INSTITUT D’ELEVAGE ET DE MEDECINE VETERINAIRE DES...
INSTITUT D’ELEVAGE ET DE MEDECINE
VETERINAIRE DES PAYS TROPICAUX
REVUE D’ÉLEVAGE
ET DE
MÉDECINE VÉTÉRINAIRE
DES PAYS TROPICAUX
Résultats d’une étude sur la valeur
comparée du lauryl sulfate de sodium
et du bromure de cetylpyridinium pour
l’isolement de Mycobactéries à partir
de prélèvements animaux et humains
par J. CHAMBRON et H. SARRAT
Tome XXIV (nouvelle série)
No 2 - 1971
7
VIGOT FRERES, EDITEURS
2 3 , r u e d e I’Ecole-de-Médecine,
Paris-VI”

eau distillée - q.s.p.
1.000 ml quelques tâtonnements, nous avons adopté la
(d-rssoudre le lauryl dans l’eau chaude et ajouter
méthode quantitative suivante :
ensuite l’hydroxyde de sodium. Conserver la
L
- Pour chacun des prélèvements de cra-
solution à l’étuve à 37O).
chats, richement contaminés, on pratique des
Pour éviter les souillures de parois, le mé-
dilutions décimales jusqu’à lO-“. Seules les
I
lange est transvasé dans un second tube à cen-
dilutions 10-l, 10-“, lO-” sont ensemencées
0
trifuger conique stérile, d’au moins 60 ml et
sur milieu de base de Coletsos, à raison de
bouchant hermétiquement; il est agité 30 minu-
4 tubes par dilution, et de 0,2 ml exactement
tes avec un agitateur mécanique (appareil uti-
mesurés à la pipette graduée dans chacun des
*
lisé : agitateur oscillant Prolabo).
tubes.
b) Lavage - neutralisation
- Pour les prélèvements d’origine animale,
La quantité nécessaire de la solution suivante
on effectue des dilutions décimales jusqu’à
(stérilisée à l’autoclave) :
lO-“. Le surnageant non dilué et chacune des
-
dilutions sont ensemencés, chacun sur cinq
acide phosphorique
1,5 ml
-
milieux de Lowenstein-Jensen (0,2 ml par
pourpre de bromocrésol
tube).
à 1/250
2 ml
- eau distillée - q.s.p.
1.000 ml
Les tubes sont gardés au moins 15 jours
est versée progressivement sur le produit homo-
en position horizontale (bouchon légèrement
généisé alcalin, de couleur bleue, jusqu’au dévissé pendant 24 heures) puis redressés. Les
virage au jaune paille (retour à une légère aci-
cultures sont conservées deux mois à l’étuve
dité, avec formation d’un précipité discret faci-
à 37”.
litant la centrifugation des germes).
La richesse des cultures est évaluée arbitrai-
c) Centrifugation 30 minutes à 3.000 t/mn
rement de la façon suivante :
Le surnageant est rejeté et le culot parfaite-
- 0 à 200 colonies : comptage exact des colo-
ment égoutté.
nies;
Toutes ces opérations sont faites aseptique- - 200 à 400 colonies : comptage approxima-
ment.
tif des colonies;
- incomptable (culture en nappe) : 3 500
2.4. Traitement par le bromure
(500 colonies ou plus).
de cétylpyridinium (“)
11 est pratiqué selon la méthode de BEREN-
Pour chaque dilution, le résultat est exprimé
GSI, HIDEG et VECSEY (1) :
en nombre moyen de colonies par tube, calculé
sur l’ensemble des tubes de cette dilution. En
a) Homogénéisation - décontamination
cas de cultures en nappes, ce nombre moyen
A 1 volume de crachat ou de liquide sur-
est précédé du signe > (nombre de colonies
nageant, on a.joute 5 volumes de B.C.P. en
égal ou supérieur à . . .).
solution aqueuse à 1 p. 100. Le mélange, trans-
vasé en tube à centrifuger à fermeture hermé-
tique, est agité 15 minutes, puis porté dans
III. RESULTATS
une étuve à 37” pendant 24 heures.
b) Centrifugation : au bout de ce temps, on
(Abréviations utilisées : L.S.S. = lauryl
procède de la même facon que pour le L.S.S.
sulfate de sodium alcalin - B.C.P. = bro-
mure de cétylpyridinium).
2.5. Ensemencement - cultures - expression
des résultats
Selon l’obtention de cultures à des dilutions
semblables ou différentes d’une part, et selon
On ajoute la quantité d’eau distillée juste
la richesse de ces cultures aux mêmes dilutions
suffisante pour ensemencer la totalité du culot d’autre part, les résultats peuvent être classés
sur le nombre de tubes choisis et pour prati-
en trois catégories :
quer les dilutions nécessaires. A la suite de - un des deux produits permet d’obtenir des
cultures à des dilutions plus élevées, et se
(2) Bromure de cétylpyridinium no 2386/B - B.B.L.
montre ainsi très nettement supérieur à
- 33, rue Voltaire, Puteaux - Seine.
l’autre;
L
- 175 -

- un des deux produits permet d’obtenir des
nombre réel de colonies dépassant largement
cultures plus riches, aux mêmes dilutions,
le nombre de 500 retenu arbitrairement.
et se montre plus favorable que l’autre;
- les deux produits donnent des résultats sen-
1. Prélèvements d’origine animale
siblements identiques.
Au total, 26 prélèvements : 3 donnent des
résultats inutilisables (1 est souillé et 2 autres
Les chiffres indiqués dans les tableaux sui-
dont 1 prélèvement pathologique ne montrent
vants représentent le total des nombres moyens
aucune culture), 23 donnent des résultats
de colonies et le nombre de prélèvements à
exploitables (4 prélèvements pathologiques et
colonies en nappe incomptable. Ce dernier chif-
19 contaminés artificiellement).
fre complète le premier, surtout pour les dilu-
1.1. L.S.S. très nettement supérieur au B.C.P. :
tions les plus faibles à culture en nappe où
13 prélèvements sur 23 (dont 3 prélève-
l’erreur par défaut est souvent importante, le
ments pathologiques sur 4).
TABLEAU No 1
Pur
10-l
10 -2
10 -3
L.S.S.
Total des colonies
>I 2912
? 1249,2
> 583,2
> 506,6
incomptable
5
1
1
1
B.C.P.
Total des colonies
k 1077,2
>/ 158,8
a 17,8
0
incomptable
1
0
0
0
4 prélèvements (dont 2 pathologiques) sont
1.2. L.S.S. plus favorable que le B.C.P. : 7 pré-
négatifs avec le B.C.P. et positifs avec le L.S.S.
lèvements sur 23 (dont 1 prélèvement pa-
thologique).
TABLEAU No II
Pur
10 -l
10 -2
10 -3
L.S.S.
Total des colonies 32552
> 2509,6
& 2162
>/ 1400
incomptable 5
5
4
2
B.C.P.
Total des colonies
>I 2554
> 2180,2
a 742,2
80
incomptable 5
4
1
0
1.3. Résultats identiques avec le L.S.S. et le
B.C.P. : 2 prélèvements sur 23.
TABLEAU N" III
Pur
10 -l
10 -2
10 -3
L.S.S.
Total des colonies
3
0
B.C.P.
Total des colonies
28,6
4
0
- 176 -

Rev. Elev. Méd. vét. Pays trop., 1971, 24 (2) : 173-81
.
Résultats d’une étude sur la valeur comparée
,
du lauryl sulfate de sodium et du bromure
de cetylpyridinium pour l’isolement de Mycobactéries
à partir de prélèvements animaux et humains
par J. CHAMBRON (*) et H. SARRAT (**)
RESUME
Les auteurs donnent les résultats d’une enquête comparative du
lauryl sulfate de sodium alcalin et du bromure de cétylpyridinium comme
agents d’homogénéisation et de décontamination pour l’isolement de myco-
bactéries sur les milieux à l’œuf.
Ces deux produits sont expérimentés sur 2.5 prélèvements d’origine
humaine (crachats) et sur 26 prélèvements d’origine animale (ganglions à
tubercules caséeux ou infectés artificiellement).
La technique utilisant le lauryl sulfate alcalin se montre la plus
favorable, pour les deux types de prélèvements. Ses avantages compensent
largement les légers inconvénients qu’entraîne la nécessité d’une neutra-
lisation.
Grâce à sa faible toxicité, le cétylpyridinium conserve tout son intérêt
en Afrique comme agent de transport des prélèvements récoltés loin du
laboratoire.
1. INTRODUCTION
ments pathologiques, faisant appel à une homo-
généisation acide ou alcaline, suivie d’une neu-
L’efficacité d’une méthode d’isolement des
tralisation puis d’une centrifugation.
mycobactéries sur milieux à l’œuf classiques
En France, l’hydroxyde de soude et l’acide
dépend essentiellement des qualités de l’agent
de décontamination utilisé. De nombreux pro-
sulfurique gardent pendant longtemps la faveur
des bactériologistes. Mais l’apparition de corps
duits sont tout d’abord essayés dans différents
chimiques nouveaux révélant des propriétés
pays selon des modalités très variées : hydroxy-
très intéressantes relance l’intérêt des cher-
de de soude (Petroff), carbonate d’ammonium
(Goldie), acide chlorhydrique (Mac Nab), phos-
cheurs. CERNEZ-RIEUX, BETHOUART et
phate tri-sodique (Corper et Stoner), acide
TACQUET étudient l’action des ammoniums
oxalique (Corper et U. yei), acide sulfurique
quaternaires (3). TACQUET, TISON, avec
(Saenz et Costil), etc. Aucun d’eux ne donne
divers collaborateurs, expérimentent certains
entièrement satisfaction car tous se montrent
détergents tensio-actifs, le Teepol 410 basique
encore trop toxiques vis-à-vis du bacille de
(11, 6) puis, lorsque sa fabrication est arrêtée,
Koch. Seule se dégage progressivement une
le lauryl sulfate de sodium (7). Des études
méthode efficace de traitement des prélève-
comparatives de ce dernier avec les déconta-
minants classiques ou des produits étrangers
(Sipon, Rodalon, Nekal BS, . . .) et la mise au
(*) Laboratoire national de YElevage et de Recher-
point d’une technique efficace font ainsi l’objet
ches vétérinaires de Dakar-Hann.
(**) Institut Pasteur de Dakar.
de diverses publications (8, 9, 13). En 1968,
*
- 173 -

LANCERQVA et TACQUET (4) le testent
1.2. Prélèvements d’origine humaine
vis-à-vis de 8 autres produits. Tous ces travaux
Ils sont constitués par 25 crachats humains
démontrent la supériorité du lauryl sulfate de
fortement positifs à l’examen optique (présence
sodium alcalin pour l’isolement des mycobac-
de très nombreux bacilles acido-alcoolo-résis-
téries sur milieu à l’œuf à partir des crachats.
tants).
Son usage est étendu à la recherche de ces
mêmes germes dans le lait, les produits laitiers
(10) et dans les viandes (12).
2. Méthodes
Mais il est un autre produit, expérimenté en
2.1. Préparation des prélèvements
Allemagne fédérale en 3960, le bromure de
d’origine animale
cétylpyridinium (1) qui, très utilisé à l’étranger,
Chaque fois que cela est possible, les cul-
est largement employé depuis de nombreuses
tures comparatives sont effectuées à partir de
années en Afrique francophone par les princi-
ganglions provenant d’animaux naturellement
paux laboratoires étudiant les mycobactéries.
infectés (5 prélèvements de porcs). Les cas
Cet ammonium quaternaire possède des pro- de tuberculose étant rares à l’abattoir de Dakar,
priétés très intéressantes pour les pays chauds,
les autres analyses portent sur des broyats gan-
en particulier celle d’être un bon milieu de
glionnaires contaminés artificiellement au La-
transport pour les prélèvements destinés au
boratoire. La technique est la suivante : broyage
laboratoire. Il se montre, en effet, très peu
du ganglion au mortier en présence d’eau dis-
nocif vis-à-vis du bacille tuberculeux, même
tillée et de sable stérile - récolte du liquide
au cours d’un contrat prolongé à la température surnageant - les ganglions sans lésions appa-
ambiante, généralement élevée en Afrique.
rentes sont contaminés artificiellement par
adjonction de deux oses de raclage d’une cul-
En dépit de ses qualités dignes d’attention,
ture jeune (10 à 20 jours d’étuve) de Mycobac-
aucune étude qualitative comparée entre le
terium tuberculosis suivie d’une homogénéisa-
lauryl sulfate et le bromure de cétylpyridinium
tion soignée dans un microbroyeur M.S.E.
n’a jusqu’ici été, à notre connaissance, publiée.
Deux parties égales de 2 ml chacune, exacte-
C’est pour combler cette lacune que nous
ment mesurées à la pipette de précision, sont
nous sommes attachés à comparer ces deux
prélevées sur le volume total de liquide sur-
produits, en opérant, dans des conditions rigou-
nageant. L’une sera traitée par le lauryl sulfate
reusement identiques, sur les mêmes prélève-
alcalin, l’autre par le bromure de cétylpyridi-
ments animaux (broyat d’organes) et humains
nium.
(crachats).
2.2. Préparation des prélèvements
d’origine humaine
On prélève de la même façon deux parties
II. MATERIEL - METHODES
égales de 2 ml chacune, qui sont traitées comme
ci-dessus.
1. Matériel
L’expérimentation porte sur 51 prélèvements,
2.3. Traitement par le lauryl sulfate
soit 26 d’origine animale et 25 d’origine
de sodium sodique (L.S.S.)
humaine.
11 est pratiqué selon la méthode préconisée
par TACQUET et TISON (7, 9) :
1 .l. Prélèvements d’origine animale
a) Homogénéisation - décontamination
Ils sont tous récoltés à l’abattoir de Dakar
sur des animaux apparemment sains et com-
Deux ml de liquide surnageant ou de cra-
prennent cinq ganglions préscapulaires et tra-
chat sont additionnés de 3 ml (exactement
chéo-bronchiques de bovins et 21 ganglions
mesurés à la pipette) de la solution suivante :
mésentériques de porcs. Cinq prélèvements
- lauryl sulfate de sodium pur (‘)
d’origine porcine présentent des tubercules
pour analyse
30 g
caséeux multiples et sont positifs à l’examen - hydroxyde de sodium pur en
optique après coloration (présence de bacilles
pastilles
10 g
acide-alcoolo-résistants).
Les autres ganglions
ne présentent aucune lésion anatomo-patholo-
gique visible.
(1) SERLABO - 26, rue Saint-Gilles, 75 - Paris 3e.
- 174 -

.4. B.C.P. plus favorable que le L.S.S. : 1 pré-
lèvement sur 23
TABLEAU N’IV
î
c
PW
1 0 -l
10 -2
10 -3
L.S.S.
Total d e s c o l o n i e s
>/ 500
% 500
3 174
>I 29
B.C.P.
Total des c o l o n i e s
b 500
3 500
3 500
178
2. Prélèvements d’origine humaine
ne montrent aucune culture), 21 sont exploi-
Au total, 25 prélèvements : 4 donnent des
tables.
résultats inutilisables (2 sont souillés, 2 autres
2.1. L.S.S. très nettement supérieur au B.C.P. :
12 prélèvements sur 21.
TABLEAU No V
10 -l
10 -3
1 0 -5
T o t a l d e s c o l o n i e s
5 3547,25
5 1634
na,50
i n c o m p t a b l e
0
B.C.P.
1
T o t a l d e s c o l o n i e s
3 652
12,25
0
incomptable
0
4 prélèvements sont négatifs avec le B.C.P.
avec le B.C.P., et culture jusqu’à lO-5 avec le
et positifs avec le L.S.S. (pour un cinquième L.S.S.).
prélèvement, une seule colonie moyenne à 10-l
2.2. L.S.S. plus favorable que le B.C.P. : 6 pré-
lèvements sur 21.
TABLEAU N”VI
T
10-5
L.S.S.
T o t a l d e s c o l o n i e s
4 0
incomptable
B.C.P.
J
T o t a l d e s c o l o n i e s
7,75
i n c o m p t a b l e

-
2.3. Résultats identiques avec le L.S.S. et le
2.4. B.C.P. très nettement supérieur au L.S.S. :
B.C.P. : 2 prélèvements sur 21.
1 prélèvement sur 21.
T A B L E A U N%I1
TABLEAU NOV11
I
1 0 -1
lo-3
10-5
10-l
10-3
10-5
L.S.S.
L.S.S.
Total des c o l o n i e s
3 5
0
0
Total des c o l o n i e s
4 1
2
0
B.C.P.
B.C.P.
Total des c o l o n i e s
1 4
0
0
Total des c o l o n i e s
3 500
2 1
1
I
l
l
I
(incompt.)
1
3. Résultats généraux (addition des divers
3.1. Prélèvements d’origine animale
résultats)
TABLEAU NOIX
Pllr
1 0 -l
1 0 -*
1 0 -3
L.S.S.
Total des colonies
>, 6210,6
>, 4289,8
5 3248,2
5 2084,6
incomptable
1 1
7
5
3
B.C.P.
Total des colonies
>, 4352,2
? 2867,6
>, 9 3 8
1 0 9
incomptable
7
5
2
0
3.2. Prélèvements d’origine humaine
TABLEAU No X
I
1
I
10 -’
10 -3
1 0 - 5
L.S.S.
Total des colonies
>, 6623,25
>/ 1 7 7 4
158,5
incomptable
1 3
3
0
B.C.P.
Total des colonies
>, 1859
5 4
8,75
incomptable
3
0
0
De l’examen de ces divers résultats, on peut dans sept prélèvements vis-à-vis desquels le
conclure que le lauryl sulfate de sodium alcalin,
B.C.P. se montre défaillant (absence de cul-
utilisé selon la techniqu’e décrite, donne de meil-
ture). Dune façon générale le lauryl sulfate
leurs résultats que le bromure de cétylpyridi-
donne des cultures plus abondantes, et positives
nium pour isoler des mycobactéries par culture
à des dilutions souvent plus élevées que celles
sur des milieux à l’œuf, à partir de produits
obtenues avec le cétylpyridinium. Il facilite
pathologiques d’origine animale ou humaine.
notamment la mise en culture des prélèvements
Ainsi, il permet la culture de M. tuberculosis
pauci-microbiens.
- 178 -

IV. DISCUSSION
à divers autres produits (auxquels il convient
d’ajouter maintenant le cétylpyridinium) ont
Interprétation des résultats chiffrés
déjà été précisés par TISON, TACQUET et
.B
leurs collaborateurs dans leurs publications.
La méthode quantitative utilisée dans cette
Nous ne ferons que les rappeler brièvement :
.
étude, comme toutes les méthodes de titrage - meilleure homogénéisation, d’où examen
.-
actuelles, est basée sur la numération des colo-
.
nies apparaissant sur les milieux à l’œuf après
microscopique amélioré;
ensemencement de dilutions décimales jusqu’à - culture plus riche en colonies;
lO-3 ou 10-“. Or, contrairement à ce qui se
passe avec la plupart des autres germes micro- - décontamination meilleure;
biens, on sait combien cette numération est
- respect de la qualité du milieu à l’œuf
difficile et infidèle avec les mycobactéries, ger-
(absence de protéolyse).
mes à dispersion malaisée. Les difficultés aug-
mentent avec le nombre de colonies. C’est ce
Un des inconvénients de la méthode au lauryl
qui nous a incité, à l’exemple d’autres auteurs
sulfate alcalin est qu’elle exige une neutralisa-
traitant du même sujet, à utiliser un système
de notation arbitraire pour exprimer les résul-
tion. Celle-ci améliore considérablement les
tats des cultures.
résultats (B), mais représente une manipulation
supplémentaire qui entraîne une perte de temps
D’autre part, l’usage montre que les divers
(surtout pour les cultures d’échantillons en
chiffres obtenus pour une même série de dilu-
série) et augmente les possibilités de contami-
tions décimales sont souvent loin d’être pro-
portionnels et conformes à ce qu’ils devraient nation secondaire. Ces inconvénients nous sem-
être en fonction de ces dilutions. Ils sont sou-
blent cependant mineurs : la neutralisation,
vent bien plus élevés qu’on ne l’attendait. Cela
basée sur le virage d’un indicateur coloré incor-
tient à la présence de gros amas de germes
poré à la solution acide, est effectuée très rapi-
au sein du produit pathologique. Leur fragmen- dement. Le respect des conditions d’aseptie
tation, très incomplète avec les méthodes de habituelles montre que les contaminations sont
broyage usuelles, est facilitée par les manipu- très rares. Nous pensons que l’augmentation
lations successives à l’occasion des dilutions
sensible des résultats positifs compense large-
et des ensemencements. Plusieurs auteurs font ment les désavantages constatés.
allusion à ce problème (2).
Nos prélèvements, principalement ceux d’ori-
Le bromure de cétylpyridinium se révèle un
gine humaine, n’échappent pas à ce phéno-
moins bon agent d’homogénéisation de décon-
mène. Les prélèvements contaminés artificiel-
tamination que le lauryl sulfate.
lement, du fait même de leur homogénéisation
soignée dans un micro-broyeur, y semblent
Le grand avantage de la technique utilisant
moins sensibles.
ce produit est sa plus grande simplicité, due
à l’absence de neutralisation. Un autre avan-
Compte tenu de ces remarques, les chiffres
tage, plus réel à nos yeux, est que le cétylpyri-
indiqués dans les tableaux de résultats sont dinium se montre remarquablement peu nocif
très imprécis et ne peuvent donner lieu à aucun
vis-à-vis du bacille de Koch. Diverses études
calcul statistique comparatif. Mais les diffé-
rences constatées, bien qu’impossibles à évaluer sont en cours, conduites en particulier par l’un
avec rigueur, sont suffisantes pour reconnaître de nous à Dakar (5); elles montrent qu’on peut
sans ambiguïté qu’un des deux produits donne
laisser agir ce produit sur des crachats à la
des résultats nettement plus favorables que température ambiante pendant plusieurs jours
l’autre.
sans diminuer sensiblement le taux de positi-
vité des cultures. On peut donc envisager son
Valeur comparative des deux produits
utilisation comme milieu de transport en Afri-
Avantages et inconvénients de chacune
que et dans les pays chauds, dans les conditions
du travail en brousse. Pour le travail de routine
rc
des deux méthodes utilisées
au laboratoire, cet avantage se révèle évidem-
Les avantages du lauryl sulfate par rapport
ment sans intérêt.
c
- 179 -

V. CONCLUSION
technique plus simple utilisant le bromure de
cétylpyridinium. Ces désavantages sont large-
Pour les isolements de mycobactéries par
ment compensés par une plus grande activité
culture sur milieux à pœuf, le lauryl sulfate
du premier produit, qui permet des cultures
donne de meilleurs résultats que le cétylpyridi-
plus souvent positives, et plus riches.
nium, quelle que soit l’origine humaine ou ani-
male des prélèvements. Difficile à chiffrer, la
Compte tenu de certaines de ses qualités,
comparaison est cependant nettement en faveur
que nous avons rappelées, le bromure de cétyl-
du premier produit.
pyridinium offre malgré tout certains avantages
La méthode préconisée par TACQUET,
qui le feront préférer parfois, notamment en
TISON et leurs collaborateurs et utilisant le
Afrique, lorsque l’acheminement des prélève-
lauryl sulfate de sodium en solution alcaline
ments au laboratoire doit s’effectuer dans des
offre de légers inconvénients par rapport à la
conditions difficiles.
SUMMARY
Results of a comparative study with alkaliue sodium lauryl-sulfate
and cetylpyridinium bromure for isolation of mycobacteria from
animal and human products
The autors give the results of a comparative study of these two
chemical products for the homogeneization and decontamination of 25
spitles and 26 animals samples.
The alkaline sodium lauryl-sulfate technique, that needs a neutra-
lization seems to be the most efficient for the isolation of mycobacteria
by culture on egg media from both contamined human and animal
products.
Advantages and disadvantages of each technique are reminded.
The cetylpyridinium bromure proved less efficient, but remains a
good transport agent in Africa where laboratories are rare.
RESUMEN
Resultados de un estudio sobre el valor comparado del lauryl sulfato
de sodio y del Bromuro de Cetylpyridinium para el aislamiento
de micobacterias a partir de muestras animales y humanas
Los autores dan 10s resultados de una encuesta comparativa del
lauryl sulfato de sodio alcalino y del bromuro de cetylpyridinium como
agentes de homogeneizacion y de descontaminacion para el aislamiento
de micobacterias sobre 10s medios con huevo.
Se experimentaron dichos dos productos sobre 25 muestras de origen
humana (esputos) y sobre 26 muestras de origen animal (ganglios con
tubercules caseosos o infectados artificialmente).
La técnica utilizando el lauryl sulfato alcalino es la mas favorable
para 10s dos tipos de muestras. Sus ventajas ampliamente compensan 10s
pequefios inconvenientes que acarrea la necesidad de una neutralizacion.
A causa de su toxicidad poco importante, el cetylpyridinium conserva
todo su interés en Africa como agente de transporte de las muestras
recogidas lejos del laboratorio.
BIBLIOGRAPHIE
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- 180 -

5. SARRAT (H.), « Emploi du bromure de cétylpy-
« L’utilisation des détergents pour l’isolement des
ridinium comme milieu de transport des produits
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