INSTITUT D’ÉLEVAGE ET DE MÉDECINE VCTÉRINAIRE DES...
INSTITUT D’ÉLEVAGE ET DE MÉDECINE
VCTÉRINAIRE DES PAYS TROPICAUX
! REVUE D’ÉLEVAGE
ET DE
T MÉDECINE VÉTÉRINAIRE
DES PAYS TROPICAUX
Porocéphalose
à Nettorhynchus (Armillifer) armillatus
(Wyman, 1845) chez un chat
par S. GRÉTILLAT et G. THIkRY
T o m e X I I I Cnouveile strie,
No4 - 1960
-~ viG0~ FRÈRES, EDITEURS
:
I
23, rue de l’École-de-Médecine, PARIS-VI’

Porocéphalose à Nettorh ynchus (Armillifer) armilla tus
(Wyman, 1845) chez un chat
p a r S . GRÉTILLAT e f G . THIÉRY
L’autopsie d’un chat abattu en juin 1960 au
superficielle, sous-séreuse. Aucun d’eux n’était
service d’anatomie pathologique du Labora-
intra-hépatique ou intra-splénique.
toire central de l’élevage à Dakar, nous permet
L’étude des coupes histologiques de la rate et
de signaler un cas de porocéphalose féline.
du foie, intéressant les kystes parasitaires, ne
révèle pas de réaction inflammatoire périphé-
Commémoratifs
rique. Le kyste est limité par une fine membrane
collagène hyaline qui s’unit au tissu conjonc-
Une chatte âgée d’environ deux ans, ayant
tif avoisinant. Lorsque plusieurs kystes sont
mordu un enfant, est apportée au laboratoire
jointifs, il existe une faible réaction collagène
pour observation. Cet animal, ayant mis bas
d’union.
récemment, n’a manifesté aucun trouble pen-
dant les trois semaines d’observation qui ont
précédé sa mise à mort.
Elle vivait dans une villa de Dakar-Hann
proche du parc forestier. Cette localisation est
à considérer, ce parc constituant une réserve de
serpents (bitis, couleuvres diverses, najas) qui
émigrent dans les environs, principalement pen-
dant la saison des pluies. Toutefois, l’abondance
des reptiles n’est clue relative.
Anatomie pathologique
A l’ouverture des grandes cavités du cadavre,
on était frappé par la présence d’un grand
nombre de kystes de Penfasfomidae (ordre Aca-
rino). Ceux-ci au nombre d’une cinquantaine,
étaient particulièrement nombreux dans la
cavité abdominale où ils étaient fixés à I’épi-
ploon, au mésentère, à la surface de la rate et du
foie, ainsi qu’à la paroi abdominale. Quatre
parasites avaient envahi la cavité thoracique,
répartis sur lemédiastin (2),sur la faceantérieure
du diaphragme (1) et la paroi thoracique (1).
Tous ces parasites siégeaient en position
Reçu pour publication août 1960
Rev. Elev. Méd. vét. Pays trop. 1960, 13, no 4.
Fig. 1. - Rate de chat avec nombreux porocéphales.

Fig. 2. - Nymphe de Neitorhynchus (Armillifer) ormillofus désenkystée
et montée après éclaircissement.
Description sommaire du kyste et de la larve
nombre d’anneaux plus élevé que celui relevé
se trouvant à son intérieur
chez nos spécimens. En ce qui concerne les deux
Le kyste (fig. no 1) a un diamètre de 6 à 9 mm
autres espèces A. moniliformis et A. annulafus, elles
et 2 à 25 mm d’épaisseur. Il est arrondi et
présentent aussi un nombre d’anneaux supé-
appli-
qué directement contre la surface de l’organe ou
rieur à 2.5.
de la séreuse. Limité par une coque réaction-
En nous référant au travail d’HEYMONS
nelle conjonctive mince et transparente, on dis-
(1935) sur les Penfosfomidae, nous pensons pou-
tingue à l’intérieur une larve vermiforme, anne-
voir rapporter nos exemplaires à l’espèce Nef-
lée et enroulée sur elle-même. Libérée de son
forhynchus (Armillifer) armillafus (Wyman, 1835).
enveloppe et déroulée ensuite (fig. no 2), elle a
N. armillafus dans les pays de l’ouest africain
une longueur de 11 à 18 mm pour une épais-
seur de 2 mm environ. Son corps qui est cylin-
Ce parasite est très répandu dans tout l’ouest
drique présente 18 à 24 anneaux suivant les
africain. Ses formes adultes sont parasites des
exemplaires.
voies respiratoires de certains serpents. Elles
Après éclaircissement, les appendices céphalo-
ont été signalées parmi les ophidiens chez Python
thoraciques (quatre crochets simples), alignés
regius et P. sebae, et parmi les vipéridés, chez
avec un cadre buccal arrondi, apparaissent sur
Bitis ariefans, 5. gabonica, 6. nasicornis et Cerasfes
la surface ventrale de la partie antérieure hémis-
cornufus.
phérique (fig. no 3). La disposition des crochets
Au point de vue hôtes intermédiaires, chez les-
et la forme du cadre buccal permettent de ran-
quels se trouvent les formes larvaires enkystées,
ger nos exemplaires dans le genre Armillifer
un grand nombre d’espèces de mammifères ont
Sambon, 1922.
été signalées. Nous ne citerons que les princi-
Du genre Armillifer, mis en synonymie avec
pales : le chien, le lion, le serval, le léopard, cer-
Nettorhynchus P. Gervais, 1946 (Nettorhynque de
tains lémuriens et certains singes, I’oryctérope,
Blainville, 1824) par Dollfus en 1950, et dont six
le phacochère, certaines antilopes, des insecti-
espèces sont décrites, on connaît les formes
vores tels que le hérisson, des viverridés, des
. s
n y m p h a l e s d’A. armillotus (Wyman, 1835), A.
rongeurs sauvages et même la girafe. Dollfus, en
moniliformis (Diesing, 1835), A. onnulatus (Baird,
1958, a trouvé des kystes de cette espèce chez
1853) et A. Brumpfi Giglioli, 1922. Cette dernière
une grande roussette frugivore Eidolon helvum
-c
espèce, qui appartient d’ailleurs au genre
[Kert-, 1792) capturée à Bamako.
Gigliolella
Chabaud et Choquet, 1954, a un
L’homme peut être aussi hôte intermédiaire
306

Fig. 3. -- Extrémité céphalique de KY. armi/latus (nymphe).
et des cas de porocéphalose hépatique humaine
sible, à la suite de l’ingestion d’un oetit rongeur
ont déjà été signalés dans les pays de l’ouest
lui-même porteur de formes larvaires de pen-
africain (MONZIOLS, COLIGNON et ROY,
tastomes. Dans le cas en effet où les formes lar-
1920) (NOC et NOGUÉ, 1919). Quoique la
vaires sont ingérées par un hôte non favorable
présence des porocéphales dans l’organisme
au développement des formes adultes, il peut se
humain provoque souvent des troubles graves
produire un phénomène de réenkystement ou de
avec ictère pouvant aboutir à la mort, le diagnos-
réencapsulement identique à celui que l’on cons-
tic ne peut être posé que lors de l’autopsie.
tate chez certaines espèces d’helminthes.
Comme il est pratiquement impossible qu’un
Cycle évolutif et mode de contamination
serpent dévore
un chat, I’hébergement des
formes larvaires chez cette espèce ne peut être
Au point de vue cycle évolutif et modes d’in-
qu’un cul de sac évolutif.
festation de l’hôte définitif et de l’hôte intermé-
Nous avons signalé ce cas de porocéphalose
diaire, les travaux de FÜLLEBORN en 1919, et
féline, car à notre connaissance, le chat ne semble
ceux de NOC et CURASSON en 1920 ont montré
pas être un hôte intermédiaire habituel pour
que l’hôte intermédiaire s’infeste soit en avalant
N. ormillatus. Si I’infestation du chat domestique
un serpent parasité présentant des œufs de
par des formes larvaires de pentastome a déjà
pentastome dans sa cavité générale, soit en ce qui
été signalée en Chine par Faust en 1927, il s’agis-
concerne les herbivores et les petits rongeurs
sait de l’espèce Kiriceehalus
poffoni (Stephens,
par ingestion d’herbes ou de proies souillées
1908).
par des excréments de serpents infectés.
Laboratoire central de I’Elevage. Dakar.
Le serpent hôte définitif s’infecte en avalant
Directeur : P. Mornet.
le mammifère porteur de kystes d’A. armillofus.
Dans le cas qui nous intéresse, il est peu pro-
bable que le chat se soit infesté en avalant un
BIBLIOGRAPHIE
serpent, Nous pensons plutôt, soit à une contami-
nation à partir d’aliments souillés par des excré-
CHABAUD (A. G.) et CHOQUET (M. T.) 1954.
ments de serpent, soit ce qui est encore fort pos-
- Nymphes du Pentastome Gigliolello
(N.
301

Gen.) brumpti (Giglioli, 1922) chez un Lé-
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ht. Pasteur, 1920, p. 288).
~--
SUMMARY
Porocephalosis in a cat, due to Neftorhynchus (Armillifer) armillatus (Wyman, 1845).
The authors describe a case of porocephalosis in a destroyed cat detected at postmortem which
had shown no symptoms while alive. About 50 cysts were noted situated fixed to the omentum, me-
sentry, the surface ofthe spleen and the liver, the abdominal wall, as also the mediastinum, diaphragm
and thoracic wall. The cysts were circumscribed by a thin and transparent conjunctive tissue reaction
shell enclosing a larva, identified by the authors as that of Nettorhynchus (Armillifer) armillatus (Wyman
1845). The adult stage of this helminthis widespread in West Africa and parasitises the respiratory
system of certain species of snakes. The authors recall the life-history of this parasite into which.
the cat does not normally enter as an intermediate host.
,RESUMEN
Porocefaiosis
por Nettorhynchus (Armillifer) armillatus (WYMAN, I ; 845) sobre un gato.
Los autores nos presentan un caso de porocefalosis descubierto al practicar la autopsia sobre
un gato que elles sacrifican y que durante el periodo de observation no habia mostrado ningun sin-
toma.
Los quistes, unos cincuenta, se presentan fijados al epiplon, mesenterios, a la superficie del bazo
y del higado y también al peritoneo. Algunos se encuentran en cavidad toracica sobre mediastino y
diafragma. Limitados por una membrana reaccional de naturaleza conjuntiva, delgada y transpa-
rente, encierra una larva que 10s autores identifican como de Nettorhynchus (Armillifer) armillatus
(Wyman, 1.835).
El estado adulto de este verme, muy frecuente en Africaoccidental, parasita las vias respiratorias
de ciertas serpientes. Los autores recuerdan el ciclo evolutivo del parasita en el que el gato no parece
ser un huesped intermediario habitual.
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