REPUBLIQUE DU SENEGAL ---------- I!I!GiGTERE ...
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REPUBLIQUE DU SENEGAL
----------
I!I!GiGTERE DE LXNSEIGNEMENTL5
INSTITUT SENEGALAIS DE ?ECHERCHES
ET DE LA REC%XHE-SCIENTIFIQUE
AGRICOLES (I.S.R.A.)
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SECRETAIX D'ETAT A Ln RECHERCHE
Lid39RATOIRE NATIXNAL DE L'ELEVAGE
StXENTIMQUE~TECHNIQuE
ET DE RECHERCHES VETERINAIRES
m=-=-
-z-z-
LE BOTULISME ANIMAL DE TYPE D AU SENEGAL
PREMIERE OBSERVATION CHEZ LE CHIEN
M. P. DOUTRE
N*OG/MICROBIO.
JANVIER 1982

R E S U M E
Un cas de botulisme cranin, sut-venu dans un chenil militaire, et dû au
type D de Clostridium botulinum est rdpporté pouf la première fois au
Sénégal. La maladie est caract6risée par une évolution suraiguë. ks lésions
obscrkes à l'autopsie sont essentiellement congestives et hémrragiques.
La souche en cause est isolge et le titre de la toxine prcduite déterminé,
L'origine possible de la toxi-infection et l'aspect des lésions Enconties
donnent lieu à discussion. En conclusifin, l'auteur envisage pourquoi, jusqu'à
ce jour, seul le Sénggal, en Afriq.ue de l'Ouest, a donne lieu 3 l'étude de
cas de botulisrrie.
SUFIMARY
TYPE DANIMAL BOTULI%IXSENEGALFIRSTRE~RT
FROMADOG.
A ase of canine botulism which occured in a military kennel is reported as
a first record in Senegal,Clostridiu botulinum -&pe D was the causative agent,
The disease was chzracterized by a peracute evolution. Post-mrtem examina-
tion mainly revealed congestive and haemorrhagic lesions. 'Ihe strain involved
was isolated and the toxinogenic property of the toxine determined. The possi-
ble origin of the toxi-infection and the pecularities in the observed lesions
are discussed. As a conclusion, the author considered why, up to now% Senegal
only, in the whole of Western Africa, had allowed to study cases or outbreaks
of botulism.

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LE BOTULISME ANIMAL DE TYPE D AU SENEGAL
PREMIERE OBSERVATION CHEZ LE CHIEN
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---em
M.P. DOUTRE*
Les cas de botulisme observés chez le chien, bien que rares, ne sont pas ex-
ceptionnels et la littérature des pays industriels en signale de temps à
autre (1) (II) (12) (13) (15) (16) (21). Mais, à notre connaissance, jusqusà
ce jour, la maladie n'a jamais été signalée chez cette espèce animale en Afri-
que tropicale.
La prkente note se propose de d&rire, pour la première fois, un cas de
botulisme canin de type D rencontre au Sén&l..
COMMEMORATIFS ET TECHNIQUES D'ETUDE
Fin décetim! 1981, le cadavre d'un chien, Berger allemand, apmenant au
peloton cynophile de la Gendarmerie sénégalaise, base à Mbao, est apporté au
Laboratoire. D'après les responsables, l'animal (présenté en début de matinée>
est mort dans la nuit sans qu'aucun symptome eut été constate lors de la der-
nière visite journalière prkédente.
L'examen post-mortem r&èle des lésions congestives et hémorragiques généra-
lisees à tous les organes des cavités -abdominale et thoracique; les masses
musculaires ne sont pas épargnées. La rate présente une hypertrophie considé-
rable et renferme une pulpe noirâtre presqu'aussi liquide que le sang de même
couleur qui s'écoule des vaisseaux. Un observateur familier avec les examens
nécropsiques, pratiquk dans les pays tropicaux, etablirait un rapprochement
imnédiat avec les lésions observées, dans l'espke bovine, lors de charbon
bactéridien. La muqueuse gingivale est, PJ? contre, d'un blanc porcelaine.
Une septicémie due à des bact&ies aérobies ou anaerobies est suspectée, sans
que ne soit exclue une possibilité d'empoisonnemnt (dicoumarine par ex.), Les
différents organes sont pr&vés et ensemencés en milieux liquides aércbie,
enrichi et anaérobie kuillon VP glucnsé à 1 p.100).
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9 Service de Bactériolo&, I&oratoiE national de 1'Elevage et de Recherches vétéri-
naires (I.S.R.A.) - B.P. 2057 - DAKAR (S&&al).

- 2
RESULTATS
Aucune des cultures en milieu aérobie ne permet d'isoler un %eme pathog&e
quelconque.
Par contre, les tubes de bouillon VF, ensemncés avec la rate et le foie,
ont permis le d&eloppement d'une culture pure d'un Clostridium ?I sporula-
tion déformante et subterminale,
Le surnageant d'une de ces cultures (rate), Zyee de deux jours, tue la
souris en rrÉnins de 18 heures, à la dilution du l/lO.
Une séroneutralisation rapide, effectu6e avec les antitoxines botuliques
A, B, C, D, E de l'Institut Pasteur de Paris et ce surnageant toxique, mon-
tre que l'on se trouve en pr&sence d'un cas de botulisme de type D CO,25 ml
de surnageant au l/lO t 2,5 U.A. de chacun des ~&III~ antitoxiques sous un
volume de J,25 ml. ; mort des souris non protégées en moins de 18 heures).
Une fois de plus, il est à noter que la toxine ptiuite en primo-culture,
à l'isolement, ne contient puas, ou renfeTTck? une quanti6 trop faible, de
substance toxique convulsivante, thermostable, soluble, non antigénique,
insuffisante pour empêcher la sér0typie (3) (8).
Ult&ieurernent, la DDWsouris de la toxine est recherchée. Le surnageant
d'une subculture de la souche isolée tue la souris à la dilution du 11100
(ballon contenant environ 150 ml de bouillon VF plucosi, incubation de 5jours
à 37OC). La souche est donc très faiblement toxinogène pour la souris.
DISCUSSION
' Différents points doivent retenir l'attenticn :
1) Ce cas de botulisme observé chez le chien revêt la forme d'une toxi-
infection. En raison de l'évolution suraiguë, un nombre important de formes
ny&liennes ou plus certainement de spores ont sans doute é-t& introduites
dans l'organisme par la voie buccale. Dans l'appareil digestif, les 2erws
se sont très rapidement multipliés puis ont diffusé hors de l'intestin,
lib&ant une quantitg imporkante des différentes toxines de Cl.botulinum
D. Ces dernières ont provoqué la mort de l'animal en un temps très bref.
Quelle a pu être la source de l'infection ?
1.. / .*,

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On ne peut, évidemnt, ~~l'effectuer des hypothèses . . . La. ration journalière
ne semble pas en cause, car un seul cas
s'est manifesté dans l'effectif du
chenil qui compte environ une dizaine d'individus. N&nmoinç, la situation du
casernement, voisin de porcheries peu surveill&s (localisées 3 Mbao, Ttkaroye)
permet d'avancer une su,qsestion . . . Le porc est porteur de plusieurs types de
Cl.ktulinum (A, B, C, D). Un cadavre de cette espèce, abandon& dans les brous-
sailles, a pu être conscmuné par des rapaces (milans, vautours) qui auraient dis-
skniné des fragments de visc&es, et tout particulièrement d'intestins, dans
un périmètre plus ou moins &zendu . . . Au cours des promenades, le chien a pu
absorber un de ces fragments . . . Les habitants de lvag&omération dcakaroise
cnt tous déjà constaté que les oiseaux synanthropiques laissent tomber, au cours
de leur vol, de nombreux déchets qu'ils ramassent sur les d&harTes ou sur les
plages (poisson par ex.> et que l'on retrouve sur les routes et les concessions.
Dans ces conditions, le porc serait bien à l'origine du cas de botulisme canin
observ@ dans le chenil militaire. En 1956, VALLEE et col. avaient suspecté que
des excrkknts de porcelet avaient pu contaminer un chien atteint de botulisw
de type C (21). Une analo,@e existerait ainsi avec le foyer de botulisme de
type D, survenu chez les pélic~ans de la Petite-Côte, décrit fin 1978 (8). Cette
possibilité d'infection n'est, encore une fois, qu'une hypothèse . . . Nous nous
proposons de mener, dans les mois prochains, une étude du portage de Cl.botulinun
chez les porcs de la &gion du Cap-Vert, sacrifiés 2 lvabattoir de Dakar.
2) A première vue, les lésions congestives et hénwragiques rencontrées à l'au-
topsie peuvent surprendre, le botulisme demeurant avant tout une affection
caractérisée par des paralysies flasques aux manifestations lésionnelles ma-
croscopiques discrètes. En 1953, PILLET et col. ont constaté que les organes
digestifs d'un chien mort de botulisme C contenaient tous du sang en abondance,
que l'intestin prkentait une ccngestion h&norragique intense et que le sang
apparaissait difficilement coapulable (16). En 1950, BRYGGO (21, puis PF;EVOT
et BRYGOO (17) (18) et en 1951, GUILLAUMIE et KREGUER (9) montrent que les sou-
ches de Clbotülinum type D produisent, en plus de la toxine l&hale de type
et de la substcance toxique, convulsiv~ante, thermostable, soluble et non antigé-
nique, une hémolysine qui serait une lécithinase. Selon ces auteurs ses caractë-
r-es seraient les suivants : action sur les @obules roupes de nombreux
mammifères, sensibilité à l'oxydation, production non constante par les diffé-
rentes souches de type D, appartenance au rrRme groupe antigénique que le facteur
a du ~~enre Welchia, destruction par un chauffa,qe de 30 mn à 4S°C, neutralisation
par les sérums anti D, anti A, anti B et an-ti-perfrin,e;ens; le pouvoir
. . /. ..*

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hémolytique persiste en partie après formolage à 8 p.11?00 alors que le pouvoir
toxique a disparu (formaticn d'anatoxine).
Le type C de Cl.botulinum possède
&p;alement une hémolysine.
C'est probablement à l'action de cette dernière que
l'on doit rattacher les lésions observ&s lors de l'exmn nécropsique. Il est
certain que les différentes souches de Clbotulinum de type D, isolées ces
dernières années chez le cheval, le pglican et le chien mériteraient une étude
an-ti&nique détaillée que, malheureusement, faute de moyens plus importants,
nc,us ne pouvons mener au service de bactériologie du baboratnire v&?rinaire
de Dakar. Une étude de ce p,enre a é-k,6 r&lisée en 1977 par des chercheurs
japonais (14).
3) Fnfin pour conclure, il convient de soulinger, qu'au Sén@al, le botulisme
animal de type D donne lieu à des Qbservations relativement f&qU@nteS (3)
(5) (6) (7) (8). On pourrait situer le botulisme de type C sur le même plan.
Chez l'homme, les seuls cas de botulisme signalés dans ce pays relèvent du
diapostic clinique, sans que le laboratoire n'ait pu apporter de prkisions
(19). Au Tchad, en 1958, un foyer humain dû au type D a été rappcrté par DEMML
CHI et col. (4) : un jambon Gtait en cause. Plus rkemment, en 1979, au Kenya,
SMITH, TIMMS et REFAI ont étudié un foyer de type A qui entraîna la ~-~rt de 6
personnes en milieu nomade, la consommation d'une pr&paration à base de lait
fermentté $-tait responsable de la toxi-infection (20). En dehors de ces quelques
observations, la littérature est inexistante . . .
En matière de botulisme ~animal, en Afrique de l'fiuest, et en dehors du Sénégal
-qui a priori ne possède aucune raison de prkenter seul des chas de l'affection-
il en va de m&ne . . . Comnt expliquer ce fcait 3 La &pnnse tient sans doute au
caractère de la maladie qui ne se manifeste qu'à travers des cas isolés ou de
petits foyers restreints. Les agents vétérinaires ont été, lors de leur formatioq
principalement orientés vers le &pistane des vandes gpiznoties et leur atten-
tion n'est pas atti&e par des manifestatirjns pathologiques auxquelles ils n'ont
pas été prépar& (*). Sur le terrain, le botulisme n'est sans dcute pas reconnu.
Une Gtiolopie erronee est vite avancée et les cas qui pourraient apparaître com-
me suspects ne donnent pas lieu à p&lèvements. Pourtant l'analyse bactérinlogi-
que, judicieusement choisie (foie à coeur) lors de l'autopsie et acheminGe vers
un laboratoire ex$rimentS, permettrait,mZce à la mise en jeu de techniques
simples et démonstratives, d'assurer définitivement le diagnostic.
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(+) Au SénGF;al, l'apparition du "lamsiekte" de type C, dans le Ferlo, au cours des années
60, a contribu& à fcaire entrer le botulisme dans la liste des affections que l'on doit
avoir prkentes en mémoire. La maladie dite "des fora:<es" entraîna un taux de mz-tali-
té dans kS troupeaux comparable 2 celui des grandes enZ0%ks de la première moitié
du XXè siècle (Peste bovine pac exemple).

B I B L I O G R A P H I E
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