INSTITUT D'ÉLEVAGE ET DE MÉDECINE VÉTÉRINAIRE ...
INSTITUT D'ÉLEVAGE ET DE MÉDECINE
VÉTÉRINAIRE DE~ PAYS TROPICAUX
REVUE D’ÉLEVAGE
ET DE
MÉDECINE VÉTÉRINAIRE
DES PAYS TROPICAUX
L’anguillulose à Strongyloides fülleborni
0. von Linstow, du cynocéphale
(Papi0 cynoce@mlus) au Sénégal
Son traitement par l’Ester Diméthylique
de l’acide
(212-2-trichloro-l-hydroxyéthylphosphonique)
par S. GRETILLAT, L. MONJOUR et G. VASSILIADÈS
Tome XX (nouvelle série)
No 1 - 1 9 6 7
woT FRÈRES, ÉDITEUR~ ~
23, rue de l’École-de-Médecine. PARIS-VI”

5
Rev. Elev. Méd. Vét. Pays frop., 1967, ZD, I (77-85).
L’anguillulose à Stf-ongyloides fülleborni
0. von Linstow, du cynocéphale
(Papio cynocephalus) au Sénégal
Son traitement par l’Ester Diméthylique de l’acide
(2-2-2-trichloro-l-hydroxyéthylphosphonique)
par S. GRETILLAT”, L. MONjOUR** ef G. VASSIL/ADÈS*
RÉSUMÉ
Un endoparasitisme à allure enzootique ayant sévi dans un élevage de cyno-
céphales Papi0 cynocepholus
appartenant à 1’0. R. A. N. A., Dakar, a permis de
mettre en évidence la présence de Strongyloïdes
fülleborni (anguillule du singe),
Trichocepholus cynocephalus et CEsophagosfomum
bifurcum, les deux premières
espèces étant signalées pour la première fois dans l’Ouest Africain.
Si l’on admet actuellement que Strongyloides sfercoralis (anguillule de l’homme)
et Strongyloides fülleborni sont deux espèces distinctes, il est vraisemblable que
l’une ou l’autre peut parasiter indifféremment l‘homme ou le singe. Le cynocé-
phale serait alors un réservoir de parasites pour l’homme, comme il en est déjà
un en ce qui concerne CEsophagosfomum
bifurcum.
Des essais de traitement démontrent l’action anthelminthique du Neguvon
(2.2-2-trichloro-l-hydroxyéthylphosphonique)
contre ces trois helminthes à la
dose de 50 mg/kg en solution à 10 p. 100 par voie orale. Aucun effet secondaire
n’a été observé. Un seul traitement a pratiquement déparasité les animaux
(17 dont 4 témoins) avec reprise de l’état général et suppression de la mortalité.
Depuis quelques mois, chez de jeunes cynocé-
et amaigris, ils s’affaiblissaient progressivement
phales (Papio cynocephalus L.), capturés en Haute-
pour mourir complètement cachectiques.
Casamance et au Sénégal Oriental et appartenant
A l’autopsie, on remarquait une grande misère
à l’organisme de Recherches pour I’Alimen-
physiologique, de I’hydrocachexie, une conges-
tation et la Nutrition Africaines (0. R. A. N. A.)
tion des muqueuses duodénale et jéjunale, et la
Dakar, on constatait un abaissement de l’état
présence de tubercules indurés de la grosseur
*.
général avec troubles morbides apparaissant
d’un pois dans l’épaisseur des parois du colon.
dès les premiers jours de la captivité.
Les examens microbiologiques étant négatifs,
Destinés à servir de matériel d’expérience
on songea naturellement à une affection parasi-
pour des recherches sur la nutrition humaine, ces
taire par helminthes.
1
animaux malgré un appétit conservé étaient
Après enrichissement du milieu, des examens
tous atteints de dérèglement intestinal avec alter-
coprologiques sont faits à partir de prélèvements
nance de constipation et de diarrhée. Anémiés
moyens de fèces des malades.
Ils révèlent la présence de :
a ora oit-e national de Recherches vétérinaires,
,$LrL
b t
10 très nombreux oeufs de nématodes de forme
(**) Organisme de Recherches pour I’Alimentation et
la Nutrition africaines, Dakar.
ovoïde à double enveloppe, mesurant 45 à 55 p

de long sur 30 à 35 p de large avec une larve
à 250, elles muent et donnent en 24 heures des
mobile à l’intérieur ;
larves rhabditoïdes de 590 p de long sur 51 p de
20 quelques oeufs de nématodes de 70 à 80 p
large avec un cesophage de 98 p (fig. no 2 C). Le
de long sur 40 à 45 p de large, ovalaires, avec
quatrième jour, apparaissent dans le milieu, des
Y
une morula bien développée ;
individus mâles et femelles que nous décrivons
sommairement.
30 quelques ceufs de trichocéphales, opaques
avec deux boutons polaires (longueur 55/58 p,
Mâles.
largeur 25/27 r-l).
Longueur 920 p, largeur 52 p, cesophage avec
D’après leur forme et leurs dimensions, les
rhabditis succédant à une portion rétrécie de
oeufs embryonnés ressemblent à des oeufs d’anky-
I’cesophage.
lostomes. En coproculture à 250, ils éclosent en
Queue de 44 p. Deux petits spicules égaux de
donnant des larves rhabditoïdes de 440 p de
38 p de longueur.
long sur 20 p de large, avec un cesophage de
Gubernaculum naviculaire de 18 CL.
80 EL. Ces larves ont une gaine (fig. no 2 B).
Deux paires de petites papilles post-cloacales
Maintenues en eau physiologique à 7 p. 1.000
(fig. 1 A-B-C).
F i g . no 1 . - M â l e l i b r e d e S f r o n g y l o i d e s fülleborni.
Fig. no 2. - A) CGuf de Sfrongyloides fülleborni dans
A) Exemplaire récolté le 5e jour de la coproculture.
les fèces de Papi0 cynocepholus.
B) Extrémité postérieure.
B) Larve de 5. fiilleborni, Ier stade, 24 h. de coprocul-
ture.
C) Extrémité antérieure.
C) Larve femelle de 5. fülleborni, 2e stade, 48 h. de
coproculture.
Femelles.
D) Femelle libre de S. füiieborni, 5e jour de la coprocul-
ture.
Longueur moyenne 970 à 1.050 p.
E) Orifice vulvaire de la femelle libre (dépression très
Largeur 50 à 55 p.
marquée en arrière de la vulve).
CEsophage 125 p avec rhabditis présentant
comme chez le mâle un renflement basa1 suc-
Queue 106 k.
cédant à une portion cylindrique
rétrécie
Vulve à 500 p de l’extrémité antérieure située
(fig. 2 D-E).
approximativement au milieu du corps. Lèvres
78

i
vulvaires proéminentes avec forte dépression
primitif de la biologie des Anquillules explique-
,
cuticulaire en arrière de l’orifice de ponte.
rait peut-être son extrême malléabilité.
D’après les résultats obtenus, il s’agit d’une
Les expériences de FAUST en 1931 et 1933
i
infestation parStrongyloïdes(anguilIules),
compor-
semblent aboutir au même résultat. II fait varier
tant un cycle exogène avec mâles et femelles
le type de cycle de Sfrongyloides sfercorolis en
libres, et un cycle endogène parasite avec seule-
soumettant les animaux en expérience, des singes
ment des femelles parthénogénétiques.
en l’occurrence (Mococa et Afeles) à un traite-
ment par le violet de gentiane. D’après cet
ANGUILLULOSE DE L’HOMME,
auteur, 5. stercoralis parasiterait l’homme et le
DES PRIMATES
singe.
.
ET DES CARNIVORES DOMESTIQUES
Si l’on s’en réfère aux travaux de GALLIARD
(1939) (1940) et (1950) sur I’anguillulose de
Ce n’est que vers le début du siècle (WEIN-
l’homme et du chien au Tonkin, Strongyloïdes
BERG, LÉGER et ROMANOVITCH, 1908) que la
sfercoralis les parasiterait indifféremment. Le
C
pathogénicité de I’anguillule de l’homme (Sfron-
passage de la souche humaine chez le chien fai-
gyloïdes sfercoralis, BAVAY, 1877) fut reconnue.
sant apparaître une prédominance du cycle indi-
En effet, ces minuscules nématodes de quelques
rect, alors que chez l’homme dominerait le cycle
millimètres de longueur vivant dans les replis de
direct avec auto-infestation. II s’agirait dans ce
la muqueuse du duodénum et de l’intestin grêle
cas de races biologiques s’étant adaptées à un
pouvaient apparemment être considérés comme
hôte ou à l’autre.
de simples commensaux et pourtant I’anguillulose
Cependant, ce point de vue n’est pas partagé
est une helminthiase des plus graves tant chez
par l’ensemble des chercheurs et nombreux sont
l’homme que chez les autres mammifères.
ceux qui décrivent des espèces de parasites
Le genre Sfrongyiordes (GRASSI, 1879) parasite
propres aux primates.
à des degrés divers l’homme, les carnivores et
Ainsi Otto VON LINSTOW en 1905 décrit
ruminants domestiques, le cheval, le porc et les
5. fülleborni à partir de matériel récolté par un
volailles. II est fréquent chez les singes, et les
médecin de la marine allemande chez un chim-
auteurs suivant la morphologie, la biologie du
panzé et un cynocéphale.
*
parasite et suivant l’hôte qui I’héberge en ont
Sfrongyloïdescebus, DARLING, 1911 ,estparasite
décrit un certain nombre d’espèces.
de Cebus hyeoleucus à Panama.
Chez l’homme parasité par S. stercoralis, néma-
Strongyloïdes simiae, HUNG et HOPPLI, 1923,
tode ovipare, les oeufs éclosent dans le tube intes-
est l’agent causal d’une anguillulose chez Moca-
tinal et ce sont uniquement des larves rhabdi-
tus, Afeles, Pifhecus et Cercopithecus aefhiops sabeus.
toïdes que l’on trouve à l’examen des selles.
DESPORTES en 1944-1945, travaillant sur I’épi-
WEINBERG et ROMANOVITCH en 1908, tra-
démiologie, I’étiologie de I’anguillulose humaine
vaillant sur des chimpanzés et des singes infé-
à partir de souches de primates, sépare d’après
rieurs atteints d’anguillulose, pour étudier le
le comportement biologique et la morphologie
pouvoir pathogène éventuel des larves de Sfron-
des larves et des adultes libres, Sfrongyloides ster-
gyloïdes, ne peuvent poursuivre leurs recherches,
coralis du groupe Strongyloïdes fülleborni, 0. VON
les selles des malades ne contenant que des ceufs
LINSTOW, 1905, Sfrongyloïdes cebus, DARLING,
4
embryonnés, mais pas les larves qu’ils espéraient
1911 et Sfrongyloïdes simiae, HUNG et HOPPLI,
y trouver. Cependant, les auteurs estiment qu’il
1923. Dans les infestations à 5. sfercoralis, les
s’agit d’une souche de 8. stercoralis dont les
œufs d’anguillule éclosent dans l’intestin de
œufs n’écloraient que dans le milieu extérieur.
l’hôte alors que pour les trois dernières espèces,
1
LÉGER en 1921, étudiant le parasitisme des
parasites de Primates, ce sont des ceufs embry-
singes en Guyane(Midosmidos,
GEOFFROY,1812,
onnés qui sont évacués avec les excréments.
Ateles penfadacfylus, Cebus opella) ne trouve que
C’est en 1948, que WALLACE et Coll. signalent
des larves rhabditoïdes à l’examen des excré-
le premier cas d’infestation naturelle humaine à
ments des malades.
S. fülleborni chez un originaire des Iles Philip-
En 1925, SANDGROUND parle d’instabilité
pines. Ils font les mêmes remarques que DES-
du cycle évolutif chez Sfrongyioi’des. Le type très
PORTES.
2
19

PREMVATI en 1958 démontre d’après la mor-
(ESOPHAGOSTOMOSE
phologie et la biologie de Strongyloïdes fülle-
ET TRICHOCÉPHALOSE DU CYNOCÉPHALE
borni qu’il s’agit bien d’une espèce différente de
Strongyloïdes stercoralis. En effet, les ceufs embry-
Le deuxième type d’oeufs de nématodes
onnés de S. fülleborni éclosent normalement à
trouvés aux examens coprologiques (œuf avec
25 OC, alors qu’un très petit nombre seulement
morula bien développée), donne naissance en
donnent des larves si on les maintient à 37 OC.
coproculture à des larves d’CEsophogosiomum.
Ces différences d’ordre biologique sont très
L’examen des adultes et des larves enkystées
intéressantes car la morphologie seule permet
au niveau de la muqueuse du colon permet de
difficilement de séparer ces deux espèces très
déterminer l’espèce en cause. II s’agit d’CEsoeho-
proches l’une de l’autre. Compte tenu des varia-
gostomum bifurcum (CREPLIN, 1849) synonyme
tions dans les dimensions des larves et des adultes
d’0. brumefi, RAILLIET et HENRY, 1905.
libres de 8. fijlleborni suivant les conditions de
Quant aux trichocéphales,
une trentaine
température et de milieu de coproculture,
d’adultes, recueillis dans le cœcum de trois
PREMVATI (1958) accorde avec WALLACE et
singes autopsiés, ont les caractères de Trichoce-
Coll. (1948) une valeur de critère d’espèce à la
eholus cynocephalus, KHERA, 1951 (fig. nos 3 et 4).
morphologie de l’orifice vulvaire de la femelle
Ce trichure diffère de celui de l’homme par les
libre : vulve à lèvres très saillantes, avec dépres-
dimensions de sa gaine spiculaire 2,l mm, celles
sion cuticulaire très marquée en arrière du bord
de son spicule 2 à 2,48 mm et particulièrement
postérieur de l’orifice de ponte.
par la zone périvulvaire qui a l’apparence d’un
Les résultats que nous avons obtenus aux exa-
anneau clair, l’ouverture vulvaire étant striée
mens coprologiques et aux coprocultures étant
radialement alors qu’elle est ornementée d’épines
semblables à ceux des auteurs précédents, nous
chez Trichuris frichjura (LINNÉ, 1771), STILES,
rattachons le Sirongyloides trouvé chez Papio cyno-
1901.
ceehalus à 8. fülleborni, les deux autres espèces
8. simiae et S. cebus étant probablement syno-
nymes des. içülleborni (D’après DESPORTES, 1944-
1945).I
Nous donnons ci-dessous la description som- ~
maire des femelles parasites parthénogénétiques j
trouvées à l’autopsie de deux malades.
Femelle parthénogénétique parasite.
Femelle strongyloïde (sans rhabditis) effilée ~
des deux bouts avec extrémité antérieure pré-
sentant des papilles peu visibles.
Cuticule légèrement striée. Longueur 3 à
4,2 mm. Largeur maximum au niveau de la
vulve : 40 à 53 p.
Queue à pointe mousse : 50 à 65 1~. de long. ~
~sophagede700à900~(1~4à1/5de
la lon-
gueur du corps) sans rhabditis. Orifice vulvaire 1
avec lèvres peu saillantes, situé vers le début du i
tiers postérieur du corps.
Réceptacle séminal absent, utérus ne conte-
nant que quelques œufs (2 à 10) de 48 à 59 11 de
long sur 30 à 32 tu de large.
Ces dimensions et caractères correspondent à
ceux donnés par PREMVATI en 1958 pour 1
Fig.
no 3. - Trichocepholus cynocepholus.
5. fülleborni.
Spicule et gaine spiculaire du mâle.
8 0

plaire adulte après administration d’anthelmin-
thique.
Si l’homme est pour I’CEsophagostome
un
hôte anormal, il n’en est pas moins vrai que de
par le monde, au Brésil par exemple (THOMAS,
1910), au Nigeria (LEIPER, 1911), en Uganda
(ELMES et Mc ADAM, 1951) et en Indonésie
.,
(TAN KOK SIANG et LIE KIAN JOE, 1953),
I’cesophagostomose intestinale humaine a déjà
été observée.
Un cas de localisation aberrante, rapporté
par CHABAUD et LARIVIÈRE (1958), est celui
de cet enfant, originaire de la Côte-d’Ivoire, et
Fig. no 4. - Trichocephalus cynocephalus.
Orifice vulvaire civet vagin et œufs.
hospitalisé à Dakar, qui présentait un kyste
cutané renfermant une femelle immature d’CEso-
phagostomum stephonosfomum, STOSSICH, 1904.
En ce qui concerne Trichocephalus
cynoceehalus,
KHERA, 1953, décrit d’Abyssinie sur Papio hama-
dryas L., c’est la première fois qu’il est signalé
chez un Papio cynocephalus de l’Ouest Africain.
Puisque Sfrongyloïdes fülleborni et CEsoehagos-
fomum bifurcum peuvent accidentellement para-
siter l’homme, le cynocéphale serait un réser-
voir de parasites pour les villageois vivant et
travaillant en forêt ou en savane arborée.
ESSAIS DE TRAITEMENT
Fig. no 5. - Trichiuris trichiura. Orifice vulvaire.
DE L’ANGUILLULOSE DU CYNOCÉPHALE
PAR LE NÉGUVON
Aucune expérimentation pratique n’étant pos-
DISCUSSION
sible sur des singes dont l’état général est extrê-
mement déficient, 1’0. R. A. N. A. décide de
La clinique, les lésions générales et intesti-
déparasiter ces animaux.
nales et l’abondance des anguillules
adultes
Plusieurs produits sont essayés et c’est le Né-
trouvées à l’autopsie aboutissent au diagnostic
guvon (2-2-2-trichloro-l-hydroxyéthylphosphoni-
d’anguillulose massive. Les trichocéphales et les
que) utilisé à la dose de 50mg,/kg qui donne
nodules d’cesophagostomose
larvaire en nombre
les meilleurs résultats.
relativement restreint compliquent seulement le
Cet anthelminthique a déjà été testé contre
tableau clinique.
Strongyloides papillosus (WEDL, 1856) agent de
.
A notre connaissance, c’est la première fois
I’anguillulose des petits ruminants par ECKERT
que 8. Julleborni est signalé au Sénégal.
et ABDEL GAWAD (1963) et PATNAIK (1964),
TOMITA en 1940, à Formose, a réussi à
à raison de 30 à 80 mg/kg, associé ou non à ICI
Phénothiazine ou à I’Asuntol.
s?
infester trois volontaires avec S. Julleborni tandis
que WALLACE, MOONEY et SANDERS en 1948
Conditions d’expérimentation
relatent un cas d’anguillulose humaine causé par
le même helminthe.
Les cynocéphales au nombre de 17 et d’un
Au sujet d’&ophagostomum
bifircum, HENRY
poids moyen de 2 à 3 kilos, sont logés dans des
et JOYEUX, en 1920, signalent un cas humain en
cages à sol cimenté avec grillage en fer à raison
Haute-Guinée, le malade ayant expulsé un exem-
de 1 à 4 singes par cage.
8 1
REVUE D’ELEVAGE
6
d

I K
\\
\\
Graphique 1, -Courbe donnant le nombre d’oeufs
moyen par gramme de fèces chez les témoins et chez les
\\
animaux traités, pendant les 30 jours après le traitement
0
(Coordonnées semi-logarithmiques).
Graphique II. - Courbe du poids moyen des cynocé-
phales traités. T= date du traitement.
Après la vermifugation, un léger fléchissement est suivi
d’un gain de poids régulier au fur et à mesure de I’amé-
lioration de l’état général.
jours apris
>
1 0
20
30
t raituncnt
Résultats des examens coprologiques N. oeufs/gr.
-
Rapport :
20
28
120
2
3693
*
900
40
20
Témoins
33,43
ft+
1450
1400
1350
44,24
++ = infestation moyenne; ++t = forte infestation; +i++ = trè
forte infestation; +i+t+ = infestation massive.
82

L
Les contrôles d’infestation sont faits sur des / qui ont suivi le traitement, montre que les oeufs
prélèvements moyens provenant de chacune des
de Strongyloïdes ont pratiquement disparu dans
8 cages. Ils sont indiqués dans le tableau.
les fèces 30 jours après l’administration du Négu-
4
Des examens coprologiques préliminaires
von.
sont effectués et montrent que sur 17 malades,
Au dernier contrôle, l’absence d’cwfs de tri-
10 sont très fortement infestés par Strongyloïdes
chocéphales et d’œsophagostomes prouve la
fülleborni et moyennement par CEsophagostomum
valeur anthelminthique du Néguvon contre ces
et trichocéphales.
deux nématodes particulièrement résistants aux
Le nombre d’œufs de Strongyloïdes par gramme
vermifuges classiques.
d’excréments varie de 260 pour les infestations
L’état général s’améliore dans les 15 jours
4
moyennes à 2.960 pour les infestations mas-
suivants.
sives (v. tableau).
Les témoins non traités n’accusent aucune
baisse dans le nombre des œufs présents dans les
Essais thérapeutiques.
fèces, ni aucune amélioration de l’état général.
.
En conclusion, le Néguvon (2-2-2-trichloro-l-
L’anthelminthique (Néguvon) est utilisé sous
hydroxyéthylphosphonique) s’est révélé efficace
forme de solution à10 p. 100 préparée extempo-
dans le traitement de I’anguillulose du singe à
ranément et administrée per os à la seringue, le
Strongyloides fülleborni. II est également actif
matin à jeun, à raison de 50 mg de produit pur
contre Trichocephalus
cynocephalus et CEsopha-
par kilo de poids vif (50 mg/kg). Dans les jours
gostomum bifurcum.
qui suivent le traitement, un accident mortel mis
Efefs secondaires. Utilisé à raison de 50 mg/kg
à part chez un singe dont l’état général était par-
ce produit peut sans inconvénient majeur être
ticulièrement mauvais, aucun effet secondaire
administré à des animaux dont l’état général
particulier n’est pratiquement constaté.
est très mauvais. Aucun trouble d’intolérance
Dès la fin de la première semaine, l’état géné-
n’est observé : vomissements, troubles nerveux,
I
ral s’améliore, les troubles gastro-intestinaux
etc... Cette dose semble cependant ne pas devoir
disparaissent et on note après un léger fléchisse-
être dépassée surtout chez des sujets affaiblis
ment, une augmentation du poids des singes
par un polyparasitisme.
s
traités.
Les contrôles d’efficacité au moyen d’examens
Inslifuf d’Elevage et de Médecine vétérinaire
coprologiques sont faits 6, 12 et 30 jours après le
des Pays tropicaux. Laboratoire national
traitement. Le tableau en donne les résultats.
de Recherches vétérinaires, Dakar
La courbe du nombre moyen des ceufs présents
et Organisme de Recherches pour /‘Alimentation
dans les fèces au moment et dans les semaines
et la Nutrition africaines, Dakar.
S UMMARY
Angoillulosis due to Sfrongyloides fulleborni 0. von Linstow in the cynoce-
phalus (Papi0 cynocepholus) in Senegal. Its cure with Dimethyl ether of the
(2-2-2 trichloro-l-hydroxyethylphosphonic)
acid.
An endoparasitism with enzootic aspect which occured in a monkey (Papio
cynocepholus) breeding farm belonging to the 0. R. A. N. A. in Dakar, allowed
us to show the presence of Strongyloides fulleborni (monkey anguillula), Trichoce-
pholus cynocephalus and CEsophogosiomum
biiçurcum,
the two first species being
mentioned in West Africa for the first time.
If it is presently admitted that Strongyloides stercorolis (man’s anguillula) and
Sfrongyloides fulleborni are distinct species, it is likely that one or the other cari
be parasite either of man or the monkey. The cynocepholus would then be a
reservoir of parasites for man, as it is already one with CEsophagosfomum bifur-
cum.

a 3

Treatment experiments demonstrate the anthelminthic action of Neguvon
(2-2-2-trichloro-l-hydroXyethylphosphonic)
against these three helminths at the
dose of 50 mg per kilo in a 10 p. 100 solution administered by the oral way. No
secondary effect has been observed. A single treatment has been enough for a
practical cure of all animals (17 out of which 4 hept as witnesses) with a general
recovery and the end of losses.
RESUMEN
Anguilulosis con Sfrongyloides fulleborni 0. van Linstow, del cinocéfalo
(Papio cynocepholus) en Senegal. Su tratamiento por el ester dimetilico del
dcido (2-2-2-tricloro-l-hidroxietilfosfonico).
Un endoparasitismo enzootico se encontr6 en una ganaderia de cinocéfalos
(Papi0 cinocepholus) perteneciendo al 0. R. A. N. A., en Dakar. Permit3
demostrar la presencia de Strongyloides fulleborni (anguilula del mono),
Tricocepholus cynocepholus y CEsophogosfomum
bifurcum. Las dos primeras
especies se notaban por la primera vez en el Oeste Africano.
Como se admita que Strongyloides sfercoralis (anguilula del hombre) y
Strongyloides fulleborni son dos especies diferentes, una u oira verosimilmenie
puede parasitar ya al hombre ya el mono. En tal caso el cinocéfalo seria un
recept&ulo de parasitas para el hombre, de la misma manera que en 10 que
concierne CEsophagosfomum
bifurcum. Los ensayos de tratamiento demuestran
la acci6n a n t i h e l m i n t i c a d e l N e g u v o n (2.2-2-tricloro-l-hidroxietilfosfonico)
contra estos tres helmintos en la dosis de 50 mg/kg en solution a 10 p. 100 por
via oral. No se observ6 ningun efecto secundario. Un solo tratamiento practi-
camente deparasito 10s animales (17 entre 14 testigos) con mejora del estado
general y supresion de la mortalidad.
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