CAMICAS et CORNET (5) sur la
Au point de vue numérique, elle vient en seconde
dynamique d’Amb/yomma variegatum récolté à partir
position avec 28,74 p. 100 des effectifs observés. Le
de dépouilles de bovins aux abattoirs de Dakar. Les
site de fixation préférentiel des préimagos est la région
bovins représentent ainsi les principaux hôtes des
4 (55,9 p. 100) ; néanmoins, la queue (région 6) et la
populations imaginales
dont l’intensité moyenne
région ano-génitale (région 5) constituent des zones
mensuelle de I’infestation la plus élevée atteint la
de fixation secondaires de ces stases, surtout des
valeur de 41,77 sur ces ruminants.
nymphes, alors que les larves se localisent au niveau
de l’encolure. Les préimagos considérés dans leur
Hyalomma fruncafum (Koch, 1844)
ensemble n’occasionnent qu’une faible charge parasi-
Cette
espèce
représente
environ
taire sur les bovins. L’infestation par animal au cours
le quart
(25,32 p. 100) des tiques récoltées. Parmi les
du mois d’infestation maximale est de 7,37 pour les
Hyalomma, c’est l’espèce dominante dans la région
nymphes, tandis qu’elle est de 4,95 pour les larves.
des Niayes. Les imagos se fixent de préférence au
Les imagos ont deux sites préférentiels de fixa-
niveau des régions 6 (51,3 p. 100) et 5 (31 p. 100). Les
tion : les régions 4 (59,3 p. 100) et 5 (36,28 p. 100).
bovins ne semblent pas être des hôtes habituels des
Sur la courbe de variation saisonnière (Graph. 2) on
préimagos qui n’ont été récoltés qu’en une seule
note que les pics de populations se situent en juillet ou
occasion durant cette étude. Le comportement des
en août selon que les premières pluies sont tombées
imagos et la préférence d’hôte des préimagos
durant l’un ou l’autre de ces deux mois. L’activité de
corroborent les observations faites par d’autres
ces imagos s’amorce au mois de mai durant lequel
auteurs (6, 9, 12), sur les sites de fixation des imagos
n’apparaissent que les mâles, puis cette activité s’am-
et sur I’inféodation des préimagos aux oiseaux et aux
plifie en juin où l’on retrouve les deux sexes sur les
petits mammifères.
animaux. Au mois de mai, une petite population
Tout au long de l’année, on constate la présence
composée exclusivement de mâles se fixe sur les
d’une certaine population d’imagos sur le cheptel
bovins, mais ces tiques disparaissent assez vite, il
bovin avec des variations numériques périodiques
s’agit probablement d’une remontée transitoire, toutes
assez importantes se traduisant par deux vagues
les conditions écologiques n’étant pas encore réunies
d’une durée de 3 ou 4 mois. Cette variation d’abon-
pour favoriser une vie parasitaire adéquate. Cette
dance pourrait exprimer l’existence de deux généra-
remontée transitoire est déclenchée par une courte
tions annuelles pour cette espéce dans les Niayes. La
période humide constatée très souvent en mars-avril.
courbe de parasitisme bimodale a été observée
également aux abattoirs de Dakar sur des animaux
venant de différentes régions du pays (4). Hyalomma
truncatum est considéré comme une espèce à cycle
triphasique ditrope (15). Cependant, au laboratoire, un
cycle biphasique a été obtenu pendant plusieurs géné-
rations avec des individus qui ont été récoltés dans les
Niayes et qui sont élevés sur lapin.
Hyalomma marginatum rufipes, 1844
II s’agit d’une espèce introduite dans les Niayes à la
suite de la traversée régulière de cette région par les
bovins destinés aux abattoirs de Dakar. Avant la
sécheresse Hyalomma marginatum rufipes n’arrivait
pas a s’implanter dans cette région écologique (14),
mais depuis quelques années, à cause des perturba-
tions climatiques, I’espece est devenue endémrquc
dans cette aire géographique avec une abondance
relative de 6.92 p. 100. Le site de fixation préférentiel
des imagos est la région ano-génitale (95,05 p. 100) et
plus précisément les rnarges de l’anus.

2 2
H. m. rufipes ne semblent pas être liés aux grands
au niveau de la conque auriculaire (région l), la queue
mammifères sur lesquels on n’en a récolté aucun, ce
(région 6) représentant une local,isation secondaire.
qui confirme les remarques de certains auteurs sur
L’activité de cette espèce dans cette zone des Niayes
l’habitude qu’ont ces stases d’infester les oiseaux et
est actuellement strictement limitée à la saison Ides
les lagomorphes (6, 9).
pluies, contrairement aux observations de VASSI-
LIADES (21) qui, de 1961 à 1962, en récoltait presque
Dans les conditions écologiques actuelles, la dyna-
tous les mois sur des bovins. Selon cet auteur, <: en
mique des populations de H. m. rufipes est assez simi-
saison pluvieuse, les adultes sont très abondants sur
laire à celle de H. fruncatum, mais avec une seule
les bovins en particulier dans le cornet auriculaire, le
différence : son niveau de population plus faible
long de l’ourlet planté de soies raides entre les poils
(Graph. 3). La ctiincidence des variations numériques
de la crinière et parmi ceux du toupillon caudal. A leur
de ces deux espèces a été également constatée dans
maximum numérique, ils peuvent envahir tout le corps
certaines régions d’Afrique australe (3, 11).
de
l’animal : paupières,
pourtour des narines,
machoire inférieure, dos, flancs et pattes >>.
Les préimagos doivent évoluer sur les rongeurs,
comme l’affirme VASSILIADES (21), car aucun n’a été
recueilli sur les mammifères domestiques.
Rh. sulcatus (Neumann, 1908)
Cette tique a actuellement au niveau des Niayes une
fréquence relative très faible (OS2 p. 100). Elle appa-
raît en saison des pluies sur les animaux dont
les oreilles (région 1) constituent son site d’élection.
L’espèce fut naguère très abondante ; par la suite, elle
s’est raréfiée, comme l’avait déjà constaté MOREL
(14). La sécheresse
a sûrement accentué ce
phénomène, l’habitat de Rh. sulcatus étant en Afrique
occidentale les savanes sud-soudaniennes (16).
Rh. evertsi evertsi (Neumann, 1897)
L’espèce était, il y a quelques années encore,
Graph. 3 : Infesfarion par 11. truncatum (A) el H. m. rufipes (0) -
absente des Nlayes (14). Au cours de cette étude, un
Bovins (Niayes).
seul individu a été récolté sur les bovins autochtones
allant au pâturage. Au niveau des étables lait ères
Hyakx-rma impressum (Koch, 1844)
disposant d’animaux importés et maintenus en stabu-
lation permanente, on a eu l’occasion cependant
Espèce peu commune apparaissant à la saison des
d’observer de fortes infestations de veaux par cette
pluies avec une fréquence relative de 1,09 p. 100, H.
espèce. Le site de fixation étant essentiellement les
impressum est en train de connaître un déclin dans
marges de l’anus, la présence de cette tique sur ces
cette zone où à une certaine époque elle était plus
animaux pourrait signifier un cycle domestique de Rh.
abondante que H. truncatum (14). Sa localisation
evertsi à l’instar de Rh. sanguineus (LATREILLE, 1806)
première. sur son hôte est la région ano-génitale
chez le chien. Cette observation n’est pas pour autant
(région
5 : 95.7 p. 100).
D a n s
les
Niayes, H .
exceptionnelle, car il est fréquent d’observer dans la
impressum a une activité cyclique annuelle avec
ville de Dakar quelques specimens sur des moLtons
certainement une seule génération.
élevés à l’intérieur des maisons.
Rhipicephalus senegalensis (Koch, 1844)
Les caprins FahI. V, VI)
Elle vient en première position dans le groupe des
Amblyomma variegatum (Fabricius, 1794)
Rhipicephalus,
avec une abondance relative de
3,17 p. 100. 94.03 p. 100 des individus sont récoltés
C’est I’espckc doniiri,înte chez les chèvres 2;i’C :::j!:

*
2 3
’ A. Gueye, M. Mbengue, A. Diouf, M. Seye
TABLEAU V Récoltes mensuelles de tiques sur chèvres.
-
-
- -
Fré.
#tases
A
H
J
J
A
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Ii
-
J
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- -
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(P 1 0 0 1
2 -
1
3
1
0842
15706
1677
i646 1423
45 385 3
-
146 183
3 40
402
63
1
2
9
136
1475 16Oi
814 253 175
165
276
23
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2 -
1
43
83
46
46
1
-
-
2
-
2 -
23
102
62
99.24
1 -
-
2
22
16
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19
1
1 -
3
14
33
-
-
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9
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2
3
-
-
-
-
-
5
2
86
158
0.31
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-
-
-
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10
7
13
9 -
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7
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72
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-
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-
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32
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1
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-
1
26
-
-
-
-
5
-
-
-
IOTA!
fréquence relative de 99.24 p. 100. L’abondance de
Il existe chez les caprins une succession dans I’ap-
cette espèce est directement liée à l’importance
parition des différentes stases qui par la suite se che-
numérique des prérmagos et plus particulièrement des
vauchent, étant donné la durée de leur période d’acti-
larves qui représentent 87,6 p. 100 des Amblyomma
vité. Ainsi, en octobre, apparaissent ies larves qui de-
récoltés. Ces larves forment très souvent un tapis sur
meurent abondantes jusqu’en février, puis décroissent
la face externe du pavillon de l’oreille (région 1) qui
significativement
en mars. Pour les nymphes, les
constltu~ It’r;r
ilte d e
f i x a t i o n préfkentiel. L e s
rkoltcs débutent E)II riovembre. on note ensuite un ac-
riyrll[Iiies
d,Il~,
:~rit’ rnoiritirc rneslure, sont rrnpliquées
croIssenient dtzs izftt>ctifs jusqu’en fecner. Une balss::
r1:ii;s !‘~+l!t,‘
,.,. I i: ‘..1 Irlf+,:;t;itli.,rr
2Vt.X iJrlC? jI’O~,‘,r t 1011 ijt?
ti~~ rlom!)re SUIVI~~~~ (lu m o i s d e mars. IVCIIS u n e ~~II[I:.-
1 1 .31 p. 100 fi ‘1 cor,r”spond néanrnorns à des effectifs
lation res~tluellt~ s!? rwrntient sur ces ~!flI17l~lUX jLl!jCjll'ltI~
ri:l;!tlVw~~~!~t
~~‘-:vtis. L.rs kfux d e f\\xatron d e c e t t e
se;,ternixc. iL;r i~y~~;~rntque

d
e
s

prt:iri?;iu)os 1.3: ;::is.:.’
st;ix s u r lil fI’-jT:)S de l‘arlirllal sont aSSe variés ; Ofl
c o m p a r a b l e ‘1 ci:lle o b s e r v é e p a r CAMICAS G!
observe 11ne ;~:epond~~r31ice
de In Ioccilisatiori au ni-
CORNET (5) <‘t r,nridi;i, localité Situé ;-ilJ Sud-est de:;
\\‘1),-:11 ri;,,; L’y;>‘: .‘i l:lt~,i:!IaItl,';
(rf?qrr)rl 7
58.85 11 100)
Nl,?)~Q!j Ci?pi-iri~!,irrt, c:<irl:; Ii?3 Ninyil:;. I‘;~i,tii i:? i-: C:.?

I
,
I>
TABLEAU VI Récoltes de liques par région anaiomique sur chèvres (pourcentage enlre parenthèses).
Espèces
A. varlegatum
H, truncatum
R h .
evert9
P)
L
N
l
P I
/
I
T.E. (région 2)
1495
1060
245
-
(3.41)
(18.67) (45,ll)
(0.82)
-
,
,
1
\\
t
-
Dessus (réglon 3) ( - / i& 1 (;lzo) 1 -
I
I
I
I
I
I
t
l
A.P. (réglon 4)
,&2,
120
112
-
[2,11)
(20,6)
(l&
-
A. (région 5)
(OYO2,
474
108
-
(83)
(198)
I
I
i -
-
Queue (réglon 6)
33
3
(0,58)
(l&
I
/
P. (région 7)
315
3 341
-
(0.71)
(38.86)
,;:99,
(5454,
(l&,
Valeurs totales
43 830
5 676
543
3
121
6
150
1
32
td5714(
I = /magos (d + 9) N = Nymphe, L = Larve, PI = Larve + N y m p h e
D é b u t . avrd 1982 FI~ septembre 1983

tiques est plus étalée dans le temps. Les imagos se
des pluies, ce qui dénote une réponse encore positive
fixent sur les chèvres plus tardivement que sur les bo-
aux sollicitations de son environnement.
vins, avec en outre une intensité parasitaire moindre,
ce qui traduit certainement une préférence d’hôte en
faveur des bovins.
Hémoparasites
Autres espèces
Les bovins
L’incidence des espèces regroupées ici est peu
Des frottis de sang ont été réalisés sur 466 bovrns à
Importante dans la charge parasitaire de ces caprins.
la fin de la saison des pluies. A l’examen de ces frottis.
Ce niveau de parasitisme relativement bas s’explique
304 animaux ne présentent pas d’hémoparasites
soit par une préférence d’hôte défavorable aux
tandis que le reste de l’échantillon héberge les
chèvres,
soit par des conditions écologiques ne
espèces suivantes Anaplasrna marginale Theiler, 1910
répondant pas à l’optimum des exigences biologiques
(2 cas), Theileria sp. (94 cas), Rabesia bigemina Smith
de ces espèces. H. truncatum, B. decolotatus. Rh.
et Kilborne, 1893 (13 cas). Tiypnnosoma theileri
senegalensis semblent inféodés aux populations bo-
Laveran ( 3 7 c a s ) , Setarw k&;?to papillosa Alessan-
vules. Rh. everts/ et Rh. gu//hom (MOREL et VASSI-
drini, 1838 (42 cas).
LIADES, 1962) partlcul~&ement bien représentées sur
les chkvres j Bandia (CAMICAS, cornrnunlcatton p e r -
sonnelle) sont apparemment à la limite des conditions
favorables de leurs habitats respecttfs (steppes sud-
sa~léllerlnes et savanes soudaniennes). Rh. su/catL/s,
rrlalgfé le niveau peu &evr? de ses populations. préscn-
lr: utle 3Ctivite s3isorin19f~’ ff+~~l~‘:w npfi?cq Irl r+riorj~?

25
A: Gueye, M. Mbengue, A. Diouf, M. Seye
dans les Niayes d’Amb/yomma variegatum vecteur de
révélé par contre des infections ocultes à Ehrkhia
R-I. mutans milite cependant très fortement en faveur
ovina Lestoquard et Donatien, 1936.
de cette hypothèse. La souche de Theileria semble
relativement pathogène, car des zébus venant de la
zone sahélienne et introduits dans cette région à la
TA BLEA U VII
I
saison des pluies ont souffert d’une affection dont la
Anaplasma
Anaplasma
symptomatologie est dominée par l’anémie et la
SP.
+ Theileria
maigreur. Tous les animaux examinés présentaient un
taux élevé d’étythrocytes infectés par Th. mutans ; la
sensibilité de ces zébus à l’égard du piroplasme
s’expliquerait aussi par leur état de primo-infection
vis-à-vis du protozoaire. La possibilité d’une manifes-
tation pathogène de cette Theileria a déjà été
observée (10, 19, 20).
Des splénectomies effectuées sur deux bovins
indigènes âgés de 2 à 3 ans ont favorisé chez ces
animaux la prolifération de parasites sanguicoles. Elles
Dans les Niayes, la pathologie dominante engendrée
ont permis aussi de confirmer l’identité de certains
par les tiques chez les caprins est sans doute la cow-
parasites déjà observés sur les frottis, en l’occurrence
driose. Cette affection empêche toute croissance du
Anaplasma marginale et Babesia bigemina.
cheptel par des épizooties périodiques qui emportent
les jeunes animaux après la saison des pluies (8) alors
La présence de deux autres rickettsies a été mise en
que, paradoxalement, c’est à cette période que l’on
évidence à plusieurs occasions sur les bovins laitiers
retrouve le plus d’animaux indemnes de parasites
importés. II s’agit notamment de Cowdria ruminantium
endoglobulaires (Tabl. VII).
Cowdry, 1926 et d’Ehr/ichia bovis Donatien et Lesto-
quard, 1936, qui entraînent des pertes chez ces
animaux si un traitement à base de tétracyclines n’est
pas rapidement institué (7, 18).
CONCLUSION
Les caprins
Les Niayes offrent des conditions favorables à
Durant les enquêtes protozoologiques et lors d’ap-
l’existence de tiques vectrices qui représentent avec
parition de certaines affections morbides, les hémopa-
les ruminants domestiques des réservoirs importants
rasites décelés chez les chèvres sont essentiellement
d‘agents pathogènes. Ainsi, la triade épidémiologique
des rickettsies : Cowdria ruminantium, Anaplasma
que constituent l’agent pathogène, le vecteur et l’hôte
sp. et secondairement une Theileria sp. Les résultats
vertébré continue malgré une évolution défavorable du
sont présentés dans le tableau VII.
milieu physique à s’exprimer avec la même acuité
dans le maintien d’enzooties telles que les ricket-
Ces infections ont été partiellement retrouvées chez
tsioses et les piroplasmoses. La région n’échappe pas
des chèvres splénectomisées. Sur 7 animaux ayant
à ce phénomène de sécheresse observé sur une
subi l’ablation de la rate, 6 ont présenté une invasion
bonne partie du continent africain. La baisse de la plu-
des érythrocytes par un Anaplasma sp. qui manifeste
viométrie a une incidence sur les ressources en eau, la
une certaine pathogénicité, car il cause une anémie
végétation et la faune. Les arthropodes plus que tout
sévère entraînant la mort des animaux dès que le taux
autre groupe zoologique sont sensibles à cette con-
des érythrocytes infectés atteint 20 p. 100 environ. A
trainte de l’environnement et, comme exemple, citons
l’autopsie, les lésions dominantes sont celles de
le cas des populations de Glossina palpalis gam-
l’anémie avec une pâleur musculaire généralisée. y
biensis Vanderplank, 1949, qui étaient endémiques
compris le muscle cardiaque, et une distension de la
dans cette région et qui ont disparu à la suite de l’effet
vésicule biliaire. Dans les troupeaux, il n’est pas rare
combiné de la sécheresse et de la lutte insecticide.
ce voir des animaux en mauvais état qui présentent
Pour le cas particulier des tiques, les différentes
Lne bonne proportion d’hématies infectées par des
espèces connaissent actuellement dans la zone une
anaplasmes. Les Theiferia sp. n’ont pas connu de
expansion ou un déclin en fonction de leurs capacités
illultiplication
à la suite d e c e s splénectofnies. q u i ont
d’ndaptatron ALIX r~mvell~?s c o n d i t i o n ? ~I~rn;-:t~~a~~~;.
v

i
c
. .
I
26
Cependant, la charge parasitaire globale semble pour
des concessions. Les moutons qui fréquentent les
le moment peu affectée par ces variations numériques
pâturages subissent des mortalités causées le
dont les diverses espèces sont l’objet. Des espbces
plus souvent, d’après nos observations, par la
telles que H.m. rufipes et Rh. e. evertsi sont en train
cowdriose (8).
de s’implanter et de se développer, d’autres au con-
traire voient le niveau de leurs populations baisser : H.
Les caprins, par contre, font l’objet d’une exploita-
impressum, Rh. senegalensis, Rh. sulcatus. On cons-
tion laitière et d’un élevage semi-extensif, malgré les
tate même la disparition de Boophilus annulatus Say,
épizooties périodiques de cowdriose qui affectent sur-
1821, dont la présence avait été signalée il y a une
tout les jeunes. L’instabilité enzootique qui caractérise
vingtaine d’années (14). Néanmoins, les espèces
cette rickettsiose à l’égard du cheptel caprin, s’ex-
jouant les rôles vectoriels majeurs, notamment A.
plique essentiellement par le jeu de l’immunité. Le suivi
variegatum et B. decoloratus, représentent encore la
de quelques troupeaux a permis de constater que la
plus grande partie des, tiques récoltées sur les ani-
sensibilité des chevreaux est liée à leur mode d’éle-
maux. L’abondance de ces deux espèces et la dyna-
vage. Les individus, nés juste au début de la saison
mique particulière de leurs populations concourent au
des pluies, sont maintenus dans les enclos et ne
maintien de la stabilité de certaines enzooties. Les
suivent pas leur mère au pâturage durant cette période
bovins
autochtones
sont
tous
soumis
très
pendant laquelle devrait intervenir en principe I’immu-
précocement à des affections telles que la cowdriose,
nité néonatale, qui les aiderait à supporter diverse:;
I’anaplàsmose, I’ehrlichiose bovine, la babésiose et la
infections. Ainsi, les jeunes ne bénéficient pas du con-
theilériose à Theileria mutans. Cette infection des
tact immunisant de Cowdria ruminantium transmis par
bovins survient dès leur naissance à la saison des
Amblyomma variegatum dont les populations imagi-
pluies, période propice à la pullulation des tiques, puis
nales sont à cette saison en pleine phase parasitaire
ces animaux sont exposés à des réinfections régu-
sur les ruminants domestiques. A la fin des pluies, vers
lières qui consolident leur immunité néonatale vis-à-vis
le mois d’octobre, les chevreaux accompagnent les
de ces maladies. La lutte acaricide n’est pas systéma-
adultes et récoltent les larves d’A. variegatum qui
tiquement pratiquée sur les bovins locaux, seul un
recouvrent les oreilles de toutes les chèvres. En
détiquage manuel sommaire est effectué à la saison
décembre, quand apparaissent les nymphes qui
pluvieuse au niveau des organes sensibles tels que les
représentent, après les imagos, la seconde stase
mamelles qui présentent des lésions graves à la suite
capable de transmettre la rickettsie, les premiers cas
de la fixation des Amblyomma.
de cowdriose surviennent, puis l’épizootie s’installe.
Les chèvres privées de leurs petits emportés lors de
Malgré leur état général peu satisfaisant, dû à une
l’épizootie entrent quelques temps après en œstrus.
alimentation déficiente, les bovins ne manifestent
Grâce à la prolificité de la race, l’effectif des caprins
généralement pas de signes cliniques attribuables ‘à
reste stable dans les Niayes, malgré les mortalités
des protozoaires sanguicoles. Les animaux importés
périodiques, qui compromettent par ailleurs la rentabi-
sont très souvent les révélateurs de la permanence de
lité économique de ces exploitations.
l’état d’hyperenzootie de ces maladies transmises par
les tiques, qui sont ainsi devenues la contrainte
pathologique dominante dans l’exploitation des ani-
maux à haut rendement (7).
A la différence des bovins indigènes, les petits rumi-
RE:MERCIEMENTS
nants souffrent sérieusement de la pathologie occa-
sionnée par ces acariens. Ainsi, pour des raisons sani-
taires, l’élevage du mouton dans cette région n’est pas
Les auteurs remercient le docteur J. L. CAMICAS
du type extensif, les animaux restent cantonnés dans
pour les remarques et les suggestions qu’il a bien
le périmètre, des villages ou à l’intérieur même
voulu apporter à leur manuscrit.
fB

7
!.
*
27
4
A. Gueye, M. Mbengue, A. Diouf, M. Seye
received a routine treatment against ticks with a view to
y las hemoparasitosis del ganado vacuno y cabrio en la zona de
determining the population dynamics together with an accurate
las Niayes en Senegal. Durante 18 meses, 40 bovinos y 40 cabras
locatization of the different species involved. About cattle 8
recibieron un tratamiento contra las garrapatas para determinar
species have been collected by order of importance
la dinamica de las poblaciones y precisar 10s sitios preferenciales
namely
: Boophilus decoloratus, Amblyomma variegatum,
de fijacion de las diferentes especies. Sobre 10s bovinos, las 8
Hyalomma truncatum, H. m. rutïpes, H . impressum, R h .
especies
recogidas
son por orden de importancia las
senegalensis, Rh. sulcatus, Rh. evertsi evertsi. As for goats,
siguientes : Boophilus decoloratus, Amblyomma variegatum,
Amblyomma variegatum represents the main species H .
Hyalomma truncatum, H. m. rutïpes, H. impressum, Rh.
truncatum, 5. decoloratus, Rh. senegalensis, Rh. e. evertsi, Rh.
senegalensis, Rh. sulcatus, Rh. evertsi evertsi. Sobre las cabras
guilhoni, are of minor importance.
se encuentran sobre todo A. variegatum, a veces H. truncatum,
Joint research are conducted for haemoparasites by means of
B. decoloratus, Rh. senegalensis, Rh. e. evertsi, Rh. guilhoni.
splenectomy and smears. Among bovine, the following species
Paralelamente, se estudian las hemoparasitosis por medio de
have been found along with microfilariae of Setarik Iabiato
esplenectomias y frotis. En 10s bovinos se evidencian Anaplasma
papiliosa, i.e. Anaplasma marginale, Theileria mutans, Babesia
marginale, Theileria mutans, Babesia bigemina, Ehrlichia bovis,
bigemina, Ehrlichia bovis, Cowdria ruminantium, Trypanosoma
Cowdria ruminantium, Trypanosoma vivax, T. theileri y
vivax, T. theileri. Cowdrik r u m i n a n t i u m and a species of
microfilarias de Setaria labiato papillosa. Cowdria ruminantium
Anaplasma are frequently present in goat infections and some
y una Anaplasma sp. causan infecciones frecuentes en el ganado
cases by Theileri cari be noticed. The specific distinctions of
cabrio ; se observan algunos casos de infection por Theileri. Se
these
different
enzootic
diseases
are
focused.
Key
precisan las caracteristicas de todas estas enzootias. Palabras
words : Cattle - Goat - Haemoparasite - Protozoan diseases -
claves : Bovino - Cabra - Garrapata - Hemoparasito -
Rickettsiosis -Senegal.
Protozoosis - Rickettsiosis - Senegal.
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