Bulletin de 1’I.F.A.N. T. 42, sér. A I 11”...
Bulletin de 1’I.F.A.N.
T. 42, sér. A I 11” 4 I 1980.
Trématodoses
dans le delta du Sénégal
et le lac de Guiers
1. fitude de la répartition
des Mollusques d’eau douce
p a r OTJ.MAR T . DIA%’ (‘)
(avec la collaboration technique de A. DIOUF et Y. SAIEK)
A la suite d’enquêtes effectuées dans différentes régions du
Sénégal sur lc parasitisme des animaux domestiques, il est apparu
que les affections provoquées par les Trématodcs sévissent prin-
cipalement dans la région du Fleuve et en haute Casamance
ou elles frappent 50 o/. des bovins. De même la bilharziose uri-
naire a un taux élevé dans ces mêmes régions [SI.
Les Trématodes ont un cycle biologique complexe qui néccs-
site à un certain moment le passage obligatoire par un Mollusque.
Ainsi, dans un programme général de lutte contre les trémato-
doses, il s’avère nécessaire d’étudier l’épidémiologic et d’eutrc-
prendre des recherches au niveau de l’hôte intermédiaire : le
Mollusque.
Les références concernant l’étude de cette faune inalacolo-
gique hôte intermédiaire sont nombreuses ; on peut citer, entre
autres, les travaux de MAN»AHL BARTH [12, 131, de GER&IAIN 161
cat de SELLIN et rrl. jlS] WI Afrique de l’Ouest ; ceux de BIRCI &
GRAHER \\2] et de I,ÉI-I?QTJE
[Il.] au Tchad; de TAGEII-KAGAN [20]
et de GHÉTILLAT 173, au Niger ; d c M c CIJLL~IJGH C!L! J)ur<e 13, 41
et d e SWTHERS [-19] e n G a m b i e .
_- -
- .~-.--
(1) Laboratoire national de l’f3evnge et. de Recherches vétlrin;lires
(ISRA), Srryice
(le Parasitologie, B.P. 2057, Dakar-IIann.
0. T. DIAW
Au Sénégal, certaines études Cl)idérniologi<lrles
concernant les
Mollusques hôtes intermédiaires de Trématodes ont ét6 réalisées :
ce sont. les travaux de WATSON 1211, de WILBUH, DOVVNS, ~IER-
HER Kr SACKS 1221, de GRÉTILLAT [7, 81, de PA~L~S & PACI,US [13j
et do MONTEILLET & Rosso [l/t]. Les dernières études entreprisrs
par J. M. LEMASSON B 0. T. I)IAVV [IO] et le Rapport Spécial
Uilharziose pour l’O.M.V.S. [Il ont identifié les différents Hldins
hôtes intermédiaires potentiels de bilharziose.
Dans la région du Fleuve, les projets d’aménagemput ct. de
mise en valeur (barrages, irrigations, dessalements...), erltraînent
des modifications écologiques avec création de néohiotopcs fnvn-
rables à la Iaune aquatique, notamment aux Mollusques.
Une étude complète de cette faune malacologiyue (systbrna-
tique de tous les Mollusques, répartition géogral)hique et rôle
dans la transmission des Trématodoscs humaines et animales)
est nécessaire.
Les résultats de notre étude sur la l’aune malacologique de cet
enseml>le (delta du Sénégal et iac de Guiors), OW les nlodifications
écologiques sont fréquentes, ne sont que préliminaires, mais tout
au moins nous offrent-ils un échantillonnage assez représrnlatif
des différents Mollusques dans ces diverses zones.
Plusirurs prospections en 1977 et 1978, aux difTércntcs périodes
de l’année, ont permis de réaliser des Etudes dans le delta du
Sénégal et le lac de Guiers. Le choix des principaux points dr
prospection et de récolte a été dicté par l’exiskucr d’agglomé-
rations villageoises ct de populations animales au voisinage des
sites hydrohiologiques.
I,es prospections ont eu lieu le long des cours d’eau, marigots,
cuvettes, mares et canaux d’irrigation air sont choisis les points
de récolte en fonction de la îrbyuentation humaine ct de l’accessi-
hilité pour la prospection.
La recherche et la récolte systématique de tous les mollusques
sur les différents supports dans chaque site visité sont faites par
3 ou 4 personnes pendant un temps variahle, en fonct,ion de l’abon-
dance de la faune malacologique.
Quelques données écologiques dc chaque station sont relevées
en même temps (température, pH, supports, végétation...). Les
SlflOl-INIVS
ncc
712
0. 'l-. DIAW
mollusques sont ramenés au laboratoire pour identification et
Etude dc leur inîestation.
1 .a d é t e r m i n a t i o n e s t f’aite s e l o n l e s critércs Inwposés p a r
MANDAIIL UanTn 1131 et la confirmation par le Pr. CHEVALIER
PJ uséum
n a t i o n a l d’Histoire n a t u r e l l e d e P a r i s ) e t l e
Pr. FI. MALEK (‘) (Department of tropical Medecine?
Tulane
School o f Prlblic H e a l t h a n d t r o p i c a l Medecine, IVew Orleans).
.
Situ& dans la zone sahélionnr caractérisée par une longue
saison sèche de novembre à juin ct une pluviométrie défavo-
rablc, la Région du Fleuve est composée par les provinces du
Fouta (vallée inondable de Uakel à Dagana), par le delta (en
aval de Dagana), et par le lac de Guiers.
J,c réseau hydrographique de cette zone est constitué par Ic
fleuve Sénégal, les rnarigots défluents et le lac de Guiers.
1 AJ régime du fleuve, de type tropical pur, est caractérisé par
une p4riode de hautes eaux, de juillet-août à octol,re-novembre,
et une dc basses eaux, réguli&rement décroissante de novetnbre-
décetnI)re à juin-juillet. Dans lc bas delta, le régime d’estuaire
est caractérisé par la marée flu\\-iale et la remontée d’eau marine
dans le fleuve ou (( langue salée 1) (~~OC~ETTF., 19%) [17].
Pendant la saison sèche, la chute du débit du fleuve entraîne
la remontée de la (( langue salée 1) et, pour arrêter cette action,
des barrages ont été réalisés sur les bras du fleuve (Lampsar,
Gorom, Kassak, Djeuss). Isolés du fleuve, ces bras constituent
pendant la crue des réserves d’eau douce qui alimentent l’axe
d’irrigation Gorom-Lampsar et Djeuss.
Le domaine géographique de notre étude a été divisé en cinq
zones écologiques groupées autour de différents points d’eau :
vallée du Djeuss ; vallée du Lampsar ; vallée du Kassak et du
Corom : vallée du fleuve au sens strict et, enfin lac de Guiers.
Au niveau dc chaque zone, il a été choisi des stations qui sont
des points permanents de prospection et de récolte (fig. 1).
-----
T H É M A T O D O S E S D A N S L A R É G I O N D U F L E U V E S É N É G A L : i.
713
Zone 1 ou vallée du Djeuss.
Le Djeuss se remplit par le barrage de Dakar-Bang0 lors des
crues à la saison des pluies. La végétation est rare, peu abon-
dante. Sur l’axe du Djeuss elle se compose de graminées, de
roseaux et de nénuphars. Le fond de la vallée est sablo-argileux.
Par le pompage, le marigot alimente la ville de Saint-Louis en
eau. Les stations choisies sont :
1) l’aqueduc de Saint-Louis (Dakar-Bango), canal de distribu-
tion d’eau, en ciment, à ciel ouvert, long de 5,8 km ;
2) le marigot du Djeuss, fortement fréquenté en certains endroits
(Meneraye, Tabe Thérèze, Bouben) par la population humaine
et les animaux. Le pH varie de 6 à 8, et la température entre
19 et 26%.
Zone II ou vallée du Lampsar.
Le marigot du Lampsar se remplit à la saison des pluies par
le barrage de Dakar-Bango. Pendant les hautes eaux, la végé-
tation est abondante et se compose de Pistia, de roseaux, de
nénuphars et de quelques CeratophyZZum sp. Le pH varie de 6
à 8. Ce marigot est d’utilité domestique, il sert à l’irrigation,
à la pêche et à l’abreuvage du bétail.
Les stations sont choisies au niveau des villages de grande
importance (Makhana, Savoigne, Lampsar, Ross-Béthio et Tel-
lel) et d’une forte fréquentation. Les sites de prélèvement se
limitent à une bande de 20 à 30 m, accessible à la population
et. au bétail. Stations 3, 4, 5, 6, 7 sur la carte.
Zone III ou vallées du Kassak et du Gorom.
Elle est à cheval sur les axes du Kassak et du Gorom oti sont
installées des stations de pompage pour l’irrigation des terres
du moyen delt,a. Sur le cours principal de ces marigots et sur les
canaux d’irrigation, la végétation est rare ou inexistante pen-
dant la saison sèche (graminées, roseaux et Ceratophyllum). Le
pH varie de 6 à 7,5 et la température de 20 à 30%. Il existe
des points d’eau qui servent à l’irrigation, à la pêche et h l’usage
domestique. Les stations de prélèvement sont à Kassak et à
Boundoum : stations 8, 9, 10, 11.
714
0. T. DIAW
Zone IV ou vallée du fleuve Sénégal.
Zone comprise entre Richard-‘roll et Dagana tout le long du
fleuve. C’est la zone atteinte par la langue salée pendant la
saison sèche. Dans cette vallée, des stations de prélèvements
ont été choisies sur le cours proprement dit du fleuve, à Hichard-
Tell, Rossa et Dagana et au niveau des terres aménagées et
irriguées (complexe sucrier de Richard-Tell et amenagement de
la SAED) : stations 12, 13, $4, 15, 16, 17. Les zones aménagées
(stations 12, 13, 16) ont en permanence de l’eau douce, contrai-
rement aux stations 14, 15, et 17 situées sur Ic fleuve gagné par
la langue salée en saison sèche.
Au niveau des zones aménagées, la végétation abondante se
compose de graminées, de roseaux et de nénuphars. Tout le long
du fleuve, la végétation est rare ou inexistante : quelques gra-
minées et roseaux poussent pendant l’hivernage. En général lc
pH varie de 6 à 7.
Zone V ou lac de Guiers.
Relié au fleuve par la Taoué au niveau de Richard-Tell. le
lac est une vaste étendue à fond argileux au sud et à l’ouest,
et sableux à l’est. La végétation abondante et variée, suivant
la saison, se compose de Pistia, de lentilles d’eau, de nénuphars,
de graminées, de roseaux et de quelques rares Cerntophyllunr.
Le niveau de l’eau varie en cours d’année : son étendue diminue
pendant la saison sèche. Les prospections ont été laites au niveau
de 14 villages ceinturant le lac. 1,es stations de prélèvement
(stations 18 à 32) s’étendent sur 15 à 30 mètres et sont des sites
a forte fréquentation humaine et animale.
III. RÉSULTATS
Ils portent sur les prospections qui ont eu lieu en mai, août
et novembre 1977 et en février, mai, et octobre l978. Systéma-
tiquement, tous les mollusques sont récoltés, identifiés et leur
répartition établie. Les voici succinctement présentes.
II 1.1. Mollusques récoltés.
Trois groupes de Mollusques ont eté récoltés : les Gastéropodes
Pulmonés (qui sont presque tous des hôtes intermédiaires dc
trématodoses humaines et animales), les Gastéropodes Proso-
TRi?!IATODOSES DANS LA RÉGION DU FLEUVE SÉNÉGAL : 1.
715
branches et les Bivalves ; les nombres indiquent les numéros
des stations de prélèvement pour chaque espèce.
III.l.l. GASTEROPODES PULMONÉS BASOMMATOPHORES.
a) Famille des Lymnaeidae.
- Genre Lymnaea LAMARCK , 1799.
Lymnaea nataknsis (KRAUSS,
1848) : 1, 3, 4, 8, 12, 19, 21, 22, 23, 25.
1)) Famille des Planorbidae.
- Genre Biomphalaria PRE~TON, 1910.
Biomphalaria pfeifleri (Knauss, 1848) : 1, 25, 26, 30.
- Genre Gyrauhs CHARPENTIER, 1817.
Gyraulus sp. : 4, 5, 8, 9, 22, 25, 30.
c) Famille des Bulinidae.
- Genre Bulinus Müm.En, 1781.
Le genre Bulinus se subdivise eli deux sous-genres : Bulinus et
Physopsis. Les espèces se caractérisent par certaines particula-
rités de la coquille et de la partie charnue (WRIGHT, 1956) [23]
et MANDAHL BARTH (19%).
B. (B.) senegalensis est très proche morphologiquement de
certains jeunes spécimens de N. (B.) forskalii, mais l’examen de
sujets adultes permet une identification précise. De mkne B. (Ph.)
gloUo.sus peut être souvent confondu avec B. (Ph.) jousseaumei.
Une étude systématique plus complète a ét.é faite sur ces Bulinidae
de la région du Fleuve dans le Rapport Spécial Bilharziose [l].
Bulinus (B.) guernei (DAUTZENRERG,
1890) est rencontré dans toutes les
stations, sauf ccllcs dc la valkc du Fleuve, à Richard-‘roll, Rosso et Dagana
(14, 15, ,171.
Bulinus (B.) forskaki (~~HIIENBERÜ, 1831) : 2, 3, 4, 5, 11, 12, 13, 16, 18,
29, 21, 22, 23, 24, 26, 28, 29, 30.
Bulinus (B.) senegalensis (M~~LLE~, 1781) : 4, 5, 8, 12, 13, 16.
Bulinus (Ph.) jousseaumei (L~AUTZENBERG, 1890) : 3, 5, 12, 13.
Bulinus (Pk) globosus (MORELET, 1866) : 5.
d) Famille des Succineidae.
- Genre Succinea DRAPARNAUD, 1801.
Succinea sp. : 1, 3.
111.1.2. G A S T É R O P O D E S P R O S O B R A N C H E S .
c
a) Famille des Viviparidae.
- Genre Bellamya JOUSSEAUME, 1886.
Bellamya unicolor (OLIVIER, 1804) : 5, 8, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 27, 28,
29, 31.
716
0. T. DIAW
b) Famille des Pilidae.
- Genre Lun&es MONTFORT, 1810.
Lanistes adansoni (KOBELI-, 1912) : 5, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 28, 29,
31.
c) Famille des Thiaridae.
- Genre Cleopatra TROSCHEL, 1857.
Cleopatra bulimoides (OLIVIEH, 1804) : 4, 6, 20.
- Genre Melanoides OLIVIER , 1804.
Melanoides tubercula (MILLER, 1774) : 1, 3, 4, 5, 6, 12, 13, 18, 19, 20, 21,
22, 23, 24, 25, 27, 28, 29, 30, 31.
111.2.3. BIVALVES.
a) Famille des Corhiculidae.
- Genre CorOicula
MEGERLE Rr MUHFELU, 1811.
Corbicula : 3, 4, 5,
sp.
6, 7, 8, 10, Il, 12, 13, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 27,
28, 29, 30.
Tous ces Mollusques récoltés sont associés à quelques plantes
aquatiques, ou accrochks à des branches ou débris végétaux
leur servant de supports.
Les Mollusques tels que Bulinus (13.) senegalensis, Bulinus
(B.) guernei, et Bulinus (B.) fors a ii
k 1
sont souvent associés à
Nymphaea SP., Ceratophyllum demersum, Potanrogeton schwein-
furthii et Pistia stratiotes.
Les pontes sont fréquemment déposées sur les feuilles et racines
des plantes aquatiques ou tout autre support.
Seuls les Pulmonés hôtes naturels ou potentiels de Trématodoses
d’intérat médical et vétérinaire sont représentés sur la carte.
II 1.2. Densités de la population et variation saisonnière.
Dans l’ensemble, les Gastéropodes Pulmonés sont plus fré-
quents et plus nombreux au niveau du delta (zones 1, II, III
et IV), alors que les Prosobranches prédominent au niveau du
lac de Guiers. Au total, il a été récolté 4 035 Pulmonés avec
forte dominante de Bulinus (B.) guernei (3 500 spécimens soit
86,74 %), espèce que l’on rencontre dans presque tous les points
d’eau. Sa densité est toujours forte à certains points ayant en
permanence de l’eau (stations 1 et 12).
r ,es autres espèces sont plus rares et à localisation moins
&endue. Après Bulinus (B.) guernei, l’espèce la plus répandue
TRÉMATODOSES
DAKS L . 4 RhCION D U F L E U V E SkNÉGAL : 1 .
717
est Bulinus (B.) forskalii (250 spécimens soit 6,19 p. lOO), très
proche de Bulinus (B.) senegalemis (80 spécimens soit 1,98 1). 100)
dont la répartition est moins vaste.
Bulinus forskalii n’a pas la même distribution que N. (B.)
guernei, il est souvent rencontré dans des eaux chargées d’ordures
et de débris. Au niveau du lac de Guiers, ces Bulins disparaissent
à certains endroits au moment de l’assèchement (avril, mai,
juin).
Les quelques B. (B.) senegulerzsis ont été récoltés à Keur Momar
Sarr dans le lac dc Guiers et à Richard-Toll dans les casiers
rizicoles.
J,es autres Bulins, Bulinus (B.) jousscaurnei (20 spécimens soit
0,49 p. 100) e t Qu1inrL.s (PL) ,Z0 b
0 osus (15 spécimens soit 0,37 p.
100), sont hicn plus rares et n’ont été récoltés qu’au nivealr du
delta.
Lyrn,naea naLalensis (40 sl4cimens soit 0,99 1’. 100) et Succinea
sp. (30 sl)écimens soit 0,/4 p. 100), en nombres limités, se rericon-
trent surtout au niveau de I)akar-Bango, en même temps que
B. (B.) guerrrei.
Les rares Biomphalaria pfeifferi ( 2 0 s p é c i m e n s s o i t 0,49 p.
100) ont été récoltés à Dakar-Bang0 et dans le lac dc Guiers.
Gymdus sp. (80 spécimens soit 1,98 1). lOO), de petite taille,
passe souvent inaperçu et se fixe sur les Pislia.
A tous ces Pulmones, sont souvent associés quelques Proso-
branches : Bellarnya unicolor, Lanistes adunsoni et 121elanoides
tuherculatn.
11 est à noter que AIJelanoides tuberculata et (‘orbi-
cula sp. soiLt les seuls Mollusques que l’on rencontre assez sou-
vent au ni\\reau du delta en dehors des Pulmonés.
Il faut toutefois souligner que ces dernières années dc séche-
resse ont contribué effectivement à la diminution de la popula-
tion malacologique car les marcs temporaires s’assèchent vite
et les points d’eau sont de\\.enus rares.
Dans l’ensemble, peu de mollusques ont été récoltés.
On constate une certaine variation de densité : dans les cours
d’eau permanents, la population du mois de mai est plus impor-
tante que celle du mois d’août, et, après l’hivernage, la popula-
tion de novembre est plus importante que celle de février.
La fluctuation des densités de populations de mollusques au
niveau des mares est différente. Dans les mares temporaires, il
existe une corrélation entre la densité de population et les préci-
pitations : la population est maximale après les pluies, c’cst-à-
dire en octobre-novembre ; elle diminue très rapidement et le
718
0. T. DIA\\%
minimum est atteint en décembre-janvier quand commence
l’assèchement. Par contre, dans les points d’eau permanents,
les pluies ne jouent pas un grand rôle dans l’évolution de la den-
sité de la population ; cependant la population de mollusques
est plus forte pendant les crues.
Dans les canaux d’irrigation des zoucs arnénagécs, la situation
dépend des périodrs d’irrigation, certains canaux étant souvent,
mis à sec, ou vidés pour les curages périodiques. Ainsi la densité
de populatron de mollusques varie en fonction de ces différents
mouvements.
Dans l’ensemble, on enregistre une variation saisonnière dans
les différents habitats des Mollusques.
CONCLUSION
Dans la région du Fleuve et notamment dans le Delta, la cons-
truction de canaux d’irrigation et autres installations hydro-
agricoles a creé des accumulat.ions permanentes d’eau douce de
surface donnant indvitablement naissance à de nouveaux bio-
topes favorables aux Mollusques. Le dessalement progressif a
permis l’installation et la prolifération dc certaines espèces de
Mollusques, surtout des Gastéropodes Pulmonés.
Le delta avec ses zones aménagées et le lac de Guiers, par
des conditions écologiques qui lui sont propres, offrent. des sites
favorables au développement et h la prolifération des mollusques
d’eau douce. Le cours lkncipal du fleuve par son écologie (tur-
bulence, profondeur, salinité, absence do végé-tation)
n’est pas
favorable à la vie des mollusques. Ilans l’ensemble, 14 espèces
de Mollusques ont été identifiées (9 Gastéropodes Pulmonés et
5 Prosohranches et Kvalves). Les Pulmonés, hôtes potentiels et
naturels de trématodoses, sont bien répartis dans le delta, Parmi
les Pub~lonés, Bdinus guernei est l’espèce la plus fréquente dans
le delta ; elle se rencontre dans presque toutes les zones pros-
pectées et reste associée à d’autres l3ulins moins fréquents et
en petit nombre, tels (pe Bulinus forsknlii, 13ulinu.s ,jousseaurnei,
Bulinus senegalensis, Bulinus g2obosus.
Ces 13ulins sont connus comme hôtes naturels ou potentiels dc
Trématodoses en Casamance et Sénéga!-Oriental l-8, 91 e t e n
Gambie orientale ~$9, 3, 41.
Les prospections malacologiques et, autres recherches se pour-
suivent afin d’établir le rôle de tel ou tel Mollusque dans la trans-
TKÉMATODOSES
D A N S L A R É G I O N DIJ F L E U V E SÉNÉGAL : 1..
FI9
mission des trématodoses humaines et animales dans la région
du Fleuve et de proposer des moyens de lutte.
Des enquêtes effectuées en 197ï et 1978 dans la région du Fleuve, et par-
ticulièrement dans le delta du Sénégal et le lac de Gui~s, ont permis
d’idcntifler un certain nombre de Jlollusques hôtes intermédiaires potentiels
ou naturels do trématodoses humaines et animales.
En tout 14 espèces de Mollusques sont identifiées dont 9 sont du groupe
des Pu1moni.s qui jouent un rôle dans les trématodoscs.
Avec les projets d’amenagemcnt
et de mise cn valeur hydro-agricole, les
Gastéropodes susceptibles d’héberger des parasites préjudiciables à 1’IIornrne
et au bétail sont en pleine expansion et leur prolifération va continuer cer-
tainement à s’accentuer avec le dessalement et les nouvelles installations
de barrages.
La présence de .ITollusqucs et le contact de I’Homme et des animaux
avec l’eau et la vegétation aquatique constituent des conditions favorables
a la transmisions des trbmatodoses et a la persist.ance des cycles évolutifs.
Les études doivent se produire pour déboucher sur des propositions de moyens
de lutte.
RII3LlOGHAPHIE
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[15] %~OI’LIN~ER,
C I . & III~~, Ab. (1974). - Les grandes cndkmics parasi-
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[16] PALU.US, M. & P~~LUS, N. (1948). -(Zoirtribution
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1. VIII, no 1-3, p. 74-93, 1 carte.
[17] R~~HETTE, C. (1964). - Remontée des eaus marines dans lc lPlruvc
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721
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[23] WRIGIIT, C. A. (1956). - A note on Lhc ccology of some Molluscan
intermediatc hosts of african schistosomiasis. .-1nn. Trop. Med. and
Parasit., Vol. 50, no 1, March 1956, p. 346-349.
.
ANNEXE
1. Vallée du Djeuss.
1) Aqueduc Saint-Louis (Dakar-Bango) : Bulinus guernei, Biomplra-
laria pleifferi, Succinea SP., Lymnaea natalensis.
2) Marigots du Djeuss : Bulinus lorskalii, Bzdinus guernei.
II. Vallée du Lsmpsar.
3) Makhana : Lymnaea natalensis, Bzrlinzcs gzcernei, Uzdinzzs lorskulii,
13ulinu.s ,joua.seuumei, Succinea sp.
4) Savoigne : LynLnaea natalensis, I3zzZitzu.s guernei, Bulinus jozcsseazL-
mei, Uulinus lorskalii, Gyraulus sp.
5) Lampsar : Biomphalaria pieifferi, Bulirws lorskalii, BzzlilzzLs jozis-
seaumei, Bulinus guernei, l3ulirzzr.s senegalensis, Bulinzzs globosu~.
6) Ross-Nthio : Brdinus guernei.
7) Telle1 : Bulinus guernei.
III. Vallées du Kassak et du Gorom.
8 )
Kassak sud pompage : Lynuxnea rratnlensis, Bulinrcs gzzernei, Gyrau-
hs SP., Bulinrrs Jorskalii.
9 )
Kassak sud village : Bzdinus guernei, GyraulzLs sp.
10) Kassak nord pompage : Bulinus guernei.
11) lhunct»urn : Bulinus gzcernei, Bulinus /orskaZii.
IV. Vallée du Fleuve.
12)
Richard-Tell-C.S.S. : Bulinus grcernei, Bulinus jousseaumei, Lymnaea
natalensis, Bulinus iorskalii, Bulinus senegalensis.
13) Richard-Tell-SAED : Bulinus forskalii, Bulinus gzcernei, Bzdinus
jousseaumei, Bulinus senegalensis.
14) Richard-Toll-Fleuve (négatif).
722
0
.
T. DIAW
Il. Lac de Guiers.
23) Sger : Lyn~ruzea natalensis, Bulinms jorskalii, Rulin~~s guernei.
24) Diarncnar : Hulinus guernei, Nulinus /orskalii.
2 5 ) Keur Momar Sarr d i g u e : hpnaen ncztalemis, BuZinr<.s gfrrrrlri,
Riornphalaria pleifferi, Gyrnulus s p .
26) Kcur 3lomar Sarr village : Rulirms glcwrwi, Hrtlinus ~ordidii, I3i»nt-
phalaria pleifferi.
271 hll>rar : Bulinus guernei.
2X) Yarnènc : l3ulinlcs glcernei, Hulinm /orslîaZii.
29) Ngnilh village : Bulinus guernei, Bulinus lorskalii.
30) Ngnith pompage : Brtlinus /«rsknZii, Rulinrcs guernei, Biorrrpltnlnria
pleifferi.
T. 42, sér. A I 11” 4 I 1980.
Trématodoses
dans le delta du Sénégal
et le lac de Guiers
1. fitude de la répartition
des Mollusques d’eau douce
p a r OTJ.MAR T . DIA%’ (‘)
(avec la collaboration technique de A. DIOUF et Y. SAIEK)
A la suite d’enquêtes effectuées dans différentes régions du
Sénégal sur lc parasitisme des animaux domestiques, il est apparu
que les affections provoquées par les Trématodcs sévissent prin-
cipalement dans la région du Fleuve et en haute Casamance
ou elles frappent 50 o/. des bovins. De même la bilharziose uri-
naire a un taux élevé dans ces mêmes régions [SI.
Les Trématodes ont un cycle biologique complexe qui néccs-
site à un certain moment le passage obligatoire par un Mollusque.
Ainsi, dans un programme général de lutte contre les trémato-
doses, il s’avère nécessaire d’étudier l’épidémiologic et d’eutrc-
prendre des recherches au niveau de l’hôte intermédiaire : le
Mollusque.
Les références concernant l’étude de cette faune inalacolo-
gique hôte intermédiaire sont nombreuses ; on peut citer, entre
autres, les travaux de MAN»AHL BARTH [12, 131, de GER&IAIN 161
cat de SELLIN et rrl. jlS] WI Afrique de l’Ouest ; ceux de BIRCI &
GRAHER \\2] et de I,ÉI-I?QTJE
[Il.] au Tchad; de TAGEII-KAGAN [20]
et de GHÉTILLAT 173, au Niger ; d c M c CIJLL~IJGH C!L! J)ur<e 13, 41
et d e SWTHERS [-19] e n G a m b i e .
_- -
- .~-.--
(1) Laboratoire national de l’f3evnge et. de Recherches vétlrin;lires
(ISRA), Srryice
(le Parasitologie, B.P. 2057, Dakar-IIann.
0. T. DIAW
Au Sénégal, certaines études Cl)idérniologi<lrles
concernant les
Mollusques hôtes intermédiaires de Trématodes ont ét6 réalisées :
ce sont. les travaux de WATSON 1211, de WILBUH, DOVVNS, ~IER-
HER Kr SACKS 1221, de GRÉTILLAT [7, 81, de PA~L~S & PACI,US [13j
et do MONTEILLET & Rosso [l/t]. Les dernières études entreprisrs
par J. M. LEMASSON B 0. T. I)IAVV [IO] et le Rapport Spécial
Uilharziose pour l’O.M.V.S. [Il ont identifié les différents Hldins
hôtes intermédiaires potentiels de bilharziose.
Dans la région du Fleuve, les projets d’aménagemput ct. de
mise en valeur (barrages, irrigations, dessalements...), erltraînent
des modifications écologiques avec création de néohiotopcs fnvn-
rables à la Iaune aquatique, notamment aux Mollusques.
Une étude complète de cette faune malacologiyue (systbrna-
tique de tous les Mollusques, répartition géogral)hique et rôle
dans la transmission des Trématodoscs humaines et animales)
est nécessaire.
Les résultats de notre étude sur la l’aune malacologique de cet
enseml>le (delta du Sénégal et iac de Guiors), OW les nlodifications
écologiques sont fréquentes, ne sont que préliminaires, mais tout
au moins nous offrent-ils un échantillonnage assez représrnlatif
des différents Mollusques dans ces diverses zones.
Plusirurs prospections en 1977 et 1978, aux difTércntcs périodes
de l’année, ont permis de réaliser des Etudes dans le delta du
Sénégal et le lac de Guiers. Le choix des principaux points dr
prospection et de récolte a été dicté par l’exiskucr d’agglomé-
rations villageoises ct de populations animales au voisinage des
sites hydrohiologiques.
I,es prospections ont eu lieu le long des cours d’eau, marigots,
cuvettes, mares et canaux d’irrigation air sont choisis les points
de récolte en fonction de la îrbyuentation humaine ct de l’accessi-
hilité pour la prospection.
La recherche et la récolte systématique de tous les mollusques
sur les différents supports dans chaque site visité sont faites par
3 ou 4 personnes pendant un temps variahle, en fonct,ion de l’abon-
dance de la faune malacologique.
Quelques données écologiques dc chaque station sont relevées
en même temps (température, pH, supports, végétation...). Les
SlflOl-INIVS
ncc
712
0. 'l-. DIAW
mollusques sont ramenés au laboratoire pour identification et
Etude dc leur inîestation.
1 .a d é t e r m i n a t i o n e s t f’aite s e l o n l e s critércs Inwposés p a r
MANDAIIL UanTn 1131 et la confirmation par le Pr. CHEVALIER
PJ uséum
n a t i o n a l d’Histoire n a t u r e l l e d e P a r i s ) e t l e
Pr. FI. MALEK (‘) (Department of tropical Medecine?
Tulane
School o f Prlblic H e a l t h a n d t r o p i c a l Medecine, IVew Orleans).
.
Situ& dans la zone sahélionnr caractérisée par une longue
saison sèche de novembre à juin ct une pluviométrie défavo-
rablc, la Région du Fleuve est composée par les provinces du
Fouta (vallée inondable de Uakel à Dagana), par le delta (en
aval de Dagana), et par le lac de Guiers.
J,c réseau hydrographique de cette zone est constitué par Ic
fleuve Sénégal, les rnarigots défluents et le lac de Guiers.
1 AJ régime du fleuve, de type tropical pur, est caractérisé par
une p4riode de hautes eaux, de juillet-août à octol,re-novembre,
et une dc basses eaux, réguli&rement décroissante de novetnbre-
décetnI)re à juin-juillet. Dans lc bas delta, le régime d’estuaire
est caractérisé par la marée flu\\-iale et la remontée d’eau marine
dans le fleuve ou (( langue salée 1) (~~OC~ETTF., 19%) [17].
Pendant la saison sèche, la chute du débit du fleuve entraîne
la remontée de la (( langue salée 1) et, pour arrêter cette action,
des barrages ont été réalisés sur les bras du fleuve (Lampsar,
Gorom, Kassak, Djeuss). Isolés du fleuve, ces bras constituent
pendant la crue des réserves d’eau douce qui alimentent l’axe
d’irrigation Gorom-Lampsar et Djeuss.
Le domaine géographique de notre étude a été divisé en cinq
zones écologiques groupées autour de différents points d’eau :
vallée du Djeuss ; vallée du Lampsar ; vallée du Kassak et du
Corom : vallée du fleuve au sens strict et, enfin lac de Guiers.
Au niveau dc chaque zone, il a été choisi des stations qui sont
des points permanents de prospection et de récolte (fig. 1).
-----
T H É M A T O D O S E S D A N S L A R É G I O N D U F L E U V E S É N É G A L : i.
713
Zone 1 ou vallée du Djeuss.
Le Djeuss se remplit par le barrage de Dakar-Bang0 lors des
crues à la saison des pluies. La végétation est rare, peu abon-
dante. Sur l’axe du Djeuss elle se compose de graminées, de
roseaux et de nénuphars. Le fond de la vallée est sablo-argileux.
Par le pompage, le marigot alimente la ville de Saint-Louis en
eau. Les stations choisies sont :
1) l’aqueduc de Saint-Louis (Dakar-Bango), canal de distribu-
tion d’eau, en ciment, à ciel ouvert, long de 5,8 km ;
2) le marigot du Djeuss, fortement fréquenté en certains endroits
(Meneraye, Tabe Thérèze, Bouben) par la population humaine
et les animaux. Le pH varie de 6 à 8, et la température entre
19 et 26%.
Zone II ou vallée du Lampsar.
Le marigot du Lampsar se remplit à la saison des pluies par
le barrage de Dakar-Bango. Pendant les hautes eaux, la végé-
tation est abondante et se compose de Pistia, de roseaux, de
nénuphars et de quelques CeratophyZZum sp. Le pH varie de 6
à 8. Ce marigot est d’utilité domestique, il sert à l’irrigation,
à la pêche et à l’abreuvage du bétail.
Les stations sont choisies au niveau des villages de grande
importance (Makhana, Savoigne, Lampsar, Ross-Béthio et Tel-
lel) et d’une forte fréquentation. Les sites de prélèvement se
limitent à une bande de 20 à 30 m, accessible à la population
et. au bétail. Stations 3, 4, 5, 6, 7 sur la carte.
Zone III ou vallées du Kassak et du Gorom.
Elle est à cheval sur les axes du Kassak et du Gorom oti sont
installées des stations de pompage pour l’irrigation des terres
du moyen delt,a. Sur le cours principal de ces marigots et sur les
canaux d’irrigation, la végétation est rare ou inexistante pen-
dant la saison sèche (graminées, roseaux et Ceratophyllum). Le
pH varie de 6 à 7,5 et la température de 20 à 30%. Il existe
des points d’eau qui servent à l’irrigation, à la pêche et h l’usage
domestique. Les stations de prélèvement sont à Kassak et à
Boundoum : stations 8, 9, 10, 11.
714
0. T. DIAW
Zone IV ou vallée du fleuve Sénégal.
Zone comprise entre Richard-‘roll et Dagana tout le long du
fleuve. C’est la zone atteinte par la langue salée pendant la
saison sèche. Dans cette vallée, des stations de prélèvements
ont été choisies sur le cours proprement dit du fleuve, à Hichard-
Tell, Rossa et Dagana et au niveau des terres aménagées et
irriguées (complexe sucrier de Richard-Tell et amenagement de
la SAED) : stations 12, 13, $4, 15, 16, 17. Les zones aménagées
(stations 12, 13, 16) ont en permanence de l’eau douce, contrai-
rement aux stations 14, 15, et 17 situées sur Ic fleuve gagné par
la langue salée en saison sèche.
Au niveau des zones aménagées, la végétation abondante se
compose de graminées, de roseaux et de nénuphars. Tout le long
du fleuve, la végétation est rare ou inexistante : quelques gra-
minées et roseaux poussent pendant l’hivernage. En général lc
pH varie de 6 à 7.
Zone V ou lac de Guiers.
Relié au fleuve par la Taoué au niveau de Richard-Tell. le
lac est une vaste étendue à fond argileux au sud et à l’ouest,
et sableux à l’est. La végétation abondante et variée, suivant
la saison, se compose de Pistia, de lentilles d’eau, de nénuphars,
de graminées, de roseaux et de quelques rares Cerntophyllunr.
Le niveau de l’eau varie en cours d’année : son étendue diminue
pendant la saison sèche. Les prospections ont été laites au niveau
de 14 villages ceinturant le lac. 1,es stations de prélèvement
(stations 18 à 32) s’étendent sur 15 à 30 mètres et sont des sites
a forte fréquentation humaine et animale.
III. RÉSULTATS
Ils portent sur les prospections qui ont eu lieu en mai, août
et novembre 1977 et en février, mai, et octobre l978. Systéma-
tiquement, tous les mollusques sont récoltés, identifiés et leur
répartition établie. Les voici succinctement présentes.
II 1.1. Mollusques récoltés.
Trois groupes de Mollusques ont eté récoltés : les Gastéropodes
Pulmonés (qui sont presque tous des hôtes intermédiaires dc
trématodoses humaines et animales), les Gastéropodes Proso-
TRi?!IATODOSES DANS LA RÉGION DU FLEUVE SÉNÉGAL : 1.
715
branches et les Bivalves ; les nombres indiquent les numéros
des stations de prélèvement pour chaque espèce.
III.l.l. GASTEROPODES PULMONÉS BASOMMATOPHORES.
a) Famille des Lymnaeidae.
- Genre Lymnaea LAMARCK , 1799.
Lymnaea nataknsis (KRAUSS,
1848) : 1, 3, 4, 8, 12, 19, 21, 22, 23, 25.
1)) Famille des Planorbidae.
- Genre Biomphalaria PRE~TON, 1910.
Biomphalaria pfeifleri (Knauss, 1848) : 1, 25, 26, 30.
- Genre Gyrauhs CHARPENTIER, 1817.
Gyraulus sp. : 4, 5, 8, 9, 22, 25, 30.
c) Famille des Bulinidae.
- Genre Bulinus Müm.En, 1781.
Le genre Bulinus se subdivise eli deux sous-genres : Bulinus et
Physopsis. Les espèces se caractérisent par certaines particula-
rités de la coquille et de la partie charnue (WRIGHT, 1956) [23]
et MANDAHL BARTH (19%).
B. (B.) senegalensis est très proche morphologiquement de
certains jeunes spécimens de N. (B.) forskalii, mais l’examen de
sujets adultes permet une identification précise. De mkne B. (Ph.)
gloUo.sus peut être souvent confondu avec B. (Ph.) jousseaumei.
Une étude systématique plus complète a ét.é faite sur ces Bulinidae
de la région du Fleuve dans le Rapport Spécial Bilharziose [l].
Bulinus (B.) guernei (DAUTZENRERG,
1890) est rencontré dans toutes les
stations, sauf ccllcs dc la valkc du Fleuve, à Richard-‘roll, Rosso et Dagana
(14, 15, ,171.
Bulinus (B.) forskaki (~~HIIENBERÜ, 1831) : 2, 3, 4, 5, 11, 12, 13, 16, 18,
29, 21, 22, 23, 24, 26, 28, 29, 30.
Bulinus (B.) senegalensis (M~~LLE~, 1781) : 4, 5, 8, 12, 13, 16.
Bulinus (Ph.) jousseaumei (L~AUTZENBERG, 1890) : 3, 5, 12, 13.
Bulinus (Pk) globosus (MORELET, 1866) : 5.
d) Famille des Succineidae.
- Genre Succinea DRAPARNAUD, 1801.
Succinea sp. : 1, 3.
111.1.2. G A S T É R O P O D E S P R O S O B R A N C H E S .
c
a) Famille des Viviparidae.
- Genre Bellamya JOUSSEAUME, 1886.
Bellamya unicolor (OLIVIER, 1804) : 5, 8, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 27, 28,
29, 31.
716
0. T. DIAW
b) Famille des Pilidae.
- Genre Lun&es MONTFORT, 1810.
Lanistes adansoni (KOBELI-, 1912) : 5, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 28, 29,
31.
c) Famille des Thiaridae.
- Genre Cleopatra TROSCHEL, 1857.
Cleopatra bulimoides (OLIVIEH, 1804) : 4, 6, 20.
- Genre Melanoides OLIVIER , 1804.
Melanoides tubercula (MILLER, 1774) : 1, 3, 4, 5, 6, 12, 13, 18, 19, 20, 21,
22, 23, 24, 25, 27, 28, 29, 30, 31.
111.2.3. BIVALVES.
a) Famille des Corhiculidae.
- Genre CorOicula
MEGERLE Rr MUHFELU, 1811.
Corbicula : 3, 4, 5,
sp.
6, 7, 8, 10, Il, 12, 13, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 27,
28, 29, 30.
Tous ces Mollusques récoltés sont associés à quelques plantes
aquatiques, ou accrochks à des branches ou débris végétaux
leur servant de supports.
Les Mollusques tels que Bulinus (13.) senegalensis, Bulinus
(B.) guernei, et Bulinus (B.) fors a ii
k 1
sont souvent associés à
Nymphaea SP., Ceratophyllum demersum, Potanrogeton schwein-
furthii et Pistia stratiotes.
Les pontes sont fréquemment déposées sur les feuilles et racines
des plantes aquatiques ou tout autre support.
Seuls les Pulmonés hôtes naturels ou potentiels de Trématodoses
d’intérat médical et vétérinaire sont représentés sur la carte.
II 1.2. Densités de la population et variation saisonnière.
Dans l’ensemble, les Gastéropodes Pulmonés sont plus fré-
quents et plus nombreux au niveau du delta (zones 1, II, III
et IV), alors que les Prosobranches prédominent au niveau du
lac de Guiers. Au total, il a été récolté 4 035 Pulmonés avec
forte dominante de Bulinus (B.) guernei (3 500 spécimens soit
86,74 %), espèce que l’on rencontre dans presque tous les points
d’eau. Sa densité est toujours forte à certains points ayant en
permanence de l’eau (stations 1 et 12).
r ,es autres espèces sont plus rares et à localisation moins
&endue. Après Bulinus (B.) guernei, l’espèce la plus répandue
TRÉMATODOSES
DAKS L . 4 RhCION D U F L E U V E SkNÉGAL : 1 .
717
est Bulinus (B.) forskalii (250 spécimens soit 6,19 p. lOO), très
proche de Bulinus (B.) senegalemis (80 spécimens soit 1,98 1). 100)
dont la répartition est moins vaste.
Bulinus forskalii n’a pas la même distribution que N. (B.)
guernei, il est souvent rencontré dans des eaux chargées d’ordures
et de débris. Au niveau du lac de Guiers, ces Bulins disparaissent
à certains endroits au moment de l’assèchement (avril, mai,
juin).
Les quelques B. (B.) senegulerzsis ont été récoltés à Keur Momar
Sarr dans le lac dc Guiers et à Richard-Toll dans les casiers
rizicoles.
J,es autres Bulins, Bulinus (B.) jousscaurnei (20 spécimens soit
0,49 p. 100) e t Qu1inrL.s (PL) ,Z0 b
0 osus (15 spécimens soit 0,37 p.
100), sont hicn plus rares et n’ont été récoltés qu’au nivealr du
delta.
Lyrn,naea naLalensis (40 sl4cimens soit 0,99 1’. 100) et Succinea
sp. (30 sl)écimens soit 0,/4 p. 100), en nombres limités, se rericon-
trent surtout au niveau de I)akar-Bango, en même temps que
B. (B.) guerrrei.
Les rares Biomphalaria pfeifferi ( 2 0 s p é c i m e n s s o i t 0,49 p.
100) ont été récoltés à Dakar-Bang0 et dans le lac dc Guiers.
Gymdus sp. (80 spécimens soit 1,98 1). lOO), de petite taille,
passe souvent inaperçu et se fixe sur les Pislia.
A tous ces Pulmones, sont souvent associés quelques Proso-
branches : Bellarnya unicolor, Lanistes adunsoni et 121elanoides
tuherculatn.
11 est à noter que AIJelanoides tuberculata et (‘orbi-
cula sp. soiLt les seuls Mollusques que l’on rencontre assez sou-
vent au ni\\reau du delta en dehors des Pulmonés.
Il faut toutefois souligner que ces dernières années dc séche-
resse ont contribué effectivement à la diminution de la popula-
tion malacologique car les marcs temporaires s’assèchent vite
et les points d’eau sont de\\.enus rares.
Dans l’ensemble, peu de mollusques ont été récoltés.
On constate une certaine variation de densité : dans les cours
d’eau permanents, la population du mois de mai est plus impor-
tante que celle du mois d’août, et, après l’hivernage, la popula-
tion de novembre est plus importante que celle de février.
La fluctuation des densités de populations de mollusques au
niveau des mares est différente. Dans les mares temporaires, il
existe une corrélation entre la densité de population et les préci-
pitations : la population est maximale après les pluies, c’cst-à-
dire en octobre-novembre ; elle diminue très rapidement et le
718
0. T. DIA\\%
minimum est atteint en décembre-janvier quand commence
l’assèchement. Par contre, dans les points d’eau permanents,
les pluies ne jouent pas un grand rôle dans l’évolution de la den-
sité de la population ; cependant la population de mollusques
est plus forte pendant les crues.
Dans les canaux d’irrigation des zoucs arnénagécs, la situation
dépend des périodrs d’irrigation, certains canaux étant souvent,
mis à sec, ou vidés pour les curages périodiques. Ainsi la densité
de populatron de mollusques varie en fonction de ces différents
mouvements.
Dans l’ensemble, on enregistre une variation saisonnière dans
les différents habitats des Mollusques.
CONCLUSION
Dans la région du Fleuve et notamment dans le Delta, la cons-
truction de canaux d’irrigation et autres installations hydro-
agricoles a creé des accumulat.ions permanentes d’eau douce de
surface donnant indvitablement naissance à de nouveaux bio-
topes favorables aux Mollusques. Le dessalement progressif a
permis l’installation et la prolifération dc certaines espèces de
Mollusques, surtout des Gastéropodes Pulmonés.
Le delta avec ses zones aménagées et le lac de Guiers, par
des conditions écologiques qui lui sont propres, offrent. des sites
favorables au développement et h la prolifération des mollusques
d’eau douce. Le cours lkncipal du fleuve par son écologie (tur-
bulence, profondeur, salinité, absence do végé-tation)
n’est pas
favorable à la vie des mollusques. Ilans l’ensemble, 14 espèces
de Mollusques ont été identifiées (9 Gastéropodes Pulmonés et
5 Prosohranches et Kvalves). Les Pulmonés, hôtes potentiels et
naturels de trématodoses, sont bien répartis dans le delta, Parmi
les Pub~lonés, Bdinus guernei est l’espèce la plus fréquente dans
le delta ; elle se rencontre dans presque toutes les zones pros-
pectées et reste associée à d’autres l3ulins moins fréquents et
en petit nombre, tels (pe Bulinus forsknlii, 13ulinu.s ,jousseaurnei,
Bulinus senegalensis, Bulinus g2obosus.
Ces 13ulins sont connus comme hôtes naturels ou potentiels dc
Trématodoses en Casamance et Sénéga!-Oriental l-8, 91 e t e n
Gambie orientale ~$9, 3, 41.
Les prospections malacologiques et, autres recherches se pour-
suivent afin d’établir le rôle de tel ou tel Mollusque dans la trans-
TKÉMATODOSES
D A N S L A R É G I O N DIJ F L E U V E SÉNÉGAL : 1..
FI9
mission des trématodoses humaines et animales dans la région
du Fleuve et de proposer des moyens de lutte.
Des enquêtes effectuées en 197ï et 1978 dans la région du Fleuve, et par-
ticulièrement dans le delta du Sénégal et le lac de Gui~s, ont permis
d’idcntifler un certain nombre de Jlollusques hôtes intermédiaires potentiels
ou naturels do trématodoses humaines et animales.
En tout 14 espèces de Mollusques sont identifiées dont 9 sont du groupe
des Pu1moni.s qui jouent un rôle dans les trématodoscs.
Avec les projets d’amenagemcnt
et de mise cn valeur hydro-agricole, les
Gastéropodes susceptibles d’héberger des parasites préjudiciables à 1’IIornrne
et au bétail sont en pleine expansion et leur prolifération va continuer cer-
tainement à s’accentuer avec le dessalement et les nouvelles installations
de barrages.
La présence de .ITollusqucs et le contact de I’Homme et des animaux
avec l’eau et la vegétation aquatique constituent des conditions favorables
a la transmisions des trbmatodoses et a la persist.ance des cycles évolutifs.
Les études doivent se produire pour déboucher sur des propositions de moyens
de lutte.
RII3LlOGHAPHIE
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.
ANNEXE
1. Vallée du Djeuss.
1) Aqueduc Saint-Louis (Dakar-Bango) : Bulinus guernei, Biomplra-
laria pleifferi, Succinea SP., Lymnaea natalensis.
2) Marigots du Djeuss : Bulinus lorskalii, Bzdinus guernei.
II. Vallée du Lsmpsar.
3) Makhana : Lymnaea natalensis, Bzrlinzcs gzcernei, Uzdinzzs lorskulii,
13ulinu.s ,joua.seuumei, Succinea sp.
4) Savoigne : LynLnaea natalensis, I3zzZitzu.s guernei, Bulinus jozcsseazL-
mei, Uulinus lorskalii, Gyraulus sp.
5) Lampsar : Biomphalaria pieifferi, Bulirws lorskalii, BzzlilzzLs jozis-
seaumei, Bulinus guernei, l3ulirzzr.s senegalensis, Bulinzzs globosu~.
6) Ross-Nthio : Brdinus guernei.
7) Telle1 : Bulinus guernei.
III. Vallées du Kassak et du Gorom.
8 )
Kassak sud pompage : Lynuxnea rratnlensis, Bulinrcs gzzernei, Gyrau-
hs SP., Bulinrrs Jorskalii.
9 )
Kassak sud village : Bzdinus guernei, GyraulzLs sp.
10) Kassak nord pompage : Bulinus guernei.
11) lhunct»urn : Bulinus gzcernei, Bulinus /orskaZii.
IV. Vallée du Fleuve.
12)
Richard-Tell-C.S.S. : Bulinus grcernei, Bulinus jousseaumei, Lymnaea
natalensis, Bulinus iorskalii, Bulinus senegalensis.
13) Richard-Tell-SAED : Bulinus forskalii, Bulinus gzcernei, Bzdinus
jousseaumei, Bulinus senegalensis.
14) Richard-Toll-Fleuve (négatif).
722
0
.
T. DIAW
Il. Lac de Guiers.
23) Sger : Lyn~ruzea natalensis, Bulinms jorskalii, Rulin~~s guernei.
24) Diarncnar : Hulinus guernei, Nulinus /orskalii.
2 5 ) Keur Momar Sarr d i g u e : hpnaen ncztalemis, BuZinr<.s gfrrrrlri,
Riornphalaria pleifferi, Gyrnulus s p .
26) Kcur 3lomar Sarr village : Rulirms glcwrwi, Hrtlinus ~ordidii, I3i»nt-
phalaria pleifferi.
271 hll>rar : Bulinus guernei.
2X) Yarnènc : l3ulinlcs glcernei, Hulinm /orslîaZii.
29) Ngnilh village : Bulinus guernei, Bulinus lorskalii.
30) Ngnith pompage : Brtlinus /«rsknZii, Rulinrcs guernei, Biorrrpltnlnria
pleifferi.