109 LES TRYPANOSOMIASES ANIMALES par P.MORNET ...
109
LES TRYPANOSOMIASES ANIMALES
par P.MORNET
'Vétérinaire Inspecteur Général
Directeur du Laboratoire Central de lIElevage
"Georges Curassonf'
Dakar-Hann
.
---
_ .-_
-_ -.
-.._ _
plus gr&Xe que72 malidie du sommeil humaine, car cette dernlërë
--
n'est provoquée que par une seule espèce de trypanosome (Trypanosoma
pambiense dans l'Ouest africain) et des recherches r6centes ont
permis de mettre au point des produits chimiothérapiques et chimio-
prophylactiques efficaces fdiamidinen)-
1
.
109
Les Trypanosomiases animales
-=-=-=.m=-=*=-=-=-
Les trypanosomiases constituent pour le cheptel un lourd
handicap car elles frappent toutes les espèces animales, sont répan-
dues, à des degrés divers, dans toute l'A.O.F., causent une morbidité
et une mortalité importantes, entraînent une baisse de la production
de viande, de lait..., difficile à définir statistiquement mais cer-
tainement très élev4e,
et constituent enfin un des obstacles princi-
paux à l'évolution des populations. Bien des régions en effet sont
presque totalement privées de viande, car l'élevage du boeuf y est
pratiquement interdit par ces protozooses. Elles sont également
privees de lait, %o peuvent entretenir la fertilité du sol par la
fumure et n'ont pas la possibilité de soulager par le travail des
bêtes de labour ou de charroi la peine quotidienne du paysan.
Nains spectaculaires dans leur action pathologique que
certaines maladies infectieuses, elles sont assimilables par leurs
répercussions sur la santé animale au paludisme sur la santé humaine.
Bien des affections contagieuses auront disparu d'R,O.F., telles la
peste bovine et la pbripneumonie
bovine , que les trypanosomiases
continueront à s'opposer de façon insidieuse mais permanente à
l'amélioration du cheptel et à son extension dans des zones défavo-
rables, Leur influence la plus néfaste sur l'organisme animal se
manifeste chroniquement par une fragilisation qui le rend souaent
incapable de resister à des aggressions pathologiques mineures.
C'est en pensant à ces protozooses latentes, auxquelles il faudrait
ajouter les piroplasmoses et les coccidioses, que j'ai écrit "En
A.C.F.,
tout animai bien portant est un malade qu'on ignore".
Les trypanosomiases animales revêtent meme une importance
plus grande que la makdie du sommeil humaine, car cette dernière
n'est provoquée que par une seule espèce de trypanosome (Trgpanosoma
gambiense dans l’Ouest africain) et des recherches r6centes ont
permis de mettre au point des produits chimiothérapiques et chimio-
prophylactiques efficaces (diamidines).
Les premières, au contraire,sont
causees par plusieurs
espèces de trypanosomes : Trypanosoma congolense, T.vivax-cazalboui,
T.brucei, T.evansi... pour ne faire état que des groupes principaux
de flagellés pathogènes; le mode de transmission naturelle n'est pas
uniforme : les glossines, après une evolution cyclique plus ou moins
complète, sont les principaux vecteurs, mais les tabanidés, les
stomoxyidés peuvent intervenir également,mécaniquement.
Les espèces
animales atteintes sont très variées : dromadaires, chevaux, boeufs ?
L
..* /
..*
--- -
--
*r
L’
109
2
moutons, chèvres, porcs, chiens... et leur réceptivité diffère souvent
pour un même parasite (T.vivax, par exemple, confère une affection
assez souvent chronique chez les bovins, mais aiguë chez les chevaux).
Enfin les trypanosomes répondent de façon variable aux
divers medicaments d'où l'impossibilité d'instituer, comme en médecine
humaine, un seul dérive médicamenteux. La complexité des recherches sur
les trypanosomiases tient au fait que les études doivent porter :
- sur les insectes transmetteurs : tsé-tsés principalement. La
syst6matique,
la morphologie, l'élevage expkrimental, la répartition
géographique, l'écologie, apportent une contribution à la mise au
moint de techniques multiples en vue de leur éradication.
- sur les trypanosomes : Ftude systématique, culture, mode de
transmission
- sur les trypanosomiases : épidémiologie, pathologie clinique et
expérimentale, diagnostic
- sur la chimioth6rnpie
et la chimioprophylaxie
et mettent en jeu des disciplines variées : biologie, pathologie,
épidémiologie, zoologie, entomologie, agronomie, biochimie, protozoo-
logie, skologie, pharmacologie.,.
Tout ceci nécessite un grand nombre de chercheurs et des
installations importantes.
A l'heure actuelle, en A.O.F., en ce qui concerne la trypa-
nosomiase humaine, le service des Grandes Endémies, qui en a la charge,
limite ses efforts au dépistage des sommeilleux et à la chimioprophy-
laxie (lomidinisation) et à la chimiothernpie,
cette affection étant
devenue pour lui sinon secondaire du moins d'une importance sociale
moindre que dans le passé.
Les trypanosomiases animales mériteraient qu'un Etablisse-
ment soit spPcialement voué à des recherches les concernant. Jusqu'à
maintenant le personnel et les crédits ont été trop ainsuffisants
pour qu'il sn soit ainsi. Au Nigeria, au contraire, a été créé le
"West African Institute for Trypanosomiasis Research" (1) qui groupe
à Vom et à Kariuna près de vingt chercheurs.
Il en est de même dans l'Est Africain britannique
----------------------__-_______________--------------------------------
(1) qui a la charge des 6tudes destrypanosomiaseshumaineset animales
*
. . ./ . . .
-.--.- _-.. -
L
c*
109
3
La précarité des noyens mis à la disposition des vétérinaires
en A.O.F. les obligent à se limiter à des recherches fragmentaires.
Au cours des dix dernières annees, leurs études ont porté
sur :
- Trgpanosoma-cazalboui (1) : flagellé pathogène géographiquement le
plus répandu. Ont été envisagese la morphologie, la receptivité et la
symptoma%ologie
chez les animaux naturellement sensibles et les
animaux de laboratoire
le traitement de la trypanosomiase par les dérivés de la phénanthri-
dine (2)
la trypano-prévention chimiothérapique des bovins d'exportation (3 et
$1.
- les trypanosomes pathogènes de 1'A.O.F.
: répartition géographique,
fréquence et taux d'infestation
des animaux domestique (5 et 6)
Les recherches en cours ou en projet portent sur :
- l'étude experimentaie
de Trgpanosoma evansi
- la congélation et In lyophilisation des trypanosomes
- la trypano-tolérance des bovins N'Dama
(1) ;'I$S"d(G.) et MORNET (P.).- jSrgpanosoma vivax-ca-alboui.-
Rev.
I .
. Vet. Pays Trop. 1948, 2, 225
(2) MORNET (P,) et MAHOU (R.),- Essai de traitement de la trypanoso-
miase exp4rimcntale
bovine et équine à T.vivax-cazalboui par le
bromure et le chlorure de dimidium (Corps 1553).- Bull. Soc. Path.
exo. 1949, 42, 355
(3) MORNET (P.), LALANNE (A.) et CISSOKO (iZ.).- Essai de trypano-
prévention chimiothérapique des troupeaux bovins d'exportation.-
Bull. Serv. Elev. AOF. 1951, 4, 7
(4) MORNET (P.), LALANNE (A.), HULIN (P.), CISSOKO (M.) et SIMPSON (S.).
Nouteaux essais de trypano-prévention chimiothérapique des trou-
peaux bovins d'exportation.- Bull. Serv. Elev. AOF, 1952, 2, 7
(5) MORNET (P.).- Les trypanosomes pethogèncs de 1Y.O.F. Considéra-
tions sur leur répartition, leur fréquence, le taux d'infestation
des animaux domestiques, Bull. Soc. Path. Exo. 1954, a, 709
(6) MORNET (P.) et MOEEL (P.).- Nouvelles observations sur la distribu-
tion des trypanosomes pathogènes chez les animaux domestiques en
AOF.- VIème Reunion du Comité Scientifique International de Recher-
ches sur les Trypanosomiases. Salisbury 1956. Publication de la
CCTA page 173
.
a.
--
LES TRYPANOSOMIASES ANIMALES
par P.MORNET
'Vétérinaire Inspecteur Général
Directeur du Laboratoire Central de lIElevage
"Georges Curassonf'
Dakar-Hann
.
---
_ .-_
-_ -.
-.._ _
plus gr&Xe que72 malidie du sommeil humaine, car cette dernlërë
--
n'est provoquée que par une seule espèce de trypanosome (Trypanosoma
pambiense dans l'Ouest africain) et des recherches r6centes ont
permis de mettre au point des produits chimiothérapiques et chimio-
prophylactiques efficaces fdiamidinen)-
1
.
109
Les Trypanosomiases animales
-=-=-=.m=-=*=-=-=-
Les trypanosomiases constituent pour le cheptel un lourd
handicap car elles frappent toutes les espèces animales, sont répan-
dues, à des degrés divers, dans toute l'A.O.F., causent une morbidité
et une mortalité importantes, entraînent une baisse de la production
de viande, de lait..., difficile à définir statistiquement mais cer-
tainement très élev4e,
et constituent enfin un des obstacles princi-
paux à l'évolution des populations. Bien des régions en effet sont
presque totalement privées de viande, car l'élevage du boeuf y est
pratiquement interdit par ces protozooses. Elles sont également
privees de lait, %o peuvent entretenir la fertilité du sol par la
fumure et n'ont pas la possibilité de soulager par le travail des
bêtes de labour ou de charroi la peine quotidienne du paysan.
Nains spectaculaires dans leur action pathologique que
certaines maladies infectieuses, elles sont assimilables par leurs
répercussions sur la santé animale au paludisme sur la santé humaine.
Bien des affections contagieuses auront disparu d'R,O.F., telles la
peste bovine et la pbripneumonie
bovine , que les trypanosomiases
continueront à s'opposer de façon insidieuse mais permanente à
l'amélioration du cheptel et à son extension dans des zones défavo-
rables, Leur influence la plus néfaste sur l'organisme animal se
manifeste chroniquement par une fragilisation qui le rend souaent
incapable de resister à des aggressions pathologiques mineures.
C'est en pensant à ces protozooses latentes, auxquelles il faudrait
ajouter les piroplasmoses et les coccidioses, que j'ai écrit "En
A.C.F.,
tout animai bien portant est un malade qu'on ignore".
Les trypanosomiases animales revêtent meme une importance
plus grande que la makdie du sommeil humaine, car cette dernière
n'est provoquée que par une seule espèce de trypanosome (Trgpanosoma
gambiense dans l’Ouest africain) et des recherches r6centes ont
permis de mettre au point des produits chimiothérapiques et chimio-
prophylactiques efficaces (diamidines).
Les premières, au contraire,sont
causees par plusieurs
espèces de trypanosomes : Trypanosoma congolense, T.vivax-cazalboui,
T.brucei, T.evansi... pour ne faire état que des groupes principaux
de flagellés pathogènes; le mode de transmission naturelle n'est pas
uniforme : les glossines, après une evolution cyclique plus ou moins
complète, sont les principaux vecteurs, mais les tabanidés, les
stomoxyidés peuvent intervenir également,mécaniquement.
Les espèces
animales atteintes sont très variées : dromadaires, chevaux, boeufs ?
L
..* /
..*
--- -
--
*r
L’
109
2
moutons, chèvres, porcs, chiens... et leur réceptivité diffère souvent
pour un même parasite (T.vivax, par exemple, confère une affection
assez souvent chronique chez les bovins, mais aiguë chez les chevaux).
Enfin les trypanosomes répondent de façon variable aux
divers medicaments d'où l'impossibilité d'instituer, comme en médecine
humaine, un seul dérive médicamenteux. La complexité des recherches sur
les trypanosomiases tient au fait que les études doivent porter :
- sur les insectes transmetteurs : tsé-tsés principalement. La
syst6matique,
la morphologie, l'élevage expkrimental, la répartition
géographique, l'écologie, apportent une contribution à la mise au
moint de techniques multiples en vue de leur éradication.
- sur les trypanosomes : Ftude systématique, culture, mode de
transmission
- sur les trypanosomiases : épidémiologie, pathologie clinique et
expérimentale, diagnostic
- sur la chimioth6rnpie
et la chimioprophylaxie
et mettent en jeu des disciplines variées : biologie, pathologie,
épidémiologie, zoologie, entomologie, agronomie, biochimie, protozoo-
logie, skologie, pharmacologie.,.
Tout ceci nécessite un grand nombre de chercheurs et des
installations importantes.
A l'heure actuelle, en A.O.F., en ce qui concerne la trypa-
nosomiase humaine, le service des Grandes Endémies, qui en a la charge,
limite ses efforts au dépistage des sommeilleux et à la chimioprophy-
laxie (lomidinisation) et à la chimiothernpie,
cette affection étant
devenue pour lui sinon secondaire du moins d'une importance sociale
moindre que dans le passé.
Les trypanosomiases animales mériteraient qu'un Etablisse-
ment soit spPcialement voué à des recherches les concernant. Jusqu'à
maintenant le personnel et les crédits ont été trop ainsuffisants
pour qu'il sn soit ainsi. Au Nigeria, au contraire, a été créé le
"West African Institute for Trypanosomiasis Research" (1) qui groupe
à Vom et à Kariuna près de vingt chercheurs.
Il en est de même dans l'Est Africain britannique
----------------------__-_______________--------------------------------
(1) qui a la charge des 6tudes destrypanosomiaseshumaineset animales
*
. . ./ . . .
-.--.- _-.. -
L
c*
109
3
La précarité des noyens mis à la disposition des vétérinaires
en A.O.F. les obligent à se limiter à des recherches fragmentaires.
Au cours des dix dernières annees, leurs études ont porté
sur :
- Trgpanosoma-cazalboui (1) : flagellé pathogène géographiquement le
plus répandu. Ont été envisagese la morphologie, la receptivité et la
symptoma%ologie
chez les animaux naturellement sensibles et les
animaux de laboratoire
le traitement de la trypanosomiase par les dérivés de la phénanthri-
dine (2)
la trypano-prévention chimiothérapique des bovins d'exportation (3 et
$1.
- les trypanosomes pathogènes de 1'A.O.F.
: répartition géographique,
fréquence et taux d'infestation
des animaux domestique (5 et 6)
Les recherches en cours ou en projet portent sur :
- l'étude experimentaie
de Trgpanosoma evansi
- la congélation et In lyophilisation des trypanosomes
- la trypano-tolérance des bovins N'Dama
(1) ;'I$S"d(G.) et MORNET (P.).- jSrgpanosoma vivax-ca-alboui.-
Rev.
I .
. Vet. Pays Trop. 1948, 2, 225
(2) MORNET (P,) et MAHOU (R.),- Essai de traitement de la trypanoso-
miase exp4rimcntale
bovine et équine à T.vivax-cazalboui par le
bromure et le chlorure de dimidium (Corps 1553).- Bull. Soc. Path.
exo. 1949, 42, 355
(3) MORNET (P.), LALANNE (A.) et CISSOKO (iZ.).- Essai de trypano-
prévention chimiothérapique des troupeaux bovins d'exportation.-
Bull. Serv. Elev. AOF. 1951, 4, 7
(4) MORNET (P.), LALANNE (A.), HULIN (P.), CISSOKO (M.) et SIMPSON (S.).
Nouteaux essais de trypano-prévention chimiothérapique des trou-
peaux bovins d'exportation.- Bull. Serv. Elev. AOF, 1952, 2, 7
(5) MORNET (P.).- Les trypanosomes pethogèncs de 1Y.O.F. Considéra-
tions sur leur répartition, leur fréquence, le taux d'infestation
des animaux domestiques, Bull. Soc. Path. Exo. 1954, a, 709
(6) MORNET (P.) et MOEEL (P.).- Nouvelles observations sur la distribu-
tion des trypanosomes pathogènes chez les animaux domestiques en
AOF.- VIème Reunion du Comité Scientifique International de Recher-
ches sur les Trypanosomiases. Salisbury 1956. Publication de la
CCTA page 173
.
a.
--