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COLLOQUE SUR LA GESTION DC LA
FAUNE SAUVAGE
DAKAR, 5 -7 NA1 1982
PARASITISME DES PHACOCHERES
PAR LA TRICHINE
Par G. VASSILIADES
REF. No 32/P&?Mi
MARS 1982,

PARASITISME DES PHACOCHERES PAR
LA TRICHINE
Par G. VASSILIADES*
Tout le onde, éviderrment, connaît le phacoch&e "Phacoehoerus ae$hiopicus",
hôte familier des savanes africaines et proie facile des chasseurs du dimanche !
Ce qui est par contre beaucoup moins connu, c'est le nombre impressionnant
de parasites que ce mammifère omnivore peut héberger. Qu'on en juge ! Pratique-
ment tous les groupes de parasites sont représent&s. On rencontre en effet
chez cet animal des Arthropodes ectoparasites de toutes sortes' dont des
Tiques ; des Protozoaires parasites du sang ; et, surtout,,un très grand nombre
de Vers parmi lesquels on peut citer les Trénwtodes Gastro&scus aegypt&zcus,
Schistosoma titis et FascioZa gigantiea (12) (4) (16), des Cestcdes aux stades
larvaires ; Cysticercus celZuZosae et Echkococcus granu2osu.s (121, et de très
nombreux N&natodes : Ascaris phacochoeri, Oesophagostomum roubaudi, PhysaZop-
teru joyeui& etc. . .
et TtichineZZa spz:raZis (12) (8). Pour une énumération plus
complète des parasites du Phacochère, on peut se reporter aux publications de
HJART (101, ROUND (12) et TRONCY et al. (15).
Trichine ZZa ,pira Zis communément appelée "Trichine" est un petit I~&&ode
Trichuroidea (tic : 1,4 à 1'6 mm ; femelle : 3 à 4 mm) dont les adultes occu-
pent l'intestin et les,larve s les muscles striés de leurs hôtes. Après accou-
plement dans l'intestin grêle, les femelles fécondées s'enfoncent dans la
aqueuse intestinale cù. s'effectue la ponte.
Les embryons sont entraînés par la çirculation sanguine jusqu'au ventri-
cule gauche qui les répartit dans l'organisme tout entier mais ce n'est que
dans les muscles striés que ces embryons pourront se fixer. Là, ils déviennent
des larves de 800 microns à 1 mm de long, qui s'enroulent sur elles-m&ws et
s'enkystent dans le muscle. Les kystes -mesurent en moyenre400 à 800 microns
de long sur 200 à 300 microns de large et sont, par conséquent, invisibles à
l'oeil nu. Cette larve constitue l'élément infestant et elle ne pourra se
développer que si elle est ingérée par un hôte r&eptif manmifère carnassier
ou omnivore et, accidentellement, 1'Homme chez qui elle provoque des troubles
graves, caractéristiques de la Trichinose (ou Trichinellose) humaine. Il
s'agit généralement de troubles digestifs (nausées, vomissenxsnts, diarrhée)
accompagnés de troubles généraux (hyperthermie, abattement, amaigrissement)
/
. . . . . .
* ISRA- Laboratoire national de 1'Elevage et de Recherches vétérinaires.
Service de Parasitologie, B,P, 2057 L DAKAR (Sénégal>.

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suivis de rmnifestations rhurratoïdes avec apparition d'oédèms, notammnt au
niveau de la face. Le pronostic de la maladie est très grave, la mrtalité
pouvant atteindre 30 p.100 des cas (2).
Longtemps ignorée en Afrique au sud du Sahara, la présence de TriehinelZa
.spimZis a été signalée pour la lère fois au Kenya en 1961 (3) puis en Tanzanie
en 1966 (13) et au Sénégal en 1967 (8) (11) où des études faites dans notre
laboratoire ont permisde bien connaître les earac-tkes biologiques de cette
souche ouest-africaine de !ï?r&hineZZa spirazis dont le réservoir:principal
est constitué par les Carnivores sauvages, et en particulierl, le chacal (Canis
aureus> dont le-taux d'infestation est de l'ordre de 30 p.100 dans la Région
du Fleuve. Ii s'agit d'une souche sauvage bien adaptée aux Carnivores et
transmise directermtnt de Carnivores à Carmivores~ contrairement à la souche
domestique d*Eumpe, d'Asie et d'funérique, dont la transtission est assurée
par le Porc domestique et les Rongeurs. Les Fhacochères sont des hôtes récep-
tifs parallèles accidentellement infestés et qui, apparemment du minsj ne
semblent pas b-tre affectés par TrichimZZa spiraZis (5) (6) (71 (91 (17).
Dès la découverte de cette maladie au Sénégal, notre laboratoire a r@.s
en place une unité de contrôle des viandes de phacochc‘res destinées 2 la con-
somtion humaine, par examens trichinoscopiques classiques. Le ler bikan
établi en 1973, après 6 années de surveill~ance au cours desquelles 440 phaco-
chères ont été examinés, révélait un pourcentage d'infestation par YrichineZZa
SpiraZis Egal à 4 p.l.00, tous les cas positifs étant localisés dans la Région
du Fleuve (17).
Ce travail de routine se powsuit encore actuellement, bien que le nombre
de demandes dPanalyses n'ait ces& de d&mître. Les appels à la prudence ont-
ils incité les consomteurs 2 réduire leurs appétits ou bien est-ce que la
rareté des infestations humaines connues ne pousse plus les consommteurs à
faire procéder à un examen trichnoscopique ? Sans doute, les 2 à la fois.
Toujours est-il qu'à ce jour, au total 707 phacochères ont (s-té exa&nes,
le nombre de cas-positifs s'élève maintenant à 23, wit un pourcentage dFinfes-
tation égal à 3,25 p.100, donc stable entre .3 et 4 p.100 sur 14 ans.
En 1981, il a eu 2,cas positifs en provenance de la Région du Sine-Saloum,
avec des concentrations respectivement de 0,6 à 3,6 larves' par grame de mis-
cle. Il s'agissait de 2 des 5 phacochères abattus par un groupe de chasseurs
. . ./ . . .

en vacances au S&$gal et la viande de ces animaw devait être consotie dans
le village de vacances où sejournaient ces -toljristes. Fort heureusement, le
responsable de cet hôtel, averti du danger, a jugé utile de Eaire analyser
au pr&lable la viande de ces animaux par notre laboratoire !
ceci nous am&e tin-tenant 3 parler des risques actuels encourus par les
consommateurs de viande de phacoch&e et les r&eroussions que cela ,pourrait
avoir sur le tourisi7Êi! au SGgal.. Bien que les populations musulmanes, très
-.
largement m3joritaires,
ne soient pas concer&cs, proté,g&s qu'elles sont par
les interdits de leur religion, pour les autres, sénegalais ou &trangers non
musulmans et surtout touristes de passage awteurs de safaris ou tout simple-
ment de cuisine exotique, le risque est grand. Voici un exemple pour illustrer
ce propos.
THERTZOL et dl. (14) puis BOBY et al,
--...
cl.1 font état de plusieurs cas de.
T'richinose humaine, ùe gravité divers=ontractées par des voyageurs europ6ens
ayant s6journés dans divers hôtels et clubs de vacances en Emte ! 11 s'agis-
sait de contamination ?I partir de vian& de porc trichin& peu c-uite en prove-
Once de bucheries coptes. Cela peut arriver au Sén&al, 2 partir de la
viande de phacochke, nous avons vu comment plus haut.
11 est donc nécessaire, et c'est 12 b.& de cette communication, d'attirer
l'attention des pouvoirs publics sur les dangers que représente pour 1'Horrme
la consommation du gibier sauvage, et zn particulier de la viande d-. phaco-
chère, au Sénégal. Cet appel s'adresse plus par-ticuli~remer~t aw organiszteurs
de safaris & aux responsables de l'hc7Cell~~rie, pour prévenir tout accident
fâ&eux et sauvega&er I.'imp de n-kwcpe ~33 tomism sénG@ais.
Des mesures très simples peuvent êti prisés : consorrs73 la viande bien
cuite, et abandonner jambons crus et grillades saigxintes, ou aprk une congé-
lation prolong& (minimw 20 jours à -lSOC, pour une épaisseur de 1S cm>. On
peut aussi faire Pr?océder à un examen trichitioscopiqu~ si l'on tient à tout
prix à consorwer la Vi&e crue ou ?I peine cuite.

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Sur 707 Phacochères examinés de 190'7 3 198?,, le pourcentage d'infestations
par ThchineZla spiraZEs est &al à 3,25 pAlOO. L'attention des autori& est
attise sur le danger que mp@%ente pow la mn+'
Le hmaine la consommation de
viande de phacochère insuffismment cuite ou non contrôlée et sur L*incidence
néfaste que cela pourrait avoir S~I le développmmt du tourisme au Sénégal.